Bonjour bonjour ! Me revoilà avec une nouvelle fic D-Gray Man qui a germé dans mon esprit pendant une nuit. Cette fic est déjà terminée donc ça ne me ralentira pas pour la publication des autres. Bonne lecture !

Chapitre 1

Allen était sceptique. Bien sûr, il savait que Lenalee était une jeune femme très sérieuse et n'était pas du genre à lui sortir des salades, d'autant qu'il avait déjà entendu des ragots à ce propos. Mais il se voyait mal expliquer à son patron la raison d'un départ plus tôt que d'habitude. Il n'avait pas non plus envie que le temps pris sur son emploi du temps ne soit retenu sur son salaire, et il manquait cruellement d'argent en ce moment. Si ça n'avait pas été pour sa meilleure amie, il aurait refusé, mais il soupira et alla prévenir le patron de ses intentions.

-Merci Allen… sourit la jeune fille quand il l'eut rejointe à l'entrée du magasin.

-De rien, répondit le jeune homme. Mais je ne pensais pas que tu croyais toutes ces histoires dont les gens parlent.

Lenalee rit un peu, gênée, et leva la tête pour admirer les quelques flocons de neige qui tombaient du ciel et qui venait consteller sa chevelure noire de minuscules points blancs. Elle passa la main dans ses cheveux pour éviter qu'ils ne soient mouillés. Puis elle se tourna vers son chevalier servant de la soirée qui lui aussi regardait la neige tout blanchir aux alentours. Elle s'amusa de voir que les flocons disparaissaient dans la chevelure d'un blanc pur de Allen. Être albinos avait donc quelques avantages, dont celui de ne pas ressembler à un dalmatien lors des tombées de neige…

-Je sais que tu regardes peu la télé Allen, dit-elle, mais toutes ces histoires comme tu dis, passent aux informations. Tu ne lis donc jamais les journaux ?

Allen fronça le nez en signe de dénégation. Il trouvait ça terriblement ennuyeux.

-Et donc ? Il y a vraiment une ruelle maudite à Tokyo, où des gens se font tuer si ils y pénètrent ?

Il avait dit ça sur un ton moqueur. Il n'y croyait donc toujours pas. Lenalee soupira de déception. Allen avait beau être adorable, il ne croyait pas les racontars, même si ils avaient un fondement. Et c'était dur de lui prouver l'inverse. Il devait considérer ça comme des légendes urbaines…

-J'abandonne ! Déclara t-elle en levant les bras. Débattre avec toi est un calvaire, mais si tu n'y crois pas, pourquoi tu m'as raccompagné ?

-Pour apaiser ma conscience, répondit l'albinos. On ne sait jamais, peut-être qu'un chat sauvage pourrait t'attaquer…

La jeune femme vit l'ironie briller dans les yeux argentés de son ami et décida de ne pas relever. Bon, elle lui avait demandé cette faveur plus pour se rassurer qu'autre chose, mais ce n'était pas une raison pour se moquer d'elle comme ça, d'autant qu'elle n'habitait qu'à quelques pâtés de maisons de la fameuse ruelle.

-Il paraîtrait aussi que si on y amène une personne qu'on déteste, le tueur qui y sévit la prend avec lui et la tue. On la retrouve alors démembrées quelques temps plus tard…

Ça, c'était de vrais racontars. Elle les avaient entendus d'un groupe de lycéennes qui étaient venues acheter des sucreries au magasin, mais elle voulait juste faire bisquer Allen.

Le jeune albinos exagéra un frisson de froid et prit l'air épouvanté.

-Ouh, ben là, ça devient sérieux ! Je devrais faire gaffe, Chao Ji serait bien capable de m'y emmener ! S'exclama t-il d'un air faussement anxieux.

Lenalee se permit de rire. Allen avait beau rigoler sur ce point, c'était vrai que ses relations avec l'autre chinois de l'équipe, en l'excluant elle et son frère, ne s'était pas améliorées. Chao Ji Han semblait détester Allen plus que tout au monde, sans explications. Et si elle-même s'entendait bien avec le jeune chinois, elle gardait tout de même ses réserves avec lui, car Allen était son meilleur ami, et elle ne comprenait pas comment on pouvait le détester.

Allen était sûrement la personne la plus serviable et gentille qu'elle connaisse. Il avait énormément de qualités : loyal avec ses amis, courageux, travailleur et sérieux, et indéniablement beau, si on s'habituait un jour à être fixé par ses grands yeux argentés aux reflets mauves. Nombre de filles au magasin ne pouvaient s'empêcher de le regarder passer et de le dévorer du regard, sans oser lui adresser la parole pour autant. Lenalee elle-même avait eu sa période d'amoureuse transie à son égard, et gardait encore quelques fragments des sentiments qu'elle avait eu pour lui, mais Allen n'avait jamais remarqué ou fait semblant de ne pas le remarquer, aussi avait-elle abandonné pour se tourner vers un autre garçon de la bande.

Un bruit d'estomac vide la fit sursauter. Allen s'excusa platement en massant son ventre vide depuis midi. Il n'avait rien avalé depuis, et il était bientôt neuf heures du soir. Il mourait de faim, comme toujours quand il terminait son service. Il se serait bien arrêté dans une sandwicherie pour acheter de quoi se caler quelques minutes avant de rentrer chez lui, mais il préférait ne pas gaspiller son argent pour ce genre de chose. La nourriture lui coûtait déjà assez cher comme ça sans faire d'excès.

-Merci de m'avoir raccompagnée, dit Lenalee en apercevant l'entrée de sa rue. Je vais continuer seule maintenant.

-Comme tu veux, répondit Allen avec un gentil sourire. Bon, à demain alors ! J'ai encore un peu de marche devant moi.

Il partit en reculant le temps de lui dire au revoir, puis disparut dans l'obscurité. Lenalee le regarda s'éloigner sans bouger, pourtant peu rassurée d'être seule dans le noir en plein hiver. Elle voulait juste s'assurer qu'il avait bien disparu avant de rentrer se réchauffer chez elle, regarder un film en mangeant un plat de nouilles instantanées, puis aller se coucher.

Elle retrouva le jeune albinos le lendemain en début d'après-midi, quand ils reprirent leur service. Le magasin était déjà bondé de clients venus acheter leurs cadeaux de Noël et faire leurs dernières emplettes avant les fêtes de fin d'année.

Elle savait ce qu'elle avait à faire, aussi se dépêcha t-elle d'agrafer son badge sur son chemisier blanc avant de se lancer dans la foule, conseillant les clients qui le désiraient et remettant quelques produits bien droits sur leurs étagères. Elle remarqua que Allen faisait de même de son côté. Il était en train de comparer devant des clients deux jouets pourtant presque identiques. Mais voilà, Allen avait un don pour vendre. Même les jouets qui semblaient invendables au premier abords était écoulés, et Komui, le gérant du magasin, s'en était bien rendu compte.

-Bonne journée ! S'exclama Allen en s'inclinant brièvement en voyant la famille s'éloigner, satisfaite. Passez de bonnes fêtes !

Un grand roux vint s'appuyer sur son épaule.

-Ah, j'aime les fêtes de Noël ! Déclara t-il. On peut manger comme des ogres, veiller très tard le soir et boire comme des trous ! C'est le pied intégral !

Allen sourit. Lavi trouvait toujours tout « trop cool », quelque soit l'événement. Pour sa part, il émettait toujours une certaine réserve, et notamment pour les fêtes de fin d'année.

-D'ailleurs Allen, dit Lavi en tournant la tête dans sa direction, tu as décidé où tu vas passer les fêtes ?

Le jeune homme soupira. Il s'était attendu à une telle question. C'était la même chaque années depuis qu'il travaillait dans le magasin. Et à chaque fois, il était entraîné de force par tel ou tel ami qui l'invitait à passer les fêtes chez lui, qu'il le veuille ou non.

-Oui, répondit-il. Mais c'est pas chez toi, désolé.

C'était un mensonge éhonté. Il voulait seulement passer la soirée chez lui avec son chat, Timcampy, à se bafrer de tout et n'importe quoi, puis d'aller se coucher dès qu'il aurait sommeil. Idem pour le réveillon de la nouvelle année.

-Allen ! Geignit le roux. Tu sais que j'adore fêter ton anniversaire et Noël en même temps !

-De toute manière, tu peux pas faire autrement, c'est le même jour ! Répliqua Allen.

Agacé par les gémissements de son ami, il se dégagea brutalement de son étreinte et alla à la rencontre d'autres clients qui semblaient perplexe quand au choix de l'ours en peluche qu'ils allaient offrir à leur enfant. Il se composa une expression aimable et se redressa.

-Je peux peut-être vous aider ? S'enquit-il.

Il fut réveillé par le froid mortel qui régnait dans les lieux. Jusque là, il dormait d'un sommeil sans rêve et surtout, très profond. Il frissonna et regarda autour de lui.

-Mais qu'est-ce que.. ?

Il ne connaissait absolument pas cet endroit, mais il était sans aucun doute dans la rue. Comment avait-il pu s'endormir là ? Il n'était pas fatigué à ce point là pourtant. Il travaillait beaucoup, certes, mais de là à s'assoupir dans la rue… Il se rendit compte qu'il était affalé contre un lampadaire qui marchait à moitié, éclairant la ruelle où il se trouvait d'une lumière faible et tremblotante.

-Ben voilà l'ambiance flippante… marmonna t-il.

Lenalee adorerait, sans aucun doute possible. Il lui raconterait la prochaine fois qu'il la verrait. Il voulut se redresser mais sentit une résistance au niveau de ses bras, et il se rendit compte quand il força que ses poignets étaient attachés au bas du lampadaire. Son cœur s'accéléra quand il comprit la situation.

-Bordel… jura t-il. Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ?!

Il gesticula tant et plus pour se dégager, mais il ne réussit qu'à se meurtrir davantage les poignets avec la fibre de la corde qui le retenait prisonnier. Haletant, après plusieurs minutes d'efforts infructueux, il secoua la tête pour faire un point sur la situation.

Il était prisonnier, attaché par les mains. Le reste de son corps était libre, ce qui était déjà une bonne chose. Il n'avait pas sa veste, juste sa chemise blanche avec son badge encore posé sur la poche avant. Il était donc inconscient depuis un bon moment et avait très probablement été assommé au magasin. Le coup avait été sur la tête, vu la douleur sourde qui envahissait son crâne. Et il se trouvait dans une petite ruelle assez sombre, avec juste une ou deux poubelles et un lampadaire pour l'éclairer. Assez macabre donc.

Une idée vint illuminer son esprit. Mais oui ! Il n'avait qu'à crier, en pleine ville, quelqu'un l'entendrait forcément. Même si il n'y avait pas de passants, il y avait des maisons dans les environs. Il en voyait les lumières un peu partout.

-A l'aide ! Hurla t-il. S'il vous plaît, aidez moi ! Je suis attaché ! Je suis dans la ruelle ! La petite ru…

Il s'interrompit.

"Il paraîtrait aussi que si on y amène une personne qu'on déteste, le tueur qui y sévit la prend avec lui et la tue ".

Son cœur s'arrêta presque de battre quand il se rappela de la conversation de la veille au soir avec Lenalee. Il s'était moqué d'elle, mais à présent, il n'en menait pas large. Surtout que sa situation actuelle ressemblait à s'y méprendre à ce qu'elle lui avait décrit. Mais c'était supposé n'être qu'une qu'une vaste blague…

-Non non non… chuchota t-il, le souffle court. C'est que des histoires pour faire peur… Y'a pas réellement de serial killer dans cette ruelle… On ne va pas me retrouver démembré demain matin…

Il était en train de faire une crise de panique. Il n'arrivait pas à reprendre sa respiration correctement. Des milliers d'idées se bousculaient dans sa tête. Ça ne pouvait être que Chao Ji ! Il avait dit ça en rigolant hier soir, mais le chinois était bien la seule personne à le détester quand il y réfléchissait plus longuement.

Il ferma les yeux très fort pour se calmer. Non, c'était pas possible… C'était pas tombé sur lui quand même ?! Il n'avait jamais été très chanceux, et n'avait rien fait pour mériter de mourir maintenant, à seulement 21 ans !

-Je mourrais pas ! S'exclama t-il soudain, une bouffée de courage l'envahissant. Je refuse de mourir avant de l'avoir décidé !

Le silence s'installa, durant lequel il reprit son souffle.

-T'es sûr de ça ?

La voix grave résonna dans la ruelle, lui donnant un aspect effrayant. Mais il en fallait plus pour réellement terroriser Allen, qui malgré les apparences, n'était pas si fragile qu'il en avait l'air. Pourtant, il n'en menait pas large. Il avait réussi à ameuter le tueur en gueulant comme un putois !

Une silhouette fine était apparue à l'entrée de la ruelle pendant qu'il essayait de reprendre son calme, et il ne s'en était même pas rendu compte, trop occupé qu'il était à se donner des airs bravaches. Ben voilà, il avait réussi. Il allait mourir, tout compte fait.

Les pas du tueur, car c'était lui si on regardait plus attentivement le fait qu'il tenait une arme, se rapprochaient de plus en plus de lui. Allen ferma les yeux de nouveau. Il ne voulait pas voir le coup arriver. La douleur l'avertirait bien sûr, mais il ne préférait pas voir le sang. Non pas qu'il en avait peur, mais c'était ainsi. Il préférait partir lentement plutôt qu'assister, impuissant, à l'hémorragie qui le terrasserait.

Enfin, le sol trembla juste devant lui, et il sut que le tueur était débout au dessus de lui.

-Écoutes, haleta Allen, si tu veux me tuer, fais le vite. Et s'il te plaît, démembre moi après m'avoir tué… J'ai pas envie de souffrir plus que nécessaire.

Un léger ricanement lui parvint, et un objet froid vint chatouiller sa gorge, le forçant à lever la tête.

-Ouvre les yeux.

Allen n'obéit pas. C'était hors de question qu'il s'exécute, même si la voix du tueur était pleine d'autorité et qu'il était dans le fond, un garçon obéissant. Il y avait des limites à la serviabilité. Il n'offrirait pas à son assassin la satisfaction de voir la vie s'échapper de ses yeux et la terreur les écarquiller. C'était hors de question !

La pointe de l'arme s'enfonça dans la chair douce de son cou, puis la pression disparut, et il se permit de soupirer de soulagement. Il hurla de douleur quand la lame glacée lui perfora le bras gauche, à la jonction de l'épaule. C'était insupportable, et il sentit son sang chaud gicler de la blessure au moment où son tortionnaire retira la lame. Le liquide tiède se mit à couler lentement, et Allen se prit à espérer que le cœur n'ait pas été touché. Quoique… il mourrait, dans tous les cas et quoi qu'il fasse. Alors mourir en se vidant de son sang, c'était mieux que démembré. Il s'endormirait simplement…

-Ouvre les yeux, ou je continue.

La lame, cette fois couverte de sang, vint de nouveau relever son menton. L'ordre était sans appel, et il ne voulait pas souffrir davantage, aussi ouvrit-il lentement les yeux.

-Et bien voilà, c'était pas compliqué… dit le tueur sur un ton moqueur.

Le lampadaire étant radin en lumière, Allen ne put pas bien distinguer son visage. Il remarqua cependant que c'était un jeune homme d'environ son âge, avec de longs cheveux noirs et un katana à la main.

-Un albinos… Ce sera la première fois que j'en tuerais un.

Allen se contenta de le regarder droit dans les yeux d'un air déterminé. Il n'avait plus rien à perdre à présent, sauf sa vie.

-Il y a une première fois à tout, comme on dit, répliqua t-il d'une voix qui par miracle, ne trembla pas.

Le même ricanement que plus tôt lui parvint mais il n'en avait cure. Il voulait simplement gagner du temps pendant qu'il se vidait lentement de son sang via la blessure de son épaule gauche. Il commençait déjà à sentir l'engourdissement gagner ses jambes et ses bras et mit tout son talent d'acteur pour paraître toujours éveillé et en pleine possession de ses moyens.

-J'ai toujours cru que le sang des albinos était plus clair que celui des autres… ironisa le tueur. J'avais tord, le tien est incroyablement rouge, s'en est presque obscène. Peut-être parce que tout est si… blanc chez toi.

-Mes yeux ne sont pas blancs je te signale, ou bien tu es aveugle, dit Allen.

Le jeune homme en face de lui, qui faisait le cent pas, s'arrêta brusquement, et il craignit de l'avoir poussé à bout. Puis, en moins d'une seconde, le visage de son futur assassin fut à quelques centimètres du sien à peine. Il aurait aimé voir à quoi il ressemblait, mais ses sens commençaient à décliner et il perdait conscience lentement.

-Hm… tu as raison, murmura lentement le tueur. Tu as des yeux argentés. C'est rare d'en voir, et encore plus chez un Moyashi comme toi…

Allen sourit faiblement. Finalement, ce n'était pas si douloureux de mourir...

-J'ai gagné… chuchota t-il.

Et il s'effondra, sa tête basculant contre son épaule blessée.