Les flammes viraient tantôt au bleuté, tantôt à la couleur de la passion et de la chaleur. Luisantes et se caressant, elles dansaient très suggestivement devant les yeux polaires de Drago Malefoy.
Tenant un verre de bourbon à la main, le tournant sous tous ses aspects, sans daigner n'y jeter ne serait-ce qu'un coup d'oeil, le jeune homme et adulte, était propice à un long et périple moment de réflexion.
Bruyantes. Macabres. Fugitives. Dangereuses.
Ses pensées n'avaient rien et ne possédaient rien de joyeux. Drago se trituraient les lèvres, hagard et perdu face à la contemplation de femmes dansant dans le feu, devant lui.
Tout paraissait trop calme ici. Trop sombre. Trop triste.
Dix belles années : qu'avait-il eu le temps de bâtir ? Une famille.
Nouveau levé de sourcil abusif. « Tu es pitoyable Drago » avait-il pensé. Avait-il dit... Avait-il confirmé.
Une famille indéniablement à l'image de la sienne, de sa personnalité et de sa grandeur. Quand les cris de Scorpius, son fils, ne rendait pas sa mère Astoria, folle, dans les couloirs du manoir, tout paraissait beaucoup trop triste et loin des attentes de Drago.
Pour lui, fonder une famille n'avait rien eu de réparateur. Seul la montée au succès l'avait presque assouvit. Mais si on lui demanderait ce qui le retenait ici, Drago Malefoy vous aurez certainement rit au nez : rien, évidemment. Tout était trop comme son père le voulait, tout était trop comme cela devait être, non comme il aurait voulu que ce soit.
Quelle belle désillusion.
C'était vicieux. C'était malsain. Drago restait dans cet univers qui lui promettait sécurité mais ennuie profond et douloureux. Et en bon lâche qu'il avait toujours été, il se contentait de cela. Non parfaitement cela dit, car il était évident qu'il aurait troqué cela contre la fougue, la passion, le désir à assouvir. Putain ouais, Drago voulait ressentir autre chose que de l'habitude, que de la routine presque lancinante et masochiste. Il voulait et exigeait à cet instant : pouvoir vivre et non survivre.
Pouvoir faire ce qu'il avait toujours voulu : se réveiller et gagner l'admiration de son père, ou l'envoyait se faire foutre. Garder ses parents prêts de lui, mais jamais assez cependant, de peur qu'ils puissent juger la vie qu'il entreprenait, libertine et désinvolte. Car oui, là était son envie. Il en avait assez de toujours agir dans les règles de l'art, dans le contrôle et la parfaite maîtrise des choses. De soi, avant tout. Des autres, après ça.
Drago Malefoy s'ennuyait à crever. Là voilà la triste vérité. Et ni les formes délicates et féminines de sa femme, ni l'amour et l'affection de son fils n'arrivait à le rendre pleinement et complètement heureux. Déjà avait-il été une seule fois heureux, à proprement parlé ? Même un empire à son nom n'avait pas arrangé les choses.
Il en venait même à se demander s'il n'était pas juste malade.
De quoi, qu'en savait-il ? Ce qu'il savait juste, c'est que ça le bouffait de plus en plus, profondément et viscéralement. Paradoxalement, sa souffrance lui prouvait qu'il était toujours vivant. Le blond doutait parfois même de son existence, se rendant compte qu'il se murait de plus en plus dans une indifférence totale et justement maladive. C'en était presque effrayant si ça n'était pas navrant. Des futilités auxquelles Drago n'avait eu jamais à s'abaisser, son éducation lui interdisant tout ce qui ne rimait pas avec pouvoir et noblesse. Comme une maladie, elle s'était installée silencieusement et avec lenteur, une lenteur si exagérée que c'en était déconcertant. Vicieuse et incontrôlable.
Le pire dans tout ça, c'est que jusqu'à alors, rien n'y personne n'était son remède. Et il doutait même qu'il puisse seulement exister. Qu'est-ce qui pouvait le guérir d'un passé douloureux et qui le confinait, d'un futur désert de tout plaisir, et d'un présent presque inexistant sur le plan affectif. C'était comme si il avait besoin, soit de mourir, soit d'une tornade qui aurait égoïstement tout détruit : erreurs, vices et solitude.
Il était loin de se douter que son remède d'une part, était bien vivant, et qu'il représentait tout ce qu'il s'était toujours interdit d'espérer.
