Triste mélodie

Dans l'impitoyable froid de la Russie, une douce mélodie s'élevait, combattant ainsi la dureté du monde extérieur.

Une femme blonde était assise devant le piano, ses mains agiles couraient sur le clavier… A ses côtés, un jeune garçon était assis sur la peau d'ours qui servait de tapis. Il écoutait, émerveillé, cette musique qu'il aimait tant entendre.

Sa mère la jouait lorsqu'elle était d'humeur mélancolique… Ou alors lorsqu'elle voulait calmer son turbulent fils.

Hyoga, du haut perché de ses 8 ans, connaissait la raison de la tristesse de sa mère. Demain, ils partiraient au Japon… Il savait juste qu'il allait connaître son père. Il ignorait tout de lui, sauf ce que sa mère lui en avait dit : que c'était un homme grand, merveilleux et très gentil.

Il avait hâte, mais il était également pris d'un mauvais pressentiment. Il tacha de tout mémoriser, afin de garder un bon souvenir de sa maison qu'il ne verrait plus jamais.

Ils partirent. Ils avaient trouvé sur le gros paquebot une salle de musique où les gens se réunissaient fréquemment, sa mère avait obtenu l'autorisation d'y jouer. Comme toujours, Hyoga se postait à ses côtés afin de l'entendre, encore et encore. Il voulait la connaître par cœur… Cette mélodie.

Puis il y eut cette nuit tragique. Tous furent sauvés, sauf elle. Ses dernières paroles furent pour lui : « adieu ». Il pleura et cria, mais rien… La barque dans laquelle il était s'éloignait. Et dans sa tête, cette mélodie.

Arrivés à terre, des hommes lui demandèrent ce qu'il souhaite faire plus tard. « Je veux être chevalier ! » Ils rigolèrent, ne le prenant pas au sérieux. Toujours cette mélodie…

En arrivant au Japon, l'homme qui prétendait être son père, Mitsumasa Kido, l'avait regardé comme on regarde un orphelin mal propre trouvé au coin d'une rue. Il le mit avec une centaines d'autres orphelins. Il connaissait la vérité, pas eux.

Les années passèrent. Il devint chevalier et put enfin retrouver sa mère.

Les guerres cessèrent, il vivait dans un confortable appartement offert par Saori dans lequel se trouvait un piano et à ses côtés, l'urne de l'armure de bronze du Cygne

Il n'était pas rare d'entendre une mélodie… Cette mélodie.

Et on pouvait le voir sourire… Sourire à une personne que seul lui pouvait voir.

Sa mère, contre toute attente, était restée afin de protéger son fils en devenant l'âme de l'armure du Cygne.