Il te faudra être courageuse ma petite guerrière
On m'avait toujours dit et répété que les Gryffondors étaient courageux. Je n'en doutais pas évidemment. Il n'y avait qu'à regarder Remus. De même, papa m'avait expliqué que les Serpentards étaient tous roublards, les Serdaigles ceux qui feraient les règles, et les Poufsouffles alors...
oui, ça me paraissait très clair à ce moment-là. On ne mélangeait pas, et chaque maison devait garder ses qualités, et ses défauts.
Et j'avais toujours pensé la même chose, je n'avais jamais remis en question la chanson du Choixpeau, je n'y avais jamais réfléchi à vrai dire, parce que tout me paraissait clair.
Enfin je pensais cela jusqu'à il y avait peu près une seconde.
Après tout, pourquoi, si elle ne s'était jamais appliquée à moi, cette règle collerait pour les autres ? Je n'étais pas couarde, peureuse, et j'affrontais toujours ce qui me faisait face. Je n'étais pas simplement une fille loyale, j'étais aussi rusée, et, je l'espérais, intelligente.
Merde je n'avais pas été queloyale ! J'étais une Poufsouffle, et fière de l'être, mais j'avais d'autres qualités que la loyauté et Merlin sait que je ne travaillais pas !
Pourquoi pensais-je à cela maintenant ? Peut-être parce que j'étais aux portes de la Mort. Comme dans les vieux contes, elle me tendait les bras.
Toujours est-il que je ne voulais pas mourir et savoir que les gens allaient penser de moi que j'avais été loyale. Je voulais qu'ils pensent que j'avais été intelligente, rusée, persévérante, et courageuse, autant sinon plus qu'un lion.
Soudainement, de nombreux épisodes de ma vie me revenaient en mémoire. La fois où j'avais vu mon chien se faire écraser par une voiture. J'en rêvais tout le temps la nuit.
« Il te faudra être courageuse ma petite guerrière. »
Et effectivement il m'avait fallu être courageuse pour surmonter toutes les épreuves qu'on m'avait réservé. Etre courageuse pour faire fi des moqueries dues à mon prénom ou à mon don, pour atteindre le but que je m'étais fixé, être une aurore respectée et respectable, à me défaire des préjugés Black.
Il m'en avait fallu du courage pour ne pas fuir à l'annonce de la guerre, pour ne pas mourir de peur en sachant ce qui nous arriverait certainement, à tous les résistants.
Il m'en avait fallu du courage pour supporter la douleur de voir ceux que j'aimais partir trop tôt.
-Nymphadora !
A peine quelques secondes plus tôt, et déjà si loin de moi. Il était le seul qui pouvait m'appeler ainsi sans s'exposer à ma fureur. Le seul qui rendait ce prénom mélodieux à mes oreilles, qui lui offrait toute la poésie qu'il avait perdu à mes yeux.
Remus, il m'en avait fallu du courage et de la ténacité pour te séduire et te garder, pour te convaincre que je t'acceptais. Mais il m'avait fallu une seconde pour te perdre.
Quand tu m'avais appelé, je savais que tu étais déjà parti loin de moi. Ta main ne tenait plus la mienne. Elle était chaude, mais ta perte me la rendait glaciale. A peine avais-je posé les yeux sur toi que la tristesse était monté en moi et à mes yeux. A peine avais-je posé les yeux sur toi que je savais que faire avec courage. J'en avais fini avec un serviteur de l'ombre, facilitant la tâche à ceux que je laissais derrière, ceux qui resteraient pour reconstruire ce qui restait.
Et simplement, la détermination dans les yeux, j'avais attendu, toujours en tenant fermement ta main. J'avais attendu que cette inconnue qui me paraissait déjà être une amie vienne me tendre les bras dans un bel éclat vert, ou peut-être dans un éclat de rire, qui sait.
Je n'avais pas lâché ta main et j'avais attendu avec courage.
Pourtant, je n'étais pas une Gryffondor.
Tu vois papa, j'avais été une courageuse guerrière.
