DIS-CLAMER :
L'Univers de Final Fantasy VII et ses personnages sont l'entière propriété de SQUARE ENIX.
SAUVETAGE ACCIDENTEL
CHAPITRE 1
À tous ceux qui ont aimé ce monde,
Et les compagnons qu'ils s'y ont faits,
Nous vous dédions ces retrouvailles...
Final Fantasy VII, Advent Children.
17 h. La cloche de classe retentit, annonçant la fin de journée. Ainsi que le début des vacances de Pâques.
Dans la classe, mes camarades se redressèrent vivement, faisant grincer les chaises sur le carrelage et s'empressant de ranger leurs affaires, tandis que dans les couloirs, les autres élèves se déversaient en un flot abondant de cris et de rires. Malgré le raffut, l'enseignante clama une dernière fois ses recommandations pour les révisions du BAC Blanc, que peu d'entre nous écoutèrent, si ce n'est d'une oreille distraite, pressés de se fondre dans la marée humaine à l'extérieur de la pièce.
Les derniers dont je faisais partis, moins aptes à la précipitation, discutaient de choses anodines, s'attardaient pour discuter avec notre professeur d'économie des choses à réviser. Mes notes ayant toujours été correctes, je ne me sentais pas très concernée, même si je savais que l'enseignante, Mme Verezzi, une vieille chouette à lunette, y trouvait à redire. Que je pouvais faire partie des meilleures, au lieu de passer « mon temps à rêvasser ».
Mon sac de cours fermé, je saluais l'enseignante et sortis à mon tour. Au-dehors du lycée - un établissement vieillot qui se fondait dans la masse des immeubles - les élèves s'étaient regroupés devant le portail ainsi que sur le trottoir longeant l'établissement, s'amassant les uns contre les autres en une foule dense et compacte pour ne pas finir sur la route et gêner la circulation.
C'était l'inconvénient d'être en centre-ville et surtout d'être dans une petite rue. Me faisant aussi mince que je possible, je me frayais alors un chemin à travers la cohue, tentant d'ignorer cette proximité gênante avec les autres. Je n'étais pas agoraphobe, loin de là, mais c'est que je ne supportais pas les odeurs, mélange de transpirations moites et nauséabondes, ainsi que des mauvais déodorants. Sans compter la fumée de cigarette, âcre et agressive, qui me prenait chaque fois à la gorge, lorsque avec une nonchalance énervante, les gens avaient tendance à souffler en plein visage, sans même faire attention.
Fort heureusement, je parvins rapidement à m'extraire la masse, traînant derrière moi mon encombrante valise d'internat en direction du parking de l'établissement. Ce dernier était situé à une vingtaine de mètres et à peine eu-je repérer une Peugeot 307 blanche, qu'un grand sourire s'étira aussitôt sur mes lèvres. À son bord, m'attendait un homme d'une quarantaine d'années, aux cheveux grisonnants et au visage marqué par des pattes d'oie, qui me voyant sourire, s'empressa de sortir.
Les épaules tombantes et l'air préoccupé, il était l'image même du souci permanent. Toutefois, un sourire éclatant se dessina sur son visage, en réponse au mien alors qu'il m'ouvrait rapidement le coffre du véhicule afin que je puisse y mettre mes sacs d'internat et de cours. Mes affaires chargées, je me tournais ensuite vers lui, mon sourire ravi se muant en une moue malicieuse.
« Alors le vieux, déclarais-je. Je ne t'ai pas trop manqué ?
- Bonjour à toi aussi », rétorqua-t-il amusé.
Puis sans un mot, il m'attira contre lui et je l'enlaçais alors vivement, son étreinte se resserrant doucement lorsque je posais ma tête au creux de son épaule.
« Mais j'avoue, reprit-il à mon oreille. Tu m'as manqué.
- Hé ! Ce n'était que deux semaines, tu sais ?
- Une éternité plutôt ! Répliqua-t-il en s'écartant, dans un petit sourire triste.
- Je t'ai pourtant téléphoné le week-end dernier, quand j'étais chez Alice » soupirais-je.
Mon père, Antoine. Un éternel angoissé où pour lui la semaine sans me voir, était une épreuve de patience. Autant dire que me laisser passer le week-end chez ma meilleure amie, Alice, avait été un véritable supplice pour lui, nos rapports étant comme presque fusionnels. Et pour cause…
« Tu as bien mangé chez Alice ? Vous avez travaillé, au moins ? Et les cours cette semaine, ça s'est bien passé ? »
Il était du genre papa-poule à l'extrême, et ce, depuis la mort de ma mère, décédée quelques années plutôt. Sa disparition l'avait profondément marqué et il ne s'en était malheureusement jamais complètement remis. Son comportement, parfois étouffant en était la preuve, la peur de me perdre à mon tour le hantant comme sa propre ombre au soleil. Lui collant au corps jours et nuits. Parfois, c'était dur et il me fallait de temps en temps déployer des trésors de diplomatie pour lui faire comprendre de me laisser un peu d'air, même si en général, je ne disais rien. C'était mon père après tout. Et puis, je l'aimais…
« Oui, j'ai très bien mangé, répondis-je dans un soupir amusé. Les parents d'Alice sont de vrais cordons bleus. Et comme son père est prof, c'est lui qui nous a fait bosser. Pour ce qui est des cours, sans plus…
- Bien. »
Il s'éloigna et monta dans le véhicule. J'en fis de même, amusée par ce questionnaire quotidien auquel j'avais droit, pour s'assurer que je n'étais pas maltraitée ou sous-alimentée.
«Alors, c'est les vacances ?
- Oui. Pourquoi ?
- Tu as prévu de faire quelque chose ? »
Je ne répondis pas, du moins pas tout de suite, observant à travers le rétroviseur, le lycée et ses élèves. Lorsqu'ils disparurent au détour d'un carrefour, un soupir de délivrance s'échappa de mes lèvres et je ne pus m'empêcher de sourire, satisfaite. Ça, c'était le vrai début des vacances ; ne plus voir son lycée. Même si le fait d'avoir le nez plongé au milieu des cahiers de révisions allait malgré tout me rappeler son bon souvenir. Mais je pourrais globalement oublier pendant dix jours l'interna et ses surveillantes aussi souriantes que des portes de prisons. Oublier également mes camarades de classe, avec qui je ne m'entendais guère ; trois ans à les côtoyer et pas un mot chaleureux, si ce n'est cette éternelle indifférence et cette froide distance qui nous séparait.
Bah, de toute manière, qu'importe ? Nous n'avions pas tout simplement les mêmes centres d'intérêt. Et puis elles étaient le genre filles que je ne supportais pas. Hypocrites et superficielles, fade en personnalité, toujours à se déplacer en troupeau et à glousser lorsqu'un garçon osait les regarder avec un tant soit peu d'intérêt. Ou bien à se moquer ouvertement devant toute la classe, lorsque qu'un élève se fait réprimer, comme ce fut le cas lorsque Mme Verezzi me surprit en train d'esquisser sur mon calepin à dessin des corps nus d'hommes et de femmes.
À cette évocation, je soupirais. Non seulement les cours de cette vieille chouette étaient soporifiques, mais en plus, elle n'y connaissait rien. Aucun sens artistique et ne sachant même pas apprécier la beauté du corps humain. J'adorais dessiner des corps. Surtout ceux de femmes, que je dessinais opulentes, aux courbes pleines et gracieuses comme sur les tableaux de la Renaissance. Reproduisant ces Vénus de l'Antiquité, idoles de fécondité et d'amour. Lorsque c'était des hommes, c'était pour reproduire les lignes épurées de leurs musculatures parfaites, athlétiques pour la plupart. Ou bien des portraits, dont un revenait assez souvent. Un personnage de jeu vidéo, que j'appréciais beaucoup.
«Elina ? Demanda mon père, me tirant brusquement de ma rêverie
- Quoi ? Oh… Heu… Non, je n'ai rien de prévu, répondis-je, maladroite. Mais ne compte pas sur moi pour faire tes corvées de ménage pendant mes vacances. J'ai des révisions…
- Pourquoi je te demanderais ça ?
- Parce que tu essayes toujours de me les refiler » répondis-je en fronçant les sourcils.
Mon père éclata de rire.
«À peine deux minutes et tu commences déjà à râler. Et puis ce n'est pas vrai ! La dernière fois, que tu m'as remplacé, c'est parce que tu as eut peur que je confonde à nouveau la javel et la lessive !
- Oui ! Tous mes draps d'internat avaient été décolorés ! Acquiesçais-je en me remémorant l'événement avec cynisme. Et aussi que tu remettes de l'adoucissant dans le bac de la serpillière !
- ça, c'est parce que les étiquettes se sont décollées ! Grimaçat mon père. Comment aurais-je pu savoir ? Les bouteilles sont quasi identiques ! Et puis ce n'est arrivé qu'une fois, figure-toi. Et pour ce qui est de la javelle dans la machine à laver, on était à court de lessive, et je pensais vraiment que…
- Papa, fis-je en souriant. Je plaisante… »
Comme d'habitude. Car c'était quelque chose que j'aimais bien faire. Le charrier sur sa manière maladroite de tenir la maison, et l'immense soulagement qu'il ressentait lorsque je revenais. En sauveuse. Je ne voulais pas être sexiste, mais l'adage comme quoi les femmes étaient d'excellentes maîtresses de maison était en partie véridique, et ce, même si le progrès et l'évolution de notre société tendait vers une égalité des sexes.
À moins que cela venait tout simplement de mon père et me voyant sourire, il me lança alors un regard en coin, se voulant faussement menaçant. Échec total, puisque la seconde d'après, j'éclatais finalement de rire.
Je poussais la porte d'un coup de pied. Ma chambre, était une petite pièce de douze mètres carré, aux tonalités grises et chocolat, agrémentée de rideaux couleurs prune. Le dessus-de-lit, en bas duquel s'écrasa lourdement mon sac d'internat, était de la même teinte. Les meubles quant à eux, étaient noirs laqués, que se soit aussi bien la commode que la bibliothèque et mon bureau.
Je posais mon sac de cours sur ce dernier, à côté de mon ordinateur, puis dans un soupir de soulagement me laissais tomber sur le lit, chassant malencontreusement une boule de poil blanche aux yeux bleu à laquelle je n'avais pas fait attention. Le chat.
« Oh désolée, Duchesse » m'exclamais-je en me redressant aussitôt, pour l'apercevoir qui sortait de la pièce.
Duchesse, de race européenne, était une femelle âgée de presque huit ans, à la constitution moyenne, indiquant un bon train de vie ainsi qu'une bonne alimentation. Le poil luisant et soyeux, sa fourrure affichait une petite particularité que j'aimais beaucoup. Si chaton, Duchesse avait été entièrement blanche, son faciès avait quelque peu prit une teinte rousse, de même que ses pattes et sa queue. Pour finir, je l'avais nommée ainsi, en hommage à son homonyme de Walt Disney, dans les Aristochats, dont j'étais une grande fan.
L'indignée, en entendant son nom, revint à sa place habituelle et pour me faire pardonner, je lui grattais alors derrière l'oreille. Excuses acceptées, au vu du ronronnement bruyamment qu'elle me fit la seconde d'après.
« Elina, fit soudainement mon père, sa tête apparaissant dans l'encadrement de la porte. Ce soir, je commande des pizzas…
- Tu ne veux pas que je cuisine ? Je peux en faire une, tu sais…
- Non, j'ai eu un rendez-vous important cette après-midi et je n'ai pas eu le temps de faire les courses, répondit-il penaud. Alors tu veux quoi ?
- Je ne sais pas… Les quatre fromages ? Répondis-je en haussant les épaules.
- OK. Je vais appeler Mattéo pour qu'il nous la prépare et j'irais la chercher. Tu mettras le couvert dans la cuisine ?
- Oui. Au fait, c'était un rendez-vous pour quoi, si ce n'est pas indiscret ? »
Silence. Mon père parut extrêmement mal à l'aise et je me redressais alors, étonnée de sa réaction.
«Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu es encore allé à la banque ? »
En ce moment, la période était particulièrement difficile, mon père venant tout juste de perdre son emploi, car l'entreprise pour laquelle il travaillait, avait dû licencier une centaine d'ouvriers en raison de la crise économique. Et malheureusement, mon père avait quelques difficultés à rembourser le crédit concernant l'achat de notre appartement. Chaque retard de payement était synonyme d'appels incessants et de rendez-vous, et ce, malgré la sympathie de Mr Johnson, son banquier, qui faisait tout pour l'aider.
« Si tu veux, je peux aller travailler chez Mlle Olive pour les vacances, proposais-je. Sa proposition tient toujours, tu sais. Elle m'aime bien, je crois… »
Mlle Olive, était une vieille dame tenant un café littéraire en contre bas de la rue, et m'y voyant souvent en train d'acheter des livres, on avait un jour longuement discuté, jusqu'à ce qu'elle me propose gentiment, que si je cherchais du travail, je pourrais toujours venir la voir.
« Non. Ça ira, Elina. Et puis, je…Heu…Ce n'est rien d'important, répondit-il maladroitement. Ne t'inquiète pas… »
Il hocha la tête en direction de mes sacs.
« Au fait, tu devrais déballer tes affaires. Et ranger ta chambre… »
Je jetais un coup d'œil autour de moi. Ma chambre était parfaitement rangée. Mais alors que je me tournais de nouveau vers mon père, celui-ci était déjà reparti.
« Bizarre », marmonnais-je entre mes dents.
Le connaissant, il me cachait certainement quelque chose. Néanmoins, sur ces pensées, je me redressais alors et entrepris de vider ma valise d'internat. Je retirais les affaires sales et allais les mettre dans la panière située dans la salle de bain, prévue à cet effet, puis rangeais ce dont je n'avais pas utilisé cette semaine. Ma valise d'internat, quant à elle, retrouva sa place tout au fond de la commode. Sur cette dernière, trônaient diverses figurines représentant des personnages de jeux vidéo ou bien de films. Il y avait les compilations des Final Fantasy et Mass Effect dont j'étais fan, ainsi que celles de Harry Potter, le Seigneur des Anneaux ou bien encore la compilation de Star Wars.
Mais, parmi toutes ces figurines, parmi tous ces personnages mélangés de Cloud et Ligthning, de Harry et du Major Sheppard ainsi que de Gandalf et Dark Vador, il y avait une à l'écart, qui attira mon attention. La plus belle de toutes. Et celle qui m'avait coûté le plus chère, pensais-je en me détournant.
«Deux cent vingt euros ? S'exclama Alice, ma meilleure amie, en écarquillant les yeux. Tu n'es pas sérieuse ?
- Hé bien, balbutiais-je en regardant l'objet de sa stupéfaction. Faut dire qu'elle les vaut, non ? »
Je lançais un regard suppliant au vendeur qui observait la scène avec amusement.
« Effectivement. À elle seule, elle fait deux cent vingt, mais avec la deuxième partie, le total des deux font quatre cent quarante. Et encore, là, je vous ai fait une remise. Normalement, elles sont à six cent euros… »
Là, pour le coup, Alice blêmit. En un sens, je la comprenais. Ça faisait cher la figurine. Mais quand je la voyais…
« Elle est superbe » murmurais-je en me penchant au plus prés pour l'observer.
Inspirée d'une des scènes de combat à la fin d'Advent Children, les deux figurines rassemblées représentaient Sephiroth et Cloud entrain de se battre au milieu des décombres dégringolant de l'immeuble que l'argenté avait fait sauter. Fourmillant de détails, la sculpture dans son ensemble était tout simplement trés belle à voir, mesurant presque une soixantaine de centimètre de haut et chaque figurines, pesant presque chacune deux kg. (Nda : les figurines existent vraiment.)
«J'en prends une, déclarais-je d'un souffle.
- Tu n'es pas sérieuse ! S'écria Alice.
- Vous voulez laquelle ? Demanda le vendeur dans un grand sourire.
- Celle-ci », répondis-je sans hésitation.
Je la désignais du doigt.
« Je prends Sephiroth… »
Et désormais, il trônait sur mon étagère. Certes, mon père m'avait réprimandé, mais voyant l'effet que m'avait procuré l'achat, soit un état de béatitude complet, il n'avait finalement rien osé dire, ses paroles n'atteignant même pas d'un iota le petit nuage sur lequel j'étais installée.
Après tout, comme pour de nombreux fans, j'adorais Sephiroth, car ce dernier était un personnage particulièrement charismatique. Non seulement, il était l'une des personnalités les plus emblématiques de la série, mais aussi le méchant le plus badass de tous les jeux vidéo. Sans compter que son histoire, relevant presque de la tragédie grecque et qui me paraissait presque faire écho à celle de Dark Vador, me touchait énormément.
Son destin, à la fois impitoyable et hors norme auquel il n'avait pu échapper, passant sa vie de sujet de laboratoire séparé de sa mère à la naissance et élevé par un savant fou, à une vie batailles et de combats pour les seuls intérêts de la Shinra, sans moyens d'y échapper. Pour finir précipité à la fin dans la folie et la mort. Sans compter que ses deux seuls amis, Angeal et Genesis, avaient également été voués à ce destin tragique. Bref. Impossible de ne pas l'apprécier. Et ce, même en prenant en compte le problème « Jenova », facteur important dans la chute des trois Soldiers, mais comme tout fan, on minimise malheureusement ce genre de détail…
J'allumais mon ordinateur portable.
Une semaine sans internet et ma boite mail était déjà inondée de mails en tout genre. Chose que je bénissais et maudissais à la fois. Satanées pubs ! Enfin, les plus importants étaient les alertes mails concernant les nouvelles sorties de jeux vidéo à venir ainsi que les sortis cinémas. Les mails triés, je fermais alors la fenêtre, laissant place au fond d'écran de mon bureau.
C'était une photo prise il y a quelques années, lors de vacances en Corse. Prise en bord de mer, je me promenais en compagnie de ma mère. J'étais âgée, à cette époque de huit ans. Les cheveux entremêlés et éclaircis par le soleil, je souriais en direction de l'objectif, tandis que de son coté, ma mère, tentait de chasser une longue mèche rebelle, que le vent du large ne cessait de mettre en travers de son visage. Mais cela ne l'empêchait pas de sourire. Un sourire doux et aimant, à l'image de ce qu'elle était.
Le visage rond, des yeux rieurs d'un bleu acier dont j'avais hérité et une bouche bien dessinée, bien que légèrement boudeuse, ma mère avait ce charme particulier qu'ont les femmes qui attirent au premier regard. Pleine de vie et le rire contagieux, elle savait profiter de chaque instant avec nous et le reste de notre famille. À cette époque, nous vivions dans un bonheur des plus complets. Et puis un jour bien sûr, car jamais les choses ne durent, tout cela prit fin, le médecin lui déclarant un cancer.
À cette pensée, je sentis mon cœur se serrer. Elle avait mis six mois, à dépérir et à s'éteindre à petit feu, sans que l'on ne puisse faire quoi que ce soit. Amaigrie, perdant ses cheveux par poignées à cause des traitements, ma mère n'avait été plus que l'ombre d'elle-même. Refusant d'attendre la mort à l'hôpital en anonyme, elle avait finalement préféré rester à la maison, entourée de mon père et moi. De notre amour qui, je croyais naïvement du haut de mes dix ans, allait la sauver. Mais une nuit, alors qu'elle voulait aller aux toilettes, elle s'effondra au beau milieu du couloir dans un bruit mat. Pour ne plus jamais se relever. À ce souvenir, ma gorge se serra, et sentant malgré moi les larmes perler au coin des yeux, je me détournais de l'écran, inspirant profondément. Dix ans avait passé depuis, mais la douleur ne s'était jamais totalement effacée.
« Tu as fini de ranger tes affaires ? Demanda mon père en repassant devant ma chambre.
- Oui, répondis-je en me tournant vers lui.
Il s'arrêta, voyant ma mine défaite.
« Qu'est-ce qu'il y a, Elina ?
- Rien. Je pensais juste à maman », avouais-je mal à l'aise. « Mais ce n'est rien » rajoutais-je dans un sourire maladroit.
Le regard de mon père s'adoucit.
« Écoute, pour tout à l'heure ; enfaîte, je n'ai pas eu de rendez-vous. Je suis allé voir ta grand-mère…».
À ces mots, je me tendis soudainement, m'attendant au pire. Le sujet que l'on abordait était souvent houleux et finissait souvent en dispute.
« Qu'est-ce qu'elle voulait ? Demandais-je avec un calme faussement indifférent.
- Et bien, prendre de nos nouvelles…
- Tiens donc, et depuis quand ça l'intéresse ?
- Elina, ne sois pas si agressive s'il te plaît. Tu sais bien qu'elle a encore du mal à accepter la mort de ta mère, après tout, c'était sa fille unique… »
Et voilà. Le sujet qui me mettait hors de moi, et ce, depuis dix ans. Et qui, je sentais, continuerait à me rendre furieuse jusqu'à la fin de mes jours.
« Elle a du mal à accepter sa mort ou plutôt elle nous en veut de ne pas l'avoir obligée à aller à l'hôpital ! demandais-je durement. Par ce que c'est ça qu'elle nous balance les rares fois qu'on se voit ! Ah si seulement vous l'aviez obligée à aller à l'hôpital, fis-je en l'imitant d'une voix faussement aiguë. Elle aurait suivi une thérapie, et serait encore de ce monde !»
Mais reprenant mon sérieux, je fusillais mon père du regard.
« Ce qu'elle oubli, c'est que maman avait une maladie incurable et qu'aucun traitement ne pouvait la soigner ! Maman était condamnée ! Et puis elle n'est pas la seule à avoir perdu quelqu'un ! Moi, j'ai perdu ma mère ! À dix ans, je précise ! Et elle avait l'air de pas mal s'en foutre ! À jouer les mauvaises langues derrière ton dos en te traitant d'assassin, et à vouloir te traîner en justice pour non-assistance à personne en danger !
- Ça suffit Elina !» S'écria mon père.
Soudain, le téléphone dans le salon sonna, coupant court à la dispute. Nous nous dévisageâmes un instant, puis mon père s'écarta, le regard vide. Je sentis alors mon cœur se serrer brusquement, détestant le voir dans cet état d'abattement total.
« Cela doit être Mattéo, murmura-t-il avec lassitude. Je vais chercher les pizzas. Prépare la table...
- Papa... »
Il stoppa.
« Oui ? » Soupira-t-il.
Je me mordis la lèvre inférieure.
« Même si elle dit vouloir se faire pardonner, lançais-je doucement. Ne compte pas sur moi pour tourner la page aussi facilement… Tu sais bien que ce qu'elle nous a fait est inexcusable, et ça, tu ne peux pas le nier… »
Un silence accueillit mes paroles, puis sans un mot, mon père partit en direction du salon.
Une fois seule, je poussais un soupir et reportais mon regard sur le fond d'écran. Ma mère aurait détesté de nous voir nous disputer ainsi. Et je le détestais aussi. Toutefois, c'était plus fort que moi. C'était viscérale. Je ne pouvais pardonner le mal que nous avait fait ma grand-mère. La souffrance que je devinais encore chez mon père, lui qui avait perdu sa moitié, la personne qu'il aimait plus que tout. Une souffrance qu'il n'arrivait pas à surmonter et qu'il reportait inconsciemment sur moi, par son comportement parfois étouffant, inquiet et angoissé pendant mon absence. Comment pouvait-il faire un jour son deuil alors qu'il n'était en paix avec lui-même et s'il s'obstinait à voir la grand-mère ? Ce n'était pas elle, qui avait accompagné ma mère dans ses dernières volontés. Et ça, elle ne le comprendrait jamais.
Enfin, sortant de ses tristes pensées, je me saisis d'un DVD et le plaçais dans le lecteur de mon ordinateur. Changeons d'ambiance ! Ce soir, je comptais bien me détendre pour de bon, et célébrer ce début de vacances. Sans compter qu'après maintes négociations, Alice avait enfin daigné de me rendre mon DVD de Final Fantasy VII Advent Children Complete, après l'avoir jalousement possédé pendant presque deux mois. Au contraire de moi, qui étais une fan de type modérée, aimant la compilation toute entière et ses dérivées, ma meilleure amie était une véritable fanatique, participant au grand damne de ses parents à toutes les conventions possibles. Sa chambre était remplie d'objets hétéroclites relatifs aux Finals Fantasy, sans compter les posters qui placardaient les murs, représentant tous pour la plupart, Cloud Strif. Et étant donné ma préférence pour Sephiroth, cela menait parfois à quelques chamailleries.
À l'écran, le film débuta. Mais je redressais, Papa allant bientôt revenir avec les pizzas. De toute manière, je connaissais suffisamment le début par cœur, pour je puisse me permettre de rater l'introduction avec Kadaj et Rufus, ainsi que la fusillade du cratère nord, scènes qui n'avaient en soit, rien de révélatrices...
«Oh, pousse-toi de là, riais-je en sentant le chat glisser entre mes jambes alors que je sortais de ma chambre. Tu auras à manger tout à l'heure ! »
En unique réponse, Duchesse me suivit jusqu'à la cuisine et sauta sur le comptoir, m'observant silencieusement mettre le couvert.
Puis lorsque tout fut mis en place, je passais devant le bureau de mon père et m'y attardais quelques secondes. Et jetant au coup d'œil à la paperasse éparpillée aux quatre coins de la pièce, je ne pus que soupirer, dépitée, avant de finalement me résoudre à tout remettre en place, triant à la va-vite les factures d'eau, d'électricité ainsi que de téléphone. Comment fait-il pour être aussi désordonné ? Songeais-je en me grattant la tête, une fois le rangement finit. Ce n'est pas possible ça, faut toujours que je sois derrière lui !
Sur ces pensées, je revins dans mon antre, me laissant tomber sur mon fauteuil.
À l'écran, le film avait bel et bien avancé, Cloud ajustant tout juste ses lunettes afin de se remettre en route. Lorsque les incarnés arrivèrent quelques secondes plus tard, surplombant la falaise et remarquèrent Cloud en contre bas, je ne pus m'empêcher de sourire, car la scène qui allait suivre, celle où ils allaient combattre à moto tout en valsant au milieu des rochers, était l'une de mes préférées du film.
Et des trois incarnés, Yazoo était de loin celui que j'aimais le plus. J'aimais son détachement presque glacial face à tout ce qui l'entourait, son cynisme. J'appréciais de plus sa manière de combattre. Ses mouvements à la fois fluides et rapides, tranchant d'une précision parfaite. À côté de lui, Loz incarnait la force brute à l'état pur, un roc inébranlable que l'artiste n'avait pas encore sculpté afin de lui donner une forme, tandis que Kadaj, était trop enfantin et immature, s'évertuant à gesticuler d'un rythme violent et saccadé, sans aucune grâce selon moi. Yazoo incarnait donc un équilibre parfait entre ses deux frères. Et mieux encore, il était celui qui ressemblait le plus à Sephiroth de par son physique, mais également par son caractère.
Lorsque le moment où sa moto heurta celle de Cloud, et qu'il en profita pour lui tirer à la tête, je ne pus m'empêcher de sourire. Cloud avait beau être le personnage principal, je ne pouvais m'empêcher d'être agacée et de le mépriser.
Premièrement, par ce que je le trouvais beaucoup trop dépressif à mon goût ; notamment au sujet de la mort d'Aerith qu'il n'avait pu empêcher et dont il n'arrivait pas à se pardonner. Je détestais sa manière de se complaire dans sa culpabilité et de négliger Tifa et les enfants. C'était une chose qui me mettait hors de moi et l'idée de le secouer un bon coup, pour lui dire d'arrêter ces simagrées et de profiter de ce qui était encore en vie, était vraiment plus que séduisante. Alice elle-même, qui ne cessait pourtant de me vanter les mérites de son idole, le reconnaissait. Deuxièmement, parce que je n'approuvais absolument pas son rapport avec Sephiroth. Car après tout, Cloud et ses compagnons n'avaient pas essayé une seule seconde de comprendre pourquoi Sephiroth était devenu ainsi. De comprendre sa haine envers la Shinra. Ses doutes sur son humanité. Et de comprendre que dernière lui, se tenait Jenova. Qui était le véritable ennemi et qu'elle ne considérait Sephiroth que comme un vulgaire outil. Et plutôt que de briser l'emprise de la Calamité des Cieux, Cloud préférait condamner Sephiroth et le laisser moisir au cœur de la Rivière de la Vie. Et c'était en partie pour cela, que je ne l'aimais pas. Je lui en voulais de ne pas comprendre la situation de Sephiroth.
C'était injuste. De ce fait, lorsque l'argenté apparaissait enfin, c'était toujours avec satisfaction que je regardais le combat. Un combat puissant et majestueux qui prouvait que malgré le fait que Cloud l'ait battu deux fois, Sephiroth serait toujours le meilleur. La violence avec laquelle il malmenait le jeune homme, ne faisait que confirmer cet état de fait. Et même si à la fin, il perdait une fois encore, il gardait la tête haute. Voilà pourquoi j'appréciais Sephiroth. Et regrettais parfois même que l'issue du combat n'en soit pas inversée. Que Sephiroth, gagne tout simplement.
« Elina ! Cria soudainement mon père en entrant. Tu viens manger ? ».
À cette déclaration, l'odeur de pizzas se fit sentir, et sentant l'appel de mon estomac, je me redressais.
« Oui, j'arrive ! » Répondis-je en mettant le film sur pause.
« Alors cette pizza ? Lança mon père en débarrassant son assiette.
- ça va, répondis-je dans un sourire, tout en ouvrant le lave-vaisselle. Ça fait du bien d'en manger une de temps en temps… »
Il me tendit les assiettes.
«Bah, si tu veux, on peut se faire ça tout les vendredis soir… »
Je haussais les épaules.
« Non, je risque de m'en lasser trop vite ... Et puis, je tiens à ma ligne ! »
Mon père me jeta un coup d'œil malicieux, me jaugeant de la tête aux pieds.
« Hé ! m'exclamais-je, faussement outrée. Je t'interdis de te moquer de moi !
- Comme tu veux, répondit-il en souriant. Tu veux un dessert ? »
Je refermais le lave-vaisselle, hochant négativement la tête.
« Je me servirais plus tard. J'ai un film qui m'attend.
- Tu regardes quoi ?
- Un film d'animation. L'un de mes préférés… Advent Children de Final Fantasy VII. »
Mon père fronça les sourcils.
« Final Fantasy, c'est pas celui que tu m'as fait regarder la dernière fois ?»
J'éclatais de rire.
«Non, ça, c'était Final Fantasy, les créatures de l'esprit. Ça n'a rien à voir ! Celui que je regarde est une sorte de suite de la Compilation du VII. Tu sais, j'ai les figurines des personnages principaux sur mon étagère ! Enfin pas toutes, mais bon, bref….
- Je vois, murmura mon père d'un air qui laissait entendre tout le contraire. Et donc ?
- Et donc, ce film est génial ! Répliquais-je en riant. L'histoire est vraiment prenante, tu sais ? Et les musiques sont super belles ! Enfin, ce sont surtout les graphismes qui sont impressionnants ! Tu devrais voir les personnages, ils sont trop bien fait, genre Cloud et Vincent ! Et je ne te parle même pas de tous les autres ; Tifa, Sephiroth et ses incarnés ! Ils sont trop beaux !
- Doucement ! Se moqua gentiment mon père. Ce n'est qu'un film !
- Dixit celui qui est fan des James Bond, rétorquais-je, avec un sourire narquois. Et qui saute au plafond dés qu'un nouvel opus sort au cinéma !
- Ce n'est pas pareil !
- D'ailleurs, ce n'est pas ce que tu allais te regarder ? Glissais-je innocemment. Il me semble avoir vu que ça passait sur Arte ce soir. Une soirée spéciale, avec LE Sean Connery... ?
- Très drôle ! Arrête de te moquer de moi !»
Mon sourire s'élargit. Et devant mon expression, papa baissa les armes.
- C'est bon, tu as raison ! Se resigna-t-il, non sans un rire amusé.
Puis essayant de garder un minimum de dignité, il prit la fuite en direction du salon, prétextant aller chercher sa tasse de café restée sur la table basse. Je secouais la tête. Décidément, il avait trouvé le bon sujet pour nous faire oublier la dispute de tout à l'heure. C'était une bonne chose, même si je savais que ce sujet reviendrait tôt ou tard sur le tapis. Il revenait toujours, pensais-je sombrement et éteignant les lumières de la cuisine.
Dans ma chambre, Duchesse attendait mon arrivée, assise le dos bien droit sur le bord du bureau, sa queue battant l'air dans un rythme lent. La chassant gentiment d'une caresse et lui intimant d'aller voir papa, je refermais ensuite la porte derrière elle. Une fois seule, je m'immobilisais une demi-seconde, mon regard s'accrochant au miroir caché derrière la porte. Et face à moi, mon reflet.
Physiquement, je n'étais pas ce que l'on appelle « un canon de beauté ». J'appartenais simplement aux normes standards, me fondant dans la masse des lycéenne de mon âge, étant ni trop grande ni trop petite, avec quelques rondeurs légèrement en trop à cause de la prise de contraceptifs. Cependant, les quelques activités sportives que je pratiquais me permettaient de garder un poids stable ainsi qu'une silhouette respectable. Pour le reste, rien qui ne sortait de l'ordinaire non plus. Un visage rond et avenant, quelque peu enfantin selon certains, et avec au milieu, un petit nez volontaire. Ma bouche quant à elle, était légèrement charnue et rosée, se plissant parfois lorsque j'avais tendance à réfléchir intensément, de même que mes yeux, lesquelles étaient d'un bleu acier presque gris. Pour finir, le tout était encadré d'une épaisse chevelure brune qui me tombait sur les épaules de façon indisciplinée. Selon mon père, j'étais le portrait craché de ma mère, bien que sur les photos, j'aurais plutôt tendance à penser le contraire.
Sur cette pensée, je me détournais alors du miroir et me dirigeais ensuite vers mon bureau. Toutefois, à la vue de l'écran, je m'immobilisais, fronçant subitement les sourcils.
« Qu'est-ce que… ? »
Le film semblait avoir continué en mon absence et était désormais au moment de la course-poursuite entre Cloud et les incarnés, sur l'autoroute conduisant aux ruines de Midgard.
« Mince, murmurais-je. Je n'ai pas mis sur pause… »
Sur cette constatation, je m'assis alors sur ma chaise de bureau et me saisis de la souris, cliquant sur la barre de défilement pour revenir au début. Cependant, rien ne se passa. Le film continuait d'avancer normalement.
«He ! M'étonnais-je en cliquant une deuxième fois ainsi qu'une troisième. Qu'est-ce qui te prends, tu bug ? »
Je tentais alors de fermer la fenêtre, mais rien à faire. L'ordinateur semblait vouloir n'en faire qu'à sa tête, tandis qu'à l'écran, Yazoo traversa l'hélicoptère de la Shinra. Une scène que je trouvais au passage superbe.
« Bon, si tu le prends comme ça », bougonne-je
J'activais l'éjection du DVD. Le lecteur s'ouvrit docilement. Cependant, je ne retirais pas le CD, l'oubliant subitement, face à ce qui se passait à l'écran. Complètement sidérée de voir que le film continuait d'y défiler.
«C'est quoi, ça …? »Murmurais-je.
Cloud émergea du tunnel. Passa de justesse entre Reno et Rude, qui tenaient chacun entre leurs mains une bombe sortie tout droit des labos de la Shinra.
« Heu…. Papa !? Lançais-je en direction du salon.
- Oui ?
- Mon... Ordi à un problème, je crois, rajoutais-je..
C'était bien plus qu'un simple problème. C'était même complètement inconcevable. Irréel. Cherchant la meilleure des solutions, j'essayais alors d'éteindre la machine, mais toujours aucun succès. L'ordinateur ne me répondait plus.
« Mais ce n'est pas vrai ! » M'exclamais-je à présent avec un agacement naissant, à la limite de l'énervement. Je tapais du poing sur le clavier. « Tu vas t'arrêter oui ! Espèce de… »
Le film se mit en pause. Je haussais les sourcils. L'écran devint noir. Une brève seconde passa. L'espace d'un instant, un frisson inexplicable me traversa. Un mauvais pressentiment. Puis d'une manière toujours aussi inexplicable, le film reprit, passant des premières myriades de secondes de l'explosion du tunnel, à l'apparition de Sephiroth dans un éclair blanc. J'écarquillais les yeux.
« Content de te revoir... Cloud »
L'argenté redressa lentement la tête, son visage tout entier remplissant l'écran. Cloud écarquilla également les yeux, avant d'être violemment projeté vers le ciel. Une nouvelle fois, un frisson désagréable me traversa. Pire, mon ventre se tordit d'une effrayante appréhension, lorsque d'un coup, le film s'accéléra. Passant le discour de Sephiroth, ainsi que le début de leurs combat. Face aux images qui défilaient à toute vitesse, une sensation nauséeuse m'envahit. Je reculais alors légèrement.
« Papa… ! »
Ma voix me sembla étrangement stridente. Au même instant, le film reprit son rythme normal. Et dans un hurlement rauque, Cloud s'écrasa au sol, creusant de son corps un impact profond dans le sol. Mon cœur rata un battement. Le voyant se redresser difficilement, maculé de sang et en perdant en un flot abondant, je sentis une nouvelle vague de nausée m'envahir. Pire encore, car apercevant la silhouette solitaire qui flottait au-dessus de lui, je sentis ma respiration se bloquer inexplicablement, en proie à un terrible frisson.
«Dis-moi quel est la chose la plus importante à tes yeux...» Susurra Sephiroth d'une voix sombre et menaçante. «... Que je me fasse une joie de te l'arracher...»
Au moment où Sephiroth fondit sur Cloud, et que ce dernier se redressa en rythme avec la mélodie des cuivres si singulière au thème de One Wingel Angel, tout explosa. Une détonation brutale de son et de lumière, qui traversa soudainement l'écran. Inondant totalement ma chambre au point de m'aveugler complètement. Instinctivement, je me protégeais la tête et criais à nouveau, à présent terrorisée.
« Papa ! »
Un hurlement indistinct, se perdant dans un vrombissement puissant. Comme si les murs, l'immeuble tout entier s'écroulait. Le sol lui-même s'effondra sous mes pieds, puis m'entraîna alors dans une chute sans fin.
Il n'y avait rien. Si ce n'est le vide. Sans cesser de chuter, j'eu l'impression de ralentir. Et bientôt, au bout d'un temps interminable, de m'arrêter. Cependant, je ne rencontrais pas de surface solide sur laquelle j'aurais pu me tenir. J'étais comme en suspension. Une sensation d'apesanteur où les notions de haut et de bas n'existaient pas. Lorsque j'entrouvris les yeux, une lumière aveuglante perça aux travers de mes paupières. Instinctivement, je portais une main à mon visage et malgré la forte luminosité, me forçais à regarder.
Il n'y avait rien. Si ce n'est le vide. Et mon corps qui flottait au milieu d'une immensité blanche, perdu dans une infinité qui n'était en rien apaisante. Au contraire, elle n'en était que plus oppressante. Car le temps et l'espace n'y avaient plus de sens. Car cet endroit, s'il y avait un mot qualifié pour le définir, n'était qu'un "lieu" de transition, de passage. Du moins, était-ce l'impression que j'en avais. Et perdue comme je l'étais, paniquée, je n'y voyais guère de finalité. Un but, une destination, aussi inconnue soit-elle.
« Pas inconnue ...»
Mon cœur rata un battement. Qui... ? Où... ? Je tentais de me retourner. En vain, car autour de moi, il n'y eut rien d'autre que le vide.
« Il est temps pour toi de retourner à ton monde... Qui... ? Douce et féminine. Chaude et maternelle. Familière.
- Je...Ne comprends pas, balbutiais-je.
- Bientôt...
- Mais... ! Je ne comprends pas, balbutiais-je.
- à toi de commencer ton voyage...»
Et tout disparu.
Le brouillard blanc laissa place à un ciel lourd et orageux. Autour de moi, les nuages tourbillonnaient, traversés par des éclairs qui crépitaient violemment. J'en était si inexplicablement proche que j'en sentais leur chaleur, leur puissance me traversant la poitrine. L'air en était chargé. Lourd et tendu. Menaçant. Sifflant violemment à mes oreilles. Peu à peu, dans cette atmosphère électrique, je repris conscience, comme sortant d'un rêve d'étrange. Et sentis une terreur absolue me gagner.
Car de nouveau, j'étais en train de tomber. Je chutais à une vitesse vertigineuse, tel un poids mort. Lorsque les nuages me recrachèrent, je retrouvais cette effroyable impression d'éternité, face à la vision du ciel et du soleil couchant. Puis de l'horizon lointain, vers lequel une étendue désertique de sable gris s'étendait. Un paysage sans vie, funèbre. Lorsque mon corps se retourna, de manière complètement désarticulé et me faisant ressembler à une marionnette pendue à ses fils, je vis alors ma destination finale me tendre les bras. Car en bas, à des centaines de mètres tout en bas, se trouvait celle qui fut autrefois, à l'apogée de sa puissance, la capitale de tout un monde. Midgard, que je reconnus avec stupéfaction, et qui me promettait au fur et à mesure que je tombais, un destin des plus fatals.
Non! Non! Non!
Un hurlement que ma chute étouffait impitoyablement. Et pire encore, lorsque deux silhouettes commencèrent à se dessiner sous moi. Celles de Sephiroth et de Cloud, l'ancien milicien bondissant tout juste dans les airs pour rejoindre l'argenté. Et alors qu'il s'élevait dans les airs, il me vit. Chutant droit sur eux. Le temps d'un battement de cils, nos regards se croisèrent alors. La seconde d'après, avant même que la surprise ne puisse se dessiner sur son visage, je percutais avec violence Sephiroth, me perdant dans un nuage de plumes noires et de filaments argentés.
Puis de nouveau la chute, avant de finalement rencontrer le sol, dans un enchevêtrement de corps et de cris. Un choc puissant qui, lorsque nous roulâmes au sol, manqua de m'assommer. En dépit du corps de Cloud qui tel un rempart, m'avait instinctivement enveloppé, comme si le jeune homme avait eu le reflex de vouloir me rattraper.
Finalement immobilisés, une seconde de flottement s'écoula. Une seconde interminable, où sonnée, je n'eus plus conscience de rien. Seulement de la dureté du sol sur lequel nous avions roulé. D'une forte odeur de fer, au travers de ma respiration douloureuse et chaotique. Des larmes qui inondaient mes joues et des tremblements nerveux qui me crispaient toute entière. De ce corps chaud et ferme qui me serrait contre lui et auquel je m'accrochais désespérément. Comme une naufragée à sa bouée. Et puis le temps sembla peu à peu reprendre son cours. Je relâchais alors les sangles de cuir et le pull bleu foncé auquel j'étais agrippée, puis m'écartais doucement.
À ce geste, les bras qui m'enlaçaient me relâchèrent alors sans résistance. Remarquant les profondes entailles qui les barraient en de multiples endroits, je redressais alors la tête, et je croisais le regard de mon sauveur. Lequel me dévisageait avec la plus totale des incertitudes.
Cloud.
À la vue de son visage poussiéreux et maculé de sang, j'écarquillais les yeux. Il était réel ! Une constatation qui me glaça d'effrois. Sentant la nausée m'envahir, je me tentais de me redresser afin de m'éloigner vivement de lui. Cependant, Cloud pâlit brusquement et avant je ne puisse comprendre quoique ce soit, le jeune homme me saisit par le bras et me tira de nouveau vers lui, m'entraînant dans une roulade latérale. La seconde d'après, la lame d'un sabre démesuré s'écrasa à l'emplacement exact de là où nous nous trouvions quelques instants plutôt. Je poussais un cri apeuré, et toujours aussi vif, Cloud se redressa et se saisissant de son arme, s'avança d'un pas pour bloquer une nouvelle attaque.
Les deux armes se rencontrèrent dans un crissement métallique qui me fit brusquement tressaillir et instinctivement, je suivis du regard le tranchant du sabre, remontant jusqu'à la garde et enfin, à son propriétaire.
Sephiroth.
Une vision qui me coupa brusquement la respiration. Une vision irréelle. L'envie de me pincer pour me réveiller me saisit, mais la peur qui me paralysait sur place me convainquit que je ne rêvais pas. Il était tout aussi réel que Cloud.
De chair et de sang. D'une perfection qui allait au-delà de toute mesure. Grand et élancé, aussi fort qu'un chêne fermement ancré dans le sol. Aussi inébranlable que le marbre dans lequel il semblait être sculpté. Sous la lumière grisâtre du ciel, sa peau paraissait être d'une blancheur diaphane, tranchant avec l'uniforme de cuir noir qui enserrait à la perfection son corps de combattant. Son regard de jade était fixé sur Cloud avec une intensité orageuse. Un regard de prédateur, froid et mortel, qui contrastait cependant avec le sourire dédaigneux qui s'étirait presque imperceptiblement sur ses lèvres.
« Je vois que nous avons une invitée surprise », déclara Sephiroth d'une voix monocorde. « Une amie à toi, peu être ? »
Au son de sa voix, je me sentis déglutir. Totalement intimidée, pour ne pas dire apeurée. Néanmoins sa réflexion provoqua un instant de flottement, durant lequel Cloud me jeta un coup d'œil perplexe par-dessus son épaule.
« Qui es-tu ?» Demanda-t-il finalement, à défaut de ne pouvoir répondre lui-même.
« Je… »
Incapable de répondre, les mots se coincèrent dans ma gorge. De même, que j'étais incapable de quitter Sephiroth du regard, jusqu'à ce Cloud ne rompe le lien visuel. Cependant, alors qu'il était de nouveau sur le point de me questionner, un léger rire traversa Sephiroth. Un rire sans la moindre chaleur.
« Pathétique, murmura-t-il, reportant son regard railleur sur Cloud. «Elle ne vaut pas mieux que toi. Un pantin sans âme. »
Comme une douche froide, ses paroles eurent le don de me sortir de ma torpeur. Et pire, elles me firent l'effet d'un soudaine gifle. Une gifle humiliante.
« Pathétique ?» Répétais-je d'une voix étranglée, me forçant à me lever et à m'avancer d'un pas. Totalement désertée par le bon sens. « Je viens de... »
Non, il n'y avait pas de mots pour décrire ce que je venais de vivre. Et encore moins pour décrire ce qui se passait actuellement. Si ce n'est l'injustice ressentie à ces paroles. Pour qui se prenait-il avec son ego sur-dimensionné ? N'avait-il donc aucune empathie ?
« C'est vous qui êtes pitoyable à vouloir tout détruire ! Vous n'êtes qu'un gamin capricieux ! »
À mes paroles, le voyant se raidir, je réalisais la portée de mes propos. Et me sentis soudainement blêmir, lorsque son regard aux prunelles félines, se plissa dangereusement, signant définitivement mon arrêt de mort.
« Ose répéter ce que tu viens de dire...» M'intima-t-il dans un murmure menaçant. «... Et face à ce que va subir ce pantin, ton sort sera beaucoup plus que désirable ! »
Apeurée, je reculais d'un pas. Cloud en profita aussitôt pour me tirer sans ménagement en arrière.
«Tu seras mort avant d'avoir pu la toucher ! » L'avertit-il.
Et joignant le geste à la parole, l'ancien milicien, empoigna plus fermement son épée. En réponse, un rictus moqueur s'étira sur le visage de Sephiroth.
« Je vois que tu n'as toujours rien appris, persifla-t-il. Tu ne peux me tuer. Car je ne serais jamais un souvenir… »
À sa déclaration, un frisson désagréable me remonta entre les omoplates. Et voyant le visage de Cloud se durcir, mon ventre se creusa d'une soudaine et indicible appréhension. Pire, je compris que combat allait reprendre et que pour une raison inexplicable, que c'était une chose à laquelle je ne voulais surtout pas assister. Ils allaient s'entre-tuer. Ou plutôt, il allait le tuer. Or, ce n'était plus un film. Sephiroth était bel et bien vivant, et en dépit de sa menace, étais-je réellement prête à le voir mourir une nouvelle fois ? Et cette fois-ci pour de vrais ?
« C'est ce que nous verrons » répondit Cloud, indifférent à ma soudaine agitation.
Le voyant se mettre en garde, je me rapprochais de lui. Dans ma poitrine, mon cœur battait à tout rompre et je me sentis devenir peu à peu nauséeuse.
« Est-ce vraiment nécessaire ? Murmurais-je indécise, lançant un regard hésitant en direction de l'argenté. Ne peux-tu pas simplement le blesser gravement et le garder vivant ?
- Et prendre le risque de tout perdre ? Rétorqua le jeune homme. Il veut détruire la planète !
- Mais il y a d'autres solutions ! Rétorqua le jeune homme. Et puis tu ne sais pas... »
Cloud me repoussa sans ménagement en arrière, reportant son attention sur Sephiroth.
« J'en sais suffisamment pour savoir qu'il est dangereux ! »
Puis avant même que je ne puisse ajouter quoique ce soit, Cloud se rua sur Sephiroth. L'argenté esquiva avec nonchalance, sa chevelure d'argent virevoltant dans son dos, puis repoussa Cloud dans un geste si rapide, qu'il en fut presque invisible. Les deux combattant entamèrent alors une danse mortelle, rythmée par le sifflement dévastateur de leurs armes. Un spectacle bien différent de celui auquel j'étais habituée, à l'abri derrière mon écran. À la fois incroyable et effrayant. Un véritable combat de titans, et lorsque je vis Cloud assener un violent uppercut à Sephiroth, l'envoyant dans les airs, je sentis mon appréhension se muer en désespoir. Et tel le souffle attisant une braise mourante, une voix retentit alors au loin, irréelle, semblable à un écho :
« Sauve-le… »
Un frisson me traversa. Cette voix...Songeais-je subitement troublée.
Dans les airs les deux combattant enchaînèrent plusieurs coups, avant que Sephiroth ne renvoie finalement une nouvelle fois Cloud au sol. Le jeune homme se réceptionna tant bien que mal avec violence, le sol se fissurant sous l'impact, et soudain, un vif halo bleu apparu autour de lui, tel une aura incandescente. Il me sembla alors sentir l'air soudainement s'épaissir. Se tendre, comme gonflé par une force invisible. Sa limite !Réalisais-je avec effarement. Il est en train d'atteindre sa limite !Au fond de moi, l'appel résonna de nouveau. Toujours aussi imperceptible. Mais cette fois, paradoxalement, plus insistant...
«Tu dois le faire, c'est important ! »
Mon cœur s'accéléra. Mais faire quoi ?Songeais-je avec incompréhension, en réponse à l'appel.
« L'empêcher de mourir... »
Je me sentis pâlir. Sentant une inexplicable panique m'envahir. C'était impossible. Je ne pouvais pas. J'en étais incapable ! Je n'étais rien. Seulement perdue. Effrayée par ce que je voyais. Par ce qui allait se passer. Et qui faisait naître peu à peu ce sentiment d'urgence contre lequel je ne pouvais rien. Ce tiraillement viscéral qui m'exhortait à agir, à suivre ces appels indistincts. Contre ma volonté.
« Laisse ton instinct agir ! » Lança la voix, tel un ultimatum.
Au même instant, Sephiroth fondit droit sur Cloud qui, toujours auréolé de flammes bleues, fit tournoyer au-dessus de sa tête son épée broyeuse. En une fraction de seconde, je revis alors la scène finale, et sentis cette fois-ci l'appel se faire sans précédent, lorsque la Buster Sword se décomposa et encercla définitivement Sephiroth de ses nombreuses lames.
«Fais-le. MAINTENANT ! »
Un ordre à la fois puissant et impérieux. Qui balaya toute résistance et tout bon sens. Aliénant la raison même et n'étant plus qu'une pulsation viscérale, à l'état brut. Primaire et animale. D'une violence, telle, que dans un cris déchirant, je fus alors comme dépossédée de mon corps. Incapable de résister à ce mélange de terreur face à l'inévitable, et le besoin de l'empêcher à tout prix. À cette soudaine douleur qui me déchirait la poitrine, et qui telle une marionnette, m'élançait en avant. Vers Cloud qui, poussé par sa limite, entamait avec la rapidité de l'éclair, son ultime attaque.
Une fraction de seconde décisive. Où le temps sembla comme subitement ralentir. Et qui reprit son cours, lorsque je me jetais entre les deux combattant dans une explosion de lumière. Une détonation qui me transperça de part en part, faisant naître dans un éclair aveuglant, un dôme d'énergie pure qui arrêta de plein fouet la BusterSword. La violence du choc fut telle, que non seulement l'épée broyeuse rebondit, s'arrachant des mains de son propriétaire, mais que le bouclier se désintégra également dans une nouvelle explosion, l'onde de choc projetant Sephiroth et Cloud en arrière. Puis se résorba tout aussi brusquement qu'elle était apparue, provoquant dans ma poitrine une soudaine sensation de déchirement, semblable à un coup de poignard. Une douleur telle, que je m'effondrais à genoux dans un cri, la respiration coupée. À mes tempes, le sang pulsa violemment, et peu à peu, au fil des secondes, des taches noires obscurcirent ma vision.
Je sentis alors ma conscience vaciller comme la flamme d'une bougie.
« Tu as bien fait… »
« Quoi ? » Murmurais-je dans un souffle, ne comprenant pas. «Qu'est ce que...»
Mais les mots n'eurent soudainement plus de sens. Car il n'y eut plus que les ténèbres...
Avec difficulté, Cloud se redressa. Autour de lui flottait un brouillard épais, mélange de cendre et de poussière. Un voile brumeux qui semblait l'avoir comme coupé du monde. Désorienté pendant un bref instant, le jeune homme chercha un repère sûr. Une silhouette par-delà la brume. Celle de son ennemi qui pouvait surgir à tout instant. Où bien celle du Hauvent qui volait quelque part au-dessus de lui, et dont il entendait les hélices fendre l'air dans un bruit sourd et lointain. Mais rien ne semblait vouloir émerger du brouillard. Et ce dernier, ne semblait pas non plus vouloir se dissoudre, continuant de fluctuer.
Cloud fronça les sourcils. Ce brouillard était anormal. Chargé de résidus d'une énergie brute et disparate.
À cette pensée, il sursauta. Et dans un flash, tout lui revint en mémoire. La source de tout ce chaos. La fille. Chutant du ciel. Puis se jetant entre lui et Sephiroth, le corps auréolé d'une lumière vive et aveuglante. Ainsi que l'explosion, qui avait tout balayé tel un raz-de-marré.
Empoignant la BusterSword qui avait atterri non loin de lui, Cloud se dirigea alors vers le centre du brouillard. Sentant au passage, sa peau se hérisser au contact de cette atmosphère de plus en plus chargée d'énergie. Lorsqu'il arriva finalement à sa source, il aperçut la fille, étendue sur le sol et d'une pâleur inquiétante. Presque translucide. Menaçant de s'évaporer à tout instant tandis que sur le sol noirci et tout autour de son corps, des étincelles crépitaient de part et d'autre. Avec prudence, Cloud s'agenouilla et posa une main sur son épaule, espérant qu'elle reprenne conscience à ce geste. Mais son visage enfantin resta sans vie. Un visage qu'il dévisagea alors avec incompréhension. Ce n'est qu'une gamine, réalisa-t-il.
« Bon sang, qui es-tu ?» Murmura-t-il.
Une question sans réponse, qui l'agaça. Se résignant malgré tout, Cloud cala son épée dans son dos puis tendit alors les bras afin de la saisir fermement contre lui. Elle était légère. Trop peut être, par rapport au poids de l'incompréhension et de la frustration qui gonflait en lui. Et plus encore, lorsqu'il prit soudainement conscience qu'il n'était plus seul.
Car Sephiroth émergea à son tour du brouillard, semblable à une apparition fantomatique. Cependant, toute expression d'arrogance supérieure avait déserté son visage. Ne laissant plus qu'un masque de cire insondable, d'un calme froid et mesuré. Silencieux, l'argenté baissa les yeux sur la fille. La dévisageant à son tour avec intensité, son regard glissant sur ses traits juvéniles ainsi que la courbe délicate sa gorge exposée, sa tête penchant nonchalamment dans le vide. Dans sa contemplation, Sephiroth fronça un bref instant, les sourcils, son regard se plissant sous la réflexion. Avant de revenir vers Cloud, plus obscur que jamais...
D'instinct, l'ancien milicien se raidit.
Toutefois, au loin, un vrombissement puissant retentit au loin. Cloud y reconnut le moteur d'une moto. Sephiroth tourna également la tête. Son visage se fendit alors d'un rictus froid de satisfaction. Car l'instant d'après, les silhouettes de Loz et Yazoo émergèrent à leurs tours de la brume. Ils étaient en piteux états, couverts de poussière et de sang. Cependant, leurs états de faiblesse ne semblaient qu'intensifier leurs soifs de combat, les rendant à cet instant, plus dangereux que jamais. Néanmoins, lorsqu'ils avancèrent, Sephiroth les stoppa d'un revers de lame.
« En arrière...» Leur intima-t-il gravement.
Les incarnés froncèrent les sourcils.
« Affaiblis comme vous l'êtes, c'est bien plus qu'une simple victoire que nous risquons de perdre… » Leur indiqua sombrement l'argenté.
Puis joignant le geste à ses paroles, Sephiroth déploya son aile. Nul besoin d'en dire plus. D'un accord commun, et non sans oublier de lancer une œillade narquoise à Cloud, les incarnés se fondirent alors de nouveau dans le brouillard. De nouveau seuls, Sephiroth se tourna ensuite vers l'ancien milicien.
« L'histoire semble vouloir se répéter» nota l'argenté dans un froncement de sourcils. « Arriveras-tu une fois encore à m'arrêter, Cloud ? »
L'interpellé afficha à cette question un visage fermé. Mais ne répondit pas. Car nul besoin de réponse à cette question rhétorique. Et le sachant parfaitement, Sephiroth sourit. Un sourire froid. Celui d'une promesse sans appel. Celle du jeu à venir, celui du chat et de la souris. Et de la fin inéluctable de ce monde. Puis sans rien ajouter de plus, l'argenté s'envola alors. Ne laissant plus que dans son sillage une nuée de plumes.
Désormais seul, Cloud baissa les yeux sur son fardeau. Sentant à présent, un mélange violent de colère, d'impuissance et d'incompréhension l'envahir.
« Par Gaïa... Qu'as-tu fait ? »
À SUIVRE
