Le bruit des sabots des chevaux foulant la terre. L'écoulement d'une rivière. Le froissement des feuilles, secouées par le vent. Le chant des oiseaux.

Bercée par cette mélodie, Ysa ouvrit difficilement les yeux. Le soleil l'aveugla, se reflétant dans l'eau et dans la neige qui l'entouraient. Elle était assise dans une calèche en bois clair, conduite par un homme en armure argentée. Il portait d'ailleurs la même que les quatre autres personnes qui l'accompagnait.

- Oh, vous êtes réveillée, Mademoiselle, remarqua le conducteur.

- Oui, acquiesça-t-elle. Sommes-nous bientôt arrivés à Helgen ?

Elle leva les yeux. Elle fut soudainement frappée par la beauté du paysage qui les entouraient de magnifiques montagnes blanches, sur lesquelles de temps à autres on arrivait à distinguer des chamois courant dans la neige de printemps. À leurs pieds, des arbres aux innombrables couleurs et formes de feuilles qui dominaient des prairies qui commençaient tout juste à retrouver leur couleur après un hiver particulièrement froid dans ce pays déjà glacé.

Ysa se redressa, se penchant au bord de la voiture et laissa le bout de ses doigts frôler la surface de l'eau qui coulait paisiblement près d'eux.

- C'est splendide, s'émerveilla-t-elle.

Helgen apparut à l'horizon.

La calèche avançait lentement sur les pavés de la ville dont ils venaient de franchir les portes quelques habitants étaient à leur fenêtres, les passants s'arrêtaient, les enfants couraient près des chevaux. Tous avaient le regard fixé sur eux. Ysa entendis un enfant demander à son père qui ils étaient, pourquoi ils se trouvaient là, ce qu'ils allaient faire ici. Son père lui saisit le bras et rentra à l'intérieur de sa maison, où il tira les rideaux des fenêtres.

Deux hommes aidèrent Ysa à descendre de voiture. Elle sautilla jusqu'aux chevaux qui la tirait et leur caressa l'encolure. Elle frissonna. Ysa n'était pas acclimatée à un endroit aussi froid. Elle qui vivait à Lenclume avec sa mère, l'épouse du Roi, qui avait refusé de quitter le pays, était plus habituée à un climat aride et chaud qu'hivernal. Elle remarqua soudain les deux autres voitures et les personnes en tenue en jute encadrées par des hommes en armures. Ysa eut sincèrement froid pour eux. Elle trottina vers un des soldats :

- Que font ces gens ? Pourquoi sont-ils habillés comme cela ? Il faut leur donner un manteau !

Le soldat la dévisagea un moment, semblant chercher si elle était réellement sérieuse. Il éclata d'un rire tonitruant et désigna le groupe de gens grelottants avec un sourire en coin :

- Ne vous inquiétez pas pour eux, Mademoiselle. Ils auront bientôt très chaud, je vous l'assure.

- Que voulez-vous dire ?

- Ce sont des prisonniers. Ils ont été amenés ici pour se faire exécuter.

Ysa n'en crut pas ses oreilles. Elle ne pensait pas que son père la ferait assister à un tel spectacle. Il lui avait bien dit que quelque chose de « spécial » se passerait à Helgen le jour de son arrivée, mais elle était loin d'imaginer ça.

Ysa parcourut les prisonniers du regard, mais ce dernier fut attiré par l'un d'entre eux qui restait le plus possible à l'écart du groupe.

C'était un jeune homme, visiblement à peu près du même âge qu'Ysa. Il avait la peau très bronzée couverte de terre et de blessures peu profondes. Ses cheveux noirs en bataille contrastaient avec son air étrangement calme.

Son regard croisa celui d'Ysa.