1. La visite.

Monty compte les boîtes aux lettres, meilleur moyen pour repérer la sienne. Cinq vers la gauche, trois vers le bas. Ça fait plus d'un an qu'il vit ici, et il continue de compter pour se repérer, comme si sa boîte aux lettres n'apparaissait qu'après ce rituel. Il enfonce la clé dans la serrure et regarde son courrier. Une tonne de pubs, bien sûr, qu'il va s'empresser de jeter dans la benne. Le journal. Une facture. Et une carte postale. Monty la prend entre ses doigts en souriant, la carte représente un robot coloré, l'air un peu fou qui tient un tournevis et essaye de réparer un humain. Monty remonte dans son appartement en grimpant les marches quatre par quatre, snobant l'ascenseur, la carte dans les mains. Il jette le journal et la facture sur la table et tourne enfin la carte pour la lire.

« Ce robot m'a fait penser à toi » est-il écrit.

Monty secoue doucement la tête amusée, et lit les post scriptums :

« Ps : Je ne sais pas quand tu vas recevoir cette carte, je serai là dimanche.

Pps : Si tu la reçois lundi, c'est con, je serai déjà là.

Ppps : Tu me manques.

Pppps : je ne dis pas que tu es un robot, mais tu es un dingue du tournevis. »

Monty a un petit rire, tandis que deux bras s'enroulent autour de lui et qu'un corps se colle contre son dos.

– Qu'est-ce qui te fait rire ?

Monty tend la carte devant les yeux de la jeune femme blonde collée à lui.

– Jasper m'a écrit une carte, dit-il.

– Comment tu sais que c'est lui ? Demande-t-elle. Il n'a même pas signé.

– Outre le fait que je reconnaisse son écriture et qu'il est le seul à rentrer demain, il n'y a que Jasper pour envoyer une carte comme celle-là.

– Tu veux dire une carte débile ?

Monty baisse les bras et se tourne, appuyant son torse contre celui de sa petite-amie :

– Je veux dire une carte singulière.

– Ce serait pas un synonyme de débile ?

Il roule des yeux et embrasse vite fait la bouche près de la sienne avant de se reculer et d'échapper à l'étreinte.

– Harper, tout ce que fait Jasper n'est pas débile.

– Tu as oublié quand on est allé aux urgences parce qu'il avait réussi à se coincer un bouchon dans le nez ?

– On avait dix-huit ans et il était bourré !

– Et quand il a cassé la fenêtre de chez tes parents en envoyant un caillou dedans ?

– Il a voulu faire comme dans les films.

– La fois où il a sauté dans le lac en vélo ?

– C'était vraiment drôle ça.

– Monty, admet que ton pote est complètement débile.

Monty hausse les épaules et punaise la carte sur un tableau en liège dans le salon, à côté d'autres cartes, toutes de Jasper.

– Il revient demain, dit-il.

– Je sais.

– Et s'il est débile, je le suis autant que lui. Je te rappelle que je suis celui qui a emboutit la voiture dans un arbre parce qu'il écrivait un texto au volant.

Harper sourit et croise les bras :

– C'est vrai que ça, c'était un con de ta part. Mais ce n'est pas pareil et tu le sais bien.

– Ce qui est différent, c'est l'amour que tu nous portes. Tu m'adores alors que lui tu as du mal à le supporter.

– Et c'est bien parce qu'il est débile, insiste-t-elle.

– Harper !

Elle se rapproche de lui, prend ses mains dans les siennes et murmure :

– Il revient, et alors ? De toute façon vous aller vous disputer.

– On ne va pas se disputer.

– Vous vous disputez chaque fois qu'il revient. La dernière fois tu as cassé une bouteille à ses pieds en le traitant de « putain d'alcoolo », et vous vous êtes fait la gueule le reste des vacances. La fois d'avant, c'est lui qui t'a planté une fourchette dans le bras en te criant dessus que t'étais un « sale enfoiré incompréhensible ».

– Tu as beaucoup de mémoire, grommelle Monty. Et puis on s'est réconcilié avant qu'il reparte, à chaque fois.

La jeune femme soupire, appuie son front contre celui de son petit-ami et vient caresser ses cheveux :

– Pourquoi tu ne le laisses pas tomber ? Vous vous supportez que quand vous êtes loin l'un de l'autre.

– C'est mon ami d'enfance et mon meilleur ami, les disputes ça arrive, ce n'est pas pour autant que je vais le lâcher, grogne Monty en se reculant. Et puis on a passé notre temps à nous écrire ou s'appeler, alors ça fera du bien de se voir.

Monty dit vrai. Ils ont échangé nombreux mails, textos, coup de fil, conversation skype, message envoyés sur les réseaux sociaux, et lettres ou cartes postales. Harper lève les yeux au ciel :

– Vous allez vous disputer.

– On ne va pas se disputer.

– Dix euros que vous vous disputez.

– Je ne parierai pas là-dessus.

– Parce que tu as peur de perdre dix euros.

– Harper c'est toi qui cherches la bagarre là !

Elle se rapproche à nouveau et le prend dans ses bras, l'embrasse plusieurs fois sur la bouche jusqu'à le dérider. Monty finit par lâcher prise et s'appuie contre elle pour l'embrasser à son tour.

– On ne se disputera pas, lâche-t-il.

– Dix euros.

– D'accord, dix euros.

Elle sourit et l'embrasse à nouveau.

xxx

– Regarde Murphy, Monty a bien reçu ma carte.

Jasper tient son portable à deux centimètre du nez d'un Murphy allongé dans son lit. Il a reçu un MMS de son meilleur ami, avec une photo de lui à côté de la carte postale. Murphy grogne et repousse le portable :

– Qu'est-ce que ça peut me foutre ?

– Je pensais que ça t'aiderait à te réveiller.

Murphy passe une main dans ses cheveux :

– Il est quelle heure ? Demande-t-il.

– Quinze heures.

Murphy se redresse dans son lit, la couette glisse dévoilant un torse à la peau pâle, moyennement musclé.

– T'es à poil là-dessous ? Interroge Jasper.

– Yep. Bellamy est parti ?

– Depuis longtemps, ouais. Il m'a dit qu'il passait la journée avec sa sœur.

– Okay.

Murphy s'étire et s'apprête à sortir du lit. Jasper joue l'effarouché en posant ses mains sur ses yeux :

– Nooon je veux pas voir ton asticot, s'écrie-t-il.

Murphy se penche vers lui et lui tire l'oreille :

– Tu vas voir si j'ai un asticot, petit con.

– Un ver de terre ? Tente Jasper.

Murphy lui donne un coup sur la tête et Jasper s'esclaffe :

– Un têtard ?

– Tu parles de toi en fait là ?

– Non sinon j'aurais plutôt dit une courgette, tu vois.

Murphy ne se gêne pas pour loucher sur l'entrejambe de Jasper et ricaner.

– Une courgette, c'est ça, ironise-t-il.

Jasper baisse ses yeux sur son pantalon :

– Là ça se voit pas, je suis habillé.

– Justement, ça se voit pas, si c'était une courgette tu serais serré dans ton pantalon, du con. Bon bouge, que je m'habille.

Jasper se recule :

– Te fâche pas monsieur riquiqui.

Il ferme la porte avant que l'oreiller que lui lance Murphy ne l'atteigne, et rigole assez fort pour que son colloc l'entende.

Quand Murphy sort de sa chambre, Jasper s'est étalé sur le canapé et mange directement dans le pot de Nutella. Murphy se sert un café, donne un coup de jambe dans les pieds de Jasper pour qu'il les vire et s'assoit à côté de lui.

– File une cuillère, réclame-t-il.

Jasper racle le pot avec sa cuillère et la tend à Murphy.

– Alors ? Demande Murphy après avoir léché la cuillère, demain tu le revois ?

– Ouais j'ai hâte.

– Tu vas enfin lui avouer tes sentiments ?

Jasper mange une pleine cuillère de Nutella et répond la bouche pleine :

– Queyes chentiments ?

– Joue les innocents.

Jasper avale ce qu'il a dans la bouche et dit :

– Je te signale que je suis bientôt un homme marié.

– À une dinde. Comment l'oublier ?

Jasper roule des yeux :

– Maya est une fille très bien.

– Et c'est une dinde. Pourquoi tu t'obstines ?

– Parce que je suis amoureux d'elle ?

– De Monty plutôt, insiste Murphy.

– Je suis pas gay, rétorque Jasper.

Murphy ricane.

– Quoi ?

– Non t'es pas gay, dit Murphy.

– Donc voilà.

– Mais t'es carrément bi.

– Et amoureux de Maya, insiste Jasper.

Murphy sirote son café et tend les pieds pour les poser sur la table basse.

– On tourne en rond, conclue-t-il. Ce serait plus simple si tu admettais l'évidence.

– Je pige pas pourquoi tu veux absolument me caser avec mon meilleur pote, marmonne Jasper.

– Je pige pas pourquoi tu veux absolument te caser avec une dinde.

– Elle s'appelle Maya.

Murphy lève les yeux au ciel et Jasper appuie la cuillère pleine de Nutella contre sa bouche pour le faire taire.

– Je suis pas amoureux de Monty. C'est mon meilleur pote c'est tout. Enfonce-toi ça dans le crâne.

Murphy ouvre la bouche et mange le Nutella.

– À vos ordre chef, ironise-t-il.

Jasper attrape la télécommande de la télé et l'allume, mettant ainsi fin à la conversation. Il prend ensuite son portable et échange des textos avec Monty, ignorant délibérément le petit sourire en coin de Murphy.

xxx

Monty traverse de long en large le quai de la gare.

– Je t'avais dit qu'on était en avance, fait remarquer Harper quand il s'arrête finalement près d'elle.

– Je ne voulais pas le rater.

– Et donc c'est pour ça qu'on est parti une heure plus tôt alors que la gare est à un quart d'heure de chez nous ?

– J'avais peur qu'il y ait des bouchons.

– Un dimanche.

Monty soupire et refait un tour de quai. Il en entame un troisième avant que Harper ne l'attrape par les hanches et le colle contre elle.

– Il y a bien moyen de s'occuper, souffle-t-elle avant de l'embrasser.

Monty sourit contre sa bouche et lui rend son baiser. Il pose ensuite son front contre le sien :

– Tu es doué pour m'occuper, susurre-t-il.

– Si on n'était pas partis si tôt, j'aurais pu te montrer à quel point je suis douée, murmure-t-elle en appuyant exprès son bassin contre le sien.

Monty embrasse le cou de sa petite-amie et elle ne se gêne pas pour lui mettre une main aux fesses. L'asiatique se recule finalement :

– On est en public, on va se calmer.

Elle rigole et lui pince la fesse :

– Plus tard alors, promet-elle.

– Plus tard, dit Monty.

– J'ai hâte, fait-elle en se mordant les lèvres de manière séductrice.

Monty craque et l'embrasse à nouveau. Elle vient lui chuchoter à l'oreille :

– Tu regrettes d'être là maintenant hein ?

C'est comme un courant électrique. Monty relâche Harper et recommence à faire des allers retours sur le quai. Non il ne regrette pas, bien au contraire, dans quelques minutes Jasper va arriver et il en meurt d'impatience.

Alors il l'aperçoit au loin, et il entend le bruit caractéristique du train.

– Il arrive !

Il se rapproche un peu plus du bord et Harper le retient par le bras :

– Calme-toi ! Tu vas finir par tomber sur les rails.

Le train s'arrête finalement et les portes s'ouvrent. Monty scrute les gens qui sortent des wagons, il se sent comme un gosse devant ses cadeaux de noël qui attend de pouvoir les ouvrir. Finalement il le voit. Il reconnaît ses cheveux coiffés en vrac, un peu plus long que la dernière fois, ses grands bras plutôt maigres qui tire une valise derrière lui. Quelque chose craque en Monty, et ses jambes s'activent d'elles-mêmes. Il se met à courir dans la direction de son meilleur ami qui le voit lui aussi et qui lâche sa valise pour ouvrir ses bras. Monty lui saute dessus et Jasper le réceptionne en rigolant, l'entourant de ses bras. Ils se serrent forts, trop forts peut-être.

– Tu m'as trop manqué mon pote, s'exclame Monty.

– Toi aussi mec.

Ils restent comme ça, dans les bras l'un de l'autre et Monty sent l'odeur de savon de Jasper parce qu'il a son nez près de son cou et il ferme les yeux, juste une seconde pour s'en imprégner. Leur étreinte dure. Dure. Dix ou vingt secondes de trop.

Ils se séparent finalement, se sourient. Puis Monty se tourne vers Maya qui est là, plus petite, plus pâle que Jasper, tout aussi brune, les cheveux plus longs. Il la prend aussi dans ses bras pour la saluer.

– Comment tu vas ? Demande-t-il.

– Bien.

Jasper et Harper se contentent de se serrer la main.

– Salut Jasper, contente de te revoir, dit-elle pleine d'hypocrisie.

– Tout le plaisir est pour moi, renvoie-t-il avec le même sentiment.

Il pense « sale garce », elle pense « sale con ».

Harper prend Maya dans ses bras et Jasper se rapproche de Monty. Il lui met un coup d'épaule, le regarde en coin, lui sourit. Monty lui rend son coup d'épaule. Ils se marrent. Puis Jasper prend sa valise et Maya la sienne.

– On vous suit commandant ! Dit Jasper.

Monty fait un tour sur lui-même et marche à côté de Jasper, les filles les suivent derrière.

– Alors comment va Murphy ? Demande Monty.

– Très mal j'espère, cet enfoiré m'a foutu un glaçon dans le cou, comme cadeau de départ soi-disant.

Monty grimace :

– Ah. Vous avez l'air de vraiment bien vous entendre.

Jasper se penche vers lui, regarde son visage qui s'est un peu fermé, et pose sa grande paluche sur la tête de Monty pour le décoiffer.

– Sois pas jaloux mon vieux, tu es mon seul et unique meilleur ami, lui c'est juste mon coloc. Personne ne peut te remplacer.

– Même si on vit à huit cent kilomètres de distance depuis trois ans ?

– Même, assure Jasper. Rien ne peut nous séparer, pas même l'espace !

Jasper enlève sa main et se recoiffe. Monty connaît Jasper par cœur, et il n'est pas du tout le genre de type à remettre une mèche de ses cheveux en place, il est plutôt le genre à les laisser en vrac dans ses yeux et s'en fiche. Alors Monty se doute qu'il y a quelque chose quand Jasper se recoiffe encore une fois, puis encore une fois et il fixe sa main et la voit. La bague qu'il porte à l'annulaire. Ses pieds s'arrêtent. Peut-être même que son cœur aussi. Harper lui rentre dedans, Monty ouvre grand la bouche, puis finit par reprendre ses esprits et dire :

– Attends…

Il prend la main de son meilleur ami, pour être sûr qu'il y a bien une bague et il y en a bien une. Jasper le regarde, bourré de fierté.

– Tu… Commence Monty.

– Je me suis fiancé, le coupe Jasper tout heureux de l'avouer.

Jasper attrape Maya par l'épaule et répète :

– Nous nous sommes fiancés, on va se marier.

Monty écarquille les yeux. Sa bouche est toute pâteuse quand il dit :

– Félicitation.

Il se racle la gorge, se reprend, sourit et répète :

– Félicitation, c'est génial !

Maya est folle de bonheur et ça se voit sur tout son visage, Monty détourne les yeux et recommence à avancer. Il prend la main de Harper dans la sienne, entremêlent leurs doigts, il se demande si elle a envie de se marier, elle. Ils n'en ont jamais parler, Monty n'a même jamais pensé au mariage, ils n'ont que vingt-et-un ans bordel.

Devant la voiture, Monty ouvre le coffre et y case les valises, puis il se met au volant. Jasper et Harper se fusillent du regard quand ils se retrouvent tous les deux à vouloir ouvrir la porte côté passager. Monty roule des yeux, il fait descendre la vitre et soupire :

– Harper, s'il te plaît, laisse monter Jasper, je ne le vois pas souvent alors…

Harper se mord les lèvres l'air vexé, ça se voit qu'elle déteste devoir laisser ce qu'elle considère comme étant sa place. Mais pour faire plaisir à Monty, elle accepte de monter derrière avec Maya. Jasper ne se retient pas de lui faire un grand sourire content pour la provoquer un peu, puis il s'assoit à côté de Monty. Et son meilleur ami démarre.

– Tu peux nous emmener directement chez mes parents, demande Jasper, tu sais comment ils sont. Ils veulent bien te laisser venir me chercher, à condition qu'on aille tout de suite les retrouver.

– Okay, fait Monty en mettant son clignotant pour tourner.

Les parents de Jasper vivent dans un petit village à côté. C'était aussi là que Monty vivait avant de déménager en ville. Une ou deux secondes de silence passent et puis :

– Alors ? Demande Monty en se raclant la gorge. Depuis quand vous êtes fiancés ?

– Depuis une semaine, répond Jasper.

– Et tu m'en as pas parlé avant ?

– Je voulais te le dire en face, mais c'était tellement dur d'attendre, t'as pas idée, j'ai failli vendre la mèche au moins cent fois.

Monty imagine très bien Jasper mourir d'envie de lui annoncer la nouvelle, écrire le texto ou le mail, puis tout effacer en sautant loin de l'ordi ou de son portable.

– Ça s'est passé comment ?

Jasper tourne la tête vers Maya qui lui fait un petit signe de la main.

– C'est ma chérie ici présente qui m'a fait sa demande.

– Ah.

Monty fait tapoter ses doigts sur le volant, il pile au feu rouge, bousculant tout le monde dans la voiture.

– Et ça va aller ? Je veux dire, entre vos études et tout ça.

– On va pas se marier tout de suite, explique Jasper, on va attendre d'avoir fini d'abord.

Ce n'est pas un soupir de soulagement qui sort de la bouche de Monty. Il est juste content de voir que son meilleur ami a un peu la tête sur les épaules, qu'ils vont prendre le temps de s'installer avant de se marier. Monty redémarre. La conversation prend un autre tournant. Ils se parlent de ce qu'ils ont manqué, ils font des plans pour les deux semaines de vacances à venir. Monty a pris deux semaines de congé à son boulot de mécano, exprès. Harper, non. Du coup ils passeront sans doute beaucoup de temps à trois, avec Maya.

Monty gare la voiture devant la maison des parents de Jasper. Il l'aide à sortir les valises et avant qu'il ait fait quoi que ce soit d'autre, monsieur et madame Jordan sortent dans l'allée :

– Oh Monty, merci de nous avoir ramené notre fils. Entez donc tous, on vous a préparé un goûter et à boire.

Jasper tourne ses yeux vers son meilleur ami et lui fait signe de rentrer avec lui. Ils avancent jusqu'à la maison alors que les Jordan embrassent Maya et Harper.

Monty connaît cette maison par cœur. Il sait qu'à l'entrée du couloir il y a une petite marche, il sait que le papier peint du salon est déchiré mais que les parents ont mis un meuble devant pour que ça ne se voit pas, il sait qu'il y a des tournesols en plastique dans la cuisine. Il connaît chaque cachette, la meilleure étant la panière à linge quand elle est vide, et un petit placard qui sert de range bordel dans la chambre des parents. Quand il pénètre dans la maison, il n'est pas surpris par l'odeur qui y règne, une odeur de cuisine et de citron dût aux parfumeurs que la mère de Jasper met dans le salon. Il se sent étrangement bien, détendu, un peu comme s'il rentrait chez lui, même s'il n'est pas vraiment chez lui.

Quand ils étaient gamins, il n'y a pas si longtemps (il y a un million d'années), Monty passait tout son temps ici. Sa mère était un peu rude, et il se sentait toujours mieux chez Jasper que chez lui. Ils arrivaient en courant, arrachaient presque leurs chaussures de leurs pieds puis glissaient dans le couloir en chaussettes, ils faisaient la course jusqu'à la chambre de Jasper, montait les marches quatre à quatre, et se jetaient sur le lit coincé dans un coin de mur. Ils se battaient ensuite pour savoir qui était arrivé le premier, puis ils refaisaient le monde en jouant à la console, en punaisant des posters sur les murs, en découpant des photos de magazines sur leurs acteurs et actrices favoris. C'était là qu'ils avaient parlés de leur premier baiser, échangé tous les deux avec la même fille (une certaine Laura qui était d'abord sortie avec Jasper avant de se décider pour Monty puis elle avait encore changé d'avis ensuite), c'était là qu'ils avaient révisés ensemble pour leurs contrôles, pour leurs examens, c'était là qu'ils avaient pleurés en regardant « à tout jamais », puis qu'ils s'étaient battus ensuite parce que soi-disant ils n'avaient pas pleuré, ni l'un ni l'autre. C'était là que Jasper lui avait annoncé qu'il partait faire ses études loin de leur petit patelin paumé au milieu de nulle part.

– Loin comment ? Avait demandé Monty.

Jasper avait pris une carte, mit une punaise sur leur ville et une punaise sur là où il partait.

– Pas si loin, avait répondu Jasper en casant une cuillère entre les deux punaises, juste une cuillère entre nous.

Une immense, immense cuillère.

Monty avait pleuré, Jasper avait pleuré à son tour, aucun des deux ne s'étaient battus. Jasper avait pris Monty dans ses bras et avait juré qu'ils seraient toujours les meilleurs amis du monde. Toujours.

Monty entre dans la maison et tous les souvenirs refont surface comme s'il avait cent ans et qu'il se remémorait le passé. Quand il vient ici maintenant, il se rend compte d'à quel point Jasper lui manque. Il passe son bras autour des épaules de Jasper, son meilleur pote est là, pour le moment, autant en profiter. Ils enlèvent leurs chaussures, et restent en chaussettes.

Les garçons, mettez des pantoufles.

Nan c'est bon m'man, prête les pantoufles à Maya et Harper.

Ils glissent dans le couloir comme s'ils avaient à nouveau onze ans, ils se marrent, se cramponnent l'un à l'autre, Jasper enfonce ses doigts dans les bras de Monty et la mère lève les yeux au ciel :

– Des vrais gamins c'est pas possible.

Elle dit ça mais elle est plutôt amusée de voir qu'ils ne sont pas capables de grandir. Harper enfonce ses pieds dans des pantoufles, elle ne sourit pas vraiment, contrairement à Maya qui paraît plutôt guillerette.

– Jasper monte les valises dans la chambre d'amis, au lieu de faire l'andouille.

C'est là que lui et Maya dormiront, parce que la chambre de Jasper ne possède qu'un lit une place. Monty en ressent une certaine satisfaction, Maya ne foule pas le sanctuaire de Jasper, il n'est réservé qu'à lui et Monty (qui ne s'est jamais gêné de dormir avec Jasper, écrabouillé l'un contre l'autre sur le petit lit).

– Tu m'aides Monty ?

L'asiatique hoche la tête.

– Je peux porter ma valise, dit Maya.

– Laisse-les donc monter les valises, intervient la mère.

Elle sait sans doute qu'ils ont besoin de se retrouver. Harper grimace. Elle va s'asseoir sur une chaise dans la cuisine, Monty l'agace quand il est avec Jasper. Maya la suit et les parents leur serrent du café et du gâteau.

Monty et Jasper portent les valises jusqu'à la chambre où ils ne restent pas. Ils rejoignent la chambre de Jasper et se laissent tomber sur le lit, chacun d'un côté.

– Wouah ça a tellement pas changé ici.

– Ça a jamais changé, chaque fois que tu reviens c'est pareil, fait remarquer Monty.

– Je sais, c'est un peu comme si ici le temps s'était arrêté.

Ils regardent les posters sur les murs, les quelques photos d'eux collés à même le papier peint, la guitare rangée dans un coin que Jasper n'a que trop peu utilisé. Monty donne un coup d'épaule à Jasper, qui lui rend son coup d'épaule et ils se marrent comme deux idiots, sans aucune raison.

– Qu'est-ce que ça fait du bien d'être ici.

– T'aime pas être là bas ?

– Si, j'adore. Mais il me manque l'essentiel.

– Je savais que tu ne pouvais pas vivre sans ton poster de Blink 182, plaisante Monty.

Jasper lui redonne un coup d'épaule :

– T'es con, rit-il.

Monty appuie ses doigts sur ses côtes le faisant sursauter et Jasper tente de se venger, et ils se battent et se taquinent tous les deux sur le lit, riant aux éclats. Ils finissent collés l'un contre l'autre, essoufflés et amusés.

– Je parlais de toi idiot, fait Jasper finalement. J'aimerais te ramener dans ma valise. Je te présenterais Murphy, tu l'adorerais.

– Je connais déjà Murphy.

– Par webcam c'est pas pareil.

– Ah bon ?

– Ouais par webcam tu peux pas faire pleins de trucs.

– Faire quoi par exemple.

– Je sais pas moi… Tu peux pas faiiiiire…

Jasper se rapproche de Monty.

– Tu peux pas faire…..

– Faire quoi ? Souffle Monty.

Ils se regardent dans les yeux, et leurs nez se frôlent, et ils pourraient échangés leurs souffles, mais Monty est persuadé d'avoir arrêté de respirer. Jasper ne bouge plus. Un instant ils sont paralysés, puis ils entendent une voix qui les appelle d'en bas et Jasper sourit avant d'appuyer ses doigts sur les côtes de Monty, le faisant sursauter :

– Faire ça ! Conclue-t-il en rigolant et en se reculant. Je t'ai eu !

Monty rit, nerveusement, puis il se lève du lit :

– On devrait les rejoindre, dit-il, tu sais qu'ils ont cuisiné un gâteau juste pour toi.

– Je sais, sourit Jasper en se levant à son tour.

Ils descendent dans la cuisine, rejoignent les autres, éclatent leur bulle, retournent dans le monde.

Harper pose une main sur la cuisse de Monty quand il s'assoit à côté d'elle, possessive et Maya tend un bout de gâteau à Jasper qu'il engloutit. Puis il annonce à ses parents qu'ils vont se marier et les Jordan les félicitent. La mère embrasse son fils et sa belle-fille. Monty abuse un peu du gâteau.

– Vous restez pour dîner ? Demande la mère à Monty et Harper.

Monty ouvre la bouche pour dire oui, Harper le prend de cours :

– Ce serait avec plaisir mais on ne doit pas rentrer trop tard, demain je dois me lever tôt pour aller travailler.

– Tu peux rentrer, dit Jasper, je raccompagnerai Monty plus tard.

Monty a peur que Harper plante Jasper avec sa fourchette tant elle a l'air furieuse de son intervention. Il pose sa main sur celle de sa petite amie pour la calmer, mais il enfonce quand même le couteau dans la plaie :

– Vas-y, dit-il, je vais rester pour le dîner.

Ça se voit qu'elle prend sur elle pour pas exploser. Elle lui sourit :

– Tu me raccompagnes jusqu'à la voiture ?

– Bien sûr.

Ils se lèvent, Harper salue les parents de Jasper et sort de la maison, accompagnée de son petit-ami. Elle bouillonne, elle marche à grande enjambée, les poings serrés. Devant la voiture, elle attrape Monty par le col et lui roule une pelle magistrale. Monty s'excuse :

– Il ne reste que deux semaines, je veux en profiter au maximum, tu comprends.

– Je comprends, dit-elle.

– T'as l'air super en colère pourtant.

– Je comprends, mais ça m'énerve quand même.

Elle pose sa main sur sa joue, caressante, pose l'autre sur ses hanches. Elle souffle :

– N'oublie pas qui est toujours là pour toi.

Monty fronce les sourcils et elle ajoute :

– On vit ensemble, on est ensemble, j'étais là pour te tenir la main dans les pires moments ces trois dernières années. Il était où lui ?

– Jasper est parti pour ses études et…

– Et tu crois qu'il va revenir quand il aura fini ? Il a sa vie là-bas maintenant, il a ses potes, son coloc, il va se marier. Toi tu fais déjà parti du passé.

L'estomac de Monty se tord. Harper colle son front contre le sien :

– Mais moi je serai toujours là tu sais.

Monty hoche la tête et murmure :

– Si tu dis vrai, raison de plus pour en profiter maintenant non ?

Harper soupire :

– Oui, vu comme ça.

Elle se recule et prend ses mains.

– Je t'aime, dit-elle.

– Je t'aime aussi.

Monty lui donne les clés de la voiture, elle l'embrasse une dernière fois avant de partir. Il rejoint son meilleur ami dans la maison et le trouve bouche contre bouche avec Maya. C'est normal, Maya est sa petite-amie, sa fiancée même. C'est juste normal. Il n'y a aucune raison de se sentir de trop. Monty entend la télé dans le salon et devine où sont les parents de Jasper. Il a presque envie de les rejoindre, peut-être qu'il n'aurait pas l'impression d'être la cinquième roue du carrosse. Mais Jasper se sépare à ce moment-là des lèvres de Maya et lui sourit, alors Monty vint s'asseoir en face de lui. Il tend les jambes, ses pieds rencontrent les grands panards de Jasper, il ne les retire pas. Jasper discute avec eux, de choses sans grand intérêt, du temps qu'il fait, du goût du gâteau, de ses parents qui mettent la télé et qui doivent être sourds, et en parlant, il tape doucement son pied contre celui de Monty.

Le dîner est délicieux, c'est Jasper qui a cuisiné. Ses parents le laissent souvent faire, parce qu'ils savent qu'ils vont se régaler. Maya explique que c'est en partie comme ça qu'il a réussi à la séduire, et comme elle le raconte à chaque fois, Monty connaît l'histoire par cœur.

Jasper l'a rencontré là-bas quelques jours après s'être installé, c'était une rencontre par hasard dans un bar et il a flirté avec elle parce qu'il la trouvait mignonne. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle aille dans la même fac que lui, et quand il la retrouvé, il s'est dit que c'était le destin et l'a invité à dîner. Pas au restaurant. Chez lui. Il lui a préparé un super repas et ils se sont embrassés devant la porte, avant qu'elle ne parte. Elle n'était même pas encore sortie de l'immeuble que Jasper sortait son téléphone pour appeler Monty et tout lui raconter. Quelques jours plus tard, Monty couchait avec Harper et commençait à sortir avec elle.

Cette fois-ci, en plus des dix milles anecdotes de leurs vies ensemble, Jasper et Maya racontent comment Maya a fait sa demande en mariage.

– Au début j'avais pensé cacher la bague dans un gâteau au chocolat, mais y avait des risques que Jasper l'avale tout cru.

– De gros risques, renchérit Jasper.

Monty joue avec la croûte de son pain, il l'émiette dans son assiette, tandis que Maya reprend la parole :

– Alors à la place, j'ai préparé une glace au chocolat et je l'ai fait congeler avec la bague au milieu, je me disais qu'il y aurait moins de risque.

– Je mangeais tranquillement ma glace, et puis j'ai trouvé la bague.

– Et donc je me suis agenouillée devant lui et je lui ai fait ma demande.

– Et j'ai dit oui.

Monty fait des boulettes avec la mie du pain.

– C'est tellement romantique, s'exclame le père de Jasper.

La mère se lève pour les embrasser à nouveau. Jasper pousse le genou de Monty avec son pied et celui-ci relève la tête pour le regarder, il lui fait un fin sourire.

– À quand ton tour mon pote ? Demande Jasper.

Monty hausse les épaules :

– Je sais pas trop si Harper veut se marier, dit-il.

– Et toi tu veux ?

– Je sais pas trop non plus.

– Le concubinage c'est bien aussi, fait Jasper.

– Ouaip.

Maya intervient :

– Oh non il faut vous marier, ce serait dommage, vous êtes tellement mignons tous les deux.

– On est mignon qu'on soit marié ou non, rétorque Monty.

– Je n'aurais pas qualifié Harper de mignonne, ajoute Jasper.

Monty lui jette une boulette de mie de pain sur la tête et Jasper glousse.

Après le repas, Maya qui est plutôt fatiguée du voyage décide d'aller se coucher. Jasper reste avec Monty. Il prépare deux chocolat chauds avec pleins de chantilly et de marshmallows et ils vont s'asseoir sur la balancelle devant la maison.

– Tu sais que quand Murphy a su que j'étais fiancée avec Maya, il s'est mis deux doigts dans la bouche et a fait semblant de vomir ?

– Il la déteste tant que ça ?

– Il l'appelle la dinde, et quand elle vient à l'appart', il fait des grimaces dans son dos ou bien lui parle comme à une enfant de cinq ans.

Monty croque dans sa chantilly et attrape un marshmallow avec sa cuillère pour le manger.

– Tu sais pourquoi il la déteste ?

– Ils sont trop différents j'imagine. Maya n'aime pas le sarcasme et Murphy est l'empereur du sarcasme, à croire que c'est lui qui a inventé le concept. Il la trouve trop gentille aussi, je suppose. Je crois que la gentillesse lui donne des boutons.

– C'est vrai qu'elle est gentille, commente Monty.

– Et c'est une bonne chose, dit Jasper.

– Oui. Je me demande ce qu'il penserait de Harper.

Jasper boit une gorgée de chocolat chaud et se retrouve avec une moustache de lait.

– Du peu que je lui en ai parlé il l'appelle « la gourgandine blonde ».

– Si c'est toi qui lui en a parlé, il ne risque pas de l'aimer, commente Monty.

– Sans doute.

– J'aimerais bien que vous vous appréciez un peu plus.

– Pourquoi ça ?

– Ben tu es mon meilleur ami et c'est ma petite-amie, vous êtes tous les deux plutôt proches de moi, alors…

Jasper soupire, étend ses jambes et fait bouger la balancelle.

– J'aimerais bien m'entendre avec elle, dit-il, mais c'est plus fort que moi, quand elle est là j'ai les poils qui se dressent.

– Tu t'entendais bien avec elle au lycée.

– Je ne me suis jamais bien entendu avec elle. Je lui ai coupé les cheveux en cours d'anglais une fois, et elle m'a jeté un verre d'eau au milieu du self.

– J'avais oublié, rit Monty.

Jasper sourit :

– Ben pas moi.

– Je l'ai toujours bien aimé, dit Monty.

– Je sais. C'est pour ça que j'ai rien dis quand j'ai su que vous étiez ensemble. Je savais qu'elle te convenait. Que tu serais sans doute heureux avec elle.

Monty hoche la tête. Le chocolat chaud refroidit doucement entre ses doigts et il finit par le boire.

– Quand tu seras marié… Commence Monty.

– Oui ?

– Tu vas emménager avec Maya ?

– Ça me paraît plutôt évident, s'amuse Jasper.

Monty pose la tasse sur ses jambes et fait balancer le banc.

– Où ? Demande-t-il.

Jasper se tait. Trop longtemps. Monty répond à sa place.

– Là-bas, conclue-t-il.

– Il y a des chances, oui. Maya ne veut pas rester trop éloignée de son père.

Monty a l'impression d'avoir avalé du plomb.

– Bien sûr, murmure-t-il.

– Mais je viendrai toujours te voir, promet-il. On s'écrira. On sera toujours les meilleurs amis, je te le promets.

Monty hoche la tête.

– D'ailleurs… Commence Jasper en tapotant ses doigts sur sa tasse. J'aimerais te demander quelque chose.

– Quoi donc ?

– Tu voudrais bien être mon témoin ?

Monty le regarde, puis sans y penser essuie avec son pouce la moustache de lait de Jasper au-dessus de sa lèvre.

– Bien sûr, répond-il.

– Génial ! S'exclame Jasper.

– Tu doutais de ma réponse ?

– Non. Mais je suis content quand même.

Il pose la tasse par terre et prend Monty dans ses bras :

– C'est cool mon pote, je peux pas rêver meilleur témoin.

– T'es sûr de toi ? Rigole Monty en le serrant contre lui. Je pourrais dévoiler tes secrets les mieux gardés pendant mon discours.

– Tu oserais dire à tout le monde que j'ai vu tous les épisodes des super nanas ? Demande Jasper en se reculant pour le regarder posant ses mains sur ses épaules.

– Et que tu étais persuadé qu'il y avait une sorcière dans ton placard qui apparaissait entre minuit et deux heures du matin et qui prenait le thé avec ses copines.

Jasper rit, il reprend Monty dans ses bras et le serre fort.

– Même pas peur, souffle-t-il à son oreille.

Puis il ferme les yeux. Il se fait la réflexion que son meilleur ami est tout chaud contre lui et qu'il sent la vanille et la menthe. Il lui faut un sacré self control pour réussir à ne pas coller son nez contre son cou pour humer un peu plus son odeur. Le câlin dure longtemps, jusqu'à ce que Monty s'échappe doucement et regarde l'heure sur son portable.

– Je devrais y aller, Harper doit m'attendre.

– Où elle doit dormir et tu peux rester un peu plus.

– Juste un peu plus alors.

Jasper hoche la tête.

Ils lèvent les yeux vers les étoiles, discutent jusqu'à très tard dans la nuit. Monty finit par se lever :

– Faut vraiment que j'y aille maintenant.

Jasper acquiesce :

– Okay mon pote, je te ramène.

Monty essaye de ne pas faire de bruit quand il rentre dans l'appartement. Il se déshabille en vitesse avant de se glisser sous la couette aux côtés de Harper. Il pense qu'elle dort, jusqu'au moment où elle se redresse et s'assoit sur lui avant de l'embrasser fougueusement.

– Tu devrais dormir, tu te lèves tôt demain matin. Tu te rappelles ? Lui dit-il.

Harper doit distribuer des journaux le matin et le reste de la journée elle donne des prospectus.

– Rien à foutre, lâche-t-elle, j'ai envie de toi là maintenant.

Monty ne se fait pas prier.

Jasper regarde le plafond de la chambre d'ami. Dès qu'il s'est allongé, Maya, comme attirée par lui, a passé son bras autour de son corps et Jasper le caresse avec le pouce. Il a du mal à trouver le sommeil, il pense à Monty. Son meilleur ami lui avait vraiment manqué, il lui manque à chaque fois, et chaque fois il a l'impression que c'est pire que la dernière fois. Il tourne les yeux vers Maya, et la regarde dormir. Elle est belle, elle est drôle, intelligente et forte. Il l'aime. Il va l'épouser.

Mais est-ce qu'il a vraiment envie de vivre là-bas avec elle ?

Jasper se dit qu'ils verront, qu'ils ont le temps d'y penser. Il ferme les yeux et s'endort.

À suivre.

L'autatrice : et voilà une nouvelle fic Jonty. J'ai écris cette histoire après avoir fait un rêve hyper intense, et ça a donner ça. Cette fic est assez courte, elle ne fait pas beaucoup de chapitre, mais j'espère qu'elle vous plaira.