NdlA: Le style et le schéma narratif pourraient vous sembler un peu légers par rapport aux autres histoires en français.

.

.

Le Visage du Masque

.

Il avait grandi chez les Kokiris, le garçon de son rêve, il l'avait rencontrée dans la cour de son palais.

Il s'appelait Link, et il était resté en ville, chez un marchand de bibelots, juste pour elle. Pour lui tenir compagnie. C'était un ami souriant, un garçon très gentil. Même quand, parfois, sans vraiment comprendre pourquoi, regarder dans ses grand yeux sérieux était pour Zelda presque douloureux.

Et puis il était parti. Pour retrouver des êtres chers et un ami inestimable, avait-il dit.

C'était bien plus tard qu'elle avait appris comment il avait porté secours au fils du chef Goron ou comment il avait sauvé la princesse Zora.

Et depuis tout cela, sept ans déjà. Il devait avoir beaucoup grandi à présent...

Elle avait peut-être un peu sublimé sa bravoure ou sa gentillesse, mais de toute façon, les souvenirs idyllique d'une amitié d'enfance avaient surtout servi à supporter les interminables journées de travail passées en robes de bal entre les hauts murs du palais aux échos de métronome.

Puis, un jour, le roi des Gerudos était revenu à la cour, avec, un discours similaire à celui que Link avait jadis prédit.

Zelda avait alors tenté de mettre son père en garde contre les manigances de ce sorcier. Mais le roi d'Hyrule n'était ni le plus...patient des rois, ni le les plus chaleureux des pères. L'avertir d'un scénario catastrophe raconté par un Kokiri ne fut pas vraiment très utile.

Pourtant, le plan que la Princesse avait fini par former avec Impa avait été assez simple.

Il avait suffit de le provoquer correctement, et avec un peu de patience, avec beaucoup de contexte, le grand Gérudo avait fini par se dévoiler. Et banni du royaume pour avoir menacé la princesse héritière, le dernier regard du seigneur Ganondorf s'était imprimée dans ses rétines, et le bruit de ses bottes contre les dalles de la salle du trône avaient découpé le silence en longues secondes interminables.

Étourdi dans son prestige, son père n'avait rien vu venir. En y réfléchissant, l'assassinat avait été assez propre. Dans la chambre de son propre palais, le vieux monarque avait rencontré une mort simple et rapide. Lorsque le linceul royal paru sur la place de la ville, tout le peuple trouva au défunt roi des qualités que personne n'avaient jamais évoquées en quarante années de règne.

Alors devant la dépouille poignardée et un peuple crédule, à l'aide de quelques nobles, Ganondorf revint, et fit accuser la Princesse héritière. En faisant circuler quelques rubis et quelques menaces, absolument toute la cour avait fini par convenir sur l'identité du meurtrier.

Le Gérudo n'eut pas grand chose à faire. Le peuple troublé, il n'eut qu'à évoquer le danger d'une guerre civile, l'avantage d'une alliance militaire avec le peuple du désert, et la fin des raids pour se trouver assis sur le trône royal.

Pour ce qu'Impa en avait entendu, la première décision qu'il avait prise avait été d'offrir une récompense pour la tête de la Princesse parricide.

"Si elle s'était enfuie, c'est qu'elle avait bien quelque chose à se reprocher."

Et au rythme de ses pas dans la forêt sombre, au travers du fog de honte que lui donnait sa fuit, Zelda entendait encore le dernier râle de son père tandis que les sabots du palefroi royal martelaient le pont levis.

Ƹ̵̡Ӝ̵̨Ʒ

Impa l'avait emmenée à l'abri dans le temple de son peuple. Et elle lui avait tout dit : Plus de famille. Plus de royaume.

Il lui avait fallu perdre son visage, son sexe, son titre..presque son identifié, et encore plus vite, son deuil. Elles n'avaient "pas le temps pour ça".

Impa l'avait entraînée selon les us du peuple de l'ombre. Ainsi, un an passa. Durant un année, elle apprit, cachée, étouffée par les bandages d'un nom d'abord étranger qu'elle fit peu à peu sien.

L'espace d'un an, Sheik s'était mue dans les ombres des ruines du Royaume.

Le Ranch était en ruine, une triste aura entourait le château, et elle semblait pousser les Hyliens à s'entretuer, et à maudire leurs enfants pour un peu de lait et de pain. Dans le bourg et le village, tout le jour on n'entendait que plaintes et malédictions, contre Nayru et contre la défunte Famille Royale.

Parfois, Sheik ne savait plus quoi penser et il arrivait qu'elle en oublie la compassion.

Lorsque Zelda avait cru achevé son entraînement, renonçant à une grande part de sa féminité pour le nom d'un Sheikah, Impa la conduisit jusqu'aux Bois Perdus et lui demanda de quitter Hyrule pour toujours.

Elle refusa, bien sûr.

D'une part, parce que les restes squelettiques animés par le désespoir et la cupidité du grand nombre d'Hyliens qui s'étaient mis à traquer la tête de la Princesse hantaient désormais dans ces bois.

Et Impa ne pourrait pas l'aider à les traverser. Impa était la dernière véritable gardienne de l'héritage des Sheikahs avait pour devoir de garder la créature scellée dans leur temple ancestral, après tout.

D'ailleurs, Sheik elle-même n'appartenait déjà plus au peuple qui maudissait à présent sa lignée. Sheik n'était plus princesse, elle n'aurait jamais de couronne ; la personne qu'ils recherchaient, ce n'était plus elle depuis longtemps.

"Je ne te demande pas ton avis, Sheik," Impa lui avait alors retourné en lui plaçant une amulette dans la main. "Si tu es un sheikah, souviens toi que je suis ton chef. Tu vas partir. Et tu ne devra jamais revenir."

"Trouve le garçon de la forêt, avait-elle suggéré. Il a été de bon conseil. Peut-être saura-t-il nous aider..."

Tout en lui offrant ce dernier placébo avec quelque tristesse, tandis qu'ils marchaient sous les Bois Perdus, Impa se fondit dans les ombres pour l'éconduire.

Sheik eut beau se retourner de tous cotés et faire appel aux nouveaux sens que son mentor lui avait appris à développer, elle ne retrouva ni Impa, ni le chemin d'Hyrule.

Avec Link, peut-être pourraient-ils chasser l'usurpateur...

Quelle autre raison de se battre lui restait-il?

Ni les fins kunai aligné à ses cuisses ni le fouet à sa hanche ou la fiole de curare pour enduire des fléchés rudimentaires ne lui serait d'utilité sans volonté.

Elle avait besoin d'une ancre. Elle décida d'y croire.

Avec l'interdit de quitter l'habit des sheikahs aussi bien gravée dans son esprit que dans sa peau, Sheik serra le masque bleu qui l'habillait et marcha.

Là où il y avait des arbres il y avait des chemins, et le danger pouvait aussi venir d'en haut dans une forêt. Alors elle marcha en levant aussi les yeux vers les branchages, l'implacable lumière du jour l'éblouissant par intermittence au travers du tamis de feuillages.

Lorsqu'elle vit les formes filiformes de créatures enchantées, opalines et infimes, qui semblaient voleter dans l'air, sous ses yeux, elle sentit sa respiration s'accélérer et ferma un instant les yeux et serra fort le talisman toujours dans sa main.

Il y avait une légende dans ces bois.

Il existait un chant, pour Enfants Perdus, les petites créatures qui n'étaient pas des Kokiris et qui égaraient les adultes. On les disait des enfants autrefois, avait qu'ils se fîssent sculpter des masques pour survivre sous les Bois Enchantés. Cétait une distante complainte, juste une mélodie...

Kiddies bold, kiddies nuts,
Child of lost fairytales,
Give your face, your sorrow,
Face the Forest of shadows!

Kiddies bold, kiddies nuts,
Child of lost fairytales,
Close your eyes, at morrow,
Ol' Deep Forest all swallows!

Il ne fallut pas plus de trois pas pour que le sol se dérobe sous elle.

Ƹ̵̡Ӝ̵̨Ʒ

Sheik se réveilla au son d'une machinerie à la cadence inexorable ; le tic-tac d'une horloge qui vibrait jusque dans ces os.

Mais ça n'était pas le Temple de l'Esprit. Non.

C'était un lieu humide ; exiguë et vaste, sans la moindre âme à la ronde.

Elle se releva distraitement, l'instinct la poussant plus avant. Elle n'avait aucune idée de là où elle allait, ni même s'il y avait quelque chose au delà de la construction dans la quelle elle évoluait, mais ne pas avancer c'était déjà mourir.

Elle ferait honneur à Impa.

.


NdlA: Bien que cette histoire ne soit pas abandonnée, sachez que son avancée sera...extrêmement lente. J'ai trop de textes en cours, des obligations de santé m'on rattrapée et je ne sais plus trop ou donner de la tête. Mais ce scénario me tient à coeur, donc une fois mon livre actuel de High Fantasy terminé (25 000 mots sur environ 35 000 pour l'instant), si je suis sure qu'il y a des lecteurs qui trouvent que cela vaut le coup d'attendre, je reprendrai cette romance.

Don oui, c'est un peu un hiatus. Pourquoi je l'ai postée ainsi ? À cause de l'espoir de peut-être voir ma motivation ravivée par vos commentaires. De sorte à lui écrire "juste" un chapitre de plus, et encore, et après ; jusqu'à enfin, peut-être la compéter, plutôt que de la laisser dormir indéfiniment au fond d'un disque dur. Il faut dire que j'ai déjà entièrement développé le plan et je crois toujours qu'il est assez intéressant.

J'ai été inspirée d'une fanfiction ancienne qui semble avoir depuis lors été retirée du web. La façon dont la Divinité...enfin...le Magicien d'Acier avait été écrit par l'auteur m'avait parue si astucieuse et juste qu'il me fallut absolument développer son histoire en une sorte d'odyssée romantique pleine d'ego, de mystère et de feu. :)