THREE SHOTS. Un prologue et deux chapitres.
Résumé : Le Professeur Trelawney révèle à Draco le portrait moyennement attirant de la femme de sa vie. Celui-ci décide de découvrir son identité…
Sous son aile
Prologue
« C'est Granger. Sûr et persuadé ! s'écria soudainement Théodore Nott en frappant sur la table d'un air théâtral. »
« Granger ? Bof… Pas de quoi s'asticoter la nouille… »
« Charmant… souffla Pansy en assenant une petite tape méritée sur l'épaule de Blaise. »
« C'est vrai, c'est pas une bombasse… continua Blaise en levant les yeux vers le ciel. »
« Chut il arrive ! »
Draco s'engouffra dans la salle commune des Serpentards, un livre à la main. Il était passé à la bibliothèque une minute plus tôt pour se renseigner sur la véracité absolue des prédictions faites auprès d'une boule de cristal. Cette Trelawney lui fichait un peu la trouille à vrai dire, elle avait tout d'un gourou, et s'il s'avérait que ses propos se justifiaient, il voulait être prêt à toute éventualité. Il s'assit nonchalamment avec ses compagnons, attablés devant un feu de cheminée.
« Alors ? Tu as trouvé quelque chose d'intéressant ? s'enquit Pansy, en s'appuyant sur son coude et en glissant son poing sous son menton. »
La chaleur était assez étouffante, chose inhabituelle dans cette salle. Draco sentait ses mèches blondes lui coller le front. Il espérait que son escapade aux orées du château ne l'avait pas enrhumé. S'il détestait bien une chose, c'était de se moucher.
« J'ai emprunté trois livres, dit-il en les exposant sur la table. Je sais pas si j'aurais le courage de tous les lire, ceci-dit. C'est d'un ennui… »
Blaise esquissa un sourire ironique.
« En partant du fait que la vieille chouette ait raison, tu as un nom particulier en tête ? »
Draco le regarda, pensif. Un nom lui trottait bien dans la tête depuis quelques minutes. Mais ça lui semblait absolument I-NI-MA-GI-NA-BLE. Cette grabataire aux yeux de hibou avait sûrement dû trop picoler encore une fois. Elle perdait la boule – c'était le cas de le dire. Le blond souffla et passa une main dans ses cheveux, comme il aimait bien le faire.
« J'ai bien une idée oui, mais rien que de m'imaginer avec elle, ça me donne des nausées… »
Théodore lança un regard goguenard à ses deux compères et lança un joyeux « vous voyez, j'vous l'avais dit ! » qui ne passa pas inaperçu aux oreilles de Draco.
« De quoi ? Comment vous le savez ? »
Pansy et Blaise sifflotèrent tandis que Théodore esquissait un sourire triomphant.
« C'est évident Draco enfin ! Ca fait des années que vous ne vous supportez pas et je ne pense pas vous avoir déjà entendu vous adresser la moindre parole qui ne porte pas sur des menaces de mort. C'est elle, c'est sûr ! »
Le Serpentard blond se renfrogna. Il exagérait un peu quand même, il était toujours resté un minimum courtois. Bon, d'accord, de temps en temps il dépassait peut-être – mais vraiment peut-être – les bornes. Mais après tout, elle le cherchait bien ! Elle affichait toujours son air narquois absolument agaçant et s'amusait à le regarder de haut comme si elle se sentait supérieure à lui. Rien que de penser à elle lui donnait des boutons. Maudite sorcière avec ses cheveux crépus.
« Trelawney ne me dictera pas ma destinée. On oublie cette histoire, claqua finalement Draco, fatigué de l'illustration désagréable qui prédominait devant ses yeux. »
Il n'aimait pas les brunes. Encore moins les cheveux bouclés. Sans parler des folles furieuses. Le blond frissonna en s'imaginant lui tenant la main devant un autel immaculé. Berk. Avec ses cheveux en pétard, impossible pour elle d'accrocher son voile. Et sa future femme devait obligatoirement être la plus belle des mariées. Donc avoir un voile. Et donc ne pas avoir les cheveux en pétard. C'était aussi simple que ça.
Théodore le regarda du coin de l'œil avant de se balancer nonchalamment sur sa chaise.
« Ce qui est bien avec toi Draco c'est ta prédisposition à nier ce qui t'arrive. Normalement ce genre de choses n'arrive qu'aux femmes enceintes, s'esclaffa-t-il entraînant ainsi Pansy et Blaise dans son hilarité. »
Le Serpentard blond lâcha un « pfff » très masculin en remettant une de ses mèches en place derrière son oreille, ce qui ne fit qu'accentuer le rire de ses trois amis.
« Où sont Crabbe et Goyle ? s'exclama Draco en se levant. Au moins avec eux je n'ai pas à subir des réflexions mal placées… »
Alors qu'il se dirigeait vers la sortie, ses amis lui lancèrent un « Ooooh Dracooooo… » ponctué de rires incontrôlés. Ils savaient qu'il ne leur ferait pas la tête très longtemps, ils le connaissaient par cœur. Les trois Serpentards décidèrent de rejoindre la Grande Salle pour dîner, avant de se résoudre à aller chercher le blond qui devait s'être perdu dans les dédalles du château. Il avait un si mauvais sens de l'orientation.
Hermione sortait de la bibliothèque quand elle croisa Parkinson, Zabini et Nott s'esclaffant à sa vue. Elle souffla, désespérée de voir autant de stupidité aux environs d'une salle normalement gorgée d'intellect. Pi-toy-able. Elle ne releva pas et poursuivit son chemin en serrant ses livres contre elle. Une manière assez habituelle chez elle, qui lui donnait l'impression d'être protégée contre l'imbécillité des autres. Plus les années passaient, plus ces Serpentards se montraient de plus en plus idiots et indiscrets. Heureusement que les Gryffondors étaient là pour relever le niveau.
« Hermione Granger ? »
Une légère voix fluette s'était risquée à sortir Hermione de ses songes. Une jeune fille blonde aux cheveux très courts la regardait de ses grands yeux bleus. Elle ne devait pas avoir 12 ans au vue de sa petite taille et semblait plus apeurée qu'intimidée.
« Euh, oui ? répondit Hermione, étonnée. Elle ne la connaissait pas, et l'écusson de sa maison tricoté sur sa cape ne l'aidait pas. »
« Je suis en deuxième année, on doit faire une dissertation sur l'utilité d'un filtre d'amour en cours de Potions, débita la blondinette à une vitesse ahurissante. Je sais que tu es la meilleure étudiante de Poudlard, et le Professeur Rogue nous a spécifié que cet essai serait très important pour notre note du semestre. Donc… Je… voulais savoir… si… Tu m'aiderais ? »
Les yeux presque larmoyants de la petite fille convainquirent Hermione. Bon d'accord, elle adorait aussi écrire des dissertations, et se voir flatter par une deuxième année n'était pas non plus donné à tout le monde ! La Gryffondor sourit.
« Je t'aiderai. Mais j'espère que cette dissertation n'est pas pour cette semaine parce que je suis assez occupée en ce moment. »
« On a quinze jours. »
« C'est parfait, rendez-vous mercredi prochain à 15h ici-même. Si tu as un empêchement, fais-le moi savoir. Et commence un peu à réfléchir de ton côté, il y a un très bon livre sur les vertus des filtres à la bibliothèque. Demande à Madame Pince, elle saura t'orienter. »
Hermione quitta la petite fille quelques minutes plus tard, après s'être échangées leur emploi du temps respectif. Elle ne se souvenait pas avoir écrit un essai de la sorte en deuxième année. Même si elle l'avait fait, elle n'irait pas chercher dans son dossier « Archives Devoirs » qu'elle gardait précieusement dans un coffre sous son lit. Oui oui, Hermione Granger préservait tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à l'apprentissage de sa vie de sorcière. Et au premier rang figuraient bien sûr ses tous premiers devoirs.
La jeune femme rejoignit Harry et Ron qui l'attendaient dans la Grande Salle pour dîner. Elle leur fit part de la demande de la petite Poufsouffle et se ravit de voir que son intelligence était reconnue au-delà de leur propre promotion. Alors que Ron soufflait un « Mais oui, mais oui… » et que Harry hochait la tête avec un sourire compréhensif, Hermione prit une gorgée de jus de citrouille et se servit de pommes de terre sautées aux cèpes. Elle n'aimait pas trop les champignons mais faisait des efforts pour améliorer son alimentation. Sa mère lui disait toujours « Une bonne alimentation favorise une bonne hygiène des dents ». Bon elle y croyait pas trop (à part en ce qui concernait les friandises) mais elle ne manquait jamais une occasion pour faire plaisir à ses parents, même si aujourd'hui ils n'étaient pas là pour en témoigner.
Harry et Ron discutaient du cours de divination qui avait eu lieu quelques heures plus tôt. Leur conversation semblait plutôt animée et Hermione décida de se joindre à eux.
« Vous discutez de quoi ? »
« Le Professeur Trelawney a prédit à Malfoy son avenir amoureux ! s'esclaffa Ron. T'aurais vu sa tête ! Devant tout le monde en plus ! Ahah, c'était vraiment à hurler de rire ! »
Harry laissa échapper un rire en inclinant la tête vers Hermione.
« J'avoue que c'était un épisode assez mythique ! Elle s'est figée d'un coup, elle a montré Malfoy du doigt et paf ! Elle s'est mise à débiter des inepties concernant la future Madame Malfoy ! Il était livide, c'était pas beau à voir ! »
« Baratiiiin, souffla Hermione. Cette vieille bique est complètement folle, elle est complètement à côté de ses pompes. Elle ne manque pas une occasion pour se faire remarquer ! »
« On s'en fiche Hermione, ça nous a bien fait marrer ! répliqua Harry en lui assénant une pichenette sur l'épaule de son amie. C'est surtout le fait d'imaginer que Malfoy puisse séduire une nana… »
Les deux garçons hurlèrent de rire en cœur alors qu'Hermione pouffait de son côté. Le plus drôle n'étant pas de visualiser Malfoy avec une fille (ils avaient eu l'occasion de le voir plusieurs fois déjà), mais plutôt de l'envisager avec une femme « normale » dont la capacité intellectuelle dépassait celle de Crabbe et Goyle réunie. Il paraissait clair qu'aucune femme normale ne voudrait d'un cas désespéré comme Malfoy. Aucune.
Les Gryffondors et les Serpentards avaient cours de potions ensemble, à leur grand désespoir. Blaise et Pansy discutaient de la réception du futur mariage de Draco tandis que celui-ci leur jetait un regard noir, ce qui ne fit qu'accentuer leur débat sur la couleur du costard du marié. Vert et argenté, c'était bien joli sur un écusson, mais ça n'allait pas plus loin. A moins qu'il ne veuille ressembler à une boule de disco.
« Je ne vais pas me marier bande d'abrutis ! ragea Draco en leur assenant plusieurs coups de parchemin sur la tête. »
Ses deux amis n'eurent pas le temps de répliquer puisque le Professeur Rogue s'engouffra dans la salle de manière mystérieuse comme toujours. Les Gryffondors avait souvent l'impression qu'il préparait un coup fourré quand il faisait son entrée théâtrale. Et ils détestaient ça. Rogue s'assit lentement sur sa chaise en regardant tout le monde de haut. Il aimait les contempler de la sorte afin d'instaurer un climat d'austérité.
« Page 202, grinça-t-il en ouvrant son propre livre d'un coup de baguette magique. Et je suis d'une humeur particulièrement exécrable. »
Ron se pencha très élégamment vers Harry et Hermione, assis côte à côte.
« Pas que ça change de tous les jours… »
Hermione lui intima le silence d'un regard sombre tandis que Rogue glissait un « Cinq points en moins pour Gryffondor » sur le ton de la conversation.
Le cours se poursuivit dans l'ennui le plus total. Harry dessinait une chouette sur son parchemin, Hermione se contemplait les ongles en se disant que, peut-être, mais vraiment peut-être, Lavande avait raison quand elle lui conseillait de faire une manucure (la brunette connaissait déjà le cours de Rogue grâce au livre Les Mille et Une Potions par Miranda Tripps emprunté il y a deux jours à la bibliothèque – très enrichissant soit dit en passant) et Ron dormait éveillé comme à son habitude. A ses côtés, Neville tremblait comme une feuille et n'osait même pas regarder le Professeur Rogue.
Draco réfléchissait à son problème de la journée, Théodore soupirait de lassitude et Pansy et Blaise organisaient le plan de table du futur mariage de Draco. La salle respirait une joie profondément dissimulée…
« Je vous jure que si vous n'arrêtez pas de suite, vous allez passer un sale quart d'heure ! grogna Draco en entendant Blaise et Pansy bavasser à propos de « est-ce qu'il n'était pas plus ingénieux de placer les Gryffondors au fin fond de la salle, genre derrière une énorme colonne en marbre et de leur installer des poufs pour que les Serpentards puissent les regarder de haut ». Et comment osez-vous inviter des Gryffondors à MON mariage ? »
Pansy et Blaise pouffèrent comme des gamins avant de se retourner discrètement vers lui et de lui souffler : « Tu seras bien obligé à cause de ta future femme ! ».
Draco tiqua. Sa future femme ? Pourquoi serait-il obligé à cause de sa future femme ? Ils avaient de ces idées ces deux-là. Et aucune femme au monde ne lui ordonnerait quoique ce soit ! Bon, sauf sa mère cela va sans dire…
« Ma future femme sera une Serpentard bande d'écervelés ! Aucun Gryffondor à mon mariage, vous avez pêché ça où, par Merlin ? Vous voulez pas inviter les elfes tant que vous y êtes ? »
Pansy et Blaise se regardèrent, les sourcils froncés. Pas une mauvaise idée de la faire changer de maison, enfin était-ce seulement possible ?
Draco éternua. Et voilà, il avait choppé la crève… Foutue Angleterre où il n'était pas foutu de faire chaud pendant un foutu hiver !
Il repensa aux paroles de Trelawney. Elles prenaient une trop grande importance aujourd'hui, il était temps d'arrêter avant que ça ne dépasse les bornes. Blaise et Pansy étaient des cas désespérés donc il se fichait un peu d'eux, mais le tout était de ne pas ébruiter l'affaire. Même si cette cruche de Trelawney avait fait sa mascarade en public, et de surcroît, devant les Gryffondors. Il n'avait pas cerné toutes ses paroles puisqu'il dormait à moitié lorsqu'elle s'était tournée vers lui abruptement, mais il possédait cette mémoire auditive qui lui sauvait assez souvent la vie. Il lui suffisait simplement de se concentrer un minimum pour se remémorer les déblatérations de ces nullités de profs noyées dans les méandres de son cortex cérébral.
« Vous la haïssez autant qu'elle vous déteste. »
Et l'Oscar de la clairvoyance revenait à…
« Fin du cours. »
Tous les élèves se ruèrent vers la porte de sortie, trop heureux de se débarrasser des trois heures hebdomadaires de potions. Draco se souvenait avoir vu une silhouette aux cheveux hirsutes dans sa boule de cristal lorsque Trelawney avait pété son câble. Il ne savait pas si ça justifiait d'un quelconque lien, et secrètement et profondément, il espérait que non. L'amour de sa vie ne pouvait pas être Bellatrix Lestrange, nom d'une baguette !
A suivre…
