Mes doigts ont pianoté une petite phrase sur les touches de mon clavier et BIM, je me retrouve avec un début d'histoire :D
C'est moderne, c'est à l'école, et je me marre à l'écrire^^
Que vous aimiez ou non, libre à vous de me le faire savoir en laissant un petit commentaire.
Bonne lecture!
BRÛLANTE DE DÉSIR
Chapitre 1 | Un mercredi matin avec...
RING...RING...RING
Tantôt recroquevillée en mode bébé, tantôt écartelée style étoile de mer, la masse informe camouflée sous la couette verte semblait ne pas vouloir déloger.
Des grognements, rauques et gutturaux, firent écho à la sonnerie. Une main sortit de sous la couette tâtonna la table de nuit à l'aveuglette pour pulvériser le malotru. Le réveil hors-service, la main regagna son abri, sa propriétaire se rendormit. Cinq minutes s'écoulèrent sans que rien ne vienne perturber le sommeil de...
DRING...ZNIT...DRING
"Naaan! Pfff... Chuuut !"
Pourtant, le réveil, ayant rendu l'âme, n'émettrait plus ni musique, ni émission radio, ni rien d'autre. Il n'était donc pas le responsable du tapage. Cette fois, c'était le téléphone portable dernier cri posé sur – non pas sur la table de chevet – mais sur le bureau. La stratégie, empruntée à un autre, avait été de déposer l'objet au-delà du périmètre d'action de la masse verte.
Cette technique, répandue chez les adolescents, avait deux avantages. Premièrement, le téléphone survivait. Deuxièmement, son propriétaire sortait tout de même de son lit.
DRING...ZNIT...DRING
L'alarme à distance ne servait que de rappel, et c'était là faille du système, car les appareils ayant eu la malchance de sonner le clairon en premier finissaient détruits. Le réveil n'était pas le premier à subir le poigne de fer de la masse encore dissimulée sous les draps.
DRING...ZNIT...DRING
Malgré ses inconvénients, cette technique fonctionnait – ne nous risquons pas à faire de pourcentage – la plupart du temps. L'infernale sonnerie vieillotte insistait. Visiblement, même une fanfare au pied du lit n'aurait pas réveillé : "ANNA, DEBOUT! DERNIÈRE SOMMATION!".
"J'te jure Kris, plus jamais je suis tes conseils pourris!
- Admonester son meilleur ami, quelle belle entame de journée!"
Levée du mauvais pied, Anna se défoulait sur Kristoff, son meilleur ami.
Tous deux en première L, le blondinet s'amusait parfois à employer des mots délaissés par les jeunes de sa génération, tel le verbe "admonester". Il avait compris dès le début que son vocabulaire façon seizième siècle avaient la vertu de calmer Anna. Voisins, ils faisaient ensemble leur trajet de dix minutes jusqu'au lycée...et ce matin, voilà dix minutes qu'Anna pestait contre lui! Soulagé que sa parade ait fonctionné, il pensa : "Ouf, je m'en tire encore bien!".
L'alarme stridente et vieillotte de son téléphone ultra-moderne, s'ajoutant aux menaces à répétition de sa mère, avaient rendu Anna grincheuse. Son ami, pour lui éviter des ennuis, lui avait recommandé cette technique. A l'évidence, le résultat en valait la peine : elle était à l'heure pour ses cours. Ainsi, grâce à Kristoff, elle ne cumulerait pas de retard supplémentaire dans son carnet de liaison. Au lieu de l'enguirlander comme un poisson pourri, elle ferait mieux de le remercier...
"Ouais, bon OK...merci quand même!"
La dispute oubliée, les deux amis franchirent les portes de l'établissement. Ils se moquaient de l'émission de télé-réalité de la veille. Ils ne regardaient ce genre d'émission que pour s'amuser le lendemain des propos absurdes des candidats . Ils accéléraient le pas pour rejoindre, à l'autre bout du couloir, leurs camarades déjà en route pour le gymnase quand ils furent arrêtés par un adulte d'une quarantaine d'années au teint terne :
"Mademoiselle Simons, seriez-vous en train d'intégrer la notion de ponctualité?"
Et boum! une agression supplémentaire! Que répondre à cela? La jeune fille envisagea un instant d'envoyer le nuisible paître plus loin. Mais l'ignorer et continuer sa route était une solution toute aussi attirante. Seulement, adopter un tel comportement avec son proviseur était-il raisonnable? Non, certainement pas. Surtout avec CE proviseur : Monsieur Harold Destope, le seul et l'unique!
Celui-ci, cynique et lunatique, ne s'adressait aux élèves que pour les réprimander. On l'avait surnommé le "Despote". L'anagramme de son nom de famille lui allait comme un gant, mais c'était du réchauffé. Ce surnom l'avait en effet poursuivi toute sa vie.
Entre Anna et lui, c'était loin d'être l'entente cordiale. Mais leurs rapports étaient devenus vraiment conflictuels quand elle avait un jour déboulé au lycée avec une trouvaille, un surnom inédit, qui détrônerait l'ancien en un claquement de doigts : HADÈS!
Les deux premières lettres du prénom du proviseur, les trois premières de son nom, et le voilà d'un coup transformé en Dieu des Enfers... Pour l'avoir rebaptisé ainsi, Anna avait reçu trois heures de colle et un mot d'avertissement, mais le jeu en valait la chandelle. C'était maintenant le surnom officiel du proviseur et Anna était fière comme un coq de son invention.
" A croire que vous n'avez aucune éducation! Saluer votre directeur ne serait-il pas la moindre des politesses?
- Bonjour Monsieur le dirl..."
RIIINNNNG! La sonnerie du lycée retentissait. Anna n'eut pas le temps d'achever sa phrase. Mais Hadès avait bien compris l'intention sarcastique : elle allait l'appeler "dirlo"!
" Simmons, je vous ai à l'œil! Un pas de travers, un seul, et vous écoperez d'une sanction à la mesure de votre bêtise!"
"Je...le...hais!"
Après cinq tours de stades, Anna se traînait sur la piste de course. Régulièrement, ses camarades la doublaient. Certains se mettaient à courir à reculons pour la dépasser, histoire de singer son allure d'escargot. Ses muscles lui criaient de s'arrêter, son corps entier protestait contre cet effort matinal trop brutal. Adepte de son matelas molletonné et de ses draps doux, elle y serait volontiers retournée.
Ce semestre, le cours de sport était un travail d'endurance, une plaie pour Anna qui n'en avait pas du tout. Son amie Rapunzel, en revanche, qui l'avait doublée deux fois, restait fraîche comme un gardon. Anna aurait préféré qu'elle la nargue gentiment au lieu de ralentir l'allure pour rester à sa hauteur et parler un peu. Elle adorait Rapunzel, mais bavarder avec une pipelette-sportive alors qu'elle se battait contre elle-même pour ne pas s'arrêter, lui aurait bientôt donné des crampes.
" Punz', avance...veux pas te ralentir...
- Oki doki. Mais, tu sais que je te soutiens à mort! L'autre sociopathe est complètement taré. Il...
- Oui, je...sais... Avance!
- Ouep, à toute, j'te rattrape dans cinq minutes si je maintiens mon allure!"
Et Punz' reprit ses grandes foulées et distança Anna sans problème. Solidaire et toujours souriante, Rapunzel s'était incrustée dans sa vie en sixième, quand elle avait empêché Anna de manger un verre-de-terre. Anna, triste de n'avoir pu épater la galerie, avait été ravie de constater que sa sauveuse était aussi bizarre qu'elle. La petite tête blonde aux cheveux longs – à l'époque – lui avait expliqué avoir agi pour le bien de la petite créature qu'elle allait engouffrer dans son gros gosier! "Tiens, dit-elle en lui tendant une barre chocolaté, tu ferais mieux de manger ça!". Inséparables à partir de là, elles...
"ANNA, on ne s'arrête pas! Arrête de rêvasser et COURS, bon sang!"
Monsieur Philippe Xavier, alias Phil, était un petit homme débonnaire autour de la cinquantaine, et très apprécié des élèves. Il ne fallait pas se fier à sa taille ou à sa bedaine protubérante... Il était énergique au moins autant que les jeunes auxquels il enseignait...si ce n'est plus! Il déplorait quand même une calvitie importante qui ne pouvait pas tromper sur son âge.
Son poulain le plus fameux avait été Hercule. Il l'avait mené jusqu'au mondiaux de javelot alors qu'il n'avait pas encore dix-sept ans. Le "gosse" avait choisi de quitter le lycée pour entrer en SUAPS*, et était devenu haut la main numéro un de son université. Phil collectionnait les articles sur l'étoile montante de l'athlétisme que son protégé était devenu. Le "gosse" faisait sa fierté, c'était lui qui avait repéré le potentiel du garçon pourtant affligé au départ d'une certaine maladresse (et c'est un euphémisme). Toujours en contact, ils s'entendaient comme père et fils.
Anna amusait Phil. Elle avait recommencé à courir, mais ses pieds râclaient le sol comme des sabots. Qu'importe, elle s'obstinait! Bien que peu sportive, elle était différente des pimbêches de sa classe qui se planquaient derrière les buissons pour éviter l'effort. Phil, qui n'avait plus son endurance d'antan, appréciait la persévérance d'Anna.
Mais si le professeur de sports appréciait, c'était aussi parce qu'il savait que c'était elle qui avait rebaptisé le directeur du nom d'Hadès. Les deux hommes ne s'étaient jamais entendus. L'un méprisait les élèves, l'autre voulait que leurs années lycées se déroulent tranquillement. Hadès avait tourné Hercule en dérision, avait dit et répété qu'il n'arriverait à rien... Phil ne supportait pas qu'on rabaisse SES élèves, encore moins un de SES poulains.
Il tenait tête au proviseur narcissique, et Anna, du haut de ses dix-sept ans, osait en faire autant. Cependant, il ne s'autoriserait à être amical qu'avec ses poulains. Il voulait conserver son autorité, et rouspéter sans blesser était un bon moyen d'y parvenir :
" Anna, plus vite! On cherche à travailler la fréquence cardiaque, là, tu ne travailles rien du tout!
- Peux...pas...Monsieur...vais mourir!
- Essaie de courir sur la pointe des pieds, ne pose pas trop le talon. Tu... Anna?!"
La jeune rigolote était au sol, face contre terre. Comme si elle était en pleurs, ses épaules tressautaient légèrement. Phil lâcha bloc-notes, crayons et sifflet pour se ruer vers son élève. Il espérait ne pas l'avoir poussée au-delà de ses limites. Il priait pour qu'il ne lui soit rien arrivé de grave.
Rapunzel coupa à travers champs. Kristoff, qui allait encore la doubler, sprinta pour la rejoindre. Bientôt, toute la classe fut agglutinée autour d'eux. Le professeur d'éducation physique leur demanda de reculer et il se mit à genoux pour...rien.
" Eheheh, j'ai juste...trébuché...lacets! dit-elle éreintée, en pointant du doigts ses lacets défaits.
- As-tu mal quelque part ?
- Non, non! Ça va!
- Ne nous refait pas des frayeurs comme ça, d'accord?
- D'accord!
- Allez, circulez, y a rien à voir...et moi, justement, j'aimerai bien voir tout le monde courir!""
Anna refit ses fichus lacets et se redressa. Son genou écorché, elle repartit à son train habituel, la tête baissée pour surveiller ses lacets, et parce qu'elle ne se sentait pas maligne. Heureusement pour elle, personne n'en rajouta. C'était en partie grâce à Phil, qui rappelait chaque semestre qu'assister à une chute peut être comique, mais que sous sa tutelle, ceux qui rigoleraient seraient punis. Que se soit de la maladresse ou non, qu'il y ait de la casse ou non, rire d'une chute serait une erreur sévèrement corrigée dans sa classe.
Le sport s'était fini sans autre incident, et maintenant en cours de philosophie, Anna essayait d'expliquer à Rapunzel comment c'était arrivé.
" Anna, si tu as quelque chose à faire partager, nous sommes tout ouïe!
- Désolée professeur Rafiki, je me tais..."
Ils étudiaient en ce moment la notion de désir, et Anna ne désirait qu'une chose, que Rapunzel comprenne que ce n'était pas sa maladresse naturelle qui avait causé sa chute, mais bien ses lacets désobéissants. Pour respecter le souhait de son professeur, elle ne parla plus et tendit à la place une petite note à son amie : "C'est mes lacets les coupables, pas moi!".
La réponse de Rapunzel fut glissée subrepticement sous sa trousse et, à sa lecture, Anna rougit de honte : "Anna...Anna... Ne te trouves pas d'excuses, c'est juste toi étant...toi^^".
Anna trouva la force de riposter. Ce fut un coup bas et ce fut au tour de Rapunzel de rougir comme une tomate. Elles ne décochèrent pas un mot après ce dernier message d'Anna : "Je ne désire qu'une chose, que tu me croies... Et, toi, petite vicieuse, tu ne désires qu'une chose : le beau brun de terminale ES!".
Elles suivirent alors les théories des grands philosophes sans grand intérêt. L'effaceur d'Anna à sec, elle en chercha un de rechange dans son sac. Elle mit la main dessus. Par contre, où pouvait bien être passé son short de sport? Avec un peu de chance, Phil l'aurait déposé au bureau de la Vie Scolaire. Les adolescents oubliaient parfois leurs affaires dans les vestiaires et il faisait une ronde après leur douche. La pêche aux vêtements étaient souvent fructueuse.
A midi et demie, les cours finis, Anna et Rapunzel allèrent directement au bureau de la vie scolaire. Elles se chamaillaient gentiment. Arrivées devant le bureau, Rapunzel n'entra pas, trop occupé à reluquer le fameux beau brun : Eugène Fitzherbert.
Anna fut donc seule à se retrouver nez-à-nez avec une belle blonde aux yeux bleus, des yeux d'un bleu si profond qu'elle s'y perdit : "Wow!" fit-elle abasourdie.
*Le SUAPS? Quoi t'est-ce, me direz vous? Et bien, c'est le Service Universitaire des Activités Physiques et Sportives.
L'image de couverture est un dessin de mon amie TOTO LE HÉROS. Merci :)
Voilà donc un mercredi matin avec...Anna, Kristoff, Rapunzel, Hadès, Phil et Rafiki! Vous avez rencontré pas mal de monde! Aimeriez-vous les avoir ou les avoir eu dans votre lycée? Pour ma part, y en a un que je ferais volontiers rôtir dans les bouches de l'Enfer...mais il s'y trouverait bien cet abruti :)
L'emploi du temps des littéraires est plutôt cool et le mercredi matin donc, ils ont sport de 9h30 à 11h, et philo de 11h à 12h30... Sympatoche comme matinée ^^
Ah et, ne vous inquiétez pas, je n'ai pas mis un titre au hasard...
J'ai des démarches à faire en ce moment, le prochain chapitre ne sera pas là tout de suite :/ Maximum, fin de semaine prochaine!
Elmerlelephant
