behind blue eyes

Bon, après moultes hésitations et quelques encouragements (elle se renconnaîtra ^^ merci encore !), je me lance et publie cette première fiction. Soyez indulgents !

La scène se déroule à la fin de l'épisode 15 de la saison 2 Booked solid.

Chapitre 1

Qu'avait-il donc dans la tête ? Pourquoi avait-il prononcé ces quelques mots qu'il regrettait maintenant. Il est vrai qu'au départ, il s'agissait d'une idée plutôt plaisante. Zoé est une très belle femme, séduisante, sensuelle et doté d'un sens de l'humour proche du sien. Leur connexion avait été immédiate lors de leur première rencontre et les suivantes l'avaient confirmé. Mais maintenant qu'ils se trouvaient dans la suite penthouse de l'hôtel qu'Harold venait d'acheter, assis l'un en face de l'autre dans le salon privé à siroter une coupe de champagne, il se demandait où allait mener ce coup de tête. En regardant les longues jambes de Zoé se croiser et se décroiser laissant deviner ce que pourrait être cette soirée et cette nuit, Reese se dit que ce n'était peut être pas la meilleure idée du siècle…

- Tu n'es pas très bavard ce soir, John, murmura Zoé en rejetant ses longs cheveux bruns derrière son oreille d'un geste de séduction.

Reese ne dit rien, se contentant de boire son verre. Les yeux mi-clos. Son esprit oscillait entre l'envie de poursuivre ce jeu jusqu'à sa conclusion inéluctable… à savoir le lit gigantesque qui les attendait de l'autre coté du salon privé. Ou bien y mettre un terme en prétextant un quelconque appel mystérieux. Il n'eut pas le temps de poursuivre ce débat intérieur car l'objet de ses réflexions venait de quitter son fauteuil pour se pencher vers lui lentement, laissant deviner la naissance de sa poitrine moulée dans sa robe noire.

-J'en conclus que tu n'as pas très envie de parler…, ça tombe bien moi non plus … susurra-t-elle tout contre son oreille avant de disposer des baisers le long de la pommette de John et de descendre jusqu'à sa bouche pour l'embrasser passionnément.

Elle remonta sa jupe afin de pouvoir s'asseoir à califourchon sur les cuisses de John laissant ainsi apparaître le très érotique haut de ses bas. Soupirant de plaisir, elle approfondit son baiser, portant sa main derrière la nuque de John afin de lui pencher la tête en arrière pour prendre le contrôle. Reese se laissa dominer, après tout, cela le changeait un peu de perdre pied. Il posa ses mains sur les cuisses dévoilées et les glissa sous la jupe.

Zoé s'écarta un instant pour reprendre son souffle, laissant ses mains errer dans les cheveux courts et pour une fois très décoiffés de John. Elle sourit un instant et contempla ce spectacle. Le très distingué homme en costume, toujours parfaitement habillé et coiffé toujours parfaitement sous contrôle, ne ressemblait plus du tout à l'image qu'il avait laissé de lui sur les différentes images de surveillance. Ses yeux bleu acier étaient mi-clos, ses joues étaient rouges, ses lèvres étaient gonflés et entrouvertes et ses cheveux un glorieux désordre de mèches poivre et sel. Une image d'Adonis sensuel et alangui qui ferait rougir une nonne… Mais Zoé était loin d'être une nonne et encore moins une sainte.

Si elle avait été délicieusement surprise par l'invitation de John de tester la suite de l'hôtel, elle n'avait pas hésité une seconde. John était un fantasme vivant. Sa seule présence mettait en émoi toutes les femmes d'une assemblée et Zoé ne faisait pas exception à la règle. Elle avait toujours été sensible à la beauté sauvage mais vaguement discipliné de John Reese et avait été touchée par son caractère juste et entier. L'ascenseur avait été chargé d'une tension érotique presque insupportable pour la jeune femme. La suite… le verre, la musique n'était que des mises-en-bouche avant le festin qui s'annonçait. Il était maintenant dans ses bras, la chemise entrouverte, ses mains sur le haut de ses cuisses…

Elle reprit son exploration, embrassant son nez légèrement tordu, sa pommette haute, le lobe de son oreille puis descendit vers son cou. Ses doigts, impatients, avaient du mal à déboutonner le reste de la chemise immaculée de John. Trop de boutons… Elle se surprit à tirer d'un coup sec sur la chemise qui céda rapidement, faisant sauter les boutons de nacre partout sur le canapé et sur le tapis.

Finalement, John avait fait son choix. Après tout, l'ambiance était parfaite : une chambre luxueuse, une musique douce, de l'alcool raffiné, une femme somptueuse dans ses bras, le ronronnement doux de la ville qui s'échappait des fenêtres ouvertes…Il se débarrassa instantanément de son vêtement, laissant apparaitre son large torse bronzé mais marqué de nombreuses cicatrices. Il en profita pour reprendre le contrôle de la situation et bascula Zoé sur le canapé. Il la dominait de sa hauteur et poursuivit l'exploration du corps de la jeune femme. Il dévorait sa bouche, glissant une main dans ses longs cheveux bouclés et une autre sous le chemisier du tailleur à la recherche de la poitrine ronde et ferme de Zoé. Les yeux fermés, il laissa sa bouche errée sur le menton et le cou de sa partenaire y laissant des chapelets de baisers. Elle laissa échapper un soupir de contentement. Il remonta vers sa bouche pour la dévorer passionnément. Il eut soudainement envie de se noyer dans les yeux bleus limpides devant lui. De s'y noyer et de s'y perdre afin de lui prouver la totale confiance qu'il avait…Attendez… des yeux bleus… non Zoé avait les yeux marrons. John fronça les sourcils et se redressa légèrement afin de contempler le visage et le corps allongé sous lui. Pourquoi fantasmait-il sur des yeux bleus ?

Un étrange mais intense sentiment de déception l'envahit. Pourquoi était-il si déçu de ne pas rencontrer des yeux bleus ? John ferma les yeux. Ce n'étaient pas de n'importe quels yeux bleus dont il rêvait mais des yeux bleus, la plupart du temps cachés derrières d'épais verres. Son patron, Harold Finch était depuis le début une énigme, un puzzle aux multiples pièces éparpillées. Depuis quelques temps, il lui avait permis de rassembler quelques morceaux mais John sentait bien que l'essentiel de l'énigme restait hors d'atteinte. Combien de fois avait-il eu envie de retirer ces lunettes afin de mieux contempler la réalité de la personne derrière le bleu profond de ses yeux ? Combien de fois avait-il résisté à l'envie de pousser plus loin la séduction et le flirt avec lui afin de soutirer quelques informations comme la CIA lui avait appris ? Combien de fois avait-il eu envie de desserrer cette cravate et d'ouvrir ce trop strict gilet pour mieux apercevoir le vrai Harold caché sous ces couches de vêtements…

-John ? Quelque chose ne va pas ? demanda Zoé, partagée entre l'inquiétude et la frustration. Se redressant sur ses coudes, elle ne comprenait pas l'arrêt soudain de son compagnon. Il semblait figé comme un lapin pris dans les phares d'une voiture. Reese cligna des yeux pour sortir de sa transe.

Passant une main dans ses cheveux, John hésita puis il se tourna vers la jeune femme. Il avait conscience de la grossièreté de son attitude mais il lui était impossible de continuer comme si de rien n'était. Comment envisager de faire l'amour à une femme aussi désirable et malgré tout respectable que Zoé Morgan alors que son esprit était tourné vers Harold, son patron et son ami… Ami, un mot qui lui paraissait bien inapproprié tant ses sentiments avaient évolué ses derniers temps vers quelque chose de plus intense et plus profond.

- Je suis désolé… Je dois partir… balbutia-t-il, puis il se redressa, essayant de remettre de l'ordre dans ses vêtements. Sa chemise était désormais irrécupérable. Il décida de la rentrer dans son pantalon mais l'absence de bouton la laissait bâillante puis il enfila sa veste. Il prit son lourd manteau noir et partit sans autre forme d'explication laissant une Zoé totalement hébétée et passablement énervée.

L'ex-agent remonta le long couloir de l'hôtel puis appela l'ascenseur. Durant l'attente, il essaya de faire le point sur l'incident qui venait de se dérouler dans la chambre et plus globalement sur les incidents qui avaient émaillé la soirée. C'était une première pour John, être interrompu en plein rendez-vous avec une femme superbe à cause de ses pensées. Il avait été formé pour cloisonner son cerveau entre l'action et l'affect.

Mais il avait depuis longtemps pris conscience de la fascination que son patron exerçait sur lui, ses blessures, ses secrets, sa grandeur d'âme. Il était irrésistiblement attiré par lui, cherchant au départ à découvrir ce qu'il cachait puis cherchant tout simplement à se faire apprécier de lui. Ses yeux bleus, seuls ses yeux bleus disaient la vérité, ne lui cachait rien. Et la dernière fois qu'il avait croisé ses yeux bleus, il y avait lu quelque chose qu'il ne pouvait pas définir mais qui troublait l'ex-agent au plus haut point.

N'est-ce pas ce qu'il avait voulu ? Voir une réaction dans les yeux de son patron ? Au fond de lui, Reese savait pourquoi il avait invité Zoé. Pourquoi il avait délibérément entamé un bavardage de séduction au bar de l'hôtel, juste à côté d'Harold faisant ainsi exprès qu'il l'entende… Il voulait le faire réagir, casser cette image trop nette et trop froide de professionnalisme et d'amitié polie. Il voulait voir si son patron nourrissait les mêmes sentiments que lui.

Profitant du calme de la musique d'ambiance de l'ascenseur, Reese ferma les yeux un instant. Depuis quand avait-il pris conscience qu'il était amoureux de son patron ? Des semaines ? Des mois sans doute. La proximité de Finch lui était aussi nécessaire qu'insupportable. Il voulait être tellement plus que son agent ou son ami. En parlant à Zoé, en l'embrassant, il rêvait en réalité de dire ses mots à l'informaticien, de le tenir dans ses bras, de le déshabiller. Il n'était pas fier de son attitude.

Une fois arrivé au rez-de-chaussée, Reese traversa le grand hall d'un pas lent sous les regards étonnés des autres visiteurs devant sa mine débraillée. Lorsque John poussa la lourde porte de sortie de l'hôtel, il fut accueilli par la pluie froide de ce début de soirée d'hiver. Il resta immobile un bon moment, le visage tourné l'averse, ses cheveux plaqués contre son front. Ce n'est que lorsque le froid pénétra son manteau et s'infiltra qu'il se décida à regagner son loft d'un pas lent… Totalement inconscient de son patron qui l'observait par la vitre du bar de l'hôtel…