Auteur : Nadège
Disclaimer : Doctor Who appartient au vénérable Russel T. Davies ainsi qu'à la BBC. Je ne tire aucun profit de cette fanfiction.
Cette fanfiction est la deuxième partie et fin d'une histoire qui a débuté dans « La clef des souvenirs » qui s'est poursuivie dans trois one-shot (« Murmures d'une intimité », « Le bruissement des anges aux ailes brisées » et « Le murmure céleste des Astres ») pour faire le lien entre ces deux parties.
Note : Cette histoire tient compte des trois premières saisons et se déroule après l'épisode spécial « Voyage of the Damned ».
Résumé : Le vent cinglait l'Univers annonçant l'arrivée imminente de la tempête... alors que par la répercussion de choix, les Astres ont amorcé la transition présageant l'espoir de ce nouveau souffle tant attendu, tant souhaité...
*** ***
Et oui, après tout ce temps... je suis de retour avec enfin la suite et fin de « La clef des souvenirs » ! Après des litres de café, des nuits à résister à l'appel de la couette et quelques prises de tête, ca y est, la réécriture est terminée. Je tiens à préciser que cette fic se découpe en 33 chapitres (sans compter le prologue et l'épilogue). Ils font en moyenne 10 pages mais certain feront moins ou un peu plus, la fourchette va de 5 à 20 pages. Bref, de la lecture en perspective !
Merci à ceux qui m'ont laissé des reviews sur les trois one-shot. De tout mon cœur, je remercie cathyouchka, My-Dr-Rodney-Mckay, OrangeMetallique, Coralie91, et Virg05 pour avoir suivi cette histoire jusque là. Un éternel merci à Sunny angel qui au travers de ses fics m'a donné l'envie d'écrire mes propres histoires avec pour héros notre adoré et tellement loufoque Docteur ! Je remercie tout particulièrement Ingrid pour tous ces petits messages afin de m'encourager et qui me faisait rappeler que certaines personnes attendaient la suite avec beaucoup d'impatience ! Petite dédicace et un gros bisous à ma p'tite sœur qui m'a supporté avec tellement de patience durant la réécriture et à laquelle je faisais lire la fic par petit bout pour lui poser cette éternelle question : « C'est bien ? Nul ? À recommencer ? ». Et, je ne peux conclure ces remerciements sans mentionner cette foutue fille avec laquelle je papote pendant des heures, qui a toujours su si bien me conseiller et répondre à toutes mes questions et dont le Docteur est à l'origine de notre rencontre ! Mille merci à toi, Cap'tain Rily !
Si vous des questions, n'hésitez pas ! Je me ferais un plaisir d'y répondre !
Bonne lecture !
Le souffle du loup
Prologue
Elle se tenait là. Au milieu de la pièce blanche qui ne semblait connaître aucune limite. Au centre même d'un cercle dont le diamètre était à la proportion de la pièce et qui couvrait une large surface du sol. À l'intérieur de ce cercle se dessinait une sorte de huit mais qui aurait pu tout aussi bien représenter un sablier, symbole du temps qui s'écoule, coule, coule inlassablement.
La jeune femme se tenait là, seule, illuminant et inondant la pièce de son aura divine, tout en fredonnant une mélodie voluptueuse et tout aussi entêtante, issue non pas du chant céleste de l'Univers mais de cette petite étoile perdue dans le si vaste océan du temps parmi les Sages immortels. Ses longs cheveux ébènes tombaient en cascade sur ses épaules, où sur l'une d'elle apparaissait une marque argentée qui courrait le long de son bras pour se séparer en cinq brins, entrelaçant chaque doigt avant de finir leur course en se réunissant dans le creux de sa paume.
Elle souriait, mystérieuse, les yeux pétillant de malice, perdue dans la contemplation du plafond. Sur celui-ci se dessinait deux silhouettes dansant imperceptiblement sous un ciel étoilé, baignant dans l'intimité si précieuse de leur étreinte. D'un simple geste de la main vers le plafond, elle remplaça la scène par une autre.
Les Astres brillaient, illuminaient le ciel dégagé en cette nuit si paisible. Ils se reflétaient sur la surface du loch que surplombaient les ruines du château d'Urquhart sur sa rive nord. La vaste étendue d'eau si sereine se troubla de vagues lorsqu'une grande créature -l'obsession de certaines personnes qui passeront toute leur vie à prouver son existence- qui chantait pour accompagner le chant céleste des Immortels, plongea pour s'enfoncer dans les profondeurs du loch. Adossé contre le tronc d'un arbre sur la rive, un homme serrait tendrement dans ses bras une jeune femme. De sa main tachetée d'argent, scintillante sous la lumière des étoiles, elle repoussa une mèches de ses cheveux.
- Fillan ?
- Oui ?
- Je ne serais pas là, demain soir.
Il parut choqué. Peiné. Mais, ce n'était pas une surprise en soi. Il savait que cela arriverait un jour ou l'autre. Il avait juste espéré que cela ne serait pas si rapide. Que cela ne soit pas si tôt. La perdre maintenant... après tout ce qu'ils venaient de vivre, de partager... c'était dur... vraiment très dur. Il resserra son étreinte autour de la jeune femme, espérant peut-être ainsi la retenir de partir.
- Reste.
- Non, je ne peux pas. Il est temps pour moi de rejoindre les miens.
- Reste, répéta t-il.
- Je ne peux pas, Fillan... même si j'en ai envie... je suis désolée...
- Pourquoi si tôt ? Pourquoi maintenant ?
- Tu le savais que cela ne durerait pas.
La jeune femme retenant ses larmes, savait qu'elle avait agi égoïstement en le laissant se rapprocher d'elle, s'attacher, alors qu'il ne pourrait pas y avoir de suite. Elle s'était attachée à lui. Énormément plus qu'elle ne se l'imaginait. Elle aimait cet homme si bon et si doux ainsi que cette force tranquille qui émanait de lui.
- Alors que je ne sais toujours pas d'où tu viens, lui reprocha t-il amèrement, comme la raison à ta présence ici, à ce que tu passes toutes les nuits à observer les étoiles, que...
Elle se retourna vers lui et plaqua un de ses index sur ses lèvres pour le faire taire.
- S'il te plaît Fillan, ne rend pas tout cela plus difficile...
- Est-ce que tu reviendras ? Lui demanda t-il alors les lèvres tremblantes.
- Non.
Il détourna la tête. Elle sentit ses cœurs se serrer devant ses épais cils noirs mouillés par des larmes. Cela lui était insupportable de le voir souffrir, d'être à l'origine de ses souffrances. Elle aurait voulu que la douleur de leur séparation ne soit pas si vive. Elle aurait pu lui mentir, lui dire que oui peut-être qu'un jour, elle reviendrait pour lui faire moins de mal. Cependant, elle lui devait la vérité parce qu'il devrait l'oublier, tourner la page de leur histoire. Alors que pour elle, Fillan sera à tout jamais la plus douloureuse mais tout aussi la plus belle et si fière de toutes ses cicatrices.
- Il faut que tu comprennes que de là d'où je viens, j'ai une place, un rôle à tenir et des devoirs qui m'incombe d'assumer. Je ne peux pas renier ce que je suis...
- Et nous ? Cracha t-il en la coupant. Cela a t-il eu de l'importance au moins pour toi ?
- On ne peut pas toujours faire ce dont on a envie, lui répondit-elle sombrement.
Oui, ce n'était pas juste. C'était si injuste de devoir abandonner cet amour qu'elle venait à peine de découvrir. Elle était aussi consciente qu'elle ressentirait à chaque seconde cette perte, ce manque intolérable de l'autre, de cette partie d'elle-même qu'elle s'arrachait. Elle passa sa main dans ses cheveux éternellement décoiffés, la fit glisser sur sa joue rugueuse avant de lui prendre le menton de manière à ce qu'il tourne son regard vers elle.
- Tu m'as tellement donné, Fillan, tant offert...
Elle lui sourit tendrement en passant sa main d'un geste si naturel et bientôt si familier sur son ventre légèrement rebondit. Elle avait compris sa présence sur cette planète lorsqu'elle avait senti l'écho de la vie battre en elle. N'était-elle finalement qu'un instrument pour l'Univers en concevant ce nouveau souffle tant espéré ?
- Je n'étais pas sensée donner mes faveurs à un homme et encore moins me mêler à quelqu'un qui n'appartient pas à ma race...
Elle avait tant parcouru l'Univers. Il y avait tellement de planètes en son sein et il avait fallu que ce soit sur cet Astre en particulier qu'elle rencontre un homme qui lui donnait l'envie de rester avec lui ou de le suivre où qu'il aille. Alors qu'elle n'avait jamais trouvé parmi les siens un compagnon. Pourquoi Fillan ? Pourquoi lui ? Comment pouvait-il être son compagnon alors qu'il n'était pas de son espèce ? Elle l'aimait tellement mais était incapable de le lui dire. Car quelque part, ce serait rendre les choses encore plus compliquée qu'elles ne l'étaient déjà. Et, elle ne pouvait pas se le permettre car elle avait un rôle à endosser et auquel elle ne pouvait pas y échapper, ni fuir.
- De quoi tu parles ?
- Chut...
La jeune femme se positionna en face de lui sans le quitter des yeux et prit son visage dans ses deux mains. Il se laissa faire, comme hypnotisé, la gorge nouée, ne pouvant détacher son regard de ces lèvres entrouvertes qui se rapprochaient des siennes. Les battements désordonnés de son cœur faisaient écho aux siens alors qu'il goutait au salé de leurs larmes mêlées.
L'image sur le plafond se brouilla lorsque la jeune femme entendit les deux immenses portes au bout de la salle s'ouvrir violemment. De sa main aux reflets argentés, elle effaça -comme sur sa joue la larme qui y perlait- la scène du plafond qui se transforma, se para de milliers de petites lueurs comme si il devenait une carte fidèle de l'Univers évoluant en même temps que lui.
- Hêta ! Vociféra une voix.
Des pas rapides claquèrent sur le sol, résonnant dans l'immense pièce. La jeune femme ne se donna pas la peine de se retourner vers la personne qui venait de faire une entrée tonitruante.
- Qu'est-ce que je peux faire pour vous, Sho ? Demanda t-elle en lâchant un soupir lasse.
Le dénommé Sho, un homme au teint funèbre et aux cheveux sombre, s'arrêta à quelques pas d'elle. Immobile, le corps tendu, il laissa courir son regard d'un vert émeraude sur Hêta. Il semblait lui porter une aversion et une certaine fascination à la fois.
- Son retour n'a pas eu les répercussions que nous attendions !
- Et en quoi cela vous étonnes ? Lui rétorqua t-elle en haussant des épaules.
- C'est vous qui aviez suggéré de la faire revenir, qu'Elle était la seule à pouvoir changer le cours des évènements...
Hêta se retourna brusquement vers Sho. Il y avait une certaine colère dans le ton de sa voix :
- Vous n'avez entendu que ce que vous vouliez bien entendre ! Effectivement, je vous ai suggéré son retour, mais en aucun cas qu'Elle pouvait modifier le fil du temps !
Il ouvrit la bouche mais elle le réduisit au silence d'un simple geste autoritaire de la main.
- Vous êtes tellement aveuglé par votre soi-disant devoir que vous ne voyez absolument rien de ce qui se passe au sein de cet Univers ! Il était déjà bien trop tard lorsque vous vous êtes enfin décidé à la renvoyer à ses côtés !
- Hêta ! Siffla t-il entre ses dents. Vous êtes en dehors de votre rôle !
- En aucun cas ! Par contre Sho, remettez en question vos jugements ! Ce qui se passe, la tempête prête à déferler, est de votre faute ! L'Univers était prêt à basculer, les Astres avaient amorcé la transition et vous avez tout interrompu ! Tout ça parce que vous êtes effrayé à l'idée que l'Univers évolue, qu'il reprenne en main sa destinée !
- Vous savez parfaitement de ce que je pense de toute cette aberration !
La jeune femme soudainement sourit d'un air énigmatique. Elle s'approcha de Sho et se pencha légèrement vers lui.
- Vous avez voulu jouer avec l'Univers, Sho, murmura t-elle, et vous êtes aux aboies. Son retour n'était que votre ultime recours pour tenter d'étouffer la tempête dans l'œuf. Seulement, elle est là, prête à déferler sur l'Univers. Et vous savez tout comme moi qu'Elle est la seule dorénavant à pouvoir défaire, à annuler les répercussions de vos erreurs dans le temps et l'espace. Et vous vous en mordez les doigts car vous savez alors que pour ça, il faudra la libérer de ses chaînes...
- Il en est hors de question ! Réagit Sho dont le visage s'était fait de plus en plus livide.
- C'est ça qui vous terrorise ! Qu'Elle se libère, qu'Elle devienne ce que vous redoutez...
Sho détourna la tête, serrant les dents et les poings de rage.
- L'Oracle Éter...
- L'Oracle Éternel ! Ricana la jeune femme en se redressant. Comme si c'était la réponse qu'attendait l'Univers !
- Hêta ! Cela suffit !
- Il a fait son choix ! Il l'a enfin trouvé. La chose et sa non-chose sont enfin réunis. Et vous avez tort en croyant que vous pourrez être une nouvelle fois un obstacle. Vous n'avez finalement fait que repoussez l'échéance !
Sho se recula d'elle en la fixant quelques secondes avec une dureté qui se voulait être intimidante. Hêta lui répondit par un sourire espiègle avant de lui tourner le dos, signifiant qu'elle mettait fin à leur conversation. D'une geste élégant de la main, le plafond se transforma à nouveau. Sho, derrière elle, tremblant de colère fit volte-face pour battre en retraite. Et les portes claquèrent sous la violence de son geste.
- Tu l'as mis une fois de plus très en colère, lança alors une petite voix.
- Et toi, lui répondit Hêta peu surprise de l'entendre, tu ne devrais pas être là. Tôt ou tard, il se rendront compte de ton évolution...
- Je me baladerais sous leurs nez qu'ils ne s'apercevraient même pas de ma présence. Ils sont bien trop occupés à gérer les affaires qui ne leurs appartiennent pas.
La jeune femme baissa les yeux vers cette présence. Habillée d'une simple robe en velours bleue, une fillette scrutait attentivement comme elle à l'instant le plafond de ses yeux saphirs à la profondeur insondable, un vortex semblait y vivre à l'intérieur. Sa longue natte de la couleur des champs de blés s'agitait à chacun de ses gestes.
- Et en quel honneur, sourit Hêta, ai-je le droit une nouvelle fois à ta visite ?
- Môssieur est (elle fit des guillemets bien prononcés avec ses doigts) occupé ! Bougonna t-elle. Il m'a gentiment fait comprendre d'aller voir ailleurs si il y était !
Hêta éclata de rire face à cette mine et ce ton boudeur.
- Que lui faisais-tu, aussi ?
- Rien ! Se défendit vivement l'enfant en écartant les mains. J'étudiais juste ses émotions et y faisais d'amusantes découvertes. Ses pensées brûlantes -un véritable brasier ardent- sont devenues soudainement confuses lorsqu'il s'est aperçu de ma présence. Il semblait d'ailleurs par la suite avoir toutes les difficultés à formuler une pensée cohérente.
Elle attrapa sa natte et se mit à l'étudier attentivement.
- Intimité, il n'a plus que ce mot à la bouche, de toutes façons, grommela t-elle entre ses dents.
- Serait-ce de la jalousie ? Raisonna amusée Hêta.
- Non... mais avant, il ne faisait pas tant de simagrée...
La fillette soupira, relâcha sa tresse pour se concentrer sur ses doigts.
- Tu lui ressembles tellement, fit la jeune femme en lui effleurant les cheveux.
L'enfant releva la tête et lui sourit.
- Je suis un peu Elle, après tout...
- Oui, cependant ce que tu es devenue...
- Étrange, n'est-ce pas ? Je n'arrive toujours pas à m'y faire... tellement d'émotions, si belles et si violentes à la fois. C'est flamboyant de couleurs et de sons... mais c'est tellement...
Elle semblait hésiter et laissa quelques secondes s'écouler avant de trouver le mot qui lui convenait pour conclure sa phrase :
- Organiques !
La jeune femme caressa la joue de l'enfant d'un geste maternel et celle-ci rit légèrement sous cette sensation.
- Dis-moi, Hêta, il y a une question que je me pose depuis quelques temps. Est-ce que les Astres avaient tout planifié depuis bien longtemps ? Comme l'Univers le voulait ? Que tout ce qui s'est passé depuis son choix s'est déroulé comme ils le prévoyaient ?
- Pourquoi répondrais-je à tes questions alors que tu en connais déjà les réponses ?
L'enfant hocha de la tête d'un air entendu.
- Cependant, poursuivit la jeune femme, comme tu le sais, les Astres n'ont pas tous les pouvoirs. Des choses leurs ont échappé, malheureusement.
Son regard se voila de tristesse et la petite fille lui saisit la main pour la lui presser d'un geste de réconfort. Elle partageait sa douleur, sa peine, en songeant à cette bien sombre réalité à laquelle la jeune femme venait de faire allusion.
- Et moi ? Lança t-elle soudainement pour chasser le pesant silence qui commençait à s'installer. Je ne suis pas une bonne surprisse ?
Hêta ne put s'empêcher de sourire en entendant ce ton si enfantin, si innocent de la part de cet être si complexe que dissimulait en réalité l'apparence de cette fillette.
- Il est vrai que ce qui s'est passé avec toi fut totalement inattendu, surprenant même les Astres. Tu es finalement toi-aussi un aberration.
L'enfant s'illumina au mot aberration comme si elle le prenait comme un compliment.
- Et nous pourrons compter sur toi, au moment venu ?
- Bien sûr que oui ! Répliqua ardemment la petite fille, offensée à l'idée qu'on puisse douter d'elle. J'attends ce moment avec tellement d'impatience depuis son retour !
Elles se perdirent toutes les deux dans la contemplation du plafond.
- Le souffle d'une nouvelle ère est sur le point de se diffuser dans tout l'Univers, chuchota Hêta. Et tu en seras à l'origine, mon Petit Homme...
Petites notes de l'auteur :
- L'Urquhart Castle est l'un des plus grands châteaux en Ecosse. Il se trouve sur un promontoire rocheux sur les rives du Loch Ness.
- Fillan est un prénom écossais signifiant "petit loup"
