[ Bienvenue sur ma fanfiction ! Je prend beaucoup de plaisir à l'écrire, aussi j'espère qu'elle vous plaira également. Je ne sais vraiment pas combien de chapitres elle comportera, alors nous risquons, chers lecteurs de faire un petit bout de chemin ensemble ! Bref, je ne suis vraaiment pas douée en présentation, donc je vais plutôt vous laissez lire et vous amuser à la place de vous faire supporter mon blabla xD Bonne lecture ! ]


Le soleil n'était pas encore complètement levé, mais il pointait timidement ses chauds rayons au dessus de la terre, et éclairait cette dernière de rose et de bleu. La rosée glissait sur l'herbe fraîche et les animaux noctambules retournaient à leurs terriers pour la journée.

Haine examinait les alentours avec un sourire satisfait. Ce moment de la journée, où la nature s'éveillait avec grâce, était son favori. Pour rien au monde elle ne serait restée au chaud sous sa couette, au risque de manquer cette pulsion de vie qui agitait les entrailles de la planète à l'aube.

Pieds-nus, son kimono de soie blanche remonté jusqu'aux genoux, elle descendit le monticule de pierres sur lequel elle avait grimpé pour assister au lever du soleil. L'air était frais et lui fouettait le visage tandis qu'elle vagabondait comme une enfant au milieu des herbes sauvages qui démangeaient lorsque la peau venait à leur rencontre. Les joues rouges, elle adressa un dernier regard au paysage qui se dressait devant elle; Les cascades vrombissantes se noyaient dans un décor de lavandes et de chênes sauvages. Des amas d'impatientes et de coquelicots ponctuaient de touches de couleur la verdure moelleuse et haute du printemps. Le ciel, au dessus de la tête était d'un bleu clair, ponctué de rose saumon, vestige des premiers rayons brûlants de l'immense astre qui procurait chaleur et confort à la planète.

La demoiselle tourna finalement le dos au décor digne d'une carte postale et se mit à marcher gaiement, les bras le long du corps. Chaque matin, avant que le village ne s'éveille, elle venait ici. Chaque matin, elle rentrait, le visage plein de poussière, les pieds et les jambes égratignées et des étoiles plein les yeux. Ce moment était SON moment unique. Le seul où elle pouvait se permettre de sortir de chez elle sans risquer un regard craintif, une insulte ou un crachat de la part des habitants de Katsu.

Le village devait compter au total deux ou trois centaines d'habitants, pas plus. Ainsi, tout le monde connaissait tout le monde, et tout le monde connaissait la descendante directe de la déesse Lapine: Elle-même, Haine. À cause de cette triste réputation, la jeune femme était confinée chez elle du matin jusqu'au soir, sans aucune autre compagnie que les plantes médicinales de son médecin de frère. Kamui avait franchement de drôles d'obsessions: qui à part lui pouvait s'extasier des dangers d'un staphylocoque ou du défi d'une plaie béante à recoudre ? Elle avait déjà tournée et retournée cette question dans tous les sens pour y trouver une réponse puis s'était finalement dit que le frère de la descendante de Kaguya ne pouvait pas être quelqu'un de totalement normal non plus, aussi adoptif soit-il. Puis, au final elle avait apprit à apprécier ces moments privilégiés qu'ils avaient lorsque le jeune homme ne travaillait pas. Grâce à lui, elle pouvait s'occuper quelques heures, au milieu de recettes de baumes cicatrisants ou de livres pharmaceutiques à la place de fixer de manière presque indécente le plafond de sa chambre.

Plongée dans ses pensées, elle pressa le pas inconsciemment. Quelques rires d'enfants aux seins des habitations en bois venaient de lui faire comprendre qu'elle avait un peu trop traîné. Son regard dériva vers les chalets, une lueur nostalgique dans les yeux, puis elle se mit à courir pour rentrer avant que son frère ne se lève.

- Tu étais encore dehors ?!

La jeune femme ferma les yeux en même temps que la porte. Le front contre le mur, elle accusa les remontrances avec un sourire coupable :

- Tieeens, frangin ... ! T'es tombé du lit ce matin ? Risqua-t-elle en se retournant, les mains croisées derrière son dos pour faire face à un homme aux cheveux bruns à peine réveillé.

L'air agacé, Kamui croisa les bras sur son torse. Ses yeux noisette semblaient lancer des éclairs à l'encontre de la jeune femme qui se trémoussait de malaise. Celle-là alors ! Toujours en train de faire des âneries plus grosses les unes que les autres ! Devant son sourire crispé et ses joues rouges et sales, il ne pu rester sérieux bien longtemps. Un soupir lui fit hausser les épaules et il se dirigea vers la cuisine. Il méritait bien un café ….

Un éclair argenté le fit grommeler tandis qu'il s'asseyait sur un tabouret, sa précieuse boisson entre les mains :

- Tu serais vraiment un mauvais père. Pas crédible quand tu cries, et impatient, minauda la demoiselle en se laissant tomber sur les épaules du médecin.

- Et toi tu pues la vase. T'as traîné où encore ?
- Tu changes encore de sujet ! Assume ta future incompétence paternelle au lieu de me critiquer.

Soupir et yeux levés vers les cieux furent son unique réponse :

- Tes cheveux trempent dans ma tasse...
- Huerk !

La jeune femme se recula et sa longue chevelure se retrouva bientôt nouée en un chignon mal fait.
Puis elle se dirigea d'un pas tranquille vers le frigo pour se remplir un verre de son ignoble jus de fruit à la mangue. Comment pouvait-elle boire ça ? Kamui laissa échapper un grognement de dégoût en observant sa frangine s'asseoir en face de lui. Quelque part, il ne pouvait qu'excuser le comportement des villageois vis à vis d'Haine. Avec sa cascade de cheveux argentés qui lui descendaient jusqu'aux reins, ce visage parfaitement ovale et pâle, et ses yeux d'un vert émeraude, elle ressemblait à tout sauf à un être humain. Et pourtant, hormis le sang qui circulait dans ses veines et sa chevelure si caractéristique, la jeune femme n'avait absolument rien en commun avec son ancêtre. Comme quoi les apparences pouvaient être trompeuses...

La clochette de son cabinet situé au bout de la maison brisa ses rêveries. Kamui termina d'une traite sa boisson en jurant puis se redressa d'un bond, reprenant aussitôt son air sérieux de scientifique fou. Haine, le visage encadré de ses deux paumes le regarda se débattre avec sa blouse, un air sensiblement ennuyé peint sur le visage.

- Vas, au grand chevalier de la génétique et du pus, accomplir ton dev-
- Et toi vas te laver avant de te transformer en je ne sais quoi.

Sans lui répondre, elle s'inclina en une révérence moqueuse avant de se diriger vers la salle d'eau. Son kimono traînait derrière elle comme un tapis de neige étincelante. Au moins, quand elle faisait des bêtises, elle avait le bon sens de ne pas salir autre chose que sa personne. Le médecin lança un dernier sourire à la demoiselle qui lui tournait le dos, puis il se dirigea d'un pas rapide vers son cabinet dont la cloche ne cessait ses cinglants " cling-cling " métalliques. Encore une journée banale, comme toutes les journées qui se vivaient ici. Car rien, non rien d'extraordinaire ne pouvait arriver à Katsu, n'est-ce-pas ?


Il avait mal. Terriblement mal. Comme si chaque cellule de son être venait à brûler jusqu'au noyau. L'odeur ferreuse du sang lui emplissait les narines, et il devinait à la chaleur qui dégoulinait en une longue caresse suintante dans son dos, qu'il était blessé. L'Homme ouvrit les yeux et observa les alentours avec une froideur naturelle. Apparemment, il se trouvait dans une grotte, et la douleur qui circulait comme un poison dans son corps lui fit comprendre qu'il était vivant.

Vivant..

Il devait être mort...

La bataille, la femme, la grande guerre...

Il avait perdu la vie, de nouveau. Puis de nouveau on venait de la lui rendre.

À croire qu'on le prenait pour un vulgaire pantin. Lui, le plus puissant de tous. Un vulgaire pantin ? :

- Pas cette fois ...

En effet, cette fois il pouvait le sentir, il n'était pas sous l'emprise d'un quelconque sort. Il semblait maître de ses mouvements et de sa pensée. Et les battements lourds mais lents de son cœur étaient là pour le confirmer.

Qui était assez fou pour lui rendre la vie, à lui ? Il avait presque mené à l'extinction le monde shinobi, après tout ...

Agacé d'être assis de manière si inconfortable contre le roc, il se releva et examina les alentours. Un rapide balayage du périmètre lui fit comprendre pourquoi l'odeur sanguine était si présente ici ; un combat avait eu lieu et une dizaine de cadavres étaient étalés là, sur le sol sale. Des caillots d'hémoglobine éclairaient la scène macabre, un peu comme des touches de peinture impressionniste.

L'Homme enjamba sans émotion un corps, puis un autre. L'odeur de mort devenait entêtante, il n'avait pas envie de rester là. Oui, il devait sortir. Alors qu'il allait finalement s'extraire de la grotte, quelque chose lui saisit la cheville. Alerte, il se dégagea d'un coup sec, dardant son regard sombre vers un homme couché sur le tapis de roches. Son chakra était à peine perceptible. Aussi petit que celui d'un insecte, alors il n'y avait pas fait attention. Ce type allait crever dans les minutes qui suivraient. Au vue du bandeau sur son front, c'était un shinobi :

- Alors... I...il a réussit...

L'Homme ressuscité haussa les sourcils en une question muette. Le silence fut brisé par une quinte de toux. L'homme mourant lâcha un soupir ponctué de petites bulles de sang qui éclatèrent sur ses lèvres.

- Ce dingue a voulu te redonner la vie...

Ce dingue ? Qui ça ? Peu importe.

- Et il a réussit, apparemment, railla-t-il en repoussant une mèche sombre de devant son visage.

- Oui... Nous pensions l'avoir tué à temps... Et par précaution nous avions blessé le corps qui devait servir au rituel... Mais c'était trop tard ... Tout est ... Fini.

L'Homme laissa là le shinobi qui venait de rendre son dernier souffle. Un sourire impatient tordit ses traits glacials tandis qu'il sortait de la cachette. La tête lui tournait, et il perdait beaucoup de sang. Mais cette douleur lui rappela combien il était en vie et combien cela était bon. A bout de force, il se laissa tomber quelques centaines de mètres plus loin, s'appuyant contre le tronc d'un arbre.

Oui, c'était bon de vivre de nouveau.