Après le MI6

Note : Nouvelle idée de fic Alex Rider, qui sera plus une série de One-shot liés les uns aux autres. Pour ce qui est du résumé, je pense que le titre en dit long.

Bonne Lecture,

Guepard54

AR-AR-AR

Pour ce qui semblait être la centième fois de la journée, Alex Rider maudit ses supérieurs. Qu'est-ce qui avait bien pu passer dans la tête de son chef ?

C'était sa première mission en solo depuis plus de six mois – date de son dernier plongeon dans le coma – et Morris l'envoyait espionner un foutu complexe militaire. Avec sa célèbre 'chance', le jeune homme allait tomber sur un de ces officiers complètement psychotiques et paranoïaques qui tirerait 'avant' de poser des questions.

Chassant ses pensées afin de mieux se concentrer, Alex continua lentement sa progression le long du parapet de fer. Une main après l'autre, doucement, précisément. Et ce d'autant plus qu'il se trouvait à environ cinquante mètres du sol.

Enfin, il arriva de l'autre côté. Il défit ses tennis noires toutes neuves et les rangea rapidement dans son sac à dos. A cet instant précis, il se dit que son supérieur aurait levé les yeux au ciel en le voyant agir ainsi.

Il est vrai qu'Alex Rider n'était pas un agent conventionnel. A dix-huit ans à peine, il était également le plus jeune agent de terrain du FBI. Son parcours sortait également de l'ordinaire. Orphelin, Alex Rider était arrivé à quinze ans aux Etats-Unis où il avait fini sa scolarité normalement avant d'être débauché par le Bureau Fédéral d'Investigation, parallèlement à sa présence (très limitée à certaines périodes) sur les bancs de la Faculté de Harward.

Le FBI finançait en échange ses frais de scolarité mais également ses trajets. Il faut dire qu'entre son occupation à Washington, ses études à Cambridge ainsi que ses visites à sa famille à San Francisco, Alex restait rarement en place. Sans oublier lorsque le FBI le 'prêtait' – avec son accord bien sûr – à la CIA qui l'envoyait à l'autre bout du monde.

Mais au final, Alex reconnaissait avoir une vie confortable. Il faisait le boulot pour lequel il avait toujours été fait, il n'était plus exploité mais bénéficiait d'un salaire alléchant. Danny, l'un de ses coéquipiers, s'amusait à dire que beaucoup de mercenaires expérimentés de l'autre côté de la barrière ne pouvaient pas prétendre à un tel revenu.

En outre, ses supérieurs le laissaient relativement libre dans les décisions à prendre tandis que ses coéquipiers – Ben en tête – disaient qu'il était ingérable. Il faut dire qu'après ce qu'il avait vécu avec le MI6 et Jack, Alex s'était juré qu'il ne serait jamais plus utilisé.

C'est pourquoi Edward, Sabina et Lise n'avaient pas compris au premier abord qu'il ait accepté l'offre du FBI. Mais Alex, lui, savait.

Bien sûr, le MI6 l'avait maltraité. Mais au fond de lui, Alex savait que Jack avait vu juste lorsqu'elle lui avait dit que l'espionnage était dans son sang. Quand il était sur le terrain, Alex se sentait dans son élément. A l'inverse, il avait en horreur la paperasse administrative et ne supportait pas de se retrouver confiner dans un bureau plus d'une demi-journée. Mais dans les rues d'une ville ou en pleine nature en mode survie, le jeune homme se sentait bien.

Alex avançait à présent à pas feutrés, tous sens en alerte. Il pressentait que les pièces donnant dans ce couloir recelaient des mines d'informations. Il ouvrit une première porte. Des rangées d'ordinateurs en train de travailler en autonomie l'accueillirent dans un léger vrombissement. Toujours le plus silencieusement possible, il approcha un des écrans.

Il reconnut vaguement des codages nucléaires ultrasecrets. Mais que faisaient-ils à portée de l'armée ? Habituellement, c'était plus dans les cordes de la CIA ou la NSA. A moins qu'il s'agisse d'une nouvelle 'chamaillerie' entre ces institutions. Par exemple, Alex avait pu observer que le FBI et la CIA éprouvaient de grosses difficultés lorsqu'il s'agissait de collaborer sur une enquête. A un point hilarant…

Il n'eut pas le temps de chercher une réponse avant que la porte ne s'ouvre brusquement. Jurant intérieurement à l'idée de se faire prendre comme un débutant, Alex s'accroupit, caché derrière les machines. Un long silence, puis…

« Je sais que vous êtes là. »

La voix était jeune et clairement féminine. Alex sourit en entendant la piètre tentative de bluff. Il n'était le dernier à utiliser cette technique – bien au contraire son partenaire de mission Ismaël disait qu'il l'utilisait plus souvent qu'à son tour – mais il s'en était toujours servi en tant que proie et non chasseur. Dans le cas contraire, il doutait fortement de son utilité. Mais peut-être après tout pensait-il cela parce qu'il n'était jamais le chasseur.

Par l'espace entre deux terminaux, Alex observa la jeune femme blonde, du même âge que lui, s'avancer avec précaution, une main sur la bosse à sa hanche.

« Ne vous faîtes surtout pas prendre. » Lui avait ordonné son chef. « Je ne veux pas de scandale national sur les bras. Et si l'on apprenait que le FBI espionne l'armée… »

Morris n'avait pas terminé sa phrase mais n'en avait pas eu besoin. Mission très délicate. Alex n'avait pas cru judicieux de lui rappeler que la débandade à l'ambassade américaine au Mexique deux mois plus tôt n'était pas de son fait, mais il n'en avait pas pensé moins pour autant.

Il commençait à avoir de sérieuses crampes lorsque – ne décelant apparemment rien d'anormal – la jeune femme se dirigea vers la sortie. Tout du moins, c'est ce que le blond crût.

Moins de trois secondes plus tard, une balle lui frôla l'oreille. Elle s'était retournée, avait dégainé, visé et tiré dans la même foulée. S'il n'avait pas été la personne dans son viseur, Alex en aurait sifflé d'admiration.

Il tenta de se trouver une meilleure cachette mais comme il le soupçonnait à présent, elle avait de très bons instincts et fut à côté de lui la seconde suivante, après avoir bondi souplement au-dessus des machines, revolver toujours pointé.

Un court instant, Alex se dit qu'elle était magnifique et lui faisait un peu penser à lui. Puis le revolver sur son torse le fit reprendre pied.

« Je suis le technicien d'expertise ? », essaya-t-il, une légère ironie dans la voix.

Elle plissa des yeux pers en amande.

« Bien essayé. La vérité ? », insista-t-elle, complètement assurée.

Alex soupira. Il avait horreur de ces situations et se demandait encore pourquoi cela ne cessait de lui arriver. Il se releva doucement, présentant ses mains pour bien lui montrer qu'il ne constituait aucune menace. Du moins, en théorie.

« Si je vous disais que je travaille pour le FBI et que le mieux est de faire comme si vous ne m'aviez pas vu, çà vous irait ? Je dis ça, je ne dis rien mais vous savez comment cela va finir ? Votre chef va téléphoner au mien, ils vont se chamailler pendant une heure, puis c'est nous qui allons se faire respectivement engueuler. Vous tenez à vous faire engueuler ? Parce que moi perso, je passerais bien dessus. », conclut-il aimablement.

Les sourcils blonds se froncèrent un peu plus.

« Et qu'est-ce qui me prouve que vous êtes bien du FBI ? Vous avez votre plaque ? »

Alex leva les yeux au ciel, sérieusement amusé. En réponse, le museau du pistolet s'enfonça un peu plus dans sa poitrine. Il ne s'en préoccupa pas.

« Vous devez trop regarder la télévision, non ? Non mais parce que qu'un agent de terrain garde sur lui la preuve qu'il travaille pour le gouvernement américain, y compris en mission, cela ne vous choque pas, vous ? Perso, je trouve cela franchement imprudent. », ajouta-t-il avec humour.

Il la vit se détendre un peu avec soulagement. S'il pouvait disparaître avant que le reste de la cavalerie n'arrive… D'ailleurs, le revolver se baissa légèrement.

« Peut-être. Mais je dois quand même vous demander de me suivre. »

« Cliché. », se contenta-t-il avant de répondre d'une voix légère. « Vous savez que les personnes qui regardent la télévision risquent de devenir beaucoup plus docile que la moyenne ? Moralement parlant, je veux dire. »

Ce fut à son tour de lever les yeux au ciel.

« Il y a un bouton pour vous arrêter ? », demanda-t-elle, un sourire fantôme sur ses lèvres pâles.

Elle était décidément très jolie et c'était dommage de devoir l'assommer. Mais il choisirait cette option si cela pouvait lui éviter d'avoir à appeler Morris au secours.

« Nombreux sont ceux qui ont essayé mais ne comptez pas sur moi pour vous dire la méthode. », répondit-il avec un sourire charmeur.

Elle fixa un instant avant de soupirer et de s'avancer vers lui, sortant des menottes de son blouson kaki.

« Je suis certaine que vous êtes très sympathique, mais c'est mon… »

Elle n'eut jamais l'occasion de finir sa phrase. La tranche de sa main l'atteignit à la tempe et elle s'écroula, évanoui. Gentleman, Alex la recueillit avant que sa tête ne touche le sol.

« Vous verrez, vous me remercierez. Au moins, votre chef aura le temps de décolérer un peu avant de vous passer le savon. »

Il l'installa sur une chaise devant un des appareils, avant de sortir la clé USB/pendentif et d'y copier les informations sensibles traitées par les ordinateurs. Son chef allait déjà le sermonner pour son imprudence, inutile qu'il revienne en plus les mains vides.

Après avoir jeté un dernier regard sur la jeune femme – qui allait encore dormir comme un bébé pendant quelques heures – il se glissa vers la porte, et sortit du complexe – tel un fantôme – comme il était rentré.