Ceci est une fiction, si certains personnages existent réellement, leur caractère et les détails de leur vie ne sont pas l'exact reflet de la réalité.
Bonne lecture !
I
Paddy Holland était surexcité.
Non seulement son frère l'avait amené avec lui à New York pour la fin du tournage du prochain Spider-man, mais en plus il allait prendre un jet privé pour la première fois ! Et pour aller au Brésil ! Il trépignait d'impatience!
– Arrête de gigoter, se moqua Tom, assis en face de lui dans le salon d'attente.
Ils venaient de passer la sécurité de l'aéroport et attendaient le feu vert pour embarquer dans l'avion.
Tom et Harrison étaient tout les deux penchés sur le téléphone du second pour regarder des vidéos débiles à en juger par leurs ricanements. Quelques sièges plus loin, le réalisateur - Jon Watts ou quelque chose comme ça – discutait avec son chargé de com -Todd ? Ou bien Ted ? - de la conférence de presse prévue le lendemain. Et à l'autre bout de la pièce, son assistante faisait les cents pas au téléphone.
La conversation semblait sans fin, elle n'avait posé son téléphone que pour passer le portique de sécurité, sans prendre la peine de raccrocher et n'avait pas arrêté depuis. Le sujet n'avait pas l'air plaisant vu ses sourcils froncés et les haussements de tons qu'elle avait du mal à contenir.
Paddy ne cherchait pas vraiment à saisir le sujet de la conversation, il fixait juste le ballet de ses baskets blanches – gauche, droite, gauche, stop, demi-tour, gauche, stop, gauche, droite...
Elle raccrocha enfin et se pris le visage dans les mains en soupirant. Timing parfait, une hôtesse venait d'entrer pour les inviter à embarquer.
– Woah !
Les 4 hommes étaient déjà en train de monter à bords mais Paddy s'était arrêté au beau milieu du tarmac, la bouche grande ouverte, ébahie par le jet rutilant. Il voyait Tom lui faire un signe du pouce depuis la rampe d'accès, son iPhone pointé vers lui.
Un main se posa sur son épaule :
– Paddy, c'est ça ?
Il leva les yeux vers l'assistance et hocha la tête. Elle avait l'air encore énervée de sa conversation téléphonique et ses bras étaient surchargés – une sacoche d'ordinateur sur l'épaule, une pile de dossiers colorés et un sac à main qu'elle ne tenait que par une anse et qui menaçait de répandre son contenu sur le tarmac – mais elle s'adressait à lui sans agressivité.
– Ne traîne pas là, viens, dit-elle en l'entraînant vers les marches.
Son téléphone vibra et tomba de son sac. Le reste suivi: lunettes, paquet de mouchoirs, trousseau de clés-
– Et merde ! Allô ?
Paddy se baissa pour l'aider à rassembler ces affaires mais elle eu fini avec une rapidité qui sentait l'habitude. Elle lui fit un sourire et désigna l'avion.
– Ecoute je peux pas te parler là je vais bientôt décoller. Débrouille toi pour que la caméra soit réparée quand on rentreras, disait-elle au téléphone tandis qu'ils montaient tout les deux à bords.
L'intérieur était encore plus fou que l'extérieur! Les sièges étaient immenses !
Paddy rejoignit son frère au fond de l'appareil où 4 fauteuils étaient installés en carré de part et d'autre de l'allée centrale. Harrison était déjà avachi dans l'un d'eux, regardant par le hublot les employés qui finissaient de charger nos bagages dans la soute. Tom était encore debout au milieux de l'allée centrale et affichait un sourire ravageur destinée visiblement à quelqu'un derrière lui.
Le garçon se retourna à temps pour voir la jeune assistante devenir aussi rouge qu'un de ces dossiers et s'asseoir précipitamment derrière le réalisateur, à l'avant de l'appareil. Tom ricanait avec Harrison en s'asseyant en face de lui.
– Mec, elle crush tellement sur toi !
– Je suis irrésistible !
Paddy leva les yeux au ciel et s'installa de l'autre côté de l'allée, dans le sens de la marche.
Le commandant de bord pris la parole à ce moment pour annoncer le décollage imminent. Tous bouclèrent leur ceinture et l'avion se dirigea lentement vers la piste.
Son premier vol en jet privé commençait !
Alors que l'avion survolait l'Amazonie, le steward passa pour reprendre les plateaux repas vides et proposer du café. De légères turbulences faisaient bouger la cabine mais il n'avait pas l'air gêné le moins du monde, tendant à Harrison une tasse de café sur un petit plateau sans trembler.
L'assistante, que Paddy avait vu traverser la cabine peu avant pour aller aux toilette, en sorti et se retrouva coincée par l'homme et son chariot. Une secousse plus forte l'obligea à s'agripper au dossier du siège du garçon qui commençait à trouver tout cela inquiétant. Le steward se retourna vers elle, son thermos de café dans la main :
– Vous souhaitez passer Mad-
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Deux fortes turbulences les firent se percuter tous les deux et le thermos se déversa sur son chemisier et son pantalon chino.
– Ow!
– Toutes mes excuses Madame, laissez moi-
Et encore une fois des secousses le coupèrent et cette fois Paddy ferma les yeux en serrant accoudoir de son fauteuil.
Il attendit que le calme revienne pour ouvrir les yeux.
Le steward ouvrait un des tiroirs du chariot pour en sortir des serviettes en papier et à côté de Paddy– Oh…!
L'assistante avait visiblement perdu l'équilibre à un moment car elle était à moitié assise sur les genoux de Tom. Elle se tenait le front en grimaçant – sûrement après s'être cogné contre le siège, ou bien contre l'acteur – et Paddy pu deviner le moment où elle réalisa la situation embarrassante dans laquelle elle se trouvait à la couleur de ses joues.
Mais déjà le steward l'aidait à se relever et s'assurait que tout le monde allait bien.
Le co-pilote fit une annonce au micro pour intimer les passagers à rester assis et à attacher leur ceinture – l'avion fit une embardée à ce moment là et l'assistante s'assit précipitamment sur le siège en face de Paddy. Il referma les yeux alors que les secousses reprenaient de plus belle.
– T'en fait pas Pads, ils ont l'habitude, on ne craint rien, tenta de le rassurer son frère à côté de lui.
Mais Paddy se mis à prier quand même...
Après ce qui lui parut comme une éternité, l'avion arrêta enfin de bouger et un silence pesant s'installa.
– Pourquoi on n'entend plus le bruit des moteurs, demanda Harrison d'une voix paniqué.
– Messieurs dames, nous avons une avarie moteur, lâcha le commandant dans le haut parleur comme s'il avait entendu la question. Nous tentons de redémarrer les réacteurs mais préparez vous à un atterrissage d'urgence.
– C'est quoi ce bordel, s'exclama Tom.
L'avion commença à chuter et visiblement les moteurs ne redémarraient pas...
Une main vint agripper celle de Paddy – Tom ! - qui n'ouvrait toujours pas les yeux.
Et Paddy pria de toutes ces forces.
Et l'avion tombait.
– Préparez-vous à l'impact, criait le steward, harnaché à son strapontin à l'avant.
Oh mon dieu ils allaient tous mourir !
Ils allaient s'écraser au milieu de la jungle et mourir !
Quelqu'un le secouait et criait son prénom. Son crâne lui donnait l'impression qu'il allait exploser et une sensation désagréable de froid remontait dans ses jambes.
Paddy ouvrir grand les yeux et son frère était là, une traîné de sang descendant de son arcade droite, les cheveux hirsutes, le regard terrorisé.
– Faut sortir de là Paddy, criait-il.
Tétanisé par la peur, le garçon ne pouvait que fixer son aîné qui se débattait avec sa ceinture pour l'ouvrir. Il le souleva du siège et le porta sur son épaule et Paddy vit l'eau...L'eau sombre qui tapissait le sol de la cabine...
Il se retrouva assis sur une berge sableuse, sous une pluie battante, Harrison et Tom debout à côté de lui, et l'épave dans la rivière devant eux. La cabine de pilotage avait été éventrée par de grosses branches d'arbre, une bonne partie de la carlingue entre la porte et l'aile avait été arraché, et c'était contre un amas rocheux que l'avion avait fini sa course.
– Mais restez pas planté là vous deux, hurlait l'assistante toujours à l'intérieur. Venez m'aider !
Il les vit hésiter un instant avant de repartir vers la carcasse. L'aile fit un bruit inquiétant quand il montèrent dessus pour éviter d'avoir à marcher dans l'eau, l'avion bougea et il eu soudain un bruit sec puis comme de l'air sous pression - le toboggan de sauvetage venait de se déclencher.
D'où il était, Paddy ne pouvait pas bien voir ce qu'il se passait à l'intérieur. Il pleuvait tellement qu'il avait du mal à distinguer autre chose que des silhouettes. Quelqu'un décrocha le toboggan, s'en servit comme d'un radeau et aida un autre à monter dessus, puis encore deux autres. Et puis tous vinrent sur la berge.
Tous les survivants...
Le fond de l'appareil avait été le moins touché. Paddy, Tom, Harrison et l'assistante étaient tous indemne à part peut-être des commotions légères dues au choc et quelques bleus et coupures.
Pour l'avant, c'était une autre histoire...
Jon avait l'épaule déboîtée et de sales coupures - provoquées par des branches probablement. L'autre homme avec qui il discutait à l'aéroport et qui était assis du côté où la tôle avait été arrachée avait disparu...Son siège n'était même plus là. Le commandant de bord avait été empalé par des branches au niveau du ventre et du torse et l'assistante essayait tant bien que mal de stopper le flot de sang,
Le co-pilote et le steward n'étaient pas là...
– Il faut y retourner, criait la jeune femme.
– On peut pas les sortir, rétorquait Tom en aidant Jon à s'asseoir. Les branches sont trop grosses pour qu'on puisse les casser.
– On peut pas les laisser là bas !
– Ils sont probablement déjà morts de toute façon !
– On n'en sait rien !
– Madie, s'interposa le réalisateur, Madie ! Calme toi.
Le pilote agrippa le bras de la jeune femme à ce moment là et lui dit quelque chose que Paddy n'entendit pas.
– Faites pression là, ordonna-t-elle sans désigner quiconque en particulier.
Harrison s'agenouilla et posa ses mains où étaient celles de l'assistante – Madie, donc. Et elle repartit en courant vers l'épave.
– Fait chier, s'écria Tom avant de partir à sa suite.
Paddy le regarda l'attraper par le bras pour la retenir, lui crier que c'était trop dangereux, mais elle se débattit et monta sur l'aile pour aller s'engouffrer dans l'avion par le trou béant sur son flan.
Son frère n'osait pas la suivre, il le voyait s'avancer puis reculer.
Elle réapparu vite de l'autre côté de l'aile et lui envoya un sac noir et jaune qu'il attrapa de justesse avant qu'il ne tombe dans l'eau. Il avait juste eu le temps de le poser au sec sur la berge que d'autre suivirent – Paddy cru reconnaître le sac de voyage de Tom et son propre sac à dos – et enfin elle revint sur la berge, quelque chose qui ressemblait à une hache dans la main.
Le commandant de bord hocha la tête, visiblement satisfait puis s'évanouit. Harrison lança un regard affolé aux autres et la pluie s'arrêta.
Le sac noir et jaune était un kit de survie, ils y trouvèrent de l'eau, des allumettes, une trousse de secours, des couvertures de survie et quelques barres nutritives.
Les deux autres sacs que Madie avait récupérés n'étaient pas d'une grande aide. Une veste de survêtement, un écharpe, des crackers, une tablette tactile... Ils avaient également une batterie de secours mais à quoi bon pouvoir recharger leurs téléphones – qui avaient tous survécu, étonnement – s'ils n'avaient pas de réseau pour contacter les secours.
Madie et Harrison essayaient maladroitement de prodiguer les premiers soins au pauvre pilote. Jon, malgré son épaule, essayait de faire prendre feu à des brindilles tandis que les deux frères cherchaient du bois mort sur la berge. Il n'était que 15h mais ils ne tenaient pas à se laisser surprendre par la nuit. Et puis tout le monde était trempé et l'idée d'un grand feu pour se réchauffer était plus que plaisante.
Le choc du crash commençait à passer et la panique laissait place à l'abattement. Ils avaient survécu à la chute, mais est ce que ce qui les attendaient n'était pas pire ?
Quand enfin un feu digne de ce nom brûla devant eux, les rescapés se rassemblèrent autour. Le toboggan avait été accroché dans les branchages au dessus de leur tête pour les protéger en cas de pluie et ils étaient tous enroulés dans des couvertures de survie. Le pilote, qui s'avérait s'appeler Peter - non, sans blaguer! – était inconscient mais toujours en vie. On l'avait installé au plus près du feu et bien abrité sous le toit de fortune.
Tous étaient assis en silence, le yeux perdus dans les flammes.
Et Madie se mis à pleurer doucement. Elle remonta ses genoux contre sa poitrine en les encerclant de ses bras, cachant par la même occasion son chemisier maculé de café, de terre et de sang. Harrison qui était assis à côté d'elle échangea un regard avec Tom. Aucun des deux ne bougea. Paddy soupira en se disant que parfois, ces deux là étaient vraiment empotés. Il se rendit compte que lui aussi avait envie de pleurer. Alors il se leva, alla s'asseoir à côté de la jeune femme et posa sa tête contre son épaule.
Et ils pleurèrent ensemble...
La nuit fut horrible. Le feu faillit mourir par 2 fois quand la pluie se remit à tomber. La jungle grouillait de vie, de bruits, de bestioles rampant, piquant. Ajoutez à ça les images du crash qui remontait à chaque fois qu'il fermait les yeux...
Les hurlements juste avant l'impact. La douleur quand sa tête avait heurté le hublot. La voix paniqué de Tom qui essayait de réveiller son petit frère. Les corps empalés par des branches à l'avant. Les gémissements du pilote. Madie couverte de sang.
Harrison secoua la tête pour chasser ces pensées et se redressa.
C'était une chic fille, Madie. Ils avaient souvent eu à travailler ensemble sur les Spider-man, étant les assistants des deux personnes les plus importantes des tournages. Elle était toujours là ou il fallait quand il fallait. A croire qu'elle n'avait pas de vie en dehors de son boulot – ce qui était probablement le cas. Et puis c'était tellement marrant de la voir rougir devant Tom quand il se la jouait beau gosse! Mais tout ça paraissait tellement loin...
Il frissonna en s'extrayant de sa couverture de survie et s'éloigna pour aller pisser. Si les autres rescapés étaient réveillés, aucun ne réagit.
La veille, pendant une de ses périodes de conscience, le pilote leur avait expliqué qu'une balise dans l'avion guiderait les sauveteurs vers nous. Qu'il ne fallait pas s'éloigner et essayer de rester en vie jusqu'à l'arrivée des secours. Si la nouvelle l'avait soulagé sur le moment, il se demandait s'il n'aurait pas dû s'inquiéter de savoir combien de temps durerait l'attente. Ils avaient pu se nourrir avec les barres énergétiques trouvées dans le kit de survie mais ils allaient devoir trouver autre chose pour aujour-
Un bruit dans la jungle le fit sursauter. Il remonta rapidement sa braguette et tendit l'oreille. Le bruit se rapprochait, on aurait dit un animal ou bien-
– Ohé, entendit-il.
Il sentit son rythme cardiaque s'accélérer à mesure que la silhouette approchait. Les secours étaient là, enfin !
– Par ici, cria-t-il en s'avançant à la rencontre de- Ted ?!
Il était salement amoché, le visage contusionné et une plaie béante sur le crâne, sa chemise en lambeau, un bras en sang – était-ce un os qu'il voyait dépasser? - mais il était en vie !
Des tonnes de questions se bousculaient dans sa tête. Il n'arrivait pas à croire que le chargé de com. ai survécu! Il avait été éjecté de ce putain d'avion !
– Haz, l'appela son meilleur ami derrière lui, ça va ? On a entendu crier.
Madie était avec lui, la hache dans la main droite mais le visage apeuré. L'homme s'effondra.
Tom et Harrison le portèrent jusqu'à leur camp de fortune et l'installèrent à côté du pilote. Madie attrapait déjà les compresses et le désinfectant dans la trousse de secours. Ils la regardèrent tout les deux, attendant qu'elle donne ses instructions – elle était secouriste du travail, ce qui faisait d'elle ce qu'ils avaient de plus proche d'un médecin.
Elle s'accroupit entre les 2 blessés et se tourna d'abord vers le pilote pour vérifier son état. Elle releva la tête, livide, les yeux écarquillés, croisa le regard de Tom et pendant quelques secondes elle paru sur le point de pleurer. Il la pris par les épaules et demanda :
– Qu'est ce qu'on fait Madie ? Pour Ted, qu'est ce qu'on fait ?
Jon qui s'était approché remonta la couverture de survie sur le visage du pilote, confirmant ce que tout le monde avait compris – Peter n'avait pas passé la nuit.
– On devrait peut-être lui enlever sa chemise, demanda Harrison en se remémorant ce qu'ils avaient fait la veille.
Madie lui lança un regard perdu et il essaya de prendre un air plus assuré qu'il ne l'était. Cela dû suffire car elle réagit enfin et comme la veille, ils tentèrent de rafistoler le pauvre homme allongé devant eux. Ils nettoyèrent les nombreuses coupures et la vilaine plaie qu'il avait à la tête. Madie décida de laisser la fracture ouverte telle quelle, se contentant de l'envelopper dans un linge propre – l'écharpe de Tom, sacrifiée pour la bonne cause – probablement surtout parce qu'elle ne savait pas quoi faire d'autre.
Il y avait aussi un gros hématome violacé en bas à droite du ventre du blessé qui inquiétait la jeune femme. Mais ça n'était pas comme s'il pouvait y faire quoi que ce soit.
Sauf que Ted s'était réveillé. Et que Ted avait mal.
– Si je lui donne de l'aspirine et qu'il fait une hémorragie interne il va se vider de son sang, chuchotait Madie un peu à l'écart.
– Tu es sûre de toi, lui demanda Jon.
Elle lui lança un regard lourd de sens et cracha:
– Non, Jon, je n'ai qu'un putain de diplôme de secouriste ! Et j'ai appris plus de choses en regardant Greys' Anatomy que pendant ma putain de formation ! Mais à moins que l'un de vous ne se décide à prendre des décisions c'est sur moi que ça tombe ! Et putain arrêter de me regarder comme ça, continua-t-elle à l'attention des deux acteurs.
– Eh, rétorqua Tom, pas la peine de t'énerver sur nous. On a rien fait !
– Ca va, ça va, s'interposa Jon. On est tous à cran mais on est tous dans le même pétrin alors on doit se serrer les coudes. Madie, tu t'es bien débrouillée jusqu'à prés-
– Le type est mort, hurla-t-elle en pointant Peter. Il est mor-
Le claquement de la gifle résonna comme un coup de feu. Harrison lança un regard surpris à son ami qui parut regretter instantanément son geste.
- Pardon, marmonna-t-il. Désolé, je- Tu faisais peur à Paddy...
Tous se retournèrent vers le garçon à qui on avait demandé de rester assis près du feu pour l'entretenir dès que Ted avait été ramené. Il avait les yeux écarquillés et serrait tellement fort un bout de branche que les articulations de sa main en étaient blanches.
Madie fondit en larmes... Et Tom - Tom ?! - la pris maladroitement dans ses bras pour tenter de la calmer.
Madie n'arrivait plus à s'arrêter de pleurer. Elle avait à peine conscience que quelqu'un l'enlaçant, elle était tellement épuisée qu'elle voulait juste s'écrouler par terre et se mettre en boule.
Ces genoux se dérobèrent sous elle et elle entendit vaguement « Ok, ok, on va aller s'asseoir près du feu ». Elle sentit la chaleur des flammes sur son visage et le bruit froissé de la couverture de survie qu'on posait sur ses épaules. Puis on la laissa là, seule, tremblante.
Elle avait merdé! Le pilote était mort malgré ses effort pour le maintenir en vie et Ted allait subir le même sort! Ses mains étaient encore toutes pleins de sangs, ses vêtements aussi. Elle était complètement dépassée, incapable de penser à autre chose qu'au sang, aux morts.
Elle revit les yeux écarquillés du steward qui la fixait dans la cabine de l'avion, le corps déformé par les branches qui le traversait de part en part. Les tremblements de sa main, le sang qu'il avait craché et puis sa tête qui s'était incliné sur le côté, contre un morceau de tôle défoncé...ses yeux écarquillés et vides.
Elle sanglota plus fort.
Un bras passa dans son dos. Elle ne distinguait même pas qui la tenait tellement ses larmes embuait sa vue mais elle se laissa aller contre lui et continua de pleurer, pleurer, pleurer.
Arriva un moment où elle n'avait plus rien à pleurer. Elle ne se sentait pas vraiment mieux, juste...vide. Elle avait l'impression de ne plus avoir une once d'énergie en elle.
Elle en trouva quand même un peu pour tourner la tête vers son voisin et son cœur s'allégea un tout petit peu.
– Tu en veux, demanda Paddy en lui tendant une boîte de crackers.
Son visage était marqué par la fatigue mais il lui fit un faible sourire. Elle en pris un, plus pour lui faire plaisir que par appétit mais la faim se rappela à elle dès qu'elle eut mangé le biscuit et elle en accepta un autre. Il mangèrent en silence pendant quelques minutes puis le jeune garçon lança à voix basse :
– C'était la première fois que je prenais un jet privé...
Madie le regarda un moment. Il avait pris la peine de la prendre dans ses bras par deux fois pour la réconforter, elle pouvait bien lui faire un peu la conversation pour lui rendre l'appareil.
– Quel âge as-tu ?
– 14 ans.
Elle sourit et poursuivit avec nostalgie,
– J'en avais 25 moi, la première fois. C'était pour Homecoming. Je n'étais même pas censée être à bord mais mon collègue était malade.
– Mais- Tu es vieille alors !
La spontanéité de la remarque la fit sourire plus que la vexer.
– J'imagine que tout est question de point de vue...
– Mais- Mais-...Tu es trop vieille pour que Tom soit ton crush !
Hein ?! Elle sentait déjà ses joues rosir et un soudain regain d'énergie qui accélérait son rythme cardiaque. Qu'est ce que Tom venait faire là-dedans ?!
Elle se souvint du jour – ce devait être sa 2ème semaine sur Homecoming – où il lui avait demandé de ne plus l'appeler Mr Holland. Elle n'avait pas pu s'empêcher de rougir comme une gamine. Mais ses yeux...
– Je ne suis pas-, commença-t-elle en cherchant ses mots. Ton frère est charmant et il le sait. Il aime bien en jouer et...je dois bien avouer qu'avec moi c'est très facile...soupira-t-elle
Bon sang il fallait vraiment qu'elle sorte plus, qu'elle rencontre des gens et qu'elle se trouve un copain - de son âge de préférence ! - comme lui bassinait sa mère.
Si elle sortait de cette jungle un jour...
A suivre...
