The Vampire Diaries et ses personnages ne m'appartiennent pas.
Toutes les erreurs et les invraisemblances ne sont dues qu'à moi.
Seul le premier chapitre se passe au début du vingtième siècle.
Disappear love, disappear friend, disappear us, disappear trust,
Do you hold it in your hand, the memory of us.
Sarah Fimm - Disappear
( Disparais amour, disparais ami, disparais nous, disparais confiance,
Le retiens-tu dans ta main, le souvenir de nous.)
Chicago, dans les années vingt.
Malgré la Prohibition, le champagne et l'alcool coulent à flots dans le club surchauffé où Stefan a ses habitudes. Des couples dansent au son de l'orchestre qui joue des airs de jazz, d'autres flirtent sans retenue sur les banquettes disposées tout autour de la piste de danse.
Stefan est sur l'une d'entre elle en compagnie de Rebekah et d'une jeune femme dont il ignore le nom. Peu importe, de toute façon elle ne passera pas la nuit. Sa main est posée sur son épaule et, de temps en temps, il se penche à son cou pour boire le sang qui coule de la plaie à peine visible sous ses cheveux. Il la sent trembler sous sa bouche mais, malgré sa terreur, elle n'ira nulle part puisqu'il l'a hypnotisée. Son autre main joue avec son verre de whisky ou caresse la cuisse de Rebekah qu'il écoute d'une oreille distraite.
Cela fait plusieurs semaines qu'il l'a rencontrée maintenant. Elle est belle, drôle et intelligente, mais elle aussi autoritaire, capricieuse et possessive, ce qu'il déteste. Elle s'accroche à lui comme s'il lui appartenait, ce qui bien sûr n'est pas du tout le cas. D'ordinaire, il l'aurait déjà jetée depuis longtemps. Mais il y a son frère, Niklaus.
Il n'a jamais connu quelqu'un comme lui. Il est bien plus âgé que lui, sûrement bien plus que Katherine aussi qui est pourtant la plus ancienne vampire qu'il connaisse. Il est également très fort, Stefan a eu l'occasion de le voir à l'œuvre. Rebekah aussi est forte mais il y a chez son frère quelque chose en plus, il n'est pas seulement un Original, il est spécial. Aux yeux de Stefan, il est l'égal d'un roi même si Niklaus, d'après ses propres mots, éprouve parfois l'impression d'être une abomination.
Malgré ses failles dans lesquelles il rêve de s'engouffrer pour en découvrir davantage sur lui, Stefan admire Niklaus, l'idolâtre même. Il n'y a rien qu'il aime plus que d'aller chasser avec lui. Niklaus a une façon unique d'utiliser la séduction dans tout ce qu'il fait, y compris en charmant ses proies avant de les torturer et de les achever. Et le fait que Klaus ait tué pratiquement toute sa famille augmente l'intérêt qu'il éprouve pour lui.
Stefan aussi aime jouer avec ses proies, et plus d'une fois il a remarqué la fascination qu'il provoque chez Niklaus. Il ne sait pas ce qui l'attire autant en lui, mais il voit bien que les yeux bleus du vampire s'illuminent dès que Stefan est en sa présence.
Il existe quelque chose entre eux, une fascination et une confiance réciproques. C'est ce qui a poussé Stefan à lui demander à être son bras droit. Mais Stefan a parfois le sentiment qu'il pourrait être bien plus que cela.
Rebekah n'aime pas la complicité qui les unie, et souvent, ils ont dû l'emmener avec eux lors de leurs parties de chasse pour éviter ses scènes de jalousie. Ils en rient ensuite quand ils se retrouvent seuls dans son appartement ou dans des bars aux dernières heures de la nuit tandis qu'elle rentre dormir.
Pour l'heure Stefan s'ennuie. Nik est parti depuis trois jours et tout lui semble sans saveur en son absence. Mais il doit revenir ce soir et Stefan essaye de prendre son mal en patience en faisant semblant d'écouter la conversation barbante de Rebekah.
Quand Niklaus arrive enfin, Stefan doit se retenir de dire à Rebekah de les laisser seuls. Peu importe à quel point elle peut être exaspérante, Niklaus supporte toujours sa sœur avec une patience et un sens de la famille que Stefan a parfois du mal à comprendre.
Niklaus s'assoit face à eux, son regard glisse sur le cadavre de la fille puis sur sa sœur qui a posé la tête sur l'épaule de Stefan, et vient se river dans les yeux gris-verts de celui-ci. Un large sourire sur les lèvres, il se saisit de la bouteille de Whisky et verse ce qu'il en reste dans le verre de Stefan dont il se saisit.
— Je vois que vous avez commencé la fête sans moi, dit-il en buvant l'alcool d'un trait.
Stefan lui rend son sourire, sincèrement heureux de le revoir. Il ignore où il est allé et il est certain qu'il n'obtiendrait aucune réponse s'il posait la question. Il a bien remarqué à quel point le frère et la sœur sont parfois tendus quand un groupe fait irruption dans le bar ou le club dans lequel ils se trouvent, ou quand ils croisent des policiers durant leurs chasses. Stefan a bien tenté d'évoquer le sujet avec Rebekah, mais elle élude toujours tout ce qui concerne leur passé. Il espère qu'un jour Niklaus aura suffisamment confiance en lui pour se confier, mais il sait qu'avant il a encore à faire ses preuves en tant que bras droit et ami.
— La fête ne fait que commencer puisque tu es là, Nik, ne peut s'empêcher de dire Stefan.
La lueur qui éclairent les yeux bleus lui donne envie de se surpasser ce soir.
Mais comme toujours, Rebekah ne manque jamais une occasion de leur rappeler sa présence. La provocation est la nouvelle arme qu'elle utilise dernièrement, elle aime leur rappeler que Stefan est avant tout à elle.
— J'aurais tellement aimé pouvoir rester, mais un long voyage m'attend demain, et tu m'as épuisée la nuit dernière, Stefan.
Bien sûr, elle ment. Enfin, en partie… elle lui sert en quelque sorte de substitut, et il n'a aucune honte à utiliser son corps en imaginant que ce n'est pas elle contre lui.
Avec un petit rire de gorge, Rebekah caresse sa joue. Stefan ne quitte pas des yeux l'homme face à lui et il pourrait jurer avoir vu la lueur vaciller au fond de ses yeux.
Il sait que les provocations de Rebekah sont dues à sa jalousie, elle est jalouse de l'intérêt que Niklaus lui porte, jalouse de l'intérêt qu'il porte à son frère et jalouse de passer après Stefan auprès de son frère la plupart du temps. Il la connaît bien maintenant, mais il a plus de mal à déchiffrer son frère et il ne sait pas exactement ce qui contrarie Niklaus à certains moments comme celui-ci.
Après avoir vidé une nouvelle bouteille, ils quittent le club et prennent un taxi pour raccompagner Rebekah jusqu'à l'appartement qu'elle partage avec son frère. Elle a des tas de choses à préparer car s'absente le lendemain et ce pour plusieurs jours. Où va-t-elle ? Pour quelle raison part-elle ? Stefan l'ignore et s'en fiche. Depuis qu'elle lui a annoncé son départ, il s'est montré tendre et affectueux avec elle, attendant patiemment qu'elle s'en aille enfin. Et finalement, la voilà, l'occasion qu'il attend depuis longtemps.
Niklaus et lui se retrouvent seuls sur la banquette arrière de la voiture. Stefan n'a jamais vu le vampire aux yeux bleus intéressé par qui que ce soit à part lui, pourtant, Niklaus n'a jamais essayé d'aller plus loin avec lui. Mais ce soir, Stefan est tellement heureux du retour de Niklaus qu'il décide de tenter sa chance.
Il se rapproche de lui pour attraper sur le sol la bouteille de champagne qu'il a prise avant de quitter le bar. Il laisse volontairement sa cuisse collée contre celle de son voisin. Il sent son regard fixé sur lui tandis qu'il boit directement à la bouteille. Il se tourne ensuite vers lui, se lèche les lèvres pour attraper les gouttes de champagne qui coulent sur sa bouche et sourit quand il constate que les yeux de Nik suivent les mouvements de sa langue. Il presse son corps doucement contre le sien quand il se penche pour lui tendre la bouteille et laisse ses doigts frôler les siens quand il prend la bouteille.
Le trouble qu'il lit sur le visage de Nik fait courir un frisson d'anticipation le long de sa colonne vertébrale. Cette nuit allait être magique, il le sentait.
Il fait s'arrêter le taxi dans une petite rue déserte près des docks. La nuit est froide et venteuse. Il prend Nik par le bras et l'entraîne vers une impasse non éclairée. Il cogne 3 coups à une porte invisible depuis la rue, puis deux autres coups encore. La porte s'ouvre et ils se retrouvent dans un vestibule où se trouve une deuxième porte derrière laquelle on entend de la musique. L'homme qui leur a ouvert, une vraie montagne de muscles, reconnaît Stefan et s'incline respectueusement devant lui. Stefan lui sourit avant de le saisir par la gorge et de lui briser la nuque. Il ferme ensuite toutes les serrures de la porte par laquelle ils sont rentrés et met les clés dans sa poche.
— Prêt à t'amuser, Nik ?
Niklaus le regarde avec ce petit sourire qu'il adore tant et qui lui a beaucoup manqué.
— Comment refuser une telle invitation, ripper ?
Stefan rit en entendant ce surnom et pénètre dans le club où l'attendent sans le savoir leurs futures victimes.
Cette nuit-là, Stefan et Klaus ne laissent aucune personne leur échapper. Tout le temps qu'il éventre, mord, démembre, arrache des cœurs et des têtes, Stefan sent le regard de Niklaus posé sur lui, ce qui ne fait qu'augmenter son plaisir. Quand il ne reste plus que deux survivantes épouvantées et en état de choc, Stefan les hypnotise et les envoie s'asseoir sur une banquette contre le mur. Juste à côté de Niklaus qui est installé à une table depuis un moment, occupé à observer d'un air fasciné le ripper en action.
Stefan se hisse sur le comptoir du bar et attrape une bouteille de scotch. Il lève la bouteille en direction de Niklaus et boit la moitié de l'alcool qu'elle contient. Il est couvert de sang presque des pieds à la tête. Il arrache sa chemise plus qu'il ne l'enlève et s'essuie le visage avec puis la jette dans un coin.
Il devine le désir dans les yeux bleus qui glissent sur son torse nu. Satisfait de la tournure que prend la nuit, il avale encore une gorgée avant de balancer la bouteille contre le mur. Il saute souplement sur le sol et s'approche lentement de Niklaus qui suit chacun de ses mouvements. Il ne s'arrête pas devant lui mais continue jusqu'aux jeunes filles qui les observent les yeux démesurément grands dans leurs visages terrifiés. Il caresse gentiment leurs joues y laissant des traces de sang et mord au cou l'une d'entre elle sans la tuer. Il laisse le sang couler sur son menton et revient vers Niklaus. Il se penche et effleure les lèvres entrouvertes en y laissant des traînées rouges. Il recule un peu et retient son souffle en voyant la langue de Niklaus venir y lécher les gouttes de sang. Le vampire aux yeux azur lui sourit doucement et se lève pour le saisir par la nuque et l'attirer vers lui. Stefan l'embrasse férocement tout en lui enlevant sa veste. Il lui arrache ensuite sa chemise et le pousse vers la table où il le force à s'allonger. Sans un regard pour les deux humaines, toujours figées, assises à moins d'un mètre d'eux, il se débarrasse de son pantalon en grognant, plus excité qu'il ne l'a jamais été, pendant que Niklaus finit de se déshabiller.
Leurs mains encore pleines de sang caressent leur peau. Stefan a l'impression de perdre la tête, les muscles de Nik sous ses doigts, le goût de son sang dans sa bouche, son souffle dans ses cheveux, ses ongles qui s'enfoncent dans son dos quand il glisse à l'intérieur de son corps et le plaisir qui explose dans chaque fibre de son être sous les yeux vides de leurs victimes autour d'eux.
Pendant des heures, ils font l'amour parmi les cadavres et dans l'odeur du sang et de la mort, ne s'arrêtant que pour boire jusqu'à ce que les deux filles finissent elles aussi par mourir.
Les jours, les semaines qui suivent ressemblent tous à cette nuit-là, sexe, sang et mort. Stefan est certain qu'il aurait pu vivre ainsi jusqu'à la fin des temps, mais c'était sans compter sur Rebekah.
Dès son retour, les caprices recommencent. Stefan tâche de supporter ses scènes et sautes d'humeur et essaie de passer le moins de temps possible avec elle. Le problème c'est qu'elle est la sœur de Nik et qu'il ne sait pas comment rompre avec elle sans affecter sa relation avec lui. Il la connaît, elle obligera son frère à choisir entre elle et lui, et il est presque sûr que Nik choisira sa sœur, sa famille, avant tout. Alors Stefan fait contre mauvaise fortune bon cœur et subit sa présence patiemment en attendant les moments où il peut enfin se retrouver seul avec Nik.
Quelques jours après son retour, ne supportant plus de se sentir mise à l'écart ne serait-ce qu'une heure ou deux, Rebekah les oblige finalement à passer toute une journée et la soirée avec elle. Tout l'après-midi, elle affiche une fausse bonne humeur tandis qu'ils parcourent tous les magasins de la ville à la recherche de robes et autres vêtements dont elle n'a évidemment pas besoin.
Stefan pense parfois qu'elle soupçonne quelque chose à la façon dont elle les observe sans arrêt les sourcils froncés quand elle croit qu'ils ne la voient pas. Ils n'ont pas changé de comportement en sa présence, les regards qu'ils échangent sont peut-être juste un peu plus appuyés qu'auparavant et ils ne ratent pas une occasion de s'effleurer ou se toucher quand Rebekah regarde ailleurs.
Dans le huitième magasin qu'ils arpentent depuis le début de la journée, qui fort heureusement s'achève, ils attendent que Rebekah termine d'essayer une énième robe de soirée.
Stefan frustré et de mauvaise humeur, réfléchit à une façon acceptable de poser un lapin à la jeune fille et de s'enfuir avec Nik, quand il est interrompu dans ses pensées par une main sur ses fesses. Il ne peut résister à l'envie d'embrasser ces lèvres roses qui lui sourient. Sans interrompre le baiser, Nik le pousse derrière un portant de robes et commence à le caresser à travers le tissu de son pantalon. Bien que conscient de la présence de l'employée du magasin qui n'a pas pu ne pas les voir, et de celle de Rebekah à moins de deux mètres d'eux, Stefan meurt d'envie que Nik lui fasse l'amour ici même, tout de suite. Comme s'il avait lu dans ses pensées, Nik se met à rigoler et, après un dernier baiser dans le creux de son cou, il retourne au centre de la pièce.
— Bekah, si tu ne sors pas de cette cabine d'essayage dans les cinq minutes, je te jure que Stefan et moi t'abandonnons ici.
Moins de deux minutes plus tard, elle surgit de derrière le rideau, l'air exaspéré.
— De toute façon tout est moche ici ! Allons plutôt boire et faire la fête, c'est moi qui choisis où on va ce soir !
Stefan et Niklaus échangent un regard soulagé à l'idée d'en finir enfin avec cette corvée.
Pour la première fois de la journée, dans l'ambiance enfumée de Chez Gloria, assis à une table du fond en compagnie de son amant et de sa maîtresse, le jeune Salvatore se détend. Sa jambe caresse celle de Nik sous la table et il sourit en le voyant essayer de boire son champagne sans réagir. Bien sûr Rebekah est encore là, la main possessivement posée sur son bras, mais dès qu'elle partira, ils comptent bien rattraper tout le temps perdu.
Ses pensées sont interrompues par Rebekah qui le tire par la main pour l'obliger à aller danser. Il accepte pour éviter une dispute inutile et danse avec elle au son d'un air lent, amusé par le regard jaloux de Nik posés sur eux.
Et puis soudain, c'est le chaos. Des coups de feux, des cris, les gens qui courent partout. Stefan entraîne Rebekah derrière le comptoir. Ses yeux s'arrêtent sur des éclats de le sol.
— Ils utilisent des balles en bois. Ils sont au courant.
Il voit la peur dans les yeux de Rebekah.
— Il est ici.
— Qui ? Qui est ici ?
Mais avant d'avoir obtenu une réponse, il entend Niklaus appeler sa sœur. L'instant d'après, il surgit près d'eux et la saisit par le bras pour la pousser vers la sortie.
— Que se passe-t-il ?
Niklaus revient sur ses pas, ses yeux reflètent la même peur, et pose la main sur son buste.
— Je suis désolé, mais le divertissement doit s'arrêter là.
— De quoi parles-tu ?
— Tu dois m'oublier, moi et Rebekah, lui répond Klaus d'une voix douce en plongeant ses yeux bleus au fond des siens.
Stefan entend à peine le reste de ses paroles, seulement conscient de ce que ces mots signifient et de la caresse de sa main sur son épaule. Et tout d'un coup, il est seul.
Stefan tourne lentement la tête et fixe la porte par laquelle Niklaus vient de disparaître de sa vie.
Il y a quelques années, et cela Niklaus l'ignore, Katherine lui a appris quelques uns de ses tours. Il ne peut pas être hypnotisé. Il lance un coup d'œil à l'homme qui a provoqué la fuite du frère et de la sœur les plus forts qu'il ait jamais connus, avant de se reprendre et de s'enfuir à son tour.
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Quand il revient sur les lieux bien longtemps plus tard, des planches condamnent la porte et les fenêtres. Il fait frais et sombre à l'intérieur, et il flotte dans l'air une vague odeur de renfermé et de vieux tabac froid. Il ne reste rien des évènements passés, quelqu'un a tout nettoyé et a abandonné la place.
Il s'approche du bar et laisse ses doigts dessiner des motifs abstraits sur la poussière du comptoir. Pendant des semaines et des semaines, il a cherché Nik. Il a parcouru le pays de long en large sans trouver la moindre trace, le moindre témoignage, la moindre rumeur, la moindre preuve de son existence nulle part. Lui et sa sœur se sont juste volatilisés.
Et il ne lui reste rien.
Juste une haine violente et destructrice qui lui donne envie de massacrer tous ceux qu'il croise.
Et une photo, prise ici même dans ce qui lui semble être une autre vie.
Ses yeux s'arrêtent une dernière fois sur les deux hommes qui sourient sur le papier abîmé dans les coins et un peu froissé à force d'avoir été regardé. Il contourne le comptoir et va l'accrocher près des bouteilles. Il quitte ensuite le bar et Chicago sans se retourner.
