Disclaimer : les persos ne sont pas à moi, la chanson non plus, il s'agit d'Honesty de Billy Joel
Couples : j'aime pas faire ça mais ... vous verrez, sinon ça gâcherait le début de l'histoire
Genre : et ba ... pareil que pour au-dessus
Rating : T pour l'instant
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_ Entre.
Le professeur, que tous ses disciples appelaient J, s'effaça de l'encadrement de la porte pour laisser entrer celui à qui il avait demandé de le rejoindre, il y avait déjà plusieurs heures. Le jeune homme pris place devant le bureau bientôt suivit par son interlocuteur.
_ Tu sais pourquoi je t'ai fait venir je suppose ?
Le jeune homme le regarda étonné, ses yeux bleus prirent une lueur franchement surprise alors que son front se rida sous l'interrogation. J ne s'en offusqua pas, il savait, pour le connaître depuis longtemps, qu'il était un bon menteur.
_ Je ne vois pas professeur, auriez-vous quelque chose à me reprocher ? ... Ou ... C'est au sujet d'Heero ? Il a un problème ? Si oui, je dois savoir, je suis son amant, il aura besoin de moi !
J préféra couper court plutôt que de se laisse entraîner dans ces élucubrations douteuses.
_ Ça suffit ! Je sais ce que tu as fait. Ne fais pas l'innocent, ça marche peut-être avec les autres mais moi j'ai vu, oublierais-tu que je vois toujours tout ?
Le visage du plus jeune changea du tout au tout devant l'air sûr de son aîné. Il afficha un sourire narquois et ses yeux semblaient le provoquer maintenant ouvertement. Autant, quelques minutes auparavant, on lui aurait donné le Bon Dieu sans confession, autant à cet instant, il avait l'air implacable et hautain.
_ Pfffff, oui j'avoue, et alors ? Vous allez faire quoi J ?
_ Tu es viré de l'équipe, je veux que tu quittes ton logement d'ici à la fin de la semaine et je ne veux plus que tu approches Heero, tu peux même lui dire que c'est moi qui te l'ordonnes, tu peux aussi lui donner n'importe quelle excuse, je la confirmerai, il n'a pas besoin de savoir pour l'instant quelle est la vraie raison de ton départ. Bien sûr je ne suis pas sans cœur, ton fidèle compagnon pourras rester ici le temps que tu trouves où le mettre.
Le plus jeune avait changé de couleur, il avait perdu son arrogance et son sourire narquois, il ne pensait pas que le prof aurait le cran de le foutre dehors, il ne pensait pas qu'il aurait le courage de faire ça à Heero, son si précieux petit élève tant chéri.
Ce ne fut qu'un grondement qui sortit de sa gorge mais le professeur n'avait pas peur de lui.
_ Vous n'avez pas le droit ...
_ Je suis le chef ici. Que croyais-tu ? Tu as fait exprès de perdre ! Tu as trahi tes équipiers au profit de Oz ! Comment as-tu eu le culot de penser que je ne m'en apercevrais pas ! Comment as-tu eu le culot de penser que je te garderais après ça ?
_ Vous ne pouvez pas me foutre dehors. Pensez à Heero.
_ Justement c'est à lui que je pense. Non seulement tu as une bien mauvaise influence sur lui mais surtout je sais pourquoi tu as trahi, ou plutôt pour qui ... Alors, ça le fera souffrir certes, mais il comprendra avec le recul que c'était la meilleure chose pour lui !
Le silence régna quelques instants, leurs regards s'affrontèrent, l'un cherchant à faire plier et l'autre stoïque, inébranlable tel un roc. Le jeune homme baissa soudainement les yeux, résigné, puis se leva. Il se tourna une dernière fois avant de franchir la porte et mis toute sa haine dans un ultime regard.
_ Vous le regretterez J.
_ La seule chose que je regrette c'est de t'avoir accueilli ici.
_ Je serais parti ce soir, ainsi que mon « fidèle compagnon ».
J n'eut pas le temps de répondre à l'ironie de la dernière phrase, il ne vit que quelques longues mèches de cheveux voler puis une porte claquer. Il se renfonça dans le dossier de son fauteuil et poussa un soupir épuisé.
_ Adieu ... Zech.
Sous la fenêtre du bureau, un autre jeune homme à peu près du même âge restait prostré par la discussion qu'il venait de surprendre, son matériel à la main. Dire qu'il s'était installé là pour le nettoyer tranquillement, juste pour être un peu seul et avoir la paix. Si il avait su ....
Zech les avait trahi ? C'est vrai qu'il n'avait pas eut l'air de se donner à fond ce jour là, mais au point de l'avoir fait exprès tout de même ! Et puis pourquoi avoir fait ça à Heero ? Ils n'étaient ensemble que depuis quelques mois mais cela faisait plus d'un an que le blond lui faisait des avances. Tout semblait bien aller entre eux pourtant, pourquoi ? Et que faire ? En parler à Heero ? Le croirait-il seulement ?
J n'avait pas tout à fait tort, depuis que Heero sortait avec Zech, il avait beaucoup changé, il ne faisait plus confiance qu'à son amant, s'en était maladif. Zech le faisait tellement douter de tout et de tout le monde, que Heero n'arrivait plus à réfléchir seul.
Au départ, il n'avait rien dit, empêchant même leurs amis d'intervenir, pensant que ce n'était qu'une parenthèse, un moment dont ils avaient besoin tous les deux pour se caler dans leur nouvelle relation. Relation dont Heero avait vraiment besoin d'ailleurs, lui qui souffrait d'un manque chronique d'amour.
Alors, ils avaient tous laissé faire, souffrant de voir leur ami s'éloigner d'eux mais en même temps heureux que son couple fonctionne, même si le prix leur paraissait bien lourd à payer. Il n'osait même pas imaginer l'état d'esprit du professeur, lui qui avait tant fait pour Heero. Ces derniers mois, Zech lui avait rendu la vie impossible et J avait tout encaissé pour sauvegarder Heero. Et là, toutes ces longues semaines à se prendre la tête pour rien en fait car tout venait de s'écrouler. Zech allait partir, Heero le suivrait-il ? Non impossible, à en croire la discussion, Zech rejoindrait Oz, Heero n'irait jamais là-bas. Si ?
Le jeune homme eut soudain des sueurs froides et se décida à trouver un de ses compagnons pour lui en parler, il n'arrivait pas à y voir clair. Alors qu'il se levait son matériel à la main, il sursauta en entendant des pas dans son dos.
_ Quatre ? Ha ... tu es là, je t'ai cherché partout. Qu'as-tu ? Tu es tout pâle.
_ Tro ... faut que je te parle.
_ Ça à l'air grave. Viens, ne restons pas là, nous pourrions aller ....
Un hennissement retentit soudain, suivis de plusieurs autres, des bruits de sabots tapant contre des portes en bois résonnèrent bientôt. Ils se regardèrent tous deux en soupirant.
_ Merde, j'avais pas vu l'heure. Bon, écoute, on nourrit les chevaux et après on va chez moi que tu me dises ce qui te tracasse.
_ Ouai, je te suis.
La vie dans ce centre équestre était merveilleuse mais contraignante au niveau horaires. Le bien être de l'écurie était prioritaire sur tout, même si le sujet que Quatre souhaitait aborder était important, les chevaux passaient d'abord.
Leur tâche acquittée, ils se retrouvèrent dans le salon de Trowa, ils avaient chopé Wufei au passage et Quatre était en train de leur faire un résumé de ce qu'il avait entendu plus tôt. Au fur et à mesure de son discours, il pouvait voir les yeux de ses compagnons s'agrandirent de surprise et se rétrécir sous la colère.
_ Il a perdu le match exprès ?
_ Oui Wufei. Il n'a même pas nié.
_ Mais pourquoi ?
_ Je n'en sais rien. J le sait apparemment mais il n'a pas développé. Voilà, vous savez. Alors que fait-on ?
_ On ne lui dit rien pour le moment. Il faudra le soutenir par contre. Si Zech obéit au prof, il va quitter et le club et l'équipe et Heero. Mais je ne pense pas qu'il abandonne Heero si facilement ...
_ Et pour les qualifs ? On doit être au moins 5 si on ne veux pas être déclarés forfait. Merde ! C'est les championnats nationaux bordel ! On peut pas laisser tomber. Pas maintenant. Même si on a perdu le dernier match, on a accord de l'avance. Mais si on ne trouve personne pour remplacer Zech autant dire adieu à tout espoir pour la coupe de Horse-Ball cette année.
_ Calme-toi Wufei.
_ Parce que toi tu peux rester calme Trowa ?
_ Tro a raison, ça ne sert à rien de s'énerver. Dans un premier temps, il faudra jouer les étonnés quand nous apprendrons pour Zech, ensuite il faudra soutenir Heero comme on peut et puis après seulement on lancera des sélections pour trouver un remplaçant.
_ Oui, pas le choix.
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J secoua la tête, ça ne pouvait plus durer. C'était la quatrième personne qui venait le voir pour demander à changer de groupe. Depuis le départ de Zech et leur rupture, Heero était devenu un vrai tortionnaire avec ses élèves. Il avait toujours été un moniteur extrêmement consciencieux, appliquant des méthodes que certains trouveraient désuètes mais qui avait pourtant fait leurs preuves. Une main trop dure, Heero détachait les rênes, des jambes qui jouaient aux essuies-glaces le long des flancs, Heero les attachait à la sangle, une position plus en appuie à gauche ou à droite de la selle, Heero enlevait la sangle.
Malgré tout, ses conseils étaient toujours judicieux et il était très apprécié par ses élèves, sauf depuis deux semaines. Il n'était plus seulement maniaque et pointilleux, il était cinglant et désagréable, renvoyant même parfois un cavalier aux écuries pour un exercice mal réalisé.
Plus personne ne pouvait lui parler, même son équipe, ses amis, avaient presque baissé les bras. Zech avait fait plus de mal que J ne le pensait au début. De plus, il ne savait même pas quelle version avait donné Zech à Heero, celui-ci ne lui adressant plus la parole que pour le travail, fuyant toute confrontation.
Il était dans son bureau, dernier refuge contre tout ceux qui le harcelaient à propos du japonais. Tout le monde savait que J dans son bureau équivalait à un J inabordable, ceux qui avait tenté s'en souvenait encore...
Dans un élan de pure nostalgie, il repensa à sa rencontre avec Heero. Il revit ce jeune garçon de 14 ans, timide et pourtant tellement volontaire. Il s'était introduit en douce dans les écuries un soir pour voir les chevaux. J l'avait surpris et après un moment de frayeur chez l'adolescent, celui-ci lui expliqua les raisons de sa présence devant une tasse de thé.
Ses parents émigrés à Sank alors qu'il était bébé, son enfance non loin du centre équestre de J mais il ne le connaissait pas au début. Par contre, depuis l'âge de dix ans, il s'occupait en cachette de ses parents, des chevaux de son voisin, un retraité qui n'avait plus la force de les gérer seul. Heero avait fini par se lancer et un jour, après plusieurs recherches dans des livres et sur internet, il avait commencé à les monter. Il avait tout appris seul.
Il y avait eut des chutes bien sûr, de légers découragements mais jamais il n'avait abandonné. Seulement, après 4 ans, son voisin était décédé et ses chevaux rapatriés par ses enfants sur leur lieu de résidence. Heero en avait beaucoup souffert, il lui manquait énormément car ils étaient ses seuls amis. Son attitude froide et distante ne l'avait pas rendu très populaire au collège, ni au lycée où il était entré en avance.
Ses parents refusaient catégoriquement d'entendre parler de chevaux, ce n'était pas assez bien selon eux et surtout trop dangereux, ils auraient préféré qu'il fasse du tennis ou encore du piano. Puis, par hasard, il avait découvert le Gundam Wing, le centre de J, et n'ayant pas pût résister, il s'y était introduit en secret.
Touché, J, lui avait proposé un marché, contre des petits travaux à l'écurie, il lui donnerait des cours. Heero avait sauté sur l'occasion et J n'avait jamais regretté, Heero était particulièrement doué, il excellait en dressage, discipline qui demandait énormément de rigueur et de contrôle de soi, physique comme mental.
Pendant 2 ans, Heero réussit tant bien que mal à cacher son activité à ses parents mais quand ceux-ci l'apprirent, ils piquèrent une telle colère que le garçon s'enfuit de chez lui. J l'hébergea et Heero, très en avance pour son âge, entrepris des démarches pour se faire émanciper. Chose faite quelques mois plus tard et tout s'enchaîna très vite.
J lui fit passer son monitorat et lança des travaux pour réhabiliter une vieille grange de presque 300 mètres carré qui se trouvait derrière les prés. A l'âge de 18 ans, Heero était un tout jeune moniteur et emménageait dans l'un des 5 apparts construits dans la grange. Le club marchait du tonnerre et J l'agrandissait gentiment, construisant de nouveaux box, achetant de nouveaux chevaux. Par contre, pour ses moniteurs, ils voulaient les meilleurs des meilleurs et chacun dans une spécialité bien particulière.
Il voulait faire de son club un centre pluri-disciplinaire. En proposant diverses activités liées aux chevaux, il espérait gagner en clientèle et en renommée. Un an après, Heero eut pour voisin de palier Trowa que J avait débauché de son cirque natal. Il enseignerait la voltige et les cascades à cheval. Le troisième à les rejoindre fut Quatre, sa diplomatie et son calme étaient parfait pour les cours débutants, surtout les adultes, et les randonnées. Enfin, Wufei, excellent cavalier d'obstacle, fin pédagogue même si il ne fallait pas trop l'énerver, intégra l'équipe. Ils avaient tous les quatre entre 21 et 23 ans, une équipe jeune et dynamique, J ne pouvait rêver mieux. Surtout que les quatre garçons étaient très beaux et attiraient beaucoup de demoiselles, publicité non négligeable. Il leur offrit à chacun un cheval ayant des prédispositions pour leur discipline respective.
Les quatre jeunes hommes devinrent vite amis, bien qu'Heero eut plus de mal à s'intégrer, mais le lien qui l'unissait à Trowa depuis le début avait facilité les choses. Ils se découvrirent une passion commune pour le horse-ball, et formèrent vite une belle équipe. Seulement, si sur le terrain ils ne devaient être que quatre, ils devaient avoir au moins un remplaçant en touche prêt à prendre la place de n'importe lequel d'entre eux à tout moment.
Ils passèrent le mot dans tout le club et commencèrent des sélections pour se choisir un équipier. Zech retint vite leur attention, bien que nouveau au club, il savait monter depuis longtemps et se révéla très doué pour ce sport.
Le dernier arrivant ne cacha pas longtemps son intérêt pour Heero. Ce dernier n'avait jamais eu d'aventure, n'affichant aucune préférence pour un sexe ou pour l'autre, à plus de 20 ans ! J en désepérait, ce n'était pas bon pour lui de se renfermer ainsi, alors même si il devait se révéler être gay, ce ne serait pas bien grave. Aussi fut-il content au départ quand après plus d'un an de chasse assidue, Zech parvint à ses fins avec Heero ... pour le trahir 5 mois plus tard au profit de l'équipe d'Oz.
Finalement, cette petite rétrospection l'avait ramené à son point de départ. Aucune solution ne lui venait, peut-être qu'avec le temps ...
Enfin, même si son inquiétude était grande, il avait une entreprise à faire tourner et aujourd'hui était un grand jour. Le départ de Zech avait libéré un appartement et un box, seules choses qui lui manquaient pour accueillir son nouveau moniteur. Il l'avait repéré depuis un moment mais avait eut du mal à le convaincre. Cela faisait maintenant un mois qu'il avait réussi mais, à ce moment là, il n'y avait plus de place disponible dans les écuries. Et voilà que non seulement, il y avait de la place pour le cheval mais aussi pour le cavalier !
Tient ! Quand on pense au loup ... Alors qu'il regardait machinalement par la fenêtre, repassant dans sa tête ce qui lui restait à faire dans la journée, il vit se garer un grand pick-up noir auquel était attelé un van tout aussi grand et tout aussi noir. Il sourit, même pas surprenant. G avait raison, il était spécial ce petit.
Toutes les personnes présentes au club regardaient avec un grand intérêt le superbe 4x4, se demandant qui cela pouvait bien être. Ils virent, encore plus curieux, J traverser les écuries en appelant à lui son équipe de moniteurs. Ces derniers avaient complètement oublié le nouveau avec les derniers événements et puis, depuis le temps que J leur en parlait, ils ne croyaient plus vraiment à son arrivée.
En quelques pas, si peu, beaucoup de choses passèrent par la tête de Quatre. Qui était-il ? Comment était-il ? Est-ce que c'était le bon moment pour intégrer un nouveau ? Comment allait réagir Heero ?
Bref, le bel ange blond avait l'esprit totalement ailleurs et ce fut Trowa qui lui sauva la mise alors qu'il allait droit sur un poteau. Cela eut moins le mérite de le sortir de sa torpeur.
Au moment où ils arrivaient, toujours derrière J, à côté de la voiture, la portière conducteur s'ouvrit et tous s'arrêtèrent, scotchés. C'était quoi ça ? Une musique lourde et électrique s'éleva de l'habitacle pour disparaître aussitôt la portière fermée.
Le nouvel arrivant se tourna vers eux, boots en daim noir, jean noir, polo noir avec pour seul décoration un blason blanc et argent brodé au niveau du sein gauche, des lunettes de soleil et une casquette, noire bien sûre, vissée sur la tête. Il n'était bien grand mais tout en muscle, on sentait bien qu'il était un sportif émérite.
Il s'étira tel un chat, tendant les bras très loin au-dessus de sa tête, faisant remonter son polo et dévoilant le bas de ses abdos. Des soupirs d'extase se firent entendre des écuries où les filles, curieuses mais pas téméraires, s'étaient réfugiées pour épier le nouveau. Ce dernier les entendit apparemment car un sourire moqueur apparu sur ses lèvres, puis il tourna la tête et découvrit J qui l'attendait, souriant.
_ J ! Hello, how are you ?
Ils s'avancèrent l'un vers l'autre comme de vieux amis et J lui fit une accolade des plus chaleureuses.
_ Duo ! Je vais bien, merci. Et toi ? Ton voyage ?
_ Good, but .. hum, pardon, bien, mais Deathscythe n'a pas vraiment apprécié l'avion, ni la mise en quarantaine d'ailleurs et en fait le voyage en van non plus.
J rit franchement devant l'air à moitié sérieux de Duo, sa jovialité était évidente et son charme et sa bonne humeur étaient plus que les bienvenus en ce moment. J ne regretta pas l'attente et remercia mentalement son vieil ami G de lui avoir envoyé ce garçon.
_ Alors ne le faisons pas attendre, son box est prêt. Occupons nous de lui, je te présenterais l'équipe après.
_ Merci J, en effet je préfère m'occuper de lui d'abord. Il vaut mieux qu'il sorte du van avant de le démolir définitivement. Si vous saviez ce qu'il a fait subir à ma moto qui a eut le malheur de voyager à côté de lui dans le van, le bas-flanc de séparation n'a pas eut l'air de le déranger et il a déjà entamé la protection de la selle.
Duo avait dit tout ça dans le même souffle d'air, tout en riant de la bêtise de son cheval. Une bouffée d'oxygène pour J, un étrange personnage pour Trowa, un laxiste d'américain qui allait foutre le bordel pour Wufei, un soulagement pour Quatre et un grand panneau danger clignotant pour Heero.
Cependant, au moment de descendre le pont du van, Duo avait retrouvé son sérieux. Un hennissement le salua lorsqu'il y monta et le cheval en question commença à taper du pied, impatient de descendre de cet engin de l'enfer.
Les personnes qui se tenaient à une distance respectable pour ne pas affoler le fougueux animal attendaient avec impatience de voir à quoi il ressemblait. Ils ne furent pas déçus lorsqu'il fut enfin descendu. Un magnifique Quarter Horse noir, un croissant de lune sur le front, seule marque blanche apparente sur la robe luisante du cheval.
Il s'ébroua et s'étira à l'image de son maître précédemment. Duo vérifia rapidement qu'il allait bien puis se tourna à nouveau vers J, obnubilé par son cheval, il ne prêta aucune attention aux personnes l'accompagnant.
_ Nous vous suivons J.
Tout le monde s'écarta sur son passage, le cheval semblait bien excité malgré son voyage qui avait pourtant dû être fatiguant. Ils entrèrent dans une allée semi-couverte et J s'arrêta devant un box vide et bien paillé.
_ Voilà ta nouvelle maison Deathscythe, j'espère qu'elle te plaira.
Le cheval ne lui répondit pas mais le prof ne sembla pas s'en offusquer pour autant.
_ Merci, c'est parfait J. Votre club est superbe pour ce que j'en ai vu et ce box est vraiment spacieux.
Duo l'attacha devant et entrepris de lui enlever ses protections de transport. Les moniteurs restés un peu à l'écart le regardaient faire, certains parfaitement ennuyés de devoir être là, d'autre portant un regard appréciateur sur l'animal et d'autres sur le maître. L'un d'eux s'avança tout de même, voulant faire bon accueil à leur nouveau camarade.
_ Tu veux de l'aide ?
Duo surpris, accroupi devant les antérieurs, releva la tête pour tomber sur un charmant jeune homme blond au sourire angélique.
_ Oh ! Merci c'est gentil mais ça va aller, Deathy n'aime pas trop être approché par des étrangers.
Devant l'air déçu du gentil blond, Duo ne put s'empêcher de le rassurer.
_ Mais quand il sera habitué et qu'ils vous connaîtra tous ça ne posera plus de problème.
Tout en disant cela, Duo était resté au sol à côté de son cheval mais, tourné vers Quatre, il ne vit pas les dents de son cheval arrivés à toute allure vers lui. Quatre retint un cri et s'arrêta, bouche ouverte, bloqué dans son élan. Le cheval, la casquette de Duo entre les dents, secouait la tête, content de son effet.
Se faisant il avait libéré une longue natte chataîne dorée de sa prison de tissu. Elle retomba souplement sur le dos de son propriétaire, elle avait fait son effet et tous le regardait avec stupeur. Comment avait-il put cacher une natte de cette longueur dans sa casquette ?
Duo se releva et secoua la tête, un sourire amusé aux lèvres et un air faussement grondeur. Bon puisque sa natte était découverte, autant régler le problème de ses yeux également, il porta donc la main à ses lunettes et les ôta avec une lenteur délibérée, il releva la tête et ouvrant les yeux, les fixa sur Quatre. Il regarda un peu autour de lui et fut satisfait de voir que tout le monde avait remarqué, comme ça c'était fait, on lui ficherait la paix après.
Par contre, il ne savait trop combien de temps la stupeur de ses nouveaux collègues allait durer, il était vrai que des yeux comme les siens n'étaient pas courant mais quand même... Alors, pour rompre l'envoûtement, il se retourna vers son cheval.
_ Deathy ! Tu es insupportable !
Il se retourna vers Quatre qui ne disait plus rien depuis plus de trente secondes et il crut bon de le rassurer à nouveau.
_ T'inquiète ! Il fait ça tout le temps quand il est contrarié et Monsieur se contrarie facilement comme tu peux le voir, il était juste jaloux que j'arrête de m'occuper de lui pour te parler. Allez grande dinde, rend-moi ça.
D'un geste vif il attrapa sa casquette et la remit sur sa tête en un tour de main, faisant disparaître sa natte, profitant de la protection du toit de l'écurie, il rangea ses lunettes dans la poche de son polo. Il allait retourner s'occuper des protec de son cheval quand une voix, en fait surtout les mots qu'elle prononçat, le fit se retourner.
_ J ! On peut savoir ce que vous compter faire d'un gosse affublé d'un cheval mal élevé et capricieux ? On fait pas garderie ici.
J n'eut même pas le temps de répondre. Duo s'avança, rapide comme un fauve. Son sourire avait disparu, un éclat froid brillait dans ses yeux. Il attrapa le col de l'impudent et le colla au mur, le soulevant malgré ses dix centimètres en moins.
_ Pense ce que tu veux de moi, mais je t'interdis de parler de mon cheval ainsi. Qui crois-tu être pour juger sans connaître ? Tu nous a vu deux secondes et tu as déjà arrêté ton avis ? T'es devin ? T'es Dieu ?
_ ... ... ...
_ Alors fous lui la paix !
Duo le relâcha et s'apprêtait à faire demi-tour pour garder son sang froid quand une main s'abbattit sur son épaule. Avant qu'il n'ait put ouvrir la bouche, le blond du début s'interposa.
_ Heero ! Lâche-le, il n'a fait que se défendre, tu l'as agressé en premier.
_ Quatre a raison, lâche-le Heero. Et puis crois-moi, ne le sous-estime pas.
Le ton sérieux de J ajouté à la foule qui s'était rassemblée autour d'eux eurent raison d'Heero qui enleva sa main et parti sans même se retourner.
_ Ne lui en veux pas mon garçon, il ne va pas bien en ce moment, il n'est pas méchant mais il a du mal avec les relations sociales.
_ C'est le moins qu'on puisse dire en effet.
L'air sombre de Duo ne disparu que quand il reposa ses yeux sur son cheval.
_ Oui mon beau, je suis là, je m'occupe de toi, ça va aller. Je sais que t'aimes pas changer de maison mais tu vas voir, on va bien être là, on sera tous les deux alors tout ira bien, je ne te quitte pas.
Il murmurait, la tête de son cheval posée au creux de son épaule, il lui caressait l'encolure en de larges gestes rassurants. C'était attendrissant et en parfait inadéquation avec son attitude précédente.
_ Je suis désolé pour Heero mais J a raison, ne le prends pas pour toi, il est pareil avec tout le monde en ce moment.
_ Pas grave ... Quatre, c'est ça ? Je suis pas là pour me faire des amis, si je m'en fais c'est bien mais c'est pas ma priorité.
Quatre restait un peu choqué par les dernières paroles de Duo, il sentait bien que malgré cet air qu'il se donnait, il avait besoin lui aussi d'être entouré. Il fut coupé par ses pensées par la voix de leur vétérinaire attitré.
_ Professeur ? J'ai besoin de vous pour les soins de Nabu et de son poulain.
_ J'arrive Sally. Duo, je te laisse avec Quatre et les autres, je passerai te voir tout à l'heure, excuse-moi.
_ Je vous en prie J, ce n'est rien, on se verra plus tard.
Sur ce, le professeur rejoignit la charmante jeune femme qui l'attendait à l'entrée de l'écurie, elle fit un petit clin d'oeil de bienvenue à Duo qui lui répondit par un sourire.
_ Tu connais Sally ?
C'était la première intervention de Wufei. Duo en sursauta presque.
_ En effet, à qui ais-je l'honneur ?
_ Pardon, Wufei Chang, je me charge de l'obstacle, ça m'a surpris que tu connaisses Sally et j'ai oublié de me présenter.
_ Pas grave, c'est fait maintenant. J'ai rencontré J et Sally lors de leur voyage aux Etats-Unis, ils ont passé trois semaines dans le ranch de mon prof. J voulait carrément que je reparte avec eux mais ça n'était pas possible à ce moment là.
_ Leur voyage aux ... mais c'était l'année dernière !
_ Hum hum.
Duo rentrait maintenant son cheval dans son nouveau box. A l'exception des trois moniteurs restants, les autres personnes étaient retournées à leurs activités. Trowa s'approcha enfin, se décidant à faire connaissance, histoire de ne pas laisser le nouvel arrivant sur une mauvaise impression, faut dire qu'Heero n'avait pas aidé...
_ Salut, moi c'est Trowa. Je m'occupe de tout ce qui est voltige équestre.
_ Enchanté.
_ Quelle sera ta spécialité ?
_ A votre avis ?
Un petit sourire en coin laissa penser aux trois amis que la réponse de Duo allait être évidente.
_ Vous trouvez pas ? Equitation américaine et aussi éthologie.
_ En effet ... ça semble logique. En tout cas ton cheval est magnifique.
Le sourire de Duo se radoucit aussitôt.
_ Hum. Il est tout pour moi. Désolé de m'être emporté tout à l'heure. Je ne suis pas vraiment susceptible mais j'ai dû mal quand on s'attaque à ceux que j'aime.
_ C'est pas grave, Heero l'a un peu cherché aussi.
_ Bon, Tro, Wu, si on aidait Duo avec ses affaires ?
_ Oh non, vous embêtez pas pour ça, je vais me débrouiller !
_ Tu ne sais même pas où tu dois aller !
Duo rougit et Quatre éclata de rire, sans lui demander son avis, ils l'embarquèrent à sa voiture et entreprirent de sortir toutes les affaires de l'américain. Trowa lui montra où garer sa moto et le pick-up, le van devait aller dans un parking spécial.
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Ils passèrent une bonne partie de l'après-midi à aider Duo à emménager, puis ils lui firent visiter tout le club. Quatre et Duo sympathisèrent très vite, Wufei moins démonstratif n'en appréciait pas moins ce nouveau, malgré son impression première, il se révélait très compétent.
Trowa restait dubitatif. Ce qui s'était passé avec Heero prouvait que son intégration n'allait pas être évidente, de plus, les réflexes et la rapidité dont il avait fait preuve ne collait pas du tout au personnage qu'il incarnait. Il cachait des choses c'était certain, restait à voir si elles seraient gênantes pour eux ou non.
_ Tu as encore besoin d'aide ?
_ Non merci Quatre, vous en avez déjà trop fait, vous êtes adorables mais ça va aller, il ne reste que des bricoles à ranger.
_ Dis, on peux te poser quelques questions ? C'est pas qu'on soit vraiment curieux mais comme on va bosser ensemble...
Duo sembla hésiter, Trowa ne le lâchait pas des yeux depuis un moment et il se doutait bien que, des trois, ce genre de questions viendrait de lui. Quatre était trop timide et Wufei n'avait pas l'air du genre à s'immiscer dans la vie des autres. D'ailleurs, vu la tête qu'il tirait, il n'avait pas l'air vraiment d'accord avec le châtain.
_ Hum, si vous voulez mais je ne promets pas de répondre à toutes.
_ Pourquoi as-tu refusé l'offre de J au début pour l'accepter maintenant ?
Cash, direct, Trowa.
_ L'année dernière ma vie personnelle m'empêchait de partir, aujourd'hui ce n'est plus le cas, à part G et quelques amis que je reverrais à l'occasion, plus rien ne me retient là-bas. Je ne m'étendrais pas plus sur ce sujet, c'est perso.
_ Comment parles-tu si bien français ? Tu es né aux États-Unis ?
_ Oui je pense, mais si je parle aussi bien français c'est que G parle couramment les deux langues, il me l'a enseigné dès que je suis arrivé près de lui.
_ Comment ça tu penses ? Tu ne sais pas où tu es né ?
_ Je suis orphelin.
_ Oh !
_ C'est rien Quatre, t'en fait pas.
Mais ils virent tous que Duo s'était quelque peu rembrunit, aussi ce fut Wufei qui changea de sujet.
_ Au fait J t'as dit quand tu commencerais ?
_ Non pas vraiment, demain matin il m'expliquera ce qu'il attend de moi et après il fera une annonce dans le club, ensuite en fonction des personnes intéressées on avisera. Et puis je veux que Deathscythe se repose avant de faire une démo. Il a beau être habitué aux voyages, ce n'est pas de tout repos.
_ Tu voyages donc tant que ça ?
_ G m'envoyait en show un peu partout à travers le pays, pour des compèt aussi. On a remporté la première place au championnat national de Reining.
Duo avait dit tout ça sur un ton naturel et absolument pas vantard, Wufei ne lui porta que plus d'estime mais Quatre avait un léger souci.
_ Reining ?
Avant que l'américain n'ait pu répondre Trowa le devança.
_ Le reining est l'épreuve la plus connue et la plus appréciée en Amérique. Le cavalier doit effectuer au galop un parcours imposé comprenant une série de figures assez complexes et d'une grande rapidité d'enchaînement, on juge la facilité d'exécution du cheval, sa façon de répondre à la demande du cavalier.
_ Whoua ! Tu t'y connais bien dis donc, t'as appris ça où ?
_ Heero.
En un mot Duo avait perdu son sourire. Pourtant, il était conscient de son statut de nouveau et ne voulait pas créer d'ennui, c'est dans cet optique qu'il continua la conversation.
_ Ha ... Il s'y intéresse ?
_ Je crois, il m'en avait parlé une fois, sa spécialité à lui c'est le dressage, aussi vos façons de faire sont à première vue complètement antagonistes. Sa discipline est tout le contraire de la tienne, pourtant je suis sûre que l'on peut faire des rapprochements si on s'en donne la peine.
_ Encore faut-il en avoir envie.
Duo avait parfaitement saisi les sous-entendus de Trowa, ce n'était plus seulement des disciplines qu'il parlait mais bien des deux hommes.
_ Certes.
Le silence qui s'installa, si il ne dura pas longtemps, ne fut pas des plus agréables. Ce fut Wufei, cette fois encore, qui les sortit de ce mauvais pas.
_ Dis-moi, c'est peut-être indiscret mais j'ai remarqué que tu ne quittais jamais tes lunettes à l'extérieur et que tes yeux avaient une couleur assez peu banal.
_ Je suis photosensible. Sûrement quelque chose hérité de l'un de mes parents, j'ai les yeux bleus très clairs mais qui tirent sur le violet à la lumière. Sans mes lunettes je finis invariablement avec une migraine carabinée.
_ Ce doit être contraignant.
_ Bof, tu sais Quatre, c'est comme tout, on s'y fait, il y a pire dans la vie.
Quatre eut un petit sourire triste devant l'air faussement enjoué de son nouvel ami, car oui, il ne doutait pas un instant que Duo ferait bientôt parti de ses amis. Remarquant le baillement des plus discrets de ce dernier, il se tourna vers les deux autres.
_ Bon et si nous laissions Duo se reposer, il nous reste plein de choses à faire aux écuries. Duo tu sais où manger ?
_ J m'a invité quand je l'ai recroisé tout à l'heure, il m'a dit qu'on ne parlerait pas boulot mais j'ai du mal à y croire !
_Ok, si tu as un souci, n'hésite pas, on est voisin maintenant.
_ Merci à vous trois pour votre aide, bonne soirée.
La porte se referma sur eux et avec un soupir à la hauteur de sa fatigue, Duo s'écrasa sur le canapé. Heureusement que J le logeait dans un appartement meublé, il voyait mal comment il aurait fait si il avait fallu aller acheter des meubles.
La journée l'avait physiquement anéanti, sa rencontre avec les autres s'était plutôt bien passée, si on occultait l'autre coincé du ... Enfin ! On ne peut pas s'entendre avec tout le monde ! Et puis apparemment il n'était pas le seul à recevoir ce genre de traitement de la part de ce Heero, c'était toujours un peu rassurant. Mais qu'il ne croit pas recommencer à insulter son cheval ... sinon Duo ne donnait pas cher de sa peau. Dommage quand même, parce qu'elle était vraiment belle sa peau... Duo secoua la tête, comme si c 'était le moment de penser à ça !
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Heero sortit de la douche en s'essuyant. Il attrapa un jean et un vieux t-shirt et les enfila en vitesse. Resté dans cet appart lui rappelait trop de mauvais souvenirs, il revoyait Zech partout. C'est vrai, il ne s'en était jamais rendu compte mais ils ne se voyaient jamais chez Zech, ils restaient tout le temps chez Heero. Même leur rupture s'était passé chez Heero.
Flash-back
Heero finissait de ranger la vaisselle quand il entendit la porte s'ouvrir.
_ Zech ?
_ Oui.
Le silence inhabituel de son amant ainsi que le fait qu'il ne vienne pas le rejoindre firent sortir Heero de sa cuisine. Zech avait un air grave et Heero sentit sa bonne humeur flétrir.
_ Que se passe-t-il ? Un problèm aux écuries ?
_ Les écuries ... Tu ne penses donc qu'au travail ?
_ Bien sûr que non, excuse-moi. Qu'as-tu ?
Zech ne répondit pas tout de suite et alla se poster à la fenêtre. C'était plus facile de mentir quand on tournait le dos à son interlocuteur.
_ J'en ai marre. De ce club, de cet appart ...
_Je ne comprends pas.
Heero s'était figé au milieu du salon. Il ne parvenait plus à réfléchir, il ne voulait pas entendre la suite.
_ J'en ai marre de cette vie Heero. Je m'en vais.
_ Mais pourquoi ? Et nous ?
_ Je crois qu'il serait illusoire de te demander de me suivre, non ?
_ Je ne comprends pas. Qu'est-ce qui ne va pas ici ?
_ Tu le sais bien. J me rend la vie impossible ! Il n'est jamais d'accord avec moi et critique toutes mes décisions. Je ne le supporte plus. De plus, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, depuis que nous sommes ensembles tes amis ne me portent plus vraiment dans leur coeur. C'est toute l'équipe qui est perturbée, la preuve, le dernier match contre Oz.
_ C'est le seul match de la saison que nous avons perdu. Ca arrive, nous ferons mieux la prochaine fois...
_ Il n'y aura pas de prochaine fois, Oz m'a fait une offre, je l'ai accepté. Le directeur de ce club a des arguments qui dépassent largement le traitement que J me réserve.
_ Tu nous quittes ... tu me quittes ?
_ A moins que tu ne veuilles me suivre ?
_ Je ne peux pas quitter le Gundam Wing !
Pour la première fois depuis le début de la discussion, Zech se tourna vers Heero, un rictus moqueur déformait ses traits et son amant eut du mal à reconnaître l'homme qui savait se montrer si tendre avec lui.
_ Je m'en doutais. Je serais parti ce soir, j'emmène Epyon également. Pas la peine de laisser traîner les choses.
_ Alors c'est fini, pour de bon ?
Zech s'approcha, il posa une main sur la joue d'Heero, l'effleurant à peine et posa légèrement ses lèvres sur les siennes. Puis il partit sans un mot, sans un regard, laissant un Heero incrédule planté au milieu de son salon.
Il ignorait combien de temps il était resté là sans bouger, c'est Trowa qui le sortit de son apathie. Il ne l'avait même pas entendu entrer. Son ami le prit par le bras et le fit asseoir sur le canapé.
_ Heero ? Zech est passé me voir pour me prévenir.
_ ... ... ...
_ Tu préfères rester seul ?
Heero cligna des yeux plusieurs fois et sembla émerger, il tourna son visage vers Trowa comme si il venait seulement de réaliser sa présence.
_ Trowa ... je ... je me sens ... vide.
_ Je suis désolé pour toi Heero, je sais à quel point tu tenais à Zech.
_ Je ne comprends pas, je devrais être en colère, je devrais être effondré, je devrais le haïr mais ... je me sens juste vide.
_ Tu es peut-être simplement sous le choc ? ... Ou alors ... tu n'étais peut-être pas si amoureux que ça ?
La franchise avait toujours été une des qualités que Heero appréciant le plus chez son ami, mais là, elle lui fit mal. Pourtant, une part de lui ne pouvait s'empêcher de se demander ... Enfin, son ami n'y était pour rien, pas la peine de passer ses nerfs sur lui.
_ Je ne sais pas, je suis fatigué. Je crois que je vais aller m'allonger. Merci Tro mais, tu peux me laisser maintenant, ça va aller.
Une fois seul, il s'était couché sur son lit, dans le noir, pas pour réfléchir, non, mais pour oublier ce mal être dont il n'arrivait pas à déterminer la cause. Etait-ce le départ de son amant ou bien le doute que Trowa avait semé en lui ? Bercé par ces questions, il s'endormit, d'un sommeil sombre et profond.
Les jours qui suivirent virent son humeur se dégrader, tout le monde pensait que ce n'était dû qu'à l'abscence du blond mais même si Heero regrettait de ne plus avoir ses bras pour le réconforter, sa présence pour le rassurer, son corps pour le réchauffer, son humeur massacrante venait aussi et surtout du fait qu'il n'avait toujours pas trouvé de réponse.
Fin du flash-back
Putain ! Il avait vraiment passé une journée de merde, et cet américain de malheur ! Qu'est-ce qu'il venait faire là ? Franchement, J le prenait-il pour un con ou quoi ? Le prof n'avait jamais aimé Zech et il n'avait pas caché non plus ce qu'il pensait de sa relation avec Heero. Avait-il volontairement poussé Zech au départ pour prendre ce Duo à sa place ? Il lui avait donné son appart, le box d'Epyon, si ça se trouve il lui demanderait même de prendre sa place dans l'équipe de horse-ball ?
Heero était largué, complètement, c'est dans ces moments là que Zech lui manquait, depuis qu'ils s'étaient mis ensemble, le blond avait toujours été bon conseiller, au point qu'Heero ne voyait plus que par lui, il se demandait si il avait bien fait de prendre la décision de rester.
Après tout, serait-ce si terrible de quitter le Gundam Wing ? C'est vrai que c'est ce qui se rapprochait le plus d'un foyer pour Heero, il y avait celui qu'il considérait malgré tout comme un père, ses amis, ses élèves, ... Bref sa vie. Et malgré ses pensées, il ressentait tout de même une certaine forme de culpabilité.
Il avait bien vu qu'il s'éloignait de ses amis à cause de sa relation. Il n'y avait pas vraiment prêté attention, pensant que ses amis devaient juste s'y faire et qu'après tout irait mieux.
Il avait été idiot, il s'était laissé emporter par son désir pour Zech, ce besoin d'attention et d'affection que le blond comblait parfaitement. Mais au fond de lui, il se posait trop de question pour se sentir vraiment bien. S'il était honnête avec lui-même il devait bien avouer que ... Non !
Énervé, il attrapa un blouson léger et sortit en direction des écuries. Il ne voulait pas penser à tout ça.
Toutefois, plus il avançait dans l'air frais de cette nuit d'automne, plus les images de la journée repassaient en boucle dans sa tête. La voiture noire se garant dans l'allée du club, Duo s'extirpant de la voiture et s'étirant félinement, sa démarche enjouée qui reflétait une profonde joie de vivre, son sourire, ses yeux, et cet éclat de rage quand il l'avait provoqué, ...
Pourquoi ne pouvait-il pas s'empêcher de revoir tout ça ? Ce Duo l'énervait, l'agaçait au plus haut point, il avait envie de le brusquer, de lui faire mal, juste pour qu'il ne s'approche pas, qu'il ne pénètre pas son espace vital. Toute sa vie était sans cesse remise en question, il pensait avoir trouver une certaine forme de stabilité et cette rupture d'abord, cette arrivée ensuite, remettaient tout en cause.
Arrivé devant le box de son cheval, Wing, un superbe Trakehner à la robe gris pâle, quasiment blanche. Son cheval s'ébroua en reconnaissant son visiteur. Heero lui flatta l'encolure et se glissa dans son box. Wing était son seul réconfort dans ses moments là. Il rentra dans le box, refermant la porte derrière lui, il s'installa confortablement sur la mangeoire et contempla son cheval.
Il resta ainsi plus d'une heure quand il entendit des bruits de pas, bientôt suivi d'un léger sifflement. Rapidement, un léger ronflement s'éleva d'un box proche du sien. Prenant garde à ne pas se faire voir, il passa lentement sa tête à l'extérieur et retint un juron en reconnaissant celui qui interrompait sa retraite.
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Il s'en doutait. J n'avait pas put s'empêcher de parler boulot, mais quelque part, il en était assez soulagé, ça lui évitait de ressasser de mauvais souvenirs qu'il pensait avoir fuit en quittant l'Amérique. Enfin, ça c'était avant que le prof ne lui explique dans les grandes lignes la situation d'Heero.
Au début Duo pensait que J voulait juste justifier le comportement de son employé, puis il avait compris qu'en fait Heero était bien plus qu'un simple employé pour le directeur du club et enfin, Duo dût se rendre à l'évidence, si J lui racontait tout ça, c'est parce qu'il avait besoin d'en parler, d'extérioriser son inquiétude, sa culpabilité d'avoir laissé faire ce Zech.
Le jeune homme se doutait bien qu'il ne savait pas tout mais il en avait assez entendu pour la soirée, surtout que ça le gênait un peu d'en apprendre autant sur le japonais par quelqu'un d'autre. Sans même y penser, il se dirigea vers les écuries. Il voulait s'assurer que son cheval, son ami, allait bien avant de pouvoir dormir tranquillement.
Il entra dans l'allée semi-couverte et émit un léger sifflement, il entendit tout de suite la réponse de son compagnon. Sans hésiter, il entra dans le box, sans se douter une seconde qu'à quelques mètres de là, un autre jeune homme en proie aux mêmes tourments nocturnes avait fait la même chose et l'avait épié jusqu'à son box.
_ Alors mon beau, ça va comme tu veux ? Tu te plais ici ?
Un petit coup de nez et Duo sourit, amusé.
_ Ca à l'air... Moi, je ne sais pas trop quoi penser pour l'instant. Tout le monde est très gentil, à part ce grand brun ténébreux et un peu trop cassant à mon goût, mais bon, tu sais le père Maxwell disait toujours qu'on ne peut pas s'entendre avec tout le monde alors ... Mais je peux bien t'avouer à toi que ça me fait bizarre d'être rembarré comme ça, sans avoir rien fait. C'est vrai quoi ! Déjà à l'orphelinat tout le monde m'aimait bien, ce n'est qu'en apprenant à me connaître que certains changeaient d'avis... Enfin, je vais pas me pourrir la vie pour si peu, si on arrive à s'entendre tant mieux sinon ba ... je ferrais sans, c'est tout. En tout cas, Deathy, on ne retournera pas chez nous avant un bon moment, je ne veux pas le revoir pour l'instant. Il m'a fait trop de mal.
Le cheval regarda son maître un moment, puis une fois sûr que celui-ci n'avait rien à lui donner à manger, il retourna à son tas de foin de la nuit.
Duo s'assit dans un coin du box, faisant bien attention à ce qu'il soit propre.
_ Je pensais arriver à l'oublier ici mais je crois qu'il me faut me rendre à l'évidence, ça sera plus long que ce que je pensais... Tu crois que j'en demande trop ? C'est utopique d'espérer de l'honnêteté dans un couple ? Pourquoi il m'a fait ça Deathy ? Il avait peut-être raison, je ne mérite pas d'être aimé...
Devant le soudain silence de son maître, entrecoupé d'une respiration assez hésitante, le cheval vint poser sa tête sur son épaule et Duo soupira de bien être devant cette marque d'affection.
_ Tu veux ta berceuse mon grand ?
Comme toutes les nuits où ils étaient en déplacement, Duo entama une chanson, autant pour lui que pour son cheval. Il reproduisait le rituel du soir à l'orphelinat quand soeur Hélène calmait leurs angoisses de sa voix douce et chaude.
Alors, emplie de nostalgie et de douleur, la voix de Duo s'éleva, ni trop forte, ni trop faible.
_
If you search for tenderness Si tu recherches de la tendresse
It isn't hard to find. Ce n'est pas difficile à trouver
You can have the love you need to live. Tu peux avoir l'amour dont tu as besoin pour vivre
But if you look for truthfulness Mais si tu recherhces de la sincérité
You might just as well be blind. Autant devenir aveugle
It always seems to be so hard to give Ca paraît si dur à donner
Honesty is such a lonely word. L'honnêteté est un mot si seul
Everyone is so untrue. Tout le monde est si faux
Honesty is hardly ever heard. L'honnêteté est rarement entendue
And mostly what I need from you Et c'est principalement ce que j'attends de toi
I can always find someone Je peux toujours trouver quelqu'un
To say they sympathize. Pour exprimer sa compassion
If I wear my heart out on my sleeve. Si je porte mon coeur en bandoulière
But I don't want some pretty face Mais je ne veux pas de jolis visages
To tell me pretty lies. Pour me dire de jolis mensonges
All I want is someone to believe Tout ce que je veux c'est quelqu'un en qui croire
Honesty is such a lonely word. L'honnêteté est un mot si seul
Everyone is so untrue. Tout le monde est si faux
Honesty is hardly ever heard. L'honnêteté est rarement entendue
And mostly what I need from you Et c'est principalement ce que j'attends de toi
I can find a lover. Je peux trouver un amant
I can find a friend. Je peux trouver un ami
I can have security until the bitter end. Je peux avoir la sécurité jusqu'à une fin amère
Anyone can comfort me Tout le monde peut me réconforter
With promises again. Avec des promesses encore
I know, I know Je sais, je sais
When I'm deep inside of me Quand je m'enferme en moi
Don't be too concerned. Ne t'inquiète pas trop
I won't as for nothin' while I'm gone. Je ne réclamerais rien quand je serais ailleurs
But when I want sincerity Mais quand je veux de la sincérité
Tell me where else can I turn. Dis-moi vers qui me tourner
Because you're the one I depend upon Parce que je dépends de toi
Honesty is such a lonely word. L'honnêteté est un mot si seul
Everyone is so untrue. Tout le monde est si faux
Honesty is hardly ever heard. L'honnêteté est rarement entendue
And mostly what I need from you Et c'est principalement ce que j'attends de toi
_
Duo laissa sa voix s'éteindre sur la dernière syllabe, il essuya rageusement une larme qu'il n'avait pas senti couler. Il resta encore un moment avec son cheval puis se résigna à retourner dans son appartement, il risquerait de s'endormir ici sinon.
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Heero était totalement perdu. Il n'avait rien loupé de la « conversation » entre Duo et son cheval. Cet américain semblait avoir eut une enfance difficile, et des problèmes de coeur aussi, avec un homme qui plus est. Il lui semblait complètement différent de l'image qu'il avait eut de lui dans l'après-midi, aussi bien la joyeuse, que la colérique d'ailleurs. Cette nuit, il avait semblé triste, presque fragile et après cette chanson, il semblait même détruit. Au moins autant que lui, même si ce n'était pas pour les mêmes raisons.
Et puis, cette chanson ... Heero comprenait parfaitement l'anglais et les paroles l'avaient vraiment touché et surtout le faisaient réfléchir ...Effectivement, la tendresse n'était pas si dure à trouver, lui-même avait put en avoir auprès de Zech, mais cet amour décrit dans cette chanson, Heero doutait fortement qu'il était semblable à celui qu'il portait à Zech et ce dernier ne devait pas l'aimer tant que ça pour avoir put le quitter si rapidement et apparemment sans raison vraiment valable.
Tout à ses pensées, Heero se dit que finalement, il ferait bien lui aussi d'aller se coucher, il était sûr maintenant de ne pas croiser l'américain.
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A suivre ....
Alors dites-moi qui avait deviné que c'était un UA ? J'ai voulu jouer un peu ... ;-)
Le horse-ball est un sport qui se pratique à cheval (évidemment !), deux équipes de quatre cavaliers s'affrontent pour un ballon sur un terrain encadré par deux paniers placés à la verticale du sol. Ils doivent réaliser trois passes avant d'avoir le droit de marquer. Il y a un ou deux remplaçants par équipe qui se tiennent en touche, il peut y avoir autant de changements qu'on veut. Il y a trois manches de dix minutes chacune.
Voilà, si vous voulez des précisions je vous conseille le site officiel de la fédé de Horse, perso je ne suis pas une spécialiste alors si je fais des erreurs dites le moi, le horse n'est pas ma discipline préférée.
L'éthologie est l'étude comportementale des chevaux, les spécialistes décryptent le langage corporel du cheval et l'applique à leur méthode de dressage.
