Bonjour à tous !
Je vous propose ici une fanfiction Drago Malefoy x Hermione Granger. L'histoire prend place immédiatement après le tome 7.
Résumé : Les ténèbres étaient devenus sa vie, la culpabilité sa plus fidèle amie. Quand Drago retourne à Poudlard pour sa septième année manquée, les élèves lui font bien comprendre à quel point sa présence est indésirée. Mais un soutien imprévisible pourraient bien tout fait basculer.
Disclaimer : Tout appartient à J.K. Rowling, dont l'univers ne cessera jamais de me faire rêver. Je lui emprunte ses personnages du mieux que je peux. Je compte me servir autant que possible des éléments qu'elle nous a donné en interviews sur le destin de nos héros.
J'ai pris le parti de raconter l'histoire du côté de Drago, du côté de celui qui a eu tort et qui en souffre. J'espère ne pas vous faire fuir avec cette prise de vue. Je n'aime pas quand tout est noir ou blanc, et Drago est un personnage très gris :)
Je vous signale également que j'ai une autre fanfiction en cours, Silly Ginger and Haughty Viper. Il s'agit d'une Fred Weasley x OC. Je vous invite à allez la lire si le cœur vous en dit ;)
Bonne lecture !
Je compte sur vos retours dans les reviews pour savoir si une suite vous plairait !
PARTIE UNE : DOULEUR (1)
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1 septembre 1998, retour en enfer.
Les hautes créatures qui se tenaient devant les calèches dégageaient une aura morbide qui n'avait rien de surprenante. Les Sombrals étaient annonciateurs de la mort, les architectes d'une cathédrale de souvenirs tortueux, les révélateurs d'une vie douloureuse. Il n'était pas le seul à les voir : de toute part s'élevaient les murmures curieux face à cette nouvelle apparition et pourtant dénués de cette ombre qui s'emparait de tout son être. La lumière qu'ils dégageaient par leur agitation et retrouvailles joyeuses ne faisait que renforcer les ténèbres dans lesquels il vivait. Il était coupable disait-on, et non pas victime. Il méritait l'étau de souffrance et de culpabilité qui rongeait son cœur. Sa liberté était encore trop douce pour quelqu'un comme lui, ce qu'il méritait c'était l'ancien châtiment : les détraqueurs. Il aurait rêvé de s'enfuir loin de cette vie qui ne lui appartenait plus mais la voix ferme de Narcissa n'avait pas laissé de place au débat "Tu iras finir ta scolarité à Poudlard." Cette femme douce et aimante si effacée derrière un mari imposant s'était révélée capable de prendre les rennes d'une famille à la dérive. Lucius était devenu une ombre, Narcissa prenait la place de chef d'orchestre.
Drago monta dans la calèche. Si souvent ce geste avait été synonyme de joie et d'excitation; maintenant ne restait qu'une indifférence. Il allait à Poudlard parce qu'il devait le faire, parce qu'il n'avait pas d'autres options que d'essayer de recoller les morceaux d'une vie brisée. Au loin la silhouette du château se dessinait comme une appréhension grandissante dans son cœur. Ses meilleurs souvenirs étaient ici; les plus terribles aussi. Comment affronter la face de ceux contre qui il avait débattu de la mort en duel ? Les rangs seraient clairsemés cette année, en témoignait la calèche vide qu'il occupait. Mais il y aurait toujours des ennemis, les ennemis étaient partout, même dans son propre reflet.
Son regard était perdu dans l'environnement d'automne et ses pensées voyageaient vers des jours sombres. Sans doute que sa vie se profilait sous un meilleur angle, mais pourquoi avait-il la sensation d'être resté bloqué là où l'horreur avait eu lieu ? Il n'y avait rien ni personne pour le distraire. Ses amis de toujours - Crabbe, Goyle, Pansy, Blaise - étaient morts ou cachés de honte. Ils ns reviendraient pas à Poudlard, ils ne seraient plus là pour le soutenir durant l'année. Narcissa l'avait informé que Théo reviendrait lui aussi mais les Nott étaient de vilains marionnettistes indignes de confiance. Qui d'autre oserait revenir parmi les vipères ? Qui d'autre affronterait la face d'un monde qui ne voulait pas de lui ? Qui d'autre que lui était assez faible pour faire semblant ?
Le trajet en calèche était une jolie échappatoire mais elle n'était pas sans fin. Finalement la silhouette du château devint une masse bien réelle et Drago n'avait pas d'autre choix que de sortir de l'habitacle si protecteur. Sitôt le pied posé dehors le froid l'atteignit comme un coup d'épée fatale, mais ce n'était pas le pire.
- Regardez, c'est Malefoy. Comment ose t-il se pointer ici ?
Il avançait dans l'allée du château, la voix assassine résonnant dans son dos en provenance de d'autres élèves. En des temps plus anciens il leur aurait répondu avec toute la hargne dont il était capable. A l'époque Drago Malefoy ne subissait pas, il attaquait. Il était féroce et sans pitié. Mais de cette personne ne restait qu'une ombre, un corps vide qui se mouvait encore pour une raison inconnue. Il avança sans se retourner.
Le Hall et la Grande Salle avaient subit des dégâts considérables durant la bataille de Poudlard. Des pans de murs entiers avaient été détruits. L'art de la magie faisait bien des miracles et en quelques mois seulement le château avait retrouvé toute sa splendeur d'antan. Les lieux étaient similaires à ce qu'ils étaient, une ressemblance qui aurait été rassurante si elle n'avait pas été liée à tant de souffrance. Et puis sur le mur du Hall, près de l'entrée de la Grande Salle il y avait cette liste, la liste qu'il redoutait tant : Les morts au combat. L'inscription louait des héros qui avait permis que Poudlard reste un lieu d'enseignement libre. Il ne prit pas la peine de lire la liste ; il la connaissait déjà par cœur. Aucun de ses amis décédés n'y figurait, ils avaient choisit le mauvais côté de la guerre, ils n'étaient pas les héros, ils étaient les ennemis.
Les murmures sur son passage ne pouvaient pas le mettre plus à l'aise qu'il ne se sentait déjà : il n'était pas à sa place et tout le monde le savait mais il en avait conscience mieux que personne. La table des Serpentards semblaient bien vide contrairement à celles des autres maisons; mais toutes souffraient d'absences bien visibles. Drago prit place sur le banc sans se donner la peine de regarder si il aurait pu trouver de la compagnie parmi ses camarades. Ici il n'avait aucun allié et il le savait. Il était plus simple de rester seul dans sa souffrance.
Il s'écoula des heures, ou peut-être seulement des minutes, avant que la traditionnelle file de premières années fasse son apparition. Elle était beaucoup plus longue qu'à l'ordinaire.
- Mes chers élèves. C'est le cœur lourd d'une grande souffrance mais soulevé d'un immense espoir que j'inaugure cette nouvelle année à Poudlard. Les récents évènements ont laissés des plaies béantes dans notre esprit à tous et je ne veux rien de plus que vous aider à les refermer. Ensemble nous parviendrons à cicatriser, ensemble nous parviendrons à renaître.
Le discours de McGonagall fut ponctué de plusieurs slaves d'applaudissements si bien que Drago en perdit le fil. Il n'écoutait pas parce qu'il n'était pas concerné. Il n'était pas celui qui avait souffert mais celui qui avait causé la souffrance et à ce titre il méritait bien pire châtiment que les regards meurtriers que d'autres élèves pouvaient lui adresser.
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4 septembre 1998, châtiments mérités.
Le professeur se lança dans un discours dont Drago n'écouta pas un mot. Tous les cours s'enchaînaient avec le même refrain, avec les mêmes mots dépourvus de sens pour lui. Les victimes étaient louées et honorées, alors il baissait la tête à cause du poids de la culpabilité. Le sentiment qui grandissait dans sa poitrine était un mélange d'émotions épicées qu'il aurait volontiers mis de côté si il en avait eu la force. Mais souffrir et subir la honte et le regret était son châtiment à vie et il l'acceptait bien volontiers car il savait ô combien il était mérité. Parfois dans son sommeil, le démon de l'horreur refaisait surface et il savait que jamais la traque ne s'arrêterait. Une fois les cauchemars envolés et la réalité revenue, c'était un autre démon qu'il fallait affronter : celui de son propre reflet.
Les élèves étaient un instant happés par cette commémoration. Pour certains des souvenirs étaient ravivés. Pour d'autres, elle était le rappel douloureux d'évènements vécus par leurs proches. La souffrance devait être partout, dans chacun de leurs cœurs, mais Drago ne comprenait pas comment ils arrivaient encore à sourire malgré ce poids qui devait leur peser.
- Psst, Malefoy.
Le rappel à la réalité était étonnant. Il se tourna vers Kendall Grint. Dans une autre vie elle avait été une Gryffondor de l'année inférieure qu'il aimait rabaisser par son sang impur et ses manières indélicates. Dans cette nouvelle existence elle était sa camarade de classe.
- Tu n'as pas honte d'être ici ?
Il y eut un vague murmure d'approbation parmi ceux qui avaient entendus, mis à part Théo qui fit mine d'avoir perdu l'audition. Drago resta froid, imperturbable dans sa douleur, silencieux car prisonnier de ses propres pensées sauvages. Elle avait raison : il aurait dû avoir honte d'être ici, il aurait dû avoir honte d'être encore en vie. Que pouvait-il répondre à ça, à part rappeler que le désir de survie de l'être humain allait bien au-delà de la raison et des sentiments ? Il avait survécu. Sa remarque ne pouvait pas le blesser davantage qu'il ne l'était. Peut-être que ce genre de réflexions faisaient également parties du châtiment. Elles étaient comme un rappel. Mais ses camarades n'étaient pas obligés de se donner autant de mal : Drago ne risquait pas d'oublier.
- Je vous prie de bien vouloir vous respecter tous, entre vous. Je vous rappelle que les préjugés ont causé cette guerre et que le seul moyen d'aller de l'avant c'est en s'entraidant, conclut le professeur Flitwick.
L'intention était louable mais la réalisation impossible. Comment s'entraider et s'apprécier quand la mort et la douleur avaient semés des blessures inoubliables ? Ils rêvaient à une utopie irréalisable. Le monde avait été détruit et il fallait accepter de vivre parmi les ruines. Le temps de l'insouciance était révolu.
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8 septembre 1998, visage du passé.
Parfois il se rêvait à sa vie passée, comme une escapade qui lui permettait presque d'oublier la réalité. Pourtant même dans ces souvenirs il ne se défaisait pas du sentiment de culpabilité permanent. Celui-ci l'aurait traqué même jusqu'en en enfer.
- C'est Malefoy, le mangemort, entendait-il murmurer sur son passage.
Il ne prenait pas la peine de se retourner. L'identité de la personne n'avait aucune importance : tous les autres élèves formaient une unité dont il ne faisait pas partie. Se rebeller et riposter était dénué de sens : la raison l'emportait maintenant. Oui il était un Malefoy, et oui il avait été un Mangemort. Il serait toujours un Mangemort. Le tatouage était gravé dans sa peau comme une blessure impossible à cicatriser, le rappel permanent des horreurs auxquelles il avait participé. Il ne voulait pas le nier, il ne voulait pas faire semblant, il ne voulait pas faire croire que sa place était ici alors qu'elle aurait dû se trouver si loin.
Narcissa avait tenté de trouver des mots réconfortants pour son fils. Entre les lignes il avait finalement compris la raison de cet éloignement : Le procès de ton père commence la semaine prochaine. Elle tentait de le protéger comme elle l'avait toujours fait, mais ne comprenait-elle pas qu'il était trop tard ? Même ici les répercussions du procès Malefoy allaient se faire ressentir. Même ici Drago continuerait de s'inquiéter pour un père qui n'avait jamais cessé de vouloir en faire sa marionnette au point d'en faire un monstre.
Et puis il y eut un visage au milieu de la foule, un vissage du passé, un de ceux qui marquaient. Hermione Granger. Elle était droite, stoïque, imperturbable drapée dans son courage et sa fierté. Elle semblait immaculée de toutes ces souffrances passées comme si elle était trop digne pour encore s'en soucier. Drago l'avait si souvent jalousé pour son talent immérité mais ne restait maintenant plus que la culpabilité, encore. Granger avait souffert par sa faute, de la main de sa tante, dans sa maison qui n'aurait dû être rien d'autre qu'un havre de paix. Mais malgré eux le manoir Malefoy était devenu la maison des horreurs et Granger en avait été la victime. Il ne pouvait pas la regarder, il ne pouvait pas affronter son regard, pas après tous ces rêves imaginaires où il avait tenté en vain de mettre une image sur les cris de souffrance entendus. C'était tout ce dont il se rappelait, ces hurlements, ceux qui avaient achevé de lui déchirer le cœur.
- Regarde-le, il devrait être mort !
Il y avait la haine autour de lui, cette haine méritée. Alors il s'éloigna, cherchant le refuge de la solitude comme il l'avait si souvent fait même avant que l'horreur finale se déclenche. Les autres ne supportaient pas sa présence, mais comment auraient-ils pu alors que lui-même ne se supportait plus ?
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12 septembre 1998, mise au point.
- Vous devez vous demander, Monsieur Malefoy, pourquoi le titre de préfet ne vous a pas été attribué pour cette nouvelle année.
Il avait en face de lui Minerva McGonagall, la forte et l'éternelle. Elle était si impressionnante qu'il n'osait pas la regarder dans les yeux. Il avait trop peur d'y lire la haine et le mépris qu'il s'imaginait si vivement. Il garda les yeux baissés, les épaules voûtés, comme un condamné à mort attendant son châtiment dans le plus grand des silences. Mais elle attendit une réponse de sa part, et il était temps de délier sa langue au risque de ne plus se souvenir comment les mots devaient être formés.
- Non professeur, je sais pourquoi.
Parce qu'il était un traitre, parce qu'il ne méritait pas un titre honorifique. Elle n'avait pas besoin de prononcer ces paroles, il les connaissaient déjà par cœur. Elles étaient comme une comptine infernale qui résonnaient dans sa tête sans qu'il puisse jamais s'en débarrasser.
- Je ne cherche pas à vous punir Monsieur Malefoy. Tout ce qui s'est passé... Vous avez été jugé innocent et vous méritez votre place ici, parmi nous. Des enfants ne devraient jamais avoir à être confrontés à des choix pareils.
Il y avait de l'espoir dans la voix de la directrice, comme une volonté de pardon qu'il n'avait jamais entendu. Mais elle n'était personne pour lui donner l'absolution. Les mots ne laissaient aucune empreinte dans son cœur, ils s'évaporaient au lieu de lui laisser le soulagement espéré. Elle rêvait à un monde qu'il ne pouvait pas s'imaginer et qui ne deviendrait jamais réalité. Comment pourrait-il prétendre être un des leurs ? Comment pourrait-il soutenir ceux qu'il avait tenté d'écraser ? Ils ne l'auraient jamais laissé faire, il n'aurait jamais été fou pour y croire. Il était et serait éternellement l'ennemi.
- Les péchés de votre père ne doivent pas reposer sur vous Monsieur Malefoy, souvenez-vous en. Les expériences passées doivent servir à construire un avenir meilleur et je compte sur vous.
Un instant la voix se fit plus sèche comme pour le secouer. Mais ses yeux restaient vides, son âme restait imperméable et son esprit avait déjà oublié ce qu'elle venait d'évoquer. Il acquiesça en silence, comme une ombre obéissante devant la lumière vacillante. Elle sembla assez satisfaite pour le délivrer de cet entretien. Il sortit sans une nouvelle pensée pour tout ce qu'elle venait de soulever.
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15 septembre 1998, entente impossible.
Le cours de métamorphose était toujours assuré par Minerva McGonagall, elle semblait incapable de se défaire ce qui constituait son identité professorale. Ils étaient nombreux en septième année : les morceaux reconstitués de deux classes parsemés d'absences douloureuses formaient un ensemble plus important qu'il ne l'aurait été classiquement. Certains avaient fait le choix de repasser l'année manquée; la plupart avait décidé de poursuivre. McGonagall qui semblait prendre à cœur la coopération inter-maisons (quelle illusion) décida de former des groupes d'études.
- Monsieur Malefoy, Miss Padma Patil et Monsieur Sestern.
Il leva les yeux vers ses deux nouveaux camarades avec qui il devrait collaborer. Padma Patil était sa camarade depuis la première année, une Serdaigle aussi brillante que surprenante. Sean Sestern était un Poufsouffle d'un an de moins dont il n'avait jamais entendu parler. Une grosse balafre barrait sa joue, déformant en partie l'arrête de son nez.
Ils ne le saluèrent pas. Drago sentait dans l'air le ressentiment et la haine, mais il semblait que cette atmosphère était permanente. Il avait les yeux baissés, l'air invisible. Il se fondait presque dans le mur situé à sa droite. L'ancien Drago aurait volontiers tourmenté le nouveau Drago pour sa faiblesse évidente. Mais l'ancien Drago était mort.
- Je t'interdis de me parler Malefoy, menaça Sean.
Il n'était pas nécessaire de le préciser. Drago avait quasiment perdu l'usage de la parole et ne se souvenait du fonctionnement des mots que lorsque la situation l'exigeait. Il n'aurait pas tenté de discuter, il n'en n'était pas digne.
- Sale Mangemort, rajouta t-il dans un murmure.
Dans un automatisme traitre, Drago ne pu s'empêcher de caresser son avant-bras à l'endroit où il avait été marqué à vie de sa faiblesse. Cette marque était un rappel constant de la partie de lui-même qu'il détestait, celle qui était liée à la lâcheté, la terreur, l'ignorance. Il ne rêvait même pas à faire les choses différemment, il savait qu'il en aurait été incapable. Il n'était qu'un gamin effrayé incapable de former ses propres idées. Il avait été l'ombre de Lucius Malefoy toute sa vie, maintenant il n'était plus que l'ombre de lui-même.
Padma ne réagit pas, le silence trahissant la sagesse propre aux aigles. Ces nouvelles insultes étaient révélatrices du nouveau monde, celui dans lequel il n'était pas le bienvenu. Il s'était tant moqué d'une partie de la population, si souvent stigmatisée. Jamais il n'aurait pensé que le système se retournerait un jour contre lui. Il n'y avait pas que les Mangemorts qui attisaient la haine, c'était toute la population des sang-pur qui était mise sur la touche. L'obligation de se reproduire avec des sang impurs avait été évoquée dans le courant de l'été, mais l'idée liberticide avait été abandonnée par un gouvernement moins fêlé qu'on pouvait penser.
Drago resta enfermé dans son silence, la seule forteresse qui lui restait.
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20 septembre 1998, fidèle refuge.
- Je les entends parler de toi. Ils te détestent. Mais moi je suis là.
Mimi Geignarde persistait à lui faire les yeux doux, à se montrer bienveillante pour s'attirer son affection. Il ne disait rien; elle était sa seule alliée. Ils se ressemblaient plus qu'il ne voulait l'admettre, deux esseulés n'appartenant pas vraiment au monde dans lequel ils se trouvaient. Il aimait bien venir dans ces toilettes désaffectées qui étaient totalement oublié des autres élèves. Il s'était installé un siège de fortune, dans un coin de la grande pièce des lavabos. Le silence et la tranquillité du lieu arrivait presque à apaiser son esprit meurtri. Mais la culpabilité lancinante ne se faisait jamais totalement oublier. Quand il fermait les yeux il revoyait la douleur et la terreur, les visages de ceux qui avaient disparu.
- Ils ont de bonnes raisons de me détester Mimi.
Il ne voulait pas lui mentir, il devait être honnête sur ce qu'il était et sur ce qu'il avait fait. Les mois de l'horreur lui avait ouvert les yeux et il s'était juré de ne plus faire semblant. Il devait accepter ce qu'il avait été, ce qu'il serait toujours : un monstre.
- Mais moi je m'en fiche, je suis déjà morte.
Dans un ricanement sombre et un tourbillon d'eau, elle disparue, le laissant seule face à des réalités qu'il arrivait à peine à supporter. Il aurait volontiers abandonner ce monde; mais même pour ça il n'avait pas la force et le courage. Il n'avait jamais été doté de ces qualités.
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25 septembre 1998, le nouveau et l'ancien.
Les jours se suivaient, les insultes se croisaient. Il n'y était pas sensible : tout se ressemblait. A chaque matin son fardeau l'accompagnait mais c'était une peine amplement méritée. Il aurait dû subir mille tourments plus dévastateurs mais il avait été épargné. "Regardez-le, ce n'est qu'un enfant, il a été manipulé toute sa vie" : c'était l'argument qui avait justifié sa remise en liberté. Ils avaient été nombreux à témoigner et à comparaître. Drago n'avait pas assisté à ces débats qui décideraient pourtant de son existence entière; il avait renoncé à son droit de présence, il aurait été trop douloureux d'affronter le visage de ceux qui avaient souffert, il était plus en sécurité dans sa cellule. Il avait été obligé de se rendre au verdict final et il était ressortit libre, sa mère accrochée à son bras. Le cas de Narcissa Malefoy avait été un dossier vite évacué : elle avait aidé le Survivant et méritait la liberté. Les autorités avaient été soucieuses de ne pas laisser l'affaire trop traîner au risque de la voir se propager. Et personne n'aurait voulu qu'une ennemie prenne subitement la cape du héros.
Ils attendaient sagement dans le couloir que les salles de cours ouvrent. Ils étaient une file indisciplinée d'élèves bruyants et joyeux. Drago songea que ce décor était semblable à ce qu'il avait été jadis, comme si malgré toutes les souffrances qui avaient été vécues ils étaient encore capables de retrouver leur vie d'antan.
- Ton père mérite pire que le baiser du détraqueur.
Le procès de son père s'ouvrait cet après-midi, la Gazette du Sorcier en avait fait ses gros titres. Lucius Malefoy était devenu malgré lui le visage des Mangemorts, celui de la honte et de la lâcheté, celui de l'horreur. Les Mangemorts fidèles ne reniaient pas leur maître (rares étaient ceux encore vivants, ils avaient préféré mourir au combat). Lucius s'était de nouveau caché derrière la peur et l'envie de survivre pour expliquer ses gestes. Responsable mais pas coupable, clamait-il. Alors il avait aux yeux de l'opinion publique illustré ce qu'il y avait de pire dans cette guerre : ceux qui s'étaient battus du mauvais côté et n'assumaient pas; ceux qui étaient des monstres mais de la pire espèce : des monstres lâches. Drago se passait d'opinion sur le sujet. La culpabilité qu'il devait porter était déjà d'un poids énorme; nul besoin de rajouter celle de son père.
- Tu aurais dû mourir, souffla une autre voix comme un murmure perfide qui voulait le poignarder en plein cœur.
L'identité du clameur de menaces raisonnées avait peu d'importance : elle traduisait une opinion partagée par tous. Drago préférait garder la tête baissée plutôt que d'affronter un regard plus meurtrier que des mots.
- En classe, s'il vous plait !
La voix de Flitwick était comme une délivrance, celle qui annonçait une heure de cours paisible où il pourrait se concentrer sur autre chose que ses propres pensées destructrices.
Il releva la tête pour avancer vers l'entrée de la classe.
Le regard d'Hermione Granger croisa le sien.
Il y avait un air de défi, un air d'insolence et de sauvagerie qui ne serait jamais dompté. Le lionne était porteuse d'une flamme que rien ni personne n'aurait su éteindre. Elle était encore bien visible dans ses yeux, vestige d'une vie passée qu'elle tentait de réparer. Ce regard avait tant de fois attirer le mépris de Drago qui ne rêvait que de l'éteindre pour la dominer, pour affirmer sa supériorité sur une fille de moldus qui n'aurait pas du être plus douée que lui. Il s'était rendu à l'évidence trop tard : Hermione Granger était une vraie sorcière, et comme tous se semblables elle méritait sa place à Poudlard. Ca ne l'avait pas empêché de devoir souffrir sous les coups de Doloris de Bellatrix parce qu'elle était née Granger, née moldue.
Par ce seul regard il se rappelait ces centaines de fois où il s'était moqué d'elle, et cette fois où les insultes avaient laissé place à de la vraie torture. Il n'était pas là pour voir mais les hurlements avaient été suffisants.
L'ancien Drago l'aurait défié du regard jusqu'à ce qu'elle abdique de lassitude, juste pour se sentir fort.
Le nouveau Drago se contenta de baisser les yeux et d'avancer.
Il était plus simple de se faire oublier.
