Voici le premier d'une série de oneshots... J'ai hâte de savoir ce que vous en pensez, cette scène m'a tourné dans la tête un long moment avant que finalement je trouve les mots pour l'écrire...

Bonne lecture

Lyana

Somewhere... to go

Elle était assise sur le tabouret, les bras pendant le long de son corps, le dos vouté sous le poids énorme du geste qu'elle venait de poser. Les doigts toujours crispés autour de la crosse de l'arme dont elle venait de presser la détente, elle ne pouvait détacher son regard de la forme sans vie étendue devant elle. Elle contemplait la flaque rouge sombre que formait le sang, son sang, ce sang qui les liait toujours même au-delà de sa trahison et qui s'échappait de sa blessure, formant une sombre auréole autour de son visage à l'expression figée par la mort.

Dans son esprit se bousculait les souvenirs de ce qui lui semblait maintenant une époque lointaine et révolue. Le garçon joyeux et espiègle qui les pourchassait elle et sa petite sœur dans le jardin derrière la maison, le grand frère protecteur qui lui avait montré à se défendre, leur première escapade sur sa moto sous l'air réprobateur de leur père, la douceur de sa voix alors qu'il la consolait après la mort de Tali et ces mots, cette promesse de ne jamais la laisser seule qui résonnait sans relâche et qu'elle ne pouvait faire taire.

À travers les sanglots qu'elle tentait d'étouffer, la jeune israélienne continuait tout de même de chanter à voix basse une douce prière. Ne pouvant supporter plus longtemps le vide dans ses yeux sombres elle s'agenouilla près de lui et avec douceur, passa la main sur son visage et rabattit ses paupières. C'est ainsi que la retrouva Gibbs lorsqu'il réapparut quelques instants plus tard, deux tasses fumantes à la main. Ziva David, la froide et distante tueuse du Mossad, était recroquevillée sur le sol, adossée au plan de travail, le visage couvert de larmes et chantant une triste complainte Yiddish.

L'Agent spécial s'approcha doucement, posa les breuvages brûlants sur son établi et se pencha vers elle. Délicatement, il prit l'arme qu'elle tenait toujours fermement et la rangea à sa ceinture avant de la guider avec douceur vers la structure en bois de son bateau. Elle avait interrompu sa mélancolique litanie lorsqu'elle l'avait entendu approcher et lui emboita le pas silencieusement, sans résister. Il la fit asseoir et lui tendit l'une des deux tasse.

« Buvez ça, ça va vous faire du bien, lui dit-il simplement.

- Merci, Agent Gibbs, lui répondit-elle d'un ton plat, tentant de retrouver sa contenance.

Ducky est en route, il sera là d'un moment à l'autre. »

Elle hocha simplement la tête, seule signe qu'elle l'avait entendu et un lourd silence envahit alors la pièce. Gibbs observait la jeune femme à qui il devait la vie et tentait de déchiffrer ce à quoi elle pouvait bien penser. Il réalisait le sacrifice qu'elle venait de faire pour lui, un homme qu'elle connaissait à peine. Il fut sorti de ses pensées pas la jeune femme qui inspira subitement comme si une réalisation terrible venait de la frapper.

« Notre père, il n'acceptera jamais mon geste. Jamais je ne pourrai le regarder en face lorsqu'i saura ce que j'ai fait.

- Vous avez fait la seule chose qu'il y avait à faire. Vous avez une décision à prendre, surement l'une des plus difficiles de votre vie, et vous avez choisi de faire ce qui était juste, malgré le prix à payer.

- Vous ne comprenez pas, pour lui je suis un échec, je l'ai toujours été. Ari était sa plus grande fierté, son fils, celui dont il pouvait être fier. J'aurais du savoir et si j'avais fait mon boulot correctement, j'aurais pu empêcher tout ça. Le Mossad, mon père, le Hamas, lorsqu'ils vont apprendre ce qui c'est passé, je suis fichue.

- J'ai tiré sur Ari, vous avez été témoin de la scène, avez entendu sa confession. Il allait me tirer dessus mais j'ai été plus rapide. Vous n'avez rien pu faire. C'est ce qui s'est passé, lui répondit-il simplement, posant une main réconfortante sur son épaule et plongeant son regard dans les yeux sombres de la jeune femme. »

Dans ces yeux bleu acier, la jeune israélienne y lu une cascade d'émotions diverses, mais elle fut surprise d'y déceler cette confiance qu'elle avait elle-même tant de mal à accorder au gens et une once de fierté, fierté qu'elle aurait tout donné pour voir dans les yeux de son père lorsqu'il la regardait. Sans un mot de plus, il s'éloigna et alla à la rencontre du légiste qui ne tarderait pas à arriver, laissant la jeune femme seule.

Conformément à ses croyances, elle ne quitta pas le chevet du corps de celui qui avait trahis les siens au nom d'une rancœur qui l'avait consumé et détruit, jusqu'à leur retour en Israël. Dans les heures qui suivirent, elle affronta le regard glacial de son père et les murmures inquisiteurs de ses collègues. Elle du tirer quelques ficelles pour que son frère ait un enterrement décent, bien qu'à l'écart du reste de leur famille. Après plusieurs heures passées seule au cimetière, un autre affrontement avec celui qu'elle considérait comme le responsable de tout ce gâchis, elle retourna chez elle et après un coup d'œil à l'horloge, elle attrapa le téléphone. Elle composa le numéro qu'elle connaissait par cœur et lorsqu'elle entendit le déclic à l'autre bout du fil elle lança sans attendre que son interlocutrice prenne la parole :

« Jen, j'ai besoin d'une faveur. »

En effet, assise sur la tombe de son frère, elle avait longuement réfléchit et avait réalisé une chose : elle n'avait plus sa place ici.

Fin