J'ai enfin trouvé le chemin de la fanbase d'Aventures... Plus ou moins. Je migre depuis Fictionpress, bonjour !

Par rapport à beaucoup d'autres textes que j'ai pu lire, c'est... meh. Mais j'ai bien aimé l'écrire, on va dire que c'est suffisant.

Vaguement basé sur Aventures #5 et #6. Ne vous étouffez pas sur la guimauve, je m'en voudrais. Fluff, fluff et plus de fluff, Shin/Balthazar


Les cris qui menèrent la compagnie au bout du chemin n'avaient rien d'humain. Ils étaient monstrueux, aigu à en percer les tympans, et Théo fut instantanément persuadé que si les cauchemars avaient une forme ils feraient exactement ce son.

Grunlek s'avança précautionneusement, ignorant les cadavres lupins ensanglantés. Le loup, à côté de lui, émit un grognement pathétique à la vue de ce que le nain supposa être ses camarades. Il pressa sa manche contre son nez, grimaçant à l'odeur désagréable qui semblait l'entourer. C'était une odeur acide, qui laissait un goût âcre sur sa langue, et il lança un regard méfiant dans la direction des flaques verdâtre et gluantes qui jonchaient l'endroit. Quelque chose puant comme ça ne pouvait pas être bénéfique, ou même sans danger. Le loup se colla contre sa jambe, le poil hérissé, confortant Grunlek dans l'idée qu'il ne valait mieux pas s'approcher du liquide visqueux.

Le cheval de Théo renâcla, refusant de s'approcher de l'une des flaques alors que son cavalier la regardait, essayant de se souvenir de ce que cela pouvait être. Il ne pensait pas avoir déjà rencontré une telle chose, et craignait de ne pas être une grande aide dans l'identification du liquide. Il se tourna vers le deuxième marcheur, sans porter quand intérêt à Bob qui, le front posé sur l'arrière du crâne de son cheval, récupérait encore de la perte du contrôle de sa partie démoniaque qu'il avait frôlé précédemment. Le mage n'était de toute façon probablement pas disponible pour quoi que ce soit il ne l'était jamais après l'utilisation de son pouvoir particulier. Son ignorance du demi-démon fut courte puisqu'au final, Shin marchait juste à côté de lui, une main sur l'encolure de la monture magique pour la guider alors que son maître somnolait sur son dos. Bob avait reprit connaissance, mais il n'avait pas lâché le cheval pour autant. Théo se dit que s'il n'était pas là, la main de l'archer serait probablement sur la jambe de Bob à la place.

« Hey, Shinddha ? Tu penses que tu pourrais analyser ces… flaques ?

- Non. »

Le paladin haussa les sourcils, surpris de son refus catégorique. Son ami lui lança un regard profondément blasé, le genre de regard qui semblait dire 'je m'attendais à mieux de ta part'.

« Je veux dire, c'est probablement des flaques d'acide. Tu voudrais que j'en fasse quoi, que je les goûte ? »

Grunlek lança distraitement un « Plonge ta main dedans, tu peux pas empirer son état à ce niveau », toujours attentifs à la menace qui, il en était sûr, était proche. Bob, les doigts entremêlés à la crinière de sa monture et le visage plongé dans les poils qui lui chatouillaient les narines, laissa échapper un gloussement, probablement amusé à l'idée de voir son camarade goûter le liquide inconnu… probablement pour s'écrouler la seconde d'après, foudroyé par quelque poison. Il avait toujours eu un humour plutôt noir, et sa fatigue n'arrangeait rien.

Théo leva les yeux au ciel.

« Bien sûr que non mais c'est toi, le plus proche de la nature. Tu dois bien avoir quelque chose dans ta manche pour, je sais pas, distinguer la dangerosité ou la vivacité de ce truc.

- Avec notre chance, c'est des limons des marais, intervint Bob d'une voix un peu plus stable que tout à l'heure.

- Et bien vous m'excuserez mais manquer de perdre ma main une fois m'a suffit, je vais éviter de me jeter tête baissé dans ce genre de choses. Surtout que ça n'a pas l'air particulièrement sain... »

Grunlek, qui leur tournait toujours le dos, leva les bras, impuissant face à l'attitude de ses amis. C'est vrai que la dangerosité des flaques n'était pas du tout flagrante.

Bob, finalement, releva la tête. Il la tourna de manière à voir la substance verte, plissant les yeux pour ramener sa vision à un état naturel et moins flou. L'herbe touchée par l'acide avait noircie et la couleur rapella étrangement quelque chose au mage…

Oh. La blessure de Théo, oui. C'était probablement lié.

Vacillant une seconde sur ses jambes, le temps qu'elles se réhabituent à supporter son propre poids, Bob s'approcha de la flaque et s'agenouilla à une distance respectable pour mieux l'observer. Il creusa dans ce qu'il se souvenait de ses cours académiques ( avant qu'il ne soit bannit de l'école ) et soupira en voyant que non, décidément, ce n'était pas un limon des marais. Ce n'était même pas vivant, en fait. Son soulagement fut de courte durée, disparaissant dès qu'il remarqua les morceaux d'os dispersés dans la masse spongieuse, trop épaisse pour s'infiltrer dans le sol.

« Bon, ce sont des flaques d'acides, mais au moins elle n'essayeront pas activement de nous sauter dessus. »

Soudainement, surprenant tous les membres du groupe, un cri retentit, mélange de détresse et de douleur.

« A l'aide, au secours ! Aidez-moi ! »

Grunlek, qui était le plus avancé du groupe, aperçut un nain lui faisant dos. Il abattit sa hache sur une créature qu'aucun d'eux ne pouvaient voir de leur position et l'ingénieur fit quelques pas rapides en avant, tentant de voir ce contre quoi il se battait.

La réponse était : une araignée géante. A ce niveau de leur voyage, il n'en était même pas surpris. Tout juste moyennement ennuyé, et c'était dire le point qu'avait atteinte son accoutumance aux dangers et ahurissants événements jonchant la route de la compagnie.

L'autre nain balança sa lame de toutes ses forces, entaillant tout juste la carapace aussi épaisse qu'une armure, lançant un coup d'oeil par dessus son épaule vers les autres aventuriers. En représailles, la monstrueuse créature le frappa de sa patte de telle manière qu'il s'écroula au sol. Grunlek la vit lever ses deux pattes avant, prête à les abattre sur sa victime à terre.

Ni une ni deux ( et légèrement paniqué, il fallait l'admettre ), l'ingénieur leva son bras artificiel. Il pointa rapidement le carreau en sortant, visant approximativement la tête de la créature, décidé à empêcher l'empêcher de tuer le guerrier.

Le trait fila à une vitesse presque impossible et vint exploser contre l'armure naturelle de la créature, éparpillant des débris aux alentours mais la distrayant juste assez pour qu'elle plante son ignoble appendice dans la jambe du nain plutôt que dans son ventre.

Théo planta ses talons dans les flancs de son cheval, sortant sa lance alors que sa monture s'élançait vers l'ennemi. Il se pencha sur l'animal, priant mentalement pour ne pas arriver trop tard pour le nain.

Bob eu, malgré son état encore un peu fatigué, un temps de réaction extraordinairement court. Mentalement, il ordonna à sa monture invoquée de s'éloigner du combat afin que, il espérait, il ne prendrait pas ( trop ) de dégâts. Le cheval fut heureux d'obtempérer et alla s'abriter sous un arbre proche. Une fois qu'il fut satisfait de la couverture de l'animal, il s'en retourna au problème du moment.

Le pyromage prit une profonde inspiration et plongea à la recherche de sa mana. Un mot glissa d'entre ses lèvres, incompréhensible pour qui ne manipulait pas la magie comme il le faisait, et des lignes rougeoyantes apparurent sous ses pieds. Elles s'étendirent, traçant un cercle d'invocation au motif compliqué. Quand il se referma, il se mit à briller d'une lumière doré et Bob sentit la chaleur des flammes s'enrouler autour de ses mains. Il ferma les yeux et plaça toute sa concentration dans son feu, faisant confiance aux autres pour le couvrir le temps qu'il fasse en sorte que son sort n'implose pas d'une manière ou d'une autre.

Shin réagit dès que son camarade commença son invocation. Il savait ce dont il avait besoins lors de ses incantations et ce n'était pas d'un observateur, mais plus d'un garde du corps. Après un dernier regard concerné vers l'homme, il disparu.

L'archer, courant de la foulée souple qui le caractérisait, détacha son arc de son dos et le baissa sur le côté de sorte à pouvoir avancer sans trébucher bêtement. Avec une vitesse qu'apportait l'habitude, il analysa la situation. Il devait viser les yeux afin d'espérer avoir le moindre impact sur l'arachnide mutante, mais était trop bas pour le faire sans embrocher le guerrier nain au passage.

Il prit sa décision et lança une prière aux dieux pour que ça marche.

« Grunlek ! »

Le nain, qui après autant d'années à voyager avec les mêmes personnes connaissaient leurs stratégies de combat par cœur, se baissa immédiatement. Il posa les mains au sol et fit le dos rond, prêt à recevoir le poids du demi-élémentaire sans broncher.

D'un mouvement du poignet, Shinddha créa une flèche de glace qu'il encocha immédiatement, la corde tendue et prêt à tirer. Il bondit et appuya son pied droit sur le dos de son camarade ( sur l'un de ses omoplates, là où il son poids ne lui briserait pas une vertèbre ), redressant son arc et le pointant sur la créature. Il fléchit le genou, puis le déplia brusquement ( le craquement de l'articulation, bien que bénigne, le fit mentalement grimacer ) et, emporté par son élan plus que par son appui, il eu l'impression de voler.

Sa trajectoire n'était pas des plus précises, mais elle était suffisante pour le moment. Prenant tout juste le temps de viser sa cible ( n'importe quel œil ferait l'affaire mais l'un des plus gros serait préférable ), il lâcha la corde et atterrit souplement au sol, manquant de se tordre une cheville avec son atterrissage mal préparé. Son camarade paladin lui lança un regard désabusé et il haussa les épaules en réponse.

La créature poussa un nouveau cri suraigu, de rage ou de douleur nul ne pouvait le dire. Elle se redressa, découvrant un dard énorme et luisant de poison.

Les trois aventuriers jurèrent à l'unisson.

Le nain aussi aurait bien juré, si il n'avait pas à présent eu un dard aussi tranchant qu'une épée planté dans le ventre, crachant dans son organisme un venin acide d'un vert malsain. Il poussa un hurlement de souffrance, et Théo frissonna, un mauvais pressentiment s'étendant à l'arrière de son esprit. Il soupira, mais il était un paladin et ne reculerait jamais devant quoi que ce soit pour détruire le mal.

Il brandit sa lance au dessus de sa tête, appelant à lui la force de la foudre. Grunlek lui lança un regard étonné quand il mit sa lance en position d'attaque, puis à mesure qu'il comprenait la stratégie, carrément ébahis et enfin résigné.

Théo voyait, de là où il était, la peau du nain se tordre et se déchirer, et l'image des flaques d'acide lui revint à l'esprit. Il serra les dents et adressa une rapide prière pour l'âme du guerrier. Malheureusement, il n'y avait rien qu'il pouvait faire. Il relança son cheval au galop, la scène s'assombrissant alors que de lourds nuages d'orages envahissaient le ciel. Le tonnerre gronda, grave au point de faire vibrer son armure.

Sa lance s'enfonça dans la poitrine du nain qui recracha tout l'air qu'il avait dans les poumons, pour la dernière fois. Le paladin avait fait attention à viser le cœur, abrégeant ainsi les souffrances de l'inconnu. Il leva sa main gantée, une prière à l'esprit et un cri d'appel aux lèvres.

« TONNERRE ! »

Un éclair zébra le ciel, donnant brièvement à l'araignée des ombres monstrueuses. Un deuxième, celui-cit droit sur lui. La foudre passa dans sa main, parcourant son corps d'un courant familier mais non-moins légèrement douloureux. Une explosion retentit, semblable au claquement d'un fouet, et un frisson traversa le nain qui sembla fondre sous l'effet conjoint de l'acide et de l'électricité. Ses restes, mélange de sang, de chaire et de venin, se répandirent sur le sol et la monture de Théo recula autant qu'il le pouvait avec son cavalier accroché à la menace.

Le courant continua sa course, touchant l'araignée avec la force d'un boulet de canon, et la bête hurla de nouveau, un grincement qui n'avait rien à envier à un ongle sur un tableau d'ardoise. Une odeur de chaire brûlée, mêlée à une plus chimique, commença à se répandre dans l'air. Les convulsions de l'arachnide manquèrent par deux fois de décapiter le guerrier qui fit reculer son cheval. Il préférait perdre sa lance à l'ennemi que sa tête, merci bien. Le tonnerre gronda de nouveau, s'éloignant progressivement, alors que les trop nombreuses pattes s'agitaient désespérément, l'araignée se retournant tant bien que mal.

Bob avait suivit le combat de loin, sortit de sa transe mais concentrée sur la magie sauvage enroulée autour de ses doigts sous la forme de flammes. Théo, devant l'araignée, semblait secoué mais pas gravement blessé, et les deux autres n'avaient pas la moindre égratignure qui n'est pas été là avant le combat. Il suffisait juste qu'il s'écarte et le mage pourrait brûler le monstre jusqu'aux enfers… Un mouvement attira son attention loin de la silhouette de Shin ( qui était décidément aussi agréable à regarder de dos que de face, il fallait lui pardonner sa distraction ).

Une araignée, aussi grosse que celle qu'ils avaient combattus durant la nuit. Non, pas une, deux, trois, quatre, au moins une dizaine de ces monstruosité, avançant sur leurs longues pattes grêles… Prêtes à encercler Grunlek et Shinddha, juste assez éloigné de Théo pour que le temps qu'il mette à se retourner leur soit fatal.

Un cri de détresse à moitié étouffé s'arracha à sa gorge sèche.

« SHIN ! »

xXxXxXx

Habituellement, Bob était un mage, si maladroit, au moins doté d'un sang-froid assez remarquable qui l'empêchait de paniquer en situation de crise. Il en était fier, plus que de ses capacités magiques du moins, et c'était probablement sa plus grande qualité en combat.

Son meilleur ami avait toujours eu cette façon de retourner sa logique, à un point où c'en était même plus amusant.

Le mage, prit dans un mouvement de panique quant à la position de son camarade, jura entre ses dents et lâcha la boule de feu qui s'étendait entre ses mains. Elle fila droite, ce pour quoi il remercia le ciel, et s'écrasa au milieu des araignées, explosant au contact du sol. Les ignobles arachnides ( ainsi que sa monture, mais c'était un moindre prix à payer ) furent plongées dans les flammes. Leurs cris inarticulés et inhumains se perdirent dans le crépitement familier du feu.

Au moins, Grunlek n'aura qu'à y ajouter un peu de beurre et ça devrait nous faire un repas.

Bob souffla sur le bout de ses doigts, légèrement brûlés par son sort. Il rajouta acheter une paire de gants ignifugés à son interminable liste mentale de choses à faire. Puis, brusquement, comme si se rendant tout juste compte de la réussite de son sort, il se mit à rire. Le résultat du stress mêlé à son improbable succès, probablement. Son hilarité, dont l'aspect un peu mégalomaniaque fut souligné par un « Je suis l'meilleur ! » hoqueté entre deux crises, le fit s'incliner vers l'avant, de sorte qu'il ne se rendit pas compte ni du cliquètement de pattes dans son dos, ni du mouvement de l'archer.

Il finit cependant par se relever parce que c'était pas tout, mais il y avait encore des ennemis dans la zone. Ce faisant, il aperçut enfin la flèche pointée dans sa direction et le regard profondément las de son meilleur ami. Un instant, Bob se demanda pourquoi il le visait, plaquant une main sur son torse en lançant un regard interloqué à Shin, avant de se dire que c'était peut être son attitude puérile et limite démoniaque qui pousserait l'un de ses coéquipiers à vouloir lui planter des choses entre les deux yeux.

Au moins, je mourais après avoir réussi quelque chose de grand, se dit-il, les épaules toujours secouées d'un rire hystérique étouffé. Les menaces de morts de la part de ses amis, aussi nombreuses soit-elles, ne s'étaient jusqu'alors jamais terminées par la perte de l'un de ses membres, ou organes vitaux. Il ouvrit dramatiquement les bras…

Et se recroquevilla sur lui-même quand la flèche, frôlant son épaule au passage, se planta dans une araignée en plein bond. La bête, empalée sur une flèche et à demi recouverte de glace, s'écroula au sol sans un cri. Bob, à moitié tourné pour la voir, déglutit. Il était passé à ça de mourir d'une façon stupide et terriblement douloureuse et autant dire que ses nerfs l'avaient sentis passer, celle-là.

Le mage fit volte-face vers Shinddha qui leva son pouce avec un sourire moqueur, articulant silencieusement « De rien ». En réponse, il reçu une boule de feu.

Parce que Bob utilisait des solutions drastiques comme ça.

Il jura quand le projectile explosa à un bon mètre de distance du monstre qu'il visait, insultant mentalement sa chance qui n'avait même pas eu la politesse de durer pendant tout le combat. Sa malédiction des sorts peu concluants le rattrapait, à ce qu'il semblait. Shin se pointa lui même, articulant cette fois « Pourquoi moi ? », mais il fut coupé court par l'arachnide qui lui bondit sur le dos. Il se jeta en avant, les mains sur la tête, en une tentative désespérée d'esquiver l'attaque, mais huit pattes se plantèrent dans sa chaire et il cria, sa voix assez aiguë pour lui faire perdre quelques points d'audition au passage.

A sa gauche, il pouvait entendre Grunlek et son loup batailler contre l'une des araignées. Les crissements et craquements que faisaient le métal du bras du nain lui parvinrent malgré le vacarme du combat et il grimaça, espérant qu'il arriverait à se débarrasser de son adversaire avant que l'adversaire ne se débarrasse de son bras, ce qui serait un problème conséquent. Si seulement il pouvait atteindre le monstre planté dans son dos, il pourrait lui venir à l'aide !

Le sol trembla, de cette façon particulière qui indiquait la chute d'une chose particulièrement lourde. Pris au dépourvu, le demi-élémentaire trébucha, ses doigts manquants de peu leurs cible. Il passa assez près de l'arachnide pour en sentir la surface chitineuse, mais pas assez pour la saisir et l'arracher à son dos. Il supposa, avec cette secousse, que l'araignée géante avait été abattue par Théo. Enfin une bonne nouvelle.

L'araignée planta ses griffes plus profondément, lacérant encore sa peau, et il cria une nouvelle fois. Si elle traversait même le cuir qu'il portait avec ses pattes, il n'imaginait pas son dard. Une vive lumière vint dans sa direction, rougeoyante, et l'araignée disparut avec une intense sensation de chaleur et le souffle caractéristique des traits de feu de Bob. Son corps calciné rebondit au sol, recroquevillé. Libéré de son attaquant, Shin leva le visage vers son ami et lui sourit, reconnaissant, avant de s'écrouler en avant. La dernière chose qu'il vit fut le mage courant dans sa direction, et le ciel se couvrant encore une fois de nuages sombres.

A son réveil, le soleil avait continué sa course et d'après sa position, l'archer put placer l'heure à approximativement une heure de sa perte de conscience. Il se redressa sur ses coudes et regarda autour de lui, inquiet quant à la fin du combat qu'il avait raté.

Il vit en premier Grunlek, penché sur son bras mécanique duquel s'échappait encore un bref arc électrique de temps à autre. Un liquide visqueux, d'une couleur indéterminable, en coulait, et la prothèse était de toute évidence loin d'être en état de marche. Son loup était couché à une distance respectable et fixait le bras comme si il craignait qu'il ne le morde.

A la droite du nain était assit Théo, un pan de tissus ensanglanté dans la main. Il essuyait la lame de son épée en discutant avec l'ingénieur et aucun des deux ne semblaient avoir remarqués son réveil, plongé comme ils l'étaient dans leur tâche. Enfin, il y avait Bob. Le mage faisait les cent pas devant l'une des araignées qu'il avait calciné, marmonnant quelque chose dans sa barbe. Sa robe ondulait derrière lui d'une manière très dramatique, et c'était sûrement l'effet recherché. Shin leva les yeux au ciel et s'assit, ignorant le tiraillement de ses blessures dans son dos. Il passa une main sous son haut, touchant les bandages qui étaient enroulés autour de son torse du bout des doigts, et se tourna vers ses deux camarades les plus proches. Vu la capacité de son meilleur ami à faire des bandages, il n'y avait aucun doute dans le fait que ce soit l'un des deux autres qui s'en étaient occupés.

« Shin ! »

Décidément, il ne semblait dire que ça dernièrement. À cette pensée, l'archer se sentit rougir. Il se racla la gorge, mal à l'aise. Bob s'avança vers lui à grands pas, le visage animé d'un mélange de d'irritation et d'inquiétude.

« Au moins, tu es en vie. C'est déjà ça.

- Mes blessures ne sont pas si graves, tu sais ? »

Le mage se renfrogna et s'assit à côté de lui, les bras croisés.

« Attend, tu t'es évanouis au milieu d'un combat ! J'ai des raisons pour m'inquiéter quand même. »

Shin fit la moue et laissa son regard se perdre aux alentours pour ne pas avoir à regarder son camarade dans les yeux. Ses yeux tombèrent sur l'arachnide qu'il avait transpercé et un sourire étira ses lèvres. Suivant son regard, le mage laissa échapper un soupire amusé.

« Au moins, cette fois, je n'ai pas écopé d'un trou dans ma robe.

- Ça va me poursuivre jusqu'à la mort de l'un de nous deux, pas vrai ?

- Ce tissus coûte cher ! »

Ils purent entendre un « Tss » moqueur de la part de Théo ( à moins que ce ne soit Grunlek ? ). L'ignorant, Bob vint glisser sa main droite dans les cheveux de l'archer, jouant distraitement avec ses mèches. Il était toujours assez tactile avec les autres et, si ça l'étonnait toujours, Shin n'allait pas s'en plaindre. Au lieu de ça, il pencha la tête de sorte à s'appuyer contre la main de son ami et lui lança une œillade curieuse.

« Ça m'a fais paniqué, moi, de te voir t'écrouler comme ça en plein milieu d'un combat avec le dos en sang.

- Je pensais que tu ne paniquais jamais ? »

L'autre fronça les sourcils.

« Tu as la mauvaise habitude de me faire agir de la façon la moins cohérente avec moi-même possible.

- Cette phrase n'est même pas française.

- Bien sûr que si ! »

Et, avant qu'il ne puisse rétorquer quoi que ce soit, le pyromage se rapprocha jusqu'à pouvoir poser ses lèvres sur celle de Shin. Il s'éloigna rapidement, sans oser regarder son ami dans les yeux.

« Ne refais plus jamais ça, murmura-t-il. »

Il fit mine de se lever sur ses mots, prenant la fuite de la façon la moins subtile possible, et Shin sut que si il le laissait partir il n'allait plus arriver à lui parler avant la semaine prochaine au moins. Alors, réagissant avec la rapidité qui le caractérisait, l'archer tira sur sa manche et l'obligea à revenir à son niveau.

« Je vais avoir besoins de toi pour me garder à l'œil, répondit-il sur le même ton. »

Et il l'embrassa.

Grunlek adressa un grand sourire à Théo qui, maugréant, sortit de sa bourse une poignée de pièce et lui tandis.

Il empocha l'argent avec un rire triomphant.

« Je ne dirais qu'un mot : Enfin ! »

Le paladin acquiesça vivement et retourna au nettoyage de sa lame.