Inspiration : La scène de théâtre dans « Astérix et le chaudron », treizième tome de la série de bande dessinée Astérix.
Ps : Je remercie Clelia Kerlais pour son retour quant à ma conjugaison douteuse. L'histoire est désormais plus lisible car corrigée !
Bonne lecture !
C'est la moitié de la matinée, vers dix heures trente, et John a déjà mal à la tête. La raison a un nom, Sherlock. Ce dernier n'arrête pas de se plaindre, n'ayant selon lui aucune enquête intéressante à se mettre sous la dent. Ainsi, il est vautré sur son fauteuil, à regarder le vide, espérant que Lestrade l'appelle pour lui proposer une occupation. « Je m'ennuie à en mourir... » bougonne-t-il. John se frotte le visage pour contenir sa colère, priant au fond de lui que le détective décide de la fermer une bonne fois pour toute.
-Tu n'as pas des choses à faire, des expériences ? demande t-il pour tenter de le stimuler.
-Non...
La réponse n'a aucune conviction. Aucun espoir ne jaillit, et le médecin ne voit plus qu'une solution.
-Sors. Va te promener.
-Pas envie, et pour aller où ?
-Et si je t'accompagne ? On trouvera peut-être quelque chose en route.
-Mhpfr... Si tu veux...
« Non ? Sherlock accepte sans plus broncher ? pense John. Il doit vraiment s'ennuyer. » Les deux hommes se lèvent et prennent leurs vestes. Tandis que John descend rapidement les marches, son ami emprunte l'escalier tel un adolescent pré pubère qu'une mère forçait à se lever plus tôt que midi. Ses pas nonchalants témoignent de toute l'énergie qui émane du détective. Watson décide d'en faire abstraction, ce qui est difficile. Tous deux quitte le bâtiment, et commence à marcher dans la rue, sans réelle destination en tête.
-Où va-t-on ? demande Sherlock d'un ton morne.
-Nulle part, improvisons cette promenade.
Le brun n'ajoute rien, obéissant aveuglement à son ami. Les mains dans les poches, le pas lent, il marche derrière John, le suivant sans poser de question. Les deux hommes passent ainsi près d'une demi-heure à travers les rues de Londres, l'ancien militaire observant ce qui l'entoure, comme s'il redécouvrait la capitale. Après tout, il a surtout l'habitude d'emprunter les rues et boulevards en taxi ou au pas de course pour poursuivre un criminel. En jetant un œil derrière lui, il note une meilleure mine sur le visage de Sherlock, sa tête d'enterrement est maintenant remplacée par son expression habituellement neutre, sans émotion apparente. John est ainsi rassuré, pensant que le détective s'ennuyait moins.
Alors que le duo déambule dans un parc, il remarque bientôt un petit groupe se disputer, ou plus précisément deux hommes d'un certain âge prendre le chou à une jeune femme. Cette dernière semble totalement dépassée par les paroles des deux interlocuteurs, levant à plusieurs reprises les yeux au ciel.
-Votre pièce ne mérite même pas l'appellation de théâtre ! gronde l'un des hommes. Vous ne méritez pas de pouvoir représenter, vous et vos guignols, dans cette salle !
-Mon collègue a raison ! renchérit l'autre vieillard. Vous profanez cet art avec votre style grotesque et goujat.
Sherlock et John font comme s'ils ne sont pas là, passant discrètement derrière le groupe, gardant toujours une attention sur la dispute.
-Vous vous ancrez dans une spirale de banalité à toujours demander le même type de spectacle, dit la jeune femme d'une voix étonnamment aigue. Il faut sortir de ce cocon de routine, et offrir du renouveau ! Avec ma troupe, je montrerais qu'un genre peut renaitre des entrailles du spectacle ! Finit le soporifique, et place à la franchise, l'honnêteté. Je vous prouverais que le premier venu peut devenir le nouveau Shakespeare !
-Balivernes, crache l'un des deux vieillards. Laissons cette imbécile se baigner dans la médiocrité, et allons voir des créateurs réellement compétents.
Le duo part, prenant une démarche hautaine, comme pour mépriser la jeune femme. Cette dernière ne se sent en rien vaincue. Elle tourne vivement le regard à sa gauche, et remarque tout de suite l'autre groupe qui n'est qu'à quelques mètres d'elles.
-Vous deux, là ! appelle-t-elle. (Sherlock et John se retournent, intrigués.) Avez-vous déjà fait du théâtre ?
-Jamais, répondent les deux hommes en cœur.
-Ah ! C'est un profil parfait pour ma prochaine pièce ! Cela vous intéresse-t-il ?
John ne peut que remarquer le trépignement de la jeune femme, joignant ses mains comme lorsque Sherlock va dans son palais mental. Ses yeux bleus verts pétillent, surement d'impatience. Ses longs cheveux roux foncés en queue de cheval descendent jusqu'au bas de son dos. Le médecin lui trouve alors comme une ressemblance avec son ami.
-Je suis désolé, répond l'ancien militaire, mais je crains que je ne sois pas compétent pour vos atten-
-Si ça peut m'occuper, pourquoi pas ! coupe Sherlcok. Un léger sourire comme malicieux se dessine sur son visage.
John n'en revient pas. Sherlock se propose pour un spectacle ? Et les enquêtes dans tout ça ?
-Super ! s'exclame la jeune femme. Vous m'avez l'air très inspiré ! Que diriez-vous de venir tous les deux pour voir ma troupe ?
Le détective accepte, et John se sent ainsi comme obligé de le suivre. Il se retrouve derrière Sherlock qui marche à la même cadence que la femme, rapide et endiablé. Les deux discutent peu, mais chaque question que pose l'inconnue est aussitôt répondue par le brun. Ses mains croisées dans le dos montrent sa concentration, étonnant toujours plus John. « Depuis quand le théâtre l'intéresse ? » se demande-t-il, tant absorber par ses pensées qu'il ne suit pas la conversation probablement absurde, vu les mimiques énergiques de la fille et les sourires douteux de Sherlock. « Et il sourit en plus... Cela ne présage rien de bon... » Ils prennent un taxi, la fille se rendant compte que plus tard de la grande distance jusqu'au lieu. « Oh ! J'ai oublié que c'est si loin ! » s'est-elle exclamée.
Quelques minutes passent, et le trio arrive devant un grand bâtiment. La jeune femme explique qu'il s'agit du théâtre d'Aldwych. Ils entrent par une porte de derrière, amenant aux loges. John relève le bazar spectaculaire dans toute la pièce, vêtements et accessoires trainant de partout. Cela lui rappelle finalement l'appartement à Baker Street. La jeune femme ne peut plus contenir son énergie, si bien qu'elle ouvre une porte d'un grand coup de latte dans un grand fracas. John fait les gros yeux face à cela, tandis que Sherlock pouffe. « Je sens qu'ils vont bien s'entendre les deux zigotos. » pense le médecin.
La jeune femme prend alors une cape rouge qui est accrochée à un porte-manteau, et la jette sur ses épaules. Dans un geste gracieux et presque théâtral, elle montre fièrement l'immense salle de représentation, où des centaines de sièges rouges font face à la scène. John et Sherlock sont comme impressionnés, tandis que la femme annonce avec audace « Bienvenue à Aldwych ! Lieu de tous les fantasmes théâtraux ! » Puis une expression de surprise se fige dans son regard océan.
-Oh, je suis sincèrement désolée, je ne me suis pas présentée ! Je m'appelle Nana Pepelu ! Bien sûr, c'est un pseudonyme. Tous les membres de ma troupe ont un surnom qu'ils ont sagement choisis. Comment vous appelez-vous ?
-Euh... John Wa...
-Ch-ch-ch-chut ! Pas de nom ! Un surnom, un pseudonyme !
John n'a aucune idée de nom à se donner, et il cherche en espérant trouver sans trop faire attendre Nana, qui l'obverse de son regard trop pétillant.
-Moi, c'est Shezza, et lui, c'est Jonquille, annonce sans crier gare Sherlock.
-Shezza et Jonquille ! Parfait ! Venez, je vais vous présenter mes loulous. (Elle fait signe de la main à sa troupe.) Les cocos ! Nous avons deux nouvelles recrues !
-Jonquille ?! gronde discrètement John à Sherlock. Pourquoi ?
-C'est la première chose qui m'est venue à l'esprit, explique le détective en se retenant de rire.
-Les cocos, dit Nana à Sherlock et John, je vous présente Passoire, Moule à gaufres, Volkswagen et Nyu. Les cocos, voici Shezza et Jonquille !
-Bonjour ! répond le groupe en cœur.
« Mais où avons-nous atterrit ? se demande désespérément John, une main sur le front. On dirait une troupe d'anciens drogués, pas étonnant que Sherlock ai choisi Shezza ! » Cela n'est pas le cas pour le détective qui semble être davantage intéressé, joignant ses mains comme lorsqu'il interroge quelqu'un.
-Mes cocos, allez-vous entrainer, j'ai à causer à Shezza et Jonquille. (Le groupe s'éclipse, et Nana se retourne vers le duo, l'air guilleret.) Je pense que vous avez dû entendre ma conversation navrante avec ces deux croutons. Ils font le blasphème de réduire le théâtre à des pièces pour mettre en scène des histoires insipides ou jouer pour la millième fois du Shakespeare ou du Molière. Tout cela, c'est dépassé. Je veux redonner un regard neuf des gens envers le spectacle, qu'il retrouve ses lettres de noblesse. C'est pourquoi avec ma troupe, Pepelu et les pégases, j'ai pour commandements plusieurs mots. Ainsi, pour créer et offrir un véritable spectacle, les trois piliers sont la détermination, la spontanéité et la franchise. Et chacun de ces piliers est soutenu par un socle, qu'est la bonne humeur !
John est comme surpris par cet élan de sérieux venant de Nana. Elle prend du cœur dans ses explications, et comme elle le dit, elle semble vraiment déterminée.
-Dites-moi, continue-t-elle, un de vous deux est franc ?
-Mon ami Sherl...Shezza dit tout ce qu'il pense, répond de suite John. Moi, je préfère garder en tête la plupart de mes pensées.
-Mh, je vois. Alors Shezza serra le candidat parfait pour clôturer la pièce !
-Comment ? s'exclame le détective.
-Je vous expliquerais après. En attendant, je vais voir comment les loulous se débrouillent.
Tandis que Nana s'éloigne d'un pas dansant tout en chantonnant, John regarde furieusement Sherlock.
-Quand est-ce qu'on part d'ici ? Laissons ces fous avec leur pièce et barons nous discrètement ! Il y a bien plus important à faire !
-Mais que racontes-tu, John ? Cela me parait très intéressant tout cela. Ces gens ont l'air de mettre du cœur dans leur œuvre, et si je peux en témoigner, ce serait très bien. Et puis il n'y a aucune enquête intéressante proposée, alors on a notre temps.
-Mais depuis quand tu t'intéresses au théâtre ?
-Depuis maintenant. Si l'objet en question ne me passionne pas, Nana et ses loulous sont de bons individus. Ils respirent la joie de vivre, et ça change de voir toujours les mêmes têtes.
John n'en revient toujours pas. Mais il se dit que c'est inutile de discuter. Il choisit alors de faire comme Sherlock, de regarder Nana et les pégases répéter. Chacun est déguisé de manière atypique. Passoire, le plus dodu de la troupe, est habillé comme un puissant homme politique, avec une grotesque perruque blonde. Il se tient au bord de la scène, les bras tendus et le regard menaçant.
-Missiles ! Missiles ! Je vais tous les lancer ! scande-t-il d'une voix exagérément grave.
Nana observe la scène à quelques mètres, posée gracieusement, la cape enroulée de façon élégante sous son bras. Elle hoche la tête pour exprimer sa satisfaction à Passoire. Elle indique ensuite à Volkswagen, une femme métisse d'une cinquantaine d'années, un point précis de la scène, et cette dernière s'y pose. Elle lève une jambe tel un flamant rose, et de sa voix enrouée, elle parle :
-Nous sommes pacifistes ! Si vous l'êtes, nous le devenons. O quam sancta !
-Parfait, mes loulous ! s'exclame Nana en applaudissant. Tout le monde est prêt pour ce soir, il ne reste plus qu'à caser Shezza et Jonquille !
-Attends, Nana ! réponds Nyu, une jeune femme d'une vingtaine d'années avec une mèche verte sur le côté. Tu sembles ne pas remarquer quelque chose. Si on ajoute Shezza et Jonquille, nous sommes sept !
-Oh non ! Ça porte malheur pour nous ! s'exclame Moule à gaufres, un homme qui ressemble assez fortement à Mycroft.
-Pas de panique ! répond Nana. Shezza, Jonquille, voulez-vous vraiment jouer tous les deux ?
-Shezza, oui. Mais moi, pas vraiment, annonce plutôt hostilement John.
-Oh ! Voyez que vous êtes assez franc ! Mais tant pis. Seul Shezza reste, et c'est parfait ! En plus, il est plus charismatique avec ses bouboucles ! Je dois d'ailleurs t'expliquer ton rôle. Donc tout le long de la représentation, tu resteras assis au fond de la scène, dans l'obscurité. (D'un mouvement souple et gracieux, comme une danse, Nana indique le devant de la scène, tirant sa cape.) Puis lorsque je te montrerais du doigt, tu avanceras devant la scène en dansant, et tu diras quelque chose, n'importe quoi ! Ce sera la chute de la pièce, la cerise sur le gâteau, le cri de la franchise !
-Mais... Je ne sais pas quoi dire... répond Sherlock qui ne semble plus serein. John le relève aussitôt.
-N'y réfléchis guère, dit Nana. Tu devras seulement être franc avec toi-même et le public. (Elle se retourne, faisant voler sa cape.) Mes loulous ! Nous sommes prêts, allons faire le plein de glucides ! Tu viens avec nous, Shezza ?
-Il a tout son temps, répond John.
-Hein ? Euh, mais... bafouille le détective.
-Tu as choisi quelque chose, ne sois pas décevant, dit John en chuchotant. Ni pour moi, ni pour Nana et sa troupe. Et puis tu as trouvé une bonne occupation, ne vas pas te plaindre.
Jonquille, ou plutôt John salue poliment la troupe et partit. « La représentation aura lieu à 21 heures ! » annonce en porte-voix Pepelu. Le médecin jette un œil derrière lui avant de sortir. Il trouve rapidement un taxi, et lorsqu'il retourne à Baker Street, une idée germe dans sa tête.
Il est 21 heures moins dix, et étonnamment, les places se remplissent à une vitesse folle, la salle étant bientôt remplie aux trois quart. L'immense rideau rouge ferme toujours la scène, tandis que le public s'installe. John se sent satisfait, comme s'il se vengeait. Il avait aussitôt annoncé par sms à Mycroft, Lestrade et Molly la situation dans laquelle Sherlock s'est fourré. Madame Hudson est également venue, enchantée à l'idée de voir son préféré crier la franchise comme dit si bien Nana.
Tous les cinq sont assis au milieu de la salle, de façon à être ni trop haut, ni trop bas de la scène. Tous exprime une certaine forme de surprise et d'impatience pour ce qu'il va se passer. Excepté Molly. « Quand va-t-il cesser de se faire remarquer ? » rale-t-elle. Mais cela ne l'empêche pas d'accepter de voir la pièce. John pense alors quelque chose. Nana n'a pas reconnu au moins Sherlock ? D'habitude, n'importe qui braille son nom en le voyant, ou est au moins surpris, ou enchanté. Mais là, aucun membre de la troupe n'avait tilté. « Ils ne connaissent pas Sherlock ? » se demande le médecin. Aussi, il décèle un certain accent assez étranger chez Nana, écorchant plusieurs mots, et aspirant peu les h. « Une française ? »
Mais pas le temps de niaiser, John cesse de réfléchir à cela lorsque les lumières changent de position et que le rideau se lève lentement. Le calme s'installe, laissant place au milieu de la scène Pepelu. Elle porte de nouveau sa cape rouge, posée avec soin sur ses épaules, et sa queue-de-cheval laissée par une élégante tresse fermée par un anneau dorée.
Assise en tailleur, elle a les mains jointes comme Sherlock en a l'habitude, les yeux fermés. Un petit micro est accroché à son oreille. Elle commence alors à parler d'une voix étonnamment sombre, contrastant avec sa voix fluette, digne d'un personnage loufoque de dessin animé.
-Le ciel s'assombrit encore une fois, et bientôt, Tanabata va venir...
La représentation dure ainsi pendant environ trois quart d'heure, et elle remporte un succès assez grand, et John ne peut qu'affirmer la justesse et l'écriture parfois remarquable de la pièce. Nana et sa troupe montrent et parlent de divers sujets sociaux, religieux et politiques sous différents genres, comme la comédie, le drame, mais surtout la satire. Les amis de John et Sherlock semblent également comblés par cette pièce.
-La laideur nous appartient à tous, ou c'est plutôt elle qui nous possède, énonce à un moment Volkswagen.
Puis quelques minutes plus tard, le médecin se rappelle de cette phrase de Passoire, annonçant la fin :
-Missiles ! Missiles ! Je vais tous les lancer !
Des rires éclatent tandis que quelques protestations fusent. Puis le moment tant attendu par le groupe de John arrive. Nana, postée sur le côté de la scène, portant toujours sa fidèle cape rouge, se tourne rapidement et pointe du doigt le fond. Un immense « clac » se fait entendre, une douche de lumière mettant en évidence Sherlock. Ce dernier est assis dans un fauteuil en cuir semblable au sien à Baker Street. Le détective ne semble pas serein, tortillant ses doigts. Il porte ses vêtements habituels, mais son écharpe bleue est attachée sur son bras droit, pendant et trainant au sol. Contrairement aux autres membres de la troupe, il n'a pas de micro. Le public le reconnait aussitôt et applaudit, certains spectateurs poussent des ovations ou sifflent d'encouragement. Nana garde toujours le doigt pointé, attendant que Shezza se lève.
Ce dernier se décide à le faire, ne pensant pas à danser, marchant simplement au milieu des pégases qui forment un couloir. Il se tient alors au bord de la scène, encore plus pâle que d'habitude, et fourre ses mains dans les poches pour empêcher qu'elles trahissent son stress. Un silence pesant plane dans toute la salle. Nana remarque la détresse de Sherlock, et lui souffle discrètement.
-Dis quelque chose, la première chose qui te vient en tête...
-Je...
Puis comme sorti de nulle part, un son que John connait bien retentit dans toute la salle. La sonnerie de message d'Irène Adler.
« Ah... »
L'imbécile a laissé son micro dans la poche où est son portable ! Mais cela semble satisfaire Nana. Improvisant une conclusion.
-Le désir ne se contrôle pas, pas même pour Shezza, ni qui que ce soit !
Les lumières disparaissent, laissant la scène dans l'obscurité. Le public applaudit alors, à moitié amusé de la fin, et les ovations mettent du temps à s'arrêter. John et son groupe sont tout aussi surpris comme enchantés de cette pièce de théâtre atypique. Les lumières reviennent une dernière fois, le temps que la troupe salue la foule. Chacun est aligné, et se donne la main tout en se penchant à plusieurs reprises face aux spectateurs. Shezza tient les mains de Nana et Passoire, qui n'a plus sa stupide perruque, mais encore son costume. Puis le rideau se baisse. Le public s'en va petit à petit.
John et les autres sont dehors, discutant sans pouvoir s'arrêter de ce qu'ils ont vu pendant ces 45 minutes. Mais bien sûr, la plupart des commentaires reviennent à Sherlock.
-Quel idiot ! plaisante Madame Hudson, il fallait qu'il reçoive un message pile à ce moment !
-Et qu'est-ce que c'est que cette sonnerie plus que douteuse ? demande furieusement Molly.
John sourit et rit de cette conversation. Il est content de cette journée en attendant. Sherlock a trouvé un moyen pour s'occuper, a fait sensation, et se lie probablement d'amitié avec de nouveaux individus. Il se demande comment cela se passe en ce moment pour lui.
-Qu'est-ce que c'était que ce truc, Shezza ?! demande Moule à gaufres en secouant le concerné comme un prunier.
-C'est chaud ! Rigolo ! plaisante Passoire. File-moi cette sonnerie !
-Ah non ! C'est la mienne ! râle immédiatement Sherlock.
À quelques mètres, Nana ne peut s'empêcher de rire de la scène, appréciant l'ambiance. Le socle qu'elle veut représenter est bien là, la bonne humeur. Elle appelle alors le détective, ce dernier devant un peu pousser les pégases pour avoir un passage. Les deux s'éclipsent.
-Je tiens à te remercier sincèrement de ta participation, Shezza, et d'avoir si bien clôturer la pièce. Cela a respiré la désinvolture et la surprise, et c'est parfait !
-Je... De rien...
Sherlock n'étant pas habituer à ce genre de remarque, qui plus est pour ce type de contexte, ne sait pas vraiment quoi répondre, et Nana le relève bien.
-Je sens que tu n'es pas à l'aise malgré tout. Ce n'est pas ton domaine, et je le ressens que maintenant. Je m'excuse.
-Tu n'as pas à t'excuser, c'est moi qui ai choisi de rester, et je tiens à te dire sincèrement que vous pouvez aller loin, toi et ta troupe.
Sherlock pense et dit ses paroles avec son palais mental, si bien que dès qu'il s'y replongera, il sait qu'il y aura un petit coin comme une loge de théâtre. Il en a conscience, il est peu probable qu'il revoit Nana et les pégases. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il se promet de garder cette expérience dans un coin de sa tête.
-Merci pour tout, Shezza, ajoute Nana d'un ton triste.
-En réalité, je m'appelle Sherlock Holmes, et je suis détective consultant. C'est pour ça que le public m'a acclamé tout à l'heure. Je suis connu dans toute l'Angleterre.
Pepelu lâche un petit rire espiègle, détachée de la réalité.
-Je ne te connais pas en tant que tel, je voyage à travers le monde avec ma troupe, en espérant qu'elle s'agrandisse au fil du temps. Et dès qu'elle dépassera l'effectif de sept, je suis sûre qu'elle deviendra gigantesque en peu de temps ! Plus on est de fou, plus on rit. Merci encore pour tout !
Nana fait alors une grande accolade à Sherlock, le serrant fort dans ses bras. Elle doit se mettre sur la pointe des pieds pour hisser sa tête sur l'épaule du détective. Ce dernier ne peut que répondre à cela en l'entourant à son tour. Pepelu se retire. Elle sort d'une de ses poches une petite carte.
-C'est mon numéro, je sais que je ne devrais pas t'appeler souvent, vu ton métier.
Sherlock prend le papier et le glisse dans une poche de son manteau, adressant un dernier sourire amical à la metteuse en scène.
-Au fait, je m'appelle en fait Florentine Inas.
Les deux s'échangent une poignée de main, puis Sherlock se met à partir. Alors qu'il ouvre la porte, il se retourne une dernière fois vers Florentine.
-Hé, pourquoi le chiffre sept te porte malheur ?
-Si nous étions sept, alors Tanabata ne viendra plus jamais...
De retour à Baker Street, Sherlock se réfugie aussitôt dans sa chambre, pour fuir les éventuels retours de John ou Madame Hudson. Il sourit encore en pensant à cette journée. Il trouve rapidement le sommeil, ne pensant pas à consulter son téléphone ayant reçu un message de Irene Adler.
Durant cette nuit, durant ce rêve, Sherlock peut observer Tanabata. Et même le sociopathe qu'il est ne peut qu'être subjugué par ce magnifique spectacle. Il comprend alors pourquoi Nana ne veut en aucun empêcher sa venue...
Qu'en avez-vous pensez ? N'hésitez à laisser une review ^^ Et merci d'avoir lu jusqu'au bout !
