Il y a un moment que j'ai écrit cet histoire, mais je viens tout juste de la terminer. Et finir une histoire, c'est vraiment pas évident ! L'histoire est un peu longue à démarrer, mais c'est tout ce qu'il y a de plus classique (Link vs Gros méchant etc. lol). Je ne la publie pas au complet, car je veux faire une vérification, les fautes et tout...mais je vais poster les autres chapitres rapidement. Donc, je vous laisse lire et laissez-moi des coms !!
1
Elle sentait une douce onde sur sa peau. Comme si de la chaleur venait d'une petite brise invisible. Cependant, aucun vent ne remuait l'air. Elle ne se souvenait pas d'avoir été aussi bien. Un sentiment de paix l'avait envahi et tout ce qu'elle voulait, c'était de rester ainsi. Tout proche, il y avait un petit cours d'eau dont la mélodie l'étourdissait et l'a rendait encore plus somnolente qu'elle ne l'était déjà.
Tout cela était trop beau, se dit-elle, quelque chose clochait. Une partie de son cerveau se mit à fonctionner à toute allure et un nombre incalculable de questions se formaient dans sa tête.
Quel était cet endroit ? Que faisait-elle ici ?
Elle ouvrit les yeux pour ne voir que du brouillard. Elle clignait des paupières mais tout lui semblait flou et les formes visibles prenaient une teinte de gris au contour indécis. Pourtant, quelque chose lui disait qu'elle aurait dû connaître cet endroit. Le sentiment de sérénité avait disparu, remplacé par une peur insoutenable. Une forte odeur de putréfaction lui donna un haut le cœur et au même moment, le brouillard se leva pour offrir une vue sur un mur de pierre d'un noir d'encre.
Elle sentit quelque chose de froid descendre dans son cou. Se levant d'un bond, elle regarda sa couche de fortune inondée sous l'eau de pluie qui ruisselait par la fenêtre. Combien de temps avait-elle dormi ? Sûrement pas longtemps, songea-t-elle. Au travers de la minuscule fenêtre situé en haut du mur, elle pouvait voir que le soleil n'était pas levé. Le ciel était encore d'un noir d'encre. Une lueur lui parvenait d'une autre petite ouverture aménagée sur la porte. Une torche du couloir. Probablement oubliée car d'habitude la nuit tout est noir. Dans cette prison, la lumière même est un luxe. Dans sa cellule qui faisait deux mètres de long et de large, et environ trois mètres de haut, tout était sombre et lugubre. Une odeur de décomposition lui montait aux narines, mais elle y était habituée. Depuis le temps. La faim la tiraillait à chaque heure de la journée ne lui laissant aucun répit. Et son corps était douloureux. Sa couche faite de paille et son inactivité dans sa cellule semblait gruger ses os. Elle se demandait si un jour elle aurait la chance de courir, simplement pour faire disparaître cet engourdissement incessant.
Un fort gargouillis de son ventre la fit rire d'un air las. Au moins son estomac avait-il encore la force de crier famine. Ils n'avaient rien apporté aujourd'hui. Aucune nourriture, aucune eau. Elle se dirigea vers la fenêtre et se hissant sur le bout des pieds, elle agrippa le petit bol reposant au bord de l'orifice. Elle but lentement quelques gorgées d'eau de pluie. L'eau était froide et un frisson la parcourut. Elle s'emmitoufla dans ses vieux haillons qui était en faite une vieille robe aux courtes manches et ce qui avait du être une petite couverture qu'elle gardait sur ses épaules. Puis prenant une grande respiration, elle sentit soudain l'odeur de putréfaction qui semblait encore plus intense.
Quelqu'un devait être mort dans sa cellule. Elle se dit qu'elle aimerait bien le rejoindre. Une fois mort, tout serait plus facile non ? Elle ne savait pas, mais quelques fois, elle aurait aimé avoir cette chance. Depuis combien de temps était-elle là ? Des mois certains, peut-être même des années. Elle n'était plus sûre de s'en souvenir. Tout est confus avant cette époque. Comme si toute sa mémoire commençait le jour où elle s'était réveillée dans cette prison. Elle ne savait même pas son nom. Peu importe, ce n'était pas ce détail qui la dérangeait le plus. Elle aurait juste aimé sortir d'ici. Qu'elle parte morte ou vivante ne causait pas de problème, mais au moins qu'elle puisse s'enfuir de cette cellule carrée qui n'apporte que le désespoir et l'abandon. Elle pourrait s'échapper dans la forêt, celle dont les hommes parlaient. De sa cellule, elle avait écouté leurs indications pour si rendre avant qu'ils ne se fassent décapiter. Ils en parlaient comme s'ils allaient s'en sortir vivant. Depuis le temps qu'elle y était, elle savait qu'on ne sortait pas vivant de cette geôle. Alors pourquoi pensait-elle à cette stupide forêt qu'elle ne verrait jamais ! Se dit-elle soudain furieuse. Ses mains tremblaient sous ses haillons. Elle n'aurait pas la force pour l'atteindre cette forêt. Elle s'assit sur la pierre froide et humide fixant d'un air absent les gouttelettes qui glissaient tout doucement sur sa couche.
Elle avait dû s'assoupir. Il y avait du remue-ménage à l'extérieur. C'était encore la nuit mais il avait cessé de pleuvoir. Des murmures provenaient d'un peu partout des cellules de la prison. Au dehors, on entendait des cris d'hommes et de femmes. Elle regarda par sa fenêtre en se hissant sur le bout des pieds et essaya de voir à travers la noirceur de la nuit. Quelque chose entra soudain dans son champ de vision. C'était comme une étoile. Toutefois, cette chose grossissait à vue d'œil et la femme devina qu'elle se rapprochait rapidement de sa cellule. Elle se recula vivement en se disant que c'était inutile de chercher un abri dans ce cachot. La petite lumière se transforma en une gigantesque boule de feu et la femme, impuissante, la regarda foncer sur la prison. Elle n'avait pas peur. Après tout ce qu'elle avait enduré, elle était soulagée de voir cette forme se diriger droit sur elle. La sphère passa rapidement au-dessus de sa fenêtre et s'écrasa dans un grand bourdonnement sur le toit de la prison qui s'effondra sous le poids. Elle se redressa lentement. Elle n'était pas morte, pensa-t-elle avec effarement. Un miracle. Elle regarda la porte de sa cellule. Intacte. La couleur lui monta aux joues. Ce n'était pas vrai ! À quoi lui servirait-il de survivre si elle ne pouvait pas sortir de cette prison ! Elle se rendit compte qu'elle criait en jurant dans sa cellule. D'accord, pensa-t-elle. Elle se résignait…à nouveau…
- Ma petite dame, laissez moi vous sortir hors de cette cage, dit un homme dans le corridor.
Un déclic se fit entendre et la porte de sa cellule s'ouvrit sur un homme à la bouche édentée. Elle eut un frisson et passa sa langue sur ses dents en s'assurant qu'il n'en manquait aucune. L'homme habillé tout comme elle, avec de vieux vêtements usés, lui empoigna rapidement l'avant-bras et la traîna à l'extérieur. D'une certaine manière, il lui rendait service, elle n'avait aucune idée où se trouvait la sortie de cette prison. Plusieurs prisonniers les suivaient et après avoir couru dans plusieurs corridors et monté quelques marches d'escalier, ils sortirent au dehors. Elle ne put s'empêcher de respirer l'air froid de la nuit. L'odeur était dix fois, même cent fois meilleures qu'à l'intérieur. L'homme n'avait toujours pas lâché son bras et l'emporta de force vers ce qui semblait être des murailles. Regardant derrière, elle vit la prison et se rendit compte qu'elle s'élevait d'à peine deux mètres du sol. Autour, il y avait plusieurs constructions de bois dont une plus grande que les autres ayant deux tours à l'avant et à l'arrière. Une grande muraille pas plus haute que la prison faisait un cercle autour des habitations. Elle voyait tous ces détails aux lueurs des torches allumées à l'extérieur et de la boule de feu brûlant sur la prison démolie.
L'homme s'arrêta subitement et se retourna vers elle. Il la fixait d'un drôle d'air et elle sut ce qu'il allait faire. Il l'empoigna par les cheveux avant qu'elle ne réagisse et la tira dans ce qui semblait être une fosse. La chute lui coupa le souffle et elle sentit l'homme au-dessus d'elle.
- Une petite faveur en attire une autre n'est-ce pas ? Après nous serons quittes, dit l'homme d'une voix enroué.
Pourquoi lui semblait-il avoir déjà vécu cela ? Un goût horrible lui monta à la bouche et malgré le fait qu'elle voulait s'enfuir le plus loin possible, elle ne bougea pas. Sa tête lui disait d'attendre, que tenter une fuite ne servirait à rien. L'homme eut l'air satisfait de sa soumission volontaire et se pencha vers elle. Il commença à lui enlever rapidement ses vêtements. Elle remarqua alors un petit couteau attaché à la ceinture de son agresseur. Sentant la brise fraîche sur son ventre nu, elle leva le bras et empoigna le petit canif. D'un geste vif, sans aucune hésitation, elle trancha la gorge de son assaillant. Il s'écroula lentement sur elle et elle sentit un liquide chaud coulé sur son bras. Elle roula sur le côté et rajusta ses haillons rapidement sur elle. Tout autour d'elle, les gens couraient et aucun ne semblait remarqué ni sa présence, ni celle de l'homme inerte étendu sur le sol. Une autre boule de feu apparu dans le ciel et s'écrasa sur une des tours de la plus grosse bâtisse. Apeurée, elle s'enfuit et se dirigea vers une porte entrouverte, là où plusieurs personnes semblaient s'échapper. Passant rapidement par l'issue, elle se retrouva en haut d'une colline n'ayant aucune végétation. À une dizaine de mètres des murailles, plusieurs corps gisaient, une flèche les ayant atteint à un endroit vital. Elle vit une vieille femme s'enfuir et descendre la colline à découvert. Rapidement, un sifflement se fit entendre et une flèche transperça la dame qui s'effondra lourdement sur le sol. Le bruit mat que le corps fit en fracassant le sol la fit tressaillir. Sur les tours, des archers étaient à l'affût pour supprimer les déserteurs. Elle ne pouvait donc pas descendre cette colline et s'en sortir indemne. Elle leva la tête et vit la lune transpercer les légers nuages. Si elle s'était échappée quelques heures plus tôt, lorsque les nuages noirs de pluie cachaient la lune, elle n'aurait pas eu ce problème. Elle prit le temps d'analyser sa situation. Retourner à l'intérieur de ces murailles et elle risquait de se faire tuer ou bien, dans le meilleur des mondes, être emprisonnée de nouveau. Mauvaise idée. À l'extérieur, s'éloigner de ces murets entourant le village ainsi que la prison revenait à se faire assassiner. À moins bien sûre, d'avoir la meilleure veine du monde, ce qu'elle était sûre de ne pas avoir. Ne sachant trop que faire, elle décida de longer le rempart. De cette manière, ses chances de survie étaient plus nombreuses…
Elle poursuivit sa fuite, suivant le parapet et se disant qu'elle se rapprochait inexorablement des attaquants. Ce qui n'était guère mieux. Elle n'avait aucune idée de ce qui se déroulait dans ce pays. Elle savait seulement que c'était la guerre. Étrange, mais tout cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Elle n'était là que pour survivre. Son but était seulement d'avoir une vie meilleure ou une vie au moins. Contournant un coin de la muraille, une masse noir se forma à quelques mètres d'elle. Au clair de lune, elle devinait une forêt dégagée et surtout peuplée de feuillus. C'était sa chance, une petite course et elle serait cachée dans la forêt !
Qu'est-ce qu'elle y ferait après ? Se demanda-t-elle. Oh, ça n'avait pas d'importance. Elle aurait bien le temps d'y penser.
Regardant autour d'elle, elle prit une grande inspiration et fonça tout droit dans la forêt. Elle l'atteignit rapidement, enfin camouflée sous le couvert des arbres, mais prit dans son élan, elle continua de courir. Qu'elle sensation de liberté ! Jamais elle n'aurait cru être aussi heureuse. Le sourire au visage, elle courut jusqu'à s'en brûler les poumons et fini par trébucher dans une souche pour finir le visage dans la tourbe. « Beurk !» Au moins, elle n'était pas blessée. En se nettoyant le visage, elle regarda autour d'elle et contempla l'immense verdure qui la séparait de son ancienne prison. Elle avait basculé au pied d'un grand conifère aux longues épines dont plusieurs jonchaient le sol. En face d'elle, une vieille souche gisait en attendant d'être complètement dévorer par les insectes. Et partout, il y avait des feuillus. Ce gigantesque pin semblait être le seul conifère présent dans les alentours. Pourquoi ne pas se reposer ici ? C'était bien calme et puis l'odeur des arbres l'apaisait, au point qu'elle ne voulut plus bouger de l'endroit.
2
Une agréable arôme lui chatouilla les narines. Couchée de tout son long sur ce matelas de douces épines, elle n'avait aucune envie de se lever. La forêt s'éclaircissait lentement et elle comprit qu'elle avait de nouveau dormi quelques heures dans cette même nuit. Un léger brouillard descendait doucement vers le sol et elle sentit sa caresse humide sur son visage. Cependant, un énorme gargouillis de son ventre brisa l'atmosphère de sérénité qui régnait dans les bois. Encore lui, songea-t-elle. Ne pourrait-il pas se taire après tout ce temps ? Elle ouvrit les yeux et se redressa lentement. Malgré la température plutôt fraîche elle sentit quelque chose de froid lui coller sur la jambe. Quelque chose à la substance plutôt répugnante.
« Beurk ! Une limace ! »
De force, elle donna une gifle sur le petit intrus qui fit un vol plané plus loin. Elle se releva rapidement debout en regardant dans ses vêtements usés et s'assurant qu'aucune autre bestiole ne se s'était infiltrée quelque part sur elle. Écoutant les bruits de la forêt, elle se demanda ce qu'elle pouvait bien faire à partir de maintenant. Les oiseaux faisaient de plus en plus entendre leurs jolies mélodies. Elle se mit alors à penser à un bon poulet rôti. Les chances étaient mince qu'elle en trouve un ici. Chercher un cours d'eau, se dit-elle. Plusieurs créatures vivent tout autour et elle pourrait étancher sa soif. Elle ne trouverait probablement pas de poule, mais bon…
Elle marcha dans les bois à l'écoute du moindre son et à la recherche du plus infime animal. Cependant, rien ne se manifesta. Elle ne voulait pas croire qu'une cruche d'eau serait tombée à ses pieds et qu'un jambon cuit lui aurait sauté dans les mains, pourtant elle aurait apprécié que la forêt soit plus clémente envers elle. Elle se souvint des repas de la prison, et elle ne put s'empêcher de penser qu'aujourd'hui, elle aurait pu avoir droit à quelque chose. Ou à rien. Tout en ruminant de sombres pensées un clapotis se fit entendre. Dressant l'oreille, elle suivit le son qui se rapprochait rapidement. Écartant une branche de feuillus bien fournie, une petite rivière apparue dans son champ de vision. Elle parcourut la distance la séparant du cours d'eau et s'agenouilla sur le sol. En joignant ses mains ensemble, elle forma un bol et but à grosse gorgée l'eau pure de la rivière. C'était comme de la vie sous forme liquide. Ensuite, elle s'assit sur la berge pour faire reposer ses jambes endolories. Elle avait marché tout au plus deux heures et ses membres n'en pouvaient plus. Elle devait trouver de la nourriture, ainsi qu'un abri. Il lui fallait aussi de nouveaux vêtements. L'essentiel pour survivre. Elle se rendit compte qu'elle ne connaissait pas grand chose à la forêt. Elle fixa ses chaussettes trouées d'un air absent. Au-delà, la rivière coulait à flot et lentement des ombres glissaient et disparaissait avec le courant. Un craquement se fit soudain entendre juste derrière elle et d'un bond, elle se leva debout, pointant le petit canif volé vers le bruit qui approchait. Elle tremblait, elle avait peur de ce qui pouvait sortir mais elle n'avait pas la force de s'enfuir. Elle recula lentement jusqu'à ce qu'un de ces pieds touche à l'eau froide qui traversa immédiatement sa chaussette. Elle se rendit compte que l'individu c'était mis à courir et avant qu'elle n'ait le temps de réagir, une personne sortit des bois. C'était un garçon. Un tout petit garçon. Elle le regarda avec surprise et l'enfant semblait tout aussi stupéfait qu'elle. Des larmes coulèrent lentement sur ses petites joues et d'un mouvement brusque, il se jeta dans ses bras.
- Veux pas rester tout seul, s'il vous plaît, veux pas…veux pas…
Jamais elle n'aurait cru qu'un si petit être lui arrivant à peine à la taille pouvait serrer aussi fort. Que devait-elle faire ? Il ne semblait pas prêt à la laisser libre et continuait de sangloter dans ses bras. C'était un enfant perdu. Probablement. Il ne voulait pas rester seul, elle l'avait compris. Cependant, elle ne pouvait pas le garder. Ce serait s'encombrer pour rien. Elle n'était même pas capable de subvenir à ses propres besoins. Elle sentit le canif dans ses mains. Un vague de honte l'envahi. Non, jamais elle ne tuerait un enfant. Elle se dit qu'elle mériterait sûrement d'être abattu juste pour avoir songé à le faire. Elle glissa l'arme dans sa chemise et vit le garçon se calmer. Il la lâcha lentement, comme s'il avait eu peur qu'elle s'enfuît ou bien qu'elle disparaisse. Il se recula et avec ses petits points, s'essuya les yeux. Ils étaient verts, comme la forêt. Elle pensa que l'enfant avait tout au plus six ans. Il commençait à être sale par endroit. Ses cheveux châtains légèrement recourbés retombaient lamentablement sur ses joues. Sa petite face ovale était terminée par une bouche dont le sourire n'était pas apparu depuis longtemps. Et curieusement, il portait un pantalon bleu marin, et un gilet blanc à manche longue. La culotte et le gilet étaient retenus par une ceinture avec un étrange symbole. À sa taille une courte corde pendait. C'était un habit simple, mais fouillant dans sa mémoire, elle n'arrivait pas à se souvenir d'une personne ayant porté ce genre d'accoutrement. Les couleurs de ses vêtements disparaissaient sous la saleté et elle ne douta pas que le gamin se retrouverait bientôt avec des haillons ayant pour couleur la poussière. Comme elle. Après l'avoir longuement regarder, le garçon prit la parole.
- Je…je peux rester ? Avec toi ?
Elle devina que son visage en disait long sur sa réponse négative car il s'empressa d'ajouter :
- Je sais chasser, et je peux me débrouiller…
Maintenant, elle se demandait pourquoi il avait tant besoin d'elle s'il était aussi apte à survivre qu'il le disait. Encore une fois, il sembla deviner ses pensées.
- Je veux pas être tout seul. S'il te plaît, je sais pas où aller…
Elle pensa qu'il allait se remettre à pleurer mais au lieu de cela, il l'a regarda avec un regard sérieux. Trop sérieux pour son âge. Elle se rendit compte qu'il attendait qu'elle parle. Que pouvait-elle dire ? Elle n'était pas celle qui avait abandonné cet enfant. Malgré cela, elle ne pouvait se résoudre à le laisser. Tout ce qu'il demandait, était une présence à ses côtés. Elle pouvait lui donner ce qu'il voulait pour le moment, mais par la suite, elle devrait réfléchir.
- Tu peux rester, dit-elle enfin en s'éclaircissant la gorge.
L'enfant ne lui donna pas le temps de prononcer un mot de plus, car il sauta dans ses bras et se remit à pleurer. Elle ne put que rester immobile et attendre qu'il se calme.
- Tu vas par où ? Demanda-t-il une fois ses pleurs terminés.
Elle pensa à la forêt dont les hommes avaient parlé à sa prison. Ils devaient se diriger vers le nord et suivre une rivière à contre-courant. Le reste, elle l'avait déjà oublié. De toute façon, elle ne savait même pas où était le nord. Il restait la rivière…
- Je remonte la rivière, répondit-elle.
- D'accord ! Tu veux que je chasse avant ? J'ai pas déjeuné encore…
Elle acquiesça de la tête et le garçon lui fit signe de le suivre. À croire qu'il connaissait cette forêt car quelques minutes plus tard, ils débouchèrent sur une toute petite clairière. L'enfant fit lentement le tour, sous l'œil curieux de la femme qui l'accompagnait. Semblant avoir trouvé quelque chose, il sortit la corde qui pendait à sa ceinture. Il l'installa en faisant un cercle presque parfait. Elle devina que si l'on tirait d'un coup sec sur la corde, le rond se refermait. Elle se rapprocha lentement, en faisant le moins de bruit possible et vit que l'enfant avait installé son piège juste au-dessus d'un trou presque caché par les herbes. Un terrier de lapin…
Après quinze minutes à regarder le trou, la femme commença à trouver le temps long. Après une heure, elle s'était éloignée car les bruits de son ventre auraient pu alerter le supposé animal sensé sortir du creux. Elle trouvait le temps long, mais le jeune avait la même position depuis une heure. Étendu sur le ventre, la corde à sa main droite, il attendait…
Un autre quinze minutes passa et elle vit le soleil apparaître au-dessus des arbres. S'en était assez maintenant. Voilà trop longtemps qu'il perdait leur temps ici. Elle se dit que le garçon s'était beaucoup trop vanté pour ses talents de chasseur inexistant. Elle se rapprocha de lui et partait pour lui dire sa façon de penser quand un petit animal à la fourrure brune pointa son nez. Bouche-bée, elle le regarda sortir lentement la tête du trou et vit l'enfant tirer d'un coup sec sur la corde. Le gibier attaché au niveau du cou fut tirer vers le gamin qui s'empressa de l'assommer avec une grosse roche. D'accord, elle était impressionnée…
- Je suis bon hein ! Dit le garçon en prenant l'animal défunt par les pattes de derrière. Il ne reste qu'à le dépecer et le faire cuire.
Dépecer ? Se dit-elle. Elle ne se souvenait pas d'avoir fait cela…
- Tu sais le faire ? Demanda le gamin en voyant son air interrogateur.
- Je…je crois oui…
Enlever les poils et les organes, un truc du genre…
- D'accord ! Regarde, j'ai aussi des pierres à feu ! Je vais faire le feu pendant que toi tu t'occupes de lui, continua le garçon en lui lançant le cadavre.
Elle attrapa la masse inerte et s'installa tout près du gamin préparant le feu. En premier, pensa-t-elle, vider le sang de l'animal…ou un truc du genre. Sortant son canif, elle lui trancha la gorge, chose qu'elle détestait de plus en plus. Le sang coula lentement sur la terre fraîche qui se réchaufferait bientôt grâce au rayon ardent du soleil. Ensuite, vint la peau. Après un combat acharné contre le petit animal, la femme avec l'aide du petit garçon, réussirent à le déshabiller. Ils trièrent les organes et la viande qu'ils firent cuire au bout de petites branches.
- C'est pas très bon, dit le garçon en prenant une bouchée.
La femme pensa de son côté que la viande était bonne. Celle-ci était fraîche et avait un peu de goût. De plus, elle avait réussi à faire taire son ventre, ce qui était tout un exploit.
- Moi c'est Miko, continua le garçon, et toi ?
C'était une question piège, surtout pour elle. Elle fouilla dans sa mémoire cherchant un nom. N'importe qu'elle aurait fait l'affaire, mais aucun ne venu. Le garçon la regardait avec un petit visage curieux et elle pensa qu'il devait la prendre pour une imbécile. Autant dire la vérité.
- Je ne m'en souviens pas…
Il la regarda bizarrement et pour arrêter de voir les yeux verts trop curieux, elle se dirigea vers la rivière se laver les mains. Cependant, cela ne découragea pas l'enfant qui accourut vers elle.
- Alors c'est vrai, tu t'en souviens plus ?
- Non, je ne m'en souviens pas…
- C'est étrange ça…
Elle se dirigea vers le feu restant et déposa de la terre humide pour l'éteindre complètement.
- Tu sais, c'est pas vraiment grave, t'as juste à choisir un nom que tu aimes, continua le garçon qui l'avait suivit. Moi j'aurais bien aimé m'appeler Darunia. C'est un des plus grands guerriers gorons et…
C'est un vrai moulin à paroles cette enfant, se dit-elle. Après avoir retourner à la rivière pour laver son canif, elle vit l'enfant ramasser ses pierres et sa précieuse corde. Prenant les devants, elle suivit la rivière à contre-courant.
- Et alors, t'as choisi un nom ? Demanda le garçon marchant à côté d'elle.
Non, elle n'avait même pas de choix.
- Il y a beaucoup de nom; Agnes, Sawda, Gysell. J'ai aussi rencontré une Oda, une fois, mais elle était vieille et elle me faisait peur. Malon c'est le plus beau nom, mais tu peux pas le prendre c'est le nom de ma mère. Et puis t'as choisi ?
- Oda, c'est bien comme nom, répondit-elle.
Elle vit Miko faire une étrange moue pour ensuite répondre :
- Non, tu es trop belle pour ce nom, même si tu es toute sale, il faudrait…
- C'est juste un nom, coupa-t-elle un peu insultée. Et puis peut-être que la Oda que tu avais rencontrée était jolie avant d'être toute ratatinée.
- Non c'est pas un assez joli nom, moi je dirais…Kylia…oui c'est ça !
Est-ce qu'elle avait un mot à dire contre cet enfant ou bien devait-elle porter ce nom ?
- Alors Kylia, est-ce que ça te plaît ?
Une lueur d'espérance brillait dans les yeux de l'enfant, comme si le simple geste de lui trouver un nom avait pu le rendre très heureux. Elle se dit qu'elle n'avait jamais vu de si beaux yeux. Elle aurait aimé les avoir, la même couleur et le même éclat. Alors, si cela lui faisait tant plaisir, elle s'appellerait Kylia.
- D'accord, répondit-elle.
- Je savais que t'aimerais !
Ils continuèrent leur route sur le petit rivage de la rivière. Par chance, Miko ne lui posa pas d'autre question, se contentant de parler de la pluie et du beau temps.
3
Les journées passèrent et ils apprirent à mieux se connaître. C'était surtout elle qui apprenait à mieux connaître l'enfant car elle n'avait rien à conter. Tout de même, ce petit être si plein de vie lui avait redonné un peu de courage. Il n'avait pas parlé de la guerre qui sévissait un peu plus loin. Elle ne savait pas grand chose là-dessus, seulement qu'il y en avait une. Miko lui avait appris à débusquer le petit gibier et à faire du feu. Elle avait perfectionné son dépeçage d'animaux. Tout cela lui donnait l'espoir de survivre dans la forêt et d'y trouver un endroit calme pour y vivre. L'enfant par contre était sûr de retrouver ses parents. Elle le souhaitait car, elle ne voulait pas qu'il devienne comme elle, solitaire, n'attendant rien d'autre de la vie que la paix.
Le soleil timide, caché derrière les nuages, se levait tranquillement au-dessus des arbres. La rivière était toujours la même, peu profonde, au courant quelques fois rapide et l'eau toujours aussi limpide. Ce matin, Kylia avait jeté son dévolu sur un petit buisson emplit de framboises.
- Kylia, on peut y aller ? Ça fait deux buissons que tu manges, rouspéta Miko.
- Je n'avais jamais mangé quelque chose d'aussi bon ! Je ne peux me permettre de laisser ses petits fruits délicieux sans tous les goûter un par un.
- Oui mais si on s'en va tout de suite, peut-être qu'on va arriver chez-moi, et puis ma maman va nous préparer quelque chose de super bon. Faut juste partir tout de suite car l'heure du dîner va être passé, continua Miko.
Kylia le regarda d'un œil septique. Il ne savait même pas où ses parents demeuraient. Il lui avait expliqué qu'ils déménageaient constamment. En fait, ils habitaient dans des campements temporaires. Il n'en avait pas dit plus. Par contre, il avait toujours gardé espoir de les retrouver. Alors, en ramassant le plus de petits fruits possibles, elle se leva et suivi l'enfant qui l'avait déjà devancé de quelques mètres.
Ils marchaient depuis quelques heures lorsque des sons étranges se firent entendre. Ils approchèrent lentement des bruits et débouchèrent sur un petit chemin traversant les bois. La route n'était pas très large, elle pouvait laisser passer tout juste deux chevaux. Un épais tapis de feuille recouvrait le chemin et étouffait légèrement la résonance des sabots. Ils marchèrent lentement se rapprochant inexorablement vers ce qu'ils identifièrent comme des voix humaines, au moins deux hommes, en plus des chevaux. Au détour, ce qu'ils avaient déduit, apparu devant leurs yeux. Deux hommes avançaient sur les chevaux d'un trot rapide. Tous deux habillés d'une longue chemise blanche et d'une culotte d'un bleu très foncé ceinturé à la taille. L'un était plus grand, avec des cheveux bruns, coupés courts sur sa tête. L'autre était plus petit mais plus carré et il avait des cheveux châtains lui arrivant au cou. Ils étaient armés d'une longue épée à la taille et un bouclier était accroché à leur dos.
- Kylia ! Ce sont des guerriers de mon camp ! On est sauvé !
Sans avoir le temps de réagir, elle vit l'enfant se lancer dans une course effrénée en appelant les chevaliers par leur nom. Elle eut un frisson lorsque ceux-ci se retournèrent vers l'enfant en tenant le pommeau de leur épée, mais semblant le reconnaître, ils lui répondirent par son nom à leur tour.
S'en suivit une accolade et tout plein de question qu'elle ne comprit pas. Elle se dit qu'elle devrait peut-être s'en aller maintenant que Miko était en sécurité, mais celui-ci ne lui en laissa pas le temps.
- Kylia ! Viens, ils vont nous amener au nouveau campement ! Hurla-t-il.
Tous les regards convergèrent vers elle. Elle se dirigea d'un petit pas rapide vers les hommes qui semblaient la regarder avec beaucoup de curiosité. Elle était tellement intimidée, que l'envie folle de fuir lui prit. Cependant Miko, l'encourageait avec son grand sourire et lorsqu'elle arriva à sa hauteur, il fit les présentations :
- Kylia, voici Johan et Akim, deux soldats défendant la Triforce. Et voici Kylia, dit-il en regardant les deux hommes.
Elle ne comprit pas ce qu'était la Triforce. Cependant, elle était contente qu'il n'ait pas fait allusion au fait qu'elle ne portait pas de nom il y a peu de temps. Elle dit un vague bonjour et les deux hommes lui répondirent en s'inclinant légèrement. Le plus jeune et le plus petit des deux, Akim, semblait la dévorer des yeux tandis que l'autre, Johan, la regardait du coin de l'œil en expliquant à l'enfant qu'il avait changé de campement à la suite de sa disparition.
Quelques minutes plus tard, ils montèrent tous les quatre à cheval et Kylia fut heureuse d'être assis derrière Johan, le plus vieux des deux. Si cet homme était étonné de sa présence, il ne le montra aucunement. Toutefois, le cavalier à côté d'elle s'empressa d'entamer la conversation :
- Alors, mademoiselle, vous venez d'où ?
Question piège numéro un, pensa-t-elle.
- Je viens…du sud, finit par dire Kylia.
L'homme la regarda d'une drôle de manière et enchaîna.
- Et que faites-vous ici ?
Question piège numéro deux. Oh, elle se promène par-ci par-là…en souhaitant ne pas rencontrer de cavalier lui posant des questions auxquels elle ne pouvait répondre !
- Je me dirigeais vers le nord, dit-elle tout de même.
Maintenant, c'était sûr, l'homme la prenait pour une imbécile. Que pouvait-elle répondre ? Si jamais ces hommes faisaient partis de ceux qui la gardaient captive dans l'ancienne prison, elle n'aurait aucune chance de s'enfuir maintenant. Elle souhaita qu'en restant avec Miko tout irait bien.
Le voyage se continua dans le silence, mais Kylia voyait à quel point Miko semblait pressé d'arriver. Ils atteignirent leur destination après une heure de chevauché.
Au début, toute l'attention fut sur l'enfant. Kylia vit une femme, la mère de Miko pensa-t-elle, courir vers eux. L'enfant se jeta rapidement dans ses bras. C'était émouvant, elle devait l'admettre. La mère, aux longs cheveux brun-roux, était agenouillée sur le sol, tenant l'enfant étroitement dans ses bras. Des larmes coulaient sur ses joues et finissaient dans les cheveux du petit garçon qui pleurait en souriant. Elle était habillée d'une simple robe de paysanne. L'ensemble était de couleur beige mais plusieurs motifs variant entre le brun et le rouge mat embellissaient l'habit. Un petit groupe se forma autour d'elle. Elle remarqua que plusieurs hommes et quelques femmes étaient habillées comme les deux chevaliers les ayant raccompagné, elle et Miko. Ils portaient la chemise blanche et la culotte bleu marin. Les autres avaient des tenues différentes, la plus part au ton de beige.
Tous disaient leurs bonjours à l'enfant encore enlacé par sa mère. Quelques minutes plus tard la mère de Miko releva la tête et la regarda pour la première fois. Miko ayant remarqué le mouvement, s'empressa de se lever et fit les présentations.
- Maman, je te présente Kylia. C'est elle qui m'a aidé à retrouver le campement, dit-il en regardant sa mère. Et Kylia, voici ma maman, Malon.
Les propos de l'enfant n'était pas tout à fait exacts, car elle n'avait pas vraiment cherché le campement. Cependant, sa mère semblait fermement croire qu'elle était responsable du retour de son fils. Surtout lorsqu'elle l'étreignit dans ses bras…
- Merci à vous de m'avoir ramener mon fils, j'avoue que je ne croyais plus à son retour, dit-elle les larmes aux yeux.
Kylia dit un vague merci. Elle n'était pas à l'aise dans cette situation et maintenant toute l'attention était portée sur elle. Ce qui fit croître son anxiété.
- Et si nous organisions un grand souper ? Demanda quelqu'un dans la foule.
C'était Johan qui avait parlé, le cavalier qui l'avait escorté. Il tenait dans ses bras un bambin. Une femme était postée juste à ces côtés et à voir ses formes, on devinait qu'elle attendait un autre enfant.
- Il manquera beaucoup de monde, mais ton père, Miko, ne devrait pas tarder, continua l'homme. Le général a finalement pris la décision d'attaquer la base d'Akorite. Je reviens justement de là et je peux tous vous annoncer que la base est complètement détruite, dit-il en haussant le ton.
Il y eut plusieurs acclamations de joie et d'applaudissements. Cependant, Kylia ne comprit pas grand chose à cette euphorie. Ces gens semblaient faire parti d'une armée. Et ils avaient attaqué un endroit qu'elle ne connaissait pas. Pour finalement gagner. Il y a de quoi être content sûrement.
Pendant que tous retournèrent à leur préoccupation, Miko qui c'était rapproché d'elle lui empoigna la main ainsi que celle de sa mère.
- Viens Kylia ! On va l'avoir notre souper, dit-il d'un ton tout joyeux.
- Et ensuite, vous pourrez vous nettoyer dans la rivière, ajouta Malon, je suis sûre que ça vous fera le plus grand bien.
Kylia fut gêné, mais elle déduit qu'elle était sûrement due pour un bain depuis quelques mois…
4
Dans le ciel dégagé, le soleil déclinait doucement vers l'ouest. Kylia tentait d'oublier son estomac qui avait recommencé à crier famine. Cette fois, elle ne lui en voulait pas. L'odeur qui provenait des fours à cuisson la faisait saliver et elle devait se faire forte pour ne pas partir avec le poulet en train de griller au-dessus du feu. Miko semblait tout aussi impatient qu'elle, mais pendant les quelques heures de libre avant le repas, il lui fit faire le tour du campement. Il était situé sur un plateau au beau milieu de la forêt. Il y avait un grand abri central rectangulaire faite de tissus blancs, retenus par des troncs de bois. Il faisait dix mètres de long et de large et deux mètres de haut. À l'intérieur, était installé plusieurs fourrures et chaises pour s'asseoir de manière à en faire une salle communautaire. Tout autour, il y avait des abris beaucoup plus petit, installés de la même manière que le grand, servant de refuge la nuit pour chaque famille.
Il y eut le son d'une cloche et Miko la tira par la manche en lui expliquant que c'était le signal pour se mettre à la table. La soirée étant douce, les fourrures avaient été étendues à l'extérieur. Plusieurs personnes les avaient placées en deux lignes parallèles. Entre ses lignes de fourrure, des petites tables précaires avaient été mises de façon à donner l'allure d'une très longue table.
- On va s'asseoir ici et garder une place pour ma maman, dit Miko.
En s'installant sur la douce fourrure, elle remarqua que l'on avait mit des ustensiles, un couteau et une fourchette. Elle ne se souvenait pas avoir eu l'honneur de manger avec cela dans son ancienne prison, mais elle se rappelait tout de même leur utilité. Une femme apportait des bols et des assiettes pendant que les autres amenaient des chaudrons contenant les mets appétissants qu'ils apposèrent sur les petites tables. À sa hauteur, une grande fille arriva avec un plat d'une soupe épaisse emplit à rebord. Elle la vit s'avancer précautionneusement vers elle. Les yeux brillants, elle souhaita que la soupe était avec du bouillon de poulet.
Tout d'un coup, la fille perdit pied et une partie de son bol se renversa entre Kylia et Miko.
Elle devait l'avouer, c'était chaud, vraiment très chaud ! Pensa la jeune femme. Elle sentait le liquide couler sur son épaule droite et n'eut d'autre choix que d'enlever la couverture de sur ses bras et retirer du mieux qu'elle put la manche trempée de soupe. Quand elle sentit enfin la douce brise sur son épaule endolorie, elle releva la tête et regarda l'état de Miko. Elle allait lui demander si tout allait bien quand elle remarqua son visage pétrifier de, on aurait dit de la peur. Elle regarda autour et se rendit compte que tout le monde la regardait. Avait-elle fait quelque chose de mal ? Se demanda-t-elle.
- Elle a la marque sur elle ! Dit soudain un homme.
De quelle marque parlait-il ? Elle regarda sur son épaule blessée et vit un symbole. Trois triangles noirs. Cela ne signifiait pourtant rien pour elle…
- D'où viens-tu et que viens-tu faire ici ? Cria un autre homme. Sais-tu ce que l'on fait au traître ?
Traître ? Mais elle ne connaissait même pas ses hommes et ses femmes ! Elle regarda Miko qui semblait tout aussi perdu qu'elle. Maintenant, elle avait vraiment peur et elle ne voulait plus rester avec ces gens. Pourquoi n'avait-elle pas continuer son chemin une fois que l'enfant avait retrouvé les siens ? Certains hommes la regardaient avec les yeux si plein de colère qu'elle ne put s'empêcher de s'enfuir en courant. Dans sa course effrénée, elle les entendit crier et lorsqu'elle se sentit plaquer au sol, elle se dit qu'elle venait d'aggraver son cas. Ce qui ne l'empêcha pas de se débattre.
- Amenez-la dans la prison, le général saura quoi faire, ordonna un homme.
La prison ? Non, elle ne voulait pas retourner là ! Elle n'avait rien fait, il n'avait pas le droit de l'enfermer. Miko ! Lui, il pourrait leur dire ! Elle l'avait aidé un peu tout de même. Elle l'avait gardé comme il ne voulait pas être seul. En voyant l'enfant un peu plus loin elle ne put s'empêcher de hurler :
- Miko ! Dis-leur que je n'ai rien fait !
Elle vit son regard désespéré, et sa mère se pencha vers lui en disant quelque chose qu'elle ne comprit pas. Il allait la laisser lui aussi…Les hommes la rapprochait d'une espèce de fosse et voyant qu'ils avaient l'intention de l'enfermer à l'intérieur, elle se débattit avec l'énergie du désespoir. Elle réussit à envoyer un coup de genou dans les côtes d'un des hommes et celui la lâcha en hurlant de douleur. Cependant, un autre vint rapidement l'empoigner et elle se retrouva dans la fosse creusée à même le sol que l'on recouvrit d'un grillage de bois. Le trou était profond, plus de deux mètres et la largeur était environ la même. Lorsqu'elle tomba au fond, malgré la douleur qu'elle sentit le long de ses jambes, elle ne réagit pas. Elle s'assit sur le sol frais et regarda le mur de terre en avant d'elle.
Cette fois-ci, se dit-elle, elle ne voulait plus s'en sortir. Est-ce que sa vie entière se déroulerait en prison ? Si oui, elle préférait ne plus la vivre cette vie. Elle avait à peine eu le temps d'être heureuse qu'elle se retrouvait piégé entre quatre murs. Dans ce cas-ci, un cercle de terre. Elle n'entendit pas l'enfant au-dessus d'elle hurler son innocence et sa mère plaider sa cause car elle sombra dans l'inconscience.
