Prologue

Je sais que tous les ans c'est la même chose. Le mois de mai est pour moi synonyme d'angoisse.

Je deviens encore plus susceptible, méfiante, parano et violente que d'habitude. Je suis là dans un bar en face de l'université de Los Angeles et c'est bourré d'étudiants parce qu'il est à peine 22 heures et qu'on est vendredi soir.

Pourquoi j'ai posé mes guêtres ici ?

Parce que je suis sûre à 95% que Nines ne me trouvera jamais ici !

Sauf que j'ai oublié que je n'allais quand même pas rester ici TOUTE LA NUIT ! u_u

Donc je bois un verre et je me traite d'une multitude de noms d'oiseaux dans une barbe inexistante.

Chapitre 1 – Mois de mai

Los Angeles, 1er mai 2015 22h10

Je me console en me disant que le campus de la ville est monstrueusement énorme. Une aiguille dans une botte de foin XXL !

Sauf qu'on est le 1er mai, ce qui veut dire…

Ces conneries de reine de mai ! =_=

Vous allez me dire que j'ai qu'à m'en foutre puisque je ne suis pas du campus !

Grossière erreur ! JE SUIS du campus !

Me demandez pas pourquoi, j'en sais trop rien. Depuis ce qui s'est passé en août l'année dernière j'ai eu une grosse envie d'aller m'ennuyer en cours (façon de parler) du soir même si en vérité je ne fais que squatter honteusement leurs bibliothèques et aller aux cours qui m'intéressent, pour la plupart ce sont des cours d'anthropologie ou d'art.

De toute façon j'ai bientôt fini mes recherches pour la suite de Rose's Mask (c'est la faute à Alonso depuis qu'il est le patron, il est carrément venu pleurer chez moi pour que je continue la série, niark !) Faut dire aussi que Blake, mon serviteur, était étudiant ici aussi et je veux me tenir très au courant de ses progrès. Il n'a bu mon sang que deux fois en neuf mois, je n'ai pas envie de le transformer en automate alors j'y vais doucement.

Blake Mortimer avait une vingtaine d'années, étudiant en art de la Renaissance, accessoirement poseur à ses petits moments de pauvreté puisqu'il vivait seul. En grand froid avec ses parents à cause de ses choix d'études et de son mode de vie. Enfin, 'vivre seul' plus maintenant. Maintenant il vit avec moi, ce qui fout Nines en rogne (et me fait jubiler dans mon coin). Je suis très contente du travail que l'on fait pour Rose's Mask : Blake apporte des connaissances et une technique que je n'ai pas. Ca complexifie le trait, améliore l'esthétisme d'ensemble et m'a fait me dire que j'avais des wagons de retard en art.

Le caractère de Blake c'est un peu comme le chat noir : il est hyper indépendant, très propre sur lui, très soucieux de son apparence et pourtant c'est l'image qu'il donne parce qu'en vérité ce beau brun est machiavélique. Il sait très bien comment manipuler les gens pour obtenir ce qu'il veut, n'hésite pas à faire souffrir si c'est nécessaire à un plan, tire profit de n'importe quelle situation, n'a aucun respect de la morale chrétienne, grand séducteur, et surtout il est bisexuel.

Tout un programme.

Des fois quand je rentre au manoir je tiens un pari devant ma porte « jarretière ou string ? »

Je ne comprends pas ce que l'on trouve sexy chez un homme en string à notre époque, mais bon, de toute façon même la lingerie de Nines ne m'intéresse pas (à part ses incontournables survêtements style marcel, une fois j'ai fait un inventaire pour en dénombrer deux noirs et beaucoup de blancs).

Parlons en de Nines Rodriguez tiens…

Grumph, ça y'est je suis repartie !

C'est ce mois où je me fais tellement de films d'angoisse sur ce qui a pu arriver à Rociel que je la bombarde pratiquement de messages (plus que d'habitude) jusqu'à avoir une réponse rassurante, j'aurais de quoi écrire une saga.

Sinon quand je n'ai pas de réponse je harcèle quelqu'un dans sa troupe d'Indép' ! Après je me frappe la tête contre un mur.

Quant à Nines, le pire c'était 'ce qui pourrait arriver !' Notez la nuance subtile du futur conditionnel, c'est horrible. Et tous les ans c'est comme ça !

Mais est-ce que Nines a fait (ou n'a pas fait) quelque chose de significatif pour engendrer ma crise de parano ? Je sais même pas !

Voilà, tous les ans je me rassure toute seule en me disant qu'à mon âge ce n'est pas sérieux d'être encore affectivement paranoïaque. Surtout que je fais confiance à Rociel pour rester en 'vie' vu sa surpuissance et de garder un contact avec moi (sinon, je m'en vais lui sauter dessus avec des petits cœurs volant tout partout), et que Nines et moi avons fait une promesse.

Si l'un des deux trahi l'autre, on est tous les deux morts.

Certains pensent que ces extrêmes promesses sont plus dangereuses que protectrices. Mais je pense que dans notre cas c'est faux. L'amour est déjà difficile à trouver pour un être humain, l'amour vrai est un état quasi divin pour un vampire. Songez à un sentiment qui surpasse tous ceux que le Sang nous inspire, ou qui se place à part. Ce sentiment qui nous rapproche de l'Humain, et qui explique pourquoi les Toréador tombent si souvent 'amoureux' des mortels.

Je pense que si une nuit Nines manquait à sa promesse je le saurai en le regardant dans les yeux car je sentirai en même temps notre lien s'évanouir.

Alors pourquoi, nom de Dieu, suis-je encore en crise de parano malgré tout ?!

Allez savoir ! Peut-être juste un cap à passer cette année seulement ?

Je hais le mois de mai pourtant je ne sais pas trop pourquoi, je stresse dans la période 'mars-mai' mais le pire c'est juin.

Peut-être à cause de l'hypocrisie et du silence ensuite ?

Voilà, les étudiants sont repartis avec leurs bêtises de reine de mai. J'ai horreur de me retrouver en plein milieu de ces idioties, j'ai bien assez à faire avec les réunions Toréador !

Un groupe de quatre s'avançait vers moi, assise sagement et seule à une table vers le fond à droite dans un coin. Tiens, ce soir il faisait bon et je portais juste une petite robe blanche à triples jupons superposés qui m'arrivait juste au-dessus des genoux. Sans manches, avec des bas blancs à petites fleurs roses et (miracle de neuf mois de paix royale) des sandales blanc nacré à talons hauts. Le maquillage léger et naturel juste assez pour avoir un teint frais. Bref, ce soir j'avais opté pour le style 'jeune et innocente donzelle'. Un de mes préférés. Les autres ce sont 'dangereuse femme fatale' que je fais rarement (en fait seulement quand je veux me faire très remarquer lors d'un dîner mondain) et 'vamp' (qui se traduit par tout en cuir et armée jusqu'aux mollets.) Le style numéro 1 que j'aborde ce soir est celui qui me met le plus à l'aise, le style numéro 2 est tout nouveau depuis qu'Isaac et Michaëla m'en font voir de toutes les couleurs aux réunions Toréador ET avec MacPherson. Le style numéro 3 est celui du 'boulot' et on dit que c'est celui qui me représente le mieux. Mouarf !

Dur, dur d'être le Croquemitaine des vampires du Sabbat et des Kuei-jin !

La Camarilla de San Francisco nous foutait une paix royale (grâce à elle) et son attitude rayonnait à peu près sur les principautés avoisinantes. Mais ça n'était que temporaire, parce que la Camarilla ne trouvait, pour l'instant, aucun intérêt stratégique à nous virer. 1 On empêchait le Sabbat de déborder du Mexique, 2 On empêchait les Kuei-jin de déborder vers le Nord de la Californie. En fait pour le moment on était utiles. Ca allait se gâter quand la Camarilla voudra adopter une autre stratégie sur notre terrain. En fait, ça pouvait se gâter d'une nuit à l'autre si la Camarilla voulait disposer de Los Angeles à sa guise, parce que nous étions en train de prendre peu à peu le pouvoir dans la ville. Et cela grâce au travail politique et social du clan Toréador.

C'est tellement palpitant d'être Anarch ! :D

Pour en revenir à mon groupe de quatre, il se composait de deux filles et deux garçons, deux blonds, un châtain et une brune. Ils s'essayèrent tous à ma table sans me demander mon avis, je commençais à craindre le pire surtout avec les sourires et les clins d'oeil qu'ils se faisaient.

Quoi, la terreur de Los Angeles qui se met à trembler face à des ploucs comme quand elle était au lycée ou au collège ! Woé !

« Bonsoir – commençai-je en souriant, installez vous, raillai-je intérieurement en touillant ma grenadine sans les quitter des yeux.

-Mademoiselle Vilorë, bonsoir, on est ravis de vous rencontrer ! Blake nous a tellement parlé de vous ! – Répondit la brune vraiment très mignonne. Un peu style Blanche-neige avec ses lèvres brillantes et ses yeux bleus de biche.

Pas possible qu'elle n'ait pas entendu parler de moi en même temps. Depuis un an on entendait parler que de moi si bien que ça m'agaçait, un comble – ah bon ? – Cette conversation m'ennuie déjà parce que je flaire le piège – justement, c'est lui que j'attends. Vous participez toutes les deux au concours de la reine de mai je suppose. Je suis sûre que vous allez faire un malheur. »

Bon d'accord, ma façon de les congédier est brutale.

Quoi que, pas tant que ça. Ca devait être encore trop subtil car elles me remercièrent et reprirent après un sourire d'assurance. « Justement à propos de cette élection, Blake nous a tellement fait l'éloge de votre beauté.

J'vais le buter. =_=

-Pourquoi ne participeriez-vous pas, vous aussi ? » M'acheva la blonde avec un sourire si suffisant que j'avais envie de rire et de lui donner des cours de fourberie tellement sa technique était grossière.

M'enfin, soit, je ne vais pas me défiler devant ces idiots du Bétail. Je lui servis le sourire le plus sucré de ma panoplie en plissant des paupières et glissant le dos de ma main droite sous mon menton en frôlant mes cheveux, coude sur la table. « C'est que je ne voudrais pas gâcher vos chances de l'emporter, » répliquai-je avant de me lever. Je saisis mon petit sac à main en cuir blanc à la longue sangle orné d'un foulard céladon en soie. Histoire de faire… Avec mes yeux.

J'entendais les garçons laisser échapper des gloussements nasaux alors que mes talons hauts frappaient les dalles du bar et que je me dirigeais vers Blake qui venait d'entrer.

Mon protégé avait visiblement très chaud (et surtout aimait la provoc) car il ne portait qu'un jean moulant. Je lui souris de toutes mes dents en admirant sa plastique. Les mains dans les poches et la clope au bec, il embrassa la salle d'un regard bleu flambeur aidé de ses boucles noires qui prenaient la brise. Marchant ensuite vers moi, il tendit le bras pour me saisir la main droite et la porter à ses lèvres. « Bonsoir madame – me susurra t-il avec toute la conviction d'un séducteur professionnel – je vois que Bree et ses sbires sont passé à l'attaque.

Je jouai avec une boucle noire près de sa joue gauche en lui adressant un regard amusé – je suppose que tu me l'as envoyée pour lui rabaisser le caquet.

Il clos pratiquement les yeux en soupirant lourdement par le nez, puis passa la langue sur ses lèvres avant de relever les yeux sur moi d'un regard et d'un sourire malicieux – tout juste. Voyez-vous, elle a blessé une fille qui n'est sans doute pas la plus jolie mais qui est très intéressante pour moi.

-Oh ! Monsieur Mortimer joue les gentlemen…

Il rit et jeta un œil par-dessus mon épaule vers la table où Bree était sensiblement en train de me placarder des yeux – oh non. Je ne joue pas. Cette fille est très importante pour moi.

Je me rembrunis avant de me détacher de lui et, avant que je ne me contrôle, mon ton fut cinglant – mais bien sûr ! Cette jeune fille doit bien t'amuser, Blake ! Je plains cette pauvre enfant car elle doit souffrir le martyre ! N'oublie pas de lui envoyer un SMS quand tu auras digéré son 'sale coup' ! »

Le mortel papillonna des yeux. Furieuse contre cette manie des bruns aux yeux bleus de jouer les… Les… Les hypocrites ! Je lui flanquai une claque qui siffla. Dans un silence de mort, je le foudroyai des yeux avant de le dépasser et de sortir.

Très consciente de l'avoir giflé en publique alors qu'il est LE gars auquel aucune fille ne résiste, je me dis en marchant dans la rue que ça allait lui faire les pieds ! Tout en me traitant encore une fois de mille noms d'oiseaux pour l'avoir choisi comme protégé ! Beuark ! Plutôt crever une deuxième fois que d'avoir un second modèle de mon meilleur traître. J'espérai sincèrement que contrairement à moi, cette fille allait vite se rendre compte de son erreur. Ou que je me fourrais le doigt dans l'œil et que mon imbécile de protégé était sincère, voire amoureux de cette fille.

C'est après ce genre d'évènement que je me dis que Nines est le plus gentil des hommes du monde et que je suis stupide de me cacher.

Je me rappelai que Steven Queelie, le chef des Loups-garous de Griffith Park, m'avait invitée à leur fête de Beltane. Qui consistait essentiellement à boire et à forniquer. J'avais heureusement décliné l'invitation avec un haussement d'épaules entendu. Le Fianna avait ri de mon refus en y répondant par un 'j'aurai essayé !' L'essai ayant été de croire en ma capacité à la débauche sans mauvaise conscience.

Mais j'ai très vite mauvaise conscience, surtout en… Bref, on aura compris.

Malheureusement pour moi alors que je décidais de faire un tour à l'ancienne tour ventrue (que personne n'ose appeler 'tour anarch')… En changeant de trottoir par cette nuit douce et festive dans le quartier étudiant (pauvre de moi qui suis maso), je croisai la route de la fille de MacPherson.

Je ne fus pas loin de me tétaniser sur place mais me retins.

La fille de MacPherson, Kita, avait été une de mes fans. Je me rappelle encore du soir où son père nous a présentées : elle avait presque donné l'impression de faire une syncope. Maintenant les choses ont changé. Disons que je l'ai déçue (merci papa) depuis que je 'sors' (bien malgré moi, misère) avec son père. Je comprends cette ado de seize ans : elle adore sa mère, elle aimerait les revoir ensemble, elle sait que c'est impossible. Je suis devenue l'ennemie. Bon, pas tant que ça, elle sait que je fais toujours tout mon possible pour décliner les rendez-vous galants de son paternel… Mais l'acharnement de son papa met à mal ses espérances.

En gros elle ne sait pas si elle doit me détester ou me bénir.

Ce soir elle était au bras de son petit ami, un étudiant noir américain de trois ans son aîné. Jolie jeune fille grande et svelte, au visage triangulaire, aux longs et lisses cheveux noirs. Aux yeux noirs de gazelle (tiens, elle tient ça d'papa), aux sourcils fins, au petit nez, à la belle bouche. Elle portait un pantacourt en jean et un cache-cœur en coton blanc avec des sandales blanches aux pieds.

Son copain lui était en jean noir et en chemise blanche pour baskets noires. Le truc, héhé, c'est qu'il était un Ventrue nommé Carlin et qu'elle était sa protégée aux dernières nouvelles. Sans qu'elle en sache quelque chose bien entendu. Celui-ci me salua respectueusement comme à son habitude (il est plus vieux que moi mais ça n'empêche). « Bonsoir mademoiselle Vilorë.

-Bonsoir Aurélia – me fit Kita, timidement et avec méfiance en papillonnant des yeux vers moi, tête baissée. Elle se mordillait la lèvre inférieure.

-Bonsoir tous les deux – sourire-je en étant la plus aimable possible pour décontracter la demoiselle que j'aimais bien dans le fond – on fait une petite promenade au clair de lune ? – Ajoutai-je, avec un clin d'œil.

Ils s'entre-regardèrent et Carlin esquissa un sourire affectueux envers sa protégée/petite amie – oui – répondit-il prudemment en revenant à moi – et vous aussi ?

-Oh, je retournais au centre ville – fis-je en secouant la main gauche dans l'air frais.

-Papa me fait vous dire qu'il vous attend dans son bureau pour parler de-de vos relations avec monsieur de Valens car il voudrait l'inviter à Los Angeles. Pour une histoire de prêts d'œuvres d'art françaises.

-Il peut toujours m'attendre, » souris-je en répondant précipitamment, sentant l'énervement pointer. Déjà que je déteste Gareth MacPherson, mais si en plus il me demande de lui parler du vide relationnel entre moi et mon dé… Semi… Détesté Sire.

Ca n'est pas tellement que je déteste Maximilien de Valens, Sénéchal Toréador de Paris. Je lui dois le sang dans mes veines et ma nouvelle existence après tout ! Mais les manipulations de mon Sire sont si… Trop camarillistes pour moi. Je sais simplement qu'il est dangereux pour mon petit univers mais comme je ne suis pas une ingrate, je n'hésiterai pas à lui porter secours. En tout bien tout honneur… (C'est ça le problème avec les gens de la Camarilla. On ne sait jamais dans quoi on met les pieds avec eux.) Bon, les Anarch sont aussi capables des plus belles magouilles de l'univers (j'en sais quelque chose) mais eux on sait que c'est dans un but idéaliste. Paradoxalement c'est vachement plus sûr que la recherche constante de pouvoir des camarillistes. On peut leur faire tenir une promesse.

Et puis moi je m'en fous, je suis Nines parce que Nines *petits cœurs de fan qui volent tout partout*. Et les Anarch je les trouve plus sympas que les autres.

La Camarilla ils ont tous un plan de domination du monde dans le cul. Et le Sabbat c'est que des fous furieux.

J'aime quand les choses sont simples. Ca me garde en vie. On ne peut pas vivre avec l'esprit sain si on n'a pas un tant soit peu de convictions toutes faites. (Et puis même pas, j'ai eu vite marre de la Camarilla et j'ai vu assez de trucs moches du Sabbat pour faire « hirk ».) Après rien n'empêche de se mettre à douter quand on est confronté à un élément ébranlant ses convictions. Par exemple j'aime bien notre voisin, le Prince Juan Luna de San Francisco.

Perdue dans mes pensées justificatrices je faillis ne pas remarquer le petit rire satisfait de Kita à ma réplique. Je lui souris avant de les saluer de la main et continuer mon chemin.

Je pris un taxi dès que je pus.

Blake se catapulta dans le taxi quand celui-ci fut sur le point de démarrer. « Je peux savoir ce que tu me reproches ?! – Attaqua t-il d'un ton froid en fermant la portière de voiture sèchement.

-Ah, ta gueule, Mortimer ! – Grognai-je entre mes dents – ne prends pas ce ton haïssable avec moi ou je te jure que je t'arrache la langue si c'est ce que tu veux ! »

Il ferma subitement la bouche et s'assombrit – excusez moi…

-Cette fille, soit tu es sincère avec elle soit tu es la plus misérable fiente qu'il m'a été donné de rencontrer !

-Mais comment pouvez-vous me reprocher quelque chose que je ne fais pas ! Bien sûr que je suis sincère avec elle ! – S'exclama t-il en étant assis tourné vers moi, les mains sur la banquette arrière.

-Je vous emmène où ?

-Au centre ville – répondis-je un peu sèchement pour en revenir à l'autre. Mais alors que j'allais ouvrir la bouche Blake saisit mon menton entre deux doigts pour lever mon visage vers lui en levant son menton.

-J'apprécie énormément cette fille, vous lui ressemblez beaucoup quand vous piaillez avec monsieur gros bras.

Je lâchai un petit rire et un sourire – ah, je vois.

Il me fit son sourire de junkie halluciné – tous les bruns aux yeux bleus ne sont pas obligés d'être des enfoirés. Même si moi j'adore me servir de certains. Ca n'est pas mon genre de manipuler et mépriser secrètement une demoiselle intelligente que je connais depuis des lustres. Par contre j'use et je dédaigne ceux qui la font pleurer. »

C'était un beau discours. Je décidai d'hausser les épaules dubitativement, en me disant que j'allais faire ma petite enquête. Pas question que je donne plus de mon sang à un sale type.

On dit dans ces cas là que l'on juge un homme sur ses actes.

Mais quand même ses actes peuvent être calculés, comment remettre sa confiance à quelqu'un ?

C'est pour cela, je crois, que l'on a la notion du contrat et que l'on s'en remet à une force supérieure qui incarne la loi, tel que Tyr.

C'est pour cela que je ne crois qu'à la parole donnée. Car à moins d'être un imbécile, on ne se risque pas inutilement à me faire de faux serments…

Je pensais à ça en jouant avec l'anneau doré au rubis spinelle et aux petits diamants ornant mon annulaire gauche.