Bonjour à tous !

Je débarque ici avec un sujet assez important à mes yeux, à savoir, la recherche de ce que nous sommes, de ce qu'est la vie, mettre des mots propres sur le fait qu'est de se sentir vivant. J'ai en quête de faire ressentir de différentes émotion au travers ces écrits, en espérant y parvenir étant donné que cet univers reste assez compliqué à retranscrire pour moi. Autre fait, cette histoire contient un OC, à savoir un personnage inventé. Je suis consciente que ce détail ne plaise pas à tout le monde, mais je laisse votre imagination faire le travail et le changer par le votre pendant la lecture, si ça vous aide.


Nous n'étions qu'un samedi matin ordinaire. Je me trouvais dans ma chambre, à fixer le voile qui recouvrait mon lit à baldaquin, me laissant une vue floue sur mon plafond blanc au travers la transparence du tissu. Voila bien deux heures que j'étais ainsi, allongée sur mon lit sans bouger la moindre partie de mon corps. Seule mes paupières étaient en mouvement, gardant ce réflexe de cligner des yeux que tout un chacun possédait. Qu'est ce que j'foutais ainsi ? Rien de particulier. Je réfléchissais. A tout, à rien. Depuis petite, j'étais le genre d'enfant à se poser des questions sur tout et n'importe quoi. Pourquoi le ciel était-il bleu, pourquoi la Terre était-elle ronde, pourquoi le camembert portait-il justement ce nom. Des questions sur lesquelles je ne pouvais généralement pas donner de réponses. Pourtant, je continuais ces prises de tête inlassablement. Du haut de mes vingt-et-un ans, je réfléchissais beaucoup trop sur la nature des choses. Pour assouvir ma soif de savoir, j'avais essayé beaucoup de chose. En passant par des ouvrages religieux, aux romans psychologique, des recueils de poèmes, ou même des écrits scientifique. Mais rien à faire, j'en restais toujours au même point. Tellement, que ça en devenait dérangeant.

Un soupir franchit le seuil de mes lèvres, alors que je consultais l'heure sur mon téléphone. La dernière fois que j'avais daigné poser mon regard dessus, il était onze heure pile. Douze minutes étaient passées depuis. Autre fait, j'accordais une immense importance au temps. La vie n'était qu'une course contre la montre après la mort. Dieu seul sait ce que vous pourriez faire en douze minutes, là, dehors. Et je me maudissais sans cesse de laisser les aiguilles de la montre défiler, sans faire quoique ce soit pour changer ceci. Le plus triste dans tout ça, c'est que j'attendais patiemment la fin de la journée, pour dormir et reproduire ce même tableau le lendemain. Ennuyant à en crever.

J'haïssait la routine. Et pourtant, ma vie entière ne se résumait qu'à ça, comme beaucoup d'autres hélas. J'aurais pu changer ça un nombre incalculable de fois. Maintenant encore, j'en avais la possibilité. Mais j'avais peur. Et si je me rendais compte qu'en cassant cette routine, cette dernière me convenait parfaitement ? C'était ça mon problème. Je me posais trop de questions, et j'avais peur d'en connaître les réponses. Alors je ne faisais rien, restant à me contenter de ce que j'avais.

Et j'avais tout pour être heureuse. Issue d'une famille de riche, j'avais des privilèges que d'autres jeunes de mon âge n'avaient pas. Un manoir en guise de baraque, un compte en banque plein aux as, une carrière de mannequinat prometteuse, une éducation stricte mais raisonnable, une famille aimante, et des amis. Mais j'avais trop. C'est égoïste de me plaindre de tout ça, alors que beaucoup en rêverait. Mais c'était vraiment trop. De plus, jamais je n'ai eu la chance de décider quoi que ce soit. Ma carrière, mes fréquentations. Je les appréciait pour la plupart, bien entendu ! Mais il était ici question des enfants riche de notre quartier. On vivait dans le même environnement. D'après nos parents, c'était mieux comme ça. Aucun gosse de pauvre ne viendrait nous dépraver la cervelle, avec tout ce qui se passait en dehors de notre quartier, ou de notre pays. C'était sans doute la seule chose que je pouvais repprocher à ceux que je considérais comme étant mes amis. Ayant tout, ils ne cherchaient pas plus loin que le bout de leur nez. Ce qu'il se passait ailleurs, ne les intéressait pas. Personne. Sauf moi. J'avais ce goût pour l'inconnu, que je ne pouvais assouvir. Et j'acceptais ça. La bonne gosse de riche qui restait à sa place, ayant pour seul but dans sa vie de faire garder l'honneur de la famille à un rang élevé.

_ Hanabi ? Tu es réveillée ?

Ma mère entra dans la chambre. Une femme d'un mètre soixante-dix à peu près, plutôt fine. Ses cheveux roses pastel tenaient en un carré, laissant quelques mèches de cheveux retomber sur son visage pour adoucir ses traits. Ses yeux d'un vert émeraude étaient resplendissant. Couleur d'yeux dont je n'ai pas héritée, malheureusement. Je m'apprêtais à me retourner dans mon lit, sans compter ma mère qui se mit presque à piquer un fard.

_ Hanabi ! La séance photo commence dans moins d'une heure et tu te permet de te recoucher ?!

Ah. Par tout les saints, faites la taire. Bien que ma mère était une femme très généreuse et adorable, le premier défaut que l'on pouvait lui trouver restait sa voix portante. Toujours à presque hurler pour se faire entendre. Ayant toujours du mal à se faire entendre plus jeune, elle avait gardé ce trait de caractère. Peut-être devrais-je faire de même, moi aussi ? M'imposer, m'affirmer. Oh, oubliez. Ca ne ferait m'attirer que des ennuis et déplaire à mes parents. Si je pouvais éviter une querelle puéril par tout les moyens, j'étais preneuse, quitte à me taire. Ma progénitrice ne cessa de râler, venant même à retirer le drap blanc de sur mon corps. Bien. Elle n'était pas d'humeur.

_ Je vais me préparer.

_ J'y compte bien, mademoiselle !

Et ce ne fut qu'après ça qu'elle tourna enfin les talons. Dans un effort surhumain, je sortis enfin de mon lit, prenant des vêtements sous mon bras, ainsi que mon enceinte. Direction la salle de bain, je posais tout ça sur une surface en hauteur, afin que l'eau n'éclabousse pas dessus malgré les portes de la cabine de douche. Une fois la chanson Still loving you de Scorpions enclenchée, je me dénudais pour entrer en contact avec le jet d'eau tiède, fredonnait les paroles. Dans les grands mystère qui me faisaient face, ce morceau en était un exemple parfait. J'affectionnais beaucoup le texte, que je ne pouvais malheureusement pas comprendre. Je ne suis jamais tombée amoureuse. Bien sûr, comme tout le monde je suis sortie avec des hommes, puis j'ai couché avec eux. Mais je ne me suis jamais sentie vivre pendant mes relations sexuelle. A tel point que je me suis posée la question si je n'étais pas lesbienne. Une question qui me taraude toujours, d'ailleurs. L'homosexualité est un sujet des plus tabou, ici. Je n'ai donc jamais pu expérimenter la chose avec les filles du coin, étant elles-même bien rangées, à accepter pour la plupart des mariages arrangés pour préserver la prestance de leur famille. D'un ennui. Partager sa vie avec quelqu'un dans l'ultime but de gagner plus d'argent n'était pas quelque chose de saint. Je gardais à l'esprit qu'une véritable liaison sentimentale restait préférable à tout ça. Mais j'étais bien sûr mal placé pour en parler. Quelque part, je cherchais à comprendre ce que cela pouvait bien procurer, sans réellement m'y intéresser. Ma dernière relation en date n'a fait que des actes d'infidélité. Vous voulez savoir ? Ca ne m'a rien fait. Pas même atteint ne serait-ce qu'un peu. Au final, peut-être que c'était moi qui était trop étrange pour pouvoir comprendre ce genre de chose un jour.

Sans prendre trop de temps supplémentaire, je sortie de la douche assez rapidement, histoire de ne pas prendre plus de retard. Pas de maquillage pour aujourd'hui, le personnel servant à me préparer pour les shooting s'en chargerait. Pareil pour les cheveux. Je n'avais qu'à m'habiller, ce que je fit assez rapidement. Un simple débardeur blanc classique, accompagné d'un pantalon gris délavé. Sans oublier ma paire noire et blanche d'adidas superstar. Ma tenue était certe tout ce qu'il y a de plus basique... mais le prix l'était moins. En tant que riche, on se permettait des folies, même pour des fringues futile qu'on trouverait facilement beaucoup moins cher dans des boutiques populaire. Nous étions comme ça, nous les gens riche. Toujours dans le besoin de montrer au monde qu'on était pleins aux as, et pas eux. Une mentalité puéril, je vous l'accorde. Mais passons. A présent prête, je n'eu plus qu'à descendre, ayant pris soin de récupérer mon téléphone au passage. Ma mère quand à elle, discutait tranquillement avec notre chauffeur attitré. Ni elle, ni moi, n'avions le permis. Et mon père était en déplacement. Soit. Ma mère, appelons là par son prénom, Anastasia, m'offrit un sourire en me voyant fin prête, visiblement satisfaite que je me sois dépêchée. Une bonne chose.

Nous étions à présent dans la voiture, ma mère côté passagé, et moi comme toujours sur la banquette arrière. Le trajet ne serait pas bien long, mais malgré ça je pris la peine d'attacher ma ceinture, comme on me l'avait inculqué depuis mon enfance. Ecouteurs dans les oreilles, le morceau du groupe Nirvana, Lithium, tournait en boucle, alors que mes paupières se fermaient, bercée par le moyen de transport qu'était la voiture.

Une fois cette dernière garée, j'eu le réflexe de me sortir de mon assoupissement dans les secondes qui suivirent. Visiblement, nous étions à destination. Le chauffeur se hâta d'ouvrir la portière de ma mère, pour ensuite faire de même avec moi. Suite à cela, ma génitrice et moi même nous nous dirigions vers ce petit studio photo assez réputé dans Paris. L'endroit auquel tout mes shootings étaient organisés, généralement. Une fois entrées, je fus tout de suite dirigée dans les coulisses, pour me préparer pour faire face au photographe par la suite. C'était tout simplement impossible de me présenter dans un accoûtrement pareil.

Premièrement, se fut la maquilleuse qui effectua son travail pour débuter. C'était toujours la même chose, mon visage se trouvait toujours couvert de plusieurs couche assez épaisses de toutes sortes de produits, pour cacher les imperfections et unifier tout ça. Notamment pour faire disparaître mes cernes, et les traces laissée par la drogue sur mon visage. Nous, les gosses de riches, nous fumions, oui. On s'faisait tellement chier, à longeur de journée.. à l'époque, on avait trouvé que ça. Mais moi j'y étais restée. Ca ne se savait pas auprès de mes parents, que ce soit pour les joints, ou même la clope. Sinon c'était scandale assuré. A en parler comme ça, on croirait que je suis une adolescente. Pourtant, je suis bien une jeune adulte. Suite à tout ça, mes joues furent creusées par une sorte de contouring, rendant mon visage plus maigre qu'à la norme. Je pesais tout juste cinquante kilos pour mon mètre soixante-deux. Pas bien grande, pas bien grosse. En temps normal, je ne devrais même pas pouvoir être model, loin du mètre soixante-quinze exigé. Mais encore une fois, c'était l'importance de ma famille qui faisait tout. Quand je vous disais que j'avais tout, ce n'était pas pour rire. Même l'impossible, je l'attrappais à pleine mains. Pour suivre, mes yeux, d'un acier presque blanc dont j'avais hérité de mon père, furent habillés d'un smokey de couleurs sombres. S'en suivit des faux-cils, et de se rouge à lèvre de couleur rose nude. Le résultat était plaisant, mais bien loin du naturel comme vous auriez pu le deviner. Après quoi, ce fut à la coiffeuse de prendre le relais. Pas grand chose à faire, si ce n'était que de lisser le plus possible ma chevelure rose qui m'arrivait jusqu'en bas du dos, au moins. Et pour finir, je terminais en cabine pour me changer, afin de me vêtir des vêtements imposés.

Aujourd'hui je posais pour une publicité du parfum La petite robe noir. Une odeur bien dégueulasse, au passage. Je ne supportais pas, mais pour faire bonne figure auprès du créateur, ou plutôt de la créatrice, Delphine Jelk, qui serait peut-être présente, je me devais d'en porter. Avant de faire mon entrée définitive auprès du photographe, je pris le temps de m'observer dans un des grands miroirs dont étaient composés les coulisses. Je portais une robe noir, à manches longues mais très près du corps. Elle m'arrivait à mis cuisses, et dénudait la totalité de mon dos. Un modèle de haute couture parfait, correspondant totalement au produit que je devrais représenter aujourd'hui. Quand à mon visage.. c'était sans doute très bien comme ça. Mes yeux, eux, ne reflétaient absolument aucun soupsçons d'émotions quelconque. Et les artistes adoraient ça. Je ressemblais à une poupée, ne ressentant pas la moindre chose, du moins à ce qu'en laissait paraître mes pupilles. Les modèles de ce genre, on se les arrachait. Forcément, vous pouviez en faire ce que vous vouliez. Un pantin, une marionnette.

_ Hanabi, on t'attends !

Ah, ma mère, encore et toujours. Après avoir lancé un bref " j'arrive " à peine audible, j'entrais donc à la rencontre du photographe. Sanji Vinsmoke, plus exactement. Un homme d'une vingtaine d'années, riche également, bien que, pas autant que nous. J'avais eu plusieurs fois affaire à lui, et il s'avérait être quelqu'un de très agréable, bien qu'un peu.. excentrique, si je n'puis dire. Mais ça faisait partit de son charme.

_ Ah, voici enfin la plus belle de toute !

Ce compliment ne m'arracha pas même un seul sourire, pour cause de l'habitude. De plus, n'importe qui pourrait deviner très clairement que le blond était un homme à femme. Je ne me sentais donc pas dans l'obligation de ressentir une quelconque flatterie face à ce genre de paroles. Sans demander mon reste, je me mis donc à ma place, à savoir sous les lumières artificielles, où était arrangé un arrière fond de couleur blanche, pour pouvoir y incruster un décor lors des montages. Un sofa en cuir noir se situait derrière moi, ainsi qu'une petite table en verre sur laquelle trônait un flacon du parfum dont je faisais la publicité. Je me trouvais fortement ennuyée d'être ici.. mais comme d'habitude, mon expression faciale ne laissa rien paraître de tout ça.

_ Qu'elles poses dois-je effectuer ?

_ Ah, pardonnes moi princesse, j'ai oublier de vous prévenir toi et ta mère, mais il y a eu un petit imprévu à l'agence. Je ne serais pas derrière l'objectif aujourd'hui, se sera la nouvelle recrue de l'agence.

_ .. Je vais devoir poser pour un novice ?

_ Le novice a sans doute bien plus d'expérience dans le domaine que tu ne pourrais en avoir en y bossant toute ta vie, gamine.

A l'entente de cette voix inconnue, ma tête se tourna dans l'immédiat dans la direction d'où elle venait. Pour enfin laisser place à la surprise sur mon visage, ne serait-ce qu'un peu. Ma bouche légèrement entrouverte d'incompréhension, je tombais nez à nez avec un parfait inconnu aux allures pour le moins.. dérangeantes. Ce dernier se trouvait être brun, à la peau tannée. Il devait faire bien au moins deux têtes de plus que moi, et ses iris étaient de couleur acier. Mais ce n'est pas ça qui me dérangeait le plus, non.. ça restait sa tenue vestimentaire. Un haut à manche mi-longues noir, assez ample, possédant un col en V muni d'un lacet qui n'était pas noué, lui donnant un aspect débraillé. Son jean complètement troué sur la superficie de ses genoux, et ses converses noires en sale état n'aidaient pas à améliorer le personnage. De plus, le brun arborait fièrement des tatouages sur ses avant-bras, ses mains, mais aussi ses doigts. Le grunge par excellence. Au coin de sa bouche, un baton de sucette prit en otage se faisait machouiller grossièrement. Après m'être permise de le détailler de haut en bas, je finis par rencontrer de nouveau ses pupilles. Dans son regard y résidait une certaine lueur de... dégoût ? Je ne sû pas quoi en penser sur le moment, à tel point que mon attention se retourna immédiatement vers Sanji, en quête d'obtenir des réponses à mes questions muettes. Ce dernier vint à s'éclaircir la gorge, confus du manque de respect dont venait faire preuve son associé. Parce qu'en plus de me toiser du regard, il se permettait des familiarités plus qu'osées. Autant dire que c'était inacceptable.

_ Mh.. Hanabi, je te présente Law. La nouvelle recrue, comme tu as sans doute pu le deviner.

Et de nouveau, mon regard jaugea le sien. A en croire ce que j'avais sous les yeux, cet homme faisait partit d'une classe bien moins importante que la mienne. J'aurais presque pu le considérer comme un mendiant si je n'étais pas au courant de ce qu'en était réellement un. Mais ça ne changeait rien au fait qu'il avait un sacré culot. Sans broncher, le dit Law s'approcha de derrière l'objectif, mains dans les poches. Même son comportement n'était pas du tout approprié et négligé. Qu'est ce qu'il foutait là, putain.

_ Les présentations maintenant faites, je vais vous laisser travailler. Law, tu viendras me montrer les resultats de tes clichés, que j'en décide si cela correspond ou non à la demande de la créatrice. En attendant je vais rejoindre Anastasia, j'espère que ça vous convient.

_ Bien.

Non. Ca ne me convenait pas du tout, à moi. Comprenez qu'à cet instant, mon manque d'assurance et de prestance me mettait dans une mauvaise position. Même si l'envie me chatouillait les entrailles, je n'ouvrirais définitivement pas la bouche pour faire part de mon mécontentement. Se taire, pour accepter. Affligeant. A présent seule avec cet homme qui ne m'inspirais aucunement confiance, et aucune sympathie au passage, je suivais le moindres de ses mouvements à l'aide de mes yeux. Comme pour me rassurer de je ne sais trop quoi. Puis, il sortit de sa poche un paquet de cigarettes, dont il en extirpa une pour remplacer le baton de sucrerie par cette dernière, pour l'allumer ensuite. Mon outrance était à son apogée, bien que, une fois de plus, mon visage s'en trouva figé.

_ C'est interdit de fumer dans l'enceinte du studio.

Alors qu'il trifouillait l'appareil photo de grande marque de ses doigts que je devinais sales, il ne daigna même pas m'adresser un seul regard. De quoi m'indigner un peu plus. Pourtant, le panneau représentant clairement l'interdiction de fumer, accroché sur la porte, ne pouvait pas lui être passé sous les yeux. Tandis qu'il fit tomber sa cendre à même le sol, l'acier de ses pupilles rencontrèrent les miennes de nouveau, bien plus claires.

_ D'après toi, je suis du genre à respecter les règles instaurées ?

Et il continuait à me scruter, de ce regard se désirant provoquant. Le pire, dans toute cette histoire, c'est que ça marchait beaucoup plus que ce à quoi je me serais attendue. J'eu à peine le temps d'entrouvrir mes lèvres pour rappliquer, que le brun jeta son mégot au loin. Il allait foutre le feu, ce con !

_ Bref, outre tes remarques à deux balles, on a du travail. Surtout moi. J'ai jamais photographié quelque chose d'aussi laid dans toute ma vie.

_ Je vous demande pardon ?!

Je n'eus pour réponse qu'un ricanement de sa part. Comment pouvait-il se permettre d'un tel manque de respect, sans la moindre justification ? Ne pouvait-il pas tout simplement se contenter de faire son travail et prendre ses clics et ses clacs par la suite ? Non, bien sûr que non. Rien ne se passait comme on le souhaitait, de toute façon. A commencer par moi. Mes sourcils s'étant froncés sous l'offense que le jeune homme venait de me causer, je sortie de la zone emmenagée pour les clichés, afin de me retrouver face à lui. Un soupir presque ennuyé franchit le seuil de ses lèvres, ne m'adressant qu'un regard du coin de l'oeil.

_ Tu ne dégages rien. Aucune émotions particulière, rien de captivant. Y'a pas la moindre étincelles dans tes yeux. C'est d'un ennui mortel.

_ Ca n'a jamais posé un quelconque problème aux autres. Au contraire, il se trouve même qu'ils apprécient ce détail.

_ Sauf que je n'suis pas les autres.

Je me fis silencieuse, comme je savais si bien le faire. Il m'agaçait, ce détail ne changeait pas. Mais, quelque part, je me sentais curieuse à son propos. En temps normal, les photographes se contentaient de prendre leurs clichés pour disparaître ensuite. J'exécutais leur souhaits concernant les poses, et nous n'en parlions plus. Lui, c'était différent. Il possédait sa façon de pensées qu'il se permettait d'exprimer ouvertement, sans y éprouver le moindres remords. Le total opposé de ma personne, en somme. Sans réellement savoir pourquoi, je repris ma place initiale. Ce shooting se devait de prendre fin rapidement. Que ce soit lui, ou même moi, ni l'un ni l'autre n'avait envie d'être ici.

J'étais à présent dehors, ayant emprunté la sortie de secours pour me retrouver dans la cours derrière le bâtiment, histoire de fumer tranquillement sans me faire voir par ma génitrice, et par ce biais, éviter les ennuis. Par la même occasion, mon téléphone diffusait une énième chansons que j'appréciais particulièrement, Why'd you only call me when you're high, d'Arctic Monkeys. Un peu représentatif d'un de mes potes riche, Cavendish, qui justement ne m'appelait que lorsqu'il était défoncé. Pourquoi cette chanson à cet instant ? Il m'avait appelé durant la séance, justement.

_ Au moins, t'as d'bon goûts musicaux. On a pas tout perdu.

Un sursaut me prit, à la fois surprise et effrayée de qui pouvait bien m'avoir grillé à un tel endroit, alors que j'avais bien prêté attention à ce que personne ne me voit. Mais cette voix qui agressait mes tympans me parut de suite 'familière'. Law, une clope au bec, encore une fois. Un léger soupire de soulagement s'extirpa de mes lèvres encore maquillées, rassurée dans un sens. Cet acte sembla lui mettre la puce à l'oreille, lui arrachant un ricanement moqueur.

_ Oh. Ne m'dis pas que môman n'est pas au courant que tu fumes ?

Je fulminais. Est-ce qu'il pourrait s'abstenir de faire des commentaires mal placés, ou bien ? Ce gars avait suffisament râlé pendant notre heure de travail, ce n'était pas pour me coltiner ses répliques désagréable en dehors du studio. Me contentant d'observer les alentours pour l'ignorer royalement, je l'entendis s'adosser contre le mur, à quelques centimètres de moi. Non, il n'était pas décidé à me lâcher.

_ Tu dois vraiment t'faire chier dans ta vie.

_ Et qu'est ce qui vous fait dire ça ?

_ Ton comportement. Tu te caches, tu appliques les règles à la lettre, tu obéïs à tout ce qu'on te demande, tu reste dans ta norme. J'me répète, mais tu dois vraiment t'faire chier. En soit, c'est pas mon problème, mais j'te plains.

_ Effectivement, ça ne regarde que moi.

Sans trop savoir pourquoi, alors que je me refermais doucement, le jeune homme m'offrit un léger sourire en coin, avant que son téléphone ne sonne. Je n'ai pas cherché à écouter une once de la conversation, ayant un minimum de respect envers autrui à l'inverse de cet individu. La seule chose qui m'étais parvenue, c'est qu'il était attendu quelque part, et sans doute loin de moi. Enfin. Alors que je ne m'attendais qu'à une brève salutation de sa part, et encore, il s'approcha de moi, pour me fixer, une main dans la poche. Je ne sais pas combien de temps exactement nous avions passés à nous fixer dans le blanc des yeux, mais je dirais sans doute plusieurs longues secondes. C'est lui qui se remit à bouger le premier.

Et autant vous dire que je ne m'étais pas, mais alors pas du tout préparé à son geste. Sa main s'approcha de mon visage, son pouce se collant contre mes lèvres rosées pour retirer cette texture collante qu'était le maquillage. Pour ensuite l'essuyer sur mon épaule, plus exactement sur MA robe. Mes yeux s'écarquillèrent, alors qu'un sourire des plus satisfait s'affichait sur son visage. Il avait fait une connerie, il le savait, et en était fier.

_ Si tu veux mon avis, ça n'te va pas du tout. Evites, à l'avenir.

Après ces paroles, le métis m'accorda un signe de main, afin de m'intimer qu'il s'en allait. Sauf que moi, j'étais beaucoup trop occupée à me remettre de mes émotions, autrement dit du coup qu'il m'avait fait à faire une putain de tache sur mes fringues. Alors qu'il s'éloignait petit à petit, je fis entendre ma voix en l'élevant légèrement, afin qu'il m'entende.

_ Qui êtes vous ?

Je ne sais pas si cette question était nécessaire. Je n'avais ni l'intention de le retrouver, ni de m'intéresser à son cas. De plus, je connaissais déjà son prénom, semblait-il. Law, je crois. Mais cette question relevait d'une toute autre perception du mot 'être' que l'on avait l'habitude d'aborder. Être quelqu'un et porter un nom étaient deux choses que j'ai toujours trouvé totalement diférentes. Cette question, elle m'étais simplement venue à l'esprit sur un coup de tête. Et moi qui gardais en général toute mes interrogations pour moi, cette fois-ci, l'envie de savoir se fut plus forte. Je ne sais pas non plus si je me faisais des idées, mais, sur le moment, j'ai fortement pensé que cette question avait éveillé en lui une part d'amusement. Il m'avait donc répondu le plus naturellement du monde, pour ensuite disparaître et me laisser dans un flou total. Je venais de rencontrer mon parfait opposé, et ma curiosité n'en fut que plus éveillée.

_ Qui suis-je n'a pas d'importance. Pourquoi je suis en a un peu plus.


Voila la fin de ce premier chapitre. Ca ne bouge pas énormément, j'en suis navrée mais comprenez qu'avant d'entrer dans le vif du sujet, il faut planter le décor. Mais ça ne saurait tarder, je vous assure. J'aimerais avoir un retour concernant votre ressentit, des critiques construites, conseils, etc... Merci beaucoup d'avoir lu, et à bientôt pour la suite !