Avertissement : Puisque je n'avais jamais prévu de la publier, cette fic est longue et au début pas trop rythmée. Beaucoup de blabla.

C'est une de ces fics qu'on écrit pour s'amuser mais qui est totalement inconcevable et marginale. Quoi que ce serait assez dans l'esprit de l'anime…

Il existe une chronologie pour mieux appréhender l'histoire, vous comprendrez pourquoi en la lisant, mais je ne pourrai la poster que plus tard, puisqu'elle gâcherait le pseudo suspense.


Reflets

I

« C'est de ta faute ! »

« Nan, c'est de la tienne ! »

« Tu n'aurais pas dû toucher à la plaque ! »

« C'est toi qui jouais avec les boutons ! »

Rei et Makoto levèrent la tête avec surprise et se regardèrent, interrogatrices. Les deux voix qu'elles entendaient appartenaient à des enfants, des petites filles sans doute.

« Il y a encore des gens à cette heure-ci ? » interrogea Makoto.

Rei, assise comme elle en tailleur sur les tatamis de sa chambre, secoua la tête.

« Non. Le temple est censé être vide de visiteur. »

« On ferait bien d'aller voir. »

Son amie acquiesça et se leva, abandonnant leur jeu de cartes. Elle fit glisser la porte fenêtre et passa à l'extérieur. Il faisait chaud en cette soirée d'été, et elle ne s'embarrassa pas de chaussures pour se diriger dans les jardins situés à l'arrière des quartiers d'habitation où deux prêtres et Rei vivaient.

« On est où ? » disait l'une des deux voix de plus loin.

« Je sais pas. Je crois pas qu'on soit encore à la base. »

« Et s'il y a des méchants ? » chuchota la première. « Et où sont les autres ? »

« Je sais pas. »

« Bonsoir. »

Malgré la douceur du ton de Rei, les deux fillettes sursautèrent. La pénombre ne permettait pas de bien distinguer les autres, mais Rei ne donnait pas plus de six ou sept ans aux deux fillettes.

« Désolée. N'ayez pas peur. »

« Moi j'ai pas peur ! »

« Chut ! » reprocha l'autre.

« Où sont vos parents ? Le temple est fermé, vous savez. »

« Le temple ? » demanda curieusement celle de droite, légèrement plus grande que l'autre. « Quel temple ? »

« Hikawa. »

« Hika… quoi ? »

« Euh… »

« On est pas d'ici. On s'est perdues. On jouait et – »

« Tais-toi ! » reprocha rapidement la plus petite. « On n'a pas droit d'en parler ! »

« Mais… tu ne sens pas ? Elles sont comme nous. »

« Comme vous ? » répéta Makoto.

« Venez, » invita gentiment Rei. « Allons à l'intérieur, nous serons mieux. »

Une fois dans la chambre, à la lumière, plusieurs choses stupéfièrent les filles. Tout d'abord, les vêtements des deux petites étaient aussi simples que particuliers. Elles portaient toutes les deux un pantalon et un haut fantaisie coloré, mais la matière dans laquelle ils étaient faits semblaient plus légère et noble que ce que portaient les adolescentes.

Et plus important encore, la plus grande des deux filles ressemblaient comme deux gouttes deux à Rei à son âge, sauf que Rei avait eu les cheveux plus longs. La fillette les portait juste en dessous des épaules. Quant à la seconde fille, du même âge mais plus petite en taille, elle leur rappelait sans conteste Ami.

Et Rei et Makoto n'étaient pas les seules à avoir remarqué la ressemblance.

Finalement, la petite qui ressemblait à Rei sourit.

« Tu ressembles à maman, » informa t-elle.

Rei cligna des yeux.

« P… pardon ? »

« Mais tu es beaucoup plus jeune. Tu as quel âge ? »

« Euh… seize ans. »

« Beaucoup beaucoup plus jeune, » s'amusa t-elle.

« Et toi tu ressembles à tante Jupiter, » informa l'autre fille avec un grand sourire.

« T… tante Jupiter ? » souffla l'adolescente. « Vous… »

Echangeant un regard stupéfait avec Rei, Makoto ne sut que dire.

« Est-ce que vous pouvez nous dire d'où vous venez ? »

« On vient de – »

« Chut ! »

« Mais ! » protesta la petite qui ressemblait à Rei avec exaspération. « Je te dis qu'elles sont comme nous ! Tu ne peux pas le sentir ? Pareilles ! »

« Je suis pas sûre… »

« Moi je le suis. »

L'enfant ressemblant à Ami finit par soupirer et hocher la tête.

« D'accord. »

« On vient de la Base. C'est là qu'on habite avec nos parents. »

« On jouait dans la salle, et on a dû toucher à quelque chose qu'il fallait pas toucher. »

« C'est toi qui as fait ça ! »

« C'est pas vrai ! »

« Les filles, » tempéra rapidement Rei. « Ce n'est pas la peine de vous disputer. Qu'est-ce que c'était, cette salle ? »

Les deux enfants échangèrent un regard inquiet.

« Ben… on avait pas le droit d'y aller, en fait. Alors… »

« On sait pas trop. Mais c'était plein de choses super bien. Comme des anciens ordinateurs qui dataient au moins des années 10! »

« Des… » souffla Makoto. « De quelle année venez-vous ? »

« 2101. »

« Quoi ? »

« Vous… quoi ? »

« Ben oui, » affirma l'enfant. « On est en combien ? » demanda t-elle soudain avidement. « On est dans le passé ? Trop bien ! »

« C'est vrai ? » demanda celle qui ressemblait à Rei avec excitation. « On est dans le passé ? »

« 2005. »

« Wahou ! C'était comme une machine à remonter le temps ! »

« Tu vois je t'avais dit que ce système était intéressant ! » affirma la plus petite.

« Tu vois je t'avais dit que c'était toi qui avais provoqué ce rayon ! »

« Les filles, s'il vous plait. Vous êtes à Tokyo, au Japon. »

« Le Japon ! On est au Japon ! »

« Euh… oui. » Makoto les observa attentivement. Elles parlaient japonais, même si avec un étrange petit accent, et avaient des traits purement japonais également. « Vous n'en venez pas ? »

« Le Japon n'existe plus depuis des décennies ! » informa la plus petite. « C'est à cause de la Guerre du Japon contre les envahisseurs de la planète Jio, quand ils ont sauvé la Terre, le Japon était en ruine, et le Cristal d'Argent l'a restauré en partie pour en faire une petite île pure et protégée magiquement. C'est le Royaume de Cristal maintenant. »

« Le… Japon… a disparu ? » souffla Rei. « Une minute, le Cristal ? »

« De la princesse, » confirma la petite plus posément. « Depuis, elle et le roi règnent sur le Royaume. »

« Mais… on a plus nos… » Makoto se tut, ne souhaitant pas vraiment leur révéler qu'elles avaient été les Senshi. Même si de toute façon, ces enfants ne naîtraient pas avant bien longtemps et semblaient parfaitement au courant. « Comment vous appelez vous ? »

« Amili, » répondit la petite. « Sept ans. On a le même âge. En fait, on est nées le même jour. »

L'autre hocha la tête.

« Reiko, » se présenta t-elle. « Mais on est pas sœurs. Cousines seulement. Cousines de cœur, pas de sang. »

Rei s'assit lourdement. La familiarité qu'elle ressentait face aux deux enfants la déroutait. Amili avait la même signature psychique qu'Ami en plus de lui ressembler étrangement. Elle avait aussi la même trace magique qu'elle, cette trace liée à Mercure, mais en plus intense. Pourtant, cette enfant n'était pas Ami, sa personnalité était différente, elle était sûre d'elle, en rien timide, aventureuse.

Quant à Reiko… Rei avait l'impression de regarder une photo d'elle plus jeune, et c'était totalement flippant. Quant à son aura… Il y avait cette énergie liée à Mars, si forte et intense, et bien que la petite n'avait pas les mêmes manières qu'elle et était apparemment plus impulsive et téméraire, Rei supposait que leurs présences étaient semblables.

« Qui êtes vous ? » demanda Amili, un demi sourire aux lèvres. « Je parie que je sais. »

« Rei Hino. Et voici Makoto Kino. »

« C'est trop bien ! » sourit-elle, d'une manière que Ami n'aurait jamais eue.

« Pourquoi ? »

« On devrait peut-être pas leur dire ça. Nos parents vont être déjà tellement furieux, » s'inquiéta Reiko. « Tu te rends compte ? Et si ils ne pouvaient pas venir nous récupérer ? C'est peut-être pour ça que le matériel n'était plus utilisé ! Et si on restait coincé ici pour toujours ! Et qu'est-ce qui est arrivé aux autres ? C'est pas normal ! »

« Quels autres ? » demanda Makoto.

Amili eut l'air apeurée elle aussi tout à coup, l'excitation passée.

« On était quatre quand le rayon est apparu, mais quand on s'est réveillées ici, on était que nous. »

« Qui était avec vous ? »

« Ma sœur et notre autre cousine, » offrit Reiko.

Amili affirma d'un hochement de tête.

« Mina et Mako. »

« Reiko, Amili, Mina et Mako ? » répéta Makoto d'un ton incrédule. « C'est le rêve le plus bizarre que j'ai jamais fait ! Rei, je ne viendrai plus jamais au temple ! »

« Le pire c'est que je crois qu'on est pas en train de rêver. »

« Tu plaisantes ! »

« Tu es différente, » nota Amili avec intérêt. « Tu es plus… pétillante. Tante Mars aussi. Toi tu es plus… »

« Plus souriante, » offrit Reiko doucement.

« On se connaît ? » demanda Rei. « Parce qu'on doit être vraiment vieilles à votre époque si on est encore en vie. »

Amili gloussa.

« Vieilles ? Les Senshi ne vieillissent pas ! »

« Quoi ? » demanda Makoto.

« Ben oui ! »

« Mais on a plus nos pouvoirs depuis des mois. »

« Ah ? Ben vous allez les récupérer, avant la guerre. Parce qu'elle va arriver dans six ans et vous allez défendre la Terre et après ça plus jamais rien ne sera comme avant. Vous allez servir la reine Sérénité et le roi Endymion pendant des décennies et protéger le Royaume. »

Makoto s'assit près de Rei, le visage pâle.

« On… je crois qu'on devrait appeler les autres. »

« Et pour ma sœur ? » s'inquiéta Reiko. « Et pour Mako ? »

« On va les chercher, elles ne doivent pas être loin. On va appeler les autres en chemin. »

Alors qu'elles sortaient pour fouiller les jardins, Makoto finit par soupirer.

« Bon, je demande quand même… Si vous ressemblez tellement à Ami et Rei, ce n'est pas un hasard ? »

« Tu vois qu'on doit leur dire, » dit Reiko. « De toute façon ce sont les Senshi, c'est pareil. »

« Ce n'est pas de ça dont je parlais ! »

« Alors Reiko ? Rei est ta mère ? »

« Oui. Ma mère et celle de ma sœur, Mina. On est nées le même jour nous aussi. En fait, on est toutes les quatre nées le même jour. Mais pas de la même mère, bien sûr. Sauf pour Mina et moi. »

« Ah bon ? Ca c'est bizarre, » nota Makoto. « Comment ça se fait ? »

« C'est parce qu'on est pas tout à fait nées comme les autres bébés, » expliqua Amili. « Nos mamans sont Senshi, et puis dans le futur il y a bien des moyens plus avancés, alors on est nées grâce à la science. »

Rei et Makoto échangèrent un regard intrigué et soucieux, elles ne comprenaient pas mais n'étaient pas certaines de vouloir poser plus de questions.

« Mina est proche ! » souffla Reiko.

Rei pouvait le sentir elle aussi. Deux auras magiques, l'une portant la trace de Jupiter, l'autre de… Vénus.

« Mina ! Mako ! »

« Amili ? » demanda une voix de plus loin.

Les deux fillettes coururent et rencontrèrent à mi chemin deux autres enfants. L'une était plus grande et avaient de longs cheveux tressés et un grand sourire. L'autre était plus petite et la plus frêle de toutes. Ses cheveux noirs tombaient droits sur ses épaules. La première était l'image miroir de Makoto à sept ans, l'autre de Minako.

Et alors que les petites filles se réjouissaient de retrouver les autres en bonne santé, Makoto et Rei, elles, nageaient en pleine confusion.

« C'est impossible que nos filles puissent nous ressembler à ce point… si ? » demanda Makoto. « Enfin, je ne sais pas ce que ce sera dans presque un siècle et ce dont la science sera capable, mais elles n'ont absolument rien pris de leurs pères, c'est dingue ! »

« Ca a peut-être un rapport avec nos gènes Senshi… Mais… Pourquoi Reiko et Mina seraient sœurs ? »

Makoto observa les deux filles, incrédule.

« Excellente question. Impossible. Tu n'as pas pu mettre au monde la copie conforme de Minako. »

« Je l'ai peut-être adoptée. »

« Peut-être qu'il est arrivé quelque chose à Minako dans le futur. Si on se bat toujours – et ce n'est pas une idée réjouissante – on a bien dû perdre quelques combats. »

« Je commence à avoir mal à la tête, » souffla Rei.

« Tu vois qu'on est dans le passé ! Au Japon, comme dans les histoires ! » affirma Amili avec fierté à Mako. « Voici Makoto Kino et Rei Hino ! »

« Elles ont des noms de famille ! » s'exclama Mako.

« Elle ressemble à mama, » murmura la petite Mina avec une voix douce, debout toute proche de sa sœur. « Mais elle est différente. »

Lorsque Rei posa les yeux sur elle, la fillette baissa le regard, gênée. Reiko sourit à sa sœur.

« C'est parce que c'est pas vraiment maman, elle est plus jeune. Tu te rends compte, elle est même pas adulte ! Et t'as vu, on s'appelle Hino ! Et t'as vu ses cheveux ? Et tante Jupiter ? »

« Les filles… » interrompit doucement Rei. « Avant toute chose, il faudrait éviter de nous appeler ainsi. Mon nom est Rei, et elle, c'est Makoto. Utilisez nos prénoms, on préfère. »

« Vraiment ? » demanda Amili avec hésitation. « Mais nous, on vous appelle jamais comme ça. »

« Vous nous appelez toujours par nos noms de Senshi ? »

« Presque toujours. Ce sont vos noms. »

« Et quand je parle à Rei, je l'appelle toujours Mars ? » demanda Makoto avec étonnement. « Et elle ne me tue pas ? »

« Ben non ! Tout le monde vous appelle comme ça ! »

« Je n'aime pas ça, » murmura Rei, n'appréciant pas du tout le sentiment envahissant son cœur.

« Les parents vont nous tuer, » murmura Mako, avec crainte et émerveillement mêlées dans le ton. « On va devoir s'entraîner et étudier pendant des jours sans récréation après ça. »

« Ca en vaut déjà le coup ! » répliqua Amili fièrement.

De la bande, c'était sans conteste elle la plus forte tête. Et Mako semblait presque la plus réfléchie.

« Comment on va rentrer ? » demanda Mina, d'une petite voix hésitante et douce.

« T'en fais pas, » rassura sa sœur, « on va trouver une solution. »

« Il n'y a pas la bonne technologie ici, et elles n'ont pas de pouvoirs. »

Reiko fronça les sourcils.

« Ah. Ouais. »

« Les parents vont nous tuer, » répéta Mako. « Ma mère ne va plus me laisser approcher des holos pendant des mois après ça. »

« Tu imagines mon père ? » grimaça Amili.

« Au moins tu n'auras pas Lady Jupiter en face de toi ! »

« Et nous, alors, vous imaginez ? » lança Reiko.

Les deux autres hochèrent la tête. Visiblement, pour elles, Reiko et Mina étaient les plus mal parties.

« Venez, » soupira Rei. « Rentrons. Les autres devraient bientôt arriver. Et va falloir leur expliquer. »

Makoto sourit soudain.

« Le seul bon côté, c'est qu'on va pouvoir voir leurs têtes ! »

p

Ami ne pouvait apparemment qu'ouvrir et fermer la bouche silencieusement, observant Amili avec stupéfaction. La petite, quant à elle, la regardait avec bien plus de calme qu'elle n'en avait d'ordinaire, ses yeux buvant l'apparence de l'adolescente avec fascination.

« Tu ne ressembles pas aux holos, » dit-elle finalement. « Mais tante Mars et tante Jupiter non plus. »

« Les… hologrammes ? »

« Ben oui ! »

Rei fronça les sourcils alors qu'elle servait un chocolat chaud pour chaque petite assise autour de la table basse.

« Les holos ? Tu veux dire que tu ne l'avais jamais vue ? »

Amili baissa les yeux et secoua la tête.

« La mère d'Amili est décédée il y a des années, » expliqua doucement Mako. « Lady Mercure est morte au combat. »

« Désolée, » s'excusa rapidement Rei, avant de jeter un regard anxieux vers Ami.

Mais la jeune fille ne semblait pas aussi perturbée par sa mort violente dans un futur lointain que par l'apparition de sa future fille.

Mina, qui était assise en face d'Amili, prit un cookie au chocolat de la boite et le tendit à sa cousine attristée. Surprise, celle-ci leva la tête et prit le biscuit.

« Merci, Mina. »

La frêle fillette eut un petit sourire et se concentra de nouveau sur son propre gâteau.

« Si on est ici, » avança Mako, « est-ce que ça veut dire qu'on n'est plus protégées par le Champ de la Base ? Est-ce qu'ils pourraient nous retrouver ? »

« Je ne sais pas, » s'inquiéta Amili. « J'ai jamais rien compris à ces trucs technologiques. »

« Le Champ ne protège que la Base, et on est plus à la Base. Mais si ils viennent ici, on se battra. »

« Vous vous quoi ? Pas question. Et de qui on parle ? » interrogea Makoto.

« Des Agents, » répondit Reiko très sérieusement. « Ils sont sur entraînés et ont tous les moyens possibles. Ils sont à la recherche des Senshi depuis 17 ans, mais les Senshi sont en réalité recherchées depuis 20 ans, puis les Agents ont été formés pour les retrouver. »

« Comment ça ? C'est toujours la guerre ? »

« La Terre est en paix depuis le dernier Conflit Terrestre. Il s'est achevé en 2076 quand les nations ont dû s'allier de nouveau pour face à une menace extraterrestre. On a appelé cette guerre la Guerre des Immortels, elle a eu lieu de 2076 à 2078. Depuis, tout est plus calme même si c'est pas parfait. »

« Alors qui chasserait les Senshi de votre époque ? »

Amili ouvrait la bouche mais la petite voix douce de Mina l'interrompit.

« Tu ne devrais pas leur dire, » avertit-elle doucement sans lever les yeux vers les autres. Elle continuait de casser son cookie en petits morceaux avec application. « Tu vas leur faire peur. »

Amili fronça les sourcils et échangea un regard avec Reiko, qui haussa les épaules. Finalement, l'enfant soupira.

« De toute façon ce n'est pas votre soucis. En fait ça le sera pas avant des années. Beaucoup d'années. »

« On peut savoir pourquoi vos mères sont recherchées ? » demanda Ami. « Est-ce parce qu'elles protègent le Royaume ? »

Amili posa les yeux sur Mina, mais l'enfant effacée ne semblait pas faire attention à la conversation. Elle trempait à présent ses morceaux dans son chocolat pour les ramollir puis les manger. Voyant qu'elle ne serait cette fois-ci pas interrompue, elle informa :

« Elles ne protègent plus le Royaume, elles ont dû le quitter pour plus de sécurité. Le Royaume est protégé par le Cristal et la reine. Il n'a plus besoin des Senshi depuis la Guerre des Immortels. »

« La guerre au cours de laquelle ta mère est morte ? »

« Hmm. Des Senshi venues d'un monde en fin de vie sont venues pour assassiner nos mères et les Shitennou, prendre leurs pouvoirs et coloniser la Terre. Elles ont échoué. Mais les pertes pour le Royaume furent lourdes. »

« Et les Shitennou ? »

« Morts, enfin sauf Naboru Nephrite, » dit Mako. « Kunzite est mort dans un attentat pendant le dernier Conflit Terrestre il y a vingt-cinq ans. Jadeite a été tué dans une bataille aérienne il y a trente-huit ans. Zoicite s'est exilé il y a vingt-deux ans, il a été retrouvé et tué. »

« Par les ennemis du Royaume ? »

« Oui, par les ennemis des Gardiens. »

« Tu as des lunettes, » Amili fit soudainement en observant Ami.

La jeune fille lui sourit.

« Je n'ai pas le choix. »

« Dans le futur tu n'en auras plus. Pas sur les holos du moins. C'est parce qu'avec la magie on peut tout faire. »

« Pas tout, » contredit Mako.

Amili leva les yeux au ciel.

« Tu es différente sans les cheveux bleus. »

« Je suppose, » sourit Ami. « Tu n'avais jamais vu de holo de moi sous ma forme normale ? »

Mako secoua la tête.

« Normal pour Lady Mercure c'était les cheveux bleus et les yeux bleu marine. »

« Mais… je n'étais pas toujours transformée, si ? »

« Transformée ? » répéta Reiko. « En quoi ? »

« Souviens-toi, » reprocha Amili. « On l'a vu en leçons. Avant elles devaient se transformer en Sailors pour avoir accès à leurs pouvoirs. Et ils étaient faibles au départ. Plus le temps a passé et les expériences ont été accumulées, plus ils se sont développés et ont fait partie d'elles, jusqu'à ce que leurs apparences se figent. »

Le ton fier d'Amili poussa Reiko à lever les yeux au ciel.

« Pour une fois que tu retiens quelque chose des leçons ! » taquina t-elle. « D'ailleurs je ne ferai pas confiance à tes dires seulement ! »

« Hein que c'est vrai, Mina ? »

La fillette, entendant son prénom, leva la tête de son chocolat pour découvrir que toutes la regardaient, y compris les trois adolescentes. Elle rougit immédiatement et baissa nerveusement la tête. Sa sœur à côté d'elle sourit avec amusement.

« Tu rougis. » Elle l'observa mieux et rit. « Tu rougis encore plus. »

« C'est parce que tu lui fais remarquer, » expliqua Mako calmement. « Tu l'embarrasses. »

« Ce n'est pas de ma faute si elle est timide ! Je sais même pas comment elle peut être renfermée à ce point, on a toutes grandi dans les mêmes circonstances après tout. »

« Et on est toutes différentes. Heureusement. Tu imagines si on était toutes aussi arrogantes et têtes brûlées qu'Amili ou aussi fières et énergiques que toi ? »

« Je suis seulement très volontaire ! » protesta Amili. « Je suis courageuse et vive d'esprit. »

« Et j'aime simplement l'action ! » ajouta Reiko. « Et je suis intelligente aussi, et forte ! Et tu imagines si on était aussi peureuses et sarcastiques que toi ? Ou aussi réfléchies ? »

« Ou avec le même sens de l'humour ? »

« Hé ! Je ne suis pas peureuse ni sarcastique, je suis réaliste ! Et je suis la meilleure en combat ! »

« Et je suis la meilleure en manipulation d'armes, » répliqua Amili.

« C'est moi la plus forte avec les technologies et le pilotage, sans parler de ma puissance de feu. Et je suis désolée, Mako, mais ton humour est vraiment trop nul, » grimaça Reiko, mais l'étincelle amusée dans ses yeux allégeait la remarque.

« Vous êtes nulles, » reprocha Mako.

« Moi je te trouve drôle, » informa Mina de sa voix basse et posée, apparemment jamais bien plus élevée qu'un murmure fort.

Mako tourna la tête vers elle, un doux sourire aux lèvres.

« Merci. »

« Mina est trop gentille, et elle trouve plein de choses totalement ennuyeuses passionnantes, » remarqua Reiko. « Comme… oh, à peu près tout. »

« De toute façon, j'avais raison, » déclara Amili. « Ma mère ne te ressemblait pas. Ou plus. »

Ami secoua la tête.

« Vous voulez dire que nous gardons toujours notre apparence de Senshi ? »

« Oui. »

« Et nos fringues ? » demanda Makoto. « Pitié, on ne se balade pas toujours en fuku ? »

« En… ? Non. Pantalons, bottes et tuniques. Blanc et doré et orange, ou blanc, rouge et violet, ou blanc, vert et rose. Mais seuls quelques détails sont de couleur sur la tunique. Les finissions, les symboles. »

« Mon père rit toujours de leur habitude de toujours être en uniforme. Il faut dire qu'ils sont classes et pratiques. Le pantalon souple et les bottes permettent de se battre plus aisément. »

« Vous vous entraînez, » Rei dit doucement. « C'est ce que vous avez dit, non ? »

« Bien sûr ! » répondit Reiko. « On est leurs héritières, on doit mettre nos dons au service de notre mission ! Pour ça on s'entraîne et on apprend tous les jours, il faut qu'on devienne puissantes et fortes pour que le jour venu on puisse accomplir notre devoir ! »

« Vos mères vous entraînent pour que vous deveniez des Senshi ? »

« Pour qu'on défende la liberté, » affirma Mako avec un hochement de tête. « Et on réussira. Il ne peut en être autrement. »

Les adolescentes échangèrent de sombres regards. Elles n'aimaient pas beaucoup l'enthousiasme mêlé de ferveur dans le ton des filles. N'aimaient pas du tout que des enfants soient ainsi visiblement déjà décidées à grandir pour combattre.

Cela tranchait énormément avec l'innocence dont elles pouvaient faire preuve, mais Rei sentait les pouvoirs en elles, et elle avait déjà noté qu'elles semblaient plus mâtures que les enfants de leur âge et s'exprimaient très bien.

« Et vous ? »

« Nous ? » interrogea Reiko.

« Oui. Devez-vous vous transformer ? »

« Tu devrais pas répondre, » avertit Amili.

Sa cousine fronça les sourcils.

« Mais c'est maman. Je lui dois respect et obéissance. »

« Ouah, » murmura Makoto à Rei. « Tu dois être une maman hyper stricte. »

Rei fronça les sourcils, soucieuse.

« J'ai l'impression que nous le sommes toutes. »

« Mais c'est pas Lady Mars, » protesta Amili. « Ce n'est pas nos parents. Ca se voit, elles sont totalement différentes et elles ne sont pas les mêmes personnes. »

« Ben oui, elles sont enfants. Et pas guerrières. Mais ça reste… »

« Bizarre, oui. »

« Les expériences changent les gens, les années transforment les pensées. »

Toutes tournèrent la tête vers Mina avec surprise. La petite savait tant se faire oublier que chaque phrase qu'elle prononçait se trouvait étrange. Au-delà du fait… qu'elles étaient étranges.

« Mina est d'accord avec moi, » sourit Reiko.

« Ca veut pas dire qu'on peut tout leur dire, elle l'a dit elle-même. »

« Nos pouvoirs sont innés, on peut les utiliser quand on veut, » informa finalement Mako, tranchant pour ses cousines. « Quoi ? Si on vous laisse faire vous allez débattre jusqu'au lever du soleil. C'est exactement ce que vous reproche Lady Vénus lors des entraînements, non ? »

« Vous contrôlez les mêmes éléments que nous ? »

« Que nos mères, » corrigea Mako. « Vous pouvoirs ne sont que peu développés, je peux le sentir, nos mères contrôlent plus de choses que vous. Mais nos pouvoirs évoluent avec nous et avec nos personnalités, ils prennent donc des formes parfois différentes de ceux de nos mères. »

« C'est vrai que vous êtes différentes de nous. »

« Vous êtes différentes de nos mères, » informa Reiko, sa voix sombre soudain. Quand elle vit le regard des adolescentes sur elle, elle baissa les yeux. « Nos mères sont des gardiennes, des guerrières. Elles doivent accomplir leur mission, nous devrons accomplir la nôtre. »

« On n'a pas l'air très marrantes, » souffla Makoto à ses amies. « On a même l'air carrément froides. »

« C'est pas vrai, » protesta Amili. « Mon père et les mères des filles ont connu beaucoup de guerres et de nombreuses années de lutte. Ils sont honorables, forts et puissants, connus dans le monde entier et une partie des mondes extérieurs. C'est parce qu'ils ont tant de responsabilités depuis si longtemps qu'ils doivent être ainsi. Ils doivent rester concentrés, et nous devons apprendre d'eux. »

« Hmm, oui, c'est évident. »

« Nous aurons de la chance si nous leur ressemblons un jour, si nous devenons aussi forts et braves qu'eux, si nous réussissons à remporter notre guerre, » renforça Reiko.

Rei n'en était pas aussi convaincue. Son sixième sens l'avertissait que ce qui se jouait maintenant changerait sans doute tout leur avenir. Et pour ce qu'elle en avait su, c'était sans doute mieux ainsi. Elle ne voulait en aucun cas devenir la femme que ces enfants décrivaient entre les lignes. Elle n'avait pas l'impression d'être une bonne tante, et encore moins une bonne mère. Simplement un mentor, trop respecté et trop puissant dans les yeux des filles.

« Hmm, Amili, » demanda timidement Ami, « tu as mentionné ton père ? »

Makoto commença à sourire mais Rei lui mit un petit coup de coude pour l'empêcher de taquiner leur amie.

« Oui, » sourit Amili. « Naboru Nephrite. »

Le visage d'Ami pâlit puis rougit.

« Nephrite ? » répéta t-elle d'une voix étranglée.

« Oui. »

« Est-ce que ça veut dire que les Shitennou sont également immortels ? » demanda Rei pour empêcher les taquineries de Makoto et laisser le temps à Ami de se remettre de ce choc.

« Oui, » confirma Mako. « Seul Nephrite est en vie mais lui aussi n'a pas vieilli. »

« Surtout quand il s'agit de nous pousser lors des entraînements physiques, » murmura Reiko à sa sœur, qui hocha la tête, finissant son chocolat chaud en silence.

« Je savais bien que Naboru et toi finiriez pas passer le pas, » taquina finalement Makoto.

Ami rougit brusquement.

« Q… Quoi ? »

« Ben oui, vous êtes souvent ensemble en ce moment, et il est normal qu'avec toi. Ils sont restés ensemble pendant tout ce temps ? » demanda t-elle aux filles.

Amili secoua la tête.

« Ils ont divorcé il y a longtemps. Puis quinze ans après ils se sont remis ensemble. Ca dépendait des moments après. Père dit que c'est parce qu'ils se connaissaient trop. »

« Et qui est ton papa, Mako ? » demanda Ami pour se venger.

« Je sais pas, » répondit la fillette. « Ma mère n'en parle jamais. Je ne crois pas qu'elle l'ait vraiment aimé. »

« Elle s'est mariée, quand elle était plus jeune ? » demanda Rei, intéressée malgré elle.

« A part durant les leçons d'histoire en lien avec notre mission, nos parents ne parlent jamais du passé. On ne sait rien de leur passé. »

« Elle s'est mariée, » affirma Mina doucement.

« Quoi ? » demanda sa cousine.

« Elle a une alliance. »

« N'importe quoi ! »

« En or. Avec une jolie pierre dessus. Elle la cache sur elle. Elle la regarde parfois. »

Mako l'observa, la bouche ouverte.

« Mais… »

« Il est mort depuis très longtemps, mais elle l'aimait beaucoup, » termina la fillette de sa manière neutre.

« Pourquoi tu me l'as jamais dit ? »

Sa cousine se contenta de hausser les épaules. Mako la fusilla du regard.

« Mina ! »

« Pas la peine de lui crier dessus ! » défendit Reiko. « Personne ne parle du passé, c'est tout ! »

« Mina est très observatrice, » informa Amili aux adolescentes. « Elle parle pas beaucoup par moments, mais elle est très sensible à tout ce qu'il se passe. »

« Je parie que c'est Motoki, » taquina Rei.

Makoto leva les yeux au ciel.

« Ben voyons ! »

« Qui est-ce ? » demanda curieusement Reiko.

« On pourra peut-être vous le présenter. »

« Vraiment ? » demanda t-elle. « On va voir des gens ? Je veux dire… enfin… »

Elle baissa tout de suite les yeux. Rei soupira.

« Vous ne sortez pas beaucoup de chez vous, n'est-ce pas ? »

« On vit dans une base isolée, au centre du continent asiatique. Bien sûr personne ne le sait. Etre au cœur d'un continent très habité protège notre position, mais là où l'on vit c'est un désert. Personne ne vit à des milliers de kilomètres à la ronde depuis très longtemps. La région a été ravagée par une guerre. La base est enterrée, on y vit tous, nous, nos parents, et treize personnes qui leur sont totalement loyales. »

« Elles aussi ont dû quitter le Royaume pour le protéger ? »

Reiko haussa les épaules.

« Quatre viennent d'autres pays, et un est un extraterrestre. Kaloon. Lui, il est expert en technologies hybrides. Il m'apprend des tas de choses ! »

« Hybride ? » s'intéressa Ami.

« Mélange de technologies humaines courantes, de magie et de technologies extraterrestres. »

« Et vous n'avez jamais rien vu en dehors de la base ? D'autres gens ? D'autres enfants ? »

« On va à la surface pour les entraînements de survie, certains entraînements sur nos pouvoirs et parfois pour jouer. Mais il n'y a personne. On est même nées à la base. »

« Mais on a vu des holos du monde entier, » affirma Mako. « Est-ce qu'on pourra voir le Japon ? »

« Au moins Tokyo. »

« Tokyo ? »

« La capitale, » rappela Amili.

« Trop bien ! Les images étaient sympas ! »

« On pourra voir l'océan ? » demanda Mako.

Rei sourit.

« Pourquoi pas, si on a le temps ? »

Elle n'aimait pas la femme qu'elle deviendrait et qui enfermerait ses filles même si c'était pour les protéger, mais rien ne l'interdisait de faire plaisir à ces enfants à présent. Leur espoir et leur excitation étaient presque palpables.

« Je suis désolée pour le retard, j'étais à l'aéroport et on… » Minako s'interrompit immédiatement lorsque ses yeux se posèrent sur les fillettes. Pâle, elle les regarda une à une et secoua la tête. « Il va falloir que je parle à mon médecin à propos de ces médicaments… » murmura t-elle d'une voix tremblante.

Makoto posa une main sur son épaule.

« Respire, tu n'hallucines pas. Elles sont apparues tout à l'heure. »

Minako fronça les sourcils, et fit visiblement fi de la manière intéressée et fascinée dont les enfants la regardaient.

« Ne me dites pas que des mini nous ont débarqué du passé ? Non parce que tout rentrait enfin dans l'ordre, et je m'y habitue à peine, alors… »

« Pas du passé, » sourit Makoto, s'amusant visiblement de la réaction de l'idole d'ordinaire si contrôlée. « Du futur. »

« Pardon ? »

« Ce sont nos filles. »

« Pardon ? »

Minako posa les yeux sur les petites et s'arrêta sur Mina, qui baissa rapidement le regard.

« Elles nous ressemblent comme deux gouttes d'eau, » murmura l'idole à ses amies qu'elle entraîna à l'écart. « Et elles ont l'air d'avoir le même âge ! »

« Elles ont exactement le même âge, » informa Rei, qui résuma rapidement ce qu'elles avaient appris à leur amie retardataire.

« Mina, Mako, Reiko et Amili ? » répéta quelques minutes plus tard Minako. « Vous rigolez ? Malgré notre immortalité on doit vraiment être séniles pour avoir eu aussi peu d'imagination ! »

« Ben y'a plus étrange, » remarqua doucement Makoto. « Mina n'est pas ta fille. Mais celle de Rei. Apparemment Reiko et Mina sont sœurs. Enfin, jumelles, si on en croit leur date de naissance. »

« C'est ridicule ! Cette petite est l'image miroir de la fille que j'étais à son âge. Rei ne peut pas lui avoir donné naissance. »

« Peut-être que si, » murmura Ami, réfléchissant. « On a accès à des techniques incroyables apparemment, et nos pouvoirs semblent bien plus grands. Il se peut que quand nous avons décidé d'avoir des héritiers nous ayons décidé d'utiliser des techniques in vitro. Si nous voulions que nos enfants aient une chance de se défendre et de devenir à leur tour des guerrières il fallait qu'elles soient des filles. Nous avons pu manipuler les gènes pour être certaines d'avoir des héritières et de plus des héritières douées de pouvoirs innés. Cette manipulation pourrait également expliquer qu'elles nous ressemblent autant, si la magie y a été mêlée. »

« Ca devient vraiment de plus en plus bizarre, » soupira Makoto. « Et effrayant. Je n'ai pas l'impression que notre futur soit génial. Apparemment on va passer des décennies à défendre un Royaume idyllique, à partir en guerre et nous allons finalement nous enterrer dans un endroit désert pour élever nos filles sous terre et les entraîner à se défendre contre un ennemi apparemment assez dangereux pour qu'on s'exile pour protéger le Royaume, Usagi et Mamoru. »

« Et pourquoi est-ce que Rei aurait porté ma fille ? »

« Peut-être que tu ne le pouvais pas, » proposa Ami. « Ou peut-être avions-nous besoin d'une Senshi en état de se battre au cas où. »

« Alors les petites ne seraient pas vraiment sœurs ? »

« Si, dans le sens où leur mère de naissance est la même. Peut-être même qu'elles ont des gènes en commun. »

« Pas beaucoup vue leur apparence. »

« Qui sait, leur père est peut-être le même, » proposa Makoto.

Rei et Minako posèrent les yeux sur elle avec incrédulité et dégoût.

« Et puis quoi encore ? » lança Rei avec écoeurement.

« Je ne voulais pas dire que vous deux vous aviez… avec le même… Ami ! »

« Si c'est une fécondation artificielle, il se peut que, dans l'éventualité où vous étiez toutes les deux célibataires et où vous vous étiez mises d'accord pour que Rei porte les filles, vous ayez décidé d'un donneur commun pour qu'elles soient sœurs. »

« Je préfère ça, » souffla Minako. « Sauf que je trouve ça toujours très bizarre. »

Le grand sourire de Makoto ne présageait rien de bon pour Rei.

« Tu te rends compte ? » dit Makoto à l'idole qui l'observa, elle aussi méfiante. « Rei est la mère de ton enfant ! »

Rei, soudainement très rouge, la frappa au bras.

« N'importe quoi ! C'est sa fille, pas la mienne ! »

« Tu as entendu les petites, Mars est leur mère à toutes les deux. »

« Elles vivent toutes ensemble, elles sont presque sœurs toutes les quatre de toute façon, et si je les ai mises au monde, c'est un peu naturel, ça ne sous entend rien de… ça ! »

« Si tu ressemblais à Reiko à son âge tu étais vraiment adorable, Reiko, » lança Minako avec un sourire.

Rei la fusilla du regard, encore plus rouge, alors que les autres riaient.

« Arrête ! Tu ne vas pas me dire que cette théorie n'est pas ridicule ! »

« Oh, je crois que ça n'a pas tellement d'importance. Maintenant que les petites sont ici notre futur a forcément été altéré. Et d'après ce que vous m'avez raconté on devrait s'en réjouir. Je ne tiens pas à faire des manipulations génétiques pour avoir une fille qui me ressemble à ce point et pour l'appeler Mina, merci. »

« Elle n'a pas tort. On peut espérer un avenir différent à présent, » acquiesça Ami.

Makoto soupira.

« C'est mieux ainsi. Mais les filles sont vraiment adorables, non ? Elles nous ressemblent et pourtant leurs personnalités sont vraiment différentes, c'est dingue. Mina est tellement mignonne ! »

« Pardon ? » demanda Minako, lançant un petit coup d'œil vers la fillette en question alors que les enfants étaient occupées à étudier la télé, les photos et la radio de la chambre de Rei.

Ami sourit et acquiesça.

« Elle est très effacée et timide. Elle ne parle presque pas. »

« Timide ? »

« Dur à croire, hein ? » taquina Rei. « Amili est quant à elle la plus forte tête du groupe et bien que brillante elle n'est apparemment pas du tout intéressée par les livres ou les études. »

« Et Reiko a l'air de lui rendre la pareille question assurance et adore la technologie, t'y crois ça ? » sourit Makoto. « Quant à Mako, c'est apparemment la rigolote de la bande. »

« Comment allons-nous les ramener chez elles ? »

« Nous devons espérer que les futures Vénus, Mars et Jupiter sauront venir les chercher, parce que nous ne pouvons rien faire, » soupira Ami.

« Personnellement, je serais curieuse de les rencontrer. J'aimerais voir à quel point elles sont différentes de nous, » informa Makoto.

« Elles le sont forcément énormément, même les filles ne les voient pas en nous. Ou nous en elles, peu importe. » Rei secoua la tête. « Elles ont 112 ans, vous vous rendez compte ? En tant d'années, les gens peuvent totalement changer. »

« On va avoir des bébés en étant grand-mère, c'est trop déboussolant, » dit Makoto en secouant la tête. « Vous croyez qu'on en a eu plus tôt ? Nephrite et Ami se sont mariés sûrement en tant que jeunes adultes, et moi aussi apparemment. Peut-être après la guerre après laquelle le Royaume est né. Ca me paraît bizarre qu'aucune d'entre nous n'ait eu envie de créer une famille alors. Naturellement je veux dire, sans altération. »

« Peut-être. Si c'est le cas, si les enfants étaient mortels… ils doivent être de vieux adultes à leur époque. Mais elles auraient abandonné leurs enfants et petits-enfants pour s'exiler dans ce cas ? »

« Pour les protéger, pourquoi pas ? » proposa Makoto.

Un éclat de rire recentra leur attention sur les enfants. Elles avaient mis les mains sur l'album photo de Rei et trouvaient apparemment les images statiques très amusantes.

« On dirait toi ! » lança Mako à Reiko en observant une photo d'une petite Rei au temple.

Rei récupéra l'album et secoua la tête.

« Mais ce n'est pas elle. »

« Oh, tante Mars, tu n'es pas drôle ! » se plaignit Mako.

« Rei, » corrigea la jeune femme. « Et pas tante. Il se fait tard, vous allez devoir vous coucher. »

« Il n'est pas encore vingt-trois heures, » remarqua Amili.

« Vingt-trois heures ? » demanda Minako. « Ce n'est un peu tard, ça ? »

« On doit se coucher à vingt-trois heures et se lever à six heures. Bientôt, ce sera cinq heures. On doit pouvoir ne pas avoir besoin de beaucoup de sommeil. »

« On peut regarder la télé ? Ca a l'air marrant, » dit Reiko.

« Oh, mini Reiko aime la télé, » sourit Minako en lançant un regard taquin à Rei.

« Hum, qui va garder les petites ? » demanda Makoto. « Je doute fort qu'elles passent inaperçues. »

« Elles peuvent rester au temple cette nuit. »

« On peut aller dans ma maison ensuite. C'est les vacances, le quartier est tranquille, beaucoup de familles sont parties, » offrit Minako.

Les filles la regardèrent avec des yeux ronds.

« Tu as une maison ? » souffla Makoto.

« C'est celle de mes parents bien sûr, » corrigea Minako, confuse par leur réaction et un peu gênée par les regards qu'elle reçut.

« Tu as des parents ? »

« Makoto ! » reprocha Rei face à son impolitesse.

« Oui, j'ai des parents, » affirma Minako. « Bien sûr. »

« Hum, » hésita Ami, « pourquoi vis-tu dans un hôtel dans ce cas ? »

« Parce que j'y suis bien et que c'est plus près de mes lieux de travail. On peut revenir au sujet ? »

« Justement, et tes parents ? » demanda Makoto.

« Ils prenaient l'avion ce soir, c'est pour ça que j'étais en retard. » Minako leva les yeux au ciel. « Ma mère insiste pour qu'on dîne ensemble avant chacun de leurs départs. »

« Pour où ? »

« Makoto ! »

Tout le monde ignora Rei.

« Londres, bien sûr, c'est là que j'ai en partie grandi, et là que mon père travaille la plupart du temps. Tout ça pour dire que les filles peuvent rester là-bas. Je travaille presque pas cette semaine. Vous êtes les bienvenues bien sûr. »

« Je viendrai de temps en temps. Je dois passer du temps avec ma mère. »

« Pour moi c'est ok. »

« Pareil, » confirma Rei.

« Artémis est avec Luna et les Tsukino dans le nord pour la semaine. Donc ce sera entre nous quatre et les quatre juniors. »

« Artémis et Luna de Mau ? » demanda Mako en fronçant les sourcils.

« Oui, pourquoi ? » demanda Ami. « Est-ce qu'ils sont en vie ? »

« Lady Luna est en vie. »

« Vous la connaissez ? »

« Non, » répondit Amili en mettant un coup de coude à Mako pour la faire taire.

Rei les observa avec suspicion. Il était plus qu'évident qu'il y avait quelque chose d'important qu'elles ne leur disaient pas.

« Bon, » fit Makoto en claquant dans ses mains. « Il va falloir installer les futons, et puis on pourra regarder un peu de télé. Mako, tu viens m'aider, j'aimerais apprendre à te connaître tant qu'à faire ? »

La fillette parut hésitante tout d'abord, jusqu'à ce que Mina la pousse un peu vers la direction qu'avait prise Makoto. Finalement elle sourit et courut apprendre à connaître la forme adolescente de Jupiter.

Amili, intéressée naturellement par cette mère qu'elle n'avait pas connue, commença à lui poser des questions avidement.

« Il va nous falloir des vêtements, » informa Reiko doucement.

Rei jeta un coup d'œil à leurs vêtements et hocha la tête. Toutes portaient le même pantalon, et leurs hauts étaient identiques mises à part les couleurs, comme pour leurs chaussures confortables.

« Je vous en achèterai demain avant de venir vous chercher, » offrit Minako. « J'ai un bon œil pour les tailles. »

Reiko l'observa et eut un grand sourire heureux à cette idée qui fit rire Minako. Rei était certaine que ça avait un rapport avec elle, mais elle n'osait demander pourquoi l'idole réagissait aussi joyeusement au grand sourire de l'enfant qui lui ressemblait tant.

« Quoi ? » demanda Minako en remarquant que Reiko l'observait toujours.

« Tu n'as pas l'air très forte, » informa la fillette. « Comme Mina. »

« Je suis forte, » protesta sa sœur d'une voix douce en fronçant les sourcils.

« Oui, mais tu as l'air toute fragile et tu es plus petite que nous. »

« Je vais grandir, » protesta l'enfant en croisant les bras. « Tu ne devrais pas lui parler ainsi. »

« Ce n'est pas mama, elle n'est même plus Vénus, et puis ça la dérange pas, hein ? »

Minako dut se reprendre pour sourire, mais Rei devina qu'elle était aussi choquée qu'elle par la manière dont elle s'était tendue.

« Hum, tu m'as appelée mama ? » demanda t-elle avec hésitation.

« Ben oui, » s'amusa Reiko. « Enfin, pas toi, mais mama. Enfin, tu vois, quoi. »

Un petit sourire était né sur le visage de Mina qui restait silencieuse et les observait, comme si elle était amusée par quelque chose qu'elle seule pouvait voir. Ou savoir.

« Mais Rei est ta mère, non ? »

« Aussi. »

« Aussi ? » répéta Minako d'une voix serrée et plus dure. « C'est-à-dire ? »

« Vous êtes toutes les deux nos mamans, » répondit Reiko comme si c'était une évidence. « On a deux mamans. Moi je t'appelle mama et j'appelle maman maman, mais Mina fait le contraire, je sais pas pourquoi. Elle aime faire les choses à sa façon. »

« Et votre père ? »

« Quoi ? Ben on en a pas. Elles sont nos parents. Nous quatre, on est une famille. »

Rei ne savait pas que ressentir. La panique, l'incrédulité, la gêne, tout se mêlait en elle.

« Hum, tu veux dire… »

Reiko les observa sans comprendre leur réaction.

« Elles sont mariées, » dit-elle. « Quoi ? Ca fait longtemps. Tante Jupiter nous a même dit qu'elles étaient ensemble avant même la Guerre du Japon, quand elles étaient pas encore des adultes ! Et elles sont toujours restées un couple. Toutes ces années. »

« Ok, » murmura Minako d'une voix un peu trop aiguë. « C'est, hum… »

Elle lança un regard vers Rei qui ne parvenait pas à faire autrement que rester figée, les joues écarlates. Minako semblait aussi embarrassée qu'elle, mais la situation ne semblait pas la gêner, et Rei prit soudain conscience que la gêne qu'elle ressentait n'était en aucun cas liée à la possibilité d'une telle relation entre l'idole et elle.

Au contraire…

« Qu'est-ce que j'ai dit ? » interrogea Reiko, confuse.

Un doux rire sortit de la gorge de sa sœur, qui se couvrit la bouche, les yeux illuminés d'amusement rappelant tant Minako quand elle la taquinait que Rei en eut un instant le souffle coupé.

« Elles sont embarrassées, » expliqua doucement l'enfant pour sa sœur. « Elles sont jeunes, elles ne sont pas encore arrivées à ce point de leur vie. »

« Oh, » souffla Reiko. Puis ses yeux brillèrent et elle sourit. « Oh ! Oups. »

« Dans… » La gorge de Rei se trouvait terriblement sèche, mais elle s'interdit de l'éclaircir. « Dans le futur – votre futur, on est… mariées ? Nous deux ? »

« Oui, » sourit Reiko. « C'est ça. Mariées, en couple, amoureuses, ensemble quoi. Depuis des décennies. »

« Reiko – Rei et moi ? »

« Oui, » s'amusa l'enfant. « Rei et toi. Mars et Vénus. » Elle fronça les sourcils. « Ca te dérange ? »

Surprise, Minako ne sut que répondre. Elle ouvrit la bouche, la referma et, rougissant, garda le silence et lança un regard brillant à Rei, qui détourna les yeux, encore plus gênée qu'elle.

« Sympa, » maugréa la miko.

« Ce… ce n'est pas… » s'étrangla Minako.

« Si tu crois que ça me ravit. »

« Pardon ? » s'indigna l'idole, croisant les bras et la fusillant du regard, son embarras caché derrière son irritation. « Comme si je n'étais pas un bon parti ! »

Rei haussa un sourcil.

« Tu n'es pas exceptionnelle, ravale ton ego. »

« Parce que tu crois que tu l'es ? Que tu puisses te marier est déjà un exploit en soi ! »

« Ca m'étonnerait que quelqu'un arrive à te supporter assez longtemps pour vouloir t'épouser dans cette réalité ! »

« Pourquoi est-ce que quelqu'un s'intéresserait à – »

« Stop. »

La voix de Mina n'était pas assez élevée pour surprendre et figer les deux adolescentes, en revanche, son ton ferme lui les étonna. Lorsque les regards convergèrent vers elle, la petite baissa les yeux et prit la main de sa sœur, qui avait la tête baissée.

Un sentiment de culpabilité s'insinua dans le cœur de Rei. Voyant que la situation avait troublé Reiko dont Mina serrait la main, la jeune fille posa une main sur l'épaule de son petit double.

« Désolée, » s'excusa t-elle doucement. « C'était idiot. »

Minako hocha la tête pour appuyer ses mots.

« C'est vrai, il ne faut pas y faire attention, on se chamaille tout le temps, tu sais. Vos mères ne se disputent jamais ? »

« Non, » répondit Reiko, levant la tête et ravalant les larmes que cachait son regard avec un petit reniflement.

« Vraiment ? »

« Pas devant nous en tout cas, » dit la fillette en haussant les épaules. « Parfois elles sont irritées à cause de nous, quand on a fait des choses dangereuses, comme l'autre fois avec le vaisseau, mais sinon… elles sont jamais énervées. Sauf parfois quand les choses vont mal pour leur mission. »

« Et elles ne se chamaillent jamais ? » demanda Rei, étonnée.

Reiko, rassurée, secoua la tête.

« Pas devant nous en tout cas. Et pis elles sont contentes quand elles peuvent être ensemble. »

« Ah. Tu sais... » Elle hésita, lança un coup d'œil à Minako, qui parut la comprendre et hocha la tête, « Minako et moi sommes amies, et on se dispute souvent, mais ça ne nous empêche pas d'aimer passer du temps ensemble. Avec nos autres amis, » préféra préciser Rei.

« Il ne faut pas que tu t'inquiètes pour ça, Reiko, » confirma Minako avec un sourire en lui passant une main dans les cheveux pour les mettre en ordre.

Reiko fronça le nez face à son geste, avant de repasser une main dans ses cheveux elle-même, ce qui fit rire Minako. Boudeuse, l'enfant leur jeta un coup d'œil espiègle.

« Est-ce que vous allez vous marier alors plus tard ? » demanda t-elle avec un sourire. « Même si votre futur sera différent de celui de nos mères, vous feriez un beau couple. »

Minako se contenta d'un geste hautain de la main.

« Bah, peu importe avec qui on se marie, avec nous dans le couple, il sera forcément beau ! »

Rei haussa un sourcil et leva les yeux au ciel, un sourire aux lèvres.

« Minako dans toute sa splendeur. »

« C'est vrai que vous êtes très jolies, » confirma Reiko en hochant vigoureusement la tête.

« Merci, Mina et toi être très belles aussi, tu sais. »

Le visage de Reiko s'illumina. Minako allait ajouter quelque chose quand Mina s'approcha d'elle et tendit une main vers son visage. Par automatisme, Minako se baissa, et l'enfant posa ses doigts sur sa joue, ses yeux dans les siens. Puis elle fit un pas en arrière.

« Noisette, » dit-elle doucement.

Minako regarda son petit double, confuse.

« Elle veut dire tes yeux, » expliqua Reiko en levant les yeux au ciel. « Parfois elle a des périodes où on croirait que ça la fatigue de s'exprimer en faisant des phrases entières. »

Mina fusilla sa sœur du regard.

« Pas la peine d'expliquer comme si j'étais débile ou lente, » reprocha t-elle doucement.

Reiko lui tira la langue.

« Tu n'as qu'à arrêter de faire ça, » contra t-elle ensuite. « On dirait un bébé. »

« On a le même âge. »

« Je suis l'aînée. »

« N'importe quoi, on est nées en même temps. »

« C'est impossible, » contredit Reiko en secouant la tête. « Je suis la plus vieille, comme maman. »

Sa sœur croisa les bras, et elle garda le silence. Néanmoins, Rei eut le sentiment qu'elle aurait eu de quoi contredire sa sœur. Elles ne semblaient pas certaines de savoir qui était réellement née la première, peut-être leurs mères avaient-elles laissé planer le doute exprès ?

« C'est vrai que c'est bizarre de te voir comme ça, » dit Reiko en observant Minako avec intérêt. « Mama est grande et forte et tout le monde la craint, même les armées entières. Mais toi, tu es plus petite, et tu es… comme tout le monde. Pareil pour maman. Et c'est bizarre de te voir avec les cheveux noirs et les yeux noisette. »

« Comme les miens, » remarqua Mina doucement.

Minako sourit.

« C'est vrai, on a les mêmes. Vénus a les yeux bleus, je suppose ? »

« Plus clairs qu'un ciel d'été, comme du cristal coloré, » confirma Reiko. « Et les cheveux blonds dorés aussi, mais en ce moment ils ne sont pas très longs. C'est étrange avec ses traits japonais, mais c'est chouette. »

« Et Mars a les yeux violets ? »

« Quoi ? » demanda l'interpellée. « Violets ? »

Minako hocha la tête avec un sourire face à sa surprise.

« Les Martiens avaient très souvent différentes teintes de violets dans leurs iris. La princesse de Mars avait des yeux couleur lavande. »

« Maman les a. Et les cheveux noirs aussi, Rei les a bien plus clairs. Et moins long. »

« Et Jupiter ? »

« Elle a les yeux émeraudes et les cheveux plus clairs aussi. »

« Elles ne doivent pas franchement passer inaperçues. »

« Bien sûr que non, » s'amusa Reiko. « Ce n'est pas le but. Enfin ça l'était pas avant. Mais comme ça, on vous ressemble. On vous ressemblait pas avant. »

Bien sûr, elles ne ressemblaient pas à leurs mères adultes à ce point, mais les traits devaient être les mêmes. Pour des enfants, supposa Rei, la couleur des yeux et des cheveux demeurait un facteur indispensable, la seule ressemblance réellement visible. Sans avoir jamais vu de photo des Senshi enfants, les petites n'avaient pas dû réaliser les traits évidents qu'elles partageaient avec leurs mères.

« Est-ce que… »

Rei se tut et sursauta lorsqu'un immense serpent noir apparut soudain entre Reiko et elle, ses crochets jaunes et tranchants brillants à la lueur de la lampe, ses yeux dorés fixés sur l'enfant qui eut un petit cri de frayeur et recula de plusieurs pas.

« Reculez ! » invita Rei par automatisme, stupéfaction et peur se mêlant en elle.

Mais alors que Mina gloussait doucement, l'immense serpent disparut dans un flash. Reiko leva un peu son bras et regarda rapidement l'étrange montre fine et noire qu'elle portait, avant de fusiller sa sœur du regard.

« Ce n'était pas drôle ! Espèce de petite… ! »

Mina, riant toujours, secoua la tête.

« Manqué ! » lança Mako derrière Minako. Elle observait la scène en compagnie des trois autres filles et riait avec amusement. « Tu cries toujours comme une petite fille, Reiko ! »

« Je vais te massacrer ! »

« Essaye toujours ! » défia l'enfant avec un sourire.

Rei sentit trop tard l'énergie s'accumuler autour de Reiko, le temps qu'elle tourne le regard vers elle, une flamme était déjà née au creux de sa paume et grandissait. Minako, surprise, recula d'un pas rapidement pour éviter la chaleur.

« Eh ! » protesta t-elle. « Arrête ça ! »

Confuse, Reiko ferma le poing pour faire disparaître son élément et leva les yeux vers l'idole.

« On ne joue pas avec le feu à l'intérieur d'une maison, » réprimanda l'idole avec un naturel stupéfiant.

Contrairement à Rei, Ami et Makoto, la situation et les pouvoirs de Reiko ne semblaient aucunement la déstabiliser. Ou peut-être était-elle plus à se faire à toutes sortes de situation.

« Et on n'attaque pas ses amies, » termina Minako.

« Mais on fait ça tout le temps, » informa Mako. « C'est pas grave, elle ne m'aurait pas fait trop de mal, je me serais défendue. »

« Trop de mal ? » répéta Ami. « Vos parents vous laissent vous battre avec vos pouvoirs ? »

« Vous laisse vous battre tout court ? » corrigea Rei.

« Ben oui, tant que ça ne va pas trop loin. C'est comme l'entraînement, en moins sérieux. On apprend comme ça, » répondit Amili. « Et c'est marrant ! »

« Vous pourriez vous blesser ! »

« Ca arrive. Mais on a des bons moyens médicaux dans le futur. »

« Ca craint, » maugréa Makoto.

« Un bon gardien ne craint pas la douleur, il devient plus fort en contrôlant sa peur. La compétition, les défis et l'entraînement sont de bons vecteurs de développement de ses capacités et de son mental. Ils contribuent également à fixer la dynamique d'équipe. »

Les adolescentes tournèrent un regard confus vers Mina, qui était occupée à jouer avec sa montre, la même qu'elles portaient toutes et qui avaient apparemment notamment la capacité de faire apparaître des hologrammes plus vrais que natures.

« Elle récite ce qu'elle a entendu, » expliqua Mako avec un sourire face à leur surprise et confusion. « Mina a une mémoire exceptionnelle. »

« Elle se souvient mot pour mot de tout ce qu'elle voit et entend, » compléta Reiko. « Parfois c'est très utile, et parfois c'est super pénible. »

« Seulement parce que tu n'aimes pas perdre ! » taquina Mako avec un sourire.

Elle vint près de ses cousines et sourit à Mina avant qu'elles ne se tapent les mains en signe de victoire. Reiko les fusilla du regard.

« Je le savais ! »

« Mina a réussi à rendre le Slakos plus réel grâce à l'image qu'elle avait d'eux dans son esprit, » expliqua Mako. « Mais l'idée venait de moi. Bien sûr, quand on a programmé ta montre, on ne savait pas qu'on serait dans le passé à cette heure-là. »

« C'était super réussi ! » complimenta Amili en souriant.

« Ca l'est toujours, » répliqua Mako avec fierté.

« Tes blagues deviennent de pire en pire, oui ! Et le Slakos était plus grand ! »

« Celui qui avait infiltré la base l'était. Mais Mina a dit qu'il était exceptionnellement grand. »

« Et bien sûr tu l'as ramené chez nous ! » reprocha Reiko à sa sœur.

« Il avait mal. »

« Il a failli tous nous tuer ! Il a blessé Mari et a failli me manger ! » rappela t-elle.

« Il avait peur. »

Sa sœur soupira d'exaspération.

« Moi aussi j'avais peur ! » dit-elle. « Et c'est de sa faute si les Slakos me dégoûtent maintenant. Si j'étais pas arrivée à le distraire pour appeler les parents et si mama l'avait pas tué… »

Mina fronça les sourcils.

« Il s'était sauvé. »

« Forcément, il avait faim et apparemment il ne te trouvait pas à son goût, toi ! Tu croyais vraiment qu'il allait rester bien sage caché dans l'infirmerie ? »

Face à l'attaque, la voix de Mina devint pour la première fois un peu plus forte.

« Il était désorienté. Tu l'as blessé, et tu as essayé de le griller. »

« Il allait me manger ! »

« Tu aurais pu te sauver. »

« J'ai paniqué ! J'avais cinq ans ! Un Slakos, et surtout un de cette taille, n'est pas un animal de compagnie. »

« Je sais, » bouda sa sœur.

« Mais tu le trouvais génial, » soupira sa sœur avec incrédulité.

Le sourire brillant qu'afficha Mina illumina son visage et confirma amplement les dires de Reiko.

« Il y a vraiment des choses que je ne comprendrai jamais chez toi, Mina, » rit Amili. « Il n'y avait rien de génial dans cette bête. Et il a failli la tuer et tous nous manger. Mais c'est vrai que réussir à le faire rentrer en passant inaperçu, ça c'était classe. »

« J'ai cru que Lady Mars allait te faire griller toi aussi, » se souvint Mako avec un petit sourire, et Mina baissa la tête, rougissant légèrement. « Je crois que la seule fois où elle a été aussi furieuse depuis ça a été quand on a volé le Corbeau de Lumière pour aller visiter le monde. »

Reiko eut un petit rire.

« Ah oui, ça c'était marrant. Enfin… jusqu'à ce que maman et Nephrite nous rattrapent avant même qu'on ait pu sortir du désert. Là, c'était pas marrant du tout. »

« Les trois mois qui ont suivi non plus. »

Amili grogna.

« J'ai encore mal aux pieds quand j'y repense. Papa y est allé fort sur les parcours. »

« Tu aurais dû voir le temps que j'ai passé dans l'arène ! » contra Mako. « Ma mère ne m'a pas laissé une minute de répit ! »

« Au moins vous êtes sorties ! Moi je suis restée sous terre pendant trois mois à faire des exercices et à combattre des holos ! »

Naturellement, les trois filles se tournèrent vers leur camarade pour entendre ce qu'elle avait subi de plus dur durant la punition. Levant le regard vers elles, Mina rosit légèrement en les voyant aussi attentives à sa réponse.

« Vous m'avez manqué, » dit-elle simplement dans un murmure.

Ses amies restèrent interdites un instant, avant qu'Amili sourit.

« C'est vrai que je me suis sentie très seule. Les entraînements c'est mieux quand on les fait ensemble ! »

« Le pire c'est qu'ils étaient tous aussi furieux ! J'ai cru que Jupiter allait déclencher une catastrophe naturelle, » avança Reiko.

« Maman était vraiment en colère, » chuchota sa sœur, un tremblement dans sa voix.

« Qu'est-ce qu'elle t'a fait faire, au fait ? Ca fait presque un an et tu nous as jamais rien dit. »

Mina haussa les épaules.

« Des entraînements. Magie et armes. »

« Ok, ok ! » lança Makoto, qui était restée comme ses amies fascinée par la discussion des filles à travers laquelle elles en apprenaient plus sur ce futur si étrange. « Tout d'abord, c'est quoi, un Slakmachin ? »

« Slakos, » précisa Amili. « C'est une espèce reptile provenant d'un autre système. Ma mère en avait deux pour les étudier, ils vivaient dans un labo dans la base, mais quand ils se sont installés lors de leur exil ils ont décidé de relâcher le seul qui était en vie. »

Reiko sourit.

« Ils pensaient qu'avec lui dans le désert ça ferait une sécurité en plus pour la base. Sauf qu'un jour en rentrant d'un entraînement de survie, Mina est tombée sur lui. Et elle l'a confondu avec un petit chien. »

« Comment ça se fait qu'il ne t'a pas blessé ? » demanda Minako à la petite.

« Apparemment les Slakos sont doués d'une sensibilité aux auras. Celle de Mina a dû lui plaire et je ne sais comment, ils se sont compris, » expliqua Amili quand Mina se contenta d'observer ses pieds, gênée. « Sauf que les auras des autres dans la base et ses souvenirs de sa captivité ne lui plaisaient pas autant. »

« Ce truc était extraterrestre ? » demanda Makoto.

« Ouais. Il a été emmené en présent pour Lady Mercure il y a… quarante ou cinquante ans ? Les alliés Thulmas le lui ont offert quand elle les a aidés à stabiliser je ne sais quelle molécule pour je ne sais quoi. »

« Vous voulez dire que dans 80 ans – »

« La présence des aliens quand certains viennent visiter les souverains du Royaume est totalement secrète. La technologie des alliés est assez poussée pour cacher la présence de leurs vaisseaux aux Terriens. Même si tout le monde est au courant de l'existence des extraterrestres et des autres galaxies et que certains chefs d'Etat instaurent de tentatives communications avec un ou deux autres mondes pas trop lointain et pacifiques. Mais la technologie terrienne est trop peu évoluée pour aller pour le moment plus loin que ça. Mais Lady Mercure et ses équipes ont permis de développer différentes technologies comme les holos, la médecine ou encore les vaisseaux. »

« Spatiaux ? »

« Pas tout à fait. Seuls les vaisseaux du Royaume ont la capacité d'aller dans l'espace, mais seulement en orbite dans un but de défense de la planète. La Terre ne dispose pour le moment pas d'une source d'énergie suffisante pour permettre aux vaisseaux d'effectuer de trop longs voyages spatiaux, alors on s'en sert comme moyens de transport d'urgence ou haut de gamme, ou comme armes de combat. »

« Mon père est un des meilleurs pilotes du monde, » sourit Amili. « Il a formé des tas de lieutenants. Lady Vénus est aussi une pilote exceptionnelle, principalement parce que c'est une stratégiste hors pair avec des réflexes sur humains. Et Reiko est super ! »

« Ils vous apprennent à piloter ? » demanda Rei en fronçant les sourcils. « A sept ans ? »

« Nous avons des réflexes étonnants et on apprend depuis deux ans sur des simulateurs. Ce n'est pas si compliqué, en fait, et on pilote réellement depuis un an. Et on va avoir huit ans dans deux semaines ! »

« Ah. »

« Il va falloir que j'y aille. Ma mère va s'inquiéter, » informa doucement Ami.

Rei hocha la tête.

« Ok. De toute façon je pense qu'on va se coucher. »

« On se voit demain, » salua Minako. « Soyez sages, les filles. Interdit de faire des bêtises. »

« D'accord ! »

« Je vais rester avec toi, » offrit Makoto à Rei, ce qui soulagea la jeune fille. « Au cas où. »

« Bon, alors… des pyjamas… »

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