Il était une fois, un bûcheron nommé Franky, ses deux enfants et leur belle-mère Nami qui vivaient près d'une forêt.
Le frère aîné s'appelait Ace et son cadet Luffy.
Cette famille, Ô combien harmonieuse et débordante de joie de vivre, l'était beaucoup moins quand il s'agissait de nourriture.
Chaque repas correspondait à la guerre des tranchées. Gare à ne pas trop approcher d'un morceau de pain déjà convoité si vous ne voulez pas vous retrouver avec la main transpercée d'une fourchette !
Enfin… La quantité de nourriture à table était si faible qu'il était difficile de la saisir d'une seule main.
Ainsi, un soir, l'estomac de Luffy se manifesta pour la énième fois dans la chambre qu'il partageait avec son grand frère.
« Ace… »
…
« Ace, j'ai faim. »
….
« ACEUUUUUH ! »
« Arrêtes de pleurnicher ! Moi aussi j'ai faim ! Alors ferme-la un peu ! » répliqua Ace d'un ton énervé en se tournant vers son petit frère. « Euh… »
Il ne put émettre qu'un faible « Nfngh » devant la bouille de chien battu qu'arborait Luffy, la petite larme au coin de l'œil. Le cadet savait pertinemment que le garçon aux taches de rousseur ne pouvait lui résister quand il faisait cette tête-là. Le ton suppliant sur lequel il murmura le prénom de son grand frère adoré finit d'achever ce dernier.
« Bon ok, t'as gagné, grommela le plus grand. On va taxer de la bouffe. Suis-moi et fais-toi discret si c'est pas trop te demander ! »
Un grand sourire illumina le visage du mioche de sept ans qui bondit aussitôt sur le lit, pour se cogner au plafond et s'assommer aussi sec.
Ace poussa un soupir long et las, remettant en question le pourquoi de sa venue au monde. Luffy ne tarda pas à reprendre ses esprits, la perspective de manger toujours présente dans sa cervelle de moineau.
Les deux frères descendirent les escaliers à pas feutrés, avançant prudemment pour éviter de faire craquer les marches.
Ils se stoppèrent brusquement en arrivant devant la porte en bois pourri de la cuisine. Des rayons de lumières filtraient à travers les fentes. Alors leurs parents ne dormaient pas encore ?! Mais comment allaient-ils faire pour piquer de la viande alors ?!
Les petits garçons, piqués par la curiosité, décidèrent d'écouter la conversation de leurs parents, pour faire comme dans les histoires que leur racontait leur tonton Usopp. Peut-être qu'ainsi, ils découvriraient à quel endroit se cachait la « planque à bouffe » dont ils soupçonnaient l'existence.
- Je ne plaisante pas, Franky ! s'énerva la belle-mère. Nous n'avons plus un rond ! Et bientôt, plus de nourriture ! Si ça continue, nous finirons morts de faim, et pire, pauvres !
- Et qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ? On travaille déjà d'arrache-pied, c'est pas ma faute si les gosses ont un super trou noir à la place du ventre… fit le bûcheron d'un air las.
A ces mots, le regard de Nami s'embrasa.
- Donc, le problème, ce sont les enfants, hein ? Bientôt, on ne pourra plus vivre et les nourrir en même temps… dit-elle en articulant chaque mot avec soin.
- Mh… C'est pas nouveau ça…
- On n'a pas le choix, Franky. Déclara la femme d'un ton ferme.
- Euh… Comment ça ? interrogea le père, ne voyant pas où sa femme voulait en venir.
- Eh bien, à vrai dire, ça fait un moment que j'y pense, continua Nami. Demain matin, nous irons très loin dans la forêt. Là, nous leur feront un feu, leur laisserons un peu de pain, et tu iras travailler pendant que je te regarderais faire (comme d'habitude). Nous ne retournerons pas chercher les enfants. Ils ne retrouveront jamais la maison, et à moi l'argent ! Euh, enfin, je veux dire, on n'aura plus à les nourrir, se rattrapa la rousse.
- Mais tu es folle ! Ils vont mourir ! Soit de faim, soit dévorés par les super bêtes sauvages ! On ne peut pas leur faire ça ! protesta Franky.
Mais à l'aide d'arguments convaincants aussi appelés coups de poing, Nami finit par convaincre son mari d'accepter la proposition.
Les deux frères remontèrent prudemment dans leur chambre, où Luffy laissa sortir ses larmes.
- Je veux pas qu'on meurt, Ace ! sanglota le plus petit dans les bras de son aîné.
- T'inquiète, j'ai un plan, assura le garçon aux taches de rousseur en essuyant les larmes de son protégé.
Ace attendit que ses parents se soient endormis pour sortir discrètement de la maison.
A vrai dire, il n'avait aucune idée de la façon de se tirer de cette sale affaire. De dépit, il shoota dans les graviers brillant au clair de lune qui bordaient la maison. C'est à cet instant qu'une idée lumineuse le prit.
Et s'il allait manger de la viande pour se donner des idées ?
Après avoir pris un gigot dans leur réserve, Ace s'assit d'un air pensif en regardant les cailloux. Et une seconde idée lumineuse lui vint à l'esprit.
Il ramassa le plus de cailloux possibles, prit un deuxième gigot dans la réserve, et retourna dans la chambre qu'il partageait avec Luffy, content de lui.
- Fais-moi confiance p'tit frère, chuchota-t-il. Il en faut plus pour se débarrasser de nous !
Le visage du deuxième gamin s'illumina.
- Oh, Ace… murmura-t-il. Tu veux bien me donner ta viande ?
Le lendemain, comme prévu, la « famille si harmonieuse qui fait des arcs-en-ciel de pureté » s'enfonça profondément dans la forêt. Ce que Nami ignorait, c'est qu'Ace laissait tomber un petit caillou de sa poche régulièrement. Il devait se retenir pour éviter de laisser échapper un rire de psychopathe narcissique à chaque fois qu'il sentait le poids de sa poche diminuer. Luffy quant à lui, essayait de trouver des buissons qui auraient eu la bonne idée de faire de la viande à la place des fruits.
Manque de bol, les seuls arbres de cette forêt n'avaient que des baies. Quel absence totale d'initiative !
- Les enfants ! déclara Nami lorsqu'ils attinrent une clairière. Moi et votre père allons vous laisser ici pour la journée, le temps de couper du bois !
Franky ne dit rien, l'air sombre. Il se contentait d'allumer un feu aux deux frères qui s'étaient assis l'un contre l'autre avant de suivre sa femme à l'intérieur de la forêt. Ace n'avait jamais été aussi fier de lui. Seulement, son air triomphal disparut quand son petit frère, ayant fini son pain, commença à lui mordiller le doigt.
- Oï ! Je suis pas un morceau de viande, abruti ! râla-t-il en assénant un coup sur la tête de Luffy.
Ce dernier était certain que leur père ne les abandonnerait pas. Pour preuve, les coups de hache qu'ils entendaient semblaient tout près ! Malheureusement pour eux, en fait c'était juste un sanglier schizophrène qui se tapait la tête contre un arbre à répétition. Si bien que lorsqu'Ace fut pris d'une crise de narcolepsie, Luffy ne tarda pas à le suivre dans son sommeil.
Quand les deux garçons se réveillèrent quelques heures plus tard, la nuit était tombée, donnant aux bois un aspect lugubre digne des films d'horreur les plus réussis.
Le cadet commença à pleurnicher :
- Bouuuh ! Ils nous ont abandonnés ! Je…
- Chhtt… Calme-toi, Luffy… fit le grand frère en tentant de le réconforter.
- Je… j'ai peur… de ne plus jamais… manger de viande ! Tu te rends compte ? On va devoir manger de l'herbe ! On va mourir !
Il y eut un instant de blanc. Ace savait que son frère ne pensait qu'à manger, mais là… C'était quand même fort.
Enfin, peu importe ! Car en tant que grand frère de la mort qui tue, il se devait de sécher les larmes de Luffy ! Et surtout la morve qui coulait de son nez et le rendait nettement moins « mignooooon » (comme se surprenait à penser Ace dans quelques instants de béatitude) que d'habitude.
Et donc, pour rendre sa mignonnitude à son petit frère, et aussi pour la bouffe parce que lui aussi il avait faim, il était temps de révéler son génialissime plan !
Alors, pris d'un élan d'inspiration, Ace déclara d'une voix classe et héroïque :
- Attends encore un peu, dit-il, jusqu'à ce que la lune soit levée. Alors, nous retrouverons notre chemin.
- Ah bon ? C'est ta copine la lune ?
- Luffy… Tu viens de casser mon effet, là… soupira le plus grand, affligé.
Quand la lune se mit à briller dans le ciel et à faire étinceler les petits cailloux radioactifs, il prit son frère par la main et se mit à le traîner derrière lui en suivant les graviers qui leur indiquaient la route à suivre. Ace poussa un cri de triomphe en voyant apparaître la maison dans l'astre du matin.
- Je le savais ! Je suis trop fort ! se vanta le brun.
L'estomac du cadet gargouilla en guise de réponse.
Les deux frères se précipitèrent vers la porte qu'ils firent trembler en tambourinant dessus.
En ouvrant la porte, Nami faillit défaillir.
- Que… que ! Méchants enfants ! Pourquoi est-ce que vous avez dormi aussi longtemps, on s'est inquiétés ! mentit-elle effrontément.
- Ah bon ? fit naïvement Luffy, ce qui lui valut un coup sur le crâne de la part de son ainé.
- Bien sûr que non, abruti ! lui souffla Ace alors que leur belle-mère pleurait silencieusement son argent qui n'allait pas tarder à disparaître.
- Bouhouhou ! Je suis si heureux de vous revoir, mes garçons ! s'écria Franky, de grosse larmes dégoulinant sur ses joues. Ces retrouvailles m'inspirent une chanson ! continua-t-il de sa voix enrouée en sortant une guitare de nulle part. Je l'ai appelée : "When the super children return to their bad parents who left them in the forest!"…
La rousse l'interrompit à l'aide de ses poings bien entraînés.
Quelques semaines plus tard, la misère avait de nouveau prit place. Bien sûr, les responsables étaient en grande partie les enfants qui mangeaient comme quinze. Chacun.
- Il ne nous reste plus rien à manger, et un seul sou ! Tu te rends comptes ? UN SEUL SOU ! Je refuse de devenir pauvre ! souffla Nami à son mari alors qu'ils se couchaient.
- On est déjà super pauvres. Soupira ce dernier.
La rousse se figea devant la vérité troublante de cette phrase.
- Dans ce cas, nous devons impérativement nous débarrasser de tes enfants ! Nous les emmèneront encore plus loin dans la forêt en faisant plein de petits détours bien vicieux, on passera dans un labyrinthe de ronce, ensuite on courra dans les bois pour les semer et pour finir nous danserons la macarena !
- Ah non ! Je refuse ! protesta le bûcheron qui se sentait déjà assez mal de les avoir laissés une première fois.
C'est en voyant la carcasse de leur père gisant devant la chambre parentale que les gamins comprirent qu'il avait de nouveau été contraint d'accepter de les abandonner. « Qui ne dit mot consent » était la devise de leur chère belle-mère et Franky n'avait plus l'air en état de dire quoi que ce soit.
- Qu'est-ce qu'on va faire Ace ? s'inquiéta Luffy lorsque les deux garnements eurent fini de piller la nourriture et de remonter dans leur chambre.
- Ne t'en fais pas, j'ai un plan ! répliqua l'aîné.
Il comptait attendre que leurs parents indignes se soient endormis pour ressortir amasser des cailloux (ou de l'uranium, on ne sait pas encore très bien…) seulement une crise de narcolepsie le cloua au lit et Luffy, qui avait trop confiance en son grand-frère adoré et s'était déjà laissé aller dans les bras de Morphée, ne put donc pas le réveiller. Ce n'est que le lendemain matin qu'Ace se rendit compte de la gravité de la situation. Il extirpa son pied de la bouche baveuse de Luffy qu'il jeta hors du lit.
- Debout grosse limace ! T'as pas entendu l'autre folle crier qu'on allait en forêt ? râla le garçon aux taches de rousseur.
Luffy se réveilla en sursaut et se releva rapidement. Ce n'était pas la première fois que son frère le faisait descendre du lit après qu'il ait tenté de le manger pendant son sommeil, mais ce matin, il avait l'air particulièrement agacé. Un nouveau cri de Nami les invita à « se bouger et descendre plus vite que ça bande de gentils sales mioches videurs de bouffe ».
Les deux garçons échangèrent un regard lourd de sens avant de s'exécuter.
- C'est pas trop tôt, grommela Nami quand les enfants furent arrivés dans la cuisine.
Elle leur jeta deux morceaux de pain à la figure en guise de repas pour la journée et la petite famille se mit aussitôt en route, direction la forêt. Sous le stress, Ace tripotait tant son pain dans la poche d'un geste nerveux qu'il commença à s'émietter.
Ce fut sa troisième idée lumineuse pour sortir Luffy et lui de leur situation plus que précaire.
Ainsi, il commença à semer des miettes de pain discrètement sans jamais se retourner pour éviter que sa marâtre devant lui, ainsi que son père, ne se doute de quelque chose. C'est sûrement pour ça qu'il ne s'aperçut pas que Luffy mangeait chacun des morceaux de nourriture qu'il jetait…
Franky, de son côté, se demandait pourquoi il avait épousé la rousse hystérique qui s'agitait à ses côtés…
Enfin le quatuor finit par s'arrêter encore plus profond que jamais dans la forêt. Malheureusement, contrairement à ce qu'avait espéré la marâtre, il n'existait pas de labyrinthe de ronces, mais ce n'était pas bien grave.
De nouveau, les deux frères s'assirent pendant que leurs parents (au plutôt leur père seulement) faisaient un grand feu de bois.
- Restez là, les enfants. Déclara la belle-mère. Quand vous serez fatigués, vous pourrez dormir un peu nous allons couper du bois et, ce soir, quand nous aurons fini, nous viendrons vous chercher.
Un claquement régulier indiquait aux petits garçons que leur père coupait effectivement du bois non loin d'eux. Seulement, encore une fois, les champignons de la forêt avaient rendu un chevreuil psychotique et il n'avait rien trouvé de mieux à faire qu'un harlem shake en frappant ses sabots arrières contre les branches.
A midi, Luffy du partager son pain avec Ace puisque ce dernier avait usé le sien en l'éparpillant sur leur chemin (croyait-il). Les enfants ne tardèrent pas à s'endormir près du feu pour se réveiller à la nuit tombée. C'était décidément une bien mauvaise habitude que de faire la sieste après manger !
Personne ne vint les chercher et c'est au beau milieu de la nuit que Luffy commença à pleurer, gémissant que jamais ils ne pourraient retrouver leur chemin, que Nami était méchante et qu'il mourrait de faim.
- Attend que la lune se lève, Luffy, nous verrons les miettes de pain que j'ai jetées; elles nous montreront le chemin de la maison. Fit Ace sur un ton théâtral en prenant son frère cadet dans les bras.
- Des… des miettes de pain ? hoqueta Luffy, prit d'un doute.
- Oui, j'en ai semé tout le long du chemin ! annonça l'aîné fier comme un paon.
- Ah oui, elles étaient bonnes ! s'exclama l'imbécile heureux.
- …
- …
- Luffy… Regarde-moi droit dans les yeux et dis-moi que tu ne les as pas mangées !
- Euh… Ben... En fait… Je n'en sais riiiiieeen… fit Luffy en détournant le regard, suant comme pas deux.
Il sifflota d'un air innocent pour conclure le tout.
Les oiseaux de la forêt s'envolèrent d'un air paniqué en entendant le hurlement strident d'un petit garçon se faisant démonter par son grand frère.
- Bon, c'est pas grave, soupira Ace assit sur le cadavre de Luffy. On finira bien par se sortir de la forêt…
- Tvu… Tvu croives ? parvint à articuler le cadet avec des yeux larmoyants.
- Mais oui ! fit l'ainé d'un ton exaspéré.
Les deux gamins errèrent trois jours durant dans les arbres, se nourrissant de baies et d'animaux qu'ils massacraient avant de les faire cuire. Seulement les bestioles de la forêt étaient petites et n'avaient pas beaucoup de chair. Pour des enfant en pleine croissance, il leur fallait bien plus et leurs estomacs ne cessaient de gronder, rendant leurs jambes flageolantes.
Alors que les garnements se traînaient mollement dans une direction aléatoire, espérant retrouver leur maison, leur attention fut attirée par un énorme pigeon blanc dont les plumes ressortaient parfaitement au milieu des feuilles.
Un filet de bave se mit à couler de la bouche de Luffy alors que l'oiseau entamait un chant mélodieux. Malheureusement pour le volatile, les deux frères étaient complètement insensibles au charme de sa chanson et Ace se jeta sur lui dans l'intention de se faire un bon poulet rôti (c'est un pigeon Ace, un pigeon…).
L'oiseau s'envola avec un piaillement strident, mais les enfants n'avaient pas dit leur dernier mot et se mirent à le poursuivre à travers les arbres. La course dura un bon moment avant que le pigeon ne déboule dans une clairière découverte qui lui permit de gagner le ciel, loin des ventres à pattes. Ces derniers s'arrêtèrent brusquement en apercevant ce qui trônait au milieu de la place.
Une maison.
Une maison d'où ce dégageait un exquis parfum de viande cuite à point. Et pour cause. En s'approchant, les gamins purent constater que la maison était entièrement composée de viande. Les murs étaient des steaks, les fenêtres de la gelée et leurs rebords étaient des gigots appétissants. Le toit était recouvert de viande de poulet.
Les yeux étincelants de mille feux, les garçons n'eurent qu'à échanger un regard avant de se mettre au travail. Ace grimpa sur le toit et commença à arracher de la viande pour la porter à sa bouche bout par bout tandis que Luffy léchait les vitres en gelée. Ils entendirent alors une voix désagréable venir de la chambre.
- Qui lèche ma maison ?!
- C'est pas moi, c'est le vent ! répondit stupidement le cadet.
Le garçon perché sur le toit en arracha un gros morceau de poulet qu'il balança dans la figure de son petit frère.
- Tais-toi abruti ! souffla-t-il sans cesser de manger.
Les enfants redoublèrent d'ardeur et bientôt des bords du toit se mirent à tomber par terre tandis que les fenêtres disparaissaient les unes après les autres, aspirée par la bouche de Luffy qui s'attaqua ensuite aux gigots.
Alors qu'il allait dévorer la poignée de la porte, cette dernière s'ouvrit brusquement pour laisser apparaître un homme énorme, horriblement laid, édenté et au regard vide.
Les deux frères eurent si peur qu'Ace en tombant du toit pour venir s'écraser devant son petit frère qui était devenu aussi pâle qu'un mort. Mais l'homme éclata de rire :
- Zehaha ! Comment êtes-vous arrivés chez moi, les enfants ? Vous devez être affamés ! Entrez, entrez, je vais vous faire à manger !
Les gamins, dont la méfiance s'était envolée dès qu'ils avaient entendu le mot « manger », suivirent l'adulte sans faire d'histoires. Il leur servit des plats surgelés car il ne savait pas cuisiner, mais ce n'était pas grave pour les enfants, du moment que ça leur remplissait la panse peu importe le goût ! Ils mangeaient tout sans exception, un vrai paradis à table… Pas besoin de faire l'avion, ou de hurler pour qu'ils terminent leur assiette. En fait il y avait plutôt à hurler pour qu'ils ne mangent pas celle des autres. Mais ça, ce n'est pas le plus important, n'est-ce pas ?
Après le repas, qui dura tout de même longtemps bien que les gosses avalent la nourriture à une vitesse phénoménale d'1 kg/seconde (ce qui en disait long sur la quantité de victuailles qui avait dû être servie), l'hôte prépara deux lits pour les enfants qui s'y jetèrent avec bonheur. Manger-dormir, la combinaison parfaite pour les deux frères !
Mais l'homme, qui se nommait Marshall D. Teach, était en réalité un être vil et traître qui ne désirait qu'une chose : engloutir les enfants. C'est pour cette raison que sa maison était faite de viande, car les mioches de la raison étaient bizarrement plus attirés par cela que les sucreries. Peut-être parce qu'ils n'aimaient pas perdre leur temps à se laver les dents et qu'ils avaient peur des caries que provoquaient les friandises ? Qui sait.
Teach était un peu con sur les bords mais son cerveau était assez infesté de pensées malsaines pour générer des plans machiavéliques. C'est pour ça qu'il avait construit sa maison en viande au lieu de tout simplement faire un buffet devant chez lui pour attirer les gens…
Ainsi, quand il avait senti Ace et Luffy venir, il avait eu un rire comment dire… assez spécial… pour ne pas dire insupportable, et avait déclaré en jubilant :
- Ceux-là, je les veux absolument ! Ils feront un très bon repas…
Ainsi donc Ace et Luffy étaient dans son collimateur et ne risquaient pas d'en sortir indemne.
Le lendemain matin, Teach se leva avant que les enfants ne se soient réveillés. Il eut un large sourire en voyant que le plus petit était tombé du lit pendant son sommeil, visiblement poussé par son frère qui dormait à l'envers, les pieds sur l'oreiller. Il attrapa Ace par le bras et le traîna jusqu'à l'étable. Le petit garçon ne se réveilla qu'une fois jeté et enfermé à l'intérieur.
Il eut beau hurler de le laisser sortir, il n'obtint comme réponse qu'un ricanement de psychopathe qui s'éloignait de plus en plus. Ace jura avant de s'asseoir en tailleur. Maintenant, il n'y avait plus qu'à attendre que quelque chose se passe.
Le traître alla ensuite voir Luffy qui dormait toujours aussi profondément. Teach le secoua sans ménagement pour le réveiller mais cela n'eut aucun effet. Il dut donc se résoudre à la bonne vieille méthode du saut d'eau froide pour enfin faire ouvrir les yeux au gamin.
- Debout, idiot ! Tu vas préparer des bons plats pour ton frère. Je l'ai enfermé dans l'étable et il faut qu'il devienne bien gras, d'accord ?! Zehaha ! Ensuite, je le mangerais !
Luffy se mit à chouiner qu'il ne voulait pas que Ace meurt, mais Teach l'ignora et l'enfant fut obligé de faire ce qu'il lui disait sous menace de ne rien avoir à manger. Mais le petit garçon sécha vite ses larmes en se disant que de toute façon, son grand frère c'était le plus fort, alors il s'en sortirait. Des délicieux plats furent préparés pour Ace bien que la moitié furent engloutis par Luffy.
Chaque jour, Teach allait voir à l'écurie si le garçon était assez gros pour le manger. Mais voilà, Ace était tellement habitué à manger des énormes quantités de nourriture qu'il ne prenait pas un kilo. Pour lui, c'était juste des repas normaux…
Un peu moins d'un mois passa et les deux garnements avaient toujours leur taille parfaite, magnifique, sans aucun bourrelet, et l'infâme ogre finit par perdre patience
- Oï, gamin ! Apporte des seaux d'eau ! Demain je mangerais ton frère, qu'importe qui ne soit pas gros, sa chair doit tout de même être bien tendre !
Luffy pleurait toutes les larmes de son corps en traînant les seaux d'eau derrière lui. Déjà qu'avant il n'aimait pas l'eau, ça n'allait pas s'arranger.
- Si seulement j'étais plus fort, j'aurais pu botter le cul de ce débile ! Je suis si faible ! s'écriait-il, furieux contre lui-même.
- Eh oui gamin, c'est dur la vie ! Enfin, plutôt la mort, Zehaha !
C'est sur cette réplique bien naze que Teach retourna à ses occupations, c'est-à-dire faire une tête d'abruti content de lui ou bien rire tout seul.
Dès l'aube, Luffy fut forcé de remplir l'énorme marmite d'eau et d'allumer un feu pour faire bouiller l'eau. D'après ce qu'il avait compris, Teach voulait faire une tarte à l'Ace.
- Nous allons d'abord faire la pâte, dit le gros méchant. J'ai déjà fait chauffer le four et préparé ce qu'il faut.
Puis il poussa Luffy en direction du four enflammé. La chaleur qui s'en dégageait arracha quelques gouttes de sueur au petit garçon.
- Va là-dedans et vérifie que c'est assez chaud ! ordonna Teach.
Il comptait fermer le four dès que l'enfant y serait entré, parce qu'il avait quand même l'air bien appétissant, avec sa peau toute douce et devait avoir une chair tendre. Mais Luffy, donc Ace dit un jour qu'il avait le cerveau atrophié, regardait l'entrée du four en fronçant les sourcils.
- Euh… Comment on rentre ? demanda sincèrement l'imbécile de service.
- Idiot, tu vois bien que c'est assez grand ! Même moi je peux y rentrer ! s'énerva Teach.
Et l'homme, qui rappelons-le, était un peu con sur les bords, passa la tête dans le trou pour donner l'exemple.
En voyant l'énorme derrière de son tortionnaire s'offrir à lui, Luffy ne put résister à la pulsion de lui botter les fesses et le faire basculer dans le four. Aussitôt, le petit garçon en referma la porte et enclencha le verrou en ignorant les cris stridents de Teach.
Luffy s'en alla sans plus tarder et Marshall D. Teach mourut pitoyablement cuit et brûlé par les flammes. Le petit brun courut vers l'étable où était détenu son frère et en fracassa la porte avec force.
- J'ai buté l'autre idiot, Ace ! On peut se casser ! s'exclama-t-il .
Luffy déboula dans l'écurie mais trébucha sur son frère qui avait fait une crise de narcolepsie.
Il galéra un peu à le réveiller avant que les deux garçons ne sortent de l'étable. Ils laissèrent éclater leur joie au milieu de la clairière. Tout d'abord Ace saisit Luffy par-dessous les épaules et le fit tournoyer dans un grand éclat de rire, puis ils firent une danse de la victoire, éclatèrent un lapin qui passait par là et au final se firent un gros câlin d'amour à s'en étouffer. Ils ne remarquèrent pas les flashes d'appareil photo qui provenaient de buissons où étaient cachées des dizaines de fangirls, un air niais sur le visage et chantonnant « Aceluuu~ trop choupinou… ».
Après tout ce remue-ménage, les enfants retournèrent dans la maison de Teach. Cette fois ils n'essayèrent même pas d'y goûter, et remarquèrent aussitôt les coffres verrouillés qui trainaient un peu partout.
Ils les ouvrirent avec délicatesse (ceci est un euphémisme) et découvrirent avec joie une tonne de pierres précieuses, d'or et de perles. Un vrai trésor de pirate, quoi !
- C'est encore plus cool que les cailloux radioactifs ! s'exclama Ace en en fourrant le plus possible dans ses poches.
- Moi aussi j'en veux ! renchérit Luffy.
Il en mit non seulement des pièces d'or dans ses poches mais aussi plein de bijoux autour de son cou.
Quand ils furent aussi chargés que possible, ils se décidèrent à partir et se mirent en route au travers de la forêt. Les deux garçons espéraient rentrer avant que la nuit tombe.
Au bout de quelques heures de marche, les frères furent stoppés par une rivière trop large pour être franchie par un garçon de dix ans, bon nageur, et son cadet qui coulait comme une enclume. Luffy n'aimait pas l'eau. Il aimait la mer, mais pas l'eau. C'était quelque chose qui semblait ancré dans son cerveau (bien que la présence de ce dernier soit à confirmer).
- On ne pourra pas passer, déclara Ace, dubitatif. Il n'y a pas de pont ni de rocher émergeant…
- Ni de bateau, continua Luffy. Oh, un canard ! Tu penses que si je lui demande il voudra nous emmener ? Eh, le canard ! s'écria le garçonnet sans attendre la réponse de son frère qui désespérait devant la naïveté du petit.
A sa grande surprise, l'oiseau blanc nagea jusqu'à eux et laissa Ace lui monter dessus. Luffy voulut s'installer derrière lui mais dû renoncer quand le canard coula sous leur poids.
Ainsi, le cadet regarda son grand frère le narguer en traversant avant que le canard le dépose sur la rive opposée et ne revienne chercher Luffy. Il bouda Ace pendant cinq minutes quand ils se remirent en route mais, peu rancunier, il commença vite à babiller à propos de toute la viande qu'ils pourraient acheter avec leur nouvel argent.
Au bout d'un moment, ils se rendirent compte que les arbres qui les entouraient étaient de plus en plus épars et que les alentours leur semblaient familier. Enfin, ils arrivèrent à la lisière de la forêt et purent apercevoir leur maison à quelques dizaines de mètres.
Les deux enfants coururent à en perdre haleine, défoncèrent la porte et bondirent sur Franky qui jouait un triste air de guitare sur la table de la cuisine. Leur père se mit à pleurer de joie. Il avait amèrement regretté ses actes, d'autant plus que sa femme vénale était partie trouver un mari plus riche et l'avait laissé tomber.
Une fois les effusions d'amour terminées, Ace et Luffy déposèrent leur butin en entier devant leur paternel. Avec ça, ils avaient à manger pour des années ! Leurs ennuis étaient terminés, et ils vécurent tous les trois heureux jusqu'à la fin des temps.
- C'est si beau, renifla Franky.
- Tu pleures ? demanda Luffy.
- Non, j'ai une poussière dans l'œil, idiot !
- END -
Voilà, c'est fini pour cet OS sur Hanel & Grethel !
L'idée de transformer les contes en version One Piece n'est pas très originale mais je trouve toujours cela drôle à lire ! Evidemment les Disneys sont aussi sur ma liste...
Si vous avez envie d'un conte en particulier dites-le moi en review, et j'en ferais un écrit quand j'aurais le temps ! Comme je travaille sur un projet de fiction "principale" si on peut dire, celle-ci sera secondaire, enfin, c'est selon mon inspiration du moment quoi.
Laissez-moi quelques reviews ! :3
Bises !
