La plus froide des Salles Communes

Plongée dans la maison des Vert et Argent à l'époque de Lucius, Bella, Narcissa, Régulus et les autres.

Série de One Shot.

Sont prévus pour le moment : les soeurs Black, Lucius, Regulus. Si vous avez une idée pour un autre perso, n'hésitez pas ! Certains personnages auront plusieurs OS.

Rating M : Rien d'explicite mais un langage... disons... parfois très imagé !


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-Tu l'as tué ?

Le climat de la salle commune des Verts et Argents était morne en ce samedi matin. Les Serpentards avaient perdu le match contre les Gryffondors la veille au soir et l'humeur était morose, sinon massacrante.

-Evidemment, répondit Bellatrix en prenant soin de ne pas faire déborder l'encre sur son parchemin. Je lui avais dit que si ça continuait je le tuerai. Il a refusé de m'écouter alors je me suis occupée du problème.

Narcissa ouvrit la bouche de stupeur puis éclata de rire, une main couvrant ses lèvres dans une tentative de contenir les décibels de son hilarité. Bellatrix avait toujours été un brin extrême, toujours prête à prouver sa valeur par tous les moyens mais là c'était vraiment ridicule.

-Tu ne crois pas que tu aurais juste pu t'en débarrasser, s'il te gênait tant que ça ? Finit-elle par demander.

-Non, je l'avais prévenu. Il n'avait qu'à pas me sous-estimer. Et puis qui possède un crapaud comme animal de compagnie ? Il n'y a que Wilkes pour faire ça. C'est immonde et dégoûtant.

Ledit crapaud avait exécuté le saut de trop. Envahir le lit, précautionneusement plié au carré, de Bellatrix Black ? Erreur. L'aîné des trois soeurs l'avait achevé d'un seul rayon vert sorti de sa baguette et délicatement posé sur l'oreiller de son propriétaire. Lorsque Wheatus Wilkes reviendrait dans son dortoir, il aurait sûrement beaucoup de choses à dire à la jeune meurtrière.

-Ma foi, ça lui apprendra à avoir laissé filer le vif d'or. Tu crois que ces incapables de joueurs nous ferons gagner un jour ? Questionna Narcissa, contemplant les longs cheveux dorés qui dissimulaient son visage.

-Peu importe, le quidditch m'ennuie, répondit Bellatrix en observant son cousin assis dans les escaliers, à l'autre bout de la salle.

Régulus discutait avec une rousse dont les origines étaient floues. On ne savait pas vraiment à combien de générations remontait son sang-pur et pour la famille Black c'était un problème de taille. Du moins pour Bellatrix c'en était un. Depuis que Sirius avait quitté le foyer elle refusait qu'un autre membre de sa généalogie ne couvre d'opprobre son nom.

Elle détourna le regard, Régulus ne ferait jamais une telle chose, il ne franchirait pas la limite. Non, celle qu'il fallait surveiller c'était Andromeda. Et comme toujours elle était introuvable.

-Tss, qu'est-ce qui ne t'ennuie pas de toute façon ? Rétorqua la blonde dans un sourire affectueux.

Narcissa avait toujours trouvé sa soeur étrange. Comme si Bellatrix n'évoluait dans ce monde qu'en attendant quelque chose de plus grand. Comme si elle était en veille, attendant d'être mise en marche quand l'heure sonnerait. Rien ne l'intéressait, rien ne la motivait, rien n'attirait son attention. La seule chose pour laquelle elle se démenait c'était la pureté de son nom. Narcissa se pensait la plus saine d'esprit des trois. Bellatrix vivait dans son monde, Andromeda avait depuis longtemps déserté le leur. Et Narcissa... Narcissa vivait sa vie d'adolescente, se laissant porter par le courant.

Les trois soeurs Black étaient connues comme le loup blanc dans l'école. Le fait qu'elles soient trois semblait créer une sorte de magnétisme sur les autres élèves. Les opinions radicales de leur famille et, bien sûr, le récent départ du populaire Sirius de la maison mère, entretenaient le brasier des rumeurs sur leur compte.

Mais ce n'était rien comparé aux légendes qui couraient sur l'une de leurs camarades. Cette dernière était lovée dans un fauteuil, ses pieds nus frottant le tissu, un bracelet à chaque cheville.

Salomé la Scandaleuse.

En cinquième année elle fréquentait les septièmes. Elle était l'une des plus adulées de sa maison. De loin. En fait elle était tellement extrême que peu osaient venir lui parler.

A seize ans, elle avait à son actif plus de méfaits que ce que les préfets ne pouvaient en supporter. Injures, balades nocturnes, ivresse publique, insultes, insubordination, grossièretés, bagarres et duels, langage inapproprié devant un membre de la direction, comportement immoral. Salomé était une élève dissipée. Elle préférait le qualificatif « rebelle ».

« Dépravée »

« Dévergondée »

« Dissolue »

« Débauchée »

Elle avait tout entendu la concernant. Et les professeurs qui tentaient de la surveiller, ben voyons ! Qu'ils essaient, tiens, elle n'en était pas à sa première incartade ! Pourquoi devrait elle ressembler à ce troupeau obéissant d'élèves quand elle pouvait vivre comme elle l'entendait ? Qu'importe l'avis de sa famille, de ses milliers d'oncles et tantes, elle n'en était pas à son dernier scandale !

Salomé l'hypnotiseuse, Salomé la scandaleuse, Salomé la beauté empoisonnée. La où la plupart des adolescentes se formaient à peine, son corps de femme la plaçait immanquablement dans la lumière. Une peau de sucre brun et un corps pulpeux modelé pour les plaisirs charnels les plus fantasmagoriques. Un fantasme exotique vivant. Un stéréotype ambulant.

Salomé avait eu autant de garçons au compteur que Sirius Black avait d'adoratrices, disait-on. Vrai ou faux, la rumeur allait bon train. Elle semblait inaccessible par sa beauté, sa façon de parler et pourtant tous les garçons disaient l'avoir déjà eue. Elle ne démentait ni ne confirmait et son silence fascinait.

De là où il était, Régulus ne pouvait voir le visage de Salomé. Elle était assoupie. Comme souvent, elle penchait la tête de façon à ce que sa chevelure épaisse et frisée couvre son visage de l'agitation alentour. Elle dormait autant qu'un chat, dès que l'occasion se présentait, lovée dans un canapé ou un fauteuil, indolente.

Et dans cette maison où les enfants de cracmols et de moldus étaient méprisés voire persécutés, la plupart se foutait bien de savoir si Salomé était une sang-pur.

Régulus, lui s'en souciait. Le problème était qu'il savait déjà que même s'il découvrait que Salomé était une sang-mêlé, il ne pourrait s'empêcher de l'observer le jour, de l'imaginer la nuit et de la caresser en rêve.

Les cuisses pleines et satinées de Salomé. Les hanches larges et rondes de Salomé. La poitrine lourde et oppressée dans le chemisier d'uniforme de Salomé. Oui Salomé venait d'ailleurs. D'un endroit où les filles étaient des femmes avant l'heure, d'un lieu où les formes s'épanouissaient sans pudeur. Il savait que beaucoup de garçons – qui ressemblaient plus à des hommes – se targuaient d'être sortis avec elle mais il se fichait des rumeurs. Il la voulait, il la la lui fallait. Mais personne n'avait Salomé pour lui seul, personne ne l'avait tout court. On pouvait la croiser, la divertir, la retenir un instant. Mais juste un instant...

Ca c'était ce qu'ils pensaient tous, ils ne savaient pas. Et elle se donnait du mal pour que ça continue ainsi.

Trop occupée à observer la métisse, le plus jeune des Black ne remarquait même pas l'attention un peu plus qu'amicale que lui portait une rouquine assise à ses côtés.

-Régulus, tu t'es encore battu ?

Il détacha enfin son regard de l'objet de ses pensées pour se tourner vers Enid.

-Un Serdaigle au ton un peu trop suffisant qui méritait une correction répondit-il.

Depuis quand les Serdaigles se permettaient-ils de s'adresser à lui sans l'humilité qui convenait ?

-Je connais une formule pour arranger ça si tu veux, proposa Enid, ses grands yeux expressifs faisant l'aller retour entre le visage de Régulus et le sol.

Il passa une main distraite sur sa joue, que barrait une cicatrice.

-Non merci, ça ira.

Des entailles plus sévères il en avait tellement d'autres, à force de se battre. C'était la preuve de sa valeur, il ne voulait pas les effacer. Celle là s'estomperait bien assez tôt.

-Qu'est-ce que tu veux Enid ? S'enquit-il alors d'un ton involontairement dur.

Il ne voulait pas perdre son temps en discussions inutiles. Et pourquoi cette fille était-elle toujours en train de le coller ? Elle et son chemisier boutonné jusqu'au cou, sa jupe rallongée en dessous du genou. Qu'est ce qu'elle lui voulait ?

-Heu... je...

-Je sais que tes parents sont de fervents Merlinistes pratiquants, prêchant au Temple de Merlin. Tu ne sors pas avec des garçons. Si tu n'es pas là pour me courir après, que peux-tu bien vouloir ?

La sorcière rougit violemment, peu habituée à être ainsi confrontée. Pourtant c'était une habitude chez Régulus de mettre les autres mal à l'aise en exprimant le fond de sa pensée. A vrai dire, Enid ne savait pas vraiment ce qu'elle voulait. Passer du temps avec Régulus Black lui plaisait et elle avait pris son courage à deux mains pour aller lui parler. Elle qui n'y connaissait rien au sexe opposé.

-Je te laisse tranquille, murmura-t-elle alors en lissant sa jupe pour se lever.

Il l'observa s'en aller, perplexe, avant de retourner à la contemplation de Salomé.

Andromeda venait de surprendre le regard enivré de Régulus, une fois de plus, lorsqu'elle pénétra dans la salle commune. Régulus le petit frère.

Il était aussi grand que Sirius – pour le moment -, aussi téméraire mais plus sombre. L'humour de Sirius se transformait en cynisme chez Régulus. La popularité du grand frère n'avait d'égal que l'estime que portaient les autres à son cadet. Régulus était une énigme. Son nom était prononcé avec déférence mais son caractère... Personne ne cernait. Personne ne savait ce qu'il pensait de Sirius, ce qu'il pensait de ses cousines, ni comment il avait vécu les récents événements dans sa famille.

Régulus était un peu marginal, mais pas trop. Toujours dans le rang mais en retrait. Comme s'il se contentait de faire ce qu'on lui disait afin qu'on lui fiche la paix, qu'on le laisse conserver sa tranquillité. Oui Régulus aimait son calme et personne n'aurait osé le perturber. On l'avait déjà vu dégainer sa baguette plus rapidement que Mercury Mulciber. Et Mulciber était numéro un du club de duel.

Bellatrix ressemblait à Sirius, Sirius ressemblait à Régulus. Et tous trois avaient la même beauté bluffante. Sauf que chez Régulus, ce n'était pas vraiment symétrique, pas vraiment parfait. Il y avait un ou deux défauts : un sourire un peu de travers, les cheveux courts ni vraiment raides ni vraiment ondulés, les yeux rougis un peu cernés. La parfaite imperfection.

Il n'avait pas la prestance de Bellatrix, pas l'élégance naturelle et désinvolte de Sirius.

Non, il était le charme discret mais indéniable. Le genre de personne qu'on ne voyait pas immédiatement dans une foule, celui accolé au mur un peu plus loin et une fois que votre regard tombait dessus, vous aviez du mal à vous en détacher. Il vous hantait. Qui pouvait le voir sans le regarder ? Qui pouvait lui parler sans lui accorder son entière attention ? Il était captivant, impertinent. Mais il était avare de paroles. Sûrement parce que Sirius avait toujours pris trop de place au sein de sa famille. Sirius et ses éternelles revendications.

Andromeda admirait Sirius, mais elle était triste pour Régulus.

-Tu voudrais peut-être ne pas stationner devant l'entrée de la salle commune, Andromeda.

La jeune fille sursauta. Une voix impérieuse venait de s'adresser à elle. Elle se décala rapidement et dut lever ses yeux gris – les mêmes que Sirius – pour rencontrer le regard de Lucius Malfoy.

Il lui adressa un signe de tête en guise de bonjour. Les Malfoy et les Black étaient des familles de sang-pur et des familles riches. Elles se côtoyaient depuis des générations et leurs progénitures se fréquentaient depuis la plus tendre enfance. Si Andromeda n'avait pas été une Black, Lucius lui aurait sûrement réservé un ton condescendant.

Personne n'était assez bien aux yeux de Lucius, il méprisait les élèves de sa propre maison et se croyait supérieur en tout, entouré d'un petit groupe d'élites dont faisait partie Bellatrix. Les gens lui étaient insignifiants. On ne le voyait pas disparaître au détour d'un couloir avec une fille différente chaque semaine comme le faisaient les Lestrange ou Parkinson.

Sept ans qu'il agissait ainsi, se démarquant des autres par l'ultra sélectivité de ses fréquentations. Maintenant qu'il était dans sa dernière année, ses exigences atteignaient des sommets infranchissables. Il avait bien eu quelques passades qui avaient commencé comme elles s'étaient terminées : dans la discrétion la plus complète.

Certains murmuraient que lui et Bellatrix se voyaient en secret. Andromeda savait que c'était faux. Bellatrix tenait trop à la pureté de son image pour s'abaisser à fricoter avec un garçon alors qu'elle était promise à Rodolphus Lestrange. Et elle tenait à ce que la famille de son futur époux la trouve irréprochable maintenant que l'arrangement était officiel. Même si, de son côté, Rodolphus ne s'embarrassait pas de tels scrupules et ne se refusait rien.

Malfoy et sa clique – les Lestrange, Wheaton Wilkes, Parkinson et la Greengrass - se dirigèrent vers les fauteuils proches de la cheminée et des fenêtres. Les meilleurs. Tous en septième année et respectés, ils avaient tacitement la priorité. Bellatrix les rejoignit.

-Elle est encore là celle là ? Cracha la Greengrass en voyant Salomé, endormie sur l'un des fauteuils qu'ils convoitaient.

Même si Serpentard était une maison généralement soudée – entre sang-pur tout du moins – contre les autres maisons. Les conflits intérieurs étaient légion et la jalousie n'était jamais loin.

-Déloge là, ordonna la Greengrass au costaud Parkinson.

Il hésita. Aucun garçon n'aurait eu l'idée d'aller déranger Salomé. Elle était un peu comme un totem. On évitait de lui faire du mal, de l'importuner inutilement si on voulait espérer qu'elle daigne jeter un regard bienveillant sur vous. Lucius lança une oeillade moqueuse et complaisante à Parkinson avant de s'avancer vers la métisse. Il appuya deux doigts sur son épaule et la secoua légèrement.

Elle s'éveilla immédiatement comme si, même dans son profond sommeil, elle était en alerte. Elle releva la tête et ses boucles glissèrent de sa poitrine à ses épaules. Son visage fut enfin visible. Coulant ses yeux vers Lucius, elle ne lui adressa pas même un de ses fameux sourires enjôleurs.

Lui ne cilla pas, il était bien l'un des rares à ne pas changer de comportement à sa vue. Une fille de plus qui paraissait ne pas remplir ses critères haut placés.

-Qu'est-ce que tu veux, Lucius ? S'enquit-elle de la voix rauque et cassée de celle qui vient de se réveiller.

-Que tu laisses la place à tes ainés, interrompit Greengrass d'un ton abrupt.

-Je ne t'ai pas adressé la parole, Esther, cracha alors Salomé.

Avec Salomé on n'était jamais à l'abri d'un scandale superflu.

-Laisse tomber, intervint Nott qui venait d'arriver. On a assez de place, pas besoin de s'emmerder. Elle va encore nous prendre la tête pendant cent cinquante avant de lever son gros cul.

Malfoy tiqua. Bellatrix savait qu'il détestait la vulgarité. Il était de la vieille école. Le blond fit fi de la remarque de son camarade et tendit sa main à Salomé :

-On a besoin de discuter en privé, j'apprécierais que tu nous laisses entre nous. J'enverrai quelqu'un te prévenir dès qu'on aura fini, si tu veux bien.

Il n'était un secret pour personne que Lucius Malfoy était un gentleman. Une main de fer dans un gant de velours diraient les plus sceptiques. La scandaleuse saisit les doigts tendus et se leva paresseusement. Elle se tourna vers Nott :

-Tu vois Artus, c'est comme ça qu'on parle aux femmes. Retiens bien si tu veux un jour pouvoir en approcher une.

Et elle s'éclipsa d'une démarche exagérément chaloupée, bien consciente que son derrière rebondi était le point de mire de tous les yeux.

Personne ne savait. Oui elle avait été avec Lucius. Oui elle l'avait aimé. Oui ça avait commencé lorsqu'elle n'était encore qu'en quatrième année et lui en sixième. Elle n'avait que quinze ans et lui dix-sept à l'époque. Mais avec ses formes de femme, elle faisait tellement plus que son âge. Elle l'avait repéré dans une soirée de gosses de riches, de sang-pur. Elle était une « plus one », une invitée ramenée par d'autres, assise sur une table, attendant que la musique devienne à son goût. Lui discutait avec d'autres :droit comme la justice, éternellement sobre. Pas un mot plus haut que l'autre, pas un verre d'alcool.

Ses cheveux plus courts sur les côtés, son nez un peu tordu, ses yeux d'un bleu limpide, sa mâchoire carrée et son air. Son air de se trouver là mais de flotter au dessus de tous. Elle entendait leurs conversation.

Celui-là était dangereux. Oh toutes ses amies étaient fascinées par les mauvais garçons, les petits délinquants sans avenir et sans saveur.

Non Salomé, elle, aimait le danger, le vrai. Celui qui faisait frissonner et battre le coeur trop fort. Et avec Malfoy elle avait tiré le gros lot. Ses idées radicales, son sens de l'honneur, il n'était pas du genre à courir et à fuir. Non, lui il distribuait les maléfices et fonçait dans la bataille.

Elle décida qu'il le lui fallait et qu'elle l'aurait. Elle les avait tous, elle avait qui elle voulait. Le plus dur vint plus tard. Lorsqu'elle s'attacha. Elle allait devoir le garder et elle ne les gardait jamais.

oOOOo

La première fois que Lucius Malfoy avait vu Salomé, ce fut du coin de l'oeil : elle détonnait dans le paysage. En 1977, ce genre de présence n'était pas répandue. Parmi tous ces fards immaculés, ces peaux laiteuses et d'ivoire, elle avait la teinte du sirop de canne. Parmi ces coiffures surélevées, ces chevelures lissées et plaquées elle arborait de lourdes boucles indisciplinées et volumineuses.

Une païenne entre les fidèles.

Lucius n'était pas naturellement attiré par le désordre, ni par tout ce qui se détachait et contrastait. Pour lui, elle jurait avec le reste. Il ne lui accorda pas un regard de plus.

A vrai dire il l'avait même oubliée lorsqu'elle réapparut pile devant ses yeux cette fois, deux semaines plus tard, au détour d'un dîner mondain. Encore ramenée par un des invités. Si elle était noble, sa famille n'avait jamais côtoyé la sienne. Et pourtant elle était de nouveau présente. Elle lui décocha un regard gourmand et passa à côté de lui, le frôlant délibérément.

Qui était cette fille qui se permettait de telles familiarités ? Aucune jeune fille de bonne famille n'enverrait une telle oeillade à un garçon en plein milieu d'une foule. Aucune ne laisserait sa main caresser le torse de qui que ce soit. Elle l'avait fixé ainsi toute la soirée. Le provoquant de ses frôlements par trois fois. Puis il l'avait revue à Poudlard, elle l'avait royalement ignoré et c'en fut fini de lui.

Les yeux de Lucius, habitués aux oeillades, partaient désormais à la recherche de ceux de Salomé sans jamais les trouver. Il passait à côté d'elle et la sorcière se reculait habilement, sans l'effleurer.

Et puis une nuit.. La nuit. Il révisait seul à la bibliothèque. Elle était arrivée, sa chevelure décoiffée encadrant son visage, sans un mot. Elle l'avait attrapé par la main, mené dans une salle vide et avait laissé tomber ses vêtements avec un tel aplomb. Aucune fille ne s'était jamais déshabillée avec une telle audace devant lui, sûre de son effet. Et avec le même culot elle avait commencé à le déshabiller lui.

Il avait bien remarqué ses courbes voluptueuses auparavant. Comment aurait-il pu le manquer, on ne voyait que ça. Néanmoins, ça ne l'avait jamais émoustillé outre mesure. Lui aimait les filles à l'apparence fragile, douce, conciliante, qu'il pouvait façonner à sa manière. Mais lorsqu'il put la contempler librement, sans aucune barrière entre eux...

Elle avait l'air mutin. Et avide. Il la laissa s'emparer de ses mains et les guider sur les parties les plus charnues de son anatomie. Ce fut comme une révélation, un baptême.

Elle ne se contentait pas de faire ce que les autres faisaient, pensant que ça lui plairait. Elle faisait ce qui lui plaisait à elle sans peur de le choquer.

Il découvrit le plaisir de s'agripper à des hanches pleines, l'ivresse de se perdre dans des seins généreux et le délice de plonger dans les abîmes des vallons et vallées qui prolongeaient sa chute de reins. Il était comme converti.

La félicité, l'enivrement. Les semaines passèrent. Et cela dura un moment.

Elle se laissait aller à lui parler et au fil du temps il finit par lui répondre de plus en plus souvent. Elle ne disait pas que des banalités, semblait-il. Il pouvait bien argumenter cette fois, ça ne coutait rien. Bientôt cela devint une conversion puis des discussions. Elle était un esprit libre. Ni pour ni contre, il ne se sentait ni jugé ni pressé. C'était différent, sans faux-semblant.

Et puis Lucius apprit le futur mariage arrangé de Lestrange et Black. Les choses devenaient sérieuses. Lui aussi devait être pris au sérieux. Il ne pouvait plus fréquenter cette fille, trop jeune, trop différente, trop entière, trop authentique. Elle ne faisait pas partie de son monde et il devait rester parmi les siens. Il lui apprit la sentence en une phrase. Poli, respectueux et concis. Il cessa de croiser son regard, de laisser dériver ses yeux sur son corps et commença à entendre les rumeurs qui fusaient sur elle. Narcissa entra bientôt dans son champ de vision.

Salomé c'était la passion. Et la passion menait aux troubles, aux erreurs et à l'oubli des priorités. Narcissa c'était le calme, elle l'apaisait, lui permettait de se concentrer. Peut-être pourrait-il l'aimer un jour, elle était le genre de filles qu'il pourrait aimer et Merlin savait qu'il était difficile à séduire. Et puis Bella serait contente, elle qui ne cessait de s'inquiéter pour la pureté de son nom et les agissements de ses soeurs.

Salomé n'avait rien vu venir. Elle ne s'attendait pas à tant de concision. Pas de sentiments, juste une information délivrée avec une netteté sans appel. Lucius retournait d'où il venait et elle devait continuer son chemin. Durant le reste de sa quatrième année, puis les vacances d'été, elle comprit. Elle comprit qu'elle fascinait les garçons, qu'ils penseraient à elle le soir et parfois même lorsqu'ils seraient dans les bras de leurs petites amies. Pourtant elle-même ne serait jamais une petite amie pour la vie.

Elle dépassait du cadre. Elle ne rentrait pas dans les cases. Lucius Malfoy, il lui fallait une fille de sa caste, une fille qu'il puisse aimer et exposer à la fois. On ne présentait pas Salomé à ses parents. Salomé c'était vulgaire. La sensualité affirmée c'était vulgaire. Salomé, c'était outrancier.

Non, Lucius il lui fallait une fille qui présentait bien. Une fille comme lui. Qui lui donnerait une descendance légitime. Un fils de préférence, dont lui et ses ancêtres seraient fiers. Et Narcissa était parfaite pour le rôle. Celle qui plus tard serait une beauté, froide, glaçante, était pour le moment dans l'âge ingrat. Mais l'âge ingrat chez la famille Black n'était pas vraiment visible. Son doux visage n'avait pas encore pris cette expression dure et pincée, son regard n'en avait pas assez vu et surtout elle évoluait dans le monde sans autre inquiétude que ses BUSEs à la fin de l'année, ses amies et la gent masculine. Et un en particulier.

oOOOo

Evan Rosier débarqua, accompagné de sa bande : Alfred Avery, Mercury Mulciber et Severus Snape.

Evan se dirigea instantanément vers Régulus. Ils avaient cette sorte d'amitié fraternelle qui ne souffrait ni tact ni prise de gants.

-Hey Black je viens de croiser Zabini dans le couloir, annonça-t-il goguenard. Je crois que ton frère est en train de passer à l'action avec elle... Ne me dis pas que tu vas le laisser prendre ta place !

Régulus ne répliqua pas. Il savait que c'était faux. Sirius ne fréquentait pas les Vert et Argent. Jamais. Mais si ce n'était pas lui, ce serait un autre...

Il fallait qu'il agisse.

Le nom de son obsession résonnait dans son esprit : Salomé Zabini...

Salomé Zabini. Celle qui serait plus connue sous le nom de Mrs Zabini ou la Veuve Noire. Celle qui exécuterait la danse des sept voiles.

Sept voiles blancs pour sept époux différents. Epoux et sacrifiés. Sacrifiés sur l'autel de sa beauté.

Mais pour l'instant elle n'était encore que la jeune Salomé et déjà elle faisait parler d'elle. Régulus en rêvait encore...

Salomé, oh les courbes de Salomé ! Salomé la Scandaleuse...


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Note : Je n'ai jamais écrit sur Lucius ou sur Régulus, ni même jamais rien lu sur eux donc je ne sais pas ce que ça va donner. En faire des persos principaux ne m'a jamais attiré plus que ça à vrai dire et en commençant je n'avais aucune idée du caractère que j'allais leur donner.(ce qui n'est pas très malin) mais plus j'écrivais plus leurs traits se dessinaient d'eux-mêmes. Alors même si il y a d'autre persos principaux, je serais ravie d'avoir vos avis à propos de ces deux là (et des autres aussi si l'envie vous prend!). Et surtout si vous avez lu plein de fics les mettant en scène.

En fait, tout ça au départ n'était qu'un prétexte pour écrire sur la jeune Mrs Zabini. Finalement j'ai adoré faire évoluer les autres persos et je dois dire que ça y est, je vais chercher des fics sur le jeune Lucius Malfoy ! Si vous en connaissez, n'hésitez pas !

Par contre j'ai toujours du mal avec Regulus... Sirius restera toujours mon préféré !

Ah et juste parce qu'il fallait que je le dise, dans ma tête Lucius ressemble à l'acteur Tom Wlaschiha (avec les cheveux courts). Je sais il n'est pas jeune mais c'est ce qui arrive quand on regarde Game of Thrones avec un peu trop d'intérêt.