Sur le quai, j'observe l'océan au clair de lune en écoutant l'horloge du port sonner trois heures. Je regarde les derniers bateaux partir et je me souviens de toi. Je me souviens de ton visage fin, de tes yeux clairs et de tes cheveux bruns presque rouges qui les cachaient. Cependant, impossible de me rappeler ton nom ni les jours que j'ai passé avec toi. Ils ont été effacés et jetés par l'horrible être que je suis.
-Laisse-moi au moins écouter le son de l'océan, dis-tu en courant vers le quai.
Ta voix, ces mots, ils résonnent tout près et font trembler mes mains. Mes mémoires s'arrêtent là, à notre premier rendez-vous sur le bord de cet océan. Si seulement nous pouvions une fois encore regarder la cité tournant au bleu au lever du soleil, comme une scène de cinéma.
Ne voudrais-tu pas me noyer dans les profondeurs de ce sombre océan? Chaque fois que je retrace mes mémoires, chaque fois que je m'en rappelle, il y a une perçante tristesse, comme le jour où je t'ai abandonnée. Mes mémoires sont coupées là. Devenant plus profondes et plus douloureuses.
Tu n'es pas là… C'est ma faute. C'est la scène d'un cadre monochrome. Une ombre, devant un océan sombre alors que les rayons du soleil n'ont pas encore atteint cette partie du monde.
Cette scène, j'y reviens sans cesse, mais je n'ai pas le courage à nous la faire revivre.
