Titre : L'Orbe Céleste
Disclaimer : Les personnages Balthazar Octavius Barnabé Lennon, Grunlek von Krayn, Théo Silverberg et Shinddha Kory sont les propriétés respectives de Bob Lennon, Krayn, Fred et Seb. L'univers d'Aventures (et donc tout ce qui lui est relatif) est la propriété de Mahyar. L'émission « Aventures » est la propriété de la chaîne YT « Bazar du Grenier ». L'image utilisée comme cover appartient à Feng Zhu Design. L'intrigue ainsi que tous les personnages/lieux n'appartenant pas au canon actuel d'Aventures sortent tout droit de mon cerveau. Bien évidemment, je ne suis pas rémunérée pour mes textes, cette fan fiction est surtout un moyen pour moi de rendre hommage à cette formidable série dont le cadre m'a, je dois bien l'avouer, fortement inspirée.
Notes : Je ne fais que livrer ici une idée de quête se déroulant dans le merveilleux univers créé par Mahyar, je ne prétends en aucun cas vouloir faire aussi bien que lui (j'en suis tellement loin) et/ou d'avoir la science infuse (idem). J'ai simplement envie de célébrer le dur travail de toute l'équipe pour lequel j'ai le plus grand respect. Comme je suis moi-même influencée dans mes écrits par mes propres références, j'espère respecter la cohérence de l'œuvre de Mahyar et que les personnages sont tels que joués dans la série par Krayn, Fred, Bob et Seb, surtout avec la saison 2 qui avance. Cette fanfiction est conçue à la base pour être une multi chapter fic (du moins c'est ce que j'avais prévu) dans laquelle la narration adoptera, à chaque nouveau chapitre, le point de vue d'un de nos quatre aventuriers bien aimés (RIP. Théo Silverberg, you'll be missed !). Je pense qu'il est inutile de préciser que l'intrigue/la quête se déroule avant la saison 1 (un an et demi avant pour être exacte), mais bon au cas où… Voilà, désolée pour cette longue introduction chiante à mourir dans lequel j'ai surtout l'impression d'avoir seulement raconté ma vie et d'être passée pour quelqu'un qui se prend trop au sérieux. J'ai peut-être besoin d'une thérapie… Anyway, bonne lecture les amis. :)
Rating : T (changera peut-être pour M ?) pour la nature du langage et les thèmes abordés.
Résumé : Nos quatre amis arpentent la Route des Quatre Vents traversant le sud du Cratère. Quand un groupe de trois mercenaires bloque leur chemin, les aventuriers sont rapidement pris à partie. La confusion est alors de mise et les esprits s'échauffent. Fanfiction de la série Aventures {présaison 1}.
Chapitre 0 : Provocation {B.O.B.}
– Où est passé Grunlek ?
La voix forte et légèrement agacée de Théo qui accompagna le bruit sourd de la porte en bois claquant sur le mur de pierre réveilla le pyromage. La nuit fut reposante, ce qui était assez rare pour être souligné et la mauvaise humeur du paladin était venue ruiner l'état de béatitude dans lequel se trouvait Balthazar depuis la veille au soir.
– Pour l'amour des Enfers, Théo ! Personne ne t'a jamais dit que hurler au petit matin n'est pas une façon de réveiller les gens ?
– Tu es bien content quand je suis de garde et que je hurle en cas de danger ! rétorqua le paladin. Balthazar pouvait voir qu'il n'était pas d'humeur à plaisanter.
– On est dans une auberge paumée au milieu de la route, on ne campe pas dans la forêt ! Ce n'est pas ici que l'on va se faire attaquer par surprise, crois-moi.
Théo respira un grand coup et le mage fut, somme toute, un peu déçu de voir le paladin prendre sur lui au lieu de s'énerver, comme il l'aurait fait d'habitude. Peut-être que dormir sur un matelas, même de mauvaise qualité, lui fut bénéfique.
– Je n'ai pas de temps à perdre avec tes provocations. Sais-tu où est passé von Krayn ?
– Dans sa chambre ? Qu'est-ce que j'en sais ? Il était bien là quand nous sommes partis nous coucher. Il a toujours été un lève-tôt.
– Oui, pas comme toi. D'ailleurs tu ferais mieux de te préparer. Shinddha nous attend en bas pour le repas. Nous avions convenu de partir au petit matin, je te rappelle. Le soleil est déjà haut et nous sommes encore bloqués ici.
Balthazar ferma de nouveaux les yeux essayant de profiter de ces derniers instants précieux de paresse. Cet oreiller était décidément d'un moelleux exquis comparé à la rudesse de son paquetage sur lequel il reposait habituellement sa tête. Les quatre amis étaient arrivés la veille à l'Auberge de l'Anguille Folle, une bâtisse de taille moyenne bordant un des grands lacs du Cratère. C'était un endroit calme et reculé essentiellement fréquenté par des gens de passage, des voyageurs. Ils y prirent les quatre dernières chambres disponibles. La soirée permit au mage et à ses compagnons de route de profiter de quelques instants de répit. Ils purent ainsi se rincer la gorge à grandes rasades de bière et se remplir l'estomac avec des mets goûteux qui les changeaient du fameux ragoût de viande séchée de Grunlek. Bien que le nain au bras métallique soit, certes, un excellent cuisinier, la redondance des plats proposés lassait les papilles délicates du mage citadin. Quand la nuit dernière le demi-diable était entré dans sa chambre et qu'il s'était glissé dans le lit accueillant, Bob s'était endormi aussitôt en étant reconnaissant pour ce confort qui lui manquait souvent lors de ses périples.
Trouvant la force pour s'extirper de son lit, Balthazar revêtit sa robe et sa cape après une brève toilette. Il rassembla ensuite ses affaires et sortit de la chambre. Le pyromage descendit avec précaution l'escalier de bois vétuste. Les bois des marches craquaient à chacun de ses pas. Comment Théo avait-il réussi à ne pas passer au travers avec sa lourde armure ? Cette énigme ne sera probablement jamais résolue. Lorsqu'il entra dans la salle principale de l'auberge, il ne vit personne, hormis ses compagnons. Shin était assis à une table pour quatre, tandis que Théo et Grunlek se tenaient près de la porte d'entrée de la bâtisse. L'aubergiste devait sûrement être en cuisine, car une forte odeur de poisson chatouilla les narines du mage. Balthazar n'observait pas de signe de tension entre les deux aventuriers. Sûrement le maître nain avait-il réussi à calmer son ami du tourment qui l'habitait. Le pyromage appréciait sincèrement la sollicitude du paladin, bien que cette dernière soit parfois étouffante. Après tout Théo ne faisait que respecter le code de conduite de son ordre, même s'il savait pertinemment que ses camarades pouvaient se défendre seuls et qu'à bien des reprises c'étaient même eux qui lui sauvaient la vie.
– Et bien mon cher Grunlek, commença Balthazar d'une voix amusée, où étais-tu donc passé pour mettre notre ami Théo dans cet état.
Le rire grave du nain résonna avant qu'il ne lève le bras - l'organique - sa main agrippant un vieux sceau défoncé par endroits, mais rempli de poissons encore vivaces. Ils étaient donc, sans aucun doute possible, fraîchement péchés. Ceci explique donc l'odeur, pensa le demi-diable.
– Je me suis permis d'aider l'aubergiste en échange d'une ristourne sur le prix de nos chambres et de quelques vivres. Maintenant excusez-moi, mais je vais livrer cela aux cuisines.
Le nain se dirigea vers le fond de la salle. Bob et Théo rejoignirent Shin à la table. Un silence confortable s'installa et Grunlek fit rapidement son retour.
– Faisons-nous toujours route vers l'ouest du Cratère ? demanda Grunlek en tirant la dernière chaise disponible autour de la table.
– C'est le plan. Cela fait un moment que nous écumons cette partie du monde et à part une guerre fratricide empêchée de justesse, je ne pense pas que ces contrées ont quelque chose de plus à nous offrir, répondit Balthazar.
– Il faudra être prudent sur la route des Quatre Vents, interjeta Shinddha, en laissant traîner mes oreilles la nuit dernière, j'ai appris que des bandits attaqués régulièrement les voyageurs.
– Qu'ils viennent et la justice divine de la Lumière s'abattra sur eux.
– Tu es toujours obligé d'être si sérieux quand tu parles de ton église ?
– Ma foi et mon devoir envers la Lumière ne sont pas matières à plaisanteries Bob !
– Excusez-moi ô Sire Inquisiteur, mais voyager avec quelqu'un comme moi n'est-il pas contraire à vos cantiques ? répliqua le mage, aimant par-dessus tout faire sortir son ami de ses gonds en questionnant ses convictions religieuses.
Il observa du coin de l'œil son ami demi-élémentaire se pincer l'arête du nez en prenant une profonde inspiration, mais son regard fut aussitôt distrait par la mâchoire du paladin lui faisant face qui se serra avec force. Balthazar sourit, satisfait.
– Je vous en prie messieurs, fit la voix de Grunlek, c'est tout bonnement ridicule de se chamailler ainsi à vos âges, vous ne croyez pas ?
Avant que Théo ou même Bob ne puissent riposter, l'aubergiste arriva avec un large plateau et un sac en toile pendu à l'avant-bras. Déposant le plateau sur la table, les quatre aventuriers se saisirent chacun d'une auge. L'homme tendit alors le sac au nain.
– Tenez, Messire von Krayn, voici le sac de vivre comme promis. Merci encore pour votre aide ce matin.
– De rien mon bon brave, nous terminons notre repas et reprenons la route sur-le-champ.
L'homme inclina la tête par reconnaissance et se retira de la salle principale. La suite du repas se déroula dans le silence, le seul bruit audible étant celui des couverts au contact des assiettes de bois. Grunlek paya l'aubergiste qui offrit le prix de deux chambres et les quatre amis rejoignirent l'étable où Lumière et deux autres chevaux les attendaient. Bob préféra marcher et attendre d'être un peu plus loin sur la route pour invoquer son fidèle Brasier.
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La route était calme et grâce au consistant repas de l'aubergiste, les aventuriers n'avaient même pas pris la peine de se poser quand le soleil eut atteint son zénith. S'ennuyant quelque peu, Bob tenta une nouvelle fois de provoquer son ami paladin. C'était devenu son passe-temps favori lors des longues traversées paisibles comme celles-ci. Son cerveau n'avait ni de solution à apporter à un problème quelconque ni de stratégies à élaborer, il était donc indispensable pour le pyromage de trouver une source d'occupation et si possible une occupation divertissante. Ennuyer le paladin était la seule activité remplissant tous les critères requis et même s'ils refusaient de l'admettre, Balthazar était certain que cela divertissait tout autant Shinddha et Grunlek.
Théo semblait être sur ses gardes, du moins plus que d'habitude. C'était peut-être dû à la mise en garde de l'archer du groupe le matin même lors du repas, mais cela expliquait surtout pourquoi Bob n'arrivait qu'à obtenir de son ami des grommellements reflétant plus l'indifférence du serviteur de la Lumière que de son irritation. Le pyromage se résolut donc à l'abandon et préféra discuter avec Grunlek le reste du voyage. Tout était calme sur cette route. Peut-être trop calme au goût de Théo, pensa le mage amusé. Cependant, alors que le soleil entamait la fin de sa course dans un ciel sans nuages, le groupe d'amis aperçut au loin comme une petite formation d'homme leur faisant face. Bob se saisit son bâton par réflexe, tout comme Shin qui se saisit de son arc. Le paladin avait, quant à lui, la main sur le pommeau de son épée.
– Ralentissez, ordonna Théo à son groupe.
– Vous pensez qu'ils sont hostiles ? demanda Grunlek.
– Une chose est sûre, répondit le demi-élémentaire, ce ne sont pas des bandits. Ces lâches n'attaquent pas de front.
– Je suis d'accord avec Shin, fit le pyromage et quand les hommes avancèrent un peu plus il ajouta, ils n'ont pas l'air d'être nombreux trois ou quatre à vue de nez.
– D'accord. Avançons, mais restons prudents.
Toujours prêt à se défendre en cas de besoin, la main de Balthazar serra un peu plus son bâton quand il distingua les membres du groupe face à eux. Deux hommes relativement grands et en armure lourde étaient en première ligne. Ils tenaient chacun leurs armes à deux mains et le demi-diable compris pourquoi quand il vit les imposants marteaux de fer. Rapidement son attention, ainsi que celle de ses compagnons, fut attirée par le mastodonte qui marchait quelques pas derrière les deux premiers hommes.
– Est-ce que cette chose est humaine ou est-ce que ces deux gus ont un ogre domestiqué ? lâcha Bob, visiblement sous le choc.
L'homme - car il s'agissait bel et bien d'un homme - devait mesurer dans les deux mètres de haut et était presque tout aussi large. Recouvert d'une armure visiblement fabriquée sur mesure, le mage pouvait tout de même deviner la musculature imposante du bougre. Son arme, identique à celles des deux hommes marchant devant lui, était légèrement plus imposante. Pourtant, il la soulevait avec aisance d'une seule main et la maintenait posée contre son épaule. Les hommes n'avaient ni bagages ni chevaux et ils étaient bien trop équipés pour être de simples voyageurs. Les hommes étaient chargés d'une mission et tout le groupe l'avait compris. Balthazar relâcha quelque peu la pression que son poing exerçait sur son bâton. Pour le mage, les deux groupes allaient se croiser en s'ignorant respectivement, même si Brasier pouvait les interpeller et après une heure de route supplémentaire, les aventuriers pourront poser le pied au sol et installer le camp pour la nuit.
Alors que les trois inconnus ne se trouvaient qu'à une demi-douzaine de mètres face aux aventuriers, l'homme de droite pointa le groupe de son marteau, Théo répliqua instantanément en dégainant sa lame. L'homme les interpella.
– Halte là, mes braves et calmez vos ardeurs, dit-il d'une voix rauque et autoritaire. Êtes-vous en provenance de cette taverne que l'on nomme Auberge de l'Anguille Folle à tout hasard ?
– Comment le savez-vous ? répondit Théo. Son attention étant trop portée sur la masse entre les mains de l'homme lui faisant face, l'inquisiteur venait de confirmer leur lieu de villégiature sans s'en rendre compte. L'épée toujours dégainée il ajouta, et ne me dites pas de me calmer quand vous êtes celui à me menacer de votre arme !
– Du calme l'ami, nous voulons simplement vous poser quelques questions, fit l'homme de gauche d'une voix plus légère. Il n'y a là vraiment pas de quoi nous échauffer.
– Quels genres de questions ? demanda Bob qui s'était avancé de quelques pas.
– Oh là, éloignez cette créature de moi, mage !
Théo regarda le demi-diable avec insistance et Balthazar recula.
– Que dites-vous de descendre de vos chevaux pour ainsi converser plus aisément, Messieurs ?
– Non cela ira, merci, répondit Grunlek un peu sèchement.
– Décidément votre petit groupe est bien éclectique, paladin ! continua l'homme de gauche en riant après avoir regardé le nain et son poney de haut en bas.
– Que voulez-vous ? demanda Théo qui commençait à perdre patience.
Le mastodonte prit alors la parole, Bob était étonné qu'il soit même doué du langage. Ordinairement ce genre de tas de muscles ne savait qu'utiliser leur force et non leur cerveau, même si les mots sortant de sa grande bouche pouvaient être décris comme étant quelque peu sommaires.
– On veut savoir où se cache cette petite vermine d'elfe !
– On ne sait rien, sur aucun elfe, maintenant laissez-nous passer.
– Pas si vite paladin, reprit l'homme de droite à la voix plus autoritaire, vous venez de nous confirmer venir de l'auberge, vous avez donc forcément croisé l'elfe !
– Écoutez messieurs nous ne savons pas qui vous êtes, commença le pyromage.
– Et honnêtement nous n'en avons rien foutre, coupa Théo.
Le mage se racla la gorge, ce n'était pas le moment de provoquer une attaque avec ces individus, pas si cette situation pouvait être évitée.
– Nous n'avons croisé aucun elfe sur notre route, continua-t-il, et permettez-moi de douter sur le fait qu'un elfe fréquente les auberges et autres tavernes. Maintenant veuillez obéir à mon ami et nous laisser poursuivre notre route.
Suite aux paroles du mage le géant adopta une posture plus offensive et répondit en grognant.
– Les Marteaux Noirs veulent la petite vermine aux oreilles pointues ! Pourquoi vous protégez l'elfe ? Le petit paladin et ses copains veulent jouer aux héros ?
– Nous ne protégeons personne enfin ! Cherchez donc dans la forêt, vous avez sans doute plus de chance de trouver votre elfe là-bas que sur la route, fit la voix de Grunlek sur un ton diplomatique.
Bob pouvait comprendre que Grunlek ne souhaitait pas s'engager dans un combat. Les aventuriers avaient certes l'avantage du nombre, mais face à la taille et à la puissance du colosse, un combat perdu d'avance s'annonçait.
Quant aux Marteaux Noirs, Balthazar en avait déjà entendu parler dans les plus grandes cités de ce monde. Il s'agissait d'une vieille guilde de mercenaires sans pitié que les plus riches engageaient afin de se débarrasser de leurs ennemis les plus puissants. Sentant que le danger d'une confrontation approchait de plus en plus, Bob soutenu son ami nain et tenta de calmer le jeu à son tour, alors même qu'il savait que le sang de Théo bouillonnait à cet instant précis.
– Pas la peine de nous énerver, vous l'avez bien dit vous-même. Nous sommes vraiment désolés de ne pouvoir vous fournir d'informations, Messieurs, mais nous ignorons tout sur cet elfe que vous cherchez.
– J'en doute fort mage, lança l'homme de droite. Sa tête est mise à prix, c'est de notoriété publique dans ce comté, mais si vous dites ne protéger personne, alors je suppose que vous le saviez déjà et que vous êtes, vous aussi, à sa poursuite. Cela fait bien trop longtemps que cette sous-race nous échappe, abandonnez et nous vous donnerons une bourse d'or.
Le pyromage ne comprenait pas un traître mot sortant de la bouche de l'homme en armure. Il leva les sourcils, un air interrogateur peint sur le visage.
– Les elfes ne sont pas du genre à créer des ennuis avec les humains, pourquoi avoir mis sa tête à prix ? questionna Théo.
– C'est nous qu'on les pose les questions, petit paladin. Crache le morceau et on te file les pièces, c'est comme ça que cela marche.
– Votre or ne nous intéresse pas, dit Grunlek, nous ne savons rien et ne voulons pas être mêlés à tout ceci.
– Le petit homme devrait se taire si c'est pour dire des mensonges ou je pourrais bien l'écraser.
– Putain, j'hallucine ou on est tombé sur trois champions, grommela le paladin avant de s'adresser au colosse. Hé ho, tête de piaf, tu menaces encore l'un de mes amis et la justice de la Lumière tombera sur toi ! Maintenant laisser nous passer, ordre de l'Inquisiteur Silverberg, paladin de la Lumière.
Shin sentant la tension montée d'un cran avait matérialisé une flèche de glace et il prit en joue le titan.
– Tss, tss. Ce n'est pas très gentil d'être menaçant de la sorte, Messieurs. Vous auriez simplement pu accepter notre généreuse offre et…
– Mais ça fait cinq minutes qu'on vous répète que l'on ne sait rien, bande d'abrutis !
– Le mensonge n'est-il pas proscrit par le cantique de votre église, paladin ?
– Mon cantique vous emmerde !
– Et bien je ne voulais pas en arriver là, mais il me semble que nous n'avons pas d'autre choix que de vous livrer aux Marteaux Noirs. Taark si tu veux bien t'en charger… Mais ne soit pas trop violent d'accord, je les veux vivants, fit l'homme de droite.
– Pas de problème, Boss.
Quand les deux hommes se mirent sur le côté pour laisser le champ libre au dénommé Taark, Shin décocha sa flèche qui vint se briser sur le plastron en fer du mastodonte. Ce dernier rit et se rua en courant vers les aventuriers, son pas lourd frappant vigoureusement le sol. Les quatre chevaux prirent peur, Grunlek et Shin furent désarçonnés et tombèrent au sol. Les chevaux firent demi-tour et prirent la fuite dans un galop effréné. Théo quant à lui parvint à maîtriser Lumière et chargea le géant de fer. Bob parvint aussi à maîtriser Brasier qui ne s'évapora pas sous le coup du stress provoqué. Il se concentra quelques instants et forma du bout de son bâton, une boule de feu qu'il lança sur l'homme à la voix mielleuse, celui qui avait eu peur de son cheval de flamme. Il le fit reculer du corps de Shinddha qui peinait à se relever après sa chute. Les deux hommes étaient munis de corde. Ils étaient donc sérieux quand ils ont déclaré vouloir les livrer à leur guilde de mercenaires. Bob n'eut cependant pas le temps de viser celui qui était considéré comme étant le chef de cette expédition. Du plat de son marteau, il en profita pour frapper Grunlek à la tête, assommant le nain pour de bon.
Au même moment Théo tenta de frapper le flanc de Taark qui n'était pas protégé par son imposante armure. L'épée entailla profondément la partie basse de Taark, près de ses hanches. L'homme poussa un grognement et se saisissant à deux mains de son marteau, il commença à tourner sur lui-même dans le but d'assommer Théo qui esquiva de justesse, déjà prêt à asséner un second coup d'épée.
– Grunlek ! hurla le pyromage. Merde, merde, merde !
Il se concentra de plus belle et tenta de faire éclater une nouvelle boule de feu, cette fois plus puissante afin de blesser sa cible. Il sentit l'énergie montée en lui soudainement et avec la force de sa colère l'aidant, Bob fit jaillir de son arme une vague de flamme puissante. Surpris par son propre sort, Balthazar tomba à son tour de sa monture, bien qu'ayant touché sa cible qui dans un cri de panique s'enflamma comme le bout d'une simple torche. Ce fut le crâne du mage qui vint heurter la terre en premier. Le choc de l'impact le désorienta.
Au sol, les yeux ouverts, Bob distinguait avec difficulté les quatre pattes de Lumière frappant la route avec fureur des deux jambes fortes et recouvertes de fer du colosse que Théo tentait d'abattre seul. Il pouvait aussi voir le corps encore en flamme du Boss, comme l'avait appelé Taark, près du corps inanimé du maître nain. Un bruit sourd parvint brusquement aux oreilles du pyromage qui était toujours confus suite à sa chute. Soudain, une forte douleur apparue dans son dos.
– On fait moins le malin maintenant, sale mage ! Je pense que nous n'avons plus d'autre choix que de vous achever. Le Boss a toujours eu un penchant pour les prisonniers, j'ai toujours su que c'était son point faible. Les Marteaux Noirs ne font pas de prisonniers.
Le second homme, dont la voix laissait désormais transparaître une folie meurtrière intense, était venu frapper Balthazar au sol. Le mage se tordit de douleur. Brasier a dû disparaître, pensa le mage. C'était la seule raison qui expliquait ce gain accru de confiance.
Le bruit d'une flèche que l'on décoche et qui file dans le vent, puis une seconde et une troisième et enfin un bruit sourd, encore.
Bob toujours à terre, se roula sur le côté pour faire face à l'agresseur dont la gorge rouge était transpercée de deux flèches. Shinddha avait réussi à se relever. Le mage était satisfait que son sortilège ait servi à quelque chose. Il savait qu'il pouvait puiser dans ses réserves pour se relever et à trois il était sûr que ses amis et lui-même pourront venir à bout de cette bête qu'était Taark.
Un hennissement perçant se fit alors entendre et Bob put entendre le cri de détresse de Théo suivi de cliquetis, le bruit d'une armure roulant sur le sol. Le géant avait dû finir par le toucher. Le mage entendit son ami demi-élémentaire jurer derrière son masque. Il n'avait pas vu la scène, mais à entendre l'intonation de Shin, Balthazar savait qu'il n'y avait plus que lui et l'archer.
– Bob ! Allez ! Lève-toi ! Je ne vais pas pouvoir le tenir tout seul encore longtemps. Son armure le couvre trop, il faut la faire fondre.
Le mage tenta de se relever, mais la peine dans son dos était encore trop vive et le fit grogner de douleur.
Le bruit d'une flèche que l'on décoche et qui file dans le vent, puis une seconde et une troisième. Cette fois, il n'y eut pas de bruit sourd, seulement un rire. Celui de Taark.
– L'archer veut jouer aux héros comme le paladin ? L'archer va finir écrasé comme ses trois amis.
Les pieds du colosse foulèrent la terre d'un pas rapide. Comment pouvait-il courir avec tout ce poids sur ses épaules, se demanda Bob. Le mage se mit à genoux avec difficulté et observa la violence d'un coup de pied porté par le géant dans l'abdomen de Shin qui, propulsé, alla s'écraser en bordure de route un peu plus loin. Comment un simple malentendu avait pu tourner aussi mal ? Physiquement épuisé, Balthazar ne parvenait pas à se concentrer suffisamment pour puiser dans ce qui lui restait de mana. Il était hors de question d'abandonner ses amis pour autant. Dans un ultime effort il tendit ses mains, faute de ne pas pouvoir atteindre son bâton et les plaça en direction de sa cible qui, sûrement trop occupée à contempler que faire subir de plus au corps de Shinddha, offrait son dos au mage.
Un torrent de flamme se manifesta soudainement à la gauche du mage, la force de la déflagration lui faisant presque perdre l'équilibre qu'il avait eu tant de mal à gagner. Les flammes naissantes aux creux de ses mains s'évanouirent aussitôt formées. Sa cape et ses longs cheveux bruns virevoltèrent. Une sensation de chaleur familière se propagea dans le corps du demi-diable. Il pouvait sentir l'énergie magique qui émanait de cette déflagration. Il pouvait sentir que cette magie était bien maîtrisée même si ce n'était la plus puissante qu'il lui avait été donné de ressentir jusqu'à présent au cours de ses nombreux voyages. Un cri grave et empreint de douleur se fit entendre pas moins de deux secondes plus tard. La montagne de muscles, prête à asséner gratuitement au corps de Shin un ultime coup de soleret, se fit emprisonner par le tourbillon de flamme. Le pyromage pouvait voir sur le sol comme la formation d'une flaque luisante dont la couleur argentée reflétait celles de la prison de feu. Une impulsion d'énergie se fit ensuite sentir, traversant le corps du demi-diable. La magie venait de s'intensifier et les flammes étaient devenues encore plus vives et plus rouges. Une chose intrigua le pyromage, une manifestation magique auquel il n'avait jamais encore assisté. De l'énergie électrique, bien que faible, se manifesta au cœur de la tempête ardente. Taark hurla de plus belle sentant sa très lourde armure fondre sur sa peau. Ses cris de douleur étaient entrecoupés de ce que Bob reconnaissait comme étant des prières l'église de l'Eau et le mage fut surpris qu'un mercenaire appartenant à une guilde réputée sans pitié, puisse avoir la foi. Taark supplia son dieu de faire cesser son calvaire avec ses mots simples. Les flammes continuaient de lécher l'armure et bientôt la peau de l'ennemi. Bob observait avec une fascination presque malsaine la manière dont les flammes et les éclairs déchiraient la chair de l'agresseur. Dans un ultime râle, Taark s'effondra à un mètre du corps du demi-élémentaire. Les flammes s'éteignirent un instant plus tard ne laissant plus que le spectacle morbide du corps calciné de l'homme en armure qui s'était recroquevillé sur lui-même dans la douleur.
À bout de force, le dos endolori, Balthazar s'écroula sur le sol regrettant amèrement le lit douillet de la veille. Il crut entendre au loin une respiration saccadée. Non, c'est sûrement la mienne, pensa-t-il. La dernière image nette que les yeux du pyromage imprimèrent fut celle d'une cape d'un rouge profond semblable à la sienne retombant contre de fines jambes plantées dans des bottes en cuir noir trop larges. Sa vision devint floue après cela et il vit une petite forme noire qui se dirigeait vers le corps toujours assommé de Grunlek. Il ferma les yeux et plongea à son tour dans un profond sommeil.
PS : Avis et critiques constructives sont toujours appréciés. J'espère en tout cas que ce premier chapitre vous aura plu ! À la prochaine, chers compagnons aventuriers. – A
