Bien le bonjour à vous qui passez par ici :3 (un conseil : tirez vous tant qu'il en est encore temps. Non ? Bon ben j'vous aurez prévenus, hein).

Herm herm herm. Donc… Nouvelle fanfic Pandora Hearts ! :D C'est ma première, donc y a plein de choses à revoir…N'hésitez pas à laisser des reviews, je mords pas :3

Disclaimer : Bon ben, Melody est à moi (muhahaha. Herm.), Acacia too, Nathalie too et c'est too..herm, tout. Les personages, l'univers de PH et Lutwidge appartiennent à Jun Mochizuki (et un jour, j'arriverais à écrire son nom sans regarder sur wiki, promis. x)).

Genre{s) : Romance, aventure, ptêtre un peu d'humour aussi .w.

Rating : K+

-Prologue-

J'ai lancé un dernier regard hésitant à travers la vitre de la carriole. Une page de ma vie venait de se tourner. Je voyais Sablier s'éloigner à chaque mètre de plus que la voiture parcourait. Au loin, là où se dressait auparavant une tour de pierre qui avait été réduite en débris par l'intervention de ces gens dont je ne savais rien, mais qui venaient de me sauver la vie, j'avais pu apercevoir le manteau rouge sang d'un des Baskerville. J'ai tout de suite pensé à Lotti, même si ça aurait aussi bien pu être Fang, ou Zai, ou n'importe lequel d'entre eux. Mais qui m'aurait regardée m'éloigner ainsi de mon monde, de ma famille ? Seule Lotti semblait me porter une affection qui eut pu justifier ce genre de conduite. Du moins le croyais-je. Cette nuit-là, alors qu'un fil venait d'être coupé, je me suis endormie sur le siège rouge de la carriole aux fresques d'or.

Quand je me suis réveillée, le lendemain, j'étais assise sur un canapé, dans une grande pièce, que plus tard, on m'aura présentée comme l'un des salons du siège de Pandora. La première chose que j'ai vue en me levant fut une jeune fille qui devait avoir environ mon âge, aux cheveux châtains tenus en arrière. Il émanait d'elle une aura qui forçait le respect, tout autant que ses habits riches, lesquels prouvaient qu'elle était issue de la noblesse.

« Break, notre invitée semble être sur pied, lança-t-elle à un homme que je n'avais pas vu jusque là.

Il devait être un peu plus vieux qu'elle, avoir dans les 28 ans, quelque chose de ce goût. Ses cheveux étaient blancs (en effet, vous avez bien lu) et souples, et une mèche cachait son œil gauche. Quant à son autre œil, le droit, il était rouge. Oui, rouge sang, pourpre, de la même couleur que la tenue que je portais du temps où j'étais membre à part entière de la famille Baskerville. Je reconnais que ça a eu le don de me mettre mal à l'aise avant même que les choses sérieuses ne commencent.

-Tiens, la Belle au bois dormant s'est réveillée, commenta-t-il sur un ton moqueur.

J'ai sursauté, sur la défensive, avant de cracher :

-Que me voulez vous ?

La jeune fille et le dénommé Break ont échangé un regard, puis ce dernier a poursuivi :

-Nous aussi, nous sommes enchantés de te rencontrer.

J'ai ravalé ma salive. J'allais commencer à dire quelque chose, quand il a reprit :

-Et pour répondre à ta question, nous ne te voulons aucun mal.

La blonde –la fille aux cheveux châtains, pardon- s'était approchée de moi entre temps. Disons que j'accusais encore le coup. J'étais je-ne-savais où, avec deux personnes on ne pouvait moins normales, et j'avais tout juste était arrachée à ceux que j'avais toujours considérés comme ma famille. Alors quand elle a posé sa main sur mon avant bras, oui, je le reconnais, j'ai un peu eu peur. Et je lui ai –presque, n'exagérons rien- retourné le bras. Ce qui lui a arraché un gros cri de douleur.

-Sharon Chan ! s'est écrié Break, sans se soucier de moi.

Sharon ?... Non, ce n'était pas possible. Elle ne pouvait pas être… LA Sharon ? Sharon Rainsworth, fille de Shelly Rainsworth et future Duchesse ? Oh, mon dieu. Qu'avais-je fais ?

Elle avait la tête baissée. Je l'avais lâchée, bien sûr, mais elle se tenait encore le coude tant elle avait eu mal. Je n'étais pas violente, j'avais juste eu une réaction un peu excessive ce jour là. D'un coup, je me suis sentie très mal. Qu'est-ce qu'ils allaient faire de moi, maintenant ?

Sharon a relevé son visage. Je m'attendais à ce qu'elle me menace. Qu'elle hurle. Qu'elle me frappe. Qu'elle demande à me faire tuer. Qu'elle essaie elle-même de me tuer, sur le champ. Qu'elle se mette à me torturer et à me faire subir les pires souffrances possibles et imaginables. Oui, j'étais un peu paranoïaque sur le coup, mais j'avais vraiment peur.

Au lieu de tout ça, elle a souri. Elle s'est tourné vers son… Servant, je suppose. Ou quelque chose du genre, puisqu'il l'avait appelée « Sharon Chan ». Hum. Ça devenait assez gênant.

-Tu pense comme moi, Break ?

Ils échangèrent un regard rempli de malice.

-Huhum. Oui, il semblerait.

« Je suis censée avoir peur d'eux, là, non ? »

C'est seulement à cet instant que j'ai remarqué la présence d'une… Poupée ? Effectivement. Il y avait une poupée sur l'épaule de Break. Une petite poupée à la peau bleue, avec une queue de cheval brune. Qui venait de parler. Avec une voix bizarre, certes, mais elle avait parlé.

-Vous pensez vraiment qu'elle va faire une bonne recrue pour Pandora ?

-Eh bien, on va bientôt le savoir, Emily. »

Sept mois plus tard.

J'ai déposé mes affaires à côté de mon lit, recouvert par un drap bleu. Tout était bleu, ici. Je n'avais pas croisé beaucoup d'élèves dans les couloirs- et pour cause, ils étaient certainement tous en cours à cette heure-ci. Je suis restée quelques instants à contempler mon uniforme blanc. La chambre était assez spacieuse, mais j'aurais toujours préféré avoir un espace vital plus petit, mais juste à moi. Ça m'embêtait de partager ma chambre avec une autre fille, surtout une inconnue. En fait, le plus étrange pour moi, c'était de me dire que j'allais me retrouver avec des gens de mon âge. Je n'avais aucun problème psychologique ou social –merci bien- mais ayant passé toute ma vie avec des personnes plus âgées (comme l'étaient la plupart des Baskervilles, à part de rares exceptions, mais bien plus jeunes que moi à ce moment là), je ne savais vraiment pas comment ça faisait d'avoir des amis. J'étais précisément en train de me dire que j'étais vraiment bizarre quand elle est entrée dans la pièce.

On s'est dévisagées pendant quelques secondes, elle avec étonnement, tandis que je ressentais plus une sorte de curiosité à son égard. Il faut dire qu'on ne se ressemblait pas du tout. Elle portait une queue de cheval brune, très élégante, ainsi que son uniforme scolaire d'un blanc éclatant. Ses yeux d'or brillaient de surprise alors qu'elle m'observait des pieds à la tête. Le silence qui a suivi m'a semblé durer une éternité. Puis elle s'est exclamée :

« Eh, tu dois être Melody, c'est ça ? Bienvenue à Lutwidge !

…D'accord. Là, elle avait dû avoir du mal à trouver plus classique comme réplique. Mais je n'ai pas focalisé dessus : après tout, c'est le geste qui comptait. J'ai hoché la tête avec un enthousiasme fictif, bien que stimulé d'une façon très crédible. Elle a donc poursuivi :

-Enchantée, je suis Acacia Edwards.

Elle m'a tendu une main impeccablement manucurée. Je n'ai pas osé lui demander si elle était de Réveil ou étrangère, ou encore si elle était noble, depuis combien de temps elle étudiait à Lutwidge… J'aurais eu des milliers de questions à lui poser, mais je ne voulais pas risquer de gâcher les bases de notre amitié. J'ai affiché un grand sourire, et je lui ai serré la main, ce qui m'a fait assez bizarre. En même temps, c'était assez prévisible : étant une des trois meilleures universités du pays, Lutwidge accueillait tous les petits gosses de riches du coin. Je ne critiquais pas, hein. Je n'avais rien contre les riches, du moment qu'eux-mêmes ne se considéraient pas comme supérieurs par rapport à leur seul titre. Enfin.

-Melody. Contente de te rencontrer.

Oui, il fallait bien varier les formules de politesse.

-Parfait, continua-t-elle sur un ton voulu accueillant, ou quelque chose du style. On t'a déjà fait visiter, je suppose ?

-Non, ils étaient tous trop occupés. (je lui ai adressé un petit sourire gêné en guise d'excuse.) Hu, tu sais où je peux ranger ma valise, après ?

Moi, changer de sujet ? Non, pas du tout. Elle a fait un geste de la main, comme pour chasser mon embarras. Allons bons.

-Pas de soucis. Pour ta valise, tu n'as qu'à la glisser sous le placard, si elle est trop épaisse pour ton lit. Ça te dérange que je fasse mes maths avant de te faire visiter ?

-Non, c'est bon. Merci encore.

-De rien, je t'ai déjà dit.

Quelques instants plus tard, elle avait fini. Elle a poussé la chaise du bureau, laquelle a grincé au sol.

-Ok. Au fait, j'ai une amie dans la même classe que toi, elle pourra te montrer les salles en temps réelle, ça te convient ?

-Oui, bien sûr.

-Super.

On a quitté la chambre, et elle a commencé à m'entrainer vers une grande pièce au sol bleu, décorée de part et d'autre par plein de lampions colorés et remplie de tables de bois, elles-mêmes vêtues de nappes. Elle a commenté :

-Le réfectoire. Ils n'ont pas encore enlevé les décorations de la Sainte Brigitte, mais ils mettent toujours un peu de temps à se mettre à jour. »

Elle m'a ensuite montré successivement les dortoirs des filles, ceux des garçons, les bâtiments de cours- sans particulièrement s'attarder sur les différentes salles- le gymnase, la blanchisserie, l'infirmerie, les casiers, les bureaux de la direction, les salles de dessin, la bibliothèque, la salle de musique. Nous ne sommes pas entrées dans cette dernière car elle était occupée. J'entendais vaguement la musique, mais très vaguement. Sauf que le morceau me disait quelque chose. Quelque chose de très familier, en plus. Soudain, j'ai compris.

« Lacie, ai-je murmuré, surprise.

-Mhm, tu dis ?

J'ai regardé Acacia en me maudissant moi-même.

-Non, rien, je connais le morceau.

-Ah bon, tu es sûre ? Tu dois confondre, c'est Elliot qui l'a composé.

J'ai levé un sourcil, intéressée, le regard mi septique, mi ironique.

-Certaine. J'ai déjà entendu jouer ce morceau chez moi. Il s'appelle Lacie, si tu voulais vérifier.

-Je demanderais à Elliot, si tu veux.

-Merci, c'est gentil. »

Nous avons échangé un sourire amical, avant de revenir sur nos pas. A l'heure du dîner, Acacia m'a présentée avec ses amies, parmi lesquelles se démarquaient Ada Bezarius-oui, LA Ada Bezarius- ainsi qu'une autre noble de haut rang dont j'avais oublié le nom. Toutes m'ont bombardé de questions, auxquelles j'ai répondu avec enjouement. Break m'avait demandé de m'intégrer au mieux pour pouvoir recueillir le plus d'informations, et même si je doutais qu'on confie à des gamines de seize ou dix-sept ans des informations importantes -du genre de celles que je recherche Pandora- je voulais m'appliquer et suivre les ordres à la lettre. Pour prouver mon utilité à Pandora. Pour ne pas qu'on me laisse tomber là bas. Je pensais avoir trouvé ma place –une place, au moins- et je ne voulais plus la quitter. D'autant que ladite place m'avait permis d'être acceptée dans la seconde meilleure Académie du pays, et d'être adoptée par une famille de nobles –certes, ce n'était pas comme si j'avais été adoptée par une des familles ducales, mais des nobles restaient des nobles, et je m'entendais plus ou moins bien avec ma famille adoptive.

Même une fois le repas terminé, les filles ont continué de m'abreuver d'interrogations plus ou moins utiles. Je n'en avais pas marre- ça avait beau être bizarre et nouveau pour moi, j'aimais bien l'idée d'avoir de vrais amis, chose qui m'était impossible et impensable chez les Baskerville. Alors je répondais franchement, tout en constatant qu'en fait, j'avais de nombreux points communs avec la plupart des filles.

« C'est quoi ta couleur préférée ?

-Vert émeraude.

-Tu joues de la musique ?

-Non, mais je chante un peu.

-Et c'est quoi ton animal préféré ?

-J'aime bien les loups. Et les chats aussi.

Ada m'a adressé un sourire chaleureux, avant de s'exclamer :

-Moi aussi ! J'en ai trois si tu veux, tu pourras venir les voir après le repas !

Je n'irais pas dire que je m'en tapais- même si c'était proche de la vérité, ça n'allait pas à ce point là. Mais quand même, j'avais quelques autres priorités, genre défaire ma valise, me laver, vérifier que mon uniforme soit à ma taille- ah, et dormir, aussi. Mais je ne pouvais pas rejeter sa proposition si je voulais me faire des amies. Enfin, c'est ce que je croyais. Je lui ai donc répondu :

-Merci, c'est gentil ! Tu es en quelle chambre ?

-207, a-t-elle minaudé avec sympathie.

Bon, même si elle me tapait un peu sur le système par moments (et par moments seulement, parce qu'en général ça allait.), j'appréciais déjà Ada Bezarius. Les employés ont fini par nous virer de la cantine, et Ada en à profité pour me montrer sa chambre. Après avoir passé quelques minutes à discuter avec elle, je suis retournée dans ma chambre en 220 et je me suis lourdement laissée tomber sur le lit.

-Eh bien, murmura Acacia, on peut dire que t'es fatiguée.

-Tu m'étonnes. »

J'ai poussé un long soupir, avant de me redresser d'un bond. Avec tout ça, je n'étais même pas allée me laver. Ni essayer mon uniforme. Ma valise était toujours en plan sous l'armoire. Et bien entendu, je n'avais toujours pas dormi. La vie à Lutwidge promettait bien. J'ai attrapé une serviette et une robe de nuit et je me suis enfermée dans la salle de bain. Encore heureux, nous en avions une dans la chambre. Ainsi que des toilettes. Ça au moins, c'était bien. Une fois lavée, je me suis glissée sous ma couette. Je n'ai pas eu à attendre longtemps que le sommeil vienne me trouver.

Le lendemain matin, à six heures vingt seulement, une voix distraite m'a tirée du sommeil-celle d'Acacia, bien sûr.

« Désolé, s'excusa-t-elle, je savais pas combien de temps tu prendrais pour te préparer, alors j'ai préféré te réveiller tout de suite. Les cours commencent à sept heure trente cinq, mais le self ouvre à sept heure moins dix, et dès cinq, il est noir de monde.

-Pas de soucis, l'heure me va très bien. »

J'ai enfilé mon uniforme –lequel m'allait à merveille, par chance- et je me suis brossé les cheveux. Je suis restée quelques secondes à me demander comment les coiffer, quand j'ai opté pour les laisser détacher- heureusement, ils étaient lisses, comme tout le temps. Nous nous sommes rendues au réfectoire, où nous avons retrouvé Ada et les autres. Les filles se sont toutes assises à une table avec leurs plateaux, tout en discutant. Je les ait imitées. Olivia (laquelle était la noble dont je ne me souvenais plus du nom hier) a commencé à me parler de nos professeurs, puis le sujet à viré dessus pour toute la table. Les filles allaient d'anecdotes en anecdotes, d'histoires en histoires, de souvenirs en souvenirs. Puis Olivia a sorti sa montre de sa poche, avant de s'exclamer en catastrophe qu'il était déjà sept heure et demi. Je n'avais pas vu le temps passer. Ada m'a souri chaleureusement.

« Oh oui, je te l'ai pas dit, mais on est dans la même classe !

Je lui ai rendu son sourire, tout en pensant que Break serait content. Enfin, qu'est-ce que je racontais, bien sûr qu'il devait être content, puisque c'était certainement lui qui m'avait placée dans cette classe.

-Super, ai-je lancé avec sincérité.

Le cours qui a suivi était un cours de littérature. La moitié des élèves dormaient, le huitième faisait des cocottes en papier et les trois huitièmes restants suivaient – à peu près- le cours. Le professeur ne s'était pas étendu à mon sujet. Oui, bon, voilà, la classe avait une nouvelle élève, votre attention s'il-vous-plait. Elle s'appelle Melody White et elle est arrivée hier. C'est bon, vous pouvez retourner dormir maintenant. En fait, même si j'exagérais, c'était à peu près ça. Oui, je pensais qu'on allait me demander de me présenter, ou je ne sais quel autre truc du genre. Certes, j'avais regardé beaucoup de séries télé américaines, et alors ? Bref. J'étais assise entre Ada et Carla, une de ses multiples amies – laquelle restait avec Ada seulement pour les cours, car toutes les deux s'étaient retrouvées toutes seules. Encore heureux, il y avait une table de trois places. Sauf que la brune-oui, car elle était brune en plus- avait insisté pour que je me mette au milieu. Soi-disant pour pas que je me sente exclue. Ou alors pour être débarrassée d'Ada, peut être. Huhu, on dirait que je devenais mauvaise langue. Mais non, c'est juste l'impression que la brune me donnait. J'aimais beaucoup Ada, MOI au moins. Hahum. Le cours s'est poursuivi comme ça, sans accroc particulier. Puis la fin de l'heure a sonné. Quand j'ai demandé à Ada ce qu'on avait comme cours après, elle a poussé un soupir :

-Rien, malheureusement. Le professeur de sciences naturelles est absent depuis trois semaines et on ne l'a toujours pas remplacé.

Bien évidement. Ça devait tomber sur ma matière favorite, hein. (La deuxième, mais bon. Quand même.). J'ai alors repensé à ce que m'avais dit Break quand je lui avais dit que j'aimais bien les sciences. « Ça tombe bien, il paraît que vous avez un bon professeur. » Il avait dit ça avec un grand sourire, qui lui montait jusqu'aux oreilles. J'aurais du me douter d'un truc, quand même. Rah. Je me suis promise que la prochaine fois que je le verrais, je me vengerais pour ça. L'enflure. Break ? Je te hais. Ada m'a tirée de mes rêveries de représailles.

-Tu veux faire quelque chose en particulier ?

-Boarf, je veux bien passer à la bibliothèque si ça te va.

-Parfait ! (elle m'a fait un clin d'œil.) Je dois juste prendre un truc dans ma chambre, je te rejoins là-bas !

Heureusement, j'avais mémorisé le chemin de la bibliothèque. J'ai manqué de pousser un cri quand j'ai ouvert les lourdes portes. Elle était immense. Immense, et vide. Il n'y avait pas un chat. C'était assez inquiétant, même si j'avais plus ou moins l'habitude. J'ai mis quelques instants à trouver le rayon qui m'intéressait- celui des romans d'aventure. J'ai pioché un bouquin au hasard- « Holy Knight », le chevalier Sacré- et décidant qu'il avait l'air bien, je l'ai rangé dans mon sac, quand j'ai entendu une voix me lancer sur un ton neutre qu'il fallait noter les livres qu'on empruntait sur le registre. Je me suis vivement retournée pour faire face à celui qui me parlait. Il était brun, les cheveux un peu longs et en bataille, une paire de grosses lunettes aux verres ronds posée sur le nez, et qui lui cachaient le visage.

-Ah, euh… Merci.

-De rien, et bienvenue au passage (mais qu'est-ce qu'ils avaient tous à me souhaiter la bienvenue ?). Melody, c'est ça ?

-Ouais, merci.

-De rien (bis.). Je suis Léo.

Je lui ai souri (moins sincèrement que je souriais aux filles, certes) et je suis partie. Ou plutôt j'ai détalé comme un lapin. Je ne savais pas pourquoi, je trouvais ce type étrange. Il me rappelait quelqu'un. Ou quelque chose. Sauf que je ne voyais pas du tout quoi. Je suis donc retournée à l'entrée pour trouver le fameux registre. Il était posé sur une des nombreuses tables de l'entrée de la bibliothèque – quoi que la plus proche de la sortie, gardons un peu de logique. J'ai jeté un œil. C'était un gros bouquin de cuivre aux pages jaunies. Apparemment, il n'y avait pas foule ici. C'était compréhensible. J'ai regardé les noms des dernières personnes à avoir emprunté. Il y avait Fanny Swann, MC Evans (si vous préférez, la personne n'avait pas jugé utile de laisser son prénom en plus de son nom), Léo Nightray (allias la personne que je venais de croiser, si vous avez la mémoire courte. Tiens, Nightray ? J'étais intriguée. De toute évidence, ce n'était pas un noble à proprement parler. Un servant ? Sûrement.) et Elliot Nightray. Eh, mais... La conversation d'hier avec Acacia m'était soudainement revenue. Alors, le gars qui avait soi-disant composé Lacie était également un habitué de la bibliothèque. J'étais en train de penser à ça quand une voix glaciale m'a coupée.

-Eh, tu te dépêche un peu ?

Je me suis tournée (en effet, encore.) pour voir qui était l'imbécile qui avait dit ça. Et je me suis retrouvée devant un garçon de mon âge, un peu plus grand que moi, fin, les cheveux blond cendré et courts, le regard d'un bleu glacial. Je reconnais qu'il était beau. Sauf qu'en cet instant précis, j'avais surtout envie de lui foutre une bonne baffe (muhuahaha ?). Enfin, Break m'avait demandé de m'intégrer. Alors c'était peut être pas une très bonne idée. J'ai attrapé le stylo plume, et j''ai commencé à remplir la ligne du tableau qui m'était destinée.

«Holy Knight », 17 septembre, Melody Baskerville.

Le blond m'a regardée d'une façon bizarre. J'ai levé un sourcil en l'air. Quoi, encore ?

-Je peux savoir ce que je t'ai fait ?

Je l'avais dit d'une façon calme et posée. Enfin, dans ma tête, en vrai un peu moins. Encore heureux, il ne s'est pas énervé.

-Melody Baskerville ? demanda-t-il, septique, tout en mettant l'accent sur le Baskerville.

J'ai alors compris la gaffe que je venais de faire. Non. Quand même pas…. Je ne pouvais pas avoir fait un truc aussi c*n, non ? En attendant, l'autre imbécile blond venait de me sauver la vie, bien qu'involontairement. Quelle cruche je faisais. Marquer mon ancien nom- mon vrai nom, plutôt- à la place de l'actuel. Je me serais fait tuer par les autorités de Pandora s'ils avaient vu ça. Et maintenant, je faisais comment pour corriger la lancée ?

-Ouais, c'était un délire avec une amie. Soi-disant que j'avais des élans sadiques des fois.

Il a levé les yeux au ciel.

-Bref, merci, je corrige.

J'ai barré consciencieusement le « Baskerville », et à côté, j'ai marqué en lettres appliquées « White. » Je ne voulais pas qu'il voie que je tremblais.

-Et je suis censé trouver ça normal qu'une fille comme toi connaisse l'existence des Baskerville ?

J'ai failli m'emporter. Déjà, le « une fille comme toi » ne m'avait pas plu. Il s'était vu, ce sale petit gosse de je ne sais quels riches débiles ? Non mais oh. Et puis, c'est quoi cette question ? Je ne voyais rien à répondre. J'ai pris le premier truc qui m'est passé par la tête.

-On est cultivé ou on ne l'est pas.

Ajoutez à cette réplique strictement débile un air moqueur, un clin d'œil et une jolie fille qui tourne les talons sous les yeux ébahis d'un gars qui l'emm*rde depuis bientôt cinq minutes, et vous aviez la scène.

-C'est quoi ton…

-Elliot, et si tu la laissais tranquille un peu ?

J'avais reconnu la voie de Léo, celui qui m'avait dit qu'il fallait que je note dans le registre mon emprunt. Alors que je songeais que c'était un peu à cause de lui que tout ça avait commencé, quelque chose à fait tilt dans ma tête. Elliot ! Alors c'était lui qui disait avoir composé Lacie. Et accessoirement, il était le futur duc Nightray. Que je venais de le traiter –mentalement, mais quand même. Ah, et j'oubliais, qui était très beau. MAIS VDM, QUOI !

Huhum, reprenons. Je lui ai fait face.

-C'est toi qui a composé Lacie, c'est ça ?

Il a paru surpris, pour changer. Puis il a claqué, sur un ton sec :

-Mais qu'est-ce que vous avez tous avec cette chanson ? Oui, c'est moi. Et alors ?

-Et alors rien, sale menteur.

Ouais, enfin c'était sorti tout seul. J'ai un peu regretté, sur le coup.

-Comment ça, sale menteur ? (alors que je l'avais laissé tomber, il m'a attrapée par les épaules, brusquement.) Eh, je te parle ! Réponds !

Je me suis lentement tournée vers lui. J'étais d'une nature particulièrement sociable, mais ma patiente avait atteint ses limites, et mon ton ne devait pas être des plus doux, d'autant plus qu'une irrésistible envie de le baffer m'avait prise. Enfin bon, c'était l'héritier Nightray, quand même.

-Comment tu expliques que je l'ai déjà entendue ? Ailleurs ?

Je n'ai pas pris la peine d'attendre une réponse de sa part, ou même de voir sa réaction. J'ai tourné les talons, pour de bon cette fois, et j'ai quitté la bibliothèque. A travers la cloison de bois, j'ai entendu Léo marmonner à l'autre :

-Elly, tu aurais pu être mon agressif quand même.

-Eh, tu pourrais pas te ranger de mon côté, pour une fois ? Avoue qu'elle aussi, quand même. Et puis oh, tu es mon valet quand même, tu pourrais me soutenir un peu des fois ?

Léo a soupiré. La suite, je ne l'ai pas entendue parce que j'étais déjà sortie. En chemin vers ma chambre, je suis tombée sur Ada. Tiens. Je l'avais oubliée.

-Melo, ça va ?

J'ai grimacé.

-Oh, non, pas Melo, s'il te plait. Tout, mais pas ça. Et bof, j'ai pu rencontrer le charmant Elliot. Et son valet.

Elle a eu un regard inquiet vers moi.

-Tu sais, il ne faut pas lui en vouloir, il est toujours comme ça, mais au fond, il est gentil et tu peux lui faire confi…

-Tu sers ça à tout le monde, Ada ?

Nous avons pivoté sur nos pieds en même temps. Ada a affiché une mine rassurée.

-Oh, Carla, ce n'est que toi.

-La dernière fois, tu as dit exactement la même chose à ton cher petit frère l'intrus, tu te souviens ? Dis, tu serais pas un peu amoureuse du Nightray ?

La brune portait un regard ironique sur la blonde, tandis que cette dernière rougit violement.

-Non, pas du tout. De toute façon, tu sais bien que je suis déjà en couple.

-Avec qui ? me suis-je enquise avec excitation.

Ada, elle, se mordillait la lèvre.

-Un gars que vous ne connaissez pas.

-C'est bien la le problème, ma petite Ada, ria Carla. Tu nous en parle souvent, mais on ne l'a jamais vu. Moi, je suis sûre que tu as un truc avec Elliot. J'en mettrais ma main au feu.

-Hum, lâcha Ada. On en était où déjà ? Ah oui, Melo. Pourquoi pas ce surnom ?

-Trop de mauvais souvenirs.

Adverbe+adjectif+nom, ceci n'est pas une phrase. Hum.

-Oh. (elle semblait déçue.) Alors Melly, ça te va ?

-Si tu veux, c'est parfait. De toute façon, tant que c'est pas Melo, tout me va.

-Même Dydy ?

J'ai lancé un regard assasin à Carla.

-Oui, même Dydy, Carlita.

-Kss.

La suite de la journée se passa normalement, si ce n'est que je me rendis compte que j'étais dans la même classe que Léo et Elliot. Quel malheureux incident. D'ailleurs, ça ne m'aurait pas étonné que Break se soit également arrangé pour. Deux fils de Ducs dans une même classe, ça sent plus ou moins le coup fourré. Enfin. Cours de mathématiques, encore cours de mathématiques, repas, cours de dessin, cours de littérature. Fin de la journée. Palpitant, me direz-vous. Eh oui. Bon, j'avais vraiment été à l'école que quelques semaines plus tôt, en attendant que Break m'arrange un coup et que je sois acceptée à Pandora. Soit deux semaines, mais ça m'avait suffi. Les gens n'aimaient pas beaucoup les nouveaux élèves, là bas. Enfin. Je suis retournée dans ma chambre après. Acacia (quand même, je la plaignais pour avoir un tel prénom, la pauvre.) y était déjà installée. Elle faisait ses devoirs, et m'a brièvement saluée avant de replonger dans ses exercices de géométrie. Alors qu'elle semblait plancher sur un problème et que j'avais fini le peu de devoirs qu'on m'avait donné, elle m'a demandé un peu d'aide. J'ai regardé l'exercice. Je sais, on voit très bien venir la suite : j'ai résolu d'un coup de pouce l'exercice parce que je suis la fille parfaite, avec une intelligence hors limites, et patati, patata. Eh bien oui, j'ai résolu l'exercice, mais pas d'un coup de pouce. J'ai bien mis dix minutes, et je n'étais pas seule. Et non, je ne suis pas particulièrement plus intelligente que les autres personnes. Je me situe un peu au dessus de la moyenne, vers les 15- c'est ce que m'ont dit les membres de Pandora qui m'ont fait passer des tests pour vérifier mon niveau avant mon entrée à Lutwidge. Et re-non, je ne suis pas parfaite. La preuve : je suis susceptible, trop timide, bornée (non, pas têtue. Bornée.), imprudente (dites suicidaire si vous préférez, pour moi c'est pareil.), méfiante, bref, un tas de défauts, et j'en oublie. J'ai beau être assez sociable et m'intégrer plus ou moins facilement malgré ma timidité maladive, je peux m'énerver facilement. Sans le montrer, bien sûr. Après, encore heureux, oui, j'ai des qualités. Je suis sociable, comme je me borne (huhu) à vous le répéter depuis cinq minutes. C'est pour que vous vous en souveniez, vous et votre mémoire de souriceau. Et puis je pense aux autres. On peut dire que je suis plutôt gentille, en règle générale. Et altruiste. Un petit peu courageuse, du moment qu'il ne s'agit pas d'aller vers les gens. Mais en général, les gens viennent plutôt vers moi, alors c'est bon. Bon, je me perds dans mes pensées, là. Ah oui, ça me fait penser, je suis assez rêveuse aussi. Mais bref.

Je me suis écrasée sur mon lit avec l'élégance d'un sac à patate, sous le regard amusé d'Acacia, laquelle a fait de même, avant d'attraper un gros livre vert dans son sac. J'en ai profité pour l'observer. Elle, sa queue de cheval brune bien lissée, son uniforme méticuleusement repassé, sans un pli, ses yeux dorés et ses beaux cils. Elle devait avoir un succès monstre auprès des garçons. En fait, si la fille parfait existait, je crois qu'elle lui ressemblerait un peu physiquement. Elle me faisait penser à ça, je savais pas pourquoi. Enfin, elle avait sûrement des défauts aussi. J'étais certaine qu'elle était perfectionniste. Et maniaque. Allez savoir pourquoi.

J'ai décidé de ranger mes affaires. Une fois ma tâche accomplie, Acacia étant sous la douche, j'ai attrapé un stylo et un papier de sous mon étagère. J'ai griffonné quelques mots à l'intention de Break. Il devait sûrement avoir des problèmes plus importants à gérer, mais j'étais un peu fière d'avoir réussi à m'intégrer dans le cercle très select (oui, c'est ironique) des amis d'Ada Bezarius. Et dans celui, sûrement moins select, des personnes méprisées par Elliot Nightray. Oui, j'ai bien mis « méprisées par », et pas « qui méprisent. ». Je n'arrivais pas à mépriser Elliot. Peut être à cause de ce que m'avait dit Ada. Ou bien de ce que Carla avait dit au sujet de la probable relation Ada/Elliot. Ils auraient pu former un joli couple si Elliot avait eu un caractère plus facile. Enfin, ce n'était pas trop mes affaires. Une fois ma lettre terminée, avant d'aller la mettre dans le casier de je ne sais quel intermédiaire qui se chargerait de la faire passer à Break, je me suis regardée dans le miroir. Je portais encore mon uniforme. La lumière de la fin de journée illuminait encore mes cheveux blonds clairs, lesquels étaient restés bien lisses pendant toute la journée. Gentils cheveux. J'en ai profité pour appliquer un peu de mascara sur mes cils. Je me suis dit que je devais vraiment m'ennuyer pour faire un truc pareil, mais bon. En fait, ça allait bien avec mes yeux bleus, dont la teinte s'approchait de celle de l'océan. J'ai coincé une mèche de cheveux qui me barrait le visage derrière mon oreille droite. J'étais assez jolie. Je n'avais rien de spécial, physiquement parlant, mais je n'étais pas non plus hideuse. Bon, j'avais un tout petit nez. Mais sinon, j'étais assez mignonne. Enfin, voilà quoi. Je n'aimais pas trop me décrire moi-même, ça peut se comprendre. BREF, donc.

Acacia est sortie de sous la douche en chantonnant. Elle s'est tournée vers moi et m'a lancé, l'air de rien :

-Ah, tiens, ça te va bien aussi les cheveux comme ça.

Mais oui, Acacia. Saches, très chère, que je me baladais avec les cheveux comme ça depuis mon arrivée à Lutwidge. Soit environ une quinzaine d'heures, si je ne comptais pas mon temps de sommeil –remarque, si ça se trouve, elle matait mes cheveux pendant que je dormais. Aourf, ça devenait flippant, tout ça. Hum, hum.

-Ah, merci. Quoi de neuf ?

-Rien de spécial. Je me suis tapée un treize en maths, mais grâce à ma nouvelle camarade de chambre, j'ai des chances de m'améliorer, au moins.

J'ai un peu rougi. Bon, ok, ça contredit ce que j'ai dit tout à l'heure comme quoi je n'étais pas si intelligente que ça. Disons que je suis assez douée en mathématiques. Et normale pour le reste. En fait, je m'en suis rendue compte que quand Break m'a fait passer ces fichus tests pour connaitre mon niveau scolaire. Et puis tant qu'on y est, j'écris, aussi. Des nouvelles, des poèmes, des trucs comme ça. Il paraît que j'écris plutôt bien. Mais ça ne m'empêche pas d'être une vraie quiche en littérature. Bref, Acacia venait de me faire un compliment, j'aurais peut être dû le lui rendre, ou au moins la remercier, non ? Hum. Allons-y, ma petite Melody. Oh, et puis zut. Melody l'associable était de retour, et elle avait visiblement trop la flemme de parler. Je me suis contentée d'un petit sourire, tandis qu'elle a continué.

-Et toi, ça s'est bien passé ?

-Mhm. J'ai rencontré Carla en cours. Et Léo et Elliot Nightray à la bibliothèque, aussi.

-Ah, les deux associables de service. Le pire, c'est qu'Elliot est plutôt sympa, au fond. Je sais pas pourquoi ils tiennent tant à se tenir à l'écart. Enfin bon, c'est leur vie aussi. »

J'ai hoché la tête ; je comprenais tout à fait. Dans un sens, j'aurais fait exactement la même chose si les raisons pour lesquelles j'avais intégré Lutwidge étaient différentes-pareilles à celles qui avaient poussé Elliot et Léo à étudier ici, en fait. Je me sentais un peu plus proche d'eux, au fond. Mais pour combien de temps ?