Bonjour à tous !

Voici une nouvelle songfic. Je sais bien que j'ai plein d'autres choses à écrire et continuer, mais je suis tombée hier sur une chanson magnifique qui m'a complètement bouleversée, et qui m'a inspirée pour un OS.

Il s'agira peut-être même d'une série d'OS (chacun centré sur un personnage de HP), si je suis inspirée. Je laisse donc la porte ouverte à mes envies sur cette fic, où le rythme ne sera peut-être pas régulier : je me laisserais là aussi porter par mes coups de cœur, pour les chansons. Je crois que pour aborder un thème comme l'enfance, c'est essentiel de se laisser inspirer par les émotions.

J'ouvre donc le bal avec cet OS (dont je vous laisse découvrir le narrateur vous-même à la lecture), en espérant du fond du cœur que cela vous plaise !

Disclaimer : les personnages sont à J.K. Rowling. La chanson « Jacques a dit » (paroles en gras) est à Christophe Willem (si vous voulez découvrir cette sublime chanson, je vous renvoie sur : http // www . linternaute . com/video/clip/showcase-christophe-willem-jacques-a-dit/ Supprimez tous les espaces dans l'adresse pour y avoir accès).

Rating : K.

Dédicace : ma Younette, je ne pouvais que te dédicacer ce texte, écrit sur une extraordinaire chanson de cette tortue que tu aimes tant : ) Je pense très fort à toi, tu es dans mon cœur à chaque instant. Tu verras dans ce texte, il y a des émotions et sentiments qu'on peut tous ressentir à un moment de sa vie, je crois … Mais je sais maintenant que, grâce à toi, plus jamais je ne pourrais ressentir ça.

Bonne lecture à tous, en espérant que cet OS vous parle …


Jacques a dit

Il fait encore chaud, même si l'été commence déjà à partir. Je le sens, depuis ma chambre. La fenêtre ne ferme plus bien depuis quelques jours, et l'air frais s'y glisse la nuit. L'été s'en va, et moi j'aimerais bien partir avec lui.

J'en ai marre d'ici, d'être enfermé dans cette cage même pas dorée.

Je veux partir.

Je suis un oiseau

Je ne me sens pas à ma place ici. Je suis le vilain petit canard, l'oiseau qui aurait mieux fait de tomber du nid !

Qui est tombé de haut

Et je suis sûr que tout le monde serait ravi que je disparaisse. Si seulement je n'étais pas né, pas ici, pas maintenant … Si seulement je n'existais pas, je suis sûr que tout le monde s'en porterait mieux.

Je traîne ma peine

Je ne les rends pas heureux. Je le sais.

Une larme qui coule

Je ne suis pas heureux. Je me hais !

Et j'aimerais mieux partir, loin, seul … Enfin seul. Enfin libre, peut-être. Je pourrais respirer.

Là, je me sens juste oppressé, j'étouffe … Il faut que j'ouvre la fenêtre, que je respire. J'essaie d'avaler l'air qui s'engouffre alors dans ma chambre, mais c'est comme si tout se bloquait, comme si rien ne voulait passer.

Comme si malgré mes efforts et mes prières, j'aurais toujours du mal à respirer …

J'ai dans la gorge une boule

Quand j'étais tout petit, on me disait que ça allait passer, que si j'avais du mal à respirer, il fallait que je me calme, que je prenne le temps d'inspirer et d'expirer. Alors j'ai essayé, vraiment. Mais si la colère, la frustration, la douleur, j'arrivais bien à les inspirer, je n'ai jamais su rien recracher. J'ai jamais pu expirer.

Dommage.

Comme une pierre qui roule

J'aurais bien aimé qu'on m'apprenne à expirer. Mais si on connaît sa date de fabrication, allez savoir pourquoi, on ne nous donne jamais notre date d'expiration.

C'est juste le hasard qui décidera de cette partie là de l'histoire. C'est comme une grande loterie, la loterie de la vie, disait souvent papa en rigolant …

Perdue l'innocence des jours passés

Mais moi j'ai jamais aimé jouer. J'ai jamais su, jamais eu envie ! Pourtant, seul, je sais parfois m'amuser, mais le plaisir, les rires et l'exaltation ne durent pas longtemps.

Parce qu'au fond, jouer seul, ça n'a pas vraiment d'intérêt.

J'aurais bien aimé jouer avec ceux qui m'entouraient, parfois, pourtant … Mais il faut croire que j'étais le seul à partager ce désir. Et partager quelque chose avec des ombres, des fantômes et des silences, ça rend amer.

Dans la cour de l'école

On m'a fait des promesses, on m'a dit que plus tard, tout changerait. Que j'aurais des amis, que j'apprendrais plein de choses, qui rempliront ma tête et mon temps.

Oui, mais moi je veux juste me remplir le cœur. Pas forcément à ras-bord, j'ai l'habitude des portions réduites. Mais juste un peu, j'y ai droit ? Est-ce qu'une fois j'aurais droit à autre chose qu'aux restes, dites ?

Du bonheur j'en n'ai pas

Je referme la fenêtre, parce que dehors, je vois les autres qui rient, qui connaissent un bonheur auquel je suis étranger, auquel je ne semble pas convié.

On me répète souvent que je devrais sourire plus souvent, qu'il faudrait que je fasse des efforts pour mieux m'intégrer. Et qu'il serait bon que je prenne exemple.

Sur qui ? Sur eux ? Sur ceux qui me bouffent mon espace vital, qui me pompent tous mes rêves, qui marchent plus vite et plus loin que moi …

Y en a que pour Pierre et Paul

Et pour quoi faire ? Même si je rêve, ils auront tout réalisé avant que je ne rouvre les yeux !

Et pour qui ? Même si je tends la main, il n'y a pas assez d'espace dans les bras de notre mère pour que je m'y glisse …

Et comment ? Même si j'essaie, même si je m'applique, même si je m'efforce, je serais toujours le plus petit, celui qui traîne derrière, celui qui arrive après.

Jacques a dit « Cours ! »

Et pourtant, Merlin sait que j'essaye. Je m'entraîne beaucoup, pour être plus brillant que l'aîné, plus fort que le deuxième, plus intelligent que l'autre, plus drôle que les suivants.

Mais je suis juste moi, le petit dernier.

Jacques a dit « Vole ! »

Si vous saviez combien j'ai essayé de débarrasser mon cœur de toutes ces pensées douloureuses, juste pour pouvoir m'alléger assez pour rêver, me laisser emporter par mes songes, mes espoirs.

Mais je reste trop lourd, je reste rivé au sol, à devoir juste regarder le ciel à travers ma fenêtre.

Mais pas le jour où je décolle

Mais quand est-ce que viendra enfin mon tour ! Quand est-ce que j'aurais le droit de participer moi aussi, de m'asseoir à la table des grands ?

Mon corps a grandi trop vite, ces temps-ci, mais je reste toujours derrière. Et tu as beau dire que tu m'aimes, maman, tu as beau dire que je suis ton petit gaillard, papa, je reste le petit, je reste le dernier.

Jacques a dit « Cours ! »

Alors oui, depuis que je peux enfin connaître un autre foyer, d'autres têtes, c'est vrai que j'ai plus d'espace pour courir, de plus grands horizons pour rêver et me projeter. Mais je reste votre fils, je reste votre frère.

Je reste moi.

Et ça, c'est vraiment lourd à porter, parfois …

J'ai besoin d'évasion, j'ai besoin d'aller encore plus loin que là où me porte mon balai, de disparaître plus profondément que sous une cape qui rend invisible !

Jacques a dit « Aime ! »

J'ai besoin de croire qu'il y aura un jour assez de magie dans une paire d'yeux, assez de lumière dans un sourire, pour que quand j'apparaisse, quelqu'un ait envie de tout arrêter pour être avec moi. Je veux juste voir dans le regard d'un autre que je vaux quelque chose.

Je veux croire que je ne suis pas qu'une ombre, une pâle copie, un rejeton de trop, qu'il faut rejeter faute d'avoir un cœur assez vaste pour l'y nicher.

J'ai beau t'aimer, tu pars quand même

Mais je ne vois pas encore ce regard sur moi, je ne sens pas encore ces bras m'entourant …

Il fait encore froid, le soir quand je me couche, dans cet autre lit, dans cette autre chambre, où je ne suis pas moins seul même si d'autres respirations font écho à la mienne quand tombe la nuit.

Jacques a dit « Marche ! »

Et pourtant, tu es là, toi cet ami que je me suis attaché dans ce train faux espoir d'une échappatoire. Tu es là, tu me parles, tu me souries, tu me confies tes peines et tes secrets, tes espoirs et tes craintes. J'en fais autant.

Et c'est bien. Sans doute. Je sais que ça me faut du bien.

Mais toi qui avances vers un avenir tout tracé, n'oublie pas que moi je bataille encore parfois avec mon présent, d'accord ?

Jacques a dit « Rêve ! »

Et tu es là, toi aussi, cette amie qui malgré tes airs hautains et moqueurs marche à mes côtés chaque jour, me suit à chaque instant. Nous sommes toujours ensemble, comme des complices amenés à se soutenir et s'épauler éternellement.

C'est une belle promesse. Et ça fait rêver.

Mais toi qui me regardes souvent avec complicité ou pitié, n'oublie pas que même si mon duvet est encore bien pâle, je suis un homme. Et que je pourrais avoir le cœur qui bat différemment parfois …

Me fait tant marcher que j'en crève

Malgré vous, malgré nous, pourquoi mon cœur encore se serre le soir, se pleure le matin ?

Pourquoi malgré la distance, malgré les opportunités, malgré tout ce bonheur que vous m'apportez et que je reçois, je ne suis pas heureux !

Jacques a dit certes je te pardonne

Est-ce qu'il y a des plaies qui ne se referment pas ?

Est-ce qu'il y a des cauchemars qui ne disparaissent pas ?

Est-ce qu'il y a des espoirs qui ne restent qu'illusoires !

Jacques est un rêve, pas un homme

Sans doute est-ce moi qui n'y croit pas, qui n'y croit plus … Qui n'y ait peut-être jamais cru.

Ai-je un jour vraiment réussi à rêver assez pour arriver à respirer sans suffoquer ?

Ai-je un jour eu l'insouciance de l'enfance gravée dans le cœur ? Assez longtemps pour m'évader de ma vie quelques secondes ?

Reste

Une mélancolie cachée

Sous un manteau de pluie


Qui traîne encore

Et certains soirs de froid, d'automne glacé, je reste là, près de la fenêtre, qui elle ne laisse pas passer le vent. Je reste là, à attendre je ne sais quoi, à chercher je ne sais qui …

Depuis quelques années, je crois que j'ai compris : mes frères ne sont pas forcément mieux lotis que moi, eux aussi étaient de tendres essais qui préparaient la venue de la petite dernière, qui ne sera jamais à la traîne, elle …

C'est vrai. Mais eux s'en sont mieux sortis, eux ont reçus les armes pour se battre. Moi je cherche encore la fierté dans les prunelles de mes parents, l'admiration dans les yeux de mes aînés, l'envie dans le regard de mes camarades.

Je ne sens plus de vent dans mes voiles

Dis-moi à quoi me sert mon étoile

Si je perds le Nord

Mais soit je cherche mal, soit il n'y a rien à trouver, dans cette vaine quête : je ne vois jamais ce que je veux dans les regards qui se posent sur moi.

Et je te vois, toi, mon meilleur ami, qui brille sous des éclats dont tu ne rêves pas !

Et je te devine, toi, ma belle, qui agace parce qu'on te sait douée, brillante …

Mais moi ?

Mes îles, je les ai méritées

Moi, je suis doué aux échecs et je sais amuser la galerie, non ?

Mes ailes, je les ai pas volées

Moi, je sais quand même me débrouiller sur un balai, non ?

J'ai tout fait comme tu m'as dit

Tout ça, ce sont des efforts que je fais, avec un acharnement et une application que je ne devrais même plus avoir … Tout ça, je le fais pour qu'on me regarde, mais pas comme le petit dernier, non ! Je vaux bien quelque chose, non ?

J'essaie, vous savez, vraiment ! Mais alors …

Mais le rêve s'évanouit

Mais alors, pourquoi est-ce que je ne brille pas dans vos regards ? Pourquoi est-ce que ce n'est pas souvent de la tendresse que je reçois de votre part ?

Jacques a dit « Cours ! »

Et pourtant, je suis là, je me bats, j'affronte les mêmes démons et les mêmes dangers que les autres ! Je fais aussi en sorte que demain soit, même si moi je ne m'y vois pas !

Jacques a dit « Vole ! »

Et pourtant je suis là, je me démène, je me déchaîne, je fais de mon mieux pour rêver, et rendre vrai ce que je ne prenais pour d'inutiles espoirs …

Mais pas le jour où je décolle

Mais comme quand j'étais petit, je ne me bats que contre du vent, je ne récolte que du silence et de la distance.

Jacques a dit « Cours ! »

Alors oui, certains jours, je cours moins vite, je marche derrière. Mais je saurais toujours sourire pour dire que c'est juste de la fatigue, qu'il ne faut pas s'inquiéter.

Et personne ne s'inquiète.

Jacques a dit « Aime ! »

Et c'est vrai, souvent, je retiens mes gestes et mes mots, je ne suis pas toujours expansif quand il s'agit d'ouvrir mon cœur. On croira que c'est de la timidité, ou de l'égoïsme.

D'accord.

J'ai beau t'aimer tu pars quand même

D'accord, si c'est ce que vous préférez croire, entendre et voir. Moi, je ne suis plus très exigeant avec le temps, et je n'ai pas de rancune.

Pour en avoir, il aurait fallu que j'ai des rêves, et qu'on les déçoive.

Jacques a dit « Marche ! »

Mais ce n'est pas grave, vraiment. Je vais rester encore un moment, là, près de la fenêtre, si vous le voulez bien. Oui, vous n'avez qu'à sortir jouer dehors, il fait beau. Ce serait dommage de ne pas en profiter, n'est-ce pas ?

Jacques a dit « Rêve ! »

Non, non, voyons, je n'ai pas de coup de blues ! Ne suis-je pas le rigolo, celui qui est toujours content ! Ben oui, tu vois, j'ai la pêche. Comme toujours, non ?

Me fait tant marcher que j'en crève

Oui, je vous regarderais jouer depuis la fenêtre … Et ça sera un peu comme si j'étais avec vous. Un peu comme si on avait joué ensemble, comme si on avait fait ça depuis toujours.

Et puis, s'il fait trop froid, je refermerais la fenêtre.

Jacques a dit certes des tas de choses

Oui, je la refermerais.

Mais sur la vie pas toutes roses

Ce n'est pas grave.

Jacques ne dit pas tout

Je me rappelle, petit, ce jeu que mes frères avaient tenté de m'apprendre … Parce que les parents leur avaient dit de me faire participé un peu.

Ils avaient accepté. Avaient-ils vraiment le choix ?

Ils avaient tenté de m'enseigner les règles du jeu. Mais je m'étais montré buté.

Ils avaient renoncé, et m'avaient laissé repartir jouer dans mon coin. Qui n'en aurait pas fait autant ?

Jacques ne dit mot

Mais, resté seul, derrière ma fenêtre, je les avais regardé jouer. J'avais appris en silence comment on jouait à ce jeu.

Jacques ne sait pas ce qu'on vit

J'avais essayé d'y jouer, moi aussi, dans le silence de ma chambre.

Mais ce n'était pas un jeu où on joue seul. Comme beaucoup de jeux …

Jacques ne sait pas que c'est tout gris

Alors, je suis resté, planté là, à répéter à voix basse ces quelques mots, comme une ritournelle, comme une formule magique, en essayant d'y croire très fort.

Priant pour qu'un jour ça se réalise.

Jacques ne dit mot

Et puis, quand la petite dernière est venue, quand elle aussi a pris la place, ma place, j'ai voulu y croire un peu, quand même.

Moi, je lui ai appris ce jeu. Avant tous les autres. Elle a aimé, je crois. Elle a ri, elle m'a pris dans ses bras, pour me remercier.

Jacques ne sait rien de la vie, la vie, c'est tout gris

C'est longtemps resté notre jeu préféré, même si on n'y jouait pas souvent. Parce que je ne sais pas rester longtemps avec les autres, et qu'elle a grandi, vite. Elle n'a plus eu besoin de moi, un jour.

Malgré tout, parfois, je continue à répéter cette petite phrase. Peut-être est-elle magique, puisqu'elle a marché avec elle, la petite dernière qui m'a prouvé qu'être petit n'empêche pas tout.

Alors, parfois, oui, je me répète cette phrase, comme une formule magique …

« Jacques a dit, tu n'es pas seul ».