Prologue :

C'était le noir complet. Et pourtant j'étais persuadé d'avoir ouvert les yeux. Par reflexe je voulu porter mes mains à mon visage mais je me rendis compte que j'étais incapable de lever les bras. Mes poignets étaient maintenus contre les accoudoirs du fauteuil où j'étais par ce que j'identifierais comme des chaines. Je tentais alors de bouger mes pieds mais je rencontrais le même problème.

Qu'avais-je espéré au juste ? Que l'homme se soit ravisé après m'avoir tenue enfermée pendant ce qui me semblait être une éternité ? Qu'il allait me relâcher aussi facilement après m'avoir fait subir tout ça ? J'avais envie de pleurer mais j'avais déjà épuisé toutes mes larmes. J'avais envie de hurler aussi mais le bâillon qu'il m'avait mis m'en empêchait. J'étais aveugle et muette. Une certitude avait creusé son trou dans mon cerveau engourdi par la fatigue et la peur, j'allais mourir. De nouveau, je sombrais dans l'inconscience.

Un choc sourd. Des voix. J'ouvris péniblement les yeux sans pour autant voir ce qui se passait. Pourtant je savais que ce qui se déroulait était important. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas entendu d'autre voix que celle de mon agresseur. Des bruit de pas de plus en plus près. Une voix.

« Rien ! »

Rien ? Si, moi. J'essaye d'appeler mais le bâillon me lacère la bouche alors je bouge les poignets, je tape des pieds contre la chaise. Je sens les chaines entailler ma chair et la douleur se répand en moi mais je continue. Les hommes, ce sont des flics. Il faut qu'ils me trouvent. Il le faut. De nouveaux, des pas, au-dessus de ma tête. Puis le bruit d'une porte, les escaliers qui grincent. Je continue de faire du bruit. A présent, le sang coule sur mes doigts et mes pieds nus.

« Elle est là ! »

Je sens la présence d'un homme près de moi et j'arrête tout mouvement. Et si je m'étais trompée, et s'ils n'étaient pas de la police ? Des mains se posent sur mon visage et j'entends des voix.

« - Bordel, elle est dans un état…

Ne me dites pas qu'elle est restée trois jours comme ça ?! »

Ca fait donc trois jours que je suis enfermée ici et attachée à cette chaise ? J'ai peur, affreusement peur. Les mains se déplacent et viennent retirer le bâillon qui m'empêche de parler depuis vraisemblablement trois jours. J'humecte difficilement mes lèvres et veux parler mais ce qui sort de ma gorge est plus proche du croassement. J'ai soif. Les mains remontent et détachent le tissus noir qui couvre mes yeux. Par réflexe je les ferme tandis que les mains reculent et s'attaquent aux chaines qui ne tardent pas à céder. La voix reprend la parole.

« Tout est finit, nous sommes du F.B.I »

F.B.I ? Alors lentement, j'ouvre les yeux. D'abord, je ne vois rien. La lumière m'aveugle, cela fait longtemps que je ne l'ai pas vu mais ensuite je distingue un contour de visage. Je ferme de nouveau les yeux, la douleur étant insupportable mais je les ouvre de nouveau et la vision se précise. En face de moi se tient deux hommes. Le plus près doit avoir entre 30 et 40 ans et celui qui se tient en retrait un peu plus. Ils portent des gilets par balles avec inscrit dessus en blanc F.B.I. Doucement, je les quitte des yeux pour observer l'endroit où je suis. A première vue, c'est une cave. Le sol est en terre battue et la lumière qui me brûlait les rétines quelques minutes auparavant passe à travers un soupirail. Avec horreur, je distingue un établie avec plusieurs instruments de torture disposés méthodiquement dessus. Alors, paniquée, je repose le regard sur les deux hommes et parle.

« Tout est finit ? »

Ma voix est rocailleuse, devenu méconnaissable mais je parviens à me faire comprendre. Alors l'homme le plus jeune, celui qui as un regard franc et droit se penche vers moi et me sourit gentiment. Il pose une main sur mon épaule qui n'est pas blessée et répond.

« Oui, tout est fini. Tu vas venir avec nous à l'hôpital et tu pourras retrouver ta famille. Je vais te porter. »

Sans que je ne réponde, l'homme glisse un bras derrière ma nuque et l'autre sous mes genoux et me soulève telle une princesse. Une princesse d'horreur. A présent je me sens en sécurité. Les bras de l'agent me procurent une douce chaleur. Je suis épuisée. Je veux dormir. Lentement, je ferme les yeux tandis que l'homme plus âgé que l'autre me caresse doucement les cheveux. Sa voix est la dernière chose que je distingue dans le brouillard qui m'entoure.

« Ce salopar a réussi à filer… »