Bonjour tout le monde
Me voilà donc, avec une première fanfiction.
Le principe est simple: chaque chapitre est consacré à un personnage / couple. C'est la manière dont je vois les choses évoluer pour eux après le lycée, avec quelques flashbacks. Leur futur dépend généralement de combien de café j'ai bu avant, en fait.
Je m'excuse pour le bazar que j'ai fait, mêlant des moments complètement différents de la vie de nos chers NDs. J'espère que ça reste compréhensible (humpf).
Donc, je ne possède malheureusement rien de l'univers de Glee!
Dans ce chapitre, mention de Santana.
J'espère que ça vous plaira, malgré tout ! ;)
1-Quinn.
« Rose ?
Quinn soutint le regard de la coiffeuse au travers du miroir. Elle savait qu'elle aurait dû choisir un autre établissement. Cette femme avait soigneusement coupé les fourches de la jeune fille depuis que ses cheveux avaient poussé, et elle était devenue l'une de ces femmes en tailleur qui tiennent une tasse de thé en levant le petit doigt, dans le salon de Judy.
-Rose, répéta-t-elle.
La coiffeuse hocha gravement la tête, comme s'il s'agissait là d'une décision capitale. Elle avait été surprise par la manière dont Quinn avait débarqué au salon, ce jour-là. Elle avait visiblement troqué ses robes à dentelles pour cet affreux jean rapiécé de cuir et ce perfecto détruit. La façon dont elle avait fait claquer son piercing contre son palais en réclamant sa teinture avait fini de la dégoûter. La coiffeuse, effarouchée, ne manquerait pas d'appeler Judy à la fin de la séance.
Quinn ne quitta pas son reflet de la glace durant toute la durée de l'opération. Elle s'observait d'un air hautain, ses yeux exprimant un certain mépris, une haine douloureusement réprimée. Elle mordait sa langue jusqu'à sentir couler ce liquide au goût d'acier dans sa gorge. C'était la seule manière qu'elle avait trouvé pour ne pas pleurer.
Le docteur Hopkins jeta un œil à la couleur criarde du nid d'oiseau que la petite Quinn Fabray avait sur la tête.
« Vous devez vous alimenter pour vous conserver en bonne santé, mademoiselle.
-On ne me l'avait jamais dit, ça. »
« Tu as du feu ?
-J'allais poser la même question. »
Il ne s'appelait certainement pas Carl mais insistait sur ce point. Il avait vingt-neuf ans (et non pas quarante, comme dans certaines rumeurs). Il se déplaçait essentiellement sur un skate-board qu'il avait volé à un gamin à la sortie de l'école. Il sentait le tabac, l'alcool, assez pour se payer une gueule de bois en le reniflant, il semblait drogué six jours par semaine, et le reste du temps il le passait à dormir. Il paraissait avoir voulu savoir jusqu'à quel point la peau pouvait s'enfoncer sur les os lors de l'amaigrissement et, de ce fait, son corps était particulièrement repoussant. Mais il avait de grand yeux bruns, atrocement vivants, un paradoxe au reste de sa personne complète, et à vrai dire, il n'y avait que ça qu'elle regardait.
« Bon sang Q, pourquoi est-ce que tu traînes avec… avec ça ?
Santana avait lâché le dernier mot à la hâte, accompagné d'une grimace significative.
-Avec un rejeton de Lima Height, tu veux dire ?
-Il n'est pas fréquentable, coupa San.
-Et c'est toi, Santana Lopez, qui vient m'avertir de qui est fréquentable ou non ?
-Ecoute, Quinn, je n'ai aucune idée de ce que tu traverses mais tu es ce qui ressemble le plus à une amie dans ce qui grouille et chantonne à côté de moi. Ne suis-pas sensée t'aider ?
-Dis-moi quel est ton plan, dans ce cas-là. Je te laisse ta chance.
-Je n'en peux plus de te regarder te détruire…
-Alors détourne le regard.
-Q… Est-ce que tu es chez toi ?
Ricanement explicite.
-Où est-ce que tu es, bordel ?
-Quelque chose aurait échappé à ta vigilance, Lopez ?
-Quinn, déconne pas.
-A demain. Eh oui, j'ai beau être une grande rebelle en pleine débauche, je suis toujours pliée aux lois des rentrées scolaires.
-Ah ? Tu ne vis pas encore du trafic de drogue ?
Gémissement agacé.
-La prostitution, alors ?
-A demain, Santana. »
Nous avons besoin de toi, Quinn. Nous avons besoin de ton alto glamour.
Cet enfant est étrangement beau. Est-ce que c'est moi qui aie fait ça ? Q rit à la manière puérile dont cette question s'est imposée à elle, dans son esprit. Pourtant c'est réel. Ce bébé a beau être un assemblage de pixels et autre, il a beau n'exister pour l'instant que sur l'écran du téléphone portable de Shelby Corcoran, elle devine qu'il est là, quelque part, qu'il existe et qu'il est la chose qu'elle possède réellement. Et elle sent quelque chose bouger en elle, et cela lui semble bien plus douloureux qu'une aiguille de tatoueur, qu'un coup de poing sur l'arête du nez. Par réflexe, elle passe sa langue entre ses rangées d'incisives, prête à les planter à l'intérieur. Mais c'est trop tard.
Finn tient Rachel par la taille, dans les couloirs. Il l'embrasse devant tout le monde, se penchant très bas pour arriver à hauteur de la brune. Il lui chante des chansons, il a l'air très amoureux. Quinn le trouve répugnant, elle se demande comment elle a pu s'enticher d'un tel cas. Ces derniers temps, sa présence lui est insupportable. Son envie de le cogner n'a d'égale que celle de tenir Rachel loin de ses bras bien trop lourds pour se poser sur ses épaules pâles.
Rachel a chanté, au Glee Club, cet après-midi. C'était beau.
Elle était repassée chez la coiffeuse. Elle avait besoin de Beth bien plus que de sa tignasse.
« Tu t'es décidée à sortir de ton délire, Fabray ?
Q soupire.
-A quoi est-ce que tu t'attends, exactement ? Des explications ?
Santana sourit. Ses dents sont extrêmement blanches, ce à quoi Quinn n'avait jamais porté attention. Elle s'approche de la blonde et la serre dans ses bras. Très fort.
-Tu m'as manquée, Quinn, lâche-t-elle en passant ses mains dans les cheveux de blé de son amis. Et il est temps de te l'avouer, le rose t'allait bien.
Q ne répondit pas, se bornant à lui adresser l'un de ses coups d'œil tranquille, ceux qu'elle utilisait autrefois, qui signifiaient « tout va bien », « c'est bien », « laissez-moi », « passe-moi le sel », « de rien », « formidable », entre autres.
-Alors, ce retour dans le monde des vivants ? Quel a été le déclic ?
-Beth.
Santana fronce les sourcils.
-Tu sais que…
-Je sais, coupa Quinn.
San' détestait ce ton autoritaire qui l'obligeait à la fermer immédiatement. Rares étaient les personnes qui jouissaient de contrôle sur elle-malheureusement, Fabray en faisait partie.
-Plus rien, hein ? S'assura la latino. Plus de clopes ? Plus de Carl, ou je ne sais qui ? Plus rien ?
Q confirma d'un hochement de tête.
-Tu viendras passer une soirée à Lima Height, vendredi ? Comme au bon vieux temps. On s'amusera un peu.
-Tout dépend de ta vision de l'amusement.
-Je te l'ai déjà dit, je ne suis pas intéressée, Quinnie, laissa échapper San' avec un rire nerveux. Mais il y a une portée de chatons qui n'attend plus que la noyade, et un gosse à convertir au satanisme, je me disais que a nous ferait un après-midi sympa…
Q la gratifia d'une tape sur l'épaule. Mais elle souriait.
1 nouveau message-Puckerman
Oublie pour Shelby, OK ? Et est-ce que tu peux arrêter d'être si égoïste, une fois dans ta vie ? Tout le monde souffre, putain ! Ne compte plus sur moi.
Rachel a une manière très particulière de regarder le ciel, en portant sa main devant son front, pour ne pas être aveuglée par d'éventuels rayons de soleil. Beth fait la même chose.
Je vais me marier avec Finn.
Si ça peut vraiment la rendre heureuse, se répéta-t-elle en fixant le plafond. Pourquoi est-ce que ce problème est si dérangeant ? Pourquoi ?
Beth. Q regarde ce cliché, accroché à côté de sa croix, au dessus de son lit. Ces deux objets semblaient la narguer profondément. Elle a lâché l'un pour l'autre, et, à présent, elle a perdu sa fille, et elle a perdu la foi. Ses prières sont vides. Et Shelby filtre ses appels.
« J'aurai dû faire plus attention à toi, ces derniers temps. J'ai manqué à tout. Je suis désolé, Q. Peut-être aurai-je dû t'aider, moi plus qu'un autre, peut-être que j'ai une dette envers toi. Je suis con, évidemment que j'ai une dette envers toi. Est-ce que tu peux accepter ça ? C'est la seule chose que je puisse t'offrir, une oreille, ou une épaule, appelle-ça comme tu veux. Tu as le droit à n'importe quelle partie de mon anatomie, de toute manière ».
C'est ce que Puck avait lâché avec un sourire léger.
« Yale, chérie, tu es sérieuse ?
Judy est radieuse. C'est le destin qu'elle avait toujours rêvé pour son enfant. La voir réussir malgré les épreuves qu'elle avait enduré, c'était formidable. Judy s'en voudrait toujours de ne pas avoir pu toujours accompagner sa fille. Aujourd'hui, c'est ce qu'elle désirait le plus : rendre Q heureuse, et pour ça elle aurait appelé toutes les écoles prestigieuses de la Terre, elle aurait soudoyé les directeurs, elle aurait absolument tout fait.
-J'envoie ma lettre de motivation, ce soir.
-Je suis tellement fière de toi, ma chérie, répliqua Judy en posant un baiser sur le sommet du crâne de ce qui était resté son bébé. Tu vas l'avoir, j'en suis convaincue.
Quinn aussi en est convaincue. Il lui semble que New Haven est assez loin de Lima, de New York, de Beth. Peut-être la distance réussira là où les mois et la coloration avaient échoué. Peut-être.
Je ne pourrais jamais vous dire au revoir.
Le casier de Quinn Fabray consiste en un assemblage de photos et de souvenirs collés en patchwork sur des parois métallisées. Elle s'appliqua à les décrocher un par un. Sur l'un, Puck souriait, tenant entre ses bras un bébé avec lequel il partageait ces lèvres délicates, faites pour esquisser des moues idiotes. Sur une autre, Sam mimait elle-ne-savait-plus-quel personnage d'un film des années 90. Sur le troisième cliché, Artie et Mercedes étaient mis à l'honneur, grimaçant avec joie pour l'objectif. Ainsi les collecta-t-elle, répertoriant ces moments sans importances qui, avec le temps, deviennent éternels, ainsi balança-t-elle dans une corbeille ce qui lui avait tenu de jeunesse, avec les kleenex usagés et les brouillons de ses essais.
Le rouge à lèvres. Très rouge. Très coulant, c'est le côté agaçant. Elle l'a trouvé dans la salle de bain, à la deuxième étagère. Judy a conservé de ses années de jeune femme attirante tout un attirail de maquillages, de brosses, de jupettes qu'elle avait légué à sa fille en même temps que sa bonne éducation. Parfaite, tu es parfaite, susurrait-elle à l'oreille de sa fille en fermant la fermeture éclair de ses robes, encouragée par le regard approbateur de Russel.
Rouge, le rouge à lèvres, donc.
Rose, la robe. Pourquoi rose ? C'était plutôt hideux. Sans doute avait-on laissé le choix des tenues à Kurt, dont l'esprit dérangé avait choisi de faire porter à la cohorte ces terribles morceaux de tissus. Q se demanda comment aller s'habiller Kurt, à un mariage, puisqu'il s'agissait de sortir de l'ordinaire. Allait-il arriver en jean et teeshirt ? Elle sourit à cette pensée.
L'heure affichée sur la radio confirmait son retard, comme si les bzz-bzz de son téléphone ne suffisaient pas.
1 nouveau message-Rachel Berry
Où es-tu ?
Q ferme les yeux. Elle a tellement envie de voir Rachel. Qu'importe ce que Kurt lui aura choisi, elle sera splendide.
Pourquoi en était-elle tellement persuadée ? Et bon Dieu, pourquoi avait-elle l'impression de se rendre à son propre mariage, comme si Finn n'était dans l'équation qu'une quantité négligeable. Finn, qu'a-t-il de plus que ça ? Et pourquoi, bon sang, toutes ces questions…
« Personne n'est aveugle, Fabray. Cela dit, je pensais que tu allais finir par me l'annoncer.
Q délaissa l'écran pour le visage de Santana. Cela faisait une bonne heure qu'elles regardaient des films gores en mâchant des popcorns, ce qui était l'essentiel d'une bonne soirée chez son amie. Elle se demandait pourquoi il fallait toujours que Lopez décide de tout gâcher.
-Quoi ?
-Berry, cracha presque San'.
Quinn fronça les sourcils.
-Je t'en prie. Tu crois vraiment que la manière grossière dont tu la reluques m'aurait échappé ? Maintenant, explique-moi.
-Satan, ne prends pas tes rêves pour tes réalités. Nous ne sommes pas du même bord, c'est clair ?
-Ah oui ? Je ne suis pas assez bien pour toi ?
-Exact.
-Mais Berry l'est.
C'était une affirmation.
Q refusa de protester, sachant pertinemment que Lopez avait des idées extrêmement arrêtées. Il n'était même pas nécessaire de contester ou d'argumenter.
-Tu es toujours prête à tout foutre en l'air, hein ?
La latino ne semblait pas déterminée à abandonner le combat.
-Tu enchaînes les conneries, Fabray. Tout ça. Et t'enticher de Berry, c'est une très mauvaise idée, n'est-ce pas ? Elle va se marier avec son lamantin. Ne t'accroche pas à ça, d'accord ?
Q ferma les paupières. Elle regrettait que les oreilles ne soient pas pourvues de quelque chose qui y ressemble.
-Quinn, écoute-moi un peu. On n'en a toujours pas parlé. Il est clair que ça ne va pas, et on ne me la fait pas à moi, d'accord ? Dupe ta mère et Shue si ça te chante, mais ce n'est pas parce que tu as retrouvé tes bouclettes que… Et, ça, Q ? Tu crois que je ne sais pas pourquoi tu portes des manches longues en plein été ?
Santana saisit le poignet de la blonde et retroussa le tissu jusqu'à son coude, délicatement. Comme elle l'avait suspecté, les cicatrices étaient là, fines et profondes, dessinées sur le poignet. San' avait beau le savoir, leur vision la fit frémir plus que de raison.
Quinn restait inerte.
Mords ta langue, ma chérie, et lève les yeux au ciel. Ainsi, tu ne pleureras pas.
Judy le lui avait dit, et jusque-là la méthode n'avait rencontré aucun échec.
-Bordel, Q, ragea San'.
Laquelle ne répondait pas, se bornant à jeter au mur en face d'elle un regard vide.
Santana éteint le poste de télévision, coupant court au viol d'un bébé zombi. Elle s'assit en tailleurs devant son amie et ne cessa de la regarder. Ce qui dura un bon quart d'heure, dans un silence religieux, quart d'heure pendant lequel Q eut largement le temps de découper la peau intérieure de ses joues. Et quand il n'y eut plus rien à mordre, elle se mit à pleurer, de la manière la plus démonstrative et ridicule qu'il soit, comme elle se l'était interdit depuis l'incident dans le bureau de Shelby.
-Je le savais, lâcha Sannie en serrant le corps de la blonde entre ses bras. Tu n'y arriveras pas seule, Fabray, tu es au courant ?
Un gémissement étouffé lui répondit.
-Allez. Je vais te réparer. »
Rachel.
Ce prénom était très joli. Elle n'en avait pas pris conscience jusque-là, mais elle adorait la manière dont il sonnait.
1 nouveau message : Rachel
Ou tu es ?
Q saisit son téléphone, quittant la route du regard pendant quelques instants.
Sur ma route.
Tout devint noir.
Quinn se réveilla. L'ampoule au plafond l'aveugla.
Sur la table en plastique en face s'étalaient fleurs, chocolats, ridicules oursons en peluche.
Est-ce que c'était la douleur, est-ce que c'était ce combat qui semblait ne plus avoir de fin, ou bien cette incertitude...Etait-elle en vie, finalement ? Q fut parcourue de spasmes. Elle savait pertinemment ce que cela présageait. Les spasmes devinrent des sanglots, et l'eau envahit son visage sans qu'elle ait le temps de protester contre cette réaction ridicule de son corps. Elle haïssait ses larmes, elle se haïssait de sa faiblesse.
Des bras s'emparèrent de son torse.
« Q ? Je suis là. Je suis là, Quinn.
Ses suffocations s'espacèrent, ses larmes cessèrent de couler. C'était les effets habituels de la voix de Rachel sur son métabolisme. Le contact de ses hanches sur les siennes se précisait, elle sentait ces mains nouées sur sa poitrine et ce souffle contre sa nuque. Elle ouvrit les yeux. Son passé lui revenait régulièrement. Il l'avait laissée ainsi, cassée.
-Je suis là, répéta la brune avec douceur.
Q se retourna et se retrouva face à face avec les grands yeux de Rachel Berry. Lesquels parcoururent le visage de la jeune fille. Quinn avait l'air affolée, sa peau était recouverte d'une fine pellicule de transpiration, ses mouvements étaient saccadés, incertains.
-Quel était ton rêve ? Murmura Rachel.
Et, bien qu'il soit évident que Rach' connaissait déjà l'histoire, Quinn le lui raconta dans les moindres détails.
Le nombre de lettres et de cadeaux que le facteur déposait dans la boîte aux lettres ou sur le paillasson de Rachel Berry ne décroissait pas avec le temps. Ils venaient tous d'une certaine Quinn Fabray, New Haven. Parallèlement, il ne se passait pas un soir sans que Q n'use son téléphone. Elle appelait Rachel trois fois par semaine, au même titre que Santana, Brittany et Puckerman. Elle passait des coups de fils à Shelby, par politesse, attendait quelques minutes avant de demander à ce qu'on lui passe sa fille, laquelle balbutiait ses aventures au combiné, à celle qu'elle avait appris à appeler Tatie. Q n'oubliait pas d'appeler Sam, régulièrement, et elle obtenait des nouvelles de Tina de par Mike. Mercedes lui envoyait des dizaines de messages, Kurt chantait sur son répondeur, Artie l'appelait tous les jeudis, à huit heures précises.
Elle n'avait pas pris le temps de se faire des amis, à Yale. Elle leur avait préféré ces visages inanimés, sur les photos, et ces heures de travail, ces lectures interminables. Elle voulait que tout soit au point, elle voulait réussir, aligner les petites encoches sur la liste d'objectifs qu'elle s'était mentalement imposée.
Mais ils lui manquaient tellement.
« Mon diplôme. J'aurai mon diplôme dans trois jours. »
Ces deux phrases résumaient mal ces matins où elle s'était réveillée le nez sur son livre, ces repas qu'elle avait sauté pour travailler, ces journées ensoleillées dont ses rideaux fermés ne l'avaient pas tenue au courant. Mais elle était satisfaite.
-Et maintenant ?
-Je ne sais pas, Sannie.
-Qu'est-ce que tu attends, Fabray ? Nom d'un chien !
Le ton haussait, ce qui laissait présager une longue leçon de vie de la part de Lopez. Toujours.
-Tu veux toujours tout faire correctement, tout veux toujours que tout soit parfait, ça fait des années que cette pauvre petite t'attend !
-Elle… elle a quelqu'un ?
-Excepté si elle et la copine qu'elle a en coloc' organisent des partouzes, le vendredi, je vois pas.
Q soupira, soulagée.
-Alors ? Tu vas encore attendre que ça te tombe sur la gueule ou tu vas ramener tes petites fesses d'étudiante à New York, acheter un disque de Streisand et la demander en mariage sur le pas de sa porte ?
-Mauvaise idée, souffla Q.
-C'est décidé Fabray, je vais te péter la tronche…
-Streisand. Elle a tous les disques. ».
Rachel l'attendait à l'aéroport, pour une fois débarrassée de Kurt. Elle portait un imperméable rose dont dépassait une longue robe à carreaux, et ses socquettes rayées dépassaient de ses mocassins en cuir. Elle était jolie. Aussi jolie que lorsqu'elle avait dix-huit ans.
La scène que Q avait imaginé des milliards de fois dans son esprits se déroula exactement comme prévu. Elle lâcha ses valises et attendit quelques instants, attendant que la brune la repère dans la foule. Rachel l'aperçut, et elles se regardèrent, à une dizaine de mètres l'une de l'autre, cherchant dans leurs regards respectifs les mots à user, les gestes à effectuer.
Rach' courut vers elle et lui accorda une accolade. Elles allèrent à un café, discutèrent tout en traînant les sacs de Q en se plaignant de leur encombrement. Elles se racontèrent tout, depuis l'instant où elles s'étaient quittées jusqu'à cette rencontre dans l'aéroport, et quand leurs lèvres eurent fini de s'agiter, elles s'adonnèrent à une tout autre activité.
Cela faisait quelques temps déjà qu'elles étaient ensembles, et Rachel savait tout des terreurs nocturnes qui saisissaient la blonde dans son sommeil. Elle savait également qu'elle y était le seul remède, là où les calmants et les baisers de sa mère avaient échoué.
Quinn Fabray était cassée par le passé et par les souvenirs. Elle était coincée dans ces moments sombres et éternels, et parfois la douleur réapparaissait, plus vive et cruelle que jamais.
Q portait une robe blanche en dentelle et serrait Santana dans ses bras. Les yeux de la latino, au-dessus de l'épaule de Fabray étaient portés vers Rachel, quelques mètres en face, dans une robe différente mais tout aussi froufroutante. Quand Lopez dut étreindre la seconde mariée, elle souffla quelques mots dans son oreille.
« Répare-la, maintenant. C'est ton tour. Au fond, je pense que tu es la seule qui le puisse. Autre chose, Berry. Si elle vient taper à ma porte en me réclamant de la glace et du vin, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour démonter ton sale derrière à coup de pic à glace, c'est clair ? »
Rachel avait lentement hoché la tête.
Santana l'avait appelée en pleurs. Elle lui avait raconté, entre deux hoquets, les évènements les plus récents. Elles avaient pleuré ensembles pendant des heures, au combiné, sans rien laisser échapper sinon quelques gémissements et paroles vaines. Q rejoindrait Santana dès la semaine prochaine, pour une semaine dans son appartement, pour finaliser les préparatifs, pour faire quelque chose, pour la prendre dans ses bras, pour lui faire un milkshake bourré de matières grasses, pour ne pas la laisser seule dans le noir complet, la nuit, pour lui raconter des histoires d'enfants, pour embrasser son front.
Q ne rentrerait qu'un mois après.
« Est-ce que… Est-ce que tu peux dormir ?
Quinn secoua la tête. Rachel gémit. Elle était épuisée, mais elle savait ce qu'il lui restait à faire.
Elle se dirigea vers la cuisine, en revint avec un pot de glace et du Chardonnay dans les bras. La blonde lui sourit. Elles allumèrent la télévision placée en face de leur lit et regardèrent quelques films d'horreur, comme à leur habitude. Rachel fixant un coin du plafond lorsqu'elle était trop effrayée, Q observant d'un œil critique la réalisation pathétique de certains effets.
Et là, le sang ! Comment est-ce que du sang peut jaillir aussi loin ? Ce n'est absolument pas réaliste.
Le viol du bébé zombie remémora quelque chose à Q. Elle le formula à haute-voix, ce qui eut pour conséquence de plonger Rachel dans une grande perplexité.
-Le viol du bébé zombie te dit quelque chose, répéta-t-elle.
Q eut un rire léger.
-Santana ! Laissa-t-elle échapper. Santana. J'ai regardé ce film avec Santana, un jour, en senior…
Rachel gémit à l'évocation de Santana. Quinn avait les yeux encore brillants de toutes ces larmes qu'elle avait dû retenir devant la latino. Rach' se mordit les lèvres. Elle aussi avait pleuré, dans les bras de Kurt, dans la salle de bain. Tout le monde avait pleuré. Mais elle savait qu'il n'y avait rien de comparable à ce que Santana avait pu endurer.
-C'est interdit aux moins de dix-huit ans, se contenta de faire remarquer Rachel.
-Je ne sais plus pourquoi elle avait éteint le poste, coupa Quinn avec rapidité. Lopez n'était pas du genre à se priver du plaisir que lui procurait le massacre d'un village entier par un exorciste fou.
-Oh.
-Et je n'ai jamais vu la suite.
Rachel hocha lentement la tête. Elle regarda Q, assise, le dos callé contre le mur, en perpendiculaire à leur lit. Elle ne put réprimer un sourire, auquel la blonde répondit par une moue amusée.
-Je suppose que c'est la suite. »
Fabray désigna d'un grand mouvement de bras tout ce qui était autour d'elle, englobant la télé, la glace, Rachel. Elle ne parlait plus tellement du film.
Q avait apporté un bouquet de fleurs. Elle s'était débrouillée pour se dénicher une place au premier rang, et, pour l'occasion, elle avait abusé du maquillage. Elle eut l'impression d'apercevoir Karofsky, mais se persuada qu'il s'agissait d'une vision.
Rachel entra sur scène, à la suite de Kurt. Q ne put retenir un large sourire.
Il s'agissait d'un mélange étonnant « Quel est le nom de cette comédienne ? Elle est exceptionnelle.».
Quinn se retourna vers ce qui semblait être, plus ou moins, dans le noir, sa voisine de gauche. Elle lui répliqua par un rire étranglé.
-Rachel. Rachel Barbra Berry-Fabray..".
Malgré tout, elle n'avait jamais été aussi heureuse.
They also say to the girl who fight that's not very, ladylike
