DISCLAIMER : dans ce OS, seule Okuni m'appartient. Le reste est propriété de mon auteur préféré, David Gemmel
UNIVERS ALTERNATIF : Dans un monde où Jasaray est déchu par Nalademus, Connavar et Bane réconciliés sont capturés par Roc et maintenus prisonniers en prévision des grands jeux de cirque impériaux... Dans leur sombre cachot, ils font une bien étrange rencontre, qui changera leur avenir.
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Dégage !
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Plic... Plic... Plic...
Avec un lourd soupir, Connavar étendit ses jambes, assis contre le mur froid et humide du cachot. Passablement résigné, il plongea son regard bicolore dans les yeux de son fils, identiques aux siens. Bane était assis en tailleur au milieu du cachot, à jouer avec un lacet de cuir retiré de ses cheveux blond-roux. Les deux hommes s'ennuyaient, et attendaient leur mort avec un calme qui étonnait beaucoup leurs voisins de cellule. Ils étaient douze, cloîtrés dans cette pièce sombre éclairée seulement par un petit soupirail. Humide et froid. Déprimant. Bane posa son lacet, à bout de patience.
- Ils vont nous faire poireauter encore longtemps ? Je m'ennuie... grommela-t-il, arrachant un rire à son père.
- Je pense. Il paraît qu'il manque une personne. On devrait être treize à servir de jouets dans le cirque... Tu n'as pas entendu les crieurs ?
- Si. Mais le treizième est aux abonnés absents.
- A mon avis, il est surtout en train de se faire torturer pour parler. On ne peut qu'attendre, Bane.
Le jeune guerrier allait ajouter quelque chose lorsque la porte s'ouvrit brusquement. Deux Prêtres Pourpres entrèrent dans la salle, et firent reculer tous les prisonniers sur les côtés. Sous le regard surpris des deux Rigante, un troisième Prêtre alla fixer au mur du fond quatre lourdes chaînes qui brillaient d'un éclat bleuté.
- Des chaînes ensorcelées... murmura le roi Rigante pour lui-même. Seul son fils l'entendit.
Le Prêtre ressortit. Et revint. Mais cette fois, il tirait un corps inanimé derrière lui, laissant une traînée de sang sombre dans son sillage. Il releva facilement le corps frêle recouvert d'innombrables blessures et ecchymoses. Sans transition, il enchaîna l'infortuné au mur du fond, et emprisonna les longues jambes dans de la glace grâce à un mot de Pouvoir. Il lâcha le corps, qui s'afaissa lourdement, tout son poids axé sur les bras enchaînés au plafond. Puis, sans un seul regard pour les prisonniers médusés, les Prêtres quittèrent prestement le cachot.
La porte à peine fermée, Connavar et Bane furent les premiers à se relever à demi pour observer leur nouveau compagnon. Le jeune Rigante se leva et approcha le corps inanimé. Il écarta le rideau de longs cheveux noir corbeau qui masquaient le visage du prisonnier, et eut une exclamation de surprise.
- Connavar, c'est une femme !
- Quoi ?
- Regarde !
Et ce disant, Bane s'écarta d'un pas. Son père put ainsi apercevoir le visage fin de la prisonnière, aussi marqué que son corps fin. Sa peau était d'une pâleur diaphane, et sans les soubresauts de sa poitrine, il aurait pu la croire morte. Elle était grande et fine, et avait de longs cheveux noirs collés par le sang, qui tombaient jusqu'à mi mollet. Son corps était finement musclé, et la tunique qu'elle portait était à moitié arrachée. Sans un mot, le roi se leva, s'empara d'une couverture et recouvrit la femme comme il put.
Au dehors, ils entendirent les crieurs du cirque se mêler à la foule. Ils scandaient la date des jeux. La date de leur mort. Sombre, Connavar regarda son fils.
- Deux jours, gamin. Plus que deux jours.
- Elle ne sera jamais en état de se battre pour sa vie, fit Bane en désignant la femme inconsciente de la main.
- Dans ce cas nous le ferons pour elle, répondit le roi avec un sourire.
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Ce ne fut que le lendemain après midi que les choses évoluèrent. Les deux hommes n'avaient pas bougé. Ils s'étaient assis près de la jeune femme, un peu à l'écart des autres prisonniers. Ils attendaient avec un espoir presque éteint son réveil. Soudain, les chaînes cliquetèrent. Connavar se leva d'un bond, comme son fils. Sans même se concerter, les deux hommes soulevèrent légèrement le corps incroyablement léger de la prisonnière, pour qu'elle ne pèse plus de tout son poids sur ses bras. La tête de la jeune femme eut un soubresaut, et ses bras tremblèrent spasmodiquement. Elle toussa, cracha un peu de sang sur la glace qui l'emprisonnait, et enfin redressa la tête. Ses paupières s'ouvrirent sur deux yeux d'un jaune doré surprenant. Elle eut un mouvement de recul en sentant les mains des deux hommes sur sa peau. Connavar la soutint lorsqu'elle lâcha un grognement de douleur sous la tension de ses bras. On dirait une panthère.
- Calmez-vous, dame... Personne dans ce cachot ne vous fera de mal.
Elle acquiesça. Et referma les yeux.
Bane et Connavar se relayèrent pour la soutenir et la soulager durant la majeure partie de la journée. La nuit bien avancée, elle ouvrit a nouveau les yeux. Elle avait meilleure mine. Lorsqu'elle posa ses yeux dorés sur Connavar, qui la soutenait, elle eut un faible sourire.
- Le célèbre Démone-Lame... On dirait que je suis parmi les privilégiés.
- Peut être bien, fit le roi avec un léger rire. Vous allez mieux ?
- Attendez qu'un de ces idiots passent et vous verrez. Lâchez-moi à présent, Démone-Lame. Sinon vous risquez de mourir avant la phase intéressante.
- Comment ?
- Faites ce que je vous dis. Vite.
En voyant le regard doré s'assombrir, le roi préféra obéir. Il la lâcha précautionneusement et se recula jusqu'à son fils, l'éveillant pour le coup. Avant que Bane aie pu poser la moindre question, des pas se firent entendre dans le couloir. Les deux hommes s'assirent, observant leur nouvelle connaissance. A leur grande surprise, elle referma les yeux, feignant l'inconscience. Et la porte s'ouvrit, les laissant spectateurs de la scène.
Tandis que deux Prêtres Pourpres montaient la garde, un des lieutenant de la garde impériale s'approcha de la jeune femme. Il lui adressa un coup violent dans les côtes. Elle n'eut pas un soubresaut, mis à part le recul de son corps. Bane allait se jeter sur le garde lorsque son père le retint. Ils observèrent le lieutenant ricaner, et palper indécemment le corps de la prisonnière. Il attrapa son menton et releva la tête de la femme, qui n'eut encore aucune réaction. Il approcha son visage du sien. Seuls les deux Rigante et la femme entendirent son murmure.
- Quel dommage qu'une si belle créature finisse en repas pour les corb-
Il ne finit jamais sa phrase. La femme avait soudainement cambré son corps. Ainsi collée au lieutenant, elle mordit à pleine dents dans la jugulaire découverte.
Mais ce qui laissa tous les observateurs médusés n'était pas son action à première vue désespérée. C'était qu'aucune goutte de sang ne coulait, et que la femme ne lâche pas le garde. Elle libéra sa proie que lorsque les derniers soubresauts de l'agonie aient secoué son corps, et essuya ses lèvres couvertes de sang de sa langue. Dans ses yeux, le jaune doré était devenu or en fusion, et une force immense s'y lisait. Elle regarda avec un mépris impressionnant les Prêtres tirer le corps hors du cachot et fermer précipitamment la porte.
Un silence de mort plana sur la cellule. Plus personne n'osait bouger un cil, et même Bane en avait temporairement perdu son latin.
Dans le silence pesant, la femme lâcha un léger éclat de rire.
- Inutile de prendre peut ainsi, je ne vous mangerai pas. Pas vous, ajouta-t-elle avec un sourire carnassier devant la moue dubitative des hommes.
- Vous êtes une vampire, comme dans les légendes Seidhes... murmura Connavar, en la regardant attentivement.
- Tout à fait. Je me nomme Okuni. Je suis ravie de vous rencontrer, Connavar. Et vous aussi, Bane. Je vous cherchais, justement, lorsque je me suis fait capturer par ces clowns en robe rouge.
- Pourquoi nous chercher ?
- Ce n'est pas le moment de parler de cela, Bane. Sachez seulement que c'est en amie que je vous cherchais. Mais dites-moi, la partie de chasse est prévue pour quand ? J'ai encore soif...
Les autres frémirent. Bane et Connavar éclatèrent de rire.
- Demain, fit le roi avec un large sourire amusé.
- Parfait. Juste le temps de me refaire une santé. Dormez, messires. La journée de demain sera longue.
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Bane s'éveilla lorsque le jour commençait à filtrer à travers le soupirail. A côté de lui, son père dormait du sommeil du juste, calé contre le mur, sur de la paille, sommairement couvert de sa cape à damier. Le jeune Rigante leva les yeux vers Okuni. La vampire était éveillée, et paraissait avoir bien meilleure mine que la veille. Ses yeux dorés se posèrent sur lui, et elle eut une ébauche de sourire.
- Bien dormi, Bane ?
- Oui. Je suis reposé. Prêt à l'action.
- Tant mieux. Le jeu d'aujourd'hui sera amusant.
Elle ricana. La porte s'ouvrit à nouveau avec fracas, et un des geôliers déposa le gruau du petit déjeuner. Il s'approcha d'Okuni, un sac de toile à la main. Il le posa à ses pieds, en sortit un amas hétéroclite de vêtement et de cuir, et une poche de sang. A la vue du liquide écarlate, les yeux de la vampire brillèrent d'un éclat sauvage qui fit frémir le jeune Rigante. L'homme promena sadiquement la poche devant les iris d'or en fusion, et l'éloigna. Okuni se tendit, faisant un léger bond en avant, mais rata la poche de peu. Son tentateur eut un ricanement sadique, et rangea la poche. Le Prêtre murmura un mot de Pouvoir. Brusquement, les chaînes et la glace disparurent. Okuni n'eut que le temps de se rattrapper avec sa main avant de s'écraser durement sur la pierre froide. Accroupie, elle regarda l'homme avec une haine palpable. Il battit prudemment en retraite avant qu'elle ne lui saute dessus, et referma la porte.
Elle bondis sur ses pieds. Ses lèvres retroussées laissaient voir ses canines aussi tranchantes que des lames de rasoir, alors que son regard flamboyant fixait la porte avec l'envie de la transpercer pour aller dîner. Une main apaisante se posa sur son bras. Elle tourna la tête.
- Vous avez une vitesse de guérison assez impressionnante, observa le roi, essayant de dévier les pensées de la vampire.
La vampire n'avait plus une seule trace des coups qu'elle avait reçu. Hormis les cicatrices et sa tunique déchirée, on aurait pu croire que les blessures étaient factices. Elle sourit.
- C'est un de mes pouvoirs parmi d'autres.
- Quels sont-ils ? fit Bane, intéressé.
- J'en ai beaucoup. Vous verrez cette après midi, ajouta-t-elle avec un sourire espiègle.
Elle se leva, s'emparant d'une tunique dans le tas laissé par le Prêtre, et disparut dans l'ombre du cachot. Lorsqu'elle redevint visible, elle portait une tunique longue, dos nu et au décolleté pigeonnant, fermé à l'avant et à l'arrière par des lacets de cuir. Sans manches, le tissu rouge sombre était fendu des deux cotés en haut des cuisses, et tombait en deux pans entre les jambes nues de la vampire, pans maintenus en place par le poids de diamants taillés attachés au tissu. La vampire s'approcha du tas. Elle enfila une paire de hautes bottes de daim souples de cuir noir, qui montaient jusqu'en haut de ses cuisses, et serra le lacet de cuir qui les fermait. Elle ceignit deux ceintures assorties, fixa la boucle sertie d'un rubis, et pour finir, elle plaça à ses poignets des avants bras de cuir, attachés au majeur et courant jusqu'au dessus du coude. Puis elle s'assit, et demêla ses cheveux de ses doigts.
Bane observait le moindre de ses mouvements. Mais Connavar, lui, était songeur. Ce que la Sang Froid remarqua.
- Posez votre question, Connavar. Ca vous taraude.
- Vous êtes perspicace, fit il en souriant. Puis il reprit son sérieux. Qu'allez-vous faire si vous vous en sortez ?
- Connavar, pour parler franchement, si je sors de cette arène vivante ce sera avec la tête de Nalademus sous le bras. Ou rien.
A la surprise de la vampire, Connavar éclata de rire.
- C'est bien. Nous serons donc dans le même cas.
- Bon, je vous en laisserai un bout. Et à Bane aussi.
Elle rit légèrement, puis se leva à nouveau. Elle enchaîna quelques figures pour s'assouplir et retrouver sa forme normale en attendant le moment de sortir au grand jour. Ses mouvements étaient fluides, parfaitement cadencés et d'une synchronisation telle qu'elle paraissait presque danser. Puis elle s'assit à même le sol, étendant les jambes, et étira soigneusement chacun de ses muscles fins, bientôt rejointe par les deux hommes.
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Ce fut en plaisantant que les trois amis se levèrent. Dehors, la rumeur des citoyens de Roc qui venaient prendre place dans les gradins tarissait. Les bruits majeurs provenaient à présent de l'enceinte des arènes, pleines à craquer en ce jour ensoleillé de juillet. Quelques minutes plus tard, on vint chercher la chair à pâté. Une dizaine de Prêtres Pourpres les firent sortir. Quatre d'entre eux encadrèrent les autres prisonniers. Les six restants emmenèrent Okuni et les deux Rigante. On les laissa dans une pièce lumineuse, qui s'ouvrait sur la piste des arènes par une herse actuellement fermée. A peine les Prêtres eurent-ils débarassé le plancher que Connavar et Bane profitaient déjà à fond de la chaude caresse du soleil sur leur peau pâle. Mais la vampire resta dans l'ombre de la pièce.
- Tu devrais profiter de la chaleur, Okuni, ta peau est glacée, fit Bane en posant sa main sur l'épiderme de la vampire.
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.
- Pourquoi ?
- Parce que.
Fronçant les sourcils, Bane l'attrapa brusquement par le poignet et la tira vers lui d'un coup sec. Surprise par la vivacité du geste, la vampire fit un pas en avant pour se rétablir, franchissant la ligne ombre-soleil. Aussitôt, les deux hommes retinrent une exclamation de surprise.
La moindre parcelle de peau nue d'Okuni scintillait de mille feux, comme des myriades de petits diamant incrustés dans la peau paraissaient briller de leur éclat pur. La vampire fit la moue, et resta dans la lumière, profitant de la chaleur du soleil en laissant ses deux amis reprendre leurs esprits. Le premier, Connavar secoua la tête.
- Une autre particularité vampirique ?
- Oui. Ca se calmera quand ma peau sera réchauffée.
En effet, dix minutes plus tard, le presque aveuglant scintillement n'était plus que faible réverbération du soleil sur la peau diaphane de la vampire. Elle resta au soleil, observant la pièce avec intérêt. Elle était vaste, de pierre nue décorée de tentures aux couleurs de Nalademus. Le long des murs, des armes diverses et variées étaient exposées dans des vitrines. Au plafond, d'autres y étaient pendus. Le regard doré d'Okuni croisa des armures et des boucliers en tous genres, quand il se fixa soudain au fond de la pièce.
- Connavar, Bane... Ce sont vos armes.
Les deux hommes tournèrent la tête. Dans la vitrine du fond, on avait exposé l'armure d'or de Connavar, et son épée légendaire. Et juste à son côté, le glaive et la tenue de gladiateur de Bane. Les trois amis se rapprochèrent, et découvrirent une vitrine dérobée. A l'intérieur, on avait exposé une fine cotte de mailles étincelante, un katana, une double lame, ainsi qu'une panoplie impressionnante de joujoux divers et variés. Sur un mannequin, une fine armure d'un noir luisant était installée. Les yeux d'or de la vampire étincelèrent.
- Et voilà les miennes.
Les deux hommes se concertèrent du regard, et assenèrent un grand coup d'épaule dans la vitrine. Elle trembla, mais aucun éclat n'apparut. Okuni fit un pas vers la paroi de verre, et prenant son élan, elle fit un tour sur elle même et lança son pied dans les airs, assenant un coup d'une rare violence au verre qui se fendit. Dans le mouvement, son bras se détendit brusquement, et le coup de poing qu'elle décocha sur la rainure acheva la vitrine, qui vola en éclats. Elle répéta son tour de passe passe avec la paroi qui la séparait de son armure, et sans un mot, elle prit l'une de ses armes, la vérifiant sous toutes les coutures.
- Tu as une force impressionnante, constata Connavar avec calme, tout en tendant la main vers son épée.
Elle haussa les épaules avec un sourire.
- Ne fais jamais un bras de fer contre moi... Allez, équipons-nous.
On commença par aider Bane à ceindre son armure. Une fois le jeune homme équipé, il aida son père à enfiler l'armure d'or frappée à ses armes. Tandis que les deux hommes s'échauffaient en échangeant quelques passes, la vampire passa son armure noire décorée sur le plastron d'un grand dragon rugissant. Elle ceignit son baudrier, et dissimula la totalité des kunais, shurikens, dagues de jet et aiguilles empoisonnées dans son armure. Ses deux katanas à la ceinture, elle alla poser la double lame sur une table. Enfin, elle décrocha son arc d'if décoré de noir et d'or du plafond, ainsi que le carquois et les flèches. Elle s'échauffa un peu, puis observa les premiers jeux à travers la herse, tout en tripotant ses longs cheveux ébène.
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Ce qui devait être un OS finit par devenir une mini fic, donc... Elle comptera deux chapitres, et si vous êtes sages, un épilogue :P
