NdA : Me revoilà avec une nouvelle fanfiction. Dédicace à Sédinette Michaelis ! Cette fiction s'inscrit dans l'univers d'Harry Potter et ne contiendra a priori pas de couples autres que ceux établis par JK Rowling.

Je suis consciente que j'ai d'autres fictions sur le feu mais celle-ci m'est venue à l'esprit comme... par magie, et ce qui devait au départ être un OS s'est transformé en histoire de 21 chapitres ! Cette fiction ne sera pas drôle, plutôt dramatique même. Je ne pense pas heurter quiconque, du moins je l'espère. Bonne lecture !


« On apprend lorsqu'on est jeune, et on comprend avec l'âge. » (Marie Von Evner-Eschenbach)


Il les avait tués, mais il était innocent. Aux yeux de la justice moldue, aux yeux du Magenmagot, à ses propres yeux, Tom Jedusor Junior n'était qu'un orphelin malheureux qui venait de découvrir dans la Gazette du Sorcier l'acte meurtrier de son oncle sur des Moldus, des êtres dépourvus de magie, habitant un manoir dans le petit village de Little Hangleton.

Les camarades de Tom – des élèves héritiers de la majorité des grandes familles au sang-pur (des familles ne comportant que des sorciers), ou, plus rarement, des « sang-mêlés » (mélanges de sang sorcier et sang moldu) – avaient porté une attention soutenue à l'affaire sanglante. Les Serpentards avaient en effet été fortement amusés par le quadruple meurtre de Moldus se prétendant nobles et riches, avant d'être intrigués par le nom de l'assassin : Morfin Gaunt.

D'aucuns ignoraient que les Gaunt étaient les uniques descendants du co-créateur de l'école Poudlard, Salazar Serpentard, fondateur de leur Maison. Les Gaunt avaient cependant disparu et, depuis fort longtemps, les familles au sang-pur les considéraient comme éteints, terminant leur triste vie dans la misère et les maux de la consanguinité.

Certains déplorèrent l'incarcération à Azkaban du dernier descendant du grand Salazar, d'autres affirmèrent que, la Chambre des Secrets ayant été ouverte à nouveau, un autre Fourchelangue – capacité de parler aux serpents, don hérité de Serpentard – devait exister. Tous oublièrent cependant le faits divers quelques jours plus tard.

Lors de sa deuxième année, Tom avait découvert l'identité de ses parents, déchantant en réalisant que son père n'était qu'un vulgaire Moldu, détestant de facto son propre nom : lui qui était extraordinaire, descendant d'une prestigieuse lignée de sorciers, se trouvait être affublé d'un prénom banal et d'un nom de famille moldu ! Son père était un être infâme qui avait osé abandonner sa mère, qui même étant sorcière avait été trop faible pour se laisser mourir. Pour lui, tout était limpide, une mère, et a fortiori une sorcière et donc supérieure au reste de l'humanité, ne pouvait mourir en couches si elle aimait véritablement son enfant. Son existence avait dégoûté son père et n'avait pas suscité assez d'amour chez sa mère.

La faute reposait sur eux et uniquement sur eux, c'était logique. Leur faute s'il était orphelin, leur faute s'il n'avait pas eu une vie de famille normale, leur faute si son enfance avait eu un goût d'Enfer et avait hanté ses cauchemars pendant de longues années, leur faute si personne n'avait pu lui expliquer d'où venaient ses pouvoirs et lui certifier que son âme n'était pas possédée par le Démon que la directrice bigote de l'orphelinat craignait, l'amenant de force à l'église.

Sa soif de vengeance envers toutes ces personnes qui l'avaient maltraité et haï s'était développée au fur et à mesure des ans. L'adolescent n'était pas stupide, il savait qu'il prenait les chemins ténébreux des Forces du Mal, mais pour lui ce n'était pas lui le fautif ; plus il sombrait, plus il se convainquait que sa destinée était de montrer au monde entier que ce dernier avait eu tort de le rabaisser et d'ignorer ses talents excellents. Les sorciers au sang-pur le vénèreraient et le craindraient, les Moldus et les Sang-de-bourbes périraient.

Pourtant, malgré cette arrogance et cette suffisance qui le rendaient confiant et agaçaient parfois les autres Serpentards, Tom observait ses camarades et n'était pas ignorant de leur vie de famille. S'il s'intéressait aux familles nobles – il enviait leur fortune, leur quotidien opulent et presque oisif et leur influence dans la société, mais désapprouvait certaines de leurs traditions comme leurs nombreux mariages arrangés – l'héritier de Serpentard ne s'en trouvait pas moins curieux des élèves des autres Maisons, peu importe la pureté de leur sang.

L'insouciance et la débauche de la jeunesse dont ceux-ci étaient les symboles contrastaient avec la noblesse et la rigueur de ton et de maintien des Serpentards au sang-pur, et s'il était fier d'évoluer au milieu de l'élite sociale, il appréciait la détermination des Gryffondors, la loyauté des Poufsouffles ainsi que la soif intarissable de savoir des Serdaigles.

Malgré lui, il se plaisait à s'imaginer lui-même s'échapper de sa solitude, même pour une durée brève, à s'entourer d'amis véritables qui l'apprécieraient, le respecteraient avec sincérité et l'écouteraient sans jugement, avec qui il passerait des heures plaisantes à Pré-au-Lard, buvant des gorgées de bièreaubeurre entre deux rires et des confidences ; et quand les vacances débuteraient, il prendrait le Poudlard Express vers Londres le cœur léger et battant à l'idée de revoir ses parents, qui seraient fiers de leur fils et émerveillés de ses progrès en magie, et l'encourageraient à rester dans le château de Poudlard pour devenir professeur contre les Forces du Mal. Et plus tard, il trouverait une sorcière jolie et intelligente, sang-pur ou sang-mêlée, qui l'aimerait et qu'il aimerait pour toujours, et avec qui il passerait des heures à débattre de la meilleure éducation à donner à leurs enfants. Lui qui ne savait pas ce qu'était l'amour, n'en avait aucune idée de près ou de loin, il restait persuadé qu'un enfant issu de sa propre chair saurait lui apprendre ce qu'était ce sentiment.

Mais Tom Jedusor n'aurait jamais rien de tout cela, et il en était conscient. Alors il se donnait corps et âme à sa seule amante : la haine. Il avait profondément été déçu de la misère dans laquelle son oncle passait sa triste vieillesse, célébrant sa mort future avec son ami Whisky et, récupérant au passage un bijou en guise d'héritage, Tom n'avait eu aucun scrupule à manipuler ses souvenirs pour le faire s'accuser lui-même du meurtre des Jedusor.

Oh ! Qu'il avait savouré leurs expressions d'horreur lorsqu'il avait utilisé le sortilège impardonnable de la mort sur eux ! Très bientôt le monde entier arborerait cette expression en le voyant et tous désespèreraient en entendant son pseudonyme – Lord Voldemort – que personne n'oserait même prononcer !

C'était le 5 septembre 1942, Tom Jedusor était sur ses seize ans. Il débutait sa sixième année à l'école de sorcellerie Poudlard, avait tué son père, ses grands-parents, la domestique, et créé son premier Horcruxe. Pas encore adulte. Déjà meurtrier. Déjà immortel.


« De tous nos actes, seuls ceux que nous accomplissons pour les autres en valent véritablement la peine. » (Lewis Carroll)