Disclaimer: Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, mais l'histoire, si!

Couple: Pansy / Hermione.

Rating: T.

Hello les jeunes ! NON VOUS NE RÊVEZ PAS !

Lys : … u.u les gens se demandent si t'as pas fumé du papier éco, là…

Tout de suite les grands mots…

Lys : Bah remarque, quand on voit que le couple sur lequel t'as écrit…

… BON ! Voici un OS écrit tout spécialement pour l'anniversaire de Fleur de lisse, que je n'ai pas terminé (comment ça, c'est étonnant ?) et que j'ai décidé de poster en chapitres (comment ça, c'est VRAIMENT pas étonnant ? è_é).

Lys : Ce OS est donc une fic yuri. On vous prévient d'avance : il n'y aura PAS de lemon et cette fic est, à notre humble avis, à la portée de tout le monde (même des anti-yuri de notre connaissance ont été capable de lire c'te chose), pour la bonne et simple raison que les deux demoiselles ne passent pas leur temps à se rouler des pelles (loin de là… XD) et elles ne sont pas caricaturées avec des obus à la place des seins et elles ne sont pas d'une beauté à faire pâlir Aphrodite.

Tout ça pour dire que je n'ai pas écrit cette fic sur un coup de tête ou pour le délire : c'était un cadeau et j'ai essayé d'écrire quelque chose qui soit à la portée de tous (d'où le fait qu'il n'y a pas de lemon XD).

Lys : Nous postons aujourd'hui ce premier chapitre car hier… Didi a fêté son anniversaire !

… Oué, je deviens vieille :3

Lys : Donc, en toute logique, elle poste le premier chapitre de la fic d'anniversaire de Fleur de Lisse…

Logique implacable :D

Lys : On espère que ça te fera plaisir, petite fleur :D

Owiiii ! Bon je m'excuse d'avant, il a pas été corrigé… De même, je le place en rating T non pas parce qu'il y aura un lemon, mais parce qu'on va en évoquer un (bah oué, voir des nanas en soutif, ça peut choquer u.u)

Bonne lecture !


Chapitre 1

Pansy Parkinson n'était pas une belle fille. Tête de pékinois, garçon manqué… Voilà comment on la traitait, dans son dos ou en face. C'était passionnant comme les êtres humains pouvaient manquer d'imagination. Au début, ces mots la blessait, car ils pointaient du doigt ses défauts physique : elle n'avait pas un joli visage, trop dur selon certain, et elle avait plus l'allure d'un garçon que d'une fille, dans sa manière de se comporter et pour son manque de féminité. Quand elle devait se mettre « en fille », c'était tout une histoire, et c'était rarement une réussite, même si elle y mettait son cœur. A présent, ces boutades, la touchaient à peine. Elle regrettait seulement que les élèves ne soient pas un peu plus imaginatifs : c'était lassant d'être toujours qualifié de la même manière.

Elle avait eu toute son adolescence pour s'habituer aux moqueries de ses comparses. Et puis, elle n'était pas tombée dans la maison la plus tolérante, loin de là. Serpentard était très certainement la pire des maisons de Poudlard. Pansy y avait passé plus de six ans de sa vie, elle en savait quelque chose.

Serpentard était le lieu où tous les étudiants sournois, hautains, plus ou moins intelligents. Pansy n'était pas la plus agréable des élèves résidant dans le cachot qu'était la salle commune, loin s'en faut, mais elle n'était pas la pire. Et elle avait appris du pire… car elle avait été habituée très tôt à supporter les brimades de ses aînées, qui critiquaient son visage peu attrayant, ses formes trop plates et son rire qui ressemblait plus au ricanement d'une hyène qu'à autre chose. Dans cette maison, cette ambiance non pas de terreur mais d'humiliation régnait. C'était une loi ancestrale, leurs aînées avaient été rabaissés de cette manière, il était normal qu'ils fassent surbir le même sort aux plus jeunes.

Chez les Serpentards, il y avait les fortes têtes et les faibles. Quoiqu'on en dise, Draco Malfoy était une forte tête. Bien qu'entouré de Goyle et Crabbe, bien qu'il soit d'un naturel un peu peureux et lâche, il ne baissait jamais les yeux devant un aîné, ne laissait jamais une offense impunie. Physiquement, Draco n'était pas un homme solide. Mais il avait de la verve. Et à Serpentard, quoiqu'on en dise, on ne frappait pas pour rien. Ou alors, ceux-là étaient considérés comme des brutes. Et les brutes, quoiqu'on en dise, étaient mal vu dans leur maison…

Pansy était arrivée à Poudlard avec un sale caractère, un peu niaise et peste à la fois. Une gamine pourrie gâtée par ses parents qui se retrouvait au milieu d'un tas d'enfants et de presque adultes. Le traumatisme fut terrible. De peste, elle devint méchante et mauvaise. De niaise, elle passa à désillusionnée et mélancolique. Une simple évolution, rien de plus. Pas de quoi étonner l'école, pour qui elle n'était de toute façon qu'une fille moche, stupide et antipathique.

Il y avait des choses qui pouvaient changer, au fil du temps, et d'autres qui demeuraient les mêmes, quoiqu'on fasse. Pansy avait arrêté de lutter, contre les moqueries, les regards de travers et la méchanceté ambiante. Elle demeurait elle-même, avec cette image de façade de vilaine fille et des remarques bien senties quand on venait lui chercher des crosses. Elle était en dernière année, elle n'avait plus rien à apprendre de la vie. Elle avait fait la guerre, on lui avait charcuté le bras, elle l'avait bandé quand elle avait changé de camp, et la vie avait repris son cours.

Elle demeurait Pansy Parkinson, préfète de Serpentard, jeune fille au physique banal et au visage de pékinois.

Pansy n'avait jamais eu beaucoup d'amis, pour la bonne et simple raison qu'elle n'en avait jamais vu l'intérêt. C'était quelqu'un de renfermé et de solitaire qui n'avait guère besoin d'une cours à sa pieds pour se sentir importante. Elle en avait eu besoin plus jeune, alors elle s'était accrochée à Draco. Puis, elle avait compris que les « amis », ça ne servait pas à grand-chose, et n'en avoir que très peu ne lui ferait pas de mal. Il valait mieux être seul que mal accompagné. Surtout à Serpentard. Si elle tombait par terre, rares étaient ceux qui l'aideraient à se relever. Draco était l'un des seuls à l'avoir fait…

Au fil des années, ils avaient formé une sorte de petit groupe. Peut-être pas d'amis, car Pansy ne les aimait pas tous. Elle n'aurait su définir ce qui les liait. Ou plutôt ce qui les liait à Draco.

Draco était l'étudiant de son année le plus populaire, parce qu'il était riche, parce que son père était un mangemort, parce qu'il n'avait pas sa langue dans sa poche. Il était beau, aussi, mais ça, c'était un critère subjectif qui, finalement, n'entrait pas vraiment en compte. Pansy avait été attirée par lui comme une abeille était arrivée par le sucre. Au début, il l'avait laissée venir, parce que leurs pères faisaient des affaires ensemble, et il n'avait pas de raisons valables pour la repousser. Puis, il avait essayé de s'en écarter, parce qu'elle voulait autre chose que de l'amitié. Maintenant…

Quoi que les gens pensent. Quoi que les gens disent. Draco était le pilier de sa vie, celui qui lui permettait de rester encore droite et fière. Et elle… elle était son roc, la seule raison qui le poussait vers l'avant.

Il y avait aussi Daphné Greengrass, avec ses cheveux blonds qui coulaient dans son dos comme une rivière. Elle avait un joli visage, des manières de pimbêche, tous les atouts d'une enfant pourrie gâtée qui peu à peu était devenue une jeune femme répondant à tous les critères de la sainte-nitouche. Elle avait été sa copine, à époque. A présent, elle n'était rien d'autre qu'une camarade de chambre dont elle entendait la voix lointaine pendant des heures, n'écoutant que d'une oreille distraite les commérages et ses autocritiques sans fondements.

Ce qui les avait séparées, ce fut le moment où Pansy voulut sortir avec Draco. Elle fit tout pour le séduire, jour après jour, jusqu'au moment où elle essuya un refus. Pendant tout ce temps, Daphné refusa de lui adresser ne serait-ce qu'un regard, tant elle était furieuse et malheureuse de voir sa copine draguer l'homme qu'elle aimait. Quelle ne fut pas sa joie quand Draco refusa. Et quelle ne fut pas sa peine quand elle rentra à son tout bredouille, après une déclaration mal acceptée. La différence entre elles deux s'accentua, quand Daphné comprit que, si elle avait été définitivement balayée du champ de vision de l'homme qu'elle aimait, ce n'était pas le cas de Pansy, qui était passé du stade de sangsue à celui d'amie.

Sa jalousie n'en fut que plus grande. Sa seule arme fut son physique : Pansy n'en finissait plus d'entendre sa camarade de classe critiquer son propre physique pour en souligner la perfection. Pansy n'était rien à côté d'elle, en rien elle ne pouvait la voir.

En rien.

Et c'était sans doute pour cela que Draco l'avait gardée près de lui. Et qu'il laissait Daphné demeurer dans son sillage sans pour autant lui accorder une grande importance.

Dans l'entourage de Draco, il y avait Théodore Nott. C'était un garçon particulier, qui n'avait pas son pareil pour enchaîner les paradoxes. Solitaire, il n'était pas du genre à aimer se joindre à une bande, préférant se murer dans son silence et passer du temps à la bibliothèque ou dans un coin de la salle commune à lire un ouvrage quelconque. Pansy n'avait jamais su quoi penser de son camarade de classe, si silencieux, et pourtant qui ne s'était jamais laissé faire par les plus âgés, ne subissait les brimades qu'à un certain degré. Il avait des yeux noirs qui, quand ils se posaient sur vous, vous faisait presque regretter le jour où vous étiez venu au monde.

Théodore avait toujours suscité l'intérêt de Draco qui ne parvint jamais à l'intégrer à sa bande de Serpentard, mais il n'en demeura pas moins son ami. Ils exprimaient simplement cette amitié d'une façon différente, plus discrète mais non moins sincère. D'une certaine manière, Théodore avait toujours paru être un privilégié, car Draco lui accordait une importance différente de celle qu'il attribuait d'ordinaire à ceux qui se vantait d'être ses amis. C'était un peu pour cette raison que Daphné voulut devenir sa petite amie, pour sortir de l'anonymat que sa déclaration d'amour rejetée avait créé. Quant à Pansy, elle avait fini par considérer ce garçon un peu étrange comme un ami aussi. Il n'avait jamais été méchant avec elle, et quand elle avait besoin, il lui rendait toujours service.

Parce qu'elle comptait pour Draco.

Et parce que ces moments passés ensemble donnait un autre sujet de conversation à Daphné : selon lui, c'était passionnant dé l'écouter critiquer Pansy, elle était très imaginative.

Si Théodore était supportable, les deux gorilles qui entouraient perpétuellement Draco étaient, eux, aussi ennuyant l'un que l'autre. Gregory Goyle était un garçon aussi stupide que méchant, plus petit que Vincent Crabbe, qui semblait en avoir un peu plus dans le caillou, mais tout était relatif. D'une certaine manière, ils avaient grandi avec Draco. Leurs pères étaient… plus ou moins liés par leur passé, ainsi ils se fréquentaient plus ou moins, se rencontrant pour des affaires ou encore lors de grandes cérémonies. Draco sut les impressionner par son charisme et, autant le dire, il était le seul à daigner leur accorder une quelconque importance. Ainsi, à Poudlard, ils devinrent tous deux ses gardes du corps, le protégeant de toute agression physique. Cela donnait aussi une certaine importance à leur protégé qui, pourtant, ne se privait pas de les rabaisser.

Dans le fond, Draco ne les aimait pas. Il ne les avait jamais aimés, et il ne les considèrerait sans doute jamais comme des personnes proches. Comme son père avant lui, il les avait intégré dans son cercle par besoin de pouvoir : il voulait contrôler, être le maître, et ces deux idiots étaient parfaits pour remplir ce rôle de larbins. Plus jeune, Pansy se fichait pas mal du sort de Gregory et Vincent, puis, Draco lui avait paru quelque peu cruel, à ainsi les utiliser comme bon lui semblait. Pourtant, lui avait-il dit un jour, le blond leur avait dit qu'ils n'étaient plus obligés de le suivre comme des chiens. C'était pendant la guerre. Malgré tous, ces deux gorilles continuèrent de le suivre, allant dans son camp. Peut-être s'attendaient-ils alors à un peu plus de reconnaissance de la part de leur meneur. Ils ne reçurent rien.

Un jour, Pansy dit à Draco que ses deux gardes du corps étaient assez stupides pour continuer à le suivre partout, à dix-sept révolu, après tout ce qui s'était passé auparavant. Draco lui répondit qu'ils n'avaient pas de raison d'arrêter. Il leur avait dit que ça ne servait à rien, mais ils continuaient. C'était leur vie, la base de leur existence. Draco était la base de leur existence… Et quand ils quitteraient Poudlard, Draco sortirait de leur vie, et ils seraient seuls, comme les idiots qu'ils étaient.

Enfin, il y avait Blaise Zabini. C'était sans doute celui que Pansy supportait le moins. Pourtant, il était proche de Draco, ils s'appréciaient beaucoup. Ils avaient des points en commun et des idées d'avenir qui se rejoignaient. Noir et séduisant, mystérieux et parfois taciturne, c'était le genre d'homme à attirer le regard et le cœur des jeunes filles. Il avait du charme. Pas autant que Draco, mais il en avait. Et il savait en jouer, pour avoir ce qu'il voulait.

C'était sans doute pour cela qu'elle ne l'avait jamais aimé : il savait jouer de tout pour avoir ce qu'il voulait. Il avait tout ce que, elle, n'avait pas.

Ce petit groupe se soudait autour de Draco, car chacun pensait être important pour lui, ou du moins, pensait susciter son intérêt. Le blond interagissait quasiment seulement avec ces Serpentards, parlant à d'autres certes, quand il y avait encore des étudiants plus âgé qu'eux, mais à présent, ils étaient en dernière année, il n'y avait que des jeunes avec eux, et autant le dire, ils étaient peu intéressants. Sauf ceux ayant un âge proche du leur, et encore. De toute manière, quelque chose s'était brisé au sein de cette maison après la fin de la guerre. Certains avaient adhéré au parti de Voldemort, finissant morts, enfermés ou bien persécutés. D'autres étaient restés neutres. Un petit nombre avait lutté contre lui, de façon plus ou moins intensive, mais le fait était qu'ils n'avaient pas été du « mauvais côté ».

Ces mots la faisait bien rire.

« Bon » et « mauvais » côté.

Camp de la lumière et celui des ténèbres.

Tout dépendait de l'issu de la guerre. Si Voldemort avait vaincu, le « Bon » côté aurait été le sien, et pas celui guidé par Dumbledore puis Harry Potter. Ils seraient tous morts, exterminés jusqu'au dernier, et non pas enfermés à Azkaban ou étudiant à Poudlard en supportant les regards braqués sur leur dos et les coups bas, les moqueries, les humiliations. Voldemort était plus radicales, moins tendre. Il ne laissait pas de seconde chance.

Ils avaient failli mourir. Pour lui. C'était sans doute pour cela qu'ils ne le quittaient, formant un groupe autant de son être.

C'était pour lui qu'ils avaient lutté. Parce qu'il avait décidé de se mettre du côté de Potter.

Oh, il n'y avait pas que ça. Il y avait d'autres choses, encore…

Mais c'était la raison principale.

Poudlard était un peu vide depuis la fin de la guerre. Il y avait eu une grande bataille, au sein de l'école. Certains élèves étaient morts, blessés par accident ou alors affrontant leur destinée sans regarder en arrière. D'autres étaient partis, abandonnant leurs études ou allant dans d'autres écoles, comme Beauxbâtons ou Durmstang. Il en existait d'autres encore, en Europe ou dans le reste du monde, mais elle n'étaient pas liées à Poudlard, qui avaient signé depuis des siècles des alliances avec les deux premières écoles. Il était donc plus difficile pour ces élèves de quitter l'école et en trouver une autre, en raison de la différence des programmes scolaires, de la langue, des règles et du mode de vie.

L'année précédente avait été si mouvementée que des cours avaient été rajoutés afin de combler les lacunes des élèves. Certains en étaient dispensés, comme Hermione Granger ou Draco Malfoy, qui avaient assez de connaissances pour passer au niveau supérieur sans se soucier du retard accumulé en raison du précédent conflit. Mais ce n'était pas le cas pour la grande majorité de étudiants de Poudlard.

Ce n'était bien sûr pas le cas de Pansy qui se retrouvait avec des cours et des devoirs en plus à faire chaque soir, en compagnie de ses camarades de classe qui soupiraient en voyant l'amas de travail qu'ils devaient effectuer. Nous étions le matin, et bien qu'elle soit mal réveillée, tournant sa cuillère dans son bol de chocolat chaud, Pansy pensait déjà à sa soirée qu'elle consacrerait à ses devoirs. Elle avait beau être un minimum organisée et pouvoir compter sur Draco si besoin était, elle avait du mal à se dégager des soirées de libre. Elle n'était pas comme une bonne partie de ses camarades qui baclaient leur travail et se retrouvaient en cours à ne rien comprendre de ce que leur professeur leur racontait. Elle préférait y passer un peu plus de temps et ne pas se retrouvée perdue plus tard.

Sa dernière année était vraiment épuisante. Il n'y avait que le week-end qu'elle s'accordait un peu de repos. Ce n'était évidemment pas le cas de tous qui travaillaient moins la semaine et carburaient le week-end, comme Blaise assis à côté d'elle qui rigolait avec son voisin, tout en mangeant une viennoiserie. Par moments, elle avait l'impression de ne pas être comme les autres, avec son rythme de travail différent de ses congénères, mais Draco agissait de la même manière, alors elle ne changeait pas, même si on se moquait un peu d'elle à la voir si studieuse, elle qui ne l'avait jamais vraiment été.

Ce n'était pas faux. Pansy avait le niveau, mais n'était pas très intelligente ni travailleuse. En grandissant, elle avait accepté ce fait. Plus jeune, elle était trop préoccupée par les cancans pour se préoccuper réellement de ses études. A présent, l'avenir s'ouvrait à elle et il était hors de question qu'elle passe sa vie à faire un travail qu'elle ne voulait pas. La fortune de ses parents étaient factice, il ne restait presque rien dans les coffres, jamais elle ne pourrait compter sur sa famille pour avoir un mode de vie décent. Cela aurait pu être différent si elle s'était fiancée à un homme riche, comme Draco, mais ce dernier avait refusé de sortir avec elle, et depuis, elle n'était plus sortie avec aucun homme. Non pas qu'il l'ait dégoutée de la gent masculine : il lui avait juste fait comprendre que ce n'était pas par un beau mariage qu'elle serait heureuse.

La jeune fille n'avait qu'à fermer les yeux pour se rappeler de ce moment, si particulier entre elle et Draco. Elle avait quinze ans, cela faisait déjà quatre ans qu'elle lui courrait après. Les filles lui tournaient autour, ils étaient largement en âge de se fiancer. Alors un jour, Pansy était allée voir Draco, toquant à la porte de sa chambre de préfet. Il lui ouvrit et esquissa un léger sourire avant de la laisser entrer. Pansy fit quelques pas dans la chambre, peu sûre d'elle, puis, quand la porte fut refermée sur eux, elle prit son courage à deux mains et se tourna vers Draco.

Elle s'était faite belle, ce jour-là. Elle avait coiffé ses cheveux noirs coupés au carré, qu'elle n'avait jamais laissé pousser parce qu'ils n'avaient pas la beauté de ceux de Daphné. C'était du crin de cheval qu'elle avait sur le crâne. Elle s'était un peu maquillée les yeux, aussi, maladroitement. Elle s'y était reprise à plusieurs fois. Un peu de rose sur ses lèvres, sa robe neuve, des souliers vernis…

Elle s'était fait belle, la Pansy. Et pourtant…

« Pansy, tu crois que c'est en sortant avec moi que tu seras plus belle ? »

Tout s'était noué en elle : sa gorge, son ventre, son cœur.

« Tu es moche, Pansy. »

Elle avait baissé les yeux, comme une enfant prise en tord.

« Et te tenir à mon bras te rendra encore plus laide, aux yeux des autres filles. »

Les larmes avaient brûlé ses yeux, elle serrait les poings pour qu'elles ne coulent pas, alors que la voix douce de Draco réduisait ses vains espoirs à néant.

« Tu sais que ça ne te rendra pas heureuse. Ni plus belle, ni mieux que les autres, parce que tu sors avec moi. Je ne veux pas qu'on sorte ensemble, parce que ça ne nous conduira à rien. Je ne t'aime pas, et dans le fond, tu sais très bien que tu ne m'aimes pas non plus. »

Ses dents étaient serrées dans sa bouche, tellement serrées qu'elles auraient pu se fendre en deux, sous la pression.

« Alors cesse de me poursuivre. Tu ne vas rien y gagner. On te regardera de travers, on te critiquera, on te fera des coups bas. On va se moquer de toi, Pansy, parce que tu es moche et stupide, et parce que je suis beau et intelligent. »

Finalement, elle avait laissé les larmes couler sur ses joues. Et Draco l'avait prise dans ses bras, la berçant, alors qu'elle se réfugiait contre lui, sanglotant comme un bébé. Comme une petite fille.

Il avait eu raison, ce jour-là. Il avait eu raison, et elle lui en serait toujours reconnaissante. Il aurait pu avoir pitié d'elle, ne pas voir clair dans son esprit, et elle les aurait leurré tous les deux. Elle n'était pas faite pour lui, tout comme il n'était pas fait pour elle.

Sa cuillère tournait tristement dans sa tasse. Plongée dans ces pensées, elle n'écoutait pas ce qui se disait autour de la table. Elle leva néanmoins la tête de façon mécanique quand elle entendit une sorte de brouhaha, très léger, mais qui annonçait l'entrée du Sauveur.

C'était toujours comme ça quand il entrait dans la grande salle. Au début, le brouhaha était tellement puissant qu'il était difficile de parler à son voisin, et à présent, c'était un simple murmure. Potter devait détester ça, il avait toujours la tête baissée quand il entrait dans la grande salle, flanqué de ses amis. Il y avait Longdubat qui adoptait la même pose, détestant tous ces regards fixés sur lui. Weasley était un peu plus droit, un peu plus fier. Pansy ne l'aimait pas. Ce n'était qu'un grand dadais qui avait été au bon endroit au bon moment, raflant Potter et tout ce qui l'entourait. Sa frangine était là, aussi, comme une mouche attirée par le miel. Elle aussi, elle avait été au bon endroit au bon moment.

Enfin, il y avait Granger. Hermione Granger. Avec ce buisson marron autour de sa tête, sa silhouette mince et son sac rempli de livres. Petit rat de bibliothèque qui, par contre, n'avait pas été une chanceuse. Elle s'était trouvée sur le chemin de Harry Potter parce que la vie en avait décidé ainsi. Elle ne l'avait pas rencontré dans le train, elle n'avait pas été obnubilée par cette cicatrice sur son front. Le hasard avait fait les choses. La vie l'avait rapprochée du Sauveur, alors que rien ne les prédestinait à devenir amis. C'était sans doute pour cela qu'elle était toujours restée fidèle à Potter, même quand tout allait mal, même quand le mieux aurait été de rester neutre ou avec les autres.

Pansy ne la lâcha pas du regard. A côté d'elle, Blaise rigolait toujours avec son voisin. Elle eut envie de le baffer, de lui arracher les oreilles et les yeux avec ses doigts, puis de le jeter par terre et le piétiner. A la place, elle fit tourner sa cuillère dans son bol, ses yeux sombres fixés sur Hermione Granger, dont les cheveux noirs masquait son visage cerné et cachant mal son état intérieur.

Un état qui allait de mal en pis.

C'était il y a quatre mois. Blaise et Pansy étaient dans le grand hall d'entrée, descendant les dernières marches de l'escalier majestueux. C'était un samedi, il faisait froid, et la porte d'entrée s'était ouverte, un flot d'élève revenant de Pré-au-Lard se réfugiant dans la chaleur du hall. Potter, flanqué de Weasley et Granger, était entré à son tour, riant avec le rouquin qui retirait son écharpe. Près d'eux, Hermione souriait doucement, toute emmitouflée dans sa cape d'hiver, son écharpe rayée de rouge et de jaune blottie autour de son cou. Elle paraissait si calme… et elle était jolie, ainsi enveloppée, ses mains dans ses poches.

Cela faisait déjà un bout de temps que Blaise la regardait, de loin. Ses yeux noirs la suivaient quand elle passait non loin de lui. Pansy l'avait remarqué. Elle devait être la seule.

Ce jour-là, elle n'avait pas pu retenir sa question.

« Qu'est-ce que tu lui trouves ?

- Regarde-moi pas comme ça, Pansy ! Elle est plus jolie que toi d'abord ! »

Cela avait été comme une gifle en plein sur sa joue. Son cœur s'était serré, dans sa poitrine, et pour faire bonne figure, elle lui avait jeté un regard mauvais, ce qui l'avait fait rigoler. Mais elle, elle ne rigolait pas. Car quand Draco lui disait qu'elle était moche, c'était pour la faire réagir : ce n'était pas en se mettait du noir sur les yeux qu'elle serait plus belle, ce n'était pas en sortant avec un beau garçon qu'on la remarquerait plus. Quand Blaise lui disait que Granger était plus jolie qu'elle, c'était pour lui faire du mal, se moquer d'elle.

Hermione Granger était plus jolie qu'elle, même si ses cheveux frisés indisciplinés formaient un buisson brun tout autour de sa tête. Même si son visage n'avait pas les beaux traits aristocratiques de Daphné, même si elle ne faisait pas d'efforts vestimentaires. Elle demeurait jolie. Elle avait du charme. Quelque chose qui faisait la différence.

Elle était… tout ce qu'elle n'était pas.

Daphné parlait. Encore, et encore, et encore. C'était un vrai moulin à paroles. Avant, Pansy parlait beaucoup aussi. Une vraie pipelette. Avec la guerre, elle était devenue moins bavarde, moins chasseuse de cancans. Daphné n'avait pas évolué, elle. D'une certaine manière, c'était réconfortant, les choses qui ne changeaient pas.

C'était la récréation, elle sortait d'un cours avec Rogue. Longdubat avait encore fait exploser son chaudron, Potter avait encore eu une retenue. Encore des choses qui ne changeaient pas. Elle soupçonnait Draco n'avait mis un mauvais ingrédient dans son chaudron, et vu le regard que Potter lui avait lancé, elle ne devait pas se tromper. Draco passait son temps à lui pourrir la vie, certes de façon plus discrète, mais non moins efficace. Cette petite guerre perdurait entre eux. Certains la jugeaient puérile, d'autres sans intérêt. Il fallait évoluer, qu'ils disaient.

Or, Draco et Potter avaient évolué.

Mais pas dans le sens où tout le monde l'entendait.

« Et puis tu sais, la grosse Abbot, il parait qu'elle est à fond dur Longdubat !

- Noooon, tu déconnes !

- Mais si ! Astoria l'a vue lui jeter des petits regards enamourés !

- Argh, mais elle a pas de goût cette fille !

- Il est laid ! Et un peu enrobé, franchement, y'a plus beau !

- Mais c'est clair ! »

Et elles ricanaient. Ricanaient, ricanaient, ricanaient…

« Il est encore amoureux de Weaslette, à tous les coups !

- Il l'a pas oubliée depuis le temps ?

- Nan, il doit avoir encore un peu d'espoir, depuis que Potter l'a jetée !

- T'as vu comment elle pleurait, quand il l'a quittée ? Elle est même allée chialer dans les toilettes des filles ! Avec Mimi Geignarde, ça faisait un beau concerto ! »

Et ça ricane, ricane, ricane…

Pansy n'en pouvait plus. Oui, elle était rabat-joie, oui, à une époque pas si lointaine que ça elle aurait gloussé comme elle en imaginant Abbot couvert cet empoté de Longdubat du regard, elle aurait rigolé en se souvenant du visage pâle et des yeux délavés de Weasley quand Potter l'avait quittée. Oui, elle avait été une peste à une époque, et elle en était toujours une d'ailleurs.

Mais là, elle n'en pouvait plus. Elle n'en pouvait plus de ses camarades de classe qui semblait ne pas avoir dépassé les quinze ans d'âge mental. Pansy n'avait pourtant pas fondamentalement changé, mais quelque chose s'était brisé en elle. Depuis longtemps. Depuis trop longtemps, même si elle ne s'en rendait compte que depuis quelques mois. Et la guerre avait changé son regard sur le monde, sur ces ricanements d'hyène qui avait été les siens à une époque, sur ces petites histoires stupides qui faisaient partie intégrante de leur vie mais qui n'aurait plus aucune importance quand ils seraient sortis de cet endroit protecteur et trop loin de la réalité de la vie. Bientôt, contrairement à la plupart de ces filles, elle devrait vivre seule, travailler pour payer ses études, parce qu'elle refuserait l'aide de Draco, louer un appartement tout petit où elle cuisinerait elle-même ses plats.

Ces filles ne comprendraient pas. Elles ne comprendraient pas pourquoi elle allait vivre seule comme une pauvresse, travailler pour les autres dans un bar ou autre pour payer de quoi manger et s'habiller, pourquoi elle allait mener la vie du bas peuple au lieu de se marier et profiter de l'argent de son mari pour faire ce dont elle avait envie. Draco seul comprendrait, parce qu'ils en avaient longuement parlé, et parce qu'il savait très bien que sa conception de la vie et de l'existence qu'elle allait mener était bien différente de celles de ses camarades. La guerre avait changé quelque chose en elle. Draco lui-même avait mis à jour ce qui l'avait rendue si différente à ses yeux des autres filles.

Elle n'était pas comme les autres. Elle ne le serait jamais. Parce qu'elle était moche, parce qu'elle n'était pas maline, parce qu'elle n'était pas bonne à marier.

Mais elle s'y faisait. Il lui fallait juste patienter quelques mois pour être enfin libre et ne plus supporter leurs jérémiades. Quelques mois avant d'être enfin libre de faire ce qu'elle veut, de mûrir à son aise, loin de cette cage dorée où tout ce qui faisait d'elle une personne imparfaite la frappait au cœur et au visage.

« Nan mais t'imagine ? Loufoca et Potter ?

- Arrête tes conneries, ils sortiraient jamais ensemble !

- Mais ils se fréquentent pas mal, tu sais !

- Arrête, je vais vomir !

- Les filles, je vais aux toilettes, je reviens.

- Ok, on se retrouve chez McGo' ! »

Et Pansy s'échappa lâchement. Elle n'avait pas envie d'aller aux toilettes mais elle n'en pouvait vraiment plus. Elle bifurqua alors sur le côté et marcha tranquillement jusqu'aux toilettes des filles. Elle descendit un escalier qui eut la bonté de ne pas bouger au moment où elle le descendait, donc elle ne tarda pas à arriver devant les portes noires en bois quelque peu gondolé par l'humidité. Elle n'allait quasiment jamais dans ces toilettes, c'était impossible de faire sa petite affaire avec Mimi qui geignait à longueur de temps ou, pire, qui venait leur rendre visite alors qu'elles étaient assises sur le trône. Cela dit, pour se laver les mains ou se rafraichir le visage, ces toilettes n'étaient plus mauvaises que les autres. La seule précaution était de ne pas déranger ou vexer le fantôme qui avait, parfois, la mauvaise idée de plonger dans une cuvette qui venait à peine d'être utilisé. Pansy n'avait jamais été aspergée par ce genre de cabinet, mais elle ne voulait pas tenter l'expérience.

La jeune fille ouvrit la porte qui, par chance, n'était pas humide. Elle attendit quelque seconde et entendit les habituels sanglots qui régnaient comme une musique de fond dans la pièce carrelée. Elle haussa les épaules puis ferma la porte derrière elle. Puis, elle marcha jusqu'aux robinets au centre de la pièce, ses souliers claquant sur le sol sec. Pansy eut un léger sourire : le sol n'était pas mouillé, elle n'aurait pas à sécher ses chaussures et le bas de sa robe ni à les envoyer au sale le soir même, et elle pourrait poser son sac par terre. Elle ouvrit un des robinets et mit ses mains sous les jets d'eau froide, écoutant les légers sanglots qui provenait d'une des portes à sa droite.

Soudain, l'étudiante fronça les sourcils. Pansy ferma le robinet, attrapa un bout de papier et s'essuya les mains, tout en écoutant les pleurs. Elle jeta le papier humide dans la poubelle sous le lavabo et tourna la tête vers une des portes en bois.

Ce n'était pas Mimi qui gémissait. C'était une élève.

Pansy se mordilla la lèvre. Puis, elle s'avança à pas lents vers la porte, ses chaussures claquant sur le sol sec, trop sec. Mimi n'était pas là, il n'y avait que cette fille qui pleurait derrière le battant de la porte. Elle l'entendit sursauter, renifler et essayer de contenir ses larmes, alors que la brune se postait devant la porte. Ses pieds étaient visibles sous le battant. Elle sortit sa baguette.

« Alohomora. »

Le verrou se leva et Pansy ouvrit la porte, alors qu'une voix reconnaissable, trop reconnaissable, lui hurlait de sortit.

« Va-t-en ! »

La porte à demie-ouverte, Pansy ferma les yeux un court instant, ses lèvres pincées, alors qu'un sentiment de douleur envahissait son visage. Puis, elle se reprit et ouvrit complètement la porte.

Assise par terre, non loin de la cuvette, Hermione Granger avait le visage ravagé par les larmes, qui formaient deux rivière sur ses joues pâles. Ses cheveux étaient encore plus ébouriffés que d'habitude, ses lèvres mangées par ses dents qui essayaient désespérément de fermer sa bouche pour contenir ses sanglots. Ses doigts étaient crispés sur un mouchoir en papier. Son nez coulait. Elle faisait pitié.

Douloureusement pitié.

Si elle avait su, elle serait venue plus tôt. C'était évident que Hermione pleurait ici, quand elle craquait. Toutes les filles pleuraient dans les toilettes des filles du deuxième étage, avec Mimi Geignarde, qui créait comme un écho à leur douleur…

Pansy arbora une expression exaspérée, comme si ce n'était pas la première fois qu'elle la voyait dans cet état. Ce qui n'était pas tout à fait faux, bien qu'elle ne l'ait jamais vue dans un pareil état. Son cœur était serré dans sa poitrine, sa gorge était peu nouée. Mais elle était à Serpentard, elle y avait appris à refouler ses larmes et à ne pas montrer ce qu'elle ressentait.

« Alors Granger, comme ça on pleure dans les toilettes des filles ? Si c'est pas malheureux…

- Va-t-en, Parkinson ! »

Elle était un peu comme un chaton. Un chaton tout mouillé qu'on venait embêter. Elle avait des larmes dans les yeux, une voix frôlant les aiguës et les mains tremblantes. Un chaton prêt à bondir, mais qui n'en a ni la force si la conviction…

« Je m'en vais si je veux. C'est encore à cause de Zabini que tu pleures ? »

Pansy se posa contre un côté de l'encadrement de la porte, les bras croisés. Assise par terre, Hermione baissa la tête, son visage se brouillant. Elle se mordit la lèvre, pour retenir les larmes qui ne tardèrent pas à déborder de ses yeux. Elle était misérable, ainsi. Elle faisait pitié. Normalement, elle aurait dû se lever, fière, et ne pas rester sur le sol sale, mal lavé, à pleurer comme une petite fille en hoquetant.

Peut-être restait-elle ainsi prostrée parce qu'elle s'en foutait, maintenant qu'elle était découverte, de ce qu'on pouvait penser d'elle. Ou peut-être qu'elle était tombée si bas que plus rien ne lui importait. Ou alors parce que Pansy n'avait montré ni mépris ni amusement…

Cela faisait un peu plus de trois mois que Granger et Blaise sortaient ensemble. La nouvelle avait choqué pas mal de monde. Jamais on n'avait vu de couple si mal assorti : un grand noir, séducteur mais discret, étudiant à Serpentard, et une fille bien plus petite que lui, avec des cheveux dans tous les sens et un livre continuellement sous le bras, affectée à Gryffondor. Ils s'étaient pourtant affichés sans complexe. Pansy les avait regardé de loin de se mettre ensemble et Hermione tomber progressivement amoureuse de lui, elle les avait regardé s'embrasser, se câliner, se tenir la main dans les couloirs… Elle avait vu leur couple se créer, elle avait vu Hermione sourire et rigoler dans ses bras, elle avait vu Blaise respirer l'odeur de ses cheveux et la soulever dans ses bras….

Pansy avait vu Blaise réduire leur couple à néant, et ce dès les premiers jours de leur union. Elle l'avait vu séduire des filles, les emmener dans des coins tranquilles. Elle l'avait vu flirter, embrasser, baiser des jeunes femmes qui n'étaient pas sa petite amie, elle l'avait entendu faire des promesses d'amour à une personne qu'il trompait régulièrement… Elle l'avait vu lui promettre la lune, un avenir à deux… Elle l'avait vu lui baratiner des mensonges aussi gros que lui.

Blaise était un Serpentard. Blaise n'était pas foncièrement méchant, mais comme quasiment tous les élèves de cette maison, il avait une part de noirceur. Il n'avait jamais été fidèle à Hermione, parce qu'il en était incapable. Il ne pouvait pas rester avec une seule femme. Il pouvait aimer une personne, mais il ne pouvait pas ne pas aller voir ailleurs, trouver son plaisir dans d'autres bras. Il avait besoin de sentir d'autres odeurs, embrasser d'autres bouches, lécher d'autres peaux. Pansy le connaissait, elle l'avait vu grandir, mûrir, devenir un homme. Elle avait pensé pendant un temps que Hermione parviendrait à le changer, qu'il était suffisamment amoureux pour ne pas lui infliger cela.

Pansy s'était trompée. Blaise l'avait simplement menée en bateau, se servant d'elle, mangeant à pleines dents des instants de bonheur entre ces bras, la courtisant comme aucun homme ne l'avait jamais fait, prenant soin d'elle tous les jours, lui faisant l'amour au bout de quelques temps, parce que dans le fond, ils s'aimaient, non ?

Non.

Ils ne s'aimaient pas.

Hermione l'aimait, mais Blaise non. Il avait une autre façon d'aimer. Elle avait découvert cette façon-là, et bien sûr, elle l'avait refusée. Alors Blaise l'avait quittée. Pansy savait que Hermione essayait de le récupérer, lui envoyant des lettres, essayant de le chopper dans un couloir, mais le jeune homme ne répondait pas à ses missives, la fuyait, faisait comme si elle n'existait pas, constamment entouré par ses amis, comme pour la dissuader de l'approcher. Et ça marchait.

Et elle était là, à pleurer comme une gamine à qui on aurait volé sa poupée, dans une cabine de toilettes.

« Tu me fais pitié, Granger.

- La ferme.

- Je crois que jamais personne ne m'a fait autant pitié que toi. Ah si, peut-être Crabbe et Goyle, leur stupidité est affligeante. Mais on va dire que ton état n'est guère mieux… »

La jeune fille leva la tête et lui lança un regard mauvais, qui s'atténua quand il rencontra le visage agacé, mais pas méchant ni moqueur de Parkinson.

« Tu es là, à pleurer son départ. Tu essaies de reprendre contact mais rien ne marche. Tu es là détruite, anéantie par cet être qui jouait un rôle. Dis-moi, pourquoi tu veux de lui ? »

Hermione secoua la tête, comme si elle ne pouvait pas expliquer. Pansy n'avait jamais compris comment on pouvait être attiré par ce type qui n'était bon que dans un lit. Peut-être parce qu'elle le connaissait trop bien, elle savait de quoi il était capable ou, plutôt, de quoi il était incapable. Le fait qu'on puisse aimer une pourriture pareille lui passait par-dessus la tête car elle savait trop bien qui il était. Et la voir ainsi pleurer lui faisait mal au cœur.

« Tu l'aimes, c'est ça ? T'aime ce connard ?

- Parkinson, laisse-moi tranquille…

- Tu me fais pitié, Granger. Tu pleures comme une conne dans les toilettes, on dirait Mimi Geignarde. Tu te rends compte de l'état dans lequel tu te mets ? T'es là, sur le sol sale, ta robe toute crade, t'es aussi blanche que la cuvette des toilettes, des yeux sont veinés tellement tu as pleuré… Je ne croyais un peu plus forte que ça, Granger, je ne pensais pas que tu serais comme toutes ces filles stupides qui pleurent comme des madeleines parce que leur mec…

- TA GUEULE ! »

Son hurlement raisonna dans la pièce carrelée, ricochant contre les murs d'un blanc sale. Hermione avait levé la tête vers elle, lui lançant un regard noir, du défi brillant dans ses yeux marron. Alors Pansy esquissa un léger sourire, presque mesquin.

« Ah, enfin tu te réveilles. Je commençais à m'impatienter.

- Qu'est-ce que tu…

- Tu vas pleurer encore combien de temps, Granger, pour un con pareil ? Il te trompe quasiment depuis que vous sortez ensemble. Me regarde pas comme ça, c'est pas pour te faire du mal que je te dis ça. Il est comme ça avec toutes ses copines, sans exception. T'es pas plus moche qu'une autre, t'es pas moins désirable qu'une autre. Blaise ne peut tout simplement pas se contenter d'une seule fille. C'est dommage, c'est tombé sur toi. Et t'es là à pleurer à cause de lui, alors qu'il adopte le même comportement avec toutes les autres filles. T'es là à chialer alors que ce type ne te regarde même plus, fais comme si tu n'avais jamais existé. Est-ce que tu crois vraiment, Granger, que ça vaut la peine de se rendre malade pour un mec comme lui ? »

Pansy savait que ses mots lui feraient du mal. Sa voix était sèche, froide, presque mauvaise. Une voix de peste. Sa voix à elle. Elle ne savait pas vraiment comme Hermione allait réagir, si elle allait la gifler, lui crier qu'elle ne racontait que des bêtises, ou encore rester là, prostrée. Dans tous les cas, qu'on lui dise la vérité sans cachotteries ne pourrait que lui faire du bien.

Elle vit Hermione baisser la tête et demeurer quelques instants, sans parler, puis elle la releva et regarda Pansy dans les yeux, les larmes salées sur ses joues séchant sur sa peau, laissant des traînées collantes.

« Il me trompait depuis le début ?

- Quasiment. J'ai pas toujours un œil sur lui, tu sais, sa vie ne…

- Comment tu le sais ?

- Parce que je le côtois. Je le vois tous les jours, et depuis le temps, je sais comment il est.

- Pourquoi tu n'as rien dit ?

- Pourquoi tu n'as rien vu ?

- Je pensais qu'il m'aimait…

- Moi aussi. »

Hermione écarquilla les yeux. Pansy se pinça la lèvre, la regardant avec une sorte de tristesse dans les yeux.

« Je pensais qu'il t'aimait, qu'il changerait. Je me suis trompée. Draco était persuadé que ce n'était pas toi qui le ferais changer.

- Je n'étais pas digne de lui ?

- Non. C'est plutôt que… Enfin, je te l'ai dit. Blaise est comme ça. C'est pas avec toi qu'il allait changer. Vous avez dix-sept ans, va changer un jeune homme de cet âge-là bourré d'hormones et à qui tout sourit ? Et puis, honnêtement, t'es pas un canon. Ni une fille de bonne famille. Remarque…

- Même ça…

- Ouais. Même ça, ça n'aurait rien changé. Regarde Longdubat : il est encore amoureux de Weaslette, et il sera peut-être encore longtemps, jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'elle n'est pas pour lui. Blaise, c'est pareil. Il restera un coureur de jupons encore un long moment, jusqu'à ce qu'il se rende compte que ce qu'il aurait voulu, c'était une vie stable avec une femme et des gosses. Il sera jeune célibataire, ses amis seront tous parents. Il passera pour un con. Comme Longdubat. »

Ce n'était peut-être pas le meilleur exemple mais c'était le premier qui lui était passé par la tête. La Gryffondor parut réfléchir, sans s'offusquer que Parkinson ait parlé ainsi de son ami. Elle devait penser à peu près la même chose.

« Qu'est-ce que je dois faire ?

- C'est à moi que tu le demandes ?

- Si tu es là à me parler, c'est que tu as envie de m'aider, non ?

- Plus ou moins. »

Autant l'avouer. Elles n'étaient plus à ça prêt.

« T'as pas envie de te venger de lui ?

- Je ne sais pas.

- Tu ne veux pas lui faire de mal.

- Non.

- Gryffondor jusqu'au bout des ongles… Tu ne peux pas avoir un peu de mauvais esprit de temps en temps ?

- Non. »

Hermione esquissa un léger sourire. Elle avait mal, mais Blaise l'avait rendue heureuse un temps. Et puis… elle n'était pas fondamentalement méchante, et même si elle était intelligente, elle ne pouvait pas établir de plan qui lui permettrait de se venger sans faire appel à des sortilèges compliqués qu'elle serait la seule à connaître. La subtilité, les coups bas, la jalousie, elle ne connaissait pas. Elle n'avait pas grandi avec ça, Hermione Granger ne savait pas faire du mal. Mais Pansy… oui.

« Alors tu vas le laisser se foutre de ta gueule jusqu'à la fin de l'année ?

- Pourquoi tu veux lui faire du mal ? »

La jeune fille la regarda d'un air suspect. Elle ne semblait pas comprendre pourquoi Pansy lui parlait de cette manière, la réconfortant, l'air de rien, essayant de la pousser hors du flot qu'avait créé toutes les larmes qu'elle avait versées. La Serpentard poussa un soupir, las.

Elle voulait du faire du mal, parce que Blaise avait tout ce qu'elle n'avait pas.

« Cherche pas. C'est qu'un abruti. Et tu vas lui montrer que t'es pas une gamine pleurnicheuse.

- Qu'est-ce que tu me proposes ?

- Tu vas changer de look. »

Hermione leva les yeux au ciel et regarda vers le sol, exaspérée. Elle voulut dire quelque chose Pansy la devança.

« T'as rien de sexy, Hermione Granger. T'es mince, certes, mais t'es vraiment plate comme fille. Regarde-toi, tu n'as pas de seins. T'as rien de féminin non plus, je ne me demande bien à quoi peuvent ressembler tes sous-vêtements.

- Parkinson !

- T'as pas de cheveux sur la tête mais un gros buisson marron. Il t'est déjà arrivé de te maquiller ?

- Si c'est pour me critiquer…

- Il t'a jarreté et tu chiales comme une adolescente qui comprend que l'amour, ça fait mal. Tu te laisses aller, tu ressembles vraiment à rien. Tu crois que tu peux le récupérer en restant comme ça, en lui faisant pitié ? Tu crois que ça t'aidera à aller mieux ? C'est pas en t'enlaidissant que tu vas le récupérer. Tu fais pitié, tu n'attires pas la compassion des autres. Parce que t'es pas très belle, quand Blaise est sorti avec toi il avait dû se prendre quelque chose sur la tête, tu peux pleurer de toute façon c'est bien fait pour toi. C'est ça que les gens pensent, Granger. T'es encore plus moche que tu l'étais avant. »

Le visage de Hermione se brouilla. Elle était prête à pleurer à nouveau. Mais elle se retint. Elle respira fortement, en faisant du bruit. Pansy attendit, en silence, les bras toujours croisés sur sa poitrine, son corps toujours appuyé contre l'encadrement de la porte. Puis, Hermione se leva, s'appuyant contre la paroi qui séparait la cabine de la suivante. Elle leva les yeux vers la Serpentard et cette dernière lut dans ses yeux marron qu'elle avait saisi le message. Qu'elle avait compris que ces mots n'étaient pas destinés à lui faire du mal, mais à l'aider à comprendre la réalité des choses.

Blaise, le beau gosse de service, était sorti avec elle, petit rat de bibliothèque. Personne n'avait compris. Puis, au bout de trois mois, il l'avait quittée. Juste retour des choses. Lui, il courait après d'autres filles, et elle, elle pleurait dans les toilettes des filles. L'un attirait à nouveau les regards charmeurs, l'autre les moqueries de ses congénères.

« Que veux-tu, en échange ?

- Rien. Juste que tu le fasses chier. Il m'agace, avec son air de « Je suis meilleur que tout le monde ».

- C'est bizarre venant de toi… On n'a jamais été amies…

- Je ne veux pas de ton amitié, et je ne pense pas que tu veuilles la mienne. Ce type me répugne. Ca fait des années que je le fréquente, des années que je le vois jouer à ses petits jeux. Ca commence sérieusement à bien faire. Je ne suis pas du genre à vouloir rétablir la justice, ou ce genre de conneries, mais il m'agace sérieusement avec ses airs supérieurs, de conquérant. Il se fout de toi, comme il s'est foutu de toutes les autres filles avec lesquelles il a couché. J'ai juste envie de le voir trimer, pour une fois. Que ce soit lui qui te court après comme un caniche au lieu que ce soit toi qui le poursuive comme une mouche attirée par du miel.

- Tu me compares une mouche ? »

Un petit sourire amusé apparut sur les lèvres de Hermione Granger. Pansy sentit son cœur s'accélérer un peu dans sa poitrine. Elle se retint de rougir.

« Ouais. On va faire de toi une jolie mouche. Pour ça, il va falloir remédier à tes cheveux. »

Hermione ouvrit de grands yeux. Elle leva les yeux vers sa franche de cheveux frisés et prit à pleines mains deux poignées de cheveux. Pansy aurait pu en rigoler si elle n'avait pas été si sérieuse, si… heureuse de pouvoir lui parler ainsi, sans haine et rancœur. C'était pile le bon moment pour lui parler. Merlin était avec elle, aujourd'hui. C'était bien la première fois.

« C'est impossible.

- En quatrième année…

- Ca m'a pris des heures et des heures !

- Tes cheveux étaient ondulés au bal, en quatrième année. Tu vas refaire cette potion et l'appliquer sur tes cheveux. Oui, ça va te prendre des heures, au début, mais au fur et à mesure du temps, tu parviendras à ordonner tes cheveux, ils s'habitueront à la lotion et se raidiront naturellement. Ensuite, tu vas te maquiller. Non, tu m'écoutes ! Je ne te demande pas un ravalement de façade. Une fois que tes cheveux deviendront plus… ordonnés, tu commenceras petit à petit à te maquiller. Rien que du noir sur les yeux, ce sera déjà ça.

- Je ne sais pas me maquiller…

- Une fille qui ne sait pas se maquiller…

- J'ai d'autres priorités dans la vie ! »

Pansy haussa un sourcil et regarda par terre d'un air dubitatif. Quand elle releva les yeux, Hermione avait détourné les yeux, toute rouge.

« Ouais, genre pleurer dans les chiottes parce que ton copain t'a quitté. Bref. Demande à tes copines, sinon je te montrerai. Ensuite, tu dois faire quelques efforts vestimentaires.

- Je n'ai jamais su m'habiller…

- T'es comme Potter : t'as jamais su te coiffer, te mettre en valeur…

- C'est différent !

- Oui, t'as eu des parents pour t'élever, lui a grandi tout seul chez des moldus. Dans un sens, il a plus d'excuses que toi. Donc, refais un peu ta garde-robe, histoire de ressembler à quelque chose le week-end. Tu dois attirer son regard, le faire trimer, et non pas lui courir après et te lamenter comme tu le fais depuis qu'il t'a quitté. Tu dois attirer le regard d'autres hommes, le rendre jaloux, lui faire comprendre qu'il a beaucoup perdu.

- Pourquoi tu fais tout ça, Pansy ? Sérieusement ? Je ne suis…

- Parce que je déteste les gens qui ont tout ce qu'ils veulent d'un claquement de doigts.

- Pourtant, tu as été comme ça à une époque. Et Malfoy est comme ça.

- Draco a changé. Moi aussi. Zabini est toujours un gamin imbu de lui-même qui croit que le monde est à lui. Je sais que t'es une fille intelligente Granger. Ca peut te paraître bizarre mais j'ai envie de t'aider. Parce que je pensais vraiment qu'il changerait, qu'il deviendrait plus responsable. Je pensais pas qu'il te rendrait malheureuse. Si ça avait été une de ces pouffiasses qu'il se tape tous les trois jours, j'aurais pas bougé le petit doigt. Mais tu vaux quelque chose, même si t'es une née-moldu. T'en as dans le crâne. »

Ca paraissait tellement évident dans sa bouche. Granger devait comprendre le fait qu'elle déteste Zabini, qu'elle voulait le voir ramper aux pieds d'une de ses conquêtes délaissées et trompées. C'était vrai que c'était bizarre. C'était vrai. Mais Hermione devait voir au fond de ses yeux noirs une sorte de colère, de désir de vengeance. L'envie de le voir ramper, souffrir, la supplier. Comme toutes ces filles avaient fait avant elle.

Et puis, Pansy avait changé depuis la fin de la guerre. Elle était devenue un peu plus renfermée, moins peste. Elle ne leur pourrissait plus la vie, elle vivait dans l'ombre de Draco, comme toujours, qui lui non plus ne leur cherchait plus de noises. Toujours ensemble, tous les deux. Ils se quittaient rarement. Leurs amis Serpentards gravitaient autour d'eux. Certains pensaient qu'ils étaient en couple, mais pour Hermione, il n'en avait jamais été question. Il y aurait eu des gestes. Des regards. Des sourires. Mais rien de tout cela n'apparaissait entre eux. Absolument rien…

« Je ne sais pas si je dois te remercier.

- Ne le fais pas, sinon je vais m'inquiéter pour ta santé mentale.

- Je pourrais m'inquiéter de la tienne.

- Je vais très bien, merci. Allez viens, on retourne en cours. On est en retard.

- Ah bon ?!

- Ouais, de dix minutes. Viens, on sèche. »

Pansy se décolla de l'encadrement de la porte et marcha jusqu'aux lavabos pour récupérer son sac posé par terre. Quand elle se retourna, Hermione avait récupéré le sien, et se dirigeait vers elle. La jeune fille se posta devant un lavabo, fit couler un peu d'eau et se passa un coup sur le visage, histoire de le rafraichir un peu. Elle se regarda dans le miroir ébréché et grimaça en voyant ses yeux rouges.

Elle était toujours aussi pâle et il était évident qu'elle venait de pleurer. Pansy la regarda s'examiner dans le miroir, en se disant que Blaise était vraiment un salopard.

Pansy avait été la première à comprendre que Blaise était tombé amoureux de Hermione Granger. La toute première, bien avant que tous les autres ne les voient tous les deux entrer dans la Grande Salle main dans la main.

Elle avait remarqué ses regards. Parce qu'elle regardait dans la même direction.


Merci de m'avoir lue ! J'espère que ça vous a plu !