Titre : Under the weather.
Auteur : Lil' Djinn
Disclaimer : Non, ils ne m'appartiennent pas ... mais j'adoooore jouer avec eux !
Résumé : Un violent orage et une route barrée vont confronter les frères Winchesters à leur deux dernières chasses, à tout ce qui a été dit et surtout à tout ce qu'ils n'ont pas encore réglé ! Post Asylum & Scarecrow. R&R !
Note de l'auteur (1) : Oui je sais, je suis un peu à la bourre chronologiquement parlant (!!!) mais j'ai écrit cette histoire il y a déjà quelque temps et j'ai décidé de la publier maintenant parce que ça fait un moment que je n'ai rien publié. Alors, histoire de me faire pardonner ... !!! :)
Sinon, je suis partie du principe que l'épisode Scarecrow se passe vraiment juste après celui d'Asylum, pour pouvoir d'intégrer ces deux histoires dans cette fic !
Comme d'hab', n'hésitez pas à me donner votre avis ... chaque review est comme une dizaine de carré de chocolat (de préférence noir, au moins 70%, ou bien avec des éclats de noisettes ou encore ... pardon, je m'égare encore !)
Coz I'm under the weather
Just like the world
I'm so sorry for being so bold
When I turn out the light
You're out of sight
Although I know that I'm not alone
Feels like home.
Chapitre I.
Un éclair illumina le ciel, traversa les nuages sombres comme un zigzag étincelant et Dean se mit à compter.
Un ... deux ... trois ... et le tonnerre éclata.
C'est parce que la lumière se déplace plus vite que le son, déclara la voix d'un petit Sam de huit ans dans sa tête, et Dean ne put s'empêcher de sourire.
Son intello de petit frère ... son petit frère, à nouveau avec lui. Assis sur le siège passager, la tête appuyée contre la vitre, les yeux rivés sur le paysage qui défilait devant lui. Arbres sombres, route sans fin, aucune âme qui vive, pas la moindre habitation pour rompre la monotonie ... un paysage de rêve ! De toute façon, même s'il était tombé sur une ville remplie de bars avec des serveuses topless tous les cinq mètres, Dean aurait toujours détesté ce coin de l'Indiana. Tout ce qu'il voulait pour l'instant, c'était mettre le plus de distance entre eux et Burkitsville. Entre eux et cette ville de dingue, et tout ce qu'elle lui rappelait. Tout ce qu'elle lui rappellerait encore pendant longtemps.
Il grimaça en se tournant légèrement sur son siège, en partie à cause des images qui voletaient dans son esprit, de Sam sur le bord de la route partant de son côté, sans lui, et en parti à cause de blessures que ses deux dernières chasses lui avaient laissé. Sa poitrine lui faisait un mal de chien mais il savait qu'il n'avait que quelques côtes froissées. Rien de bien grave ... si son arme n'avait été chargée au gros sel, et si celle qu'il avait tendue à Sam n'avait pas été chargée du tout, il ne serait plus là pour se plaindre ! La douleur derrière son crâne battait en pulsation, au même rythme que les battements de son cœur, et Dean regretta de ne pas avoir pu régler son compte à ce putain de shérif. Bon, d'accord, son sort n'était pas enviable mais quand même. Il aurait adoré lui balancer la crosse de son flingue dans la figure. Un juste retour des choses. Et passer toute la nuit dehors ne l'avait pas vraiment aidé à se sentir mieux, mais pour l'instant aucune de ses blessures ne comptait vraiment. Parce que Sam était de retour. Sam était revenu avec lui. Les frères Winchester étaient à nouveau réunis. Un petit voix au fond de son esprit lui soufflait que Sam n'était revenu que pour retrouver le meurtrier de Jessica, parce qu'il n'avait pas le choix et qu'il pensait ne pas y arriver tout seul mais il préféra ne pas l'écouter. Tout ce qu'il voulait, c'était profiter du moment. Ils étaient à nouveau ensemble.
Au bout de quelques minutes, Dean tendit la main vers le bouton du chauffage en retenant un frisson. Décidemment, il devenait trop vieux pour tout ça ! Tout ce à quoi il aspirait maintenant, c'était trouver un motel, se laisser tomber sur le lit le plus proche de la porte et dormir durant les 24 prochaine heures. Et puis prendre une douche brûlante pour effacer la douleur et la fatigue de ses derniers jours et réussir enfin à se réchauffer. Et dormir encore pendant les 24 prochaines heures !
Dean augmenta d'un degrés le thermostat mais il s'arrêta brusquement quand il réalisa que Sam avait légèrement ouvert se fenêtre.
« _ Dean, on crève de chaud !
_ Hein ?
Alors pourquoi avait-il l'impression de ne pas pouvoir s'empêcher de grelotter ?
« _ Oh ... désolé frérot.
Il arrêta son geste, et après un instant d'hésitation, éteignit le chauffage.
« _ Merci, lui répondit Sam en essayant de trouver une position plus confortable, en pure perte.
Ils roulaient depuis plusieurs heures et Sam n'avait qu'une envie, voir apparaître devant eux le signe d'un motel avec des chambres libres. Mais tout ce qu'il voyait, c'était de lourds nuages noirs et menaçants, striés d'éclairs, et des arbres malmenés par le vent.
« _ À ton avis, on en a encore pour longtemps ? lui lança finalement Sam en poussant un soupir d'exaspération
_ J'en sais rien, lui répondit Dean plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.
Lui aussi était exténué, et la fatigue le rendait irritable. Un silence presque glacé s'installa alors dans l'Impala, et Dean se sentit brusquement coupable. Son frère était de retour mais ce n'était peut-être pas définitif. Et en agissant de la sorte, il ne faisait rien pour le convaincre de rester. Il avait l'impression de marcher sur des œufs avec Sam depuis son retour et il craignait que la moindre remarque, la moindre parole risque de le faire changer d'avis. Qu'il ne supporte plus de rester avec lui, qu'il ne le supporte et qu'il claque à nouveau la porte.
Les premières gouttes d'eau tombèrent du ciel et vinrent s'écraser au sol, avant de se répandre en une mare liquide et glacée. Un coup de tonnerre retentit dans le ciel, comme une semonce et la pluie redoubla brusquement d'intensité. Elle se déversa en de véritables trombes d'eau et le monde se laissa entièrement engloutir. En quelques minutes tout ce qui les entourait disparu dans un rideau de pluie, et Dean dû ralentir en agrippant le volant.
« _ C'est pas vrai, jura-t-il entre ses dents en scrutant la route devant. Il y voyait à peine à un mètre devant lui.
_ Euh ... Dean, l'appela son frère après quelques minutes de silence. Tu ne crois pas qu'on devrait s'arrêter, au moins le temps que ça se calme ?
_ Pas question de passer la nuit ici ! s'exclama Dean sans se retourner vers son frère.
Sam se demanda durant un instant si son frère ne voulait pas dormir dans sa voiture ou s'il craignait juste que sa précieuse voiture s'abîme sous la pluie, mais il se retint de lui lancer une remarque à ce sujet.
Ils roulèrent pendant presque une demi heure sous une pluie battante, avec pour seul bruit le staccato de la pluie tombant sur le toit de la voiture. Sam était sur le point de lui dire de s'arrêter – au diable sa fichue voiture, de toute façon ils n'iraient pas plus loin ! – quand l'averse commença à se calmer. Quelques minutes plus tard, il pleuvait toujours mais avec beaucoup moins de force, et Dean vit apparaître devant lui un barrage de police. Plusieurs voitures de police barraient la route et leurs gyrophares rouges et bleus illuminaient les environs.
Merde ... qu'est-ce qui se passe encore ?
Il ralentit presque à contre cœur et vit un officier de police, vêtu d'un large impair sombre, lui faire signe de se garer devant lui.
« _ Tout va bien Monsieur l'agent ? lui demanda Dean en ouvrant la vitre.
_ La route est barrée, lui répondit l'agent en se penchant vers lui. Vous ne pouvez pas aller plus loin.
_ C'est que ... mon frère et moi avions prévu de ...
_ Ch'suis désolé mais vous ne pouvez pas aller plus loin. La rivière a débordée, plus aucune route n'est praticable, et on a du évacuer Rockson City et Port Smith.
_ Mais je ...
_ Vous devez faire demi tour, continua le policier sans se démonter.
Oh c'est pas vrai !
Dean pesta en silence mais le flic avait l'air décidé. Il ne les laisserait pas passer. Et si sa foutue rivière avait vraiment débordée ... voilà ce qu'il leur fallait maintenant. Une putain d'inondation ! À croire que ce coin de l'Indiana était vraiment maudit ... ou qu'il n'aimait pas, mais alors pas du tout les Winchester !
« _ Dean ?
La voix de Sam le tira de ses réflexions.
« _ Qu'est-ce qu'on fait ?
_ Vu que ma caisse n'est pas insubmersible, murmura le jeune homme entre ses dents ... On fait demi tour, décréta-t-il sans même un regard pour le policier debout sous la pluie.
Voilà exactement ce que je voulais éviter, songea-t-il en reculant. Revenir vers Burkitsville ... qui sait, si jamais c'est inondé aussi de ce coté, on va devoir rester là bas pour la nuit ? Je suis sûr que les habitants de ce foutu patelin seraient sûrement ravis de nous accueillir à bras ouvert ! Et merde !
Il était fatigué, en colère contre les éléments et tout ce coin de l'Indiana qui commençait à user le peu de patience qui lui restait, et il lui fallu quelque instant avant de réaliser que Sam lui parlait.
« _ Ça ne nous dit toujours pas où on va Dean. Il pleut des cordes, on est au beau milieu de nulle part et ...
_ Et je sais déjà tout ça Sam ! lui rétorqua son frère en agrippant le volant.
Même si la pluie ne tombait plus avec la même intensité, il avait du mal à voir à un mètre devant lui et il devait faire un effort de plus en plus grand pour réussir à rester sur la route. Et le fait d'avoir l'impression qu'un maniaque s'amusait à jouer de la batterie entre ses deux yeux ne l'y aidait pas vraiment !
« _ Oui et bien ça ne se voit pas, railla Sam.
_ Et tu as une meilleure idée, monsieur l'intello, s'exclama Dean en tournant la tête vers son frère. Parce que je suis ...
_ Dean, freine ! lui cria Sam en agrippant le volant. Il le tira vers lui avant que Dean puisse réagir et l'Impala tangua brusquement vers la droite. Dean freina juste après et la voiture se figea brusquement dans un crissement aiguë de pneus et de freins, puis elle glissa dangereusement sur la route durant quelque instant avant de s'immobiliser sèchement dans une gerbe d'eau.
Durant un instant, seul le bruit de la pluie se fit entendre dans l'habitacle. Pourtant Sam aurait juré que le bruit des battements de son cœur résonnait aussi dans la voiture.
« _ Sam ? l'appela son frère. Tu vas bien ?
Le jeune homme cligna des yeux plusieurs fois avant de lui répondre.
« _ Euh ... oui, je crois ...
_ Bien ... Je peux savoir ce qui t'as pris ! s'écria-t-il en se tournant vers lui
_ Comment ça qu'est-ce qui m'a pris ?
_ Attraper le volant et tirer comme un dingue !
_ J'essayais juste de nous éviter un accident, lui rétorqua vivement Sam à désignant du doigt la souche qui gisait au beau milieu de la route.
_ En nous faisant tuer ! Si c'est ce que tu veux tu n'as qu'à prendre ton flingue et me tirer dessus !
Sam tressaillit comme si son frère l'avait frappé. Durement. Violement. Un vrai coup de poing dans l'estomac qui lui coupa momentanément le souffle et l'empêcha de penser.
Clic clic clic ...
Tu pensais vraiment que j'allais te donner une arme chargée ?
Sam fixa son frère avec stupéfaction, et peut-être aussi une certaine crainte. Il n'avait jamais vu son frère le regarder avec une telle intensité. Pour la première fois depuis longtemps, il réalisa qu'il était incapable de deviner ce que pensait son frère. Jusque là, il lui suffisait d'un regard pour savoir ce que Dean pensait. A ce qu'il lisait dans ses yeux. A sa façon de se tenir. De lui parler. Mais là ... le regard de son frère restait désespérément indéchiffrable. Presque ... inaccessible. A un point qui effrayait Sam plus qu'il ne l'aurait imaginé, parce qu'il commençait tout juste à comprendre le mal que leur quatre années de séparation avait fait à leur relation.
Le jeune homme ouvrit la bouche mais Dean le fit taire en sortant brusquement de la voiture. Sam le vit faire le tour de l'Impala et malgré son appréhension, il sortit à son tour. Il ne pleuvait presque plus mais le froid le fit frissonner et il resserra les pans de son blouson contre lui.
« _ C'est pas vrai ! s'exclama la voix de son frère.
Il vit Dean se pencher vers le pneu arrière gauche, puis s'agenouiller à même le sol sans se soucier du fait que la route était trempée et boueuse.
« _ C'est pas vrai !
Dean se releva et Sam le vit passer une main dans ses cheveux dans un geste de complète frustration.
« _ Euh ... Dean ? l'appela-t-il avec une certaine hésitation. Qu'est-ce qui se passe ?
_ Il se passe que les deux pneus arrière ont éclaté et que l'essieu est tordu !
_ Et tu ne peux pas le réparer.
Les connaissances de Sam en matière de voiture étaient relativement limitées et il lui avait toujours semblé que Dean, qui était l'expert de la famille après leur père, était capable de tout réparer.
« _ Oui, bien sûr, lui répondit son frère sur un ton sarcastique. Il me faut juste deux roues de secours et tout le matériel nécessaire pour réparer un essieu tordu ! Je suis sûr que j'ai ça dans le coffre entre mes photos de Dolly Parton et mes CD de Willie Nelson !
_ Hey, j'y suis pour rien ! »
Sam se détourna de son frère et fit quelque pas sur la route. Ce n'était pas de sa faute si cette foutue souche s'était retrouvée au beau milieu de la route ! Tout ce qu'il avait fait, c'était leur éviter un accident, et tant pis si son frère n'était pas capable de s'en rendre compte.
Dean sentit, plus qu'il ne vit, son frère s'éloigner de lui et il regretta aussitôt d'avoir aboyé sur Sam. Après tout, il n'était pour rien. Il leur avait même éviter de rentrer de plein fouet dans cette souche, cette fichue souche qu'il n'avait pas été capable de voir. Si Sam n'était pas intervenu, ils auraient sûrement eu des problème beaucoup plus graves que deux pneus éclatés. Le jeune homme poussa un soupir de frustration en faisant le tour de l'Impala, avant de sortir son portable pour appeler une dépanneuse. Il ne pouvait rien faire de plus, de moins pas ici, et sans équipement.
« _ Je le crois pas !
Sam se retourna brusquement et vit son frère brandir son téléphone portable au dessus de lui. Et il comprit.
Pas de réseau !
Il sortit aussitôt le sien et fit de même mais rien à faire, aucune barre n'apparut sur l'écran. Ils ne pouvaient appeler personne.
« _ D'accord ! s'exclama Dean en levant les yeux au ciel. Ça c'est génial ! Vraiment génial ! Et quoi d'autre ensuite ! Une pluie de grenouille ? Un tremblement de terre ?
_ À qui tu parles ? lui demanda Sam en revenant vers lui, soudain inquiet que son frère ai perdu la tête.
_ Personne ! lui répondit-il sèchement.
Dean se força à prendre une profonde inspiration avant de continuer.
« _ On a que deux choix, soit on reste là, soit on essaye de retourner en arrière vers la petite station essence qu'on a croisé toute à l'heure.
_ C'est à plus de deux heures de marche, lui fit remarquer Sam en scrutant du regard la route sombre et déserte qui se déroulait devant lui.
_ Oui et bien c'est ça ou passer la nuit dans l'Impala.
Vu le nombre de nuit qu'il avait pu passer à dormir dans cette voiture, Sam savait combien la banquette arrière était inconfortable, surtout pour quelqu'un de sa taille. Ce à quoi il fallait ajouter le froid et l'humidité ...
« _ Ok, va pour la station essence.
Pendant que Sam récupérait une partie de leur affaires et les fourraient dans son sac à dos – après tout, ils ne savaient pas sur quoi il risquaient de tomber – Dean échangea son blouson en cuir contre un plus chaud, peu enchanté à l'idée de passer la nuit dehors sou la pluie. Une fois prêt, les deux frères s'éloignèrent en silence de l'Impala sans échanger un mot.
La nuit n'était pas encore tombée mais il faisait si sombre que Sam y voyait à peine à deux mètre devant lui. Tout autour de lui, les arbres se dressaient silencieusement, silhouettes ternes et presque fantomatiques. Il détestait la forêt, surtout ce genre de forêt obscure et impénétrable, si profonde qu'aucun bruit ne venait les troubler. Il avait toujours détesté les entraînements que son père leur infligeait dans ce genre de forêt, surtout les courses d'orientations. Il s'était perdu une fois et il avait passé des heures à tourner en rond, entouré de pins immense et tous parfaitement identiques, si hauts et terrifiants qu'ils lui donnaient l'impression de le regarder, de le suivre et de murmurer sur son passage. Lorsque Dean l'avait finalement retrouvé, Sam avait senti un tel soulagement l'envahir qu'il avait faillit se mettre à pleurer, et ce malgré ses quinze ans.
Et depuis cette histoire de Wendigo, il les aimait encore moins. Brusquement la Californie, ses plages, son ciel vertigineusement bleu, sa chaleur et son soleil lui manquèrent cruellement. Presque physiquement.
Dean marchait devant lui, et Sam savait à sa posture qu'il était en colère. Epaules raides, tête légèrement baissée. Tout son corps était tendu, rigide, et le jeune homme le connaissait suffisamment bien – malgré ces quatre années de séparation – pour savoir qu'il n'allait sûrement pas lui dire ce qui le tracassait. En même temps, il avait de nombreuses raisons d'être en colère. Ces dernières semaines avaient été relativement ... intenses ! Sam se retint de grimacer. Intense ? Si tirer sur son propre frère – deux fois ! – se disputer au point de lui tourner le dos et le retrouver juste avant qu'il ne finisse entre les mains d'un épouvantail sanguinaire pouvaient être considérées comme intense ... alors oui, ces deux dernières semaines avaient été intenses. Un part de lui en voulait toujours à son frère pour un certain nombre de choses mais surtout parce qu'il ne lui parlait pas. Comme si Dean Winchester parlait de ce qu'il ressentait ! Seulement Sam en avait besoin. Ils avaient beaucoup de choses à régler. Il avait beaucoup de chose à lui dire, seulement son frère ne semblait pas du tout disposé à les entendre. La seule façon qu'il avait de régler ses problèmes était de faire comme si rien n'était arrivé.
On n'en parle pas, rien ne s'est passé, où est-ce que tu vois un problème Sammy ?
Sans s'en rendre compte, Sam avait ralenti l'allure et lorsque Dean se retourna pour voir si son frère le suivait, il réalisa qu'il était à plusieurs mètres derrière lui. Il n'eut pas besoin de lui demander pourquoi il avait ralenti, il le devina à son expression.
« _ Sam, arrête de penser et bouge toi un peu ! lui lança-t-il.
_ Hein ?
_ Tu te traînes, et ça parce que tu réfléchis trop.
_ Comment est-ce que tu sais que je réfléchis trop ?
_ Je le vois à ta figure !
_ Et alors ?
_ Alors arrête et avance ! lui répliqua Dean en se retournant.
_ Tu veux que je te dise ? Je déteste quand tu fais ça, lui lança Sam sans vraiment réfléchir.
_ Quand je fais quoi ?
_ Ça, jouer les petits chefs, donner des ordres comme si ...
_ Et qu'est-ce que tu vas faire ? l'interrompit Dean en revenant brusquement vers lui. Me tirer dessus ?
_ Ah ! s'exclama Sam en le pointant du doigt. Je le savais ! Tu m'en veux encore pour cette histoire à l'asile !
_ Je ne vois pas pourquoi, lui répondit son frère d'un ton sarcastique. Après tout tu as raté ton coup !
_ Je me suis excusé ! se récria Sam.
_ Tu veux rire ! Oh euh, à propos de toute à l'heure, je suis désolé mais ce n'était pas ma faute, hein ?, lui dit le jeune homme d'un air faussement contrit. Très convaincant Sammy ! »
Sam grimaça en entendant son frère le caricaturer de la sorte. Dean était injuste. Il n'avait jamais dit de telles choses, ou au moins pas comme ça, avec si peu de ... conviction. Il regrettait vraiment ce qui s'était passé dans l'asile, et il s'en était excusé.
« _ Ce n'était pas de ma faute, lui rappela-t-il avec force. J'étais possédé par l'esprit d'Elicott et ...
_ Oh non Sammy, tu n'étais pas possédé. Elicott ne possédait pas les gens, il se contentait d'augmenter leur rage et leur colère, nuance !
_ Et qu'est-ce que tu en sais ?
_ Je le sais parce qu'il m'est tombé dessus ! lui répliqua brusquement Dean en avançant si rapidement vers lui que Sam ne pu s'empêcher de reculer. Il avait déjà vu son frère en colère mais jamais comme ça, jamais à ce point.
_ Mais au lieu de me dire tiens, si j'allais exploser la tête de mon petit frère, moi j'ai résisté, et j'ai brûlé les os de ce vieux cinglé ! Forcément, tu ne pouvais pas le savoir, vu que je t'avais t'assommé pour t'empêcher de me descendre !
_ Dean je ...
_ Et tu veux que je te dise, continua le jeune homme, c'est pas ça le pire ...
Sam comprit que ce qu'il avait craint et pourtant espéré ces deux dernières semaines était en train de se produire. Toute la colère, le ressentiment, tous les sentiments que son frère avait enfouis étaient en train de ressurgir maintenant, au beau milieu de cette route déserte.
« _ Je peux passer sur le fait que tu me détestes au point de vouloir me descendre, que tu trouves que je joue les petits chefs autoritaires même si je te rappelle que quand tu m'as dit de laisser Kat toute seule dans cette pièce, sans savoir si l'esprit dedans allait lui faire du mal ou non, je t'ai écouté ! J'ai fais ce que tu m'as dit même si ça allait à l'encontre de tout ce qu'on sait ! ...
Je t'ai écouté, j'ai fais ce que tu voulais et qu'est-ce que j'ai eu en retour, hein ?
_ Je t'ai déjà dit que je regrettais ! Je ne pensais pas ce que je t'ai dit là bas ! s'exclama Sam avec véhémence. Je ne pensais rien de ce que j'ai pu te dire là bas !
_ Vraiment ? Parce que pour moi, tu avais l'air très convaincant !
_ Dean ... s'il te plait, lui dit-il en essayant de le calmer. Je n'ai jamais... je ne voulais pas te faire de mal ...
_ Ne te fous pas de moi Sam ! Je sais très bien ce que tu penses, tu ne t'ai pas gêné pour me le rappeler ... tu as même essayé de me descendre juste après !
_ Ce n'était pas MOI !
_ Mais tu tenais cette arme ! s'écria Dean. Tu la tenais et tu n'as pas hésité à tirer ! Alors même si tu étais sous l'emprise d'Elicott, je suis sûr que tu pensais vraiment ce que tu as dit, tout ce que tu as dit ! ... je sais que ce que tu penses vraiment de moi, mais là aussi je peux aussi oublier le fait que tu me considères comme un pauvre type pathétique, incapable de faire quoi que ce soit sans l'aval de son père. Tu sais pourquoi ? Parce que tu ne t'ais jamais demandé pourquoi je fais ça ! Tu ne t'es jamais dit que ce n'est pas seulement pour obéir aux ordres de Papa, mais peut-être parce que c'est quelque chose que je veux faire, continua Dean en insistant sur les derniers mots. Parce que je pense que sauver des vies est plus important que toutes ces conneries de normalité que tu me sers depuis des années. Mais ça tu ne peux pas le savoir vu que tu ne m'as jamais posé la question. Pas une seule fois ! Pour un type qui se vante d'avoir pu aller dans une fac prestigieuse, tu es parfois un vrai crétin !
_ Combien de temps est-ce que tu vas me ressortir cette histoire ! lui rétorqua Sam avec véhémence.
Il ne savait pas comment ils en étaient arrivé là, ce qui avait fait que brusquement toutes leurs rancoeurs explosent maintenant. Peut-être justement parce qu'ils n'avaient jamais – en bon Winchester – réglé leurs problèmes, parce qu'ils n'en avaient jamais discuté de manière honnête et sincère. Peut-être parce que Sam avait craint ce moment où Dean lui reprocherait enfin, parce qu'il était persuadé que son frère lui en voulait, son départ pour Stanford.
« _ Bon sang, je suis juste allé à l'université, j'ai fait ce que la majorité des gens de mon âge font ! Mais non, il a fallu que Papa ...
_ Ne mêle pas Papa à tout ça !
_ Et pourquoi pas ? s'exclama le jeune homme. Parce que si on en est là, c'est surtout à cause de lui et son désir maladif de vengeance !
Dean le gratifia d'un rire sec qui fit grimacer son petit frère.
« _ Non mais est-ce que tu t'entends ! Tu lui reproches d'être obsédé par la vengeance mais tu ne vaux pas mieux !
_ Je ne suis pas comme lui ! s'écria Sam.
_ Ah vraiment, lui répondit Dean avec un calme glacé qui le fit brusquement tressaillir.
Et avoir peur. Parce que qu'un Dean comme ça, froid, calme, le regard assombrit par la colère était quelque chose de relativement terrifiant.
_ Je ...
_ La seule chose qui t'intéresse, c'est retrouver Papa et te venger. Tu es à ce point obsédé que tu est prêt à tout sacrifier ! Lorsqu'on chassait ce Wendigo à Blackwater Ridge, si je n'avais pas été là pour te calmer tu aurais laissé Hayley et ses frères se faire tuer. Sans compter que tu m'as planté sur notre dernière chasse, uniquement pour suivre ton obsession ! Oh oui tu m'as sauvé la vie mais c'était à la dernière minute, et je me demande encore pourquoi tu es revenu !... je t'ai dit que tu n'est qu'un putain d'égoïste mais ça n'a rien à voir avec le fait que tu es allé à la fac ou que tu nous a rayé de ta vie pendant 4 ans. Tu ne penses qu'à toi, et à ta vengeance ! ... Oui, je sais, continua Dean en levant la main pour l'empêcher de répliquer. Tu aimais Jess, et je ne saurai sûrement jamais ce que tu ressens mais Papa, lui, peut le comprendre. Seulement lui, même s'il était obsédé par sa vengeance, il a toujours tout fait pour sauver des gens. Tu as passé tout ce temps à te plaindre de lui mais devine quoi Sammy : tu es devenu ton pire cauchemar ! »
Abasourdi. Durant un instant, Sam se demanda si son frère ne venait pas de lui tirer dessus parce que c'était exactement ce qu'il ressentait. Il était complètement paralysé, incapable de penser, de bouger. De respirer. Dean ne pouvait pas vraiment penser ce qu'il venait de lui dire. Et encore moins avoir raison à ce sujet. Sam n'était pas ... non, il n'était pas comme son père. Tout ça n'était qu'un tissu de mensonge. D'accord, Dean était en pétard contre lui et il s'était laissé emporté par sa colère mais ce n'était pas vrai. Il n'était pas comme son père !
Mais ce qu'il lut dans les yeux de son frère le figea sur place. Regret, colère, tristesse, inquiétude, stupéfaction ... mais aucune trace de mensonge. Dean avait l'air lui aussi sous le choc, comme si la situation lui avait échappé mais Sam comprit qu'il ne lui avait pas menti. Chacune de ses paroles était sincère, pire que tout, chacune étaient vraie. Dean avait juste l'air de réaliser maintenant tout ce qu'il avait dit, tout ce qu'il n'avait jamais vraiment eu l'intention de lui avouer mais qui lui avait échappé presque malgré lui, dans le feu de l'action. Tout ce que son frère venait de dire ... il le pensait vraiment. Il le ressentait vraiment. Il pensait vraiment que Sam le détestait, qu'il le trouvait pathétique – après tout, Sam le lui avait bien lancé à la figure – et il acceptait tout ça. Il acceptait le fait que son frère ai vraiment eu envie de lui tirer dessus !
« _ Dean je ... commença Sam avec un certaine hésitation, en avançant vers lui mais aussitôt son frère recula. Sam le vit se replier sur lui-même, se fermer et son regard se fit brusquement plus sombre et lointain. La conversation était terminée.
_ On ferait mieux d'y aller, lui lança-t-il d'un ton détaché en se lui tournant le dos. »
Sans attendre de réponse, Dean s'éloigna de lui et Sam le suivit presque machinalement. Il ne remarqua même pas qu'il avait arrêté de pleuvoir, ni même que la nuit était quasiment tombée et que l'obscurité les entourait presque entièrement.
En partant pour Stanford, il s'était juré de ne pas se sentir coupable de faire enfin une chose pour lui. Tout le monde était égoïste parfois, mais à son niveau, il avait vu son départ comme sa seule chance de survie. Comme sa seule bouffée d'oxygène. Seulement maintenant ... il n'était plus sûr de rien. Il ne savait pas s'il devait se sentir coupable d'avoir coupé les ponts avec sa famille pendant quatre longues années, ou bien d'être revenu. Oui, il voulait retrouver le meurtrier de Jess et se venger, mais qui ne l'aurait pas voulu à sa place. Leur père avait bien passé ses 20 dernières années à faire exactement la même chose, et Dean ... Sam se figea quand il réalisa que Dean n'avait jamais cherché la vengeance. Pourtant, il aurait pu. Ce démon lui avait pris sa mère, son père, son enfance, son innocence, ses chances d'avoir une vie normale, un avenir. Mais son frère n'avait jamais agit dans le but de se venger. Non, il faisait toujours passé les intérêts des autres avant les siens, la vie des autres avant la sienne. La vie de son petit frère et celle de son père avant la sienne ...
.
***
.
Dean sentit, plus qu'il ne vit réellement, que Sam le suivait mais il ne prit pas la peine de l'attendre. Pour tout dire, il n'avait qu'une envie, se mettre à courir. Ou peut-être trouver un endroit pour disparaître complètement. Qu'est-ce qui lui avait pris de dire tout ça à son frère ? Qu'est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête ? Sam ... Sam ne le lui pardonnerait jamais ! Bon sang, si son frère lui balançait autant d'horreur, il n'était pas sûr qu'il le lui pardonnerait. Peut-être ... peut-être qu'il pourrait prendre comme excuse le coup qu'il avait reçut à la tête ? Prétendre que ce n'était qu'un coup de folie, qu'il ne pensait pas ce qu'il avait dit. Faire comme si ne s'était passé. Oublier, enfouir le souvenir de ce moment le plus profondément possible. Mais demander à Sam d'oublier tout ça, c'était quasiment mission impossible.
Ils marchaient en silence depuis plusieurs minutes quand Sam appela son frère.
« _ Dean ?
Pitié, qu'il ne me dise pas qu'il faut qu'on parle !
_ Quoi !
_ Tu devrais venir voir ... j'ai l'impression qu'il y a quelque chose en bas.
Dean hésita un instant avant de rejoindre son frère sur le bord de la route.
« _ Quoi ? répéta-t-il en évitant soigneusement de le regarder dans les yeux.
_ Là, en bas, lui montra Sam en pointant le faisceau de sa lampe torche vers le fond du fossé qui jouxtait la petite route.
Dean plissa les yeux et fixa l'obscurité qui se déroulait devant ses yeux, mais tout ce qu'il voyait, c'était une masse sombre, la silhouette de quelques arbres et ... un reflet. Quelque chose de fugace qui accrocha la lumière de la lampe de Sam.
« _ Revient par là, lui dit-il en montrant du doigt le centre du fossé, juste devant lui.
_ Où ça ?
_ Là ... un peu plus à droite ... juste là, s'exclama Dean quand un éclat fugace illumina le fossé. Sam tendit sa torche et l'éclat réapparut.
« _ Qu'est-ce que c'est à ton avis ? lui demanda-t-il en essayant de percer l'obscurité.
_ Je ne sais pas vraiment, lui répondit Dean sans quitter l'éclat des yeux. On dirait ... un phare ... on dirait un phare de voiture.
_ Tu crois qu'il y a une voiture dans le fossé ?
_ Il n'y a qu'un moyen de le savoir, lui dit-il en haussant les épaules. Hey, y'a quelqu'un ? s'exclama-t-il en mettant ses mains en porte voix.
_ Oui ... on est là ! s'écria la voix d'un homme en contrebas. Eh, on est là !
Les deux frères se regardèrent avec stupéfaction.
« _ Est-ce que ... est-ce que ça ? lui cria Dean.
_ Oui. Ça va, on n'est pas blessé, mais on ne peut pas remonter, la pente est trop raide !
On ?
_ Combien est-ce que vous êtes en bas ?
_ Juste moi et ma fille Amy. »
Dean se retourna vers son frère et l'interrogea du regard.
Qu'est-ce qu'on fait ? lui demanda Sam silencieusement.
Je crois qu'on n'a pas le choix, on descend.
_ Ok. Ne bougez pas, mon frère et moi on va descendre vous aider. »
Dean se redressa et se retourna vers Sam, pour constater que son frère avait déjà accroché l'extrémité d'une corde autour de l'arbre le plus proche, et l'autre autour de sa taille. Dean fit de même, puis il récupéra son sac, passa la lanière autour de son cou et s'approcha du rebord du fossé.
La terre était humide et glissante, une mélange de boue, d'herbe et de graviers qui les faisaient vaciller et glisser à chacun de leur pas. Dean resserra sa prise sur sa corde, jeta un regard vers son frère juste au dessus de lui, avant de continuer à descendre lentement. Même si les deux personnes en bas n'étaient pas blessées, il savait qu'ils n'auraient jamais réussit à remonter d'eux même. Qui sait combien de temps ils auraient passé avant que quelqu'un ne se rende compte de leur présence dans ce fossé ?
Dean jura entre ses dents quand son pied dérapa et qu'il faillit se retrouver à genoux dans la terre. Il sentit le regard de son frère se poser sur lui, mais il leva la main et brandit son pouce pour le rassurer et lui montrer que tout aller bien. Du moins pour le moment. Il ne voulait pas penser à ce que serait leur retour, quand il devrait reprendre ce chemin glissant dans le sens inverse.
« _ Dieu merci, s'exclama une voix masculine quand lui et Sam touchèrent enfin une surface plane.
Le jeune homme se redressa en grimaçant, détacha sa corde et se retourna vers l'homme qui les attendait. Il devait avoir une quarantaine d'année, avait un visage poupin, le crâne dégarni et il portait des lunettes rondes. Pour tout dire, il avait l'allure d'un comptable – pas très grand avec un léger embonpoint – et son style vestimentaire – costume beige et chemise bleu pâle.
« _ Je croyais que personne ne nous trouverai jamais, continua l'homme en regardant les deux frères comme s'ils étaient le messie. Ce qui mit Dean très vite mal à l'aise.
« _ Euh ... et bien disons que c'est un coup de chance, lui dit-il en s'efforçant de minimiser les choses.
_ Il n'empêche ... je m'appelle Carl. Carl Jenkins, et c'est ma fille Amy.
L'homme – Carl – s'écarta légèrement et posa une main sur l'épaule d'une jeune adolescente. Elle devait avoir quinze ans, avait le même visage rond que son père, des cheveux châtains et plusieurs piercing au sourcil droit, un petit anneau et deux petites boules argentées.
« _ Dean, et lui c'est mon frère Sam. Alors euh ... qu'est-ce qui s'est passé ?
_ Il pleuvait tellement, on y voyait rien et j'ai mal pris le virage ...
_ Ça ne serait pas arrivé si son était resté chez nous ! lui répliqua la jeune fille avec colère.
Durant un instant Dean eut l'impression de revenir dix ans en arrière, et de se retrouver devant un Sammy en pleine crise d'adolescence. Certaines choses ne changeaient jamais !
« _ Désolé, murmura Carl en leur lançant un regard gêné. Ecoute Amy, je ne crois pas que ces deux jeunes gens aient envie d'entendre ça ...
Par contre, Carl ne ressemblait en rien à John Winchester et sa manière de gérer un Sam en colère !
« _ Ok .... bon, on ferait mieux de trouver un moyen pour vous faire remonter ...
_ Parce que vous ne savez pas comment on va sortir de là, s'exclama Amy. J'en reviens pas !
Dean grinça des dents mais il se retint de lui répondre.
Voilà pourquoi je ne veux pas avoir de gosses ! pensa-t-il en se retournant vers son frère.
« _ Le mieux serait que je remonte avec Amy, lui proposa Sam, et qu'ensuite tu aides son père, non ?
_ Oui, c'est ce qu'il y a de mieux à faire, lui répondit son frère. Comme ça, il n'aurait pas à s'occuper de la jeune adolescente. D'accord, leur dit-il en revenant vers eux. Carl, mon frère et votre fille partiront les premiers, et ensuite ce sera à nous.
_ Et pourquoi est-ce qu'on ne peut pas y aller tous les quatre ?
_ Parce que mon frère et moi n'avons que deux cordes, lui rétorqua Dean sans même essayer d'être diplomate.
_ Ça craint, murmura la jeune fille en leur tournant le dos.
C'est définitif, je n'aurais jamais de gosses !
« _ Euh ... bon ... Amy ? l'appela son père.
_ Ça va, j'arrive !
Mais Sam la vit brusquement faire demi tour et repartir vers la voiture accidenté, un SUV blanc qui penchait sur la droite.
« _ Qu'est-ce qu'elle fait ! s'exclama Dean, qui commençait sérieusement à perdre patience.
_ J'ai oublié mon I-Pod ! lui répondit la jeune fille avant de repartir vers la voiture.
_ Qu'est-ce que j'en ai à foutre de son I-Pod, murmura-t-il entre ses dents. Il la suivit tout de même du regard, et il réalisa à ce moment où se trouvait vraiment la voiture.
Il ne l'avait pas vu en descendant mais le SUV de Carl avait atterrit sur un renflement de terre, et pas dans le fond même du fossé comme il l'avait cru. Ce qu'il comprit aussi, c'est le renflement en question était fait de terre et d'arbres entremêlé, et qu'avec le poids de la voiture, ce fragile édifice n'allait sûrement pas tenir longtemps.
« _ Amy, on a pas le temps, s'exclama-t-il en lui attrapant le bras pour la ramener vers lui.
S'il avait un peu de chance, ils pourraient s'en aller avant que tout de s'effondre mais il devaient à tout pris éviter de s'approcher de la voiture, sous peine de rajouter une charge supplémentaire.
« _ Hey, mais qu'est-ce qui vous prend !
_ On a pas le temps, lui répéta Dean avec force. Il faut qu'on y aille, maintenant !
Il poussa la jeune fille vers son père et Sam mais elle se dégagea de son emprise et recula vivement. Un craquement sec les surprit tous les quatre et Amy se figea brusquement.
«_ Ne bouge pas Amy, lui ordonna Dean d'une voix ferme. Tu ne bouges pas.
_ Papa ? murmura-t-elle d'une petite voix. Qu'est-ce qui se passe ... ?
_ Dean ?
Sam suivit du regard le faisceau de la lampe de son frère et la lumière blafarde tomba sur les branches qui soutenaient – encore – la voiture. Si jamais l'un d'eux faisaient un faux mouvement, l'édifice risquait de s'effondrer et de les entraîner dans sa chute. Avec le peu de lumière dont ils disposaient, il leur était impossible de savoir si ce fossé était vraiment profond ou non.
_ Oh merde ..., murmura Sam, et aussitôt tous les regards se focalisèrent sur la tache de lumière blanche au sol.
_ Ok Amy ... je veux que tu viennes vers moi très lentement.
_ Non je ... si je bouge tout va tomber, murmura la jeune fille d'une voix craintive.
_ Ecoute, commença Dean en s'efforçant de lui parler calmement pour la rassurer. Tout va bien se passer. Tout ce que tu as à faire, c'est venir vers moi. Très lentement. D'accord ?
La jeune fille réussit à hocher la tête.
« _ Bien. ... Maintenant avance d'un pas. ... Voilà, c'est ça, tout doucement ... encore un ...
Dean pensait qu'elle y arriverait, il pensait qu'ils y arriveraient tous les quatre et que tout se terminerait bien mais au moment où Amy attrapa sa main tendue, les deux arbres qui les soutenaient eux et la voiture cédèrent dans un craquement sourd. Le sol se déroba sous leur pas et Dean eut juste le temps d'agripper Amy avant de tomber dans le ravin.
TBC ...
