Tous les personnages appartiennent à Stephenie Meyer, sauf ceux qui sont sortis de mon imagination.
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Hello !
J'espère que vous allez tous et toutes bien !
Voici ma nouvelle fic sur Edward et Carlisle, j'espère qu'elle vous plaira. Donc comme vous pourrez le lire, cette histoire ne se passe pas de nos jours mais aux environs du milieu du XIXème siècle. J'espère qu'elle vous plaira. J'ai essayé d'utiliser le langage de cette époque, mais pour des facilités, une certaine familiarité s'installera rapidement entre les personnages proches.
Pour ce qui concerne la publication, je vais essayer de la mettre à jour tous les dimanches, cependant, si je n'ai pas le temps, je publierai le mardi ou jeudi soir dernier délai.
Donc voici le premier chapitre qui place le décor de ce fait il n'est pas des plus passionnants. Bon, je vous laisse le découvrir et je vous dis à bientôt !
Bonne lecture !
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Chapitre 1 : Stafford Manor
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Le Duc de Gloucester ôta son haut de forme et grimpa dans la berline qui attendait dans l'une des nombreuses cours de Buckingham Palace. Il s'assit sur la banquette et le cocher fouetta les chevaux. Le Duc passa une main dans ses cheveux alors que ses yeux se perdaient dans les rues de Londres pour observer les passants de tous horizons qui s'y mêlaient. Son entretien avec le Reine Victoria c'était plutôt bien passé, il avait pu sentir la peur du monarque lors de son entrée dans le petit salon, mais il l'avait rapidement rassuré, il était un émissaire des Volturi et non l'un d'entre eux. Il avait alors rappelé les termes de leur accord à sa Majesté la Reine Victoria, insistant sur l'importance du secret concernant leur existence. Son Altesse Royale avait acquiescé tout en promettant d'étouffer les rumeurs qui couraient dans son pays. La Reine Victoria n'était pas dupe, elle savait parfaitement que son armée, aussi nombreuse et forte soit-elle, ne ferait jamais le poids face à une armée composée de vampires. Cependant, il devait avouer qu'il avait été impressionné par la nouvelle souveraine, son instinct lui souffla qu'elle serait une grande Reine. Le Duc de Gloucester à la sortie de l'entretien mandata un messager pour Volterra, ce dernier devait rassurer les Volturi sur la fidélité du royaume de Grande-Bretagne.
En effet, bien avant sa naissance et sa transformation, les vampires avaient pris le monopole du monde. Conscient qu'ils ne pouvaient pas vivre sans les humains, les Volturi, famille royale qui gouvernait leur univers, avaient décidé d'établir un traité avec les familles royales humaines. Il fut décidé que ces derniers garderaient secrète l'existence de ces créatures de la nuit et en contrepartie les vampires ne se nourrissaient que de gens du peuple. Contrairement à ses semblables, il n'avait jamais bu de sang humain. A peine avait-il été transformé et comprit sa nature qu'il avait voulu mettre fin à ses jours. N'y parvenant pas, il avait cherché une alternative et il l'avait trouvé dans le sang animal. Plusieurs années s'étaient écoulées avant qu'il ne rencontre des êtres semblables à lui. Le premier vampire qu'il rencontra n'était pas n'importe qui, mais à l'époque il l'ignorait, il s'agissait d'Aro, le Chef des Volturi. Ce dernier intrigué par son régime et par son humanité avait décidé de le convier à Volterra, fief du trio royal, où il vécut près d'un siècle. L'amitié qui le liait Aro s'apparentait à un amour fraternel, Marcus, par sa sagesse, s'était révélé un véritable mentor quant à Caïus, le dernier membre de la triade, et bien… Ils n'avaient pas du tout les mêmes opinions et se supportaient difficilement. A son départ de Volterra, Aro lui avait donné des terres et un titre faisant de lui l'un des hommes le plus puissant en ce monde. Etant un pacifiste né, il était un atout pour les négociations que ce soit avec les humains ou les vampires plus ou moins rebelles.
Le Duc soupira et s'appuya contre le dossier de sa banquette, il ferma les yeux et dire que le voyage aurait été plus rapide s'il avait été à pieds, mais il devait sauvegarder les apparences. Il était heureux de se retrouver dans son pays natal qu'il avait été obligé de quitter 30 ans plus tôt pour ne pas éveiller les soupçons des humains qui l'entouraient et n'étaient pas dans le secret. Certains des serviteurs travaillaient de père en fils, de mère en fille, pour lui depuis des siècles, mais d'autres ainsi que beaucoup nobles de la région n'étaient pas au courant de son secret. Il avait donc était contraint de quitter ses terres. Un sourire se dessina sur son visage quand il songea qu'il allait enfin retrouver son havre de paix ainsi que ses amis. D'ailleurs, il devait faire un arrêt à Bristol pour passer quelques jours chez ses plus proches amis le Comte et la Comtesse de Stafford. Il espéra que le jeune Marquis de Dorset serait présent, il ne l'avait pas vu depuis 6 mois et lui, tout comme sa moitié, lui manquaient. Il ferma les yeux se perdant ainsi dans ses souvenirs, il ne vit ainsi pas le voyage défiler et fut presque surpris quand il arriva à destination. La calèche s'était arrêtée devant le perron d'un immense manoir. Un valet en uniforme vint ouvrir la portière de sa voiture et déplia le marchepied. Le Duc de Gloucester posa un pied sur la marche et mit son haut de forme sur sa tête avant de poursuivre sa progression. De part et d'autre de la calèche, une allée de serviteurs s'étirait, son regard se vrilla sur ses hôtes qui l'attendaient en haut du perron. Ils se sourirent et il s'avança. Alors qu'il était au milieu de l'allée formée par les serviteurs, une odeur alléchante parvint à ses narines. Sans qu'il ne les voie, il sut que ses prunelles s'étaient assombries, le venin afflua dans sa bouche.
« -Cher Duc de Gloucester, c'est un honneur de vous accueillir dans notre humble demeure, déclara le Comte de Stafford qui s'était rendu compte de son malaise.
Le Comte ainsi que son épouse s'avancèrent, lui jetant un coup d'œil inquiet tout en contemplant leurs serviteurs prêts à se jeter devant eux pour les protéger.
-Bonsoir, Cher Ami, répondit-il d'une voix affable, je suis heureux de vous revoir.
Il serra la main du Comte de Stafford tout en lui offrant un sourire rassurant, il était à nouveau maître de ses gestes, il se tourna vers la Comtesse dont il saisit la main pour la baiser.
-Très Chère, vous êtes toujours aussi sublime.
-Vil flatteur, sourit la Comtesse en lui offrant son bras. Vous nous avez manqué.
-Je suis là, maintenant Mon Amie.
-Qu'est-ce qui sur ce Nouveau Monde a donc retenu votre attention si loin de vos amis ? Questionna le Comte de Stafford en leur emboîtant le pas.
-Il faudrait que vous alliez aux Amériques pour comprendre, dit-il en pénétrant dans la demeure de ses amis.
Ils poursuivirent le reste de leur chemin dans le silence jusqu'à gagner le salon principal. Il prit place dans le fauteuil que lui désignait son hôte pendant que la Comtesse demandait qu'on leur apporte du thé. Le maître d'hôtel ne tarda pas à revenir avec une légère collation.
-Merci, Albert, dit-il à l'homme qui lui tendit une tasse et qui était déjà là lors de sa dernière visite.
-Je vous en prie, Milord.
Le maître d'hôtel les salua avant de se retirer. Ses hôtes lui laissèrent prendre une gorgée de thé dont il savoura l'amertume avant de parler.
-Tout va bien ? Questionna le Comte.
-Oui, répondit-il simplement.
-J'ai réellement cru que vous alliez attaquer l'un de nos serviteurs, avoua la Comtesse inquiète.
-N'ayez crainte Carmen, c'était juste un moment d'égarement et je m'excuse de vous avoir effrayé. J'irais chasser avant de dîner.
-J'ai confiance en vous Très Cher, assura la Comtesse de Stafford, vous êtes le plus fort d'entre nous.
-Personne n'est à l'abri d'une faiblesse, murmura-t-il en se souvenant de l'odeur alléchante qui l'avait tant tentée.
-Souhaitez-vous que nous allions chasser avant le dîner ? Proposa le Comte.
-Oui, cela ne serait pas superflu, avoua le Duc de Gloucester et en se rappelant qu'il ne s'était pas nourri depuis deux jours.
Le Duc but la dernière gorgée de son thé, tout comme ses hôtes. Bien sûr aucun d'entre eux n'avait faim de nourriture ou de boisson humaine, cependant, ils pouvaient manger pour donner le change et les boissons chaudes réchauffaient quelque peu leurs êtres glacés. Lorsqu'il reposa sa tasse sur sa coupelle, Carmen agita une clochette et Albert ne tarda pas à les rejoindre. Il s'inclina devant eux avant que la Comtesse de Stafford reprenne la parole.
-Albert, Lord Cullen de Gloucester souhaite aller se reposer dans ses appartements avant d'aller se promener avec mon époux.
-Bien, Madame.
Carlisle salua ses hôtes avant d'accompagner le Maître d'Hôtel dans le hall. Aussitôt, il sentit une vive brûlure s'éveiller dans sa gorge et le venin afflua en masse dans sa bouche. Il bloqua sa respiration priant pour parvenir à se contenir.
-Milord, laissez-moi vous présenter le jeune Edward, il sera chargé de votre confort lors de votre séjour à Stafford Manor.
-Si vous voulez bien me suivre, Milord. »
La voix du jeune homme fit se tendre tout son corps. Il serra les poings et se retint difficilement de lui sauter dessus, tout son être n'avait qu'une envie goûter, savourer le jeune homme. Pourtant, il n'en fit rien et suivit son valet qui le conduisait jusqu'à ses appartements. Pendant le trajet, il ne put s'empêcher de le détailler. Il était plutôt grand, son corps paraissait musclé mais sans excès ce qu'il appréciait grandement. Ses cheveux étaient un savant mélange entre le roux et le blond et malgré les efforts de son propriétaire pour les coiffer, ces derniers s'hérissaient en tous sens ne lui donnant qu'une seule envie : les caresser. Il inspira discrètement et regretta aussitôt son geste quand son odeur douce et à la fois virile parvint à ses narines, un mélange de sucré et quelque chose de plus épicé, d'excitant sur lequel il n'arrivait pas à mettre un nom. Arrivé devant la porte de ses appartements, le jeune homme ouvrit cette dernière, puis, il s'écarta pour le laisser passer. Avant qu'il ne baisse la tête, Carlisle fut transpercé par le regard émeraude de l'humain. Jamais au cours de sa longue existence il n'avait rencontré des prunelles d'un vert aussi magnifique, aussi pur. Le Duc de Gloucester sursauta en entendant la porte se refermer derrière lui.
« -Puis-je faire quelque chose pour vous, Milord ? Questionna le jeune homme.
Carlisle ferma les yeux pour savourer le ton chaud de la voix de son laquais. Oui, le jeune Edward pouvait effectivement faire quelque chose pour lui, cependant, il s'offusqua des pensées peu chastes qu'il avait envers ce jeune homme à peine sortit de l'enfance.
-Milord ? Interrogea Edward perplexe face à son silence.
-Mes affaires ? Questionna-t-il en se détournant pour ne pas se laisser tenter.
-Je les ai rangées, Milord.
-Bien.
Carlisle arpenta les appartements qu'il connaissait déjà pour y avoir séjourné plusieurs fois durant ces derniers siècles. Il observa la nouvelle décoration que Carmen avait choisie, il devrait penser à remercier son hôtesse, ses appartements s'étaient encore embellis. Durant toute la visite, il put entendre Edward le suivre quelques pas en arrière. Le jeune homme ne pouvait partir sans qu'il ne lui donne congé, il aurait dû le libérer et ainsi il n'y aurait plus eu de tentation, seulement, le problème c'était qu'il n'avait aucune envie de le faire. Il revint dans le petit salon, Edward s'arrêta quand il se figea.
-Puis-je faire autre chose pour vous, Milord ? Interrogea innocemment le jeune homme.
Carlisle se retourna en entendant ces quelques mots. Plusieurs idées, plus alléchantes les unes que les autres traversèrent son esprit, oui, le jeune Edward pourrait faire bien des choses pour lui. Que ce soit son sang, son corps, tout l'appelait en ce jeune homme. Il fit un pas dans sa direction quand il remarqua le corps soudain raidit de son valet et sa tête baissée. Ses sourcils se froncèrent quand il perçut un sentiment qui aurait ravi toute autre créature de la nuit que lui, la peur. Il revint brutalement sur terre et s'éclaircit la gorge.
-Pourriez-vous sortir des vêtements simples, je vais aller me promener avec le Comte.
-Bien, Milord.
Le jeune homme sembla soulagé d'avoir quelque chose à faire et surtout quelque chose qui l'éloignait un peu de lui. Carlisle fit deux ou trois pas avant de se figer en croisant son reflet dans le miroir, pas étonnant que son valet soit terrorisé, ses traits étaient tirés et ses yeux étaient aussi noirs que la nuit.
-J'espère que mon choix agréera à Milord, dit Edward un instant plus tard, puis-je faire autre chose ?
-Non, vous pouvez disposer. Je prendrais un bain à mon retour. Savez-vous si le Comte et la Comtesse de Stafford ont convié du monde au dîner ?
-Oui, Milord.
-Bien, alors, vous m'aiderez à me préparer.
-Bien, Milord.
-Vous pouvez disposer.
Par l'entremise du miroir, il vit le jeune homme s'incliner avant de se diriger vers la porte. Carlisle s'approcha du lit et vit les vêtements que son valet avait choisis pour lui.
-Edward ?
-Oui, Milord ?
Le jeune homme s'était arrêté et le dévisageait avec une certaine crainte.
-Merci, je n'aurais pas mieux choisi.
-Je vous en prie, Milord. »
Le jeune homme esquissa un sourire qui alla tout droit réchauffer son cœur mort. Carlisle hocha doucement la tête et son valet s'inclina en retour avant de quitter discrètement la chambre. Une fois seul, il inspira profondément cherchant à apprivoiser cette odeur tout en s'en délectant. Le venin affluait dans sa bouche, comment allait-il pouvoir tenir durant tout son séjour sans craquer ? Et s'il n'y avait que l'odeur, non, il avait fallu que tout l'être de son valet l'attire, jamais il n'avait ressenti un tel désir que pour ce soit pour l'un de ses semblables ou un humain. Carlisle soupira et s'approcha d'une desserte où se trouvaient un broc d'eau et une bassine en porcelaine. Il versa un peu d'eau dans cette dernière avant de s'asperger le visage. A tâtons, il chercha la serviette qu'il finit par trouver et s'essuya. Tout en relevant la tête, il croisa son reflet dans le miroir. Si l'eau avait quelque peu calmé ses ardeurs, ses yeux noirs démontraient autant sa soif que son désir. Quelques légers coups furent frappés à sa porte et il se dirigea rapidement vers cette dernière en ayant reconnu l'odeur d'Eléazar. Les traits de son ami se froncèrent lorsqu'il vit son état et il lui fut reconnaissant de ne rien dire. Ils quittèrent rapidement Stafford Manor et une fois hors de vue, ils s'élancèrent à vive allure. Carlisle laissa l'animal en lui reprendre le dessus, ses sens s'éveillèrent à la chasse et il ne tarda pas à trouver une proie.
Il ignorait depuis combien de temps il chassait, mais il avait vidé plusieurs cerfs de leur sang lorsque le monstre en lui s'était enfin calmé. S'est donc apaisé qu'il rejoignit son ami qui l'attendait tranquillement assis sur un tronc d'arbre mort. A son arrivée, il put sentir peser sur lui le regard d'Eléazar qui cherchait sûrement un signe de faiblesse.
« -Tout va bien ?
-Oui, je vais mieux, je te remercie.
Quand ils se retrouvaient seuls et sûrs que personne ne les entendrait, le ton formel qu'utilisait la noblesse disparaissait, cela faisait plusieurs siècles qu'ils se côtoyaient et, pour eux, ils formaient une famille.
-Est-ce l'entretien avec son Altesse Royale, la Reine Victoria qui t'a mis dans un tel état ?
-Non, tout c'est bien passé.
Eléazar se leva et fit quelques pas en direction de Stafford Manor, Carlisle lui emboîta le pas. Ils marchèrent en silence pendant un long moment.
-J'ai remarqué que tu avais engagé du nouveau personnel ?
-Oui. Nous avons dû nous séparer de pas mal d'entre eux, tous ceux qui ne sont pas dans le secret, précisa Eléazar, ils allaient commencer à se poser des questions en ne nous voyant pas vieillir. Carmen s'est débrouillée pour qu'ils trouvent de bonnes places.
-Et vos voisins ?
-Ils sont plus souvent à Londres qu'ici, donc nous les voyons rarement. Cependant, ce soir, ils seront là. Tu n'imagines pas la panique que ta présence a engendrée chez ces dames et surtout ces demoiselles.
-Tu m'effraies là, murmura Carlisle, je crois que je vais partir dès ce soir !
-Rassure-toi, nous ne serons pas nombreux. Au fait, tes nouveaux appartements te plaisent-ils ? Carmen s'est empressée de les redécorer lorsque tu nous as annoncé ton arrivée.
-Oui, je la remercierai, tout est parfait comme d'habitude.
-Et ton valet ?
-Edward ?
-Oui, il est jeune et n'a pas d'expérience. Il cherchait un travail pour quelques mois et Albert l'a pris sous son aile, il l'a formé et le résultat était plus que probant. Je me suis dit que tu serais plus indulgent que certains de nos invités et puis…
-Oui ?
-Et puis, étant donné ta présence, il est possible que certains des nôtres viennent pour que tu règles certains conflits ou autre.
-Et quel est le rapport avec Edward ?
-Tu n'as pas remarqué son odeur ? Jamais je ne l'aurais engagé si Carmen n'avait pas insisté, je crois qu'elle est tombée sous son charme. Comment un humain peut-il envoûter un vampire ?
-Je me le demande, soupira Carlisle.
Eléazar stoppa ses pas et il réalisa à cet instant qu'il avait parlé à voix haute.
-Est-ce lui qui t'a mis dans cet état ? S'inquiéta le Comte de Stafford.
-Non, mentit Carlisle.
-Tu en es sûr parce que je peux demander à Carmen de t'adjoindre un autre valet ? Proposa le maître des lieux.
-Certes, je dois admettre que son odeur m'a troublé, mais j'ai fait l'erreur de ne pas me nourrir de deux jours. Entre mon départ précipité de Volterra suite à mon entretien avec Aro et celui avec la jeune Reine Victoria, je n'en ai guère eu le temps. Je n'aurais pas dû être aussi négligent et je suis navré de t'avoir inquiété.
-Donc tout ira bien avec Edward, ce n'est pas la peine que je l'envoie travailler à l'écurie ou en cuisine ?
-Non, tout ira bien. »
Eléazar acquiesça et ils se mirent en route pour Stafford Manor. Arrivés dans le jardin, ils reprirent une allure normale et regagnèrent la demeure qui commençait à être éclairée par des centaines de bougies. Il prit congé de son hôte et se dirigea vers sa chambre. Quand il entra dans celle-ci, un feu brûlait dans l'âtre et la douce odeur qui parvint à ses narines lui apprit qu'Edward était là. Il pénétra dans le salon, mais il n'y avait personne. Il renifla et suivit le parfum de son valet. Carlisle entra dans une petite pièce où brûlaient plusieurs bougies tout n'était que marbre et dorures. Mélangée à l'odeur du jeune homme venait s'ajouter celle de divers bouquets de fleurs qui ornaient la salle. Le bac qu'était en train de remplir son laquais faisait face à une baie vitrée qui offrait une vue sur la forêt et sur le ciel qui s'était paré d'étoiles scintillantes. Un hoquet de frayeur le sortit de sa contemplation. Sans réfléchir et en un geste rapide, il rattrapa le broc qui venait d'échapper aux mains d'Edward.
« -Pardonnez-moi, murmura le jeune homme qui lui reprit la jarre, je suis désolé, je ne vous ai pas entendu entrer, Milord.
-Ne vous excusez pas Edward, c'est plutôt moi qui devrait me faire pardonner de vous avoir effrayé.
-J'aurais dû être attentif à votre retour.
-Ce n'est rien, Edward, n'en parlons plus, demanda-t-il avec un sourire.
Le jeune homme acquiesça avant d'aller déposer le récipient dans un coin de la pièce avant d'en saisir un autre pour terminer de préparer son bain.
-Je serais dans le salon, prévint Carlisle.
Une fois hors de la vue du jeune homme, il courut vers la cheminée pour réchauffer le plus possible son corps. Il n'eut pas longtemps à attendre, Edward ne tarda pas à le rejoindre.
-Votre bain est prêt, Milord. »
Carlisle hocha la tête avant de retourner dans la pièce. Le vampire bloqua sa respiration quand il sentit le jeune homme se poster derrière lui, les mains de son valet se posèrent sur le col de sa veste pour la lui ôter. Une fois cette dernière enlevée, son laquais alla la déposer sur un fauteuil avant de revenir vers lui. D'ordinaire, il refusait l'aide d'un valet pour se dévêtir, mais il se retrouva incapable d'ouvrir la bouche pour le lui signifier car il était trop désireux de sentir sa peau en contact avec la sienne. Les doigts du jeune homme n'étaient qu'à quelques millimètres des boutons en nacre fermant sa chemise. Bien que discret, il entendit le soupir que poussa le jeune homme. Il haussa un sourcil intrigué. Etait-ce pour se donner du courage ou autre chose ? Ce pourrait-il qu'il ne soit pas le seul à ressentir cette attraction ? Un léger sourire naquit sur son visage et il décida d'essayer d'obtenir une réponse. Imperceptiblement, il se rapprocha, les doigts du jeune homme touchèrent la peau qu'il venait de dénuder. Un frisson parcourut tout son être et il dut se maîtriser pour ne pas laisser échapper un grognement. Edward, quant à lui, recula comme s'il venait de se brûler, leurs regards se croisèrent un bref instant avant que son laquais ne baisse précipitamment la tête. La légère rougeur qui était apparue sur ses joues lui apporta une réponse des plus agréables. Le jeune homme termina rapidement de défaire sa chemise avant d'aller la déposer avec sa veste. Il revint vers lui d'un pas hésitant, visiblement mal à l'aise et n'osant pas regarder dans sa direction.
« -Je vais me débrouiller, annonça-t-il finalement. Edward, pouvez-vous sortir mon costume ?
-Bien sûr, Milord, lequel ?
-Choisissez.
Edward acquiesça avant de quitter la pièce pour aller préparer ses vêtements. Carlisle termina de se déshabiller et entra dans le bain. Il ferma les yeux et savoura l'eau chaude qui tiédissait sa peau ce qui ne serait pas négligeable pour la soirée. Il appuya sa tête contre le rebord et s'autorisa un peu de repos. Cependant, son répit fut de courte durée quand il sentit la présence du jeune homme dans la pièce. Ce dernier se tenait sur le seuil, hésitant à entrer. Carlisle savait que beaucoup de nobles appréciaient que leurs servants s'occupent d'eux même pendant leur toilette, chose qu'il n'appréciait pas, mais là, il s'agissait d'Edward. Le jeune homme inspira profondément avant de s'approcher et de saisir un linge avec du savon. Le vampire mordilla sa lèvre inférieure, il serait tellement tentant de le laisser faire, de sentir ses doigts chauds parcourir sa peau. Néanmoins, il remarqua le malaise de son valet et cela lui permit de reprendre ses esprits. Il posa sa main sur celle du jeune homme pour lui prendre le savon et le linge, ils se figèrent, un étrange courant venait de traverser leurs corps quand leurs mains se touchèrent. Les joues d'Edward se colorèrent et il recula d'un pas, son laquais voulut récupérer sa main, mais il la garda prisonnière de ses doigts.
-Je peux me débrouiller, murmura Carlisle.
-Bien, Milord. Euh… Puis-je récupérer ma main ? »
S'il l'avait pu, le vampire aurait rougi de gêne. A regret, il lâcha la main de son valet qui en profita pour se retirer. Carlisle soupira avant de se laisser couler dans son bain. L'eau le recouvrit et il ferma les yeux pour essayer d'apaiser ses sens. Il repensa à son entretien avec la Reine Victoria pour se changer les idées. Il avait été impressionné par son calme et le courage dont elle avait fait preuve en se retrouvant en tête-à tête avec un vampire. Il espérait que son message pour les Volturi apaiserait ces derniers et qu'ils laisseraient en paix le Royaume de Grande Bretagne. Carlisle fit ensuite le vide dans son esprit. Ce ne fut que lorsque l'eau lui parut froide, qu'il se résigna à sortir de son bain. Tout en se redressant, il attrapa le savon et le linge pour se laver rapidement. Il avait suffisamment perdu de temps. Une fois lavé, il vit réapparaître Edward dans l'embrassure de la porte. Dès que son valet s'aperçut qu'il était sur le point de sortir, il alla chercher une serviette qu'il ouvrit devant lui. Carlisle se leva et il sourit en voyant l'embarras du jeune homme qui faisait tout pour ne pas regarder sa nudité. Le vampire s'enroula dans la serviette tout en s'essuyant et en sortant du bac. Il alla dans la chambre et sourit en voyant sa tenue, parfait, Edward et lui semblaient partager les mêmes goûts. Il se dépêcha de mettre son sous-vêtement et son pantalon avant que son laquais ne le rejoigne. Une fois habillé, il noua sa cravate avant de vérifier son reflet dans le miroir.
« -Allez, soupira-t-il, il est temps de rejoindre la fosse aux lions. »
Edward esquissa un léger sourire en entendant sa remarque et tout en lui faisant un signe de tête, Carlisle quitta ses appartements pour rejoindre le salon où se trouvaient déjà quelques invités. Une fois devant la porte du salon, il s'arrêta le temps de se composer un visage neutre, puis, il entra. Il fut soulagé quand il ne vit qu'une dizaine de personnes, Eléazar ne lui avait pas menti en disant qu'il s'agirait d'un dîner intime. Carmen vint à sa rencontre, il lui offrit son bras et son hôtesse l'entraîna vers les invités pour faire les présentations.
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Carlisle lisait tranquillement installé dans un fauteuil du salon de ses appartements, il tourna la page de son livre quand le chant des oiseaux attira son attention. Délaissant son ouvrage, il observa le soleil se lever. Lentement, des bruits peuplèrent Stafford Manor, lui indiquant que ses occupants humains étaient levés et vaquaient à leurs occupations. Enfin, pas tous… Il était certain que les Newton devaient encore être endormis dans leurs chambres. Comment Carmen avait-elle pu les laisser ainsi s'installer ici ? Il ne les supportait pas. Toute la soirée, il avait écouté les vantardises du frère aîné pendant que la sœur, qui se prenait sûrement pour une beauté, ne cessait de lui sourire et de mettre son décolleté sous son nez. Heureusement pour lui son autre voisine de table, la jeune Angéla Weber, fille du pasteur, était cultivée et ils avaient pu parler littérature et musique jusqu'à ce que son autre voisine ne se mette à chercher à attirer son attention en gesticulant. Néanmoins, Mademoiselle Newton ne s'était pas rappelée qu'elle avait fait signe pour qu'on lui remplisse son verre de vin et c'est ainsi que son bras frappa violemment la carafe qui se renversa sur elle. Carlisle n'avait pu retenir un sourire, sa robe était tâchée et la demoiselle commençait à prendre une belle couleur rouge. Cependant, son amusement disparut rapidement lorsque cette dernière déversa toute sa colère sur le serviteur responsable, selon elle, de son état, Edward avait pâli et encaissé les reproches tout en baissant la tête et en s'excusant. Carmen avait mis un terme au supplice du jeune homme en lui demandant de retourner en cuisine, elle avait ensuite rassuré Mademoiselle Newton en lui disant que leur lingère faisait des miracles. Une fois l'incident passé, le dîner avait repris son cours, mais il n'adressa plus la parole aux Newton qui ne cessait de se plaindre de ne pas trouver du personnel de maison compétent.
Carlisle chassa ses pensées qui avaient réveillé sa colère, un grognement secoua son torse. Si jamais, il se trouvait face à l'un des enfants Newton, il n'était pas certain de garder son calme. Il inspira profondément et aussitôt un agréable parfum le détourna de sa colère. Edward était là. Il se tourna vers le vestibule et sourit au jeune homme qui entrait sur la pointe des pieds.
« -Bonjour, Edward.
Son valet sursauta et il put entendre son cœur battre la chamade dans son torse.
-Bonjour, Milord, le salua-t-il d'une voix hésitante.
-Décidément, je suis navré de vous effrayer aussi souvent.
-Ce n'est rien, Milord, je pensais que vous dormiez et ne voulais pas vous réveiller.
-Que venez-vous faire de si bon matin dans mes appartements ?
-Je venais chercher vos vêtements pour les faire nettoyer, annonça le jeune homme en se dirigeant vers la chambre.
Carlisle pesta soudain en se rappelant que son lit était intact ce qui ne manquerait pas d'interpeller le jeune homme. Il se dépêcha de se lever pour stopper la progression de son valet, mais ce dernier avait profité de son inattention pour le prendre de vitesse. Le vampire fut soulagé de voir que les lourds rideaux obstruaient toujours les fenêtres de la chambre, il se précipita vers le lit dont il défit la courtepointe et les draps avant de reprendre sa place sur le seuil de la pièce. Edward, qui venait de terminer de tirer les rideaux, se figea et se tourna vers lui en fronçant les sourcils.
-Qu'y a-t-il ? Questionna Carlisle en priant pour qu'il n'ait rien remarqué.
-C'est étrange, Milord, il m'a semblé sentir un courant d'air, mais pourtant les fenêtres sont fermées. Vous n'avez rien senti ?
-Non, mais vous m'avez l'air fatigué, on devient plus frileux dans ces moments-là.
-Peut-être. Voulez-vous que j'aille chercher votre petit-déjeuner ou souhaitez-vous descendre à la salle à manger ?
-Les Newton sont-ils toujours là ?
-Oui, Milord.
-Bien, je prendrais mon repas ici. Au fait, j'espère que l'accident qu'a causé Mademoiselle Newton ne vous a pas apporté d'ennuis ?
-Non, Milord, même si ma maladresse l'aurait justifié.
-Edward, vous n'êtes en rien responsable des gesticulations de Mademoiselle Newton !
-Je vous remercie pour vos paroles, Milord, je vais chercher votre repas.
-Merci.
Le jeune homme s'inclina avant de se diriger vers la sortie. Carlisle l'observa quelques secondes avant de l'interpeller.
-Edward ?
-Oui, Milord ?
-J'aimerais que vous fassiez le ménage de mes appartements au plus vite, donc, portez mon déjeuner et occupez-vous-en ensuite.
-Pardonnez-moi, Milord, mais je dois servir…
-Vous ne mettrez pas un pied dans cette salle à manger, quitte à ce que je doive vous occuper toute la journée.
-Mais Madame la Comtesse…
-Elle ne dira rien, j'en fais mon affaire. Allez, filez !
-Merci, Milord. »
Le jeune homme lui sourit sincèrement et il ne put s'empêcher de se sentir heureux tout en se disant qu'il était prêt à séquestrer son valet dans ses appartements jusqu'au départ des Newton s'il pouvait avoir droit à d'autres sourires ! Edward ne tarda pas à revenir avec un plateau bien garni qu'il déposa sur la table du petit salon. Carlisle s'y installa, son livre à la main tout en buvant distraitement son thé car il était bien trop occupé à épier son valet pour se concentrer sur sa lecture. Edward ouvrit ses fenêtres, l'air frais du matin entra dans ses appartements, il vit le jeune homme frissonner avant de se remettre au travail. Ses doigts se serrèrent sur la hanse de la théière alors qu'il se resservait quand son valet se pencha pour refaire son lit lui donnant une vue parfaite de son postérieur magnifiquement moulé par son pantalon… Carlisle stoppa immédiatement ses pensées quand il en réalisa la teneur. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Qu'était-il en train de faire ? Ses pensées l'effrayèrent ! Décidément, Edward réveillait des sentiments plus ou moins violents en lui et cela le terrorisait.
« -Edward, je vais allez faire une balade, je reviens dans une heure, pouvez-vous vous assurer qu'à mon retour, il n'y ait aucun grain de poussière ici et qu'un bain m'attende ?
-Je m'y emploierai, Milord.
-Bien. A tout à l'heure.
-Milord ?
-Oui, Edward ?
-Je vous conseillerai d'emprunter l'escalier de service qui se trouve au bout du couloir, certes, vous atterrirez dans les cuisines, mais il m'a semblé apercevoir quelqu'un qui vous attendait devant l'escalier principal.
-Quelqu'un ?
-Je ne me souviens pas avoir vu Madame la Comtesse arborer une robe de taffetas rose bonbon.
-Merci pour le renseignement. »
Carlisle quitta ses appartements. Effectivement au coin du couloir, il aperçut le bout d'une robe et il s'empressa de suivre les consignes de son valet. Il salua les serviteurs qu'il croisa et qui furent surpris de le voir là. A la cuisine, il profita de que ce Sally, la cuisinière, soit seule pour déposer un baiser sur sa joue. Cette dernière sursauta avant de se tourner vers lui pour le frapper avec une cuiller en bois.
« -Lord Cullen ! En voilà des manières !
-Bonjour, Sally ! Comment allez-vous ?
-Très bien et vous Milord ?
-Je vais bien, je vous remercie. Alors, vous n'êtes toujours pas décidée à quitter Stafford Manor pour Gloucester Castel ?
-Et que ferais-je là-bas ? Vous êtes-vous mis à avoir une vie mondaine ?
-Ouche ! Ça fait mal !
-Alors ?
-Que voudriez-vous que je fasse ? Que je m'entoure de personnes comme ces chers Newton ?
-Vous savez que tous les membres de la noblesse ne sont pas comme eux et Dieu merci ! Bien, maintenant, pourquoi n'iriez-vous pas poursuivre votre balade ? Vos yeux sont un peu trop sombres à mon goût.
-J'y vais. »
Il sourit à Sally avant de quitter Stafford Manor pour se précipiter vers la forêt qui l'entourait. D'habitude, il ne se nourrissait pas aussi souvent, mais les différents sentiments qui l'habitaient épuisaient son contrôle.
Après sa chasse, Carlisle était tranquillement rentré au manoir, il était presque midi. Discrètement, il regagna ses appartements où Edward l'attendait, il prit son bain et une fois qu'il eut terminé l'heure du repas était passée. Satisfait, Carlisle élu domicile le reste de l'après-midi dans le bureau d'Eléazar où il lui parla de son voyage aux Amériques. Son ami fut fasciné par ses propos et il ne fut pas surpris d'entendre le Comte parler d'un futur voyage. A la tombée du jour, ils ne purent rester cacher plus longtemps et ils rejoignirent Carmen et ses invités dans la salle à manger pour le dîner. A peine avait-il franchi le seuil que Jessica Newton se jeta sur lui. Il put entendre le léger ricanement d'Eléazar qui s'éloigna rapidement de lui quand il vit son regard noir. Une nouvelle fois, le repas fut d'une lenteur exaspérante et il n'avait ni Mademoiselle Weber, ni le pasteur ou son épouse pour le sortir des griffes des Newton. Il était plus que clair que le frère faisait tout son possible pour qu'il se rapproche de sa sœur. Soudain la voix de crécelle de Mademoiselle Newton le fit sursauter, Edward venait pour la servir et elle s'était mise à crier en le voyant s'approcher. Le jeune homme fut déconcerté par son cri et le mouvement qu'elle fit pour l'éviter. Il aurait pu rire si Edward ne s'était pas encore attiré les foudres de cette pintade.
« -Non, mais ce n'est pas vrai ! Mais quel empoté ! Cette robe était toute neuve ! Vociféra Mademoiselle Newton en retirant des morceaux de légumes de son décolleté. Vous le faites exprès !
-Jessica, l'interpella doucement Carmen, Edward ne l'a pas fait exprès, il…
-Si ! Bien sûr que si ! S'énerva Mademoiselle Newton. L'autre soir, il a voulu me brûler…
-C'était du vin, fit remarquer Eléazar d'un ton las.
-Et aujourd'hui, il… Il…
-Ce ne sont que des légumes, tenta de la raisonner Carmen.
-Entre courges, elles devraient pourtant se comprendre, murmura imperceptiblement Carlisle ce qui fit sourire ses hôtes.
-Vous n'êtes vraiment qu'un incompétent et en plus vous semblez incapable de faire des excuses ! Votre comportement est inacceptable ! Vociféra Mike Newton.
-Je suis…, tenta de s'excuser Edward.
-Peut-être que si Mademoiselle Newton mesurait ses faits et gestes ce genre d'incident n'arriverait point ! Claqua la voix sèche de Carlisle.
-Mais… Comment pouvez-vous…, pleurnicha Jessica Newton, je n'y suis pour rien… C'est sa faute !
-Lord Gloucester, comment pouvez-vous prendre la défense de cette chose ? Votre bonté de cœur vous perdra, l'avertit Monsieur Newton.
-Ecoutez-moi…
-Milord, le coupa Edward, je vous remercie de prendre ma défense, mais Monsieur Newton a raison, je suis fautif. Pardonnez-moi, Mademoiselle Newton, je vous prie de bien vouloir excuser ma maladresse.
-Vous savez combien a coûté cette robe ? S'écria la jeune femme. J'espère que cela sera retenu sur votre salaire !
-Oui, bien entendu, s'empressa d'acquiescer Carmen tout en demandant à Edward de quitter la salle. »
Carlisle vit le regard du jeune homme se voiler. Même si elle ne rivalisait pas avec les toilettes des dames de la Cour, il était certain que la robe devait quand même valoir au minimum 8 mois de salaire du valet. Ce dernier sortit, les épaules basses. Il se retint pour ne pas hurler de rage et mettre dehors les deux pique-assiettes qu'étaient les Newton. Le repas se termina dans un silence pesant et il ne fit même pas un effort pour paraitre un tant soit peu amical. Lorsque tous se levèrent pour aller prendre un thé dans le salon, il prétexta une migraine pour se retirer dans sa chambre. Une fois dans cette dernière, il attendit qu'Edward le rejoigne. Des pas résonnèrent dans le couloir en direction de sa chambre et il sourit. Cependant, son sourire se fana quand il remarqua qu'ils étaient trop lents, trop lourds, pour être ceux du jeune homme. On frappa à sa porte et Albert ne tarda pas à le rejoindre. Ce dernier lui apprit qu'il allait s'occuper de lui à partir de maintenant, Edward étant trop jeune et inexpérimenté. Carlisle grogna des mots incompréhensibles avant de renvoyer Albert lui avouant qu'il ne comptait pas se coucher et que si c'était le cas, il pourrait se débrouiller seul. Une fois seul, il ouvrit la fenêtre de sa chambre et sauta. Il inspira profondément avant de s'enfoncer dans l'obscurité naissante.
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Edward sortit précipitamment du manoir. Arrivé dehors, il respira profondément tout en essayant de reprendre le contrôle de ses faits et gestes. Une larme de rage roula sur sa joue et il la chassa d'un revers de la main avant de marcher vers le lac. Décidément, il n'était bon à rien ! Il n'était ici que pour quelques semaines et il n'allait rien gagner ! Rien ! Pas même une livre… Edward se laissa tomba dans l'herbe fraîche qui bordait le lac, il soupira. Des larmes lui échappèrent et roulèrent le long de ses joues. Il avait l'impression d'attirer les ennuis. Et ce n'était sûrement pas qu'une impression ! Pourtant tout avait si bien commencé… Il s'était présenté à Stafford Manor lorsqu'il avait appris qu'ils cherchaient du personnel, après un entretien réussit avec Albert, il avait été présenté aux Maîtres des lieux. Edward avait alors hésité, ses employeurs étaient différents de ce qu'il avait imaginé. Cependant, les serviteurs paraissaient bien traités et la couleur de leurs yeux lui avait appris qu'ils ne ressemblaient pas à leurs congénères. Quinze jours s'étaient écoulés avant que l'armée de serviteur n'ait confirmation que le Duc de Gloucester allait venir. La maisonnée s'était mise en effervescence pour que tout soit prêt à recevoir cet invité de marque et il se souvint encore de l'effroi qui l'avait étreint lorsqu'Albert lui avait appris qu'il allait être son valet. Le Majordome s'était alors empressé de le rassurer, Lord Cullen était quelqu'un de vraiment très gentil. Le jeune homme avait ainsi pu constater par lui-même que c'était la vérité, même si le Duc lui inspirait des sentiments contradictoires.
Le jeune homme soupira et ses joues s'empourprèrent quand il se rappela le corps parfait du Lord qui ne s'était pas gêné pour l'exposer à sa vue. Edward posa ses mains froides sur ses paupières closes. Que lui arrivait-il ? Pourquoi ne cessait-il pas de penser à lui ? A son corps ? A sa manière de lui parler ? De le protéger ? Cependant, les attentions du Duc ne cachaient-elles pas autre chose ? Peut-être… Il avait bien remarqué ses regards sur sa personne, il avait l'impression que parfois il s'amusait avec lui, chose guère étonnante quand on connaissait sa véritable nature. Il se demanda une nouvelle fois qui était réellement Lord Cullen de Gloucester. Edward s'assit et passa une main dans ses cheveux. Il était temps qu'il retourne au manoir pour reprendre son travail. Alors qu'il se relevait, il aperçut une ombre qui fonça droit sur lui. Avant qu'il n'ait pu esquisser un geste, il reçut un violent coup de poing en plein ventre qui le fit tomber à la renverse. Tout en cherchant à reprendre son souffle, il reçut de nouveaux coups qui frappèrent son torse, son dos, ses jambes. Edward rampa dans l'herbe et cracha le sang qui avait envahi sa bouche après qu'un soulier ait heurté son visage. Une main agrippa violemment ses cheveux pour le forcer à relever la tête. Malgré la pénombre, il reconnut Monsieur Newton et son homme de confiance, un certain Jake.
« -Je vais t'apprendre à me manquer de respect ! Gronda Monsieur Newton en le forçant à se mettre à genoux en tirant sur ses cheveux. Regarde ça ! A cause de toi, mes chaussures sont toutes sales !
Edward baissa son regard vers les chaussures que l'homme lui mettait sous le nez. En effet, elles étaient recouvertes de terre et de sang, son sang !
-Lèche !
-Quoi ? Bafouilla Edward perdu.
-Tu les as salies, alors, lèche ! Ordonna Newton pendant que son homme de main ricanait.
Edward regarda avec interrogation les chaussures alors que les paroles de Monsieur Newton arrivaient lentement à son cerveau, ce dernier rapprocha son visage de ses chaussures.
-J'attends ! Grogna le blond.
-Et vous pourrez attendre longtemps ! Répliqua Edward avec hargne.
Que croyait-il ? Qu'il n'avait aucune fierté ? Qu'il allait réellement lécher ses chaussures ?
-Je te conseille d'obéir, sinon, Jake va s'occuper de toi ! Menaça Monsieur Newton.
Edward jeta un coup d'œil à l'homme de main qui venait de sortir un couteau de sa veste. Les deux hommes lui jetèrent un coup d'œil goguenard, ravi de le voir se traîner à leurs pieds. Monsieur Newton frotta sa chaussure contre son visage avant de la porter à ses lèvres. Edward leva les yeux vers le blond avant de regarder à nouveau son soulier de cuir sur lequel il cracha.
-Espèce de petit con ! Hurla Newton avant de lui donner un violent coup de pied au visage qu'il réussit partiellement à éviter. »
A moitié sonné, il sentit les deux hommes le soulever et le porter. Que faisaient-ils ? Où l'emmenaient-ils ? Tout à coup, il sentit son corps voler dans les airs avant qu'il n'entre violemment en contact avec une surface molle et glaciale. Il comprit qu'ils venaient de le jeter dans le lac ! La panique le gagna quand il avala une gorgée d'eau. Ses bras et ses jambes s'agitèrent pour le maintenir à la surface, mais entre l'eau glaciale et ses membres douloureux, il ne tarda pas à couler. Alors qu'il sombrait, il crut entendre un grognement qui le fit frémir.
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Carlisle se promenait tranquillement sur les berges du lac quand il perçut la présence d'autres personnes. Il s'arrêta lorsqu'il reconnut des gémissements de douleurs suivis de rires. Ses sourcils se froncèrent et il cessa de réfléchir en entendant quelque chose de lourd tomber dans l'eau. Il courut et ralentit à peine son allure en passant devant Monsieur Newton et un certain Jake qui le suivait toujours. Carlisle plongea et nagea vivement à la recherche du corps qu'il voyait s'enfoncer lentement dans les profondeurs. Un grognement de colère franchit le seuil de ses lèvres quand il reconnut la silhouette. Il nagea avec plus de vigueur et il put enfin saisir l'une des mains du jeune homme. Il attira son corps contre le sien, le ceinturant d'un bras tout en le ramenant vers la surface. Une fois à l'air libre, il tressaillit en n'entendant pas son valet inspirer ou tousser bruyamment.
« -Oh, mon Dieu ! Carlisle !
Eléazar se trouvait sur le ponton en bois, il nagea vers lui.
-Ici ! Donnez-le-moi !
Carlisle amena le jeune homme vers les mains tendues de son ami qui se dépêcha de le hisser.
-Que s'est-il passé ? Questionna Carmen qui ôta sa cape pour la poser sur le jeune homme.
Carlisle se hissa sur le ponton et se débarrassa de sa veste gorgée d'eau. Il se pencha ensuite vers le jeune homme pour l'examiner.
-Il ne respire pas ! S'inquiéta Eléazar.
Carlisle repoussa ses amis pour pouvoir allonger Edward sur le côté, il se plaça derrière et appuya plusieurs fois sur son abdomen. Un intense soulagement l'envahit quand le jeune homme recracha enfin l'eau qu'il avait avalée.
-C'est ça, Edward, c'est bien, l'encouragea-t-il, respire !
-Que s'est-il passé ? Répéta Carmen qui caressait tendrement les cheveux du jeune homme.
-Il a certainement voulu piquer une tête, proposa Monsieur Newton d'un ton peu concerné.
-Mais… Mais l'autre jour, il ne s'est pas baigné avec les autres, murmura Albert inquiet, il a dit ne pas savoir nager.
-Je ne pense pas qu'Edward ait volontairement plongé, trancha Carlisle en fusillant Newton et Jake du regard, cependant, je crois que le plus important pour le moment est de le réchauffer et de soigner ses plaies.
-Vous avez raison, assura Eléazar, Albert, nous allons l'installer dans la cuisine, il y fait chaud et…
Carlisle maugréa quelques mots avant de prendre délicatement Edward dans ses bras. D'un pas rapide, il gagna le manoir, les autres sur ses talons.
-Où allez-vous ? S'enquit la voix de Newton emplie de stupeur lorsqu'il le vit emprunter l'escalier principal.
Le vampire l'ignora et se concentra sur son précieux fardeau pour ne pas aller arracher la tête du blond. Une fois arrivé dans ses appartements, il déposa Edward sur le canapé du salon, Eléazar ravivait déjà le feu dans la cheminée et Carmen refermait la fenêtre qu'il avait utilisé pour s'enfuir.
-Albert, allez dans sa chambre chercher des vêtements secs, je vous prie, ordonna Carmen.
-Non, pas le temps, déclara Carlisle, prenez des vêtements dans mon armoire.
-Bien, Milord, acquiesça Albert.
-Mais que faites-vous ? Interrogea Monsieur Newton perplexe.
-Fais-le sortir, grogna Carlisle d'une voix seulement audible pour ceux de son espèce, fais-le sortir ou je lui tranche la gorge !
Eléazar l'observa quelques secondes avant de se lever promptement pour raccompagner Monsieur Newton à la porte. Carlisle commença à soigner les blessures du jeune homme alors que le feu le réchauffait peu à peu, ses lèvres étaient moins bleutées. Il respirait bien et son rythme cardiaque, bien que bas, était régulier. Il allait retirer le pantalon du jeune homme quand il se ravisa, il demanda à Albert et à Carmen de s'occuper de sécher et changer le jeune homme pendant qu'il allait préparer son lit. Il attendit patiemment dans la chambre qu'ils aient terminé, il en profita pour essayer de se calmer, mais c'était difficile. Il revint dans le salon quand Carmen l'appela. Il s'agenouilla face au canapé et examina son valet. Il fut rassuré d'entendre toujours une respiration régulière, ses doigts agiles palpèrent le corps du jeune homme, rien ne semblait cassé, il n'avait que des contusions.
-Comment va-t-il ? S'inquiéta Carmen.
-Ca va aller, répondit Carlisle soulagé, du repos bien au chaud et ça devrait aller. Albert pouvez-vous aviver le feu dans la cheminée de la chambre ?
-Bien sûr, Milord.
Carlisle prit doucement le jeune homme dans ses bras et le porta jusqu'à sa chambre, il l'allongea dans le lit et s'empressa de le recouvrir avant de le border.
-Puis-je faire autre chose, Milord ? Questionna Albert.
-Oui, allez me chercher une tasse de thé où vous aurez mis quatre cuillerées de miel.
Albert hocha la tête avant de quitter précipitamment la pièce. Carmen s'installa au fond du lit pendant qu'avec un linge humide il nettoyait le sang qui avait séché sur la lèvre fendue du jeune homme.
-Comment te sens-tu ? Lui demanda doucement Carmen.
Il ne répondit pas et continua de nettoyer le visage du jeune homme, ses yeux fixant avec attention le moindre signe de douleur se dessinant sur les traits d'Edward.
-Carlisle.
Le vampire sursauta, il n'avait pas remarqué que Carmen s'était levée pour poser une main sur la sienne.
-Vas te changer, ordonna la Comtesse avant d'insister en voyant qu'il ne bougeait pas, Carlisle, tes vêtements sont mouillés et gouttent sur Edward. Vas te changer, je veille sur lui.
Le médecin sursauta en sentant la main de Carmen se poser sur la sienne, doucement, elle lui prit le linge des mains tout en le repoussant. Il allait protester quand il se rendit compte qu'effectivement ses vêtements coulaient non seulement sur le plancher, mais aussi sur le lit. En un clin d'œil, il attrapa des vêtements et alla se changer dans une pièce voisine. Lorsqu'il revint, Carmen s'écarta aussitôt pour le laisser reprendre sa place. Il était en train de caresser les cheveux de son patient quand Eléazar les rejoignit.
-Mais que s'est-il passé ? S'exclama soudain Carmen en se tournant vers son époux.
-Monsieur Newton m'a dit que son homme de confiance, Jake, et lui étaient en train de discuter de ses dernières affaires quand ils ont entendu un bruit de chute. Edward a peut-être glissé et…
-Oui, bien sûr ! Siffla Carlisle. Et c'est en tombant qu'il s'est fait toutes ces marques de coups !
-J'ai entendu dire que Monsieur Newton pouvait être violent, murmura Carmen en contemplant Edward.
-Apparemment ce ne sont pas que des rumeurs, claqua la voix du Duc qui sentait la colère grandir en lui.
-Mais pourquoi ? Balbutia la Comtesse.
-Sûrement parce qu'Edward a tâché la robe de sa sotte de sœur, mais bien sûr, cet idiot n'a pas plus de cervelle qu'elle !
-Calme-toi…
-Que je me calme ? Je me demande ce qui me retient d'aller…
-Tu ne feras rien, intervint Eléazar, tu n'as jamais touché à un humain et tu ne vas pas commencer aujourd'hui !
-Je…
-Non !
Carlisle laissa échapper un grognement, Eléazar le fusilla du regard, leurs lèvres se retroussèrent légèrement pour dévoiler leurs dents. Les deux vampires se défièrent du regard avant que Carmen n'intervienne.
-Regarde-le, lui ordonna-t-elle doucement.
Avec difficulté, il se tourna vers son amie avant de suivre son regard. Son corps se détendit dès qu'il suivit son regard pour le poser sur Edward.
-Reste auprès de lui, veille-le, murmura la Comtesse en lui approchant une chaise.
Carmen recula pour aller se blottir dans les bras de son mari pour l'apaiser. Il pouvait sentir leurs regards peser sur lui, mais il s'en moquait, il remit une mèche des cheveux du jeune homme en place, ses doigts effleurèrent sa joue.
-Veux-tu que nous restions ? Proposa Carmen.
-Non.
Du coin de l'œil, il vit la Comtesse se diriger vers la porte de la chambre, mais elle se figea quand elle remarqua que son époux ne la suivait pas.
-Eléazar ? L'appela-t-elle perplexe.
-Que t'arrive-t-il ? Murmura Eléazar en l'observant avec attention.
-Que veux-tu dire ? Questionna Carlisle en quittant difficilement du regard son patient.
-Tu as toujours été attentif aux besoins des humains, sinon, tu n'aurais pas étudié la médecine, cependant, j'ai l'impression qu'il y autre chose avec Edward. Tu ne sembles plus te contrôler en sa présence. Que t'arrive-t-il ? J'ai dû mal à te reconnaître, toi qui as toujours été si pondéré.
-Je vais bien, assura Carlisle, je suis juste furieux face à la suffisance des Newton, ne l'es-tu point toi aussi ?
-Si, mais ce n'est pas la première fois que tu fais face à la bêtise humaine ? Insista son ami.
-Eléazar, ça suffit. Edward a besoin de repos. Nous aurons tout le temps de discuter de tout cela plus tard.
-Mais, Carmen, tu ne peux pas nier que quelque chose semble unir …
-Ça suffit ! Répéta la Comtesse sur un ton ferme et en emmenant son époux à l'extérieur.
Carlisle ne put retenir un sourire quand il vit Eléazar être traîné hors de la chambre comme un enfant capricieux. Il allait reprendre sa contemplation du jeune homme quand la porte se rouvrit sur Albert qui lui apportait un plateau.
-J'ai mis des gâteaux au cas où il aurait faim, précisa le Majordome.
-Merci.
-Puis-je faire autre chose, Milord ?
-Non, Albert, merci. Allez vous reposer. »
Albert le salua d'un signe de la tête avant de quitter la chambre. Carlisle observa le jeune homme et effleura son front, il était chaud et son corps commençait à trembler, signe avant-coureur de fièvre. Il alla chercher dans sa mallette un médicament qui devrait faire baisser la fièvre. Il mélangea la poudre blanche avec de l'eau et revint près du lit. Tendrement, il appela le jeune homme qui ouvrit péniblement les yeux. Il passa un bras dans son dos pour l'aider à se redresser, il approcha le verre des lèvres de son valet qui refusa d'ouvrir la bouche. Il dut lui murmurer des paroles rassurantes et encourageantes, Edward finit par entrouvrir ses lèvres. Gorgée par gorgée, il réussit à lui faire avaler tout le verre et alors que le jeune homme allait se rendormir, il lui parla pour l'inciter encore à avaler un peu de thé. Quand il vit que son patient n'avalerait rien de plus, il l'aida à se rallonger.
La nuit passa sans qu'il ne s'en rende compte tant il ne se lassait pas de contempler le jeune homme. Vers une heure du matin, il s'était quelque peu inquiété, la fièvre était là et il avait passé un linge humide sur le visage d'Edward. Il avait alors inlassablement surveillé le moindre signe de souffrance de son valet, mais une fois la fièvre passée, Edward avait dormi paisiblement. Le jour se levait quand son patient commença à s'agiter dans le lit. Il ne tarda pas à croiser le regard ensommeillé et perdu du jeune homme. Ce dernier voulut se lever, mais Carlisle l'en empêcha.
« -Doucement, repose-toi, dit-il en caressant sa joue avec tendresse.
-Qu'est-ce que…, murmura le jeune homme avant de se grimacer de douleur.
-Chut, ne parle pas. Tout va bien, tu es en sécurité. Je vais te donner un calmant.
Carlisle se leva et voyant que le jeune homme avait fermé ses paupières, il utilisa sa vitesse vampirique pour préparer le médicament.
-Ouvre la bouche, demanda-t-il en l'aidant à se redresser. Ca va te faire du bien.
Edward prit le médicament avant de se rallonger. Le vampire déposa le verre sur le chevet avant de reporter son attention sur le jeune homme. Il fronça les sourcils quand il le vit soudain ouvrir de grands yeux avant de faire un geste pour sortir du lit qu'il stoppa aussitôt.
-Où crois-tu aller ? Le gronda-t-il gentiment.
-Je… Je suis dans votre lit, Milord, murmura Edward d'une voix effarée et rauque.
Carlisle posa ses mains sur les épaules du jeune homme pour le forcer à se rallonger, il y arriva sans difficulté.
-Milord, souffla son valet d'un ton anxieux.
-Edward, je veux que tu te reposes.
-Je… Je vais aller dans… dans mon lit…
-Non, il fait meilleur ici que dans les quartiers réservés au personnel et puis tu es bien installé. Maintenant, ferme les yeux et rendors-toi. »
Edward voulut protester, mais le vampire se rapprocha pour plonger son regard ambré dans celui émeraude qui ne tarda pas à se voiler. Carlisle lui répéta dans un doux murmure de s'endormir. Les paupières du jeune homme papillonnèrent, il tenta de lui résister, mais son don de persuasion fit effet. Edward s'endormit. Carlisle quitta sa chaise pour s'asseoir sur le rebord du lit, ses doigts survolèrent le visage du jeune homme sans pour autant toucher sa peau satinée. Il soupira avant de se perdre dans la contemplation du jeune homme, oubliant tout ce qui n'était pas lui.
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Edward s'éveilla en sursaut. Son corps le faisait souffrir, pourtant, il devait aller travailler. Peinant pour ouvrir les yeux, il préféra s'asseoir en premier. Une grimace de douleur se dessina sur son visage quand il voulut contracter ses muscles pour s'asseoir. Un gémissement de souffrance lui échappa et il se mit à tousser, sa gorge irritée n'apprécia guère. Il se sentait vraiment mal, cependant, il n'avait pas le choix, il ne pouvait pas décevoir Albert ou le Comte et la Comtesse de Stafford ! Il fit une nouvelle tentative pour sortir de son lit quand il s'étonna soudain de la douceur et du confort de sa couche. Il sursauta en sentant une main se poser sur son épaule pendant qu'une voix douce lui ordonnait de se rendormir. Où était-il ? Et pourquoi se sentait-il aussi mal ? Edward se força à ouvrir les yeux. Tout ce qui l'entourait lui sembla un peu flou et la lumière du jour agressa ses prunelles. En l'espace de quelques secondes pourtant, la chambre fut plongée dans une agréable pénombre. Soudain, il se rappela les coups, la chute dans le lac, il se souvint aussi s'être réveillé dans le lit du Duc de Gloucester. A ce souvenir, il obligea son être à se mouvoir, il n'avait pas à se trouver là !
« -Calme-toi, tout va bien.
Il tourna la tête et aperçut le Duc assit près de lui sur le rebord du lit. Sans qu'il ne puisse rien y faire, il se retrouva à nouveau allongé. Les longs doigts blancs du Lord se posèrent sur son front, il sentit quelques-unes de ses mèches être repoussées avant que la paume fraîche ne se pose sur sa peau. Il ferma les yeux appréciant la caresse tout en la redoutant.
-Ta fièvre a baissé, dit le Lord visiblement soulagé, as-tu mal ?
-Ça va, mentit-il d'une voix éraillée.
Le Duc l'observa quelques secondes, apparemment, il ne le croyait pas. Il regarda l'homme se lever et s'approcher d'une mallette où il prit un sachet, il versa une poudre blanche dans un peu d'eau avant de remuer le tout avec une cuillère, puis, il revint vers lui. Le Lord reprit sa place à ses côtés et il l'aida à se redresser avant de porter le verre à ses lèvres.
-Il faut boire, dit le Duc en le voyant ne pas ouvrir la bouche.
-Qu'est-ce que c'est ? Réussit-il à demander.
-Un médicament qui te fera du bien, fais-moi confiance, je suis médecin. »
Edward haussa un sourcil en entendant cela, comment un être tel que lui pouvait être médecin ? C'était impossible ! Pourtant, il ne voyait aucune trace de mensonge dans son regard. Le Duc approcha une nouvelle fois le verre de ses lèvres et il ne put que boire. Une fois qu'il eut terminé de prendre le médicament, le Lord alla chercher une tasse de thé. La boisson tiède relevée de miel coula doucement le long de sa gorge, apaisant la brûlure qui l'étreignait. Sa boisson terminée, il laissa le Duc le rallonger et le border. Il ferma les yeux, il se sentait tellement fatigué…
Lorsqu'il se réveilla à nouveau, la douleur avait pratiquement disparu, il se sentait mieux. Il hésita à ouvrir les yeux, il n'était pas seul, il pouvait sentir sa présence. N'avait-il pas bougé de la journée ? Il entrouvrit rapidement ses paupières. Il était toujours assis au même endroit, figé tel une statue. L'angoisse naquit lentement en lui, que lui voulait-il ? Pourquoi s'occupait-il de lui ? Pourquoi était-il tendre avec lui ? L'attention que lui portait le Duc l'inquiétait, car aucun d'entre eux ne s'attachait à un humain sans qu'il n'y ait quelque chose de malsain, de dangereux derrière leur comportement. Ses poings se serrèrent quand il sentit les doigts du Lord se poser sur son front avant de descendre le long de ses joues pour finir par caresser tendrement ses lèvres. Edward retint son souffle. La peur grandissait lentement en lui, son cœur se mit à battre violemment dans sa poitrine et il était certain que le Duc l'entendait. Il déglutit péniblement en sentant un souffle froid caresser son visage. Ses paupières se crispèrent, il craignait de les ouvrir et de voir ce que le Lord faisait. Le jeune homme tressaillit quand quelque chose aussi doux et froid que le satin effleura ses lèvres. Il aurait aimé le repousser, mais il savait qu'il n'y parviendrait jamais. Soudain, il ne le sentit plus près de lui. Il entendit des pas, des voix. Il reconnut la voix de la Comtesse qui ordonnait au Duc d'aller chasser. Une main effleura à nouveau son visage, puis, il ne perçut plus la présence du Lord dans la chambre. Un bruit de taffetas se fit entendre et il entendit que l'on installait une chaise près du lit.
« -Tu peux ouvrir les yeux, il est parti.
Edward obéit et regarda timidement la Comtesse. Cette dernière lui sourit et tendit une main pour caresser tendrement ses cheveux. Contrairement au Lord, son contact ne lui fit pas peur, il y avait quelque chose de rassurant dans les yeux de la Comtesse, quelque chose de maternel qu'il n'aurait pas cru voir chez quelqu'un comme elle.
-Comment te sens-tu ?
-Mieux, Madame, murmura-t-il.
-Parfait, je veux que tu te reposes et tu pourras reprendre ton travail dans quelques jours, d'accord ?
Edward observa la Comtesse, son esprit était partagé entre sa raison et ses désirs, cependant, sa conscience ne cessait de lui répéter ce qu'il devait faire, ce qui était raisonnable.
-Je vais partir, annonça-t-il.
-Quoi ? Edward, non, tu ne peux pas !
-Je… Je me débrouillerai, mais je vous promets que je vous ferai parvenir l'argent qui manquera à mes gages pour rembourser la robe de Mademoiselle Newton.
-Edward, la question n'est pas là et je refuse que tu rembourses la robe de cette bécasse ! S'écria la Comtesse.
-Mais…
-J'ai dit cela pour qu'elle se taise ! Il est hors de question que tu paies pour ses bêtises et puis, rassure-toi, ils sont partis ce matin. Donc, rien ne t'empêche de rester parmi nous.
Edward ferma les yeux. Il avait besoin de cet argent, mais pas au point d'y perdre la vie. Car il était certain que ses jours étaient comptés s'il restait à Stafford Manor, le Duc avait réussi à se contrôler jusqu'à présent, mais combien de temps pourrait-il encore tenir ? Non, il ne voulait pas mourir de cette manière, non, pas alors qu'il connaissait les risques et que contrairement à beaucoup de personnes il avait la possibilité de fuir.
-Edward, tout va bien ? Lui demanda doucement la Comtesse.
-Oui, Madame. Je vous remercie de m'avoir offert ce travail malgré mon inexpérience, mais je ne peux rester. Je dois rentrer parmi les miens.
-Je pensais que tu avais besoin d'argent ?
-C'est vrai, mais…. Je crois qu'il est plus prudent que je parte, avoua le jeune homme en choisissant ses mots.
Il put sentir le regard acéré de la Comtesse peser sur lui, il regretta d'avoir été aussi franc, qu'allait-elle faire si elle comprenait qu'il connaissait leur existence ?
-Tu es sûr de vouloir partir ? Insista la Comtesse. Je te promets qu'il ne t'arrivera rien. Je ne le laisserai aucun mal t'arriver. »
Edward lui sourit. Peut-être pouvait-elle effectivement le protéger de lui ? Peut-être ne lui ferait-il jamais de mal ? Mais qui le protégerait de lui-même ? Car même s'il avait dû mal à l'admettre, le Duc ne le laissait pas indifférent. Il sentit une légère rougeur réchauffer son visage quand il revit son sourire, ses yeux ambrés se posant sur lui brillant de mille feux, son corps nu fièrement offert à son regard… Non, même si le Lord se contrôlait, lui, il n'était pas certain d'avoir la force de se tenir éloigné. La Comtesse dut lire sa décision sur son visage car elle poussa un petit soupir de tristesse. Elle se leva tout en le prévenant que le Duc et son époux étaient partis se promener et qu'ils ne reviendraient que dans quelques heures. Edward comprit le message, s'il voulait partir c'était maintenant. La Comtesse sortit des appartements du Duc et il se glissa aussitôt hors du lit. A peine avait-il fait un pas qu'un léger étourdissement l'étreignit. Edward inspira profondément avant de reprendre sa progression plus lentement. Il enfila ses vêtements secs qui se trouvaient posés sur une chaise, puis, il sortit des appartements du Duc pour se rendre dans sa chambre et récupérer ses maigres affaires. Une fois son sac prêt, il prit l'escalier de service pour se rendre à la cuisine où l'attendaient Albert et Sally, la Comtesse les avait prévenu de son départ. Ils l'enlacèrent et Sally lui donna un balluchon contenant un peu de nourriture pour la route. Tout en lui faisant promettre qu'il soit prudent, ils l'accompagnèrent jusqu'aux grilles de Stafford Manor. Edward s'avança sur la route, seul, il se retourna une dernière fois pour leur faire un signe de la main avant de prendre la direction de Londres. Tout en marchant, il réalisa qu'il lui faudrait plusieurs jours pour atteindre sa demeure à pieds, peut-être trouverait-il un fermier qui accepterait de le prendre sur sa charrette pour quelques lieues ? S'il avait eu un peu d'argent, il aurait pris la diligence, mais son pécule était plus que maigre… Il pressa soudain le pas en repensant au Duc, une petite partie de son être lui ordonnait de retourner à Stafford Manor pour le retrouver, alors que la plus raisonnable, lui commandait de fuir aussi vite qu'il le pouvait. Il n'osait imaginer la colère du Lord quand il constaterait sa fuite. Un frisson le parcourut. Tout en réprimant une quinte de toux, il se força à chasser ses pensées pessimistes, il mettrait le temps qu'il faudrait, mais il rentrerait à la maison !
