Résumé :Les apprentissages de la vie n'ont aucune valeur si on ne les acquiert pas par la souffrance.

Elle forme notre arsenal et nous forge des remparts infrangibles.

Il arrive parfois que la force de notre esprit soit si tranchante qu'elle pourrait scinder le fer. Notre volonté est notre seule arme face à l'existence, véritable sacerdoce et théâtre des pires crimes.

Cependant, que les balles soient de sucres ou d'aciers, elles blessent.

Bien le bonjour cher(s)/chère(s) lecteur(s)/lectrice(s). Cette rubrique contiendra une petite panoplie d'One-shot et drabble que j'ajouterai selon mon bon vouloir et mes états d'âmes. Trois fictions sont préalablement écrites et je tenterai de les poster à intervalles réguliers. Autrement, je ne peux rien vous promettre quant au rythme de parution des futures histoires potentielles (désolée mais l'inspiration vient inopinément et je ne veux pas écrire quelque chose dont le simple objectif est d'être poster pour combler une quelconque attente). Sinon, merci à ceux qui liront, laisserons une petite trace de leur passages dans les commentaires. A bientôt

Disclaimer : Les personnages, tout comme l'univers ne sont pas ma propriété. Inutile de préciser à qui on doit ce superbe travail. Allez, si, pour le fun : HIROMU ARAKAWA !

Characters : Edward Elric, Roy Mustang.

Comme un homme

La neige s'amoncelait dans les rues ternes de Central, entraînant dans une chute infernale les rares passants suffisamment courageux pour affronter le froid saisissant. L'hiver avait posé sur Amestris son fin manteau blanc, couverture immaculée déposée sur la végétation endormie pour conserver cette dernière intacte jusqu'à l'équinoxe suivant. Seulement, ce nouveau temps contrastant totalement avec la noirceur de l'habituelle capitale, profitait à certains. Qui ? Les enfants, voyons ! Tandis que d'autres se débattaient dans la poudreuse mouvante qui les engloutissait à l'instar de la vase. C'était le cas de môssieur Elric, haut comme trois pommes et lui aussi sous le joug de l'impétueuse jeunesse florissante. Et voilà un jeunot qui ne regardait pas les flocons avec des yeux brillants comme des diamants sertis, émerveillés. Oh que non ! Au contraire, il faisait partie de cette catégorie de gens pestant contre l'instabilité des plaques de verglas, innombrables dans l'artère principale.

Pour la troisième fois son pied ripa. Pour la troisième fois il tomba en arrière. Et quand pour la troisième fois, justement, il dût se rattraper au tronc d'un grand lampadaire, l'alchimiste donna un coup rageur dans la légère flaque gelée, imperceptible mais réelle et perfide. Protestation douloureuse de ses orteils qui essayaient d'échapper à l'inondation de ses chaussures suite au bris de la glace, lui-même causé par un coup trop frénétique du jeune. Nouveau juron –jurons qu'il avait cessé de compter à partir de dix- au contact de l'eau sous son pied de chair. Redémarrage en claudiquant gauchement, la rafale aqueuse ayant enraillé les circuits de sa jambe mécanique. Direction le QG.

Le-Petit-Militaire-Blond-Impotent observa la grande avenue comme si c'était un champ de mines. Un tweester géant mais ô combien dangereux si on ne mettait pas le pied ou il fallait. Ainsi, il sonda l'interminable route qui le séparait de son but. Un véritable parcours du combattant. Prenant son courage à deux mains, l'une de chair, l'une de fer, Edward avança d'un pas prudent dans le grand boulevard. Mer de glace ayant dévoré bien trop de naufragés égarés tels que lui.

Les maintes chutes, les longues minutes de boiterie et le froid ne suffirent pas à dissuader le Fullmetal de réaliser son unique préoccupation du moment et ce fut avec un soulagement apparent qu'il se réfugia dans le hall vide et plus chaleureux de son lieu de travail. Si on lui avait dit un jour qu'il aurait autant de plaisir à rentrer au QG, sa gorge aurait déployé un rire encore jamais entendu depuis des années. Trempé et avançant lentement à cause de sa patte folle, il s'introduisit dans le bureau de son supérieur hiérarchique.

Lassé, le Colonel Mustang –qu'il était fier d'être appelé ainsi !- le scruta de ses yeux onyx. Sans s'incommoder de la tâche difficile qu'était de frapper à la porte, Ed était rentré en trombe, pestiférant contre tout ce qui bougeait. De plus, avare de politesse, il avait rejoint le bureau du plus âgé pour lui jeter une enveloppe humide au visage.

Toquer à la porte te serait trop demandé ? Soupira l'aîné.

Toquer à la porte d'un mort, vous avez déjà vu ça ? Vu l'heure je pensais que vous étiez en train de vous brosser les dents mais je vois que vous vous êtes levé tôt, railla le blondinet au tac au tac.

Bref, grommela Mustang.

Oui, comme vous le dîtes si bien, « bref », pour une fois je vais en votre sens, voici mon rapport. Merci. Au revoir.

Avant de tourner les talons, Edward désigna l'enveloppe souillée. Un bruit de déchirure se fit entendre et Roy eût toute la surprise du monde en trouvant une cinquantaine de feuilles vierges si ce n'étaient les petits « RAS » qui polluaient ci et là les fiches incolores.

Tes rapports sont toujours très constructifs Fullmetal ! Au moins on ne s'endort pas dessus, constata l'homme.

Devrai-je donc me présenter la fois suivante –s'il y en a une- en clamant le nombre de morts que j'ai fait ? répliqua placidement ledit Fullmetal sans se retourner.

Roy, le colonel, avait expérimenté un séjour à Ishvaal durant la rébellion de l'Est. Il était vrai que la guerre n'avait rien d'un pique-nique. Les traces laissées sur son passage témoignaient d'une violence sans précédent, si ce n'était le massacre d'Ishaval qui était facilement comparable. La gouverne du nouveau Führer fut baptisée dans le sang, feu d'artifice écarlate où les poussières incandescentes représentaient les vies perdues. Edward Elric en avait fait les frais à son tour, pas plus tard que ce mois-ci, à Lior où la guerre sévissait, toujours plus importante.

En outre, tu viens de me donner la définition d'un « rapport militaire pour belligérants » donc OUI ! lui expliqua le brun doucement comme pour ne pas brusquer la petite bête craintive.

Bête qui sortit les crocs. Il l'apaisa par une question. Est-ce que tout va bien ? Et bien non, rien ne va. C'était ce qu'Ed voulait répondre mais il s'abstint, plus diplomate pour une fois et acquiesça.

Ouais… Ouais ça va. C'est juste… tout ça, souffla-t-il avec douleur en faisant face à son supérieur.

Il déglutit avec difficulté, une vague de réminiscences amères remontant dans sa gorge. Des images de guerre.

Roy avait parfaitement compris à quoi faisait allusion son subordonné et s'autorisa à lui donner quelques conseils avisés, par expérience :

Je ne peux pas te dire d'oublier mais en revanche essaie au moins de passer au-dessus ça.

Et vous alors ? Vous me donnez des leçons mais vous stagnez au même point depuis des années, rétorqua le blondinet le regard mauvais.

Méfiance dans ses grands yeux dorés… le Flamme soupira.

Quand arrêteras-tu de mordre toutes les mains qui te sont tendues ? Pour ma part, ce que j'ai fait à Ishvaal est impardonnable et je me dois de ne pas l'oublier. Par contre, tel que je te connais, je sais que tu n'es responsable de rien, que tu as tenté de restreindre le cercle de tes victimes. Je me trompe ? devina-t-il.

Il s'attendait à ce que le blond baisse la tête, réfute sa dernière question, mais certainement pas à ce que le poing de métal de son vis-à-vis s'abatte sur son bureau, le faisant trembler comme une feuille sur son rameau en automne.

En cet instant, une vague immaitrisable de colère s'emparait de l'insubmersible Edward.

- Vous n'êtes pas en position de me dire ce dont je suis responsable ou non ! Vous n'y était pas, vous ne savez pas ! Si je n'avais pas descendu leur prophète, si je m'en étais tenu à mon objectif, si je n'avais pas joué les héros, jamais cette bataille n'aurait eu lieu.

Sa voix se brisa en mille éclats de vibrations mal maîtrisées, trahissant un sanglot tout aussi mal dissimulé. Sa voix se brisa ainsi que du pot en verre qui avait roulé du desk du Flamme pour s'écraser sans un rebond sur le tapis pourpré du théâtre de leurs joutes verbales. Sa voix se brisa tellement que le blond préféra faire volte-face pour ne pas laisser paraître sa détresse. Celle-ci, cependant, haute et brillante dans le ciel obscur de ses souvenirs, envoyait des signaux d'alerte. Signaux qu'Ed tentait tant bien que mal d'occulter avec une attitude suffisante, un sourire goguenard. Un voile sombre afin de dissimuler l'écrasante vérité. Le Fullmetal voulait à tout prix chasser la pitié peinte sur le visage des autres. Raté. Ce « bâtard de colonel »-comme Ed aimait bien l'appeler- arborait ce même regard peiné comme à chaque fois que son subordonné n'affichait pas son sourire arrogant.

Bien sûr, un Fullmetal sans rictus railleur n'était plus un Fullmetal ! Ben Alors, qu'a-t-il le petit Elric ? Pourquoi ne sourit-il plus ?

« Arrêtez de me traiter comme un enfant que lorsque ça vous arrange », songeait alors ledit « petit Elric ».

Un coup adulte au couteau, un coup jeunot au biberon. Un coup à se pendre, oui !

Trop petit pour qu'on le prenne au sérieux. Alors pourquoi toutes ces responsabilités sur son dos juvénile ?

Trop sérieux pour faire le jeu des grands. Alors pourquoi combattait-il là-bas, sur le front ?

Assez grand pour affronter la vie. Alors pourquoi a-t-il une saveur étrange et peu ragoutante de l'existence.

Trop petit pour être malheureux. Alors pourquoi ses larmes intérieures ne cessaient-elles pas de couler ?

Le Général puissant qui ordonne de sa voix tonitruante :

Tiens Fullmetal –nom bien austère qui ne le définit pas vraiment- va donc au combat, vaillant et fort comme un homme. Comme un HOMME. Tuer ces pauvres gens. Mais –car quand on est enfant il y a toujours un MAIS- Ne touche pas aux armes, tu es trop jeune. Pas touche aux armes –deux fois au cas où le bébé n'aurait pas saisi-. Elles sont tranchantes, elles sont brûlantes et elles blessent.

Et voilà ce qu'il pensait alors : Ah, adultes candides et lésinés, moi, enfant des chemins sinueux, je connais des lames plus tranchantes que vos baïonnettes, des balles qui figent dans les cœurs des cratères brûlants qu'on ne peut panser, des bombes qui écartèlent nos âmes mieux que vos grenades qui écartèlent un corps.

Ces armes, mesdames et messieurs les Doyens de l'Existence, constituent l'arsenal de la vie. Mais les armes de la Vie, elles, ne blessent pas.

Elles tuent.

Alors ? Une suite ?