Auteur : Nat.

Disclaimer : Rien n'est à moi, tout est au vénéré Tolkien. Je ne fais que lui emprunter ses personnages le temps de les torturer un peu plus. L'image de couverture n'est pas de moi, mais j'ignore qui en est l'auteur.

Warnings : J'ai bien peur que ce recueil de courts one-shots soit un peu déprimant. Elrond et Maglor ne sont pas du tout dans leurs assiettes et Maedhros fait ce qu'il peut pour sortir de la sienne. Sinon, j'ai écrit ces textes en écoutant une version à la harpe de la chanson Evenstar.

Note : Cette histoire est la suite de ma fic "L'enfant en colère". Il est grandement recommandé d'avoir lu la première partie avant d'attaquer celle-ci.

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L'enfant en chemin

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Le ciel a pâli à l'est et les quelques filets de nuages qui le parsèment commencent à rosir. Une grande partie de la maison est encore silencieuse : seuls les commis de cuisine s'activent déjà aux fourneaux. Quelques oiseaux au plumage sombre volent en piaillant au-dessus des jardins dénudés par l'hiver.

Debout face à la fenêtre de sa chambre, Maedhros les regarde tourner dans les airs et picorer le sol gelé en quête de nourriture. Il ne parle pas. Maglor, qui vient d'entrer dans sa chambre, ne s'en formalise pas. Le grand elfe roux ne parle jamais tôt le matin. Il passe de trop mauvaises nuits, son frère le sait.

Le musicien s'approche dans le dos du grand seigneur, son pas feutré étouffé par les épais tapis. Lui aussi observe les oiseaux pendant quelques minutes.

« Elros a demandé la permission d'installer des boules de graisse et des nichoirs dans les jardins d'agrément. » Commente le ménestrel d'une voix douce.

Il parle plus pour lui-même que pour son aîné, et il n'attend pas de réponse.

« Il voudrait avoir des poussins au printemps. Je lui ai dit que nous le laisserons entrer dans le colombier, s'il en a envie, mais il insiste. Il veut avoir d'autres oiseaux que des pigeons et des corbeaux.

-Il ne sera plus là, le printemps venu. » Souffle Maedhros, du ton bas qui ne fait pas grincer sa voix.

Maglor ne répond rien. Il hoche la tête. Il reste un long moment silencieux, debout aux côtés de son frère. A l'est, le ciel est devenu d'un bleu limpide et le soleil de l'hiver, blanc et froid, s'élève lentement au-dessus des collines qui bordent les dépendances des fils de Fëanor.

En contrebas, Elros a échappé à sa femme de chambre qui l'emmenait à la salle à manger. Il profite d'une porte laissée ouverte pour se faufiler dehors et courir en riant dans une des grandes allées, tentant d'attraper les oiseaux et faisait coucou de la main au soleil. Une jeune elfe se précipite à sa suite, le rattrape et le ramène bien vite à l'intérieur. Elrond, sorti à son tour et qui attend immobile sur le parvis, saisit au passage la main de son jumeau et lui emboîte le pas. Les deux seigneurs noldor les suivent des yeux jusqu'à ce qu'ils disparaissent à leur vue.

« Nous devrions prendre notre petit déjeuner, nous aussi. » Commente Maglor sans esquisser un geste.

Il ne détourne pas le regard de la lente ascension de l'astre solaire. Maedhros élude sa remarque. Sa voix brisée reprend, du même ton bas :

« Il faudra leur dire. »

Maglor se détourne de la fenêtre.

« Pas avant d'être sûrs. Viens. Allons déjeuner. »

Maedhros laisse passer quelques instants avant de le suivre.

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