Disclaimer : Square Enix, Disneyy :3
Pairing : VanVen (of course, duh), quant aux autres, c'est mystérieuuux. (Bon ok y a du RokuShion car je les aime)
Rating : T-M, mais je mets en M car voilà. :D (TW : violence, sang, tripes qui volent, langage trop châtié, j'updaterai si de nouvelles choses se pointent à l'horizon. Par nouvelles choses je veux dire du smut. hihi.)
Je ne vous retiens pas plus longtemps, bonne lecture !
– Hé, Ven.
L'épaule secouée par un bras dont le propriétaire était manifestement pressé, l'enfant ouvrit lentement un œil, puis l'autre, avant d'étouffer un bâillement. Il marmonna quelque chose avant de retomber dans le sommeil.
Son répit fut de courte durée. À nouveau, il fut tiré de sa léthargie par les mouvements vifs de l'autre qui, maintenant, avait décidé de lui secouer les deux épaules. Ses paupières finirent par papillonner lorsque le réveil se décida enfin à le gagner. Il se frotta les yeux avec fatigue.
– Quoi ? demanda-t-il d'une voix lasse.
– Je dois te montrer quelque chose.
Ven s'assit et leva les yeux sur le garçon qui l'avait tiré du sommeil. Si l'endormi avait deux grands yeux bleus et des cheveux blonds en bataille, ainsi que des joues roses qui lui donnaient un air tout innocent, celui qui se tenait debout à côté de son lit était son parfait opposé. Des cheveux noirs se dressaient tout autour de son crâne et il observait le monde avec des yeux d'ambre qui avaient un petit côté inquiétant. Ven avait compris depuis longtemps qu'ils ne cachaient rien de terrible : il le connaissait depuis quelques années et était bons amis – meilleurs amis, même – et lui avait toujours voué une certaine admiration et une tendresse sans bornes, qu'il lui avait toujours rendue, d'ailleurs. Les adultes aimaient beaucoup jouer sur leur différence et les embêter un peu ; « le jour et la nuit », disaient-il, sans que Ven n'ait jamais su lequel des deux était la nuit.
Il serra les bras contre lui pour se réchauffer sans pouvoir réprimer un frisson. Il détestait ce genre de réveil sans chauffage. Rien ne lui donnait moins envie de sortir de son lit. Il tira sa couverture sur lui pour garder de sa chaleur.
Dans la chambre, on entendait le souffle tranquille de Sora et de Roxas, tous les deux toujours endormis. Ven les regarda avec envie. Eux, au moins, n'étaient pas éveillés aux aurores pour des raisons probablement insignifiantes.
– Quoi ? demanda-t-il encore.
Il connaissait assez son ami pour savoir qu'une visite au petit jour signifiait que la journée risquait d'être harassante. Il n'avait pas la moindre envie de bouger.
– Viens voir !
– Vanitas, se plaignit-il. De quoi tu parles ?
– C'est un secret. Viens avec moi. Je te promets, juré, c'est pas une blague.
– Je veux dormir...
Vanitas grimpa sur le lit et s'assit face à lui en lui jetant le regard le plus déçu qu'il était capable de lancer.
– Mais Ven, tenta-t-il d'expliquer, c'est vraiment important.
– Plus tard... marmonna Ven qui commençait à se rendormir doucement.
– Je ne peux pas plus tard, ils seront partis ! Viens. Si on attend, ils les verront et ils...
Il sembla chercher ses mots. D'un geste, il attrapa la main de Ven et le regarda droit dans les yeux. Sa main était glacée. Il lui dit avec douceur :
– Tu ne le regretteras pas.
Ven soutint son regard un instant puis céda.
– Bon, d'accord, murmura-t-il, mais j'espère que c'est bien. J'étais en train de rêver, moi.
Vanitas lui sourit et se leva. Il tira son ami par le bras et l'invita à se redresser. Puis, il posa un doigt sur sa bouche et désigna les deux endormis avec un sourire.
– Il ne faut pas qu'ils viennent, chuchota-t-il.
– Pourquoi ?
– Parce que.
Sans plus d'explications, il tendit une petite couverture polaire à Ven qui était en train d'enfiler des chaussons légers. Celui-ci s'en enveloppa avec reconnaissance et tous deux partirent sur la pointe des pieds.
Il pouvait sentir la fraîcheur du dallage du couloir à travers ses chaussures. Il suivit Vanitas à travers les pièces de la maison, descendit quelques volées d'escaliers, puis fit la moue lorsqu'il le vit se diriger vers la porte qui les séparait de l'extérieur. Il eut un frisson en pensant à la température qui devait régner dehors.
– Vanitas, où on va ? Je veux pas aller dehors, se plaignit-il.
– Chhht, il ne faut pas qu'on nous entende, répondit-il à voix basse. Tu verras.
Il lui tendit la main et après un instant d'hésitation, Ven l'attrapa. Le premier ouvrit la grande porte de bois qui grinça dans le silence endormi de la maison. Un courant d'air glacial s'infiltra à l'intérieur. Ven resserra la couverture autour de lui et, encouragé par Vanitas, s'aventura sur le parvis.
Le mois de novembre venait à peine de débuter et les températures étaient déjà en dessous des limites du supportable. Ven frotta ses paumes l'une contre l'autre dans l'espoir de gagner un peu de chaleur. Sans succès. L'air se condensait devant sa bouche en un léger nuage blanc. Il eut un soupir désespéré lorsqu'il vit Vanitas s'aventurer plus loin à l'extérieur. Il avait bien envie de protester, mais il le connaissait assez pour savoir que rien ne le ferait changer d'avis et qu'il finirait tout de même par le suivre, à la fin. Il secoua la tête avant de le rattraper.
Le soleil n'était pas encore levé. Le ciel, déjà éclaircit en prévision de son retour, était pur et sans nuages.
Ven fronça les sourcils en voyant Vanitas quitter le chemin de gravier qui menait à la demeure pour partir vers la droite, au milieu des arbres du parc jouxtant la propriété. Il n'avait jamais vraiment aimé cet endroit ; lorsqu'ils pouvaient jouer dehors, il était toujours le seul à rester en sécurité dans les chemins tout tracés qui faisaient le tour des jardins et de la maison. Le plus souvent, même, il restait à l'intérieur à regarder les trois autres s'amuser entre les arbres. Il n'était pas réservé, comme le pensaient souvent les visiteurs. Il n'avait juste pas envie de jouer dehors. Regarder ses amis courir après un ballon ou fuir devant un « loup » désigné lui suffisait amplement.
Il ne savait pas exactement ce qui le repoussait, dans cet endroit ; il le connaissait bien et il savait qu'il n'y avait rien de réellement dangereux. Pourtant, y aller lui procurait toujours une angoisse inexpliquée. Il s'imaginait des gens y rôdant, des monstres cachés dans les branches, il lui arrivait d'entendre des bruits dont il ne parvenait pas à saisir l'origine et il avait constamment peur d'être suivi.
Les psychologues y avaient regardé à deux fois sans jamais en trouver la cause. Ils avaient finis par abandonner l'idée de le forcer à sortir, estimant qu'il était plus heureux à l'intérieur, sans doute, protégés par les murs de briques de la maison. Plus personne n'y avait eu à redire.
Il fut parcouru d'un frisson désagréable en regardant Vanitas y aller. Puis, prenant son courage à deux mains, il quitta le chemin à son tour.
Il attrapa le bras de Vanitas et y resta accroché tout au long de leur marche. Celui-ci ne s'en formalisa pas et continua à tracer sa route d'un pas vif, concentré sur sa destination. Enfin, il s'arrêta devant une petite cabane de bois dont Ven ne connaissait pas l'existence. Il tourna la tête avec étonnement.
– On est où, ici ? demanda-t-il à Vanitas qui s'était accroupi et regardait le sol avec les sourcils froncés.
– C'est là que le jardinier met une partie de son matériel, répondit-il sans vraiment y prêter attention.
Il se releva et se frotta le menton, l'air de réfléchir. Ven croisa les mains derrière son dos. Il sursauta en entendant un bruit suspect au-dessus de lui.
– Vanitas, qu'est-ce que tu fais ?
– Je cherche... attends. Reste ici, je vais...
Il ne termina pas sa phrase et lança un regard interrogateur à son ami.
– Qu'est-ce qui ne va pas ?
– Il y a des trucs dans les arbres...
– Oh.
Il ramassa un bâton au sol et le lança de toute ses forces dans l'arbre le plus proche. Perturbés par le choc, une dizaine d'oiseaux s'envolèrent dans le ciel à grands cris. Vanitas se tourna vers lui.
– Partis, dit-il.
Ven eut un sourire embarrassé.
– Merci.
Il haussa les épaules puis retourna à sa recherche. Ven n'eut pas à attendre longtemps : quelques secondes plus tard, Vanitas lança une exclamation victorieuse, revint vers son copain et lui attrapa le poignet. Il le fit avancer de quelques pas puis lui désigna le sol d'un air satisfait.
– C'est quoi ?
– Regarde, répondit-il en guise d'explications.
Il s'accroupit et Ven l'imita, intrigué.
Un instant plus tard, il eut un sourire émerveillé.
Devant lui, quatre chatons nouveau-nés tentaient de résister à la fraîcheur matinale en se serrant les uns contre les autres. Minuscules, les yeux encore fermés et presque nus, ils avaient l'air si fragiles que Ven avait l'impression qu'un coup de vent aurait pu les faire disparaître en un rien de temps. Deux d'entre eux étaient blancs, un autre noir et un dernier hésitait entre les deux. Il se tourna vers Vanitas qui s'était assis et les observait sans dire un mot.
– Comment tu... commença-t-il.
– Je les ai trouvés tout à l'heure, dit-il, le regard vague.
– Mais...
– Ils sont petits, hein ?
Le blond hocha la tête. Il tendit une main vers eux et se ravisa.
– Tu crois qu'on peut les toucher ?
Pour toute réponse, Vanitas en prit un dans sa main et le déposa sur le genoux de Ven. Celui-ci se figea en voyant la bestiole humer l'air et tenter de se déplacer un peu. Elle poussa un petit cri aigu et il lança à son meilleur ami un regard paniqué.
– Qu'est-ce que je dois faire ? demanda-t-il en regardant la bête ramper sur sa jambe.
– Bah, caresse-le. C'est comme ça qu'on s'occupe d'un chat.
Ven passa un doigt sur le dos de l'animal d'un air intrigué.
– Il est bizarre, dit-il en continuant de le caresser du bout du doigt.
Vanitas en toucha un autre.
– C'est vrai. Ils tremblent.
– Ils doivent avoir froid...
– On devrait les amener dans un endroit à l'abri.
Le blond acquiesça et regarda plus attentivement les trois autres chatons.
– Dis, où elle est, leur maman ?
– Elle est morte. Je l'ai vue plus loin. (Il marqua une pause.) Ils n'ont plus personne.
Ven resta un instant silencieux. Il attrapa le nouveau-né, toujours sur son genoux, et le déposa parmi ses frères.
– C'est triste, murmura-t-il.
Vanitas haussa les épaules.
– C'est comme ça.
– Tu crois qu'on peut les ramener à la maison ?
– Ils ne voudront jamais.
– Mais qu'est-ce qu'ils vont devenir, alors ?
– On doit les cacher.
– Où ça ?
– Je ne sais pas, avoua Vanitas.
Ils se turent et réfléchirent chacun de leurs côtés. Dans la portée, un chaton téméraire grimpait sur les autres en poussant de petits miaulements. Ven lui donna une légère caresse sur la tête.
– Peut-être qu'on peut les cacher dans notre chambre, proposa-t-il sans trop y croire.
Son ami rejeta la proposition d'un revers de main.
– Ils finiraient par le voir. En plus, ils vont grandir. À un moment, ça ne fonctionnera plus.
– Ah...
– Par contre... on peut les mettre dans le grenier.
Ven lui lança un regard étonné.
– Le grenier ? Mais on n'a pas le droit d'y aller.
– Justement. Personne ne pensera à regarder là.
Il considéra la proposition puis sourit.
– Tu as raison.
Il détacha la couverture de ses épaules et la posa à terre. Il la plia avant d'y poser un par un les chatons avec délicatesse. Vanitas hocha la tête d'un air appréciateur.
– Il vaut mieux qu'on le fasse maintenant. Avant que tout le monde ne se réveille.
Sur ces mots, il prit la couverture et la portée puis se redressa et, après avoir offert son bras à Ven, tous deux se mirent en route.
Le ciel s'était éclairci depuis qu'ils étaient sortis, et les premières rumeurs de l'aurore commençaient à apparaître. Lorsqu'ils passèrent la porte d'entrée et qu'ils furent enfin arrivés dans le couloir chauffé, leur trésor entre les mains, Ven poussa un soupir soulagé. Il n'était pas mécontent d'être enfin de retour. Il frotta son nez glacé et partit en éclaireur vérifier que le chemin était libre avant de faire signe à Vanitas de le suivre.
Ils gravirent les étages un à un en faisant attention à ne pas faire de bruit et en s'arrêtant aux moindres sons ou mouvements. C'est pourtant sans encombres ni rencontres malheureuses qu'ils atteignirent enfin le dernier étage, où Ven ne s'était égaré qu'une seule fois au cours de son existence. Il regarda les vieux tableaux qui décoraient les murs tandis que Vanitas, après avoir déposé les animaux au sol, déverrouillait la porte qui s'ouvrit avec un grincement.
– Où as-tu trouvé la clé ? demanda Ven en s'engouffrant dans la pièce sombre et dans laquelle régnait une odeur de poussière et d'abandon.
Il ne répondit pas et reprit la couverture avant de l'emmener au fond de la pièce. Il la déposa entre un mur et une grande et vieille penderie à laquelle il manquait une porte, puis arrangea leur nid avant de hocher la tête.
– Et voilà, dit-il en souriant.
– Ils seront bien ici, tu crois ?
– Très bien. Il fait jamais froid, et il n'y a pas de visiteurs.
– Comment ils vont faire pour manger ?
Vanitas resta silencieux un moment.
– Je vais m'en occuper, tu verras, le rassura-t-il enfin. J'irai prendre du lait en cuisine. Et puis, je demanderai à Aqua.
– Tu es sûr que ça va aller ?
– Oui, évidemment. Allez, viens. On doit retourner dans la chambre.
– D'accord.
Ils sortirent après un dernier regard vers les animaux et Vanitas prit soin de refermer la porte à clé avant de la ranger dans sa poche.
Il se tourna vers Ven.
– Ne le dis pas à Sora et Roxas, d'accord ?
Ven pencha la tête.
– Pourquoi ?
– Parce que, ils sont à nous. C'est notre secret. Juste à toi et moi.
– C'est vrai ?
– Oui. Il ne doivent pas savoir. Tu promets de ne rien dire ?
– Je promets, dit-il. Merci de me l'avoir montré, Vanitas.
Celui-ci le regarda dans les yeux durant une longue seconde mais ne répondit rien. Enfin, il descendit les escaliers et tous deux retournèrent dans leur chambre en toute discrétion.
Ven se déchaussa et se glissa dans son lit en silence. À l'autre bout de la pièce, Vanitas faisait de même et en une seconde, il s'était déjà endormi.
Ven, lui, resta couché, les yeux ouverts à regarder le mur un moment puis sentit ses paupières se fermer peu à peu, alourdies par la fatigue qui recommençait doucement à le gagner. Il repensa aux chatons dans le grenier. Un léger sourire apparut sur son visage.
– Notre secret, murmura-t-il pour lui-même.
Il cessa de résister et sombra dans le sommeil.
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Vanitas venait de terminer ses devoirs quand l'horloge – une vieille pendule qui faisait près de deux mètres – sonna midi. Il referma son cahier noirci de calculs mentaux et se leva. Son estomac grognait depuis au moins une heure et il n'était pas mécontent de pouvoir enfin le faire taire.
Il abandonna là son travail et ouvrit la lourde porte qui le séparait de la pièce d'à côté, dans laquelle Sora était en train de réfléchir à ses exercices en mâchonnant un crayon. En l'entendant entrer, celui-ci se retourna et un sourire apparut sur son visage.
– C'est déjà l'heure ? s'étonna-t-il. Je croyais qu'il était plus tôt.
– J'ai trouvé ça affreusement long. On y va ?
– J'ai pas fini, soupira-t-il. C'est trop difficile, je comprends rien.
– Tu finiras après.
Ils se fixèrent quelques seconde et Sora exhala.
– Bon, d'accord. J'ai faim.
Tous deux sortirent du bureau et se retrouvèrent dans le couloir. Ils se rendirent dans la salle à manger de la maison, qui se trouvait au rez-de-chaussée du corps principal du domaine. Leurs salles de travail respectives se trouvant dans les plus hauts étages de l'aile gauche, ils avaient à traverser la moitié du bâtiment avant d'atteindre leur objectif. Le trajet n'était pas gênant à effectuer ; au fond, ils en avaient l'habitude, même s'ils avaient un peu râlé en apprenant que leurs bureaux avaient été déménagés plus haut et plus loin du centre de la maison qu'avant. Et surtout en sachant qu'on les avait séparé pour, disaient-ils, privilégier leur concentration.
Il y avait de nombreux pensionnaires provisoires qui habitaient la maison, en fonction des saisons ou du travail qu'ils avaient à faire. Une petite dizaine de personnes, cependant, vivaient là en permanence ; quelques membres du personnel d'entretien, dont une jeune gouvernante nommée Aqua, un jeune homme appelé Ienzo qui s'y trouvait pour ses recherches, ainsi que quatre enfants.
Sora, Roxas, Ventus et Vanitas vivaient dans la maison vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept depuis pratiquement leur naissance, soit huit longues années. Ils dormaient là, mangeaient là, jouaient là, ils étaient éduqués là et ne sortaient pratiquement jamais, sauf dans les alentours de la propriété dont la superficie était suffisamment grande pour pouvoir satisfaire les envies de libertés de n'importe quel enfant de leur âge. Depuis leur plus tendre enfance, pour palier au manque de place et de moyens de l'époque, tous les quatre dormaient dans la même chambre, partageaient les même repas et la même éducation.
Lorsqu'ils furent en âge de faire des devoirs, on leur assigna une salle où ils pouvaient travailler dans la paix et la concentration. Tous les quatre s'entraidaient et se serraient les coudes.
Jusqu'à ce que les instances supérieures ne décident de les séparer.
Le moment avait été terrible. On avait assigné Sora et Ven à l'aile gauche, Vanitas et Roxas à l'aile droite ; Roxas et Ven, jumeaux et terriblement proches, en avaient fait voir de toutes les couleurs pour qu'on ne les sépare pas ; Vanitas avait insisté pendant des jours pour être avec Ven, et Sora pour être avec Roxas. Après discussion, on avait réarrangé l'histoire : Ven et Roxas ensemble, Vanitas et Sora également. Il y eut encore quelques crises, mais plus personne ne remit le système en question, même si chacun regrettait d'être séparé des autres pendant des heures juste pour faire leurs devoirs. Heureusement, ils continuaient à prendre le dîner tous ensemble.
Sora et Vanitas étaient arrivés au rez-de-chaussée lorsqu'ils croisèrent un homme aux longs cheveux blonds qu'ils connaissaient sous le nom d'Even. Il faisait partie de ces gens qui parlaient toujours avec mépris et condescendance à chaque personne qu'ils croisaient : Even se sentait supérieur à l'univers entier et ne manquait pas de le faire remarquer à quiconque se trouvait sur son chemin. Tout le monde le détestait. Il le savait. Il s'arrangeait pour que ce soit le cas.
Les deux garçons lui souhaitèrent le bonjour du bout des lèvres et pressèrent le pas. Sa présence les mettait mal à l'aise ; les émotions qu'ils associaient à cet homme et à son travail était toujours négatives, et ils ne pouvaient s'empêcher de s'en méfier
Even leur sourit – un sourire faux et méprisant, comme à son habitude – et continua son chemin en sifflotant.
Vanitas savait qu'il retournait faire ses « expériences » et ses « tests » qui lui prenaient tant de temps et le forçaient à passer bien trop souvent à la maison au goût des garçons. Il ne savait pas exactement en quoi ils consistaient, mais n'avait pas la moindre envie d'y participer. Il en était sûr.
Son ventre gargouilla, ce qui tira un petit rire à Sora. Ils arrivèrent enfin dans la salle à manger et y trouvèrent Roxas qui, assis à terre, s'occupait à résoudre un petit puzzle. Sora s'installa derechef à ses côtés mais Vanitas, lui, resta debout.
– Où est Ven ? demanda-t-il à son jumeau.
Celui-ci lui répondit sans même lui accorder un regard.
– Dans notre chambre. Il est avec Aerith.
Vanitas fronça les sourcils. Aerith était médecin et c'était elle qui s'occupait de leurs éventuels problèmes de santé. Si elle était avec lui, il devait être malade. Il résista à la tentation de courir voir par lui-même dans l'instant.
– Il est malade ? dit-il plutôt.
– Il s'est senti mal tout à l'heure. Il est retourné se coucher.
Vanitas hésita. Le rejoindre ou rester ici ?
L'entrée d'Aqua le tira de ses pensées. Elle déposa des sets de tables, quatre assiettes et des couverts, puis retourna à la cuisine chercher le repas. L'odeur alléchante que dégageait la casserole raviva la faim de Vanitas. Il regarda la porte de sortie d'un air coupable. Ven était malade. Et s'il avait besoin de lui ?
La jeune fille le regarda avec un sourire.
– Ne t'inquiète pas, Vanitas, il a juste une petite fatigue. Il peut attendre un peu avant de te voir arriver. Il a surtout besoin de repos.
– Mais...
– Viens manger, d'accord ? On ira voir après.
Les trois garçons s'installèrent autour de la table.
– Qu'est-ce que c'est ? demanda Sora.
– Je crois que c'est une sorte de ragoût, répondit-elle. Ça sent bon, en tout cas. Donnez-moi votre assiette.
Elle les servit un par un puis se servit elle-même et s'installa.
– Bon appétit, dit-elle.
– Bon appétit ! répondirent-ils en cœur.
Ils commencèrent à manger sans bruit. Le silence n'était brisé que par le bruit de raclement des couverts sur les assiettes, et de temps et temps par une remarque d'Aqua lorsque Sora mangeait la bouche grande ouverte. Après un moment, elle s'éclaircit la gorge.
– Eh bien, les garçons, ça doit être bon pour que vous restiez silencieux comme ça, plaisanta-t-elle. La matinée s'est bien passée ?
– Les exercices sont trop durs, se plaignit Sora avant de mâcher une nouvelle portion.
– Je les ai trouvés faciles, commenta Roxas.
Il avait terminé son assiette et avait pris soin de mettre les couverts correctement, comme on le lui avait appris.
– Et toi, Vanitas ?
Ce dernier ne répondit pas. Il avait abandonné son repas et tenait sa fourchette en main depuis cinq minutes sans l'utiliser.
– Vanitas ? Tu ne manges plus ?
– J'ai plus faim, dit-il.
Il repoussa son assiette devant lui. Aqua lui jeta un regard mi-amusé, mi-irrité.
– Allez, ne fais pas cette tête. Tu ne vas pas te priver de manger pour ça. Ce n'est pas grave, je te l'ai déjà dit.
– Je sais.
Devant son visage défait, elle soupira :
– Tu n'as qu'à aller le voir maintenant, si tu y tiens tant que ça. Mais tu termineras de manger plus tard, d'accord ?
– D'accord.
Il sortit de table et courut rejoindre la chambre.
Elle se trouvait au deuxième étage, et il grimpa les escaliers quatre à quatre avant d'y entrer sans même frapper.
Il se fit directement reprendre par Aerith qui le stoppa d'un seul regard sévère.
– Ne fais pas de bruit !
– Comment il va ?
– Il a juste un peu de fièvre. Il dort, alors s'il te plaît laisse-le tranquille et va plutôt aider en bas.
– Non.
– Ne sois pas borné.
– Je reste ici.
– Ven a besoin de sommeil.
– Je ferai pas de bruit ! S'il te plaît. Je te jure, je te promets d'être calme. Sur ma propre tête. Juré.
Elle soupira et reprit ses affaires.
– Très bien... mais silence, hein ?
– Promis.
Elle sortit et le laissa seul avec Ven. Vanitas resta immobile.
Il regardait son meilleur ami respirer profondément, les joues rougies par la fièvre. Ce dernier laissa échapper un léger gémissement dans son sommeil.
Regarder Ven dormir avait quelque chose de fascinant. Vanitas l'avait toujours pensé. Il l'avait toujours fait.
Rien n'était plus reposant que de regarder quelqu'un qui dort ; ça procurait une sensation apaisante et un bien-être comme il n'en existait pas de meilleur. Vanitas l'avait compris tout petit. Lorsqu'il s'était réveillé au milieu de la nuit, quatre ans auparavant.
Pris au milieu d'un cauchemar dont il ne parvenait pas à se sortir, il s'était réveillé en sursaut, le cœur battant, avec une horrible sensation d'angoisse dont il était incapable de se défaire.
Il s'était levé en tremblant, prêt à appeler quelqu'un, lorsqu'il avait tourné le regard vers le lit de Ven. Il s'était immédiatement figé.
Une sensation d'aise s'était emparée de lui et il avait tout de suite cessé d'avoir peur. Ven était minuscule, et il avait l'air si frêle et fragile au milieu de ces grandes couvertures qui le tenaient au chaud. Vanitas l'observait. Et il se sentait bien.
Il était resté là, debout, sans le lâcher des yeux un seul instant. Jusqu'au petit matin. Et le lendemain, il avait décidé qu'il venait de vivre quelque chose de trop enivrant pour ne pas le revivre encore.
Depuis, la nuit, lorsqu'une insomnie le prenait, il lui arrivait de se lever et d'observer le sommeil de Ven avec un ravissement extatique. Ven n'en savait rien. Il n'en saurait jamais rien. Et le secret rendait l'expérience plus agréable encore.
Cette fois, le garçon avait le sommeil agité. Vanitas s'approcha et resta à le regarder sans rien faire.
Soudain, Ven ouvrit les yeux.
– Vanitas... murmura-t-il.
Celui-ci s'assit sur le bord du lit et posa une main sur son front.
– Tu as de la fièvre, dit-il simplement.
– Je sais... Vanitas...
Il remonta la couverture sur Ven et secoua la tête.
– Chht. Aerith a dit que tu devais te reposer.
– J'ai été voir en haut. Il y en a encore un qui... qui est...
Il eut les larmes aux yeux.
– Mort ?
Le garçon acquiesça.
– Oh...
Vanitas n'était pas surpris. Il passa ses doigts dans les cheveux du malade, puis se pencha et déposa un baiser sur son front fiévreux.
– Ne t'inquiète pas, chuchota-t-il, je vais m'en occuper. Dors.
Il patienta jusqu'à s'être assuré que le blond s'était bien endormi, puis sortit pour se rendre au grenier.
Des quatre chatons qu'ils avaient ramenés quelques jours plus tôt, il ne restait que deux survivants, un des deux blancs et le petit noir. Vanitas avait trouvé un des animaux morts le lendemain même du jour où ils les avait cachés dans le grenier. Il s'était empressé de l'enterrer dehors. Il avait songé à cacher la vérité à Ven un moment, puis s'était ravisé et avait estimé préférable de faire passer l'information le plus rapidement possible. Son ami s'y était fait.
Et voilà qu'il lui annonçait en avoir trouvé un second sans vie.
Il entra dans le grenier et se dirigea vers ce qui restait de la portée. Deux des petites bêtes se promenaient déjà un peu autour de leur nid. La dernière était figée.
Il eut un nouveau soupir et l'attrapa. Il ne restait plus qu'à l'enterrer dehors auprès de l'autre.
Il jeta un dernier regard aux deux survivants en se demandant s'ils allaient survivre. La vie est injuste, pensa-t-il. Seuls les plus forts restent.
Il revint dans la cuisine quasiment une heure plus tard.
– Tu veux manger ? demanda Aqua.
Il hocha rapidement la tête.
Lorsqu'il eut terminé son repas, il se tourna vers la jeune femme d'un air ennuyé. Elle lui jeta un regard interrogateur.
– Aqua ? Pourquoi on n'a pas le droit d'avoir d'animaux, ici ?
– Je ne sais pas, répondit-elle. J'imagine que ça les gène dans leurs recherches.
– Je peux te dire quelque chose ?
– Vas-y, je t'écoute.
– Il y a des chats dans le grenier.
– Ah oui ?
– Des bébés.
– Et comment ils sont arrivés là ?
– C'est moi qui les y ai mis. Viens voir.
Il l'emmena jusqu'au dernier étage. Une fois sur place, elle s'accroupit et sourit.
– Ils sont trop mignons ! s'extasia-t-elle. Où est-ce que tu les as trouvé ?
– Dehors. Mais ils étaient quatre.
– Où sont les deux autres ?
– Morts.
Elle resta silencieuse, les yeux dans le vague.
– Qu'est-ce qu'on va en faire, Aqua ? Si on les laisse ici, ils vont mourir aussi, pas vrai ?
– Je ne sais pas s'ils vont mourir, mais... de toute façon, ils n'accepteront jamais de les garder ici.
– Alors j'irai demander à Ansem.
Aqua eut un sourire et caressa un des chatons.
– Il vaut mieux que je lui en parle moi-même.
– Mais s'il dit non ?
– On s'arrangera, d'accord ? On trouvera bien quelqu'un pour les adopter.
– Je ne veux pas qu'on les adopte.
– Pourquoi ?
– Ils sont à Ven et moi.
– Ah, tiens, Ven aussi ? Ça ne m'étonne pas. Vous faites toujours vos bêtises ensemble. À propos, tu as été le voir ?
– Oui.
– Et ?
– Ça va.
Elle se redressa.
– Bon. Je vais en discuter avec Ansem.
– D'accord.
– C'est drôle, ils vous vont bien. Tu devrais aller rejoindre les autres, Vanitas. Je crois qu'ils sont en classe.
– J'ai pas envie.
– Ven n'a pas besoin de toi maintenant. Allez, dépêche-toi.
Vanitas partit d'un pas boudeur. Pourquoi aller travailler ? C'était stupide. Il détestait les cours. C'est sans la moindre joie qu'il dépassa sa chambre et descendit jusqu'au rez-de-chaussée.
Avec un soupir, il frappa à la porte.
Un homme imposant ouvrit sans le moindre sourire.
– Te voilà, toi, dit-il avant de la refermer.
L'homme s'appelait Dilan et il était assigné à l'enseignement des quatre enfants depuis quelques années. Il portait de longs cheveux noirs noués en catogan, d'épais sourcils qui lui donnaient sans cesse un air fâché et surtout une centaine de kilo de muscles qui n'étaient pas des plus rassurants. Il lança un regard noir au nouveau venu et attendit qu'il soit assis pour reprendre son cours.
– Je suppose que vous avez fait vos exercices ce matin, dit-il. Montrez-moi ça.
Les trois garçon sortirent leur cahier d'exercice de leur sac et le tendirent à Dilan qui les regarda un à un. Il terminait sa lecture par quelques commentaires.
– Bien, Roxas. C'est un sans faute. Vanitas, tu as fait deux erreurs de calculs. Sora... il va falloir recommencer. Je n'ai jamais vu autant de fautes sur une même page. Tu me corrigeras ça pour demain.
Sora hocha la tête, un peu déçu. Tous trois récupérèrent leur cahier et le remirent dans leur sac en attendant le sujet de leur apprentissage de la journée.
– Aujourd'hui, je vais vous donner un texte au présent, première personne du singulier, et vous le passerez au passé composé, deuxième personne du pluriel. Ne traînez pas. Les consignes sont inscrites sur la feuille.
Vanitas soupira et attrapa la feuille que lui tendait Dilan. Il détestait faire des exercices de français en classe. C'était mortellement ennuyeux.
Son esprit était par ailleurs occupé à autre chose. Ansem devait venir faire un tour à la maison en soirée. Il se demandait si Aqua allait penser à lui parler, et si elle réussirait à le convaincre. Ven serait anéanti s'ils devaient mettre les deux chatons à la porte. Et Vanitas détestait le voir triste. Ça le rendait malade et ça le mettait légèrement en colère. C'était subtil, mais c'était une sensation qu'il avait du mal à supporter.
Malheureusement, bien que relativement gentil, Ansem était surtout obsédé par ses convictions. Il aimait avoir raison, et comme il avait lui-même établi les règles, il aimait les voir respectées. Faire des exceptions n'était pas dans sa nature. En tant normal, il n'accepterait en aucune façon qu'on désobéisse au règlement qu'il avait établi.
Il appréciait néanmoins beaucoup Aqua et celle-ci avait un don particulier pour rallier les gens à sa cause. Elle avait une chance de réussir ; mais serait-ce suffisant ?
D'un autre côté, il ne s'agissait que d'une histoire de chat, rien de bien grave ou sérieux ; quelle importance qu'on ait pas suivi les règles ? Seulement, cela risquait de « déranger les recherches ». Et les chercheurs comme Even ne seraient pas ravis d'avoir des animaux dans les pieds.
Vanitas gratta quelques lignes sans réfléchir.
Les recherches. Il ne savait même pas de quoi il s'agissait exactement. Tout ce qu'il savait, c'est qu'elles avaient lieu au troisième et quatrième étages de l'aile droite, qu'Even y participait et qu'elles étaient dirigées par Ansem lui-même. Ces étages-là étaient d'ailleurs interdits d'accès ; aucun moyen de passer sans autorisation, et la seule fois où quelqu'un s'y était risqué – Roxas, s'il s'en souvenait bien – il avait été puni pendant des jours entiers.
Vanitas n'avait de toute façon jamais posé la question. Il se disait qu'on le mettrait certainement au courant à un moment ou à un autre. Et il était à peu près certain que ces recherches avaient un lien avec eux, vu la façon dont on les surveillait en permanence. Ils devraient en parler, d'une façon ou d'une autre.
Vanitas secoua la tête pour chasser ses pensées. Il devait finir son travail. Plus vite ce serait fait, plus vite il sortirait de classe, et plus vite il serait libre. Il pourrait prendre un goûter puis retourner voir Ven et attendre les résultats de l'opération « supplier Ansem ».
Il griffonna la retranscription du texte de Dilan et lui tendit sa feuille une fois celle-ci remplie. Le professeur la lut avec attention.
– Très bien, dit-il.
Il rangea la feuille dans un classeur puis reprit la lecture du gros livre qu'il avait emporté avec lui.
Le reste de l'après-midi fut ennuyeux à souhait. C'est avec soulagement que les garçons accueillirent l'annonce de Dilan indiquant que le cours était terminé. Ils prirent note des devoirs à faire pour le lendemain et sortirent en vitesse.
Une délicieuse odeur de gâteau flottait dans les airs. Sora eut un sourire ravi.
– Le goûter ! s'exclama-t-il.
Touts trois coururent jusqu'à la cuisine pour voir ce qui s'y préparait. Elle était vide ; ils se rendirent donc dans la salle adjacente.
Sur la table trônaient quelques petits cakes qui fumaient encore. Aqua entra quelques secondes plus tard.
– Hé la ! On ne touche pas encore, les monstres. Il faut attendre que ça refroidisse.
– Mais j'ai faim, se plaignit Sora.
Il s'assit à table et observa le plateau comme s'il craignait de le voir s'enfuir. Aqua proposa :
– Vous voulez du jus d'orange ?
Ils hochèrent tous trois la tête et elle partit en chercher. Elle revint avec trois verres remplis qu'elle tendit à chacun d'entre eux.
Après cinq minutes, elle passa une main au dessus de leur collation et eut un sourire satisfait.
– Ça doit être bon, maintenant. Vous pouvez en prendre un.
Ils se servirent de bon cœur et elle eut un petit rire en les voyant dévorer leur cake. Elle-même en prit un dans lequel elle mordit sans dire un mot.
Lorsqu'ils eurent terminé, elle les retint avant qu'ils ne partent jouer dans leur coin.
– Les garçons ? Restez ici, s'il vous plaît.
Ils s'arrêtèrent et se tournèrent vers elle.
– Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Roxas avec curiosité.
– Je dois vous prévenir que vous avez une nouvelle visite médicale dans une semaine. Vendredi prochain. Il se trouve que je ne serai pas présente pendant quelques jours, à ce moment-là. Vous serez sages, d'accord ? Je ne veux pas entendre que vous avez fait des bêtises ou que vous avez répondu aux médecins.
– Pourquoi tu t'en vas ? s'enquit Sora d'un air un peu déçu.
– Je serai en voyage dans une ville loin d'ici. Mais je reviendrai juste après, ne vous inquiétez pas.
– Qui est-ce qui te remplacera, en attendant ?
– Oh, je ne sais pas trop. J'imagine qu'ils auront trouvé quelqu'un à ce moment-là. Je ne suis pas très au courant.
Elle sourit et ébouriffa les cheveux de Roxas.
– Ce ne sera pas très long, promis.
– J'aime pas la visite médicale, marmonna Vanitas. Ils posent toujours plein de questions stupides.
– Je sais. Mais ça va aller. Vous n'en n'avez pas tant que ça, si ? Ce n'est pas grave.
Elle tendit un des cake à Vanitas.
– Et si tu allais en apporter un à Ven ? reprit-elle. Il doit aller mieux, maintenant. Je suis sûre que ça lui fera plaisir.
Il l'observa longuement, puis le prit et s'en alla.
Arrivé en haut, il ouvrit la porte sans bruit et s'approcha du lit de Ven à pas de loup. Celui-ci était éveillé et le regarda venir avec d'un air fatigué.
– Bonjour, dit-il.
– Je t'ai amené ça. Si tu te sens assez bien, évidemment.
– Merci.
Il s'assit et Vanitas s'installa à ses côtés.
– Comment tu te sens ?
– Bien.
– J'ai parlé à Aqua des chats d'en haut.
– Je croyais que c'était notre secret ?
– Je t'avais prévenu que je le lui dirai. Elle va en discuter avec Ansem pour voir s'il accepte de les garder.
– Et s'il dit non ?
– On les donnera à quelqu'un.
– Je ne veux pas qu'on les donne.
– Moi non plus.
Ils restèrent silencieux.
Ven termina son gâteau et se lécha les doigts consciencieusement.
– Even est venu me voir, dit-il.
Vanitas fronça les sourcils. Il détestait cet homme. Savoir qu'il était venu rendre visite à son ami le mettait terriblement mal à l'aise.
– Pourquoi ?
– Je ne sais pas. Il a juste demandé comment je me sentais. Puis il est parti.
– C'est tout ?
– Oui.
– Il est bizarre.
– Oui.
Silence. Vanitas s'éclaircit la gorge.
– On a visite médicale la semaine prochaine...
– Oh non. Je déteste ça.
– Moi aussi.
Ven se recoucha avec un soupir.
– J'ai mal à la tête, murmura-t-il. Je vais dormir encore.
– Je peux dormir avec toi ?
– Bien sûr.
Il souleva sa couverture et laissa Vanitas s'incruster dessous à ses côtés. Face à face, ils s'observèrent un moment sans ouvrir la bouche. Ven sentit ses yeux se fermer petit à petit. Sa main trouva celle de son ami avant qu'il ne sombre dans un sommeil réparateur.
Vanitas ne s'endormit pas avant une bonne demi heure. Il était trop heureux de pouvoir observer son ami dormir près de lui, tranquille, l'air en meilleure forme que durant la matinée. Il appréciait la chaleur de sa main dans la sienne, son souffle qui venait lui chatouiller le menton, sa respiration au rythme lent et reposant. Sa contemplation satisfaite, il se laissa emporter lui aussi par le sommeil.
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Ventus dessinait dans un cahier avec concentration, tandis que Sora caressait d'un geste nonchalant le chaton noir qui s'était lové sur ses genoux lorsque Roxas entra dans le petit salon.
– Vanitas, c'est à toi, dit-il.
Celui-ci se leva et adressa un clin d'œil à Ven avant de sortir. Ce dernier attendit que la porte claque pour jeter à Roxas un regard angoissé.
– Qu'est-ce qu'ils ont fait ? demanda-t-il en s'entortillant les mains.
– Rien de particulier. Tu sais, ouïe, poids, mesure, tout ça. Ils ont regardé à mon bras et mes mains et m'ont dit que c'était parfait. « Bonne évolution ».
– Ah.
Sora, qui était assis dans un fauteuil, le rassura.
– Ne t'inquiète pas, Ven. Qu'est-ce que tu veux qu'ils disent ?
– Je ne sais pas. J'aime pas, c'est tout. La dernière fois, ils ont juste regardé puis le docteur a soupiré et m'a dit de partir. Et si j'évoluais pas bien ? Je veux dire...
– Bah, tu avais une baisse de régime, c'est tout !
– Je déteste la visite médicale.
– C'est pas la fin du monde, dit Roxas en ébouriffant les cheveux de son frère.
Il jeta un coup d'œil par dessus son épaule et poussa un sifflement admiratif.
– Joli, ton dessin.
– Merci.
– J'ai faim, moi, soupira Sora. Terra est où ?
– J'en sais rien, répondit Roxas. De toute façon, il voudra pas.
Ventus déposa son crayon. Roxas avait raison. Terra refuserait catégoriquement de leur donner de quoi grignoter. D'une part parce que Ven devait encore passer la visite médicale, ensuite parce que, nouvellement engagé pendant l'absence d'Aqua, il respectait à la lettre les règles qu'Ansem avait pris soin de lui édicter à son arrivée. Il avait peur d'être viré, et c'était compréhensible, mais, pour les enfants, il n'en était que plus pénible à vivre. Aqua avait l'habitude de passer au-dessus de beaucoup de choses tout en les gardant sages et bien élevés. Terra n'était pas comme ça. Plutôt que de bien se faire voir des enfants, il cherchait à bien se faire voir des adultes.
Ce qui n'empêchait pas Ven de beaucoup l'apprécier. Sous ses dehors un peu durs, il cachait un cœur tendre qu'il avait tout de suite repéré. Il ne croyait pas à ses numéros d'autorité comme il en faisait depuis une semaine.
– Si seulement Aqua était là, se lamenta Sora. Elle aurait prévu des biscuits, elle.
– Elle revient quand ? s'informa Ven.
– Lundi, je pense, répondit Roxas.
Sora lui jeta un regard plaintif.
– C'est dans longtemps !
– Mais non.
Les trois garçons soupirèrent en cœur.
– On fait un puzzle ? proposa Roxas.
Les deux autres échangèrent un regard et acceptèrent.
Ils sortirent un cinq cent pièces d'une armoire et renversèrent les morceaux à terre avant de se mettre à la tâche.
Ven n'avait pas de goût particulier pour les puzzles, comme il n'en avait pas pour les jeux de plein air. C'était cependant la seule activité où il pouvait être vraiment concentré et oublier l'attente. Il comprenait pourquoi Roxas en faisait si souvent ; ça avait quelque chose de libérateur. Les soucis s'envolaient et on ne pensait à rien d'autre qu'à trouver la pièce manquante. Son frère était néanmoins beaucoup plus doué que lui – il avait plus d'expérience dans le domaine – et trouvait les pièces à une vitesse qui défiait l'imagination. À vrai dire, Sora et Ven ne lui étaient pas d'une grande aide, mais là où ils étaient, sans pouvoir sortir, c'était la seule chose à faire.
Ven mit la main sur une pièce de bord qu'il tenta de raccrocher au squelette de l'image au sol. Mauvaise. Il la remit au milieu de autres puis chercha parmi les morceaux étalés celui qu'il voulait.
La suivante était la bonne. Elle s'emboîta parfaitement à la suite des autres et il sourit, heureux de cette petite victoire.
Les autres avaient plus de chance. Ils étaient bien plus efficaces que Ven, mais il n'y faisait pas attention.
Après une demi heure, il était terminé. Ven soupira.
– Vanitas n'est toujours pas revenu, s'inquiéta-t-il. À ton avis, ils font quoi ?
– Bah, je suppose qu'ils lui posent des questions, tout ça, suggéra Roxas. La psychologue est là aussi. Tu sais comment c'est.
– Oui...
Il se tut et regarda la porte, perdu dans ses pensées. Il sursauta quand Terra entra dans la pièce d'un pas pressé. Il sembla étonné de voir Ven installé à terre.
– Tu n'es pas en haut, toi ? interrogea-t-il en fronçant les sourcils.
– Vanitas n'est pas encore revenu.
– Je vois. Il a dû déjà sortir, pourtant. Vas-y, ils doivent t'attendre là-bas.
– Mais...
– Allez, Ven.
Le garçon fit la moue et se redressa. Il jeta un regard inquiet à son jumeau qui l'encouragea d'un sourire. Avec un soupir, il sortit du salon et grimpa les escaliers le plus lentement possible pour retarder le moment où il devrait se retrouver face aux médecins et autres chercheurs.
Il savait qu'il s'agissait de chercheurs parce qu'Even en faisait généralement partie et parce qu'ils portaient tous la même tenue blanche et impeccable. Parce qu'ils discutaient toujours entre eux, regardaient ses mains, puis se murmuraient des choses à l'oreille qu'il ne parvenait pas à saisir. Ven en gardait une impression désagréable. Il avait toujours le sentiment de ne pas les satisfaire, de ne pas être à la hauteur de leurs espérances, même s'il ignorait tout de ce qu'elles étaient.
Arrivé à l'étage, il s'arrêta un moment en tendant l'oreille. Il n'avait pas envie de croiser quelqu'un dans le couloir. Pas envie de voir du monde : il en verrait assez à l'intérieur. La visite médicale faisait partie de ces événements qui lui paraissaient si gênants qu'il n'avait qu'une seule envie en en sortant : être seul. S'il rencontrait quelqu'un, on lui demanderait forcément comment ça c'était passé, il serait obligé d'en parler encore et il n'en avait pas la moindre envie.
Une fois rassuré, il avança jusqu'à la porte du fond où se trouvait le dispositif médical. Il soupira. La porte était fermée, ce qui signifiait que quelqu'un se trouvait toujours à l'intérieur. Vanitas ? Il était entré depuis plus d'une demi heure et n'avait pas donné de nouvelles. Il était étrange qu'il reste si longtemps en examen. À moins qu'il ait des problèmes...
Il sentit son cœur se serrer.
Vanitas avait toujours été parfait aux yeux des chercheurs. Même Even ne tarissait pas d'éloges à son sujet. Au fond, Ven le savait : Vanitas était le modèle qu'ils recherchaient et il remplissait parfaitement toutes les conditions requises pour avoir une santé parfaite. Son opposé, en somme ; il décevait les foules, son meilleur ami récoltait leurs ovations. Ven ne lui en voulait pas. Il n'était pas jaloux. Il l'enviait un peu, peut-être, mais sans plus ; après tout, si son ami était le meilleur, tant mieux pour lui.
Il espérait juste que le fait qu'ils restent ensemble ne lui donnait pas l'air encore plus faible et inutile.
Il secoua la tête pour chasser cette pensée. Il n'était ni faible, ni inutile. S'il n'était pas encore digne des espoirs des chercheurs, il avait encore beaucoup à apprendre, il devait encore grandir, prendre de l'expérience. Lui aussi deviendrait une fierté, et il s'arrangerait pour que les séances de test et autres visites contrôles ne soient plus un calvaire mais flattent son ego.
Il s'installa sur une chaise qu'on avait sortie pour servir de « salle d'attente » et se mit à compter le nombre de carrés qui formaient le dallage au sol. Il perdait souvent le fil, recommençait, sautait des chiffres et pensait à autre chose mais, au moins, cette activité occupait son esprit et trompait son impatience et son stress.
Après dix minutes, il décida de frapper à la porte. L'attente commençait à être longue, et il en avait assez.
Il frappa trois coups et attendit une réponse. Elle ne vint pas.
Il fronça les sourcils, troublé. Que personne ne réagisse n'était pas normal. Quelqu'un, au moins, aurait dû venir lui dire qu'il devait encore attendre un peu – ou bien qu'il était temps qu'il rentre. Ven sentit son estomac se contracter. Il avait un mauvais pressentiment.
Il posa une main sur la porte et sursauta en entendant un grand bruit de métal à l'intérieur de la pièce, presque immédiatement suivi par du verre brisé. Ven entendit un vague gémissement ; son malaise s'accentua et il recula d'un pas.
Quelque chose de terrible s'était produit – se produisait encore – à l'intérieur. Il en était certain. Il ne savait pas comment ni pourquoi, il le savait, c'est tout. Il se mordit la lèvre inférieure, une peur irrationnelle s'emparant progressivement de lui.
Il fit demi tour, prêt à prendre ses jambes à son cou.
Et il eut une hésitation.
Retourner en bas, s'il s'avérait qu'il avait tort, reviendrait à prouver qu'il était un lâche. De plus, il n'y avait à disposition que Roxas, Sora et Terra ; pas la peine de compter sur les deux premiers, et le troisième ne s'y connaissait pas assez pour savoir à qui en référer. De plus, il serait sûrement gêné à l'idée de déranger la séance.
Si séance il y avait, ce qui ne semblait pas être le cas.
Et puis, Vanitas était sans nul doute à l'intérieur. S'il lui était arrivé quelque chose ? S'il était blessé, s'il était malade, si... lui serait venu tout de suite, si Ven avait eu un malheur. Il le protégeait sans cesse, faisait attention à lui et le faisait toujours passer avant le reste. Oui, Vanitas serait entré sans hésiter. Parce que lui, il privilégiait l'amitié plutôt qu'à la peur. Parce qu'il était certainement plus courageux.
Ven ferma les poings. Vanitas était peut-être là, à souffrir d'il ne savait quelle horrible plaie. Il fallait qu'il entre.
Il n'était pas un lâche.
C'est avec appréhension qu'il se dirigea vers la porte. Avant de l'ouvrir, il décida de frapper une dernière fois.
Il n'eut pour toute réponse qu'un silence pesant et désagréable. Il frissonna. Prenant son courage à deux mains, il poussa le battant de la porte, qui grinça avec un bruit sinistre.
Ven s'attendait à tout.
Une pièce vide. Des gens blessés. Des signes d'une agression, peut-être, ou d'un vol qui aurait mal tourné. Il s'attendait à tout.
Mais pas à ça.
Derrière lui, la porte se referma doucement. Il n'y prêta pas la moindre attention. Figé, incapable d'effectuer le moindre mouvement, il regardait la scène.
Ses yeux se posaient partout, incapables de s'arrêter. Ils passaient d'un corps à un autre, des flaques de sang aux éclaboussure qui avaient repeint les murs et les armoires auparavant blanches. Il ne bougeait pas d'un cil. Même sa respiration s'était arrêtée.
Dans sa tête régnait un vide impeccable et glacial.
Soudain, il dirigea son regard vers le garçon devant lui. Son cerveau sembla se remettre en marche. D'une petite voix, il murmura :
– Vani... tas ?
L'autre sourit et s'avança vers lui. Puis, sans prévenir, il le prit dans ses bras.
Ven ne comprenait pas. Il ne voulait pas comprendre. Ne rien voir, ne rien entendre : c'était la seule chose à faire. Il resta immobile pendant que Vanitas resserrait progressivement son étreinte, jusqu'à ce que son visage soit tout contre le sien, jusqu'à ce que leurs joues se frôlent et que les lèvres brûlante de son meilleur ami se posent contre son oreille pour lui glisser quelques mots.
Des mots qui se graveraient dans son esprit en lettres de sang.
– J'ai fait ça pour toi. Uniquement pour toi.
Et il serrait encore, sans que Ven ne lui rende son affection, sans que Ven ne réponde rien.
Il fallut quelques secondes à l'enfant pour assimiler ce que son ami venait de dire. Son cerveau semblait tourner au ralentit.
Enfin, la réalité s'imposa à lui, comme une énorme claque d'une violence qu'il n'aurait pas crue possible. Son corps se remit à fonctionner. Ses poumons avides d'air, il prit un grand souffle et se mit à trembler de tous ses membres.
Il ouvrit la bouche mais resta muet. Puis, doucement, il leva les bras.
Il repoussa Vanitas avec toute la force dont étaient capables ses bras d'enfant. Lorsqu'il put revoir enfin son visage, ses cheveux noirs, ses yeux d'or et brillants, ce visage sale et ses mains poisseuses, il sentit quelque chose se briser au fond de lui, tomber dans le vide et disparaître à tout jamais.
Les corps, partout, parfois en morceaux, le sang qui par litres avait envahi la salle, les armoires tombées, les objets brisés, l'odeur d'horreur et de désastre. Et le garçon qu'il avait appelé son meilleur ami debout, en parfaite santé, son air exalté et son horrible regard dément. Le lien se fit sans attendre dans sa tête.
Il se sentit faible. Ses jambes tremblaient avec violence.
Vanitas avança d'un pas vers lui.
– N'approche pas, dit-il d'une voix faible.
Il s'arrêta et son sourire disparut.
– Ven... murmura-t-il.
À nouveau, il tenta de s'approcher. Ven sentit quelque chose se débloquer dans sa gorge. Il hurla brusquement :
– N'APPROCHE PAS !
Vanitas arborait maintenant une expression parfaitement neutre, impassible, ses yeux remplis non de remords, de tristesse ou même de peur, mais d'une étrange indifférence teintée – peut-être ? – d'irritation.
– Ven. Ils te voulaient du m...
Ven se mit à secouer frénétiquement la tête.
– Non, non, non, non, non, non...
– J'ai fait ça pour toi. C'était la meilleure solution. Comme ça personne ne saura jamais, tu comprends ? Ventus, ne fais pas l'idiot.
Sa mâchoire se contracta légèrement. Il vit les yeux de Ven se remplir de larmes de terreur et d'incompréhension.
– Ven. S'il te plaît. Ven.
Il répéta son nom encore et encore, dans l'espoir de le ramener à la raison. Pour lui faire comprendre... il n'aurait jamais dû réagir comme ça. Ce n'était pas ce qui était prévu. Il était supposé être heureux, soulagé, il était supposé montrer de la gratitude, pas ça.
Les jambes de Ven le trahirent et il s'effondra au sol. Ses genoux glissèrent sur le sang, à terre. Le sang de qui ? De qui ?
Les larmes se mirent à couler sans qu'il essaye de les arrêter. Vanitas s'accroupit et le regarda droit dans les yeux.
– Je t'en supplie, Ven, arrête de pleurer. Tu ne comprends pas. Ils t'auraient fait du mal. Ne me regarde pas comme ça, arrête. Arrête ça !
Ven se souvint d'avoir un jour aimé cet individu qui, devant lui, marmonnait ces mots sans le moindre sens. Il se demanda pourquoi. Comment ça avait pu arriver.
Devant lui se tenait un parfait étranger. Ses yeux ne reflétaient que folie. Il sentit son estomac se soulever. Une nausée affreuse le prit.
Lorsque Vanitas leva une main vers son visage, il ferma les yeux et se mit à hurler.
Il hurla si fort qu'il crut se briser la voix à jamais il hurla jusqu'à ce que son corps cesse de l'accepter, jusqu'à ce qu'il se sente trop faible pour faire quoi que ce soit.
Il ne vit pas Vanitas éloigner sa main et se relever. Il ne le vit pas partir d'un pas hésitant et instable. À la place, il se traîna en pleurant toutes les larmes de son corps jusqu'à un coin sombre d'où il ne pourrait plus rien voir, plus rien entendre, d'où tout lui paraîtrait normal, où il pourrait oublier tout ce qu'il avait vu. En gémissant, il se replia sur lui même, enlaça ses genoux de ses bras.
La nausée le reprit et il vomit au sol, l'esprit vague. Il sentit sa conscience lui échapper et, enfin, il perdit connaissance.
Joie, bonheur et papillons sur cette Terre.
N'hésitez pas à mettre une review si vous avez bien aimé, hihi, ça illuminera ma journée (certainement plus que celle de Ven. Mon pauvre bébé.)
À bientôt pour la suite !
PS : vous croyez que si les traducteurs avaient dû traduire Keyblade, on aurait eu droit à la Clépée ? Buuurh.
