Disclaimer : Les personnages, noms de lieux, sortilèges, etc., que vous reconnaissez ne viennent pas de moi, mais de JKR et patati et patata…
Rating : Comme toujours, je mets M par mesure de sécurité pour avoir le plus de libertés possibles.
Les couples déjà créés au début de l'histoire sont : Harry/Ginny (oui, j'ai décidé), Hermione/Ron (j'ai décidé aussi, non mais !), Clémence (personnage inventé)? (GNIARF)
Note : Je précise encore une fois que le nombre de fanfictions étant très impressionnants, s'il existe une quelconque ressemblance entre celle-ci et une autre, il s'agit d'un pur hasard et je m'en excuse d'avance si quelque chose comme ça se produit.
Contexte temporel et historique : Le récit prend place quelques années après la fin des études d'Harry. Voldemort a été vaincu, mais les Mangemorts existent toujours, organisés par un nouveau chef (que je ne révèle pas pour l'instant… pas folle, l'auteur !), donc c'est pas encore le paradis avec les fleurs et les oiseaux qui chantent ! Harry et ceux de sa promo (Hermione, Ron, Clémence, etc.) sont âgés de 25 ans.
Attention : Ceux qui n'ont pas encore lu (ou terminé) le tome 6 ne devraient pas se risquer à lire cette fic, qui prend en compte les révélations de ce 6ème volet, et qui a de fortes chances d'y faire référence.
Et la conclusion : Wiwiwi je sais j'en ai 2 autres en cours… mais je suis comme ça, moi, je m'étends :D Ne vous inquiétez pas, je n'en n'oublie AU-CU-NE. (Z'avez vu comme je me calme niveau papotage pré-récit ? Mdr)
Chapitre 1 : Premier combat
Une femme apparut en un crac sonore dans le hall du Ministère anglais de la Magie. Elle portait un pull à col bateau noir et un pantalon également noir. Ses cheveux, noirs et droits, tombaient quelques centimètres plus bas que ses épaules. Son teint était pâle et ses yeux bleu-gris, au regard féroce, passaient sans cesse d'un visage à l'autre, d'un objet à l'autre. Même dans ce décor connu, elle ne pouvait pas se départir de ses réflexes. À l'affût, toujours à l'affût. Les traits de son visage étaient à la fois fins et durs, comme taillés avec le plus grand soin dans du marbre.
La jeune femme ne prit pas le temps de saluer les gens qu'elle croisait et s'empressa de monter à l'étage où se trouvait le quartier général des Aurors. Elle marcha d'un pas décidé vers son bureau, s'autorisant le luxe de jeter un énième regard meurtrier à Harry Potter au passage. Elle ouvrit la porte de son bureau et s'affala devant un dossier.
Clémence Austen était l'une des Aurors les plus réputées du bureau anglais. Elle était froide et hautaine, et ses collègues, tout en reconnaissant ses grandes qualités d'Auror, avaient vite compris qu'il était inutile de pénétrer dans son bureau pour un motif n'étant pas purement professionnel. Sang Pur, elle avait passé ses années d'études à Poudlard au sein de la maison de Salazar Serpentard, un fait qui était assez étonnant pour une Auror. Pour cette raison, elle avait toujours éprouvé envers Harry Potter une haine et une aversion naturelles, qui ne s'étaient nullement atténuées sous prétexte qu'ils travaillaient ensemble. Elle savait reconnaître ses qualités d'Auror, et inversement. Mais, en dehors de cela, ils se détestaient cordialement. Ils avaient même trouvé moyen de bâtir entre eux une rivalité presque unique dans le service. C'était à qui neutraliserait le plus de Mangemorts. Les Austen étaient une très vieille famille, qui avait été surprise de voir l'unique héritière opter pour une carrière aussi dangereuse et aussi « Gryffondor », pour reprendre le terme de sa mère. Clémence était consciente qu'ils avaient tous priés pour qu'elle échoue aux examens ou qu'elle abandonne durant ses études, mais elle ne l'avait pas fait. Ils avaient donc dû se faire à l'idée, bien qu'elle continuait de leur déplaire. Qu'importe. Elle aimait son travail.
Elle leva les yeux vers l'embrassure de la porte, où était appuyée Nymphadora Tonks.
- Quoi ? demanda-t-elle dans un soupir.
Tonks était la seule à se risquer à entrer dans un bureau en disant autre chose que « J'ai un dossier pour toi ». Et, en général, c'était très désagréable.
- Je veux parler de ce qui est arrivé hier, dit Tonks.
- Vas-y, parle, dit-elle d'un ton froid et égal, que je fasse comme si je t'écoutais.
Nullement déconcertée par cet accueil on ne peut plus glacial, l'Auror aux cheveux rose vif entra et s'assit sur une chaise, pendant que Clémence, pour se donner l'allure de quelqu'un qui n'écoute pas du tout, jouait avec sa bague en or, la faisant tourner autour de son doigt.
- Pourquoi tu l'as tué ?
- Quelle question. Parce que c'était un Mangemort et qu'il allait me tuer. À tout prendre, mieux valait sa vie que la mienne.
Tonks retint un léger soupir. Comment avait-elle pu oublier, ne serait-ce qu'une fraction de seconde, que sa collègue était de ceux pour qui la fin justifie les moyens ? N'était pas Serpentard qui veut ! Contrairement à elle, tuer ne lui faisait pas peur.
- Tu aurais pu le désarmer. Ou le Stupéfixier. Tu ne vas pas me faire croire que tu n'a pas trouvé moins… définitif qu'un Avada Kedavra.
- Tu essaies de me faire croire que tu n'as jamais jeté un Avada Kedavra à un Mangemort lorsque tu étais en mauvaise posture ? dit Clémence, bien qu'elle savait la réponse à sa question.
- Jamais.
Et elle savait que c'était vrai. Tonks mettait un point d'honneur à neutraliser ses adversaires sans les tuer. Les Aurors, grâce à une loi écrite par Barthemius Croupton Senior, avait parfaitement le droit d'utiliser des Sortilèges Impardonnables contre des Mangemorts en situation de combat. Un peu comme les policiers moldus, qui avaient le droit d'utiliser une arme à feu lorsque leur vie ou celle d'une autre personne était menacée. Ce n'était donc pas d'hier que les Aurors pouvaient le faire, mais Clémence Austen était réputée dans le service pour faire un usage particulièrement fréquent de ce droit, s'embarrassant rarement d'un vulgaire Stupéfix lorsque la situation était critique, surtout face à un Mangemort particulièrement dangereux. Les Mangemorts appréciaient donc très rarement de se retrouver face à cette femme qui, du haut de ses deux ans d'expérience et de son mètre 65, en faisait trembler plus que des Aurors plus anciens et/ou plus baraqués. La veille, ses collègues l'avaient envoyée en premier dans le repère de Mangemorts, et ce n'était pas la première fois qu'ils agissaient de la sorte dans une situation musclée : ils savaient, qu'avec elle, ça passait ou ça cassait, et que ce n'était jamais à l'avantage des Mangemorts.
Il ne fallait cependant pas la prendre pour une tête brûlée, ou le genre de personnes qui dégomme tout le monde et qui pose (éventuellement) des questions après. Elle était dotée d'une capacité à réfléchir tout en fonçant dans le tas. En un mot, elle était efficace. Radicale. Mais efficace. Et c'était précisément pour cela qu'on l'aimait. S'il fallait ramener un suspect pour être interrogé, vous pouvez être sûr qu'elle vous ramènerait votre homme vivant. S'il fallait « appréhender » un Mangemort reconnu pour l'arrêter, par contre, il n'y avait aucune garantie de la survie du Mangemort s'il opposait une trop grande résistance, ou de son état de santé. Elle n'avait pas le temps pour être émotive.
- Grand bien t'en fasse, répondit-elle en haussant les épaules. Tu as fini ?
Elle allait continuer, mais elle vit, à son visage fermé, qu'elle ferait mieux de s'adresser au mur de son propre bureau. Tonks soupira et sortit du bureau, la laissant travailler.
Clémence prit le dossier posé au sommet de la pile de dossiers posés sur son bureau et l'ouvrit. Aussitôt, elle poussa un grognement sonore. Dossier Drago Malefoy. Mangemort reconnu et influent. Rien que ce mois-ci, elle avait refusé trois fois le dossier, et ses supérieurs commençaient à se poser des questions, mais elle continuait à le refuser, encore et encore… et pour cause. Drago Malefoy était son mari.
Oh, bien entendu, elle avait conservé son nom après le mariage, parfaitement consciente du fait que porter le nom de Malefoy serait très mal vu pour une Auror. Elle ne voulait pas non plus que ses supérieurs l'obligent à profiter de sa situation pour leur ramener des renseignements qu'elle seule pourrait dénicher sur Drago Malefoy. Elle se gardait bien aussi de dire qu'elle était mariée, et, si quelques collègues avaient remarqué son alliance, ils ne s'étaient pas risqués à poser des questions, se demandant quand même qui pouvait bien partager sa vie avec une telle vipère. Elle réprima un sourire. Un serpent, bien sûr. Drago était la brèche dans sa forteresse de froideur. Son talon d'Achille. Dans son travail comme dans tous les points de sa vie, Clémence ne laissait jamais de place aux sentiments. La tête, disait-elle, est bien meilleur juge que le cœur. Sauf en ce qui concernait Drago. Il était sa seule et unique faiblesse, et elle en était parfaitement consciente. Mais elle l'aimait. Il était le seul à pouvoir se vanter d'être autorisé à voir d'elle autre chose que son masque de glace.
Elle refusait le dossier de peur d'y découvrir des choses qu'elle ne voulait pas savoir sur la vie « professionnelle » de son mari. Elle n'y avait jamais rien lu d'autre que le nom de Drago. Elle avait vu la Marque sur son avant-bras, c'était hautement suffisant. Une Auror et un Mangemort. Le Bien et le Mal. Les plus cyniques diraient que c'était voué à l'échec, les plus tendres diraient que c'était merveilleusement romantique. Elle savait qu'un jour risquait d'arriver où ils se trouveraient tous les deux dans une situation de combat. Comment espérer qu'un Mangemort ne croise jamais le chemin d'une Auror, au moins pour une bataille ? Et elle savait aussi que si cela arrivait, ils seraient du même côté. Elle ne savait pas lequel. Mais ils seraient du même côté.
La jeune femme ne détacha pas son regard du dossier. C'était la seule copie, et elle le savait très bien. Elle fut tentée de le jeter dans la cheminée derrière elle et de prétendre ensuite qu'elle l'y avait laissé tomber par accident. Non. On lui demanderait pourquoi elle n'avait pas éteint le feu avec sa baguette, et elle serait dans une position extrêmement embarrassante par la suite.
- Austen ! cria un homme en entrant dans son bureau, la tirant de ses pensées. Une attaque de loup-garou !
- Mais on est en plein jour ! s'exclama-t-elle en se levant précipitamment de sa chaise.
- Je SAIS, c'est Greyback ! aboya son supérieur.
- Où c'est ? s'enquit-elle.
Il lui lança un papier avec une adresse. Elle transplana immédiatement et apparut sur les lieux : la cour d'une maison aux abords d'un boisé. Son regard bleu-gris croisa celui, jaune et cruel, de Greyback. Le loup-garou claqua ses dents rouges de sang et Clémence recula. Lorsqu'elle leva sa baguette, elle vit du coin de l'œil une personne gisant dans une mare de sang. À en juger par sa chair déchiquetée en plusieurs endroits et son absence de mouvements, l'Auror comprit immédiatement qu'elle n'avait pas besoin de s'inquiéter de son état de santé et reporta son entière attention sur le loup-garou. Un Avada Kedavra et ce serait fini. Elle n'aurait même pas de compte à rendre. C'était un loup-garou, pas un humain. Et même. Il avait massacré tellement de gens que le Ministère s'en moquerait, si elle le tuait. Elle risquait même de s'en sortir avec une récompense.
- AVADA KEDAVRA ! cria-t-elle en direction du lycanthrope, qui évita le terrible maléfice de justesse.
Greyback se jeta sur elle et referma sa gueule sur la première chose qui lui tomba sous la dent : la baguette de Clémence, qu'il rompit d'un coup de mâchoire, crachant les débris sur le sol. Il se lécha les babines et s'avança lentement vers elle, croyant (à tort) qu'elle était désormais une proie facile, Auror ou pas. Il la griffa au bras. Erreur fatale : Clémence le colla au tronc d'un arbre d'un coup de pied sur la poitrine. Quand on vous disait que, pour elle, la fin justifiait les moyens…
Harry, qui venait d'arriver en transplanant, avait beau avoir fait ses études d'Auror avec elle et savoir qu'elle avait reçu non seulement un entraînement magique, mais aussi physique, mais il était toujours étonné de voir à quel point cette femme d'apparence délicate savait être efficace sans baguette magique.
Clémence entrevit quelqu'un dans les bois. Un homme. Elle savait qui c'était. Des cheveux d'un blond pareil, il n'y en avait que dans une seule famille d'Angleterre. Drago étira la main et attrapa celle de Greyback et ils transplanèrent.
- Qui c'était ? s'étonna Harry en voyant Greyback disparaître par transplanage assisté.
- Greyback, évidemment, répondit Clémence, même si elle savait que ce n'était pas ce qu'il voulait savoir.
- Non, la personne qui l'a fait transplané, dit Harry, agacé.
- Sais pas, dit Clémence en haussant les épaules.
- Il était assez près pour toucher Greyback et tu ne l'as pas vu ?
- Je n'ai pas dit que je ne l'avais pas vu, j'ai dit que je ne savais pas qui c'était, tu veux peut-être un dictionnaire ?
- De quoi il avait l'air ?
- Il portait une cagoule, Potter.
- Et tu…
- La ferme, dit-elle.
Elle désigna ce qui restait de sa baguette.
- Dis aux autres que je suis allée me chercher une nouvelle baguette. J'arrive dès que possible.
Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et transplana chez Ollivander.
Harry soupira en secouant la tête. Ce que Clémence ignorait, c'est qu'il était le seul à avoir des doutes en ce qui la concernait. Il était à peu près sûr qu'il y avait un lien entre elle et Malefoy. Elle avait trop souvent refusé le dossier de celui-ci sans donner de raison. Clémence Austen ne refusait jamais un dossier, même quand elle en avait déjà plein les bras. Il avait bien sûr remarqué l'alliance à sa main et avait, au fil du temps, fait le lien avec ce mariage dont elle ne parlait jamais et ses refus répétés de prendre en charge le dossier Malefoy. Et Harry Potter savait qu'on ne pouvait pas côtoyer le Mal chaque jour sans qu'il laisse des marques… il transplana.
Clémence, après avoir fait l'acquisition de sa nouvelle baguette (bois de cerisier et poil de sphinx), transplana immédiatement au bureau.
- Austen, avec Potter dans le bureau du patron pour votre rapport, lui dit un homme en la voyant arriver.
- Très bien, dit la jeune femme en s'y dirigeant d'un pas décidé.
Lorsqu'elle entra, Harry était déjà assis devant l'homme à la chevelure grisonnante.
- Austen, asseyez-vous.
En silence, Clémence s'assit sur la chaise, tentant par tous les moyens d'ignorer le regard perçant du Survivant braqué sur elle.
- J'ai déjà la version de Potter, dit leur supérieur en croisant les mains sur son bureau. Il ne me manque que la vôtre.
- Je suis arrivée sur les lieux immédiatement après avoir quitté mon bureau en transplanant. Je me suis retrouvée, conformément à mes attentes, face à face avec Greyback. J'ai pu constater le décès d'un adulte. Impossible de vous dire si c'était un homme ou une femme, son intégrité physique en avait pris un coup. J'ai tenté de jeter un sortilège à Greyback…
- On se doute lequel, coupa Harry.
- … mais il l'a évité et s'est jeté sur moi, poursuivit l'Auror sans se préoccuper de l'intervention de son collègue. Fort heureusement, je n'ai pas été mordue, mais il a cassé ma baguette avec ses dents. Il m'a griffée au bras et je l'ai écrasé avec mon pied contre un arbre pour le maîtriser jusqu'à l'arrivée des renforts. Potter est arrivé et n'a pas eu le temps d'intervenir, puisque dans les bois, il y avait un individu cagoulé, que je suppose être un homme au vu de sa carrure, qui a touché Greyback et qui l'a emmené avec lui par transplanage assisté. Ma baguette étant brisée, j'ai demandé à Potter de vous en prévenir avant d'aller m'en procurer une immédiatement.
- Vous n'avez rien remarqué sur cet homme ? Aucun signe particulier ?
- Non, monsieur.
Le visage de Clémence était impénétrable et son esprit, insondable. L'occlumancie avait de très bons côtés. Harry finit par détacher son regard d'elle pour le tourner vers leur supérieur hiérarchique avant de parler :
- Monsieur, je demande à ce qu'on interroge Austen sous Veritaserum pour être bien certains…
- À quoi bon, Potter ? s'étonna l'homme derrière le bureau.
- Potter sous-entend peut-être que j'ai pour habitude de fréquenter les Mangemorts et de les couvrir ? suggéra la jeune femme d'un ton acide en regardant Harry de travers.
- Si Austen n'a rien à cacher, ce ne serait qu'une simple précaution…
- Une précaution inutile, trancha le patron en refermant le dossier. Vous pouvez sortir.
Ils sortirent. Dès que la porte fut refermée, Clémence jeta un regard assassin à son collègue :
- Paranoïaque, dit-elle avant de s'éloigner.
- Ce n'est pas ma faute si tu as des choses à cacher ! répliqua-t-il dans le dos de l'Auror.
Clémence ne se retourna même pas et alla s'enfermer dans son bureau.
À la fin de la journée, Clémence transplana et apparut aux environs de sa demeure. La raison était fort simple : on ne pouvait pas transplaner dans le manoir. Il était doté d'un sortilège Repousse-Moldu, en plus d'être invisible à leurs yeux. Pour les Moldus, ce n'était rien d'autre qu'un grand terrain vague. Les gens du Ministère n'étaient jamais venus faire un tour chez elle, mais, de toutes façons, s'ils apprenaient à quel point la maison était protégée, ils n'y verraient rien d'autre qu'une pointe de paranoïa à la Alastor Maugrey. Ils ne pourraient jamais soupçonner que ces protections avaient été érigées par Drago Malefoy pour sa propre protection.
Elle traversa l'allée de pierres grises, tapota la poignée de la porte avec sa baguette et murmura quelque chose et la porte s'ouvrit. Clémence entra dans l'immense demeure et referma la porte derrière elle. Elle grogna en voyant sa manche déchirée par Greyback et monta dans la chambre pour se changer, enfilant un débardeur vert forêt avant de descendre au salon, à la fois richement décoré et austère. La pièce n'était pas sans rappeler la salle commune de Serpentard, avec beaucoup plus de luxe.
Clémence s'affala dans un fauteuil de cuir et commençait à examiner son bras lorsqu'elle sentit des bras lui entourer les épaules par-derrière.
- Salut, dit-elle avec un léger sourire en ne prenant pas la peine de se retourner.
Une seule personne au monde pouvait se risquer à un tel contact sans prendre le risque de se prendre aussitôt un maléfice à la figure. Drago l'embrassa sur la joue avant d'aller s'asseoir dans le sofa juste à côté de son fauteuil.
- Tu es rentrée depuis longtemps ? demanda-t-il.
- Quelques minutes. Toi ?
- Quelques heures.
Elle ne posa aucune question sur ce qui c'était produit plus tôt dans la journée avec Greyback. Drago avait été envoyé pour superviser l'attaque de Greyback contre des Moldus, elle avait été envoyée par le Ministère pour neutraliser Greyback. Chacun avait fait le travail qu'on lui avait demandé de faire, et il était inutile d'y revenir. Aucun d'eux n'avait blessé ou attaqué l'autre, de toute manière, Ils avaient établi une espèce de règlement non-dit comme quoi ils ne parlaient jamais de leurs activités professionnelles respectives. Il ne lui posait pas de question sur les Mangemorts qu'elle retirait de la circulation et qu'elle envoyait soit à Azkaban, soit au cimetière, et elle ne lui demandait jamais de lui révéler la nature exacte de ses activités de Mangemort. C'était la seule chose dont ils ne parlaient jamais. Une loi du silence qui leur épargnait beaucoup de problèmes. Il savait qu'elle était une future Auror lorsqu'il l'avait rencontrée, et elle savait qu'il était un Mangemort bien avant de se marier avec lui, ils ne voulaient pas en savoir plus, considérant que c'était bien assez.
- Laisse-moi regarder, exigea-t-il en la voyant passer près de se disloquer l'épaule pour regarder ses blessures.
Il s'accroupit à côté d'elle pour regarder l'étendue des dégâts. Quatre lignes rouges avaient été creusées dans la chair tendre de Clémence par les griffes acérées du lycanthrope.
- Ça va, ce n'est pas très profond, commenta-t-il.
Il fit apparaître une bouteille et désinfecta avec soin les blessures de sa femme avant de les soigner d'un coup de baguette.
- Merci, docteur, dit Clémence en riant.
Aucun commentaire sur le fait qu'il avait accompagné la créature qui lui avait infligé ces blessures. Il avait emmené Greyback avant qu'il finisse son boulot, après tout. Et il ne pouvait quand même pas savoir que c'était elle qui serait envoyée pour régler le problème d'attaque de loup-garou. C'était un pur hasard, et elle savait qu'il avait soigné ses blessures pour se faire pardonner. Il n'était pourtant pas responsable des actes de Greyback.
- Tu as demandé à l'elfe de préparer le dîner ? demanda-t-elle.
- Pas encore. J'attendais que tu arrives.
- Pigmy ! cria Clémence.
La petite créature apparut en un crac sonore, s'inclinant si brusquement et profondément que son gros nez en trompette s'écrasa sur le plancher de bois sombre.
- Qu'est-ce que Pigmy peut faire pour satisfaire sa maîtresse ? demanda l'elfe en se frottant le nez aussi discrètement que possible.
- Prépare le dîner, ordonna Clémence sans même lui accorder un regard.
- Oui, maîtresse, répondit l'elfe en s'inclinant à nouveau avant de disparaître.
Drago profita de ce court échange entre sa femme et son elfe pour l'observer. Combien de temps encore pourrait-il empêcher les autres de tenter de l'éliminer ? Clémence était dangereuse pour eux, beaucoup trop dangereuse. Un jour viendrait où les interdictions et les menaces de Drago ne suffiraient plus à la protéger et où ils passeraient à l'action. Combien de temps survivrait-elle si elle devenait leur cible principale ? Malgré la confiance qu'il avait en ses aptitudes à se défendre, il devait se rendre à l'évidence : dans l'éventualité où les Mangemorts décideraient de s'en prendre à elle directement, elle ne tiendrait pas longtemps. Et lui non plus, à force de se compromettre à refuser qu'elle soit tuée.
- Tu as l'air soucieux, commenta-t-elle en fronçant légèrement les sourcils. Quelque chose ne va pas ?
Il secoua la tête, mais elle sentit bien qu'il mentait. Ses traits étaient fatigués et tendus, et elle était très bien placée pour savoir qu'il dormait moins ces temps-ci. Elle ne savait pas pourquoi et ne voulait pas le savoir, mais elle pouvait l'aider à se reposer. Elle se leva et lui fit signe de le suivre. Ils montèrent l'escalier de bois sombre et, Drago sur les talons, Clémence entra dans sa chambre.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Couche-toi là.
Elle l'obligea à s'allonger sur le lit avant de le rejoindre sur le lit.
- Clémence, je réitère ma question…
- Tu vas voir, dit-elle en fermant les rideaux de la fenêtre d'un coup de baguette.
Elle fit de même avec la porte.
- C'est un enchantement peu connu. Je vais te laisser entrer dans mon monde intérieur. Ça va t'aider.
- Tu vas quoi ?
- Te laisser entrer dans mon monde intérieur, répéta-t-elle avec patience.
- Et en quoi est-ce sensé m'aider ?
L'Auror, à genoux sur le lit, expliqua brièvement le fonctionnement de l'enchantement à son mari, qui était très simple : il permettrait à Drago de quitter momentanément son propre monde intérieur, apparemment peu reposant et stressant, pour aller se « régénérer », en quelque sorte, dans le sien, qu'elle savait calme et paisible. Elle jugea préférable de faire l'impasse sur le fait qu'elle ne connaissait cet enchantement que dans la théorie.
- Tu as besoin de repos, conclut-elle avec fermeté. Je sais que tu as des soucis et je ne veux pas savoir lesquels. Je ne peux pas les éliminer, mais je peux t'aider au moins à te reposer. Alors, ferme les yeux et laisse-moi faire.
Elle prit sa main gauche dans sa main droite et sa main droite dans sa main gauche et ferma les yeux également avant de commencer à murmurer une incantation. Dès qu'elle eut fini, elle se sentit basculer et serra de toutes ses forces les mains de son mari dans les siennes pour que le contact ne se rompe pas. S'il le faisait, l'enchantement serait brisé. La jeune femme eut à peine conscience qu'elle était tombée sur le lit.
Clémence avait beaucoup lu sur cet enchantement, mais n'avait vu nulle part qu'elle ressentirait cette sensation de flottement. Elle se força à rester détendue. Si l'inquiétude la gagnait, Drago ne trouverait rien de calme en elle et l'enchantement serait inutile.
Lentement, elle se sentit arrachée à sa tranquillité intérieure et plongée dans un endroit plus sombre. Elle mit un moment à comprendre que ces soucis, ces angoisses, cette noirceur étaient le monde intérieur de son époux. Tout était flou, mais elle percevait nettement la lourdeur du poids qui pesait sur les épaules de Drago, de nombreuses craintes mal définies. Avec un monde intérieur si noir et si plein d'ombres, elle n'avait pas de mal à comprendre pourquoi il manquait de repos. L'opération n'avait donc rien de reposante de son côté. En même temps, elle le sentait franchir ses barrières mentales pour accéder à son monde intérieur à elle. Clémence espérait que ça avait l'effet escompté pour Drago…
Le Mangemort fut détaché avec lenteur de son monde intérieur troublé et se retrouva immergé dans celui de sa femme. Il avait eu un doute lorsqu'elle lui avait dit que son monde intérieur à elle était tranquille : une Auror pouvait-elle réellement avoir un esprit calme ? Et bien, oui. Il se sentait léger, c'était doux et paisible. En un mot, il était bien. Il crut ressentir une intrusion dans son propre esprit. Quelqu'un qui traversait ses remparts mentaux. Il négligea cette impression pour se concentrer sur le reste. Il ne percevait aucun souci. Était-ce parce qu'elle n'en avait aucun, ou parce qu'elle savait les éliminer, ou du moins les repousser ailleurs dans son esprit ?
Plus le temps passait, plus Clémence se sentait mal à l'aise dans le monde intérieur de Drago. Elle voulait partir. Ce serait si facile de réintégrer son propre monde, calme et paisible. Il suffisait de lâcher les mains de son mari. Non. Si elle rompait l'enchantement, Drago reviendrait dans cet endroit tout noir avant d'être entièrement reposé. Elle ne pouvait pas lui faire ça. L'enchantement cesserait de lui-même lorsqu'il aurait repris toutes ses forces. En attendant…
Puis, elle se sentit happée hors de cet endroit inquiétant. L'opération inverse se produit et elle réintégra avec soulagement son propre esprit. Elle lâcha les mains de Drago et il ouvrit les yeux, un discret sourire flottant sur ces lèvres. Elle l'embrassa doucement avant de caresser ses cheveux.
- Comment te sens-tu, maintenant ? demanda-t-elle en l'observant avec attention.
- Mieux, répondit-il après un moment. Beaucoup mieux.
Elle eut un léger sourire à son tour. Elle savait que c'était vrai…
Le mot de la fin : Voilààà ! Faut pas croire, tout ceci est important (mais si, puisque je vous le dis). Ah, oui, ne cherchez pas pour l'enchantement de Clémence, je l'ai inventé pour les besoins de la cause ! ;)
