Chap.1
Une nuit, une seule petite nuit avait suffi à causer cette tempête tropicale dans son corps jusque là demeuré obstinément sourd à ses suppliques…
Ils s'étaient pourtant mis tous les deux d'accord sur le fait que ce n'était plus le moment.
Elle ,avait mis tout son cœur et sa force dans ce projet de construction d'une aile réservée aux jeunes mères en souffrance relationnelle avec leur bébé.
Lui ,se trouvait presque trop vieux,trop en douleur, déjà trop dépassé par son adolescent de fils…
Mais une nuit ,l'un et l'autre avaient laissé déborder le désir, exploser la passion et ils s'étaient aimés comme on s'aime à dix sept ans, sans compter ,en donnant tout, sans se protéger ni des sentiments ni de la vie…
Cela s'était produit après que Cuddy ait achevé sa série d'examens qui devaient avaliser ou non la présence de tumeurs cancéreuses et donc la contraindre à une hystérectomie.
Lisa était terrorisée,davantage à l'idée d'être condamnée à abandonner son rêve d'être mère plutôt que d'y perdre la vie.
House craignait pour sa compagne, la souffrance ,la dégénérescence , les traitements .
Il savait à présent qu'il l'aimait au point de ne pas redouter quelque transformation physique que la maladie pourrait lui infliger.
Mais il savait aussi que la voir souffrir lui serait intolérable.
La peine était sa compagne depuis trop longtemps pour ignorer les ravages qu'elle causait autour d'elle.
Il ne pourrait jamais accepter que Cuddy soit réduite à l'état de patiente; à la merci de fous tels que lui, sûrs de leur bon droit et uniquement préoccupés de faire progresser leurs connaissances .
Tous les corps étaient dévoués à leur science…Cela il le refusait pour Cuddy.
Mais ni l'un ni l'autre n'avaient partagé à ce sujet.
Chacun s'astreignait à travailler plus dur, à rentrer plus tard que l'autre.
Quand ils finissaient par se retrouver dans le même lit, il n'était question ni d'amour ni de sexe. Leur couche était triste et monotone, elle n'abritait plus aucun rêve ni soupir; juste quelques instants trop brefs d'un répit peu honorable parce qu'égoïstement consommé.
Et puis il y avait eu ce fameux soir, veille des résultats.
Sans se concerter, ils s'étaient pourtant arrangés pour passer la soirée hors de chez eux et avaient accepté la première invitation qui leur était tombée dessus.
Gregory House avait beaucoup trop bu et s'était montré odieux, arrogant et détestable avec les invités.
Paradoxalement, cela avait amusé et charmé Cuddy ;qui retrouvait son House;son tourmenteur préféré, celui qu'il n'osait plus être avec elle depuis trop longtemps et qui, oui curieusement, lui manquait.
Elle avait adoré le sentir penaud des réparties salaces dont il l'avait abreuvée tout au long de ce dîner.
Et il n'était pas très fier d'être incapable de conduire pour rentrer et d'avoir besoin de son épaule pour gravir les quelques marches qui le séparait de son habitation.
Et puis elle avait ri, de ce rire qui s'était éteint depuis quelques mois.
Et elle l'avait regardé de ce regard qui n'appartenait qu'à eux, séducteur, frondeur, interrogateur et délibérément effronté.
Il n'avait jamais su résister à son regard, à ce sourire.
Elle l'ignorait sans doute…
Il lui dirait ce soir, renonçant une fois pour toutes à son bouclier pour laisser libre cours à son amour.
Tous deux avaient senti l'urgence de leur désir.
Dégrisé, Greg l'avait conduite d'autorité dans leur chambre. Sans un mot il l'avait déshabillée et avait commencé à parcourir son corps de baisers à la fois polissons et fougueux, parfois rudes, souvent languides.
Lisa avait soudain repris le contrôle en entraînant House dans sa chute sur le lit et l'avait à son tour harassé de ses caresses les plus expertes auxquelles il ne pouvait jamais résister.
Nu à son tour, à la merci de Lisa; Greg aimait et se laissait aimer.
C'est cette nuit là, selon toutes probabilités, qu'ils avaient crée ce petit House qui semblait décidé à nicher dans le corps de Cuddy, provoquant cette inattendue tempête tropicale…
Chap.2
Depuis quelques jours il s'astreignait à ignorer les signes, mais ceux-ci s'imposaient à son esprit quelque soit la force de sa volonté.
Lisa était enceinte et bon sang, cela ne pouvait dire qu'une chose, il était responsable de cet état…
Cela le rendait à court de répartie ou de mauvais jeu de mot.
Ceux-ci reviendraient sans nul doute si, pour une fois ,le diagnosticien hors pair qu'il était s'était trompé…
Autant croire à une pluie de grenouille en ce beau premier jour d'automne…
Considérant la grossesse de sa compagne comme un état de fait, House préféra se concentrer sinon sur le « comment », il avait un certain nombre de bons souvenirs à ce sujet; mais sur le « quand ».
Sans hésitation, il arriva à cette fameuse nuit qui avait précédé l'annonce des résultats de Cuddy.
Il s'était senti terrorisé à l'idée de la perdre et comme toujours avait réagi comme un gamin. En étant odieux tout d'abord à cette soirée où il l'avait traînée de force pour éviter un tête à tête puis lorsqu'il l'avait entraînée dans sa chambre où ils avaient fait l'amour sans répit et sans aucune protection…
Si cet enfant devait voir le jour, il pourrait se sentir au moins fier d'avoir été conçu dans l'ivresse de la passion et du désir…tout le monde ne pouvait pas en dire autant.
Était il pour autant enfin prêt à accepter cette paternité?
Avec David, il avait brûlé les étapes et s'était trouvé propulsé directement face à toute les problématiques liées à l'adolescence.
Le temps du babil, des couches culottes et des préparations à l'accouchement, semblait être venu pour lui.
Comment affronter cela sans se ridiculiser?
Trop tard… L'image d'un poupon rougeaud et grimaçant, mais avec le sourire de Lisa venait de le réduire en une seconde en esclavage.
Il était définitivement prêt à l'accepter, restait à apprendre à la future mère son état de couveuse en puissance…
Chap.3
Wilson regardait ses deux meilleurs amis se débattre dans des problèmes qu'il ne comprenait pas toujours…
Qu'ils aient eu tous deux une sacrée frousse à l'idée d'affronter la maladie, ce cancer qui aurait pu réduire à néant les espérances de maternité de Lisa, il pouvait le comprendre.
Mais finalement, tous les tests étaient revenus négatifs et il avait eu la sensation que la foudre était tombée sur le couple…Pas un joli rayon de soleil ou un 10/10 sur l'échelle du contentement, non un coup de tonnerre.
Ils étaient tous les deux restés figés, comme incapables de digérer la nouvelle pourtant excellente, incapables de se projeter dans un futur où désormais tout était possible.
Était ce le « tout » qui les paniquait?
Quand allaient ils tous deux se décider à grandir un peu?
En définitive, Lisa, toute doyenne qu'elle était, ne semblait pas plus en capacité que Greg d'assumer son désir de donner un nouveau sens à sa vie.
Depuis quelques jours ses courbes devenaient aussi rondes et voluptueuses que le visage de Greg s'allongeait.
Cuddy ignorait tout de sa métamorphose physique et cela stupéfiait Wilson.
Comment pouvait elle ne pas ressentir qu'une vie commençait à se développer en elle; alors qu'elle était traversée de ce désir de grossesse depuis des années?
Sentait -elle les résistances de House, ce qui l'amenait à dénier son état?
Devait il intervenir et auprès de qui?
House ? Pour tenter de le responsabiliser et l'aider à accepter cette paternité?
Cuddy?
Autant il s'était senti à sa place pour la suivre et lui annoncer qu'elle ne souffrait d'aucun cancer autant il se voyait mal dans le peau d'un gynécologue obstétricien.
Bon sang, pour une fois ses amis ne pouvaient ils pas avoir une vie simple comme tout un chacun?
Wilson fut surpris quand il vit débouler, quasi main dans le main, l'objet de ses pensées les plus sombres ce matin, Lisa Cuddy & Grégory House.
Et il resta bouche bée lorsqu il découvrit l'objet de leur requête.
Plus tard cette histoire entrerait dans la légende de l'amitié indéfectible qui liait James Wilson et Grégory House; il serait heureux de la transmettre à son filleul , puisque filleul il semblait y avoir sous roche.
Poussé par Cuddy, c'était en effet un House rougissant mais fier qui avait supplié Wilson d'accepter d'être le parrain de leur enfant à venir, un petit parasite qui illuminait enfin de concert le regard de ses amis.
