Disclaimer : rien à moi, merci à RTD, la beeb et les acteurs de Torchwood.
Synopsis : deux semaines depuis qu'Owen a été ressuscité par Jack ( après Reset). Son statut de zombi va subitement évoluer en même temps que la santé du solide Jack décline. Cause à effet?
Qui m'aime me vive !
16 jours. 16 jours depuis que Jack l'avait ramené à la vie. Owen Harper déambulait tel un zombi depuis 16 jours. Vidé de tout sens. Exempt de tout besoin humain, anatomique, physique.
Il trimballait sa carcasse creuse au travail, puis dans son grand loft sans âme. Debout, actif, parfois réactif mais jamais plus humain. Jamais plus Owen! Plus jamais!
Pourquoi? Pourquoi Jack l'avait-il obligé à revenir ? Il était mort en grandes pompes, en héros, et pour une simple histoire de code, cet enc*** de Jack l'avait forcé à renaître!
Jack Harkness, diplômé « pire boss » que le monde du travail ait connu ! Quelle plaie! Quel monstre!
Ok, il n'avait pas prévu la résurrection du médecin. Ok, il avait juste utilisé le gant, comme arme secrète, pour pouvoir offrir à Owen des adieux dignes de lui. Mais le fait était que depuis Owen Harper continuait de vivre. Sans doute l'énergie vitale de Jack était-elle assez puissante pour redonner vie à un défunt. Quand cette énergie daignait se manifester. Car à la décharge du Capitaine, Owen avait été le seul à profiter du gant lorsque celui-ci était porté par Jack. Jusque là le chef de Torchwood s'était révélé infoutu de le faire fonctionner!
Mais cette fois-ci, le gant avait rempli sa fonction et feu Owen Harper avait miraculeusement ressuscité.
Pendant ces deux semaines, et après les rares conversations qu'il avait eues avec son patron, Owen Harper s'était souvent demandé pourquoi et comment Jack avait réussi à le faire revivre. Jack n'était pas prêt à le perdre, lui avait-il avoué. Pas déjà. La force de vie de Jack, combinée à sa force d'auto-suggestion auraient-elles suffi à la résurrection d'Owen? Avec Jack, l'on pouvait s'attendre à tout.
Cependant, Owen ne nourrissait aucune gratitude envers son chef. Bien au contraire. Il le détestait encore plus pour la façon dont il avait agi, égoïstement, considérant sa mort par-dessus la jambe. Soucieux de faire son job coûte que coûte! Le fallacieux prétexte de lui dire au revoir solennellement, il prenait vraiment Owen pour un abruti! C'est vrai, après tout, Jack Harkness était immortel, et depuis des siècles qu'il se pavanait hors des temps et des lois, il avait fatalement perdu toute notion de vie et de mort. Pour lui la mort ne signifiait plus rien de tangible, ni rien de définitif. Encore moins d'effrayant. Il passait son temps à jongler avec la vie et la mort de tous ceux qui le côtoyaient. Ce type était dangereux! Car déconnecté de la réalité des personnes qui travaillaient pour lui.
La preuve : Owen Harper, jeune médecin mort dans la fleur de l'âge et dans l'exercice de ses fonctions peu habituelles pour un médecin ordinaire. Owen Harper ramené de force à la vie par un homme sur qui le temps n'avait quasiment plus aucune prise et devant lequel la mort avait abdiqué.
Maudit Jack Harkness!
C'était la première pensée qui traversait l'esprit d'Owen, ou ce qu'il en restait, à chaque réveil, depuis 16 jours. Jack lui avait insufflé un semblant de vie. Assez d'énergie pour qu'il puisse parler, se mouvoir, réfléchir, râler, regretter le temps où il était vivant. Mais pas suffisamment de force pour que le jeune homme puisse jouïr des plaisirs accessibles à n'importe quel être humain. Owen ne ressentait plus aucun besoin vital, comme celui de boire, de manger, d'évacuer nourriture et liquide ingérés. Owen n'avait plus faim ni soif. Owen ne ressentait plus de désir. De quelque ordre que ce fut. Plus rien! Pas d'envie, pas de nécessité, pas de soulagement.
Le néant.
Injustice sans nom alors que cet empaffé de Jack jouissait de toutes ses facultés, et plutôt deux fois qu'une, Owen Harper était vide. Vivant, mais vide. Transparent. Insipide. Un parasite dépourvu d'hôte.
Lorsqu'il rentrait seul chez lui, Owen n'avait besoin de rien, pas même de dormir. Les bons côtés de sa nouvelle vie: plus de corvée de supermarché. Pas de ménage. Pas de déodorant à acheter. En somme une vie peu coûteuse. Pas de vaisselle. Pas de « pschitt » pour les toilettes! Bref, Owen Harper ne vivait plus pour personne.
Mais le comble de la zombi attitude, c'est qu'il continuait d'évoluer dans ce monde auquel il ne demandait plus rien. Et en stakhanoviste reconnu, seul le travail trouvait encore une place dans sa vie exsangue. Une chance!
Owen était trop intelligent pour être cantonné à faire le café. Et tant que son cerveau ne baignait pas dans le formol, il revendiquerait son poste de membre à part entière de Torchwood 3!
Non mais! C'est Jack qui était la cause de ce merdier surréaliste! Pas question de se laisser marcher sur les pieds sous prétexte qu'il ne ressentait plus la moindre douleur physique. Car il est vrai qu'Owen ne souffrait plus, physiquement. Il aurait pu se trancher le bras qu'il n'aurait pas réalisé l'ampleur des dégâts avant d'avoir vu son propre sang dégouliner de partout.
Plus aucune sensation ! Vrai de vrai !
Sauf ce matin-là. Exactement 16 jours après sa résurrection. A 6h30 du matin précises, Owen Harper, cliniquement mort et déclaré «éternellement détendu», se réveilla avec une furieuse envie de …café fort!
Après une nuit de somnolence, ou d'ennui, allez savoir, Owen rabattit les couvertures de son lit et cria : « j'ai faim ! ». Puis, réalisant que les murs de sa chambre ne réagissaient pas, il se leva d'un bond et savoura l'exquise montée de soif qui lui titillait les babines. Owen avait envie d'un bon café chaud avec plein de toasts et de la marmelade d'orange et puis aussi du bacon.
Frappé par cette ancienne sensation typiquement organique, le jeune homme faillit tomber à la renverse sur le lit. Il se rattrapa in extremis et éclata de rire. Une vague de légèreté le secoua de la tête aux pieds.
Bon sang! Se pouvait-il qu'il redevint normal?
Son grand sourire s'effaça subitement. L'appartement était vide. Pas un seul grain de café et encore moins de toasts tout chauds avec du bacon dessus. Ni de beurre. Rien !
Mais qu'importe! Le jour nouveau commençait divinement et Owen fut habillé en moins d'un quart d'heure. Il sortit, radieux, faire quelques emplettes pour satisfaire ses besoins retrouvés.
Avec Jack , il fallait s'attendre à tout. Et Owen reconnut dans son for intérieur que le pire des boss venait de remonter dans son estime.
Du café, des toasts, du jus d'orange, du beurre, de la marmelade, du sucre, du lait. Le bonheur tient à peu de choses si on y regarde bien.
Même jour, au Hub.
Enveloppé dans les draps, Jack Harkness s'agita nerveusement avant de se réveiller, après seulement 2 heures de sommeil véritable, à côté de Ianto Jones, profondément endormi. Quelque chose n'allait pas. Jack se redressa complètement et ressentit une sensation bizarre, très bizarre. Ses yeux lui faisaient mal et il avait la tête enchâssée dans un étau douloureux. Il avait déjà connu cette sensation. Mais elle avait déserté son corps depuis qu'il était devenu immortel. Jack avait grand peine à garder les yeux ouverts. Il sortit du lit en douceur pour ne pas réveiller son jeune amant et une fois en haut, dans le Hub, il put comprendre ce qui lui arrivait.
Il dut se pincer pour y croire. Tout valdinguait autour de lui. Un marteau piqueur lui martelait les tempes.
Jack Harkness avait …la migraine!
Il courut presque au labo d'Owen, trouver de quoi le soulager immédiatement. Dieu que cette douleur était insupportable! Il fouilla dans tous les tiroirs en métal, faisant claquer pinces, portes et tout ce qui avait le malheur de se trouver sur son passage. Le bruit réveilla le Gallois. Finalement, Jack mit la main sur ce qu'il cherchait mais des pas dans son dos le firent sursauter. Ianto le fixait, avec des yeux endormis et un visage bouffi.
- Jack, que fais-tu?
- Je cherchais de …l'aspirine.
Jack piocha 3 comprimés et les engloutit sans eau et sans réfléchir. Il jeta par terre le reste de la plaquette.
- De l'aspirine? S'étonna Ianto. Pourquoi? Tu es souffrant?
Les yeux clairs du jeune homme s'ouvrirent en grand. La surprise de voir Jack malade était un stimulant bien plus efficace que le meilleur des cafés. Le Capitaine se racla la gorge et remonta vers Ianto.
- Trois fois rien. Je me sens un peu fatigué, mentit-il.
Mais personne ne pouvait tromper l'œil acéré d'un jeune homme amoureux et de nature anxieuse. De plus, le front plissé de son amant n'allait pas le calmer.
- Qu'est-ce que tu as, Jack?
- Rien, rien. Ianto. Va donc te doucher et surtout t'habiller! Tu m'excites follement avec ce boxer. Tu sais ça?
- On ne prend pas de l'aspirine pour se requinquer, Jack. Qu'as-tu?
- Rien! Je me sens patraque. Je n'ai trouvé que de l'aspirine, je ne veux pas ingurgiter les autres pilules d'Owen. L'aspirine, je connais! Allez, va t'habiller!
Jack lui sourit et partit préparer le café. Il lui avait encore menti. Son mal de crâne lui mangeait la moindre vélléïté de batifoler. Une migraine comme celle-ci, Jack n'avait plus l'habitude. Il réalisa le calvaire que nombre d'humains devaient endurer, entre les maux de tête, les douleurs physiques et autres souffrances plus sournoises, accrochées aux corps et aux âmes de ses malheureux contemporains.
Debout devant la machine, Jack resta immobile, les yeux fermés, la nuque raide, le haut du crâne pulsant douloureusement. Il eut l'impression de perdre ses cheveux. La douleur était intenable.
- Ianto ! Cria-t-il avant de s'effondrer.
Les dernières sensations qui l'envahirent furent celles de tomber dans un nuage de coton, et de percuter un mur verdâtre, flou, qui l'envoyèrent direct dans les pommes.
Même matin, dans Cardiff
Owen avait trouvé son Graal. Une épicerie fine, où chaque rayon lui faisait de l'œil. Et il ne distingua pas si la jolie vendeuse elle-même ne lui en fit pas aussi. Gironde et fraîche comme la rosée du matin. Il dévalisa la moitié du magasin, puis il prit la direction du Hub. Il se devait de partager son premier matin de renaissance avec ses collègues et surtout voir la tête de Jack quand il lui dirait que le Owen Harper des meilleurs jours était enfin de retour !
Transporté par son euphorie retrouvée, il avait pensé à acheter du café, seule denrée qui ne manquait jamais à Torchwood mais il avait préféré anticiper le moindre couac. Il voulait son bonheur total et parfait. Un sac sous chaque bras, le jeune médecin ressuscité déchanta vite. Il manqua de lâcher ses paquets de délices lorsqu'il aperçut toute l'équipe aux petits soins pour…Jack. A Ce dernier, avachi sur la canapé, blanc comme un linge, semblait agoniser. Owen posa ses sacs et se précipita vers son chef mal en point et demanda des comptes à tout le monde.
- Il a perdu connaissance, lui apprit Ianto, le visage crispé. Il a avalé 3 aspirines.
- Quoi? S'exclama Owen, déjà au chevet de Jack, tâtant son pouls.
- Il les a trouvées dans ton labo. Il se sentait patraque, c'est tout ce qu'il m'a dit.
Owen Harper ausculta Jack, avec la rigueur et la dextérité d'un professionnel. Tosh et Gwen, assises de chaque côté de leur patron dans les vapes, fixaient le jeune homme qui s'affairait avec des gestes vifs et un visage soucieux.
- Owen, qu'est-ce qu'il a? Le questionna Gwen.
- Il est si pâle, s'inquiétait l'informaticienne.
Ianto, debout derrière ses collègues, avait quant à lui le front aussi plissé que son chef avant que celui-ci ne s'évanouisse. Un bol d'eau dans les mains, il se pinçait les lèvres. Si les filles manifestaient leur inquiétude, le jeune homme ne laissait rien paraître, mais ses tripes se tordaient dans son ventre. C'était la première fois qu'il voyait Jack malade, sans qu'aucun coup ne lui ait été porté. Malade du jour au lendemain, sans raison. Après une nuit plutôt calme et bercée de douceur. Jack n'était pas beau à voir, il paraissait avoir pris 10 ans en une nuit. Son front était aussi marqué qu'une carte routière et son joli teint hâlé avait pris la teinte des comprimés qu'il avait ingérés quelques minutes plus tôt.
- Une allergie à l'aspirine? Hasarda Ianto.
- Aucun risque.
Owen écarta toutes les options habituelles mais se trouva impuissant. Il n'avait aucune idée sur la raison de cet évanouissement pour le moins stupéfiant.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit? Demanda-t-il au jeune homme.
- Rien de plus, Owen. Il se sentait patraque. Il a pris ces comprimés…
- Combien?
- Je ne sais pas, une poignée.
- Une poignée?
- Je n'en sais rien, je te dis! Je suis arrivé au moment où il les a avalés!
- Et tout ce qu'il a trouvé c'est de l'aspirine?
- Non, il m'a dit qu'avec ça il ne risquait pas grand-chose. Il a choisi la prudence, bredouilla Ianto.
- On ne prend pas de l'aspirine si on se sent patraque, Ianto!
- Je le sais! Et il le sait aussi ! Il m'a menti, si tu veux tout savoir ! Il avait mal quelque part mais il ne m'a pas dit où! S'énerva le jeune homme.
Gwen tenta de calmer ses amis.
- C'est bon, on dirait qu'il revient à lui. Ok les garçons, tout va bien.
Effectivement, le Capitaine émergea doucement. Il ouvrit les yeux et fut visiblement surpris de voir ses sbires agglutinés autour de lui.
- Comment te sens-tu, Jack? Fit le médecin.
Ce dernier croisa les regards inquiets de ses employés. La migraine avait disparu. Il se leva prestement et clama tout haut.
- Tout va bien les enfants! Juste un petit mal de tête! Mais c'est passé. Allez au boulot!
Il se fraya un passage entre les filles et Owen et se dirigea vers l'ordinateur central.
- Allez!
Owen rangea sa trousse de premiers soins mais continua de se questionner. En passant devant Jack, déjà installé, il lui demanda dans un murmure.
- C'était quand la dernière fois où tu as eu mal à la tête?
La question n'eut pas l'heur de plaire au boss. Cependant Jack répondit avec franchise, en fixant son médecin.
- Je dirais 1899! Après une sévère biture. Tu en conclus quoi, doc?
Le visage de son supérieur, grave et fatigué, alerta le médecin.
- Que ce n'est pas normal du tout. Et que…
Owen dépassa Jack et se dirigeait en piétinant vers son labo.
- Que quoi? Tonna la voix claire de Jack.
Owen se tourna et lui fit face, l'air embarrassé.
- Et que c'est certainement de ma faute.
Chaque membre de Torchwood avait entendu les derniers mots d'Owen. Ce dernier se traîna avec peine jusqu' en bas, dans son labo.
Gwen fut la plus prompte à réagir. Elle le rejoignit et l'interrogea.
- Que veux-tu dire par « c'est ma faute » ?
Jack fit mine de ne pas avoir entendu. Jack savait déjà.
- Non, Owen, tu n'y es pour rien. Qu'est-ce qui te fait penser ça? Le rassura Tosh qui vint se placer aux côtés de Gwen au dessus du labo. Le médecin leva des yeux tristes vers elles.
- En même temps, c'est Jack qui l'a voulu!
- C'est-à-dire? Renchérit Ianto, venant gonfler la petite troupe amassée au dessus de la tête d'Owen.
- C'est lui qui m'a ramené !
Cinq ans au service de Torchwood. Un quinquennat au service de Jack Harkness. Sans le voir, Owen visualisait le hochement de tête de son chef.
- Au boulot, les enfants!
Les trois jeunes gens firent volte face et Jack leur sourit, faiblement.
- Owen délire. Souvenez-vous, il est mort!
Owen remonta quelques marches et plongea son regard dans celui de son patron. Tandis que les autres regagnaient leur poste de travail respectif, Owen et Jack se mirent tacitement d'accord pour passer à autre chose.
Le Graal d'Owen venait de se fracasser contre le mur de ses espérances. Les conséquences de l'acte irréfléchi de Jack lorsqu'il avait décidé de ramener Owen à la vie était en train de le percuter en pleine face. Les jours suivants allaient décider pour eux.
Mais Jack ne regrettait pas son geste inconsidéré.
Quant à Owen, sa survie allait dépendre de Jack. Autant dire que son enthousiasme ne valait pas grand-chose face à Jack, le rabat-joie!
A suivre...reviews pliz^^
