Comme dit dans le résumé, j'ai commencé un Nuzlocke sur Pokémon Bleu. Bien qu'au courant de cette pratique, je n'avais pas l'envie d'en faire un jusqu'à ce que l'idée de cette fiction voit le jour. La trame principale du scénario est donc antérieure au commencement de ma partie et les événements mineurs suivront le pas.

Si j'ai choisi la toute première génération, c'est parce que je trouve qu'elle est de loin la plus adulte tout en conférant la possibilité d'y insérer des théories puisque quelques zones d'ombres restent après le scénario principal. Avec un peu de recherches, j'ai opté pour une ambiance à l'italo-américaine en me basant sur certains exemples de notre monde C'est donc pour moi l'occasion de renforcer l'atmosphère de Kanto première du nom et ce ne sera pas avec de la joie.

J'ai décidé de garder les noms de la version française car je suis plus habitué à eux et que certains noms japonais ne convenaient pas à l'atmosphère que je voulais créer (moi, contribuer aux caricatures ? Nooooon). De même, l'histoire de personnages récurrents comme Chen pourra être légèrement modifiée ou approfondie, ce qui pourrait paraître OOC par rapport à l'anime bien que je reprenne certains de ses décors.

Un Nuzlocke inclut par principe des morts. A l'heure où j'écris cette note, aucun de mes pokémons n'a eu à subir ce triste sort. Je ne suis cependant pas très loin dans le jeu et j'ai bien l'intention de décrire l'état dans lequel se trouvera un membre de mon équipe au moment de voir la lumière au bout du tunnel. Âmes sensibles s'abstenir.

De même, certaines scènes pourront paraître choquantes. Il y aura des meurtres et il y aura évocations de viols ainsi que quelques injures et autres mots grossiers. Comprenez-donc que cette fiction ne s'adresse pas aux plus jeunes ou à ceux qui -et j'en suis désolé pour eux- ont connu de manière personnelle un exemple de ce genre dans leur vie.

Il se peut que je noircisse le tableau, mais mieux prévenir que guérir et le rating s'en retrouve justifié.

Pour ceux qui sont décidés à lire cette histoire et pour les plus doués d'entre vous, je vous annonce que je cherche des illustrateurs pour les couvertures de cette histoire. Plus de détails en fin de chapitre.

Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture.


Chapitre 1 : Par un jour d'orage

Daily Kanto, édition du 12 février 198X

Exclusif : après plusieurs mois de débats, le parlement vient de voter la loi sur la limitation de capture de pokémons. Cette limite lancée à l'initiative des associations pour la vie sauvage impose désormais aux dresseurs de capturer un unique pokémon par zone, non renouvelable. Coup de massue supplémentaire, les dresseurs n'auront droit qu'à une seule chance de capture, celle du premier pokémon rencontré hors-amendements supplémentaires. Le principal défenseur de cette loi, monsieur Takeshi Nuzlocke, affirme : "Trop de dresseurs considèrent les pokémons comme des objets. Le nombre de décès liés aux matchs n'a cessé d'augmenter ces dernières années. Avec cette loi, nous espérons que les dresseurs réfléchiront d'avantage et cesseront d'envoyer les êtres vivants dont ils sont responsables se faire tuer uniquement par stratégie.

Le Syndicat des Dresseurs de Kanto a appelé à manifester contre cette loi. Malgré les exceptions qui leurs sont consacrées, certains champions d'arènes encouragent le mouvement. Monsieur Gotzaburo Flint, champion en titre d'Argenta, témoigne : "Avec cette nouvelle règle, l'élevage deviendra quelque chose de codifié que seuls les meilleurs pourront transmettre. Plutôt que d'agir et d'étudier au cas par cas, le gouvernement prend la solution de la facilité. Oui, les dresseurs font des erreurs, mais ce sont elles qui font progresser et qui font que chaque relation entre les pokémons et leur maître est unique. J'appelle tous ceux qui sont contre cette loi élitiste à manifester pour son retrait"

La loi entrera en vigueur dans les prochains mois. De nombreux mouvements sont d'ores et déjà prévus malgré la position ferme du gouvernement.

9 ans plus tard...

Il pleuvait dru ce jour-là au Bourg Palette. Un orage assez conséquent pour la saison avait éclaté quelques minutes auparavant, déversant des gouttes de pluies frappant dans un roulement continu les fenêtres. Le village, par sa taille modeste, avait pour avantage de faire se connaître tous ses habitants, aucun humain n'était donc dans les rues et seuls quelques pokémons sauvages couraient rejoindre leurs nids où ils seraient à l'abri.

Le professeur Samuel Chen était dans son salon, à moitié allongé dans un des canapés et lisant un livre. Le mauvais temps l'avait obligé à faire rentrer tous les pokémons dont il avait la charge dans leurs pokéballs, exceptés quelques courageux mais résistants adeptes de l'eau qui profitaient de leur élément pour se ressourcer. Les orages le distrayaient à chaque fois et il jetait de fréquents coups d'œil à la fenêtre, plongé dans ses méditations.

-L'oiseau légendaire tonne au-dessus de nos têtes : écoutons ses plaintes.

Comme pour confirmer le haïku, un éclair illumina la pièce un bref instant, bientôt suivi par le grondement du tonnerre. Chen se leva, posa son livre et attrapa une paire de pokéballs posées sur la table. Le vent soufflait désormais avec une telle force qu'il était hors de question de laisser un seul pokémon dehors. Le chercheur se dirigea droit vers la porte menant au parc de la propriété, ignorant le parapluie posé contre un mur. Avec ou sans protection, il serait de toute manière obligé de se sécher dans sa salle de bain. Sans perdre de temps, il fît tinter la cloche accrochée à côté de la porte. Quelques secondes plus tard, un akwakwak accompagné d'un tétarte couraient vers lui.

-La récréation est terminée les enfants, c'est trop dangereux, dit l'homme d'une voix suffisante pour couvrir le bruit des rafales.

Les créatures ouvrirent la bouche comme pour répondre mais leurs cris restèrent silencieux. Le chercheur, devant l'accord présumé, enclencha les deux pokéballs qui s'ouvrirent et aspirèrent le tétarte et l'akwakwak dans un rayon de lumière rouge. Il porta son regard en direction du lac : les pokémons qui s'y trouvaient se réfugieraient au fond, ils ne couraient donc aucun danger.

Sa mission accomplie, il retourna au sec, direction la salle de bain et tant pis pour le carrelage. Une serviette trempée et un pull brun à col roulé plus tard, il redescendit et s'installa de nouveau dans son canapé, une veste blanche sèche posée sur la table de son bureau. Ses recherches pouvaient bien attendre le retour du beau temps.

L'orage s'éloigna peu à peu mais la pluie et le vent ne diminuèrent pas. Chen somnolait désormais sur son canapé, bercé par les éléments. Le livre était tombé au sol sans un bruit et la main qui la tenait pendait maintenant dans le vide.

Il n'était plus tout jeune. Deux fois grand-père, approchant de la soixantaine, il se consacrait avec plus d'ardeur que jamais à ses recherches. Parallèlement à ses activités scientifiques, il faisait partie du conseil des dresseurs vétérans de Kanto. Son rôle était d'évaluer la capacité des jeunes gens à savoir entraîner ou non un pokémon de manière responsable, ayant lui-même parcouru le pays dans sa prime jeunesse. Depuis le grand changement survenu neuf ans auparavant, les occasions de voir partir une jeune pousse de dresseur s'étaient faites moins courantes et plus rare encore étaient celles qui lui permettait de contempler leurs sourires à leur retour.

Le monde avait bien changé. Peu après l'adoption de la loi Nuzlocke, de nombreuses autres règles avaient été votées. Parmi elle, l'interdiction indiscutable pour les aspirants de moins de dix-huit ans à devenir dresseurs. La détention de pokémons en tant qu'animaux de compagnie avait également subie plusieurs restrictions pour éviter que les tout jeunes enfants ne prennent trop confiance en eux. Bien que le tabou soit présent, tous pensaient la même chose : les liens entre humains et pokémons se démêlaient.

Paradoxalement, les sentiments échangés se révélaient plus forts. Du fait de la limitation de la capture de pokémons sauvages, les dresseurs devaient s'occuper d'avantage de leurs compagnons de route. Et si cela créait des souvenirs irremplaçables, le vide que laissaient les créatures à leur mort avait donné lieu à de nombreux cas d'abandons de voyage et de dépressions.

Il était difficile pour Samuel Chen de plonger ses yeux dans ceux des dresseurs ayant eu le malheur de connaître une telle tragédie. Quand ce n'était pas de la tristesse, c'était une dureté qui n'avait rien de rassurant. Lui qui avait connu un âge d'or où dresseurs et pokémons avançaient continuellement, voir des destins brisés à cause d'une erreur lui retournait le cœur. Il n'y avait pas de seconde chance, c'était tout ou rien.

Il avait donc prit son rôle d'évaluateur très au sérieux mais toujours avec pédagogie. Par chance, la plupart des dresseurs qui venaient le consulter venaient du Bourg Palette, ils avaient donc l'occasion de discuter longuement. De plus, il n'était pas rare pour lui d'organiser des ateliers dans les écoles de la région. Il profitait ainsi de sa renommée pour apporter le message suivant aux jeunes pousses : "élever des pokémons est plus que jamais une tâche lourde et difficile. Montrez-vous digne de cheminer à côté de ceux qui nous ont soutenus durant des millénaires".

C'était ça ou se rebeller ouvertement contre le système et voir ses fonds pour la recherche disparaître.

Chen se réveilla de son demi-sommeil, son humeur aigrie par ces dernières pensées. Il jeta un coup d'œil à la fenêtre : la pluie, bien que toujours régulière, avait diminuée et le ciel noir était devenu gris. Le mauvais temps ne cesserai sûrement pas avant le milieu de la nuit.

Une tasse de thé plus tard, le chercheur s'installa à son bureau dans l'espoir de finir le classement de diverses données. Avec un temps pareil, il n'arriverai de toute façon pas à se motiver pour quoi que ce soit d'autre. Il en était au tout début quand on toqua à la porte. Croyant confondre avec une branche d'arbre, il laissa passer quelques secondes avant que le visiteur ne frappe de nouveau.

-J'arrive, j'arrive, lança Chen en réponse à une troisième série de coups.

Après avoir remis sa veste, le scientifique partit en direction de l'entrée, légèrement inquiet. Avec une pluie pareille, seule une urgence pouvait convaincre quelqu'un de gravir les marches menant à son laboratoire. Il actionna les verrous de la porte et l'ouvrit.

Devant lui se trouvait un adolescent brun, de corpulence un peu maigre pour sa taille moyenne. Ses vêtements se limitaient à un jean bleu éraflé d'où pendait une chaîne en métal, d'un t-shirt noir et d'une veste à manche courtes de la même couleur tendue au-dessus de sa tête en guise de parapluie. Son visage était tané par le soleil et sans l'absence de surprise sur son visage, on aurait pu douter que ce fût un vacancier de Carmin-sur-Mer accidentellement téléporté à Bourg-Palette. Il portait également un gros sac à dos sans pour autant avoir une ceinture de dresseurs, ce qui trahissait ses intentions.

Le professeur le regarda quelques secondes, cherchant son visage dans sa mémoire. Ce garçon n'était pas du village et il doutait l'avoir jamais rencontré. L'étranger prit alors la parole.

-Vous êtes bien le professeur Samuel Chen ?

-Oui, mais ce n'est pas le meilleur endroit pour discuter. Entre.

Il recula pour laisser passer son invité qui ne se fît pas prier pour entrer, ignorant les flaques d'eau et de boue qu'il laissait derrière lui. Chen grimaça mentalement : il allait avoir besoin d'une serpillière neuve pour pouvoir éponger tout ça.

-Tu peux poser ton sac ici, dit-il en montrant un espace contre un mur. Si tu veux te sécher, la salle de bain est au premier étage, deuxième porte à droite.

-Merci.

Le garçon aux cheveux bruns monta tandis que Chen se dirigeait une nouvelle fois dans la cuisine préparer une deuxième tasse de thé. Pourvu qu'il n'ait pas à régler une énième affaire de fugue : avec tous les dangers de la vie de dresseur, il fallait obligatoirement fournir un document attestant que les proches de l'aspirant étaient au courant du nouveau choix de vie du concerné. Au travers d'un souci de prévention, c'était en réalité une autorisation parentale camouflée. Même en ayant l'âge minimal requis, certains parents refusaient de signer et leurs enfants partaient seuls sur les routes. Foutue paperasse...

-De mon temps, on avait pas besoin de toutes ces conneries pour partir, bougonna le scientifique. Un compagnon de route, du courage, et ça nous suffisait.

Il soupira puis revint dans le salon. Aucun bruit ne se faisait entendre à l'exception de la pluie persistante. Chen regarda sa montre : 18 heures 25. Qu'est-ce qui pouvait donc bien forcer quelqu'un à marcher par ce temps sans qu'il n'y ait urgence sur une vie ?

L'adolescent descendit quelques minutes plus tard et le rejoignit, coupant court à ses réflexions.

-Je t'en prie, tu peux t'asseoir. Tu t'appelles...?

-Alfaro Straeno. Merci beaucoup pour votre accueil, répondit le garçon en s'asseyant sur le canapé en face.

-Ce n'est rien. J'ai moi-même parcouru les routes étant plus jeune, alors entre dresseurs...

-Je ne suis pas encore dresseur, professeur, le coupa Alfaro.

Les prédictions de Chen s'avéraient donc juste. Il n'aimait pas trop se fier au jugement physique, mais celui qu'il avait en face avait tout de l'adolescent fugueur. Son regard s'arrêta un peu trop longtemps sur la chaîne accrochée à son jean. Selon son petit-fils, c'était la mode à Safrania. Faisant abstraction de ce détail, il poussa plus en avant son investigation pour confirmer son sentiment.

-Tu n'as pas l'air du coin. Puis-je savoir d'où tu viens ?

-De Safrania, monsieur.

Chen passa un bras sur le dos du canapé. Look de petit bagarreur mais manière polies, ajouté à cela le fait qu'il soit spontanément venu voir l'autorité scientifique de la région. Le jeune restait silencieux, il allait donc falloir y aller par étape.

-De Safrania...répéta Chen. Et tu veux devenir dresseur, hm ?

Alfaro hocha la tête silencieusement, les yeux fuyant son interlocuteur. Il ne pensait pas être reçu aussi facilement et cela le mettait mal à l'aise. Chen en était au même point : comment en savoir plus sur ce garçon sans le troubler encore plus ?

-Tu n'as tout de même pas fait tout ce chemin alors que tu pouvais faire ta demande à Safrania ? demanda-t-il, interloqué.

-Il y a...autre chose...

Alfaro leva la tête et regarda l'expert en pokémons. Ses yeux gris foncé brillaient, contrastant désormais avec son teint basané.

-Selon ma mère, vous auriez eu des contacts avec mon père, Alberto Straeno, un scientifique.

Chen croisa le regard de l'adolescent. Les sourcils de ce dernier s'étaient froncés à l'évocation de son père comme pour insister sur l'importance de la question. Changeant de position, le scientifique se caressa le menton et réfléchit un instant.

-C'est possible...Tous les chercheurs veulent plus ou moins s'entretenir avec moi, je ne peux donc pas retenir tous leurs noms. Mais je peux faire des recherches là-dessus. Pourquoi cette question ?

Alfaro ne répondit pas et se contenta de boire une gorgée de thé. Chen insista.

-Tes parents savent que tu es ici, au moins ?

-Mon père n'a plus donné signe de vie depuis onze ans et ma mère est morte il y a quelques semaines, lâcha soudain l'adolescent.

Un silence pesant s'installa tout d'un coup durant lequel Chen se maudit intérieurement. Orphelin de mère, père disparu sans laisser de traces, certainement aucune famille proche vu le nom d'immigré et peut-être encore mineur.

-Et pourquoi est-ce que tu veux devenir dresseur ?

-Bah pour retrouver mon père, lâcha Alfaro comme si c'était une évidence.

-Ce n'est pas une raison invoquée et entendue par la loi, le contredit Chen.

-Ok, je veux casser du champion d'arène, devenir le meilleur dresseur de tous les temps et d'autres conneries dans le genre. Il a ça dans ses fichiers, votre ordinateur ?

Le scientifique sentit son visage se crisper imperceptiblement. De son avis personnel, ceux ayant des motifs autre que le voyage et les pokémons ne faisaient généralement pas de bons dresseurs, même s'ils partaient à la conquête des arènes. Malgré les nouvelles lois, certains humains continuaient de traiter les pokémons comme des outils et le gouvernement avait de plus en plus de mal à les traquer. Il craignait que le jeune homme en face de lui ne devienne l'un d'eux.

-Devenir dresseur n'est pas donné à tout le monde. Il faut un minimum de connaissances en la matière.

-Je me débrouillais plutôt bien à mon bahut. Allez-y, interrogez-moi sur c'que vous voulez, encouragea Alfaro avec un léger sourire en coin.

-Quelles sont les forces et les faiblesses des pokémons du type poison ? demanda immédiatement Chen.

-Avantage face au type plante. Faiblesse contre les psys et les sols.

-Deux pokémons de la même espèce et du même âge élevés par deux dresseurs différents sont-ils identiques ?

-Non. Outre les méthodes de dressage, les pokémons affrontés détermineront la puissance des élevés, conformément à la loi de la Valeur d'Efforts.

-Quels sont les noms des outils de capture, du plus faible au plus efficace ?

-Poké ball, super ball et...hypra ball ?

-Hyper ball. A quelques lettres près, mais ce n'est pas grave. Quelles sont les limites imposées par la loi Nuzlocke sur la capture de pokémons sauvages ?

Les réponses données par le brun furent quasi-parfaites. L'entretien ponctué par quelques anecdotes nostalgiques de l'examinateur dura le reste de la soirée. Malgré son caractère à la limite du supportable, le professeur Chen dut admettre que le gamin connaissait les bases du dressage : types, attaques, forces et faiblesses, notion d'évolution...seule l'utilisation des objets lui posa problème, ce que le dresseur vétéran corrigea. Favorablement impressionné, il osa même demander comment son invité avait acquis de telles connaissances.

-J'ai pris option Découverte du Dressage à mon bahut et j'ai un peu bouquiné là-dessus. « Pokémon et avenir », « Abrégé de dressage », un peu de presse spécialisée...

Chen sourit : malgré les difficultés qu'ils rencontraient, peu communs étaient les aspirants qui prenaient la peine d'étudier sérieusement la théorie. Le gamin avait de la cervelle, c'était certain. Le cœur, en revanche...

-Tu es conscient que les pokémons demandent beaucoup de soins, n'est-ce pas ?

-Oui, oui. Je gardais les pokémons des voisins quand ils devaient s'absenter, mentit Alfaro.

Il n'avait jamais vraiment approché de pokémons. A Safrania, seuls des miaouss sauvages et des ratatas étaient trouvables mais personne n'en voulait. Il n'avait jamais approché l'arène et s'était contenté de visiter un centre pokémon. Une de ses connaissances l'avait forcé à venir au dojo et lui avait montré des pokémons humanoïdes gris et laids. Il se souvint la surprise qu'il avait eu lorsque l'un d'eux l'avait soulevé comme une plume sous les rires des karatékas alentours. Rouge de honte, Alfaro était parti le plus vite possible et avait développé une animosité envers les pokémons de type combat, bien trop humains pour que ce ne soit pas gênant.

Le professeur Chen ne suspecta pas le mensonge et termina l'entretien.

-Hmm...tu sembles savoir ce que tu fais. Si ça ne tenait qu'à moi, tu pourrais partir, mais il y quelques empêchements...Tes responsables savent-ils quels sont tes projets ?

-Oui, ils sont prévenus.

-Vous avez donc fait le nécessaire pour que tu deviennes officiellement dresseur, malgré ta minorité ?

Alfaro baissa de nouveau les yeux. C'était l'une des raisons pour laquelle il avait demandé à un ami de convaincre son père de l'amener jusqu'à Jadielle : il était impossible de discuter avec les fonctionnaires de Safrania, quand ils ne vous demandaient pas quinze fois le même document. Chen se retint de soupirer.

-Qu'importe. Il se fait tard, je verrai tout ça demain. Tu n'as nulle part où loger, n'est-ce pas ?

Cette fois-ci, Alfaro tourna la tête vers le mur. S'il s'était senti un peu plus détendu lors de la discussion qu'il avait eu précédemment, sa fierté l'empêchait de répondre. Chen se décida à parler.

-Comme je te l'ai déjà dit, j'ai moi aussi été dresseur. Offrir l'hospitalité ne me pose donc aucun problème.

-Juste pour cette nuit, alors. Je serai dresseur dès demain ?

-Je ferai mon possible, mais rien n'est sûr. Si tu me sembles avoir les compétences pour parcourir les routes, ce n'est peut-être pas l'avis de la loi. Tu as l'âge requis, au moins ?

-Dans quelques mois, grogna Alfaro.

Encore une complication. Par tous les légendaires, il était chercheur, pas assistant social ! Chen garda cependant son calme et jeta un œil à sa montre. 21 heures 15. Il était inutile d'entreprendre quoi que ce soit pour le moment.

-Je dois avoir quelque chose au frigo. Tu peux monter tes affaires, la chambre d'ami est juste en face de la salle de bain.

Alfaro obéit et monta en silence. Une fois hors de vue, Chen s'autorisa un bref soupir. Quand il y avait fugue, il lui suffisait de discuter avec l'aspirant dresseur et d'appeler les parents. Si cela ne tenait qu'à lui, il aurait été ravi d'envoyer cette jeune pousse et de lui offrir toute l'assistance nécessaire, et au diable la restriction d'âge ainsi que toutes ces complications administratives. Il se promit cependant de faire quelques recherches. Si Alberto Straeno était bel et bien un scientifique, le retrouver ne serait pas difficile. Peut-être même était-il déjà au courant de la mort de sa femme.

Bien évidemment, toute cette histoire ne reposait que sur les affirmations du jeune garçon. Partir de Safrania juste pour cette mascarade avait beau être un peu fort, il se devait de vérifier les dires d'Alfaro. Mais il se faisait tard et Chen avait tout le lendemain pour mettre son plan à exécution.

Qui sait. Le garçon allait peut-être lui être utile...

A l'étage, Alfaro se réfugia dans la chambre d'invités, inconscient des plans de son hôte. Une fois la porte fermée, il jeta son sac dans un coin et s'assit sur le lit, le regard baissé et les mains croisées sous son menton. La pénombre de la pièce l'aidait à réfléchir et à se remettre de ses émotions.

C'était déjà un miracle en soi que d'être arrivé jusqu'ici. Convaincre le père de l'un de ses amis, employé par la Sylphe SARL, de l'emmener avec lui jusqu'à Jadielle n'avait pas été facile. Le mauvais temps l'avait fait plus d'une fois trébucher sur le chemin du Bourg-Palette, mais il était arrivé à son étape sain et sauf.

-Si j'avais su que le célèbre professeur Chen n'était qu'un vieux sentimentaliste...murmura-t-il.

Il s'autorisa un petit sourire, puis se força à reprendre un visage neutre avant de se lever et quitter la pièce. Tout se déroulait comme il l'avait prévu.


Un petit aperçu des règles que j'ai fixé pour ma partie :

-Tout pokémon K.O est considéré comme mort. Il pourra être stocké dans une boîte du PC exclusivement réservée aux décédés et ne pourra plus être réutilisé au combat.

-Seul le premier pokémon rencontré dans une zone pourra être capturé, exception faite si lui ou l'une de ses pré-évolutions est présente dans l'équipe ou dans une boîte PC autre que le cimetière. Les zones sont exclusivement différenciées par la carte.

-Obligation de donner un surnom à ses pokémons (raison révélée plus loin dans l'histoire)

-Interdiction d'échanger un pokémon avec un autre joueur, PNJ inclus.

-Capture des légendaires interdite.

Étant donné que c'est mon premier Nuzlocke, je préfère ne pas pousser plus loin dans les contraintes. J'ai la mauvaise habitude d'être incroyablement radin en ce qui concerne les objets, ce qui donnera déjà lieu à quelques mésaventures.

Pour finir, je recherche des illustrateurs capables de produire des images de couverture pour "Traces". Le rythme de parution sera pour l'instant de deux semaines et le sujet est totalement libre tant qu'il s'inscrit dans la continuité de la fiction. Mon adresse mail se trouve sur ma page de profil et je répond aux messages privés. Un grand merci également à Biscuit du forum VoxMakers pour la couverture de ce chapitre.

Ce sera tout pour aujourd'hui. N'hésitez pas à laisser des reviews qui me permettront sûrement de m'améliorer et à dans deux semaines.