CHAPITRE 1 : LE JOURNAL

Dans le silence du château plongé dans le sommeil, Teddy alluma sa baguette. Il aurait aimé pouvoir se cacher derrière la cape d'invisibilité de Harry mais celle-ci ne faisait évidemment pas partie de son héritage. En cas de problème, il pouvait toujours tenter de prendre l'apparence d'un professeur mais Teddy, âgé de quatorze ans, avait encore des difficultés à maîtriser ses dons de métamorphomage.

Il avait hérité ça de sa mère. Sa mère qu'il n'avait pas connu. Sa mère dont il avait juste entendu parler. Quant à son père, il ne le connaissait pas plus, juste quelques histoires qu'on avait daigné lui raconter et cette vieille photo qu'il avait vue au square Grimmaurd. La plupart du temps, Teddy gardait une apparence fidèle à cette photo et il avait l'air d'un jeune homme aux cheveux châtains, un peu petit pour son âge. Il avait juste pris soin d'ignorer les cicatrices que son père arborait sur le visage. Il préférait éviter qu'on lui pose des questions.

Teddy jeta un coup d'œil par-dessus son épaule pour s'assurer que personne ne le suivait. Sa grand-mère qui l'élevait à la place de ses parents avait refusé que oncle Harry lui donne la carte du Maraudeur. Pourtant, ce soir, elle lui aurait bien été utile. Ce soir, comme tous les autres soirs d'ailleurs.

Il s'approcha doucement du mur, sur la pointe des pieds et pointa la lumière de sa baguette sur la plaque d'argent. Elle a avait été placée là, dans la grande salle, de manière à ce que tout le monde puisse la voir. Elle recensait les noms de tous ceux qui avaient perdu la vie au cours de la grande bataille de Poudlard. Le regard de Teddy glissa sur les noms qu'il connaissait presque par cœur : Colin Crivey, Fred Weasley… et au milieu, les deux noms qui lui donnaient mal au ventre chaque fois qu'il les voyait : Remus John Lupin, Nymphadora Tonks. L'un après l'autre, comme réunis dans la mort. Qu'ils reposent en paix.

Teddy renifla, refoulant difficilement ses larmes d'amertume. Il aurait aimé les connaître, tous les deux, les serrer dans ses bras, les aimer. La vie ne leur avait pas fait de cadeau. Ils avaient été tués quelques jours seulement après sa naissance.

Des pas résonnèrent dans le grand escalier.

« Nox ! »

L'obscurité s'abattit tout autour du garçon qui plongea tout à coup sous la table des Serdaigle. Il plaça sa main devant sa bouche pour ne pas faire trop de bruit en respirant. Une lumière filtrait tout autour de la porte qu'il avait laissée entrouverte. Teddy se traita d'idiot. Les portes de la grande salle étaient toujours fermées la nuit. Qui que ce soit, celui, ou celle, qui descendait l'escalier allait se rendre compte que quelqu'un se tenait là.

Teddy se mit à ramper sur les genoux, faisant le moins de bruit possible. Il se replia vers la table des professeurs. Là, il pouvait toujours espérer se cacher du côté des sabliers.

La porte s'ouvrit dans un grincement. Teddy entendit son cœur battre dans sa poitrine. Est-ce qu'il pouvait être expulsé juste parce qu'il s'était aventuré dans la grande salle la nuit ? Le professeur McGonagall, la directrice, l'avait plutôt à la bonne mais quand il était question de discipline, Teddy perdait alors toute la protection que son affection lui prodiguait.

Un miaulement déchira l'obscurité. Teddy jura en silence. Rusard ! Le vieillard avait dû le pister ou l'entendre. Sa maudite chatte qui n'en finissait plus de vieillir était venue l'avertir de sa présence.

« Qui est là ? »

La lumière de la lampe de Rusard inonda la pièce. Teddy se prit le pied dans l'un des bancs qui bordait la table. Il y eut un horrible grincement dans son dos suivi du fracas du banc qui se renversait. Il s'immobilisa, soudainement tétanisé. Cette fois-ci, c'était sûr, il allait y passer.

Les pas de Rusard se rapprochèrent. A cause de son grand âge, le concierge ne pouvait plus courir. Teddy avait encore une chance. Il s'extirpa de sous la table et prit ses jambes à son cou.

« Lupin ! »

Loupé ! Il n'avait pas été assez rapide pour changer les traits de son visage. Le vieil homme ne savait plus très bien marcher mais il avait toujours l'acuité visuelle d'un aigle. Teddy ne s'arrêta pas malgré les cris du concierge. Il monta les escaliers quatre à quatre jusqu'à arriver, à bout de souffle, au septième étage devant le portrait de la Grosse Dame. Ses jambes tremblaient et son cœur battait à toute allure. Il prit appui sur la rampe de l'escalier, se demandant un instant s'il n'allait pas s'évanouir. Quelle idée d'avoir mis ce dortoir au septième étage !

« Je vous avais bien dit que vous alliez avoir des problèmes un de ces jours. »

La Grosse Dame avait l'air satisfaite et Teddy devina la suite quelques seconde avant qu'elle ne se produise. Le portrait pivota sans qu'il ait besoin de donner le mot de passe. Là, dans le passage menant à la salle commune, les bras croisés sur la poitrine, se tenait le professeur Rockwell.

« Trois jours d'affilée, Lupin, clama Rockwell de sa voix grave. J'ai laissé passer les deux premières fois parce que vous êtes l'un des seuls de cette école à n'avoir jamais eu une seule heure de retenue en quatre ans. Mais cette fois, c'est trop. »

Incapable de parler à cause de son souffle qu'il ne parvenait pas à récupérer, Teddy se contenta d'ouvrir stupidement la bouche.

« Vous allez m'accompagner jusqu'au bureau du professeur McGonagall. Je ne crois pas qu'elle sera ravie de vous voir à une heure pareille. »

Rockwell sortit sur le palier sous le regard pétillant de joie de la Grosse Dame. Dans l'obscurité, il avait l'air terriblement menaçant. Sa main s'abattit sur l'épaule du garçon et le poussa vers les escaliers. Voilà, il redescendait les sept étages qu'il venait tout juste de monter à toute allure.

Un affreux goût amer lui emplit la bouche. S'ils envoyaient une lettre à sa grand-mère, il allait récolter une belle beuglante. Sans parler des remontrances que lui ferait tante Hermione pour s'être montré aussi peu respectueux du règlement.

Il écoutait avec désespoir les talons de ses souliers claquer sur les marches. Chaque coup lui donnait envie de vomir.

« Professeur, parvint-il à balbutier. Je voulais simplement…

_ Rien ne vous autorise à vous promener dans les couloirs la nuit. Vous entendez ? Rien ! »

Rockwell le poussa en avant et Teddy s'emmêla les pieds. Il parvint de justesse à se rattraper à la rambarde, faillit se tordre la cheville. La soirée s'annonçait plutôt mauvaise.

Ils traversèrent une partie du château, passant de couloir en couloir jusqu'à arriver à la gigantesque gargouille qui gardait l'entrée du bureau de la directrice. Rockwell cracha le mot de passe comme s'il s'agissait d'une insulte :

« Terre d'Ecosse. »

Dans un craquement et un nuage de poussière, la gargouille pivota, dévoilant un escalier qui montait en colimaçon. Teddy n'attendait pas que son directeur de maison le pousse en avant pour entamer l'ascension. Ses jambes tremblaient toujours autant mais il se demandait maintenant si c'était toujours dû à la montée des sept étages jusqu'au portrait de la Grosse Dame.

Ils arrivèrent devant la porte. Rockwell frappa et entra. Il était presque une heure du matin mais le professeur McGonagall ne dormait toujours pas. Elle était assise derrière son bureau, une longue plume d'aigle à la main.

Elle leva les yeux par-dessus les verres de ses lunettes.

« Que se passe-t-il professeur Rockwell ? »

Le directeur des Gryffondor poussa légèrement Teddy en avant.

« J'ai trouvé ce garçon errant dans les couloirs.

_ Je ne errais pas !

_ Silence monsieur Lupin ! clama le professeur McGonagall. Continuez professeur.

_ Ça fait trois jours, ou plutôt trois nuits que je garde un œil sur lui. Il attend que tout le monde soit endormi pour sortir de son dortoir.

_ D'après vos vêtements, vous ne vous êtes même pas couché. »

Teddy baissa les yeux. Il avait conscience d'avoir fauté mais ce n'était pas une raison pour le traiter comme un criminel. Mince ! Il était juste allé voir une plaque !

« Vous avez des explications ?

_ Je voulais être un peu seul pour… (ses yeux s'illuminèrent de larmes). Je voulais me recueillir un peu devant la plaque de la grande salle. Dans la journée, il y a toujours quelqu'un. »

Le visage du professeur McGonagall sembla se détendre et l'espace d'un instant, Teddy se rendit compte à quel point elle était âgée.

« Laissez-nous professeur Rockwell.

_ Professeur ! s'écria ce dernier. Je pense que ce garçon…

_ Je vous ai dit de nous laisser. Immédiatement ! Allons ! Monsieur Lupin est un adolescent de quatorze ans, pas un Mangemort ! Il ne risque pas de me sauter dessus ! »

Apparemment, les rumeurs qui couraient au sujet du professeur Rockwell étaient fondées. On racontait que c'était un ancien auror qui, après la défaite de Lord Voldemort, avait décidé de protéger la jeune génération en devenant leur professeur de défense contre les forces du mal.

Le professeur McGonagall attendit que la porte se referme derrière lui pour remettre sa plume dans son encrier et désigner un siège.

« Asseyez-vous. »

Teddy obéit. Le professeur McGonagall croisa les mains sur son bureau.

« Le règlement est pourtant très clair, Monsieur Lupin. Personne, hormis le personnel de l'école, n'est autorisé à sortir dans les couloirs la nuit. Ce n'est pas pour s'amuser que le professeur Dippet avait créé cette règle mais bien pour la sécurité des élèves.

_ Je comprends, professeur.

_ Et je n'en attendais pas moins de vous.

_ Mais comme je vous l'ai dit, dans la journée, je ne peux pas me recueillir sur la stèle. Tous ceux qui ont été tués au cours de la bataille de Poudlard ont été anonymement enterrés dans le parc. Seule cette plaque permet de savoir qui ils sont. C'est le seul endroit où je peux leur parler. »

Le professeur McGonagall marqua une courte pause. Pour éviter toute dégradation sur les stèles, les Mangemorts et les Résistants avaient été enterrés ensembles, anonymement, dans le parc. Tous des frères. Le temps ayant passé, plus personne n'était capable de dire qui se trouvait où.

« Je voulais juste passer un peu de temps avec mes parents. »

Teddy s'essuya les yeux sur la manche de sa chemise.

« Je n'ai même pas pu les connaître une journée. »

Le professeur McGonagall inspira profondément.

« Comme vous le savez, les vacances de Noël approchent. J'ai eu, cette après-midi même, un entretien avec votre oncle Harry. »

Harry avait promis à Teddy de l'emmener en vacances avec lui cette année. Ils ne partiraient probablement pas très longtemps à cause de James et Lily qui étaient encore trop jeunes pour faire de longs voyages en balais. Mais Teddy se faisait une joie de passer un peu de temps avec son oncle.

« Il y a un changement de programme. Il aurait aimé pouvoir vous l'annoncer lui-même mais il a dû partir précipitamment pour la Roumanie. »

Teddy sentit son souffle se bloquer dans sa poitrine. Une fois de plus, on lui faisait faux-bond.

« J'avais prévu de vous en toucher un mot demain matin mais puisque vous êtes là… »

Le professeur McGonagall se leva de sa chaise en grimaçant. Ces derniers jours, ses articulations lui faisaient un mal de chien. Il serait peut-être temps de songer à passer la main. Depuis la mort de Severus Rogue, son prédécesseur, Poudlard avait été remis correctement en ordre et l'école avait repris un rythme normal et paisible. Elle ramassa sa canne qu'elle avait appuyé contre le bord de son bureau et se dirigea vers la grande armoire où le professeur Dumbledore avait eu coutume d'entasser tout un tas d'objets plus ou moins magiques. La plupart s'y trouvait encore.

Elle ramassa un petit paquet tenu fermé par une ficelle et retourna s'asseoir. Teddy ne la quittait pas des yeux, dévoré par la curiosité.

« Votre oncle n'a pas eu la chance non plus de connaître ses parents. Il était un peu plus âgé que vous lorsque James et Lily ont trouvé la mort mais ce n'est pas pour autant qu'il a plus de souvenirs en leur compagnie. »

Teddy savait déjà tout ça et c'était d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle il s'entendait si bien avec Harry. Tous deux avaient commencé leur vie dans la solitude.

« Il y a quelques années de ça, poursuivit le professeur McGonagall, une ancienne élève est allée à sa rencontre pour lui remettre ceci (elle désigna le paquet). Elle l'avait trouvé dans les décombres de la maison des Potter, quelques heures seulement après leur mort. »

Elle souleva le paquet. Il n'était pas bien épais mais, apparemment, avait une très grande valeur.

« Vous devez comprendre que Nevaeh Rutger et Lily Evans, la mère de votre oncle, ont été très amies au cours de leur scolarité ici. »

Teddy acquiesça bien qu'il ne voyait pas vraiment le rapport avec lui.

« Madame Tomms, puisque c'est maintenant le nom qu'elle porte, a été choquée d'apprendre la mort des Potter. Elle a été l'une des premières à se rendre dans les décombres. C'est ainsi qu'elle a trouvé ceci. »

Le professeur McGonagall tendit le paquet. Teddy s'en empara avec précaution. Il fut surpris par sa légèreté.

« Qu'est-ce que c'est, professeur ?

_ Ouvrez-le donc. Vous verrez par vous-même. »

Teddy défit les ficelles qui maintenaient le paquet fermé. Il batailla un moment avec les nœuds, hésita à les arracher avec les dents mais finit par en venir à bout. Le papier kraft tomba, dévoilant un petit carnet à la couverture rose pâle. Quelqu'un avait tracé à l'encre sur la couverture ces quelques mots : Journal de Lily Evans. C'était de toute évidence une écriture de fille, pleine de boucles et de rondeurs. Une très jolie écriture.

« Nevaeh n'a remis ce carnet à votre oncle Harry que quelques mois seulement après la bataille de Poudlard. Elle-même n'a pas su expliquer pourquoi elle avait mis autant de temps à le lui donner. »

Teddy acquiesça encore. Il ouvrit le carnet et fronça les sourcils. Il ne contenait qu'une dizaine de pages, toutes jaunies par le temps et totalement vierges.

« Votre oncle Harry est venu cette après-midi me donner ce carnet à votre intention.

_ Pourquoi ? Il n'y a rien d'écrit là-dedans. »

Le professeur McGonagall soupira.

« J'ai l'impression d'entendre votre mère, monsieur Lupin. Votre père, lui, aurait étudié la chose et aurait fini par comprendre avant même que je ne lui en donne la solution. »

Teddy fut soufflé par la réponse. C'était la première fois qu'on lui parlait aussi ouvertement de ses parents. Bien entendu, on lui avait relaté certains évènements, on lui avait expliqué comment sa mère avait su convaincre son père de l'aimer malgré le fait qu'il fût un loup-garou. On lui avait également raconté comment tous deux étaient morts pour offrir aux générations futures une vie meilleure. Mais ça s'arrêtait là. Personne ne lui avait jamais dit ce qu'ils aimaient, ce qu'ils étaient, personne ne lui avait jamais parlé de leurs qualités ou même de leurs défauts.

Il baissa les yeux et prit une grande inspiration mais il ne comprenait toujours pas. Le professeur McGonagall finit par venir à son secours.

« C'est un carnet magique, monsieur Lupin. Il vous suffit de tapoter le coin avec votre baguette pour en lire chaque page. »

Teddy tira sa baguette de sa poche et en tapota doucement le coin supérieur gauche. La page se couvrit alors de la même écriture ronde et féminine que sur la couverture. Il lut : « Mardi 1er septembre 1971. Papa et maman m'ont accompagné à la gare de King's Cross… ».

« Votre oncle tient tout particulièrement à ce carnet. »

Et Teddy comprenait pourquoi. Il relatait toutes les pensées, toutes les joies et toutes les peines, jour après jour, de Lily Evans, la mère d'Harry. Il aurait adoré que sa propre mère ait tenu un tel journal.

Mais elle ne l'avait pas fait.

« J'en prendrais soin, assura-t-il. Mais je ne comprends pas pourquoi il me l'a donné. C'est de sa mère qu'il s'agit, pas de la mienne. »

Le professeur McGonagall soupira une fois de plus mais Teddy devina un sourire derrière son visage sévère.

« Vous parlez encore comme votre mère. »

Elle laissa passer quelques secondes de silence. Pour entretenir le suspense peut-être ?

« En 1971 arrivaient à Poudlard une jeune fille et quatre garçons qui se firent appeler les Maraudeurs. Parmi eux, monsieur Lupin, se trouvait votre père. »

Teddy baissa les yeux vers le carnet. Il comprenait maintenant et un petit sourire se mit à flotter sur ses lèvres. McGonagall acquiesça doucement.

« Lily Evans a passé sept ans dans le dortoir voisin de celui de votre père. Elle parle fréquemment de lui avec plus d'assurance et plus de détails que quiconque ne pourra vous en donner. »

Elle se pencha légèrement en avant.

« Elle l'a connu, monsieur Lupin, ils ont été amis. Très amis même. »

Teddy se mordilla la lèvre inférieure pour ne pas éclater en sanglots. Tout à coup, le carnet lui semblait peser une tonne et il n'avait plus qu'une envie, déguerpir jusqu'à son dortoir où il pourrait se cacher sous ses couvertures et entamer la lecture de ce fameux journal.

« Je ne vous retiens pas plus longtemps, monsieur Lupin. Contrairement à ce que pense le professeur Rockwell, je ne punirai pas un élève qui recherche un peu d'intimité. Mais à l'avenir, ne vous aventurez plus la nuit dans les couloirs. »

Elle s'appuya au dossier de son siège.

« Vous pouvez y aller maintenant.

_ Merci professeur. »

Teddy se leva, serrant le journal contre sa poitrine. Sa relique, son trésor. Il n'avait jamais été aussi reconnaissant envers son oncle qu'à cet instant. Il ne l'avait jamais autant aimé non plus.

Il se dirigea vers la porte, tentant du mieux qu'il put de ne pas se mettre à courir.

« Monsieur Lupin. »

Teddy se retourna. Le professeur McGonagall était toujours à la même place.

« Votre mère se trouve dans la deuxième rangée, quatrième tombe en partant de la droite. Votre père est juste à côté d'elle. A sa gauche.

_ Merci professeur.

_ N'oubliez pas de dormir un peu. »

Teddy lui envoya un grand sourire puis s'engouffra dans les escaliers. L'impatience avait effacé toute trace de fatigue. Il retrouva le professeur Rockwell dans le couloir.

« Bonne nuit, professeur. »

Il se mit à courir sans entendre la réponse de l'ancien auror. Il savait qu'il ne l'aimait pas beaucoup simplement parce qu'il avait connu sa mère de son vivant. Il avait travaillé avec elle et ne lui avait jamais pardonné de l'avoir repoussé pour épouser un loup-garou.

Pour la deuxième fois de la soirée, Teddy monta les escaliers quatre à quatre. Les marches défilèrent à toute allure sous ses souliers vernis et lorsqu'il arriva à l'étage, il haletait. La Grosse Dame lui lança un coup d'œil depuis le haut de son cadre.

« Vous venez rechercher vos affaires mon jeune ami ? »

Teddy secoua la tête.

« Non m'dame ! Je vais me coucher. Guirlande de Noël.

_ Au moins, vous n'avez pas oublié le mot de passe. »

Le portrait lui céda le passage et Teddy s'engouffra dans la salle commune où, bien des années plus tôt, son père avait étudié. Il monta l'escalier menant au dortoir et entra sur la pointe des pieds. Ses camarades de classe dormaient profondément. L'un d'eux, d'ailleurs, ronflait bruyamment. Teddy retira ses chaussures pour faire le moins de bruit possible et, en chaussettes, se dirigea vers son lit. Là, il ne prit même pas le temps de se déshabiller. Il plongea sous les couvertures, les rabattit par-dessus sa tête et ouvrit le carnet. Il pointa le bout de sa baguette sur le coin. A nouveau, la page se remplit de la belle écriture de Lily Evans.

Alors, malgré l'heure tardive, Teddy se mit à lire, se plongeant dans l'intimité de celle qui avait, un jour, donné naissance au fameux Harry Potter.