Notre défaite.
Prologue : Brûler nos rêves et nos illusions.
Emma avait fait son choix, celui qu'elle espérait, non qu'elle savait être le bon. Même si cela lui faisait mal au cœur de devoir faire ça à son fils, mais elle n'avait pas le choix.
La jeune femme le savait, elle devait le reconnaître, c'était Fiona qui avait raison sur toute la ligne. Ce ne serait ni bon pour elle, ni pour Henry que celui-ci continu à croire à toutes ces histoires complètement fantaisistes…
Et puis, un mieux pour lui signifierait forcément un mieux pour elle, non ?
Après tout, c'était bien de sa faute s'il y croyait toujours, s'il pensait toujours que les fées et les malédictions étaient réelles.
Parce qu'elle avait eu autrefois la naïveté et la faiblesse de croire en ce qu'il lui racontait, parce qu'un temps elle s'était crue Sauveuse.
Elle avait eu tord, et aujourd'hui elle payait cher le prix de son erreur. Emma avait désespérément désiré croire que ce qu'Henry lui racontait était réel alors.
Comment aurait-elle pu faire autrement alors, quand il était venu au pas de sa porte, pour lui demander son aide contre la méchante Fée Noire et sa malédiction ?
Comment aurait-elle pu ne pas avoir foi en lui, alors qu'il mettait tous ses espoirs en elle ? Il était désormais la seule famille qu'elle pourrait jamais avoir, la seule fin heureuse (si du moins ce genre de chose existait) à laquelle elle aurait droit.
Alors oui, elle y avait cru, presque malgré elle, sans doute parce qu'elle rêvait d'avoir une famille, et que tout cela soit bel et bien vrai.
Et puis Henry avait mangé ce chausson aux pommes et avait failli mourir, et elle et Fiona avaient eu toutes deux tellement peur qu'elles savaient désormais qu'il leur fallait arrêter cette folie.
Étonnement, ce n'est pas Fiona qui avait demandé l'internement d'Emma dans cet hôpital psychiatrique, mais bien Emma elle-même. Cette histoire n'avait plus aucun sens, et elle devait y mettre fin de toute urgence.
Elle ne voulait pas perdre son fils, et s'il fallait qu'elle se fasse soigner pour que celui-ci aille mieux, alors elle l'acceptait.
Ça avait été un succès, du moins pendant un temps….
§§§§
Malgré la joie qu'elle avait de revoir Henry, Emma avait vite déchanté en entendant le discours que ce dernier lui faisait.
Encore la magie ?
Et elle qui pensait en avoir fini avec ça, que son fils avait enfin fini par tourner la page.
(A aucun moment elle n'imagina que celui-ci pouvait dire vrai, même ce moment sur le toit lui sembla plus être une illusion ou une hallucination qu'autre chose.)
Mais ce n'était pas le cas, il revenait encore à la charge, même après toutes ces années, alors qu'elle croyait qu'il avait enfin commencé à oublier.
Elle fut bien évidemment touchée de sa sollicitude, mais ne comprit pas pourquoi il lui posait toutes ces questions ne saisissant parfois pas ce qu'il lui disait.
Apparemment, son fils était encore malade, et elle aussi, même s'il y avait encore une petite part d'elle qui croyait encore en lui.
(Peut-être que la Sauveuse en elle n'avait pas complètement disparu et qu'elle essayait de toutes ses forces de la faire se ressouvenir).
La proposition de Fiona l'avait immédiatement choquée, et ce malgré la logique de celle-ci. Ce ne serait que lorsque Henry aurait réalisé que sa mère ne croyait plus en ces contes et ces histoires inventées que enfin, il comprendrait que cela ne servait à rien de s'acharner.
(Elle ne connaissait pas autant son fils qu'elle le croyait, et ignorait que celui-ci se battrait toujours pour eux, leur famille, leur fin heureuse et contre les Ténèbres. Quitte à mourir au combat s'il le fallait.)
Si Emma se refusa tout d'abord à détruire le livre, ce n'est pas par croyance que tout était réel, mais dans le seul but de préserver Henry.
Tout simplement.
Cette vie n'était bonne ni pour elle, ni pour lui, ni pour Fiona non plus (qu'Emma plaignait sincèrement, celle-ci faisait beaucoup d'efforts pour protéger son fils et l'élever correctement. Et tout ce qu'elle récoltait en échange, c'était une méfiance infondée.)
Avec le temps, et malgré leurs différents, Emma avait appris à apprécier le Maire, en voyant à quel point celle-ci aimait Henry.
(A aucun moment elle ne voyait la noirceur contenue dans son cœur, à aucun moment elle ne se rendait compte de ce qu'il se passait réellement, ni ne voyait le sourire fourbe et mauvais de la fausse mère adoptive d'Henry.)
Mais même avec cela à prendre en compte, elle refusa instantanément de brûler le livre de conte. Parce que cela aurait signifier mettre en morceaux tout les rêves et tout les espoirs d'Henry, anéantir ton son univers.
Et ce n'était en aucun cas ce qu'elle voulait.
§§§§
Ce n'est que quand la vie d'Henry se trouva mise en danger par son obstination à la faire croire en des choses imaginaires que sa vision des choses changea.
Elle avait définitivement été aveugle, croyant qu'Henry lui avait dit la vérité, en prétendant qu'il laissait tomber cette histoire.
(Il semblait donc qu'elle n'ait en fin de compte pas ce fameux don pour détecter les mensonges).
Et elle eut peur, et même si dans d'autres circonstances elle aurait pu le féliciter pour sa débrouillardise (il la rappelait elle au même âge, plus ou moins), tout ce qui lui apparut à cet instant précis, c'était la nécessité d'en finir avec cette histoire de fou.
Fiona ne se trompait pas, et c'est dans un geste quasi-automatique que l'ancienne Sauveuse qui ne pensait pas l'être se saisit du livre de conte de son fils.
C'était ce qu'il fallait faire, il n'y avait pas d'autre solution.
(Ou peut-être que si. Peut-être qu'il y en existait d'autres simplement elle n'avait pas assez de forces pour y croire. Mais, comment aurait-elle pu, après toutes ces années passées dans un hôpital psychiatrique ? De quelle façon aurait-elle donc pu continuer à croire, alors que tout ce qu'elle voyait autour d'elle l'incitait à penser le contraire ?)
Si elle n'avait pas été à ce point sous l'influence des médicaments, sans doute Emma se serait demandé pourquoi Fiona tenait à ce point à ce que ce soit elle, et personne d'autre qui jette le livre au feu.
Brûler ses espoirs, et ses rêves. Voilà ce qu'elle devait faire, quant bien même cela ne l'enchantait pas.
(Et, contrairement à ce qu'il s'était passé lors de la première malédiction, il n'y avait rien en elle cette fois-ci qui lui indiquait qu'elle faisait le mauvais choix. Forcée de subir la malédiction, elle ne parvenait pas à ne serait-ce que penser qu'elle avait tord)
Et soudain, face aux flammes, elle n'hésita pas, et lança le livre dans les flammes.
Lorsque ce dernier s'ouvrit sur une page représentant l'homme qu'elle avait cru voir tout à l'heure, elle se contenta de tiquer.
Inconsciente qu'elle était qu'elle venait tout juste de détruire sa fin heureuse et qu'elle venait de précipiter sa famille vers la mort…
