Attention, l'histoire peut contenir des spoilers pour la saison 5 et la 4!

Doit se situer quelque part entre le 5x10 et le 5x19.

--------------------------------------------------------------------

La première chose dont il fut conscient fut la douleur. Une douleur irradiant dans tout son corps, des orteils jusqu'au crâne. Il plissa ses yeux si fort que des tâches de couleurs vives apparurent sur la paroi de ses paupière, mais au moins la migraine recula un peu et il essaya, les yeux toujours fermés, de retrouver un peu ses esprits. Il ne savait pas où il était, et ce n'était pas bon signe. Cette douleur qui lui parcourait l'épine dorsale n'était sûrement pas bon non plus, et elle s'ajoutait inconfortablement à une autre douleur plus familière –celle de sa jambe droite, qui se rappela soudain avec force à son bon souvenir. Voyons, se dit-il, tu es médecin, agis comme un médecin, nom de dieu…

Nom. Oui. Commençons par ça. Nom : Grégory House. Okay, bon début, sa mémoire n'était donc pas entièrement foutue. Qu'est ce qu'on demandait normalement après le nom ? Ah, le lieu… Il faudrait qu'il ouvre les yeux pour savoir où il était. Son crâne protestait trop violemment derrière ses yeux pour qu'il essaye quoi que ce soit… Son cœur battait bruyamment dans ses oreilles, ce qui n'arrangeait rien. Et sa respiration avait un peu de mal.

Il se rendit soudain compte qu'un poids plutôt lourd lui compressait la poitrine et le bras gauche. Quelque chose était sur lui. Tombé sur lui ? Probablement, ça expliquerait sa condition actuelle. Une poutre ? Une colonne de pierre ? Un tracteur ? Un sumo ?

Après un moment d'hésitation et les yeux toujours fermés, il remua précautionneusement les doigts de sa main droite, déclenchant une vague de douleur dans tout son bras, mais au moins, ça bougeait. Pas de paralysie, ni d'os cassés de ce côté-là. Doucement, tout doucement, il leva le bras en serrant les dents pour contenir sa peine, et le posa doucement sur la chose qui lui barrait le torse. C'était doux, c'était mou, et un peu chaud. Il balada sa main un moment sur une petite surface de cet énorme bidule qui l'écrasait, cherchant à l'identifier sans avoir à ouvrir les yeux. Soudain, son cerveau trouva la réponse, et son cœur rata un battement. Ses paupières s'ouvrirent brusquement et il sursauta malgré lui, causant une autre vague de douleur à laquelle il ne prêta aucune attention.

A travers sa vision embuée par son mal de tête, il vit un visage lisse, affreusement pâle et sans aucun signe de vie, surmonté par une crinière de cheveux bruns-blonds, encrassés par des couches épaisses de poussière. Une longue lacération saignait doucement sur son front.

Son cœur s'arrêta complètement alors qu'il tentait de ravaler la panique qui montait en lui.

-W-wilson ? tenta-t-il en reposant la main sur l'épaule du jeune homme, endroit qu'il avait touché tout à l'heure.

Sa voix eut un peu de mal à sortir ; il s'entendit murmurer plus que parler, sa gorge irritée par la tonne de poussière qui les entourait pour une raison qu'il n'identifiait pas. L'oncologue ne fit aucun geste, ne bougea pas un cil.

-Wilson ! répéta House un peu plus fort cette fois, intensifiant son mal de tête. Toujours aucune réaction.

House dégluti difficilement. Il n'osait pas bouger le corps du jeune docteur. Il n'avait aucune idée de ce qu'il s'était passé exactement, mais si lui-même avait été aussi malmené alors que le corps de Wilson le protégeait, qui sait quels dégâts ce dernier avait subit.

Finalement, il leva à nouveau sa main droite, la gauche étant toujours coincée sous Wilson, et attrapa à l'aveuglette son poignet inerte. Il chercha un moment le pouls et soupira de contentement lorsqu'il le trouva. Il était assez faible et battait plutôt doucement, mais il n'y avait rien de très dangereux. Il essaya à nouveau, posant ses deux doigts sur les paupières de l'oncologue. Il pressa doucement, espérant que l'inconfort aurait quelque effet.

-Wilson ! aboya-t-il. Tu vas finir par te réveiller, oui ?

Un grognement étouffé lui répondit. Un énorme sentiment de soulagement parcouru House, le faisant même oublier momentanément sa douleur omniprésente.

-Wilson ! répéta-t-il pour encourager l'oncologue dont il sentait maintenant les yeux rouler sous ses doigts, il retira sa main. Allez, ouvre les yeux ! C'est l'heure d'aller à l'école !

Étonnamment, Wilson obéit et ouvrit ses grands yeux bruns qu'il promena un moment autour de lui autant qu'il le pu avec la moitié de sa figure enfoncée dans le t-shirt de House. Son regard se stabilisa sur le regard bleu du diagnosticien.

-H-house ? murmura-t-il. Il poussa un gémissement et referma aussitôt ses yeux, pliant son visage sous la douleur.

-Qu'est ce qu'il y a ? s'enquit House. Où t'as mal ?

-Partout…

-Génial, je vais aller loin avec ça… soupira House en résistant à la tentation de lever les yeux au ciel. Ecoute Wilson, est ce que tu peux bouger ?

-Bouger ?

-Oui, bouger, tu sais, actionner les muscles des mains et des pieds…

Il y eut un moment de silence pendant que Wilson, trop perdu pour répliquer ou pour poser de question se mit à bouger chaque membre de son corps, écrasant encore un peu plus House. A un moment, poussa un cri qui alerta House, mais sa réponse l'apaisa :

-J-je crois que ça va…

-Grandiose. Mal à la colonne vertébrale ? Au cou ? A la poitrine? Non ? Alors si ça ne te dérange pas, je te serais reconnaissant de dégager de ma cage thoracique avant que j'étouffe…

-De quoi ? s'étonna Wilson en ouvrant à nouveau les yeux.

Il sursauta en se rendant compte de sa position et se dégagea vite fait, grimaçant sous l'effet de la douleur que cela lui causait. House resta quelques secondes allongé, les yeux fermé, aspirant calmement de bonnes bouffées d'air et se rendant compte avec bonheur qu'une partie de la douleur qui l'agressait depuis son réveil s'était en allée avec le poids de Wilson.

-House… fit la voix de l'oncologue, légèrement tremblante.

-Quoi ? grogna-t-il.

-House, ouvre les yeux…

Le diagnosticien s'exécuta, curieux de voir ce qui rendait Wilson aussi tremblotant. Mais rien qu'en jetant un coup d'œil au plafond, il comprit aisément. La partie sous laquelle lui et Wilson se tenaient était intacte, mais à un ou deux mètres plus loin, tout s'était effondré.

House prit une grande inspiration et s'assit d'un coup, la seule douleur sui lui répondit violemment étant celle de sa jambe, et inspecta les alentours.

Wilson, à sa gauche, était assis dans un coin de la pièce qui n'en était plus tout à fait une, adossé contre un des deux pans de mur intacts, l'air hagard. A sa droite en revanche, il n'y avait qu'un énorme éboulis de roches. Non –de ciment. Le ciment de plusieurs étages qui s'étaient écroulés là, bouchant toute sortie et bloquant les deux médecins dans un minuscule espace de quelques mètres carrés vide de la salle dans laquelle ils se trouvaient. La seule source de lumière était un trou dans le plafond au dessus de leur tête, juste assez grand pour laisser passer… Quoi… Un canard ? House secoua douloureusement sa tête. Un canard, bien sûr. Il n'avait vraiment pas les idées claires.

Derrière lui, Wilson émit soudain un petit cri. Alerté, House tourna la tête dans sa direction : le jeune docteur avait les yeux agrandis par le choc, fixés sur un point de l'éboulis. Le diagnosticien suivit son regard et dû se retenir pour ne pas crier à son tour.

Une main. Une main humaine dépassait d'entre les énormes pierres effondrées. Plusieurs doigts tordus dans un angle qui le fit grimacer, probablement cassés, le poignet lâche et sans vie, la peau recouverte de poussière et de saletés.

House se tourna à nouveau vers son ami dont les yeux commençaient à briller singulièrement dans le peu de lumière qu'ils parvenaient à avoir.

-Wilson, qu'est ce qui s'est passé ?

Il ne réagit pas.

-Wilson ! cria House.

L'oncologiste sursauta et le regarda.

-Qu'est ce qu'il s'est passé ?

-Tu ne t'en rappelles pas ? demanda Wilson d'une petite voix après un petit instant de silence.

Il se frotta les yeux dans l'espoir de faire disparaitre ses larmes naissantes, mais ne réussit qu'à en créer plus, et un torrent silencieux coula sur ses joues alors qu'il franchissait à quatre pattes la petite distance qui le séparait de son ami.

-Tu t'es cogné la tête ? demanda-t-il d'une voix étouffée par les larmes en commençant à tâter doucement le cuir chevelu de House.

Celui-ci repoussa ses bras en grognant.

-Oh, c'est moi qui pose les questions ici. Je suis pas d'humeur à me faire peloter pour l'instant. Qu'est ce qui s'est passé, bordel ??

House avait presque crié sa question et Wilson, pris par surprise, recula un peu en arrière et resta immobile, regardant House avec de grands yeux embués. Le diagnosticien regretta son accès d'énervement lorsqu'il se rendit compte que les larmes n'étaient pas la seule chose qui se voyait sur la figure de Wilson. L'oncologue avait l'air choqué et hagard, la peau pâle, les yeux agrandis. Il était visiblement en train de flotter dans un état de choc. House s'aperçu aussi que son bras gauche semblait mou et inutilisable, laissé flasque le long de son flanc, tordu dans un angle bizarre. Cassé ?

Le diagnosticien se mordilla les lèvres. Choc ou pas, il avait besoin de savoir.

-Wilson, tenta House plus calmement en se rapprochant de son ami, dis moi ce qu'il s'est passé et tiens toi tranquille pendant que je jette un œil à ton bras…

Wilson baissa les yeux sur son bras, puis les releva sur House qui s'était accroupis à côté de lui.

-Tu sais où on est ? demanda-t-il.

-Non.

-Tu dois avoir une commotion… Tu devrais… WAÏE !!! s'écria soudain Wilson en sursautant.

-Oups, pardon, fit House d'une voix presque guillerette, j'ai peut-être un peu trop forcé sur ton bras… Ca m'arrive des fois, quand je commence à m'impatienter singulièrement…

Wilson hésita un moment, tentant de calmer les émotions qui essayaient de l'étouffer et de dissiper le brouillard épais qui se baladait dans sa tête depuis qu'il avait ouvert les yeux.

-On… On est dans la c-cafétéria de Princeton Plainsboro… bredouilla-t-il enfin.