Arendelle, petit royaume perdu dans les fjords de la Norvège dont les richesses n'ont d'égales que le mystère qui recouvre désormais sa famille royale.
Voilà quatre ans que le palais a été fermé au public et le personnel réduit au strict minimum.
Les audiences étaient accordées au compte-gouttes, tout juste suffisantes pour assurer la stabilité de la contrée.
la couple royal s'était isolé ainsi du reste du monde.
cela faisait moins de personnes pour remarquer la fille qu'ils cachent, mais également moins pour veiller sur l'autre.
Ou remarquer les intrus.
Une silhouette encapuchonnée parcourait justement les couloirs, évitant les rares domestiques, semblant se remémorer un parcours à faire.
Devant lui, une enfant adossée à une porte apporta un sourire à la barbe hirsute.
La silhouette s'agenouilla pour se rapprocher du visage de la princesse.
Bonjour petite, que fais-tu toute seule?
La petite rousse se releva, sa robe se détachant lentement du bois gelé.
_Je suis pas seule, j'attends que ma sœur sorte.
_Depuis combien de temps attends-tu là?
_Je sais plus...
La petite fille dodelina, semblant solliciter péniblement sa mémoire.
L'homme en bure coupa court à sa réflexion.
_Peux-tu me rendre un service? Je me suis perdu dans le palais et je dois parler au roi.
_Je crois que papa est à la grande salle en ce moment.
_Peux-tu m'y conduire?
La petite fille sembla hésiter, lançant des regards inquiets à la porte.
Elle chuchota à travers l'huis, puis colla son oreille contre la serrure.
Elle soupira finalement.
_D'accord.
Il se laissa guider, n'accélérant ou ne ralentissant que pour échapper au regard des domestiques.
Ils s'arrêtèrent finalement devant une double porte.
_C'est là monsieur.
_Merci, Anna. Voilà pour toi.
L'homme lui tendit un rubis brut, rougeoyant dans la paume rugueuse.
La petite fille prit la pierre sans crainte et l'observa, ses yeux verts reflétant la lueur écarlate.
_C'est joli, qu'est-ce que c'est?
_Tu pourras aider ta sœur avec ça. Garde-la avec toi pour le moment. Montre-la-lui demain.
La petite fille observa la pierre incrédule puis répondit à l'homme avec un grand sourire.
_Merci, monsieur! Au revoir!
L'enfant fila dans les couloir, son trésor à la main.
L'homme observa le petit éclair vert et orange disparaitre puis se retourna, posant une main sur le bois ouvragé.
"Bien, voyons la manière douce."
Il poussa la porte doucement, avançant discrètement jusqu'au grand bureau où le roi s'affairait.
Celui-ci sourit en entendant la personne s'approcher d'un pas rapide.
_Anna, je t'ai déjà dit que-Qui êtes-vous? Que faites-vous ici?
Le père l'a enfin remarqué, ce grand homme brun dont la capuche masquait à peine la longue barbe noire parsemée de verdatre.
la capuche retomba en arrière, dévoilant un visage usé par les ans.
Celui-ci tentait d'afficher un air compatissant, mais le ton de la voix était paternaliste jusqu'au mépris.
_Quelqu'un qui a eu vent de vos malheurs, "majesté". Je viens vous parler de votre fille ainée, Elsa.
_Que lui voulez-vous?" La méfiance que le roi accordait de principe aux intrus s'exarcerba à la mention de son enfant.
_Je sais que vous êtes allés consulter les trolls à son sujet. Ils ont certes plus oublié que je n'en ai appris sur la magie,
mais ils ignorent comment fonctionne le don de l'essence.
_J'ignore ce que vous croyez savoir, mais la situation est sous contrôle, cela fait quatre ans que nous ne sommes pas allés consulter.
_Vous le pensez maintenant, mais le pouvoir de votre fille continue à grandir, le nier est une erreur qui vous coûtera tout.
_vous me menacez?
_Non, je dis simplement que votre peur ne doit pas l'emporter sur le potentiel de votre fille. Je peux l'éduquer,
développer son pouvoir dans des directions plus acceptables. Tout ce que vous avez à faire est de me la confier.
_Vous la confier?!
_Je dois l'entrainer loin des hommes, là où elle pourra se déchainer sans crainte.
_Vous croyez que je vais laisser un inconnu emporter ma fille dans les montagnes? Quel genre de père croyez-vous que je suis?!
_Votre..
_Partez! Soyez heureux que je n'appelle pas la garde. Partez et ne vous approchez jamais de mes filles.
_Je vois...
L'homme se dirigea vers la porte, parlant à moitié pour lui-même.
"Vous croyez que masquer cette merveille est la solution. Nous verrons combien de temps cela vaudra."
En fermant la porte derrière lui, il murmura en jouant avec une autre pierre, d'onyx celle-ci.
"Surtout si vous devez cacher deux secrets au lieu d'un.
Il sortit dans la cour, lâcha la pierre et disparu.
Il réapparu dans un petit vallon perdu dans les montagnes où se détachait un ilot de verdure.
une cahute de brindille trônait au milieu.
L'intérieur était meublé sommairement, semblant avoir été plus tordu que sculpté.
Sur les surfaces des meubles s'amoncelait un bric-à-brac de pierres et de plantes diverses, arrangées selon un ordre mystérieux.
L'unique meuble qui ne soit pas de bois était une petite marmite dans laquelle fumait un brouet aux couleurs exotiques.
"Bien, la manière forte donc.
Il jeta quelques plantes dans son brouet et contempla les fumerolles d'un air satisfait.
"Elle n'a pas su attendre.
Il prit quelques pierres gravées et les agença en cercle sur une plaque de bois gravée de runes entremêlées.
il plaça le rubis au centre et psalmodia.
"L'essence n'est ni donnée, ni perdue : que ce qui fût offert par l'infini soit rendu à l'infini.
Sur ces paroles, il s'entailla la main et versa son sang sur les rainures.
Lorsque le sang entra en contact avec le rubis, ce premier s'évapora, inondant la plaque de fumée rouge.
Au-dessus du bois, les volutes révélèrent une jeune femme vêtue d'écarlate dont les traits se dissolvèrent pour former ceux d'une enfant curieuse aux habits d'émeraude.
