Titre : L'odeur du thé (Accio Prompt ! I).
Auteur : Johnnie Darko
Fandom : Harry Potter
Personnages/Couple : Sirius Black, Albus Dumbledore.
Rating : G.
Disclaimer : J.K. Rowling

Prompt #4 en réponse à la table 2 de LostInTheSun et Aosyliah. Merci à ma super bêta Labige pour ses corrections, merci à Marigolade pour sa splendide bannière, quoi qu'elle en dise (img6(.)imageshack(.)us / img6 / 6659 / hpf14copie(.)jpg), retirez les parenthèses et les espaces.


« Un peu de thé, Sirius ? »

C'est un retour brutal à la vie et, à cet instant, Sirius prend conscience des douze ans passés en captivité puis en cavale, loin de tout et livré à sa seule présence. Dumbledore est en train de préparer un thé à l'amande et sans aucun signe annonciateur, l'odeur a ébranlé le monde. Il est là, au milieu de cette salle de classe douloureusement familière, là où il se revoit avec James, Remus et Peter. Il tuera Peter, il le tuera et il pourra guérir sa fierté blessée – surtout, il est vivant. Il s'est échappé d'Azkaban, il est allé plus loin que quiconque dans la perte de son identité, mais ce thé riche que lui prépare Albus, c'est une renaissance à la civilisation comme il croyait que cela ne pourrait jamais arriver.

« Albus, je vous en prie, il faut m'écouter, s'il vous plaît, Remus sait... » supplie-t-il, brisé par ce parfum lourd qui lui rappelle ce qu'il s'apprête à perdre de nouveau. Le baiser de la créature sera fatal. C'est le monde des hommes qui l'appelle à travers les volutes enivrantes de la boisson que prépare son sauveur, peut-être. Qui aurait cru saisir, dans les circonvolutions invisibles du thé, l'appel le plus fondamental de son instinct, celui du confort, de la chaleur, des hommes qu'il vient de retrouver ? Ils sont tous là, songe-t-il. Harry si semblable à James, si beau et pur avec les yeux de celle qui avait su, enfin, faire ouvrir les yeux à celui qui l'avait accueilli en frère. Et puis ses amis, la petite née de parents Moldus qui a la même étincelle que Lily Evans, ce Weasley – roux, forcément – qui tente de protéger Harry. Remus est là, lui aussi, il peut se rendre compte que dans l'arôme entêtant du théest caché le seul ami qui lui reste, son frère. Reste là Remus, ne n'abandonne pas, crois en moi je t'en prie ! J'ai eu tort de ne pas te faire confiance, pardonne-moi Lunard, je t'en supplie, mon ami, Remus !

Sirius tremble et ce n'est pas seulement dû à la fenêtre ouverte et aux évènements de la nuit dernière. Il ressent l'attraction des humains, il veut être reconnu comme l'un d'entre eux, parce qu'il l'est, n'est-ce pas ? L'odeur du thé lui monte à la tête comme son ancienne beauté la lui avait fait perdre du temps qu'il était jeuneet rayonnant de gloire comme un soleil naissant. Il faut qu'il parle et que Dumbledore connaisse enfin la vérité, car même lui s'est trompé sur la mort de Lily et James. Pour pouvoir être libre, Sirius va devoir lui dire qu'il a trahi sa confiance et que Remus, ce pauvre enfant a qui l'on n'avait jamais tendu la main, l'avait également trahie. Mais c'était la plus belle chose qu'ils aient faite, car ils sont Animagus, et ils étaient si heureux ! Remus n'était plus seul. Pauvre, mon pauvre et seul ami qui avait peur de la réaction des hommes, comme je te comprends aujourd'hui ! Et si Dumbledore refuse de tout remettre en question, de voir qu'il y a bien un traître et que ce n'était pas lui ?

« Vous voudriez quelque chose, Sirius ? » demande-t-il aimablement, toujours de dos.

À cet instant, sa gorge se bloque. Il a tant de choses à dire à son ancien directeur, toutes ces choses qu'il a dites à Harry et qui le sauveraient ! Mais au lieu de cela, les mots restent coincés dans sa gorge sèche de n'avoir pas parlé depuis très longtemps. L'émotion lui tord l'estomac et sa pomme d'Adam est plus délirante qu'il ne l'aurait jamais pensé. Il faut me croire, s'il vous plaît, ce n'est pas moi ! J'aimais James et Lily, et ce petit bébé, s'il vous plaît, ne détournez pas les yeux ! pense-t-ilalors qu'une traînée d'odeur de thé est venue s'enrouler insidieusement autour de lui.

« J'aurais bien besoin de thé, parvient-il à achever dans une voix caverneuse, et de parler, aussi. »

Dumbledore lui tend sans mot dire une tasse et l'odeur qui s'approche dangereusement fait monter le sel aux yeux de Sirius. Il l'avale d'une seule traite et reste à humer la trace amère et obsédante de l'humanité qu'il va peut-être retrouver, lovée dans un recoin de volute de thé à l'amande.


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